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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 15:36

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). IV. La baie 2, verrière du Sacrifice d'Abraham (vers 1594 et 1910).

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Voir sur cette église :

 

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PRÉSENTATION.

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En 1594, la famille d'Espinay ouvre, du coté sud, une nouvelle chapelle seigneuriale, alors que leur chapelle nord, dite de Sainte-Barbe, avait été fondée vers 1490. Et cette nouvelle chapelle est éclairée, à l'est, par la baie 2.

À cette date, Jean, marquis d'Espinay, est décédé depuis 3 ans, et c'est sa veuve Marguerite de Scepeaux qui pose la première pierre, avec son petit-fils Charles, nouveau marquis d'Espinay.

Comme je l'ai déjà mentionné dans ma description de la porte sud du chœur, ouvrant sur cette chapelle et sur la salle capitulaire, le visiteur n'a pas accès aujourd'hui à cette chapelle. J'ai donc pris mes photos depuis le chœur.

"Cette baie de 3,50 m. de haut et 1,65 m. de large est occupée par une verrière restituée du sacrifice d'Abraham, une grande scène présentée dans un encadrement architectural timbré d'écus armoriés, probablement offerte par Marguerite de Champeaux vers 1594, date de la construction de la chapelle.

La scène a été recomposée par l'atelier parisien Tournel en 1910 à partir de trois panneaux originaux eux-mêmes lacunaires, placés à la périphérie de la composition.[...] Le sacrifice d'Abraham peut presque être considéré comme une création de 1910, Brune attestant que toute la partie centrale était perdue bien avant cette intervention. " (Gatouillat et Hérold)

Les auteurs signalent la grande proportion de verres modernes, notamment les têtes des personnages. Cette verrière ne me retiendra pas trop longtemps.

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Abraham lève son glaive et s'apprête à sacrifier son fils Isaac, comme Yahvé lui donné l'ordre pour l'éprouver dans sa foi. L'autel du sacrifice est à gauche, centré par un foyer. 

Mais voici qu'un ange arrête son geste, et le bélier, victime de substitution, se dresse sur le bord droit du vitrail.

 

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les 4 ensembles d'armoiries sont modernes, mais sont entourés de chapeaux de triomphe anciens.

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En haut, ce sont les armoiries d'Espinay, d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, armé, lampassé et couronné d'or. Je m'intéresse plus à la couronne de marquis, et au collier de l'ordre de Saint-Michel. Nous retrouvons le blason sculpté sur la porte sud . 

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En bas, ce sont les armes de Scépeaux, vairé d'argent et de gueules.

Nous retrouvons la couronne de marquis, mais aussi une cordelière à cinq nœuds en huit (ou lacs d'amour) et nœuds de capucin. Cette figure rappelle celle de l'Ordre de la Cordelière, créé en 1498 par Anne de Bretagne  — après en avoir adopté l'emblème après son veuvage du roi Charles VIII — en hommage aux Franciscains ou Cordeliers, auxquels son père le duc François II était attaché. Anne de Bretagne le fit porter à toutes les Dames de la Cour qui étaient veuves.

Bine que (Laurent Hablot) on ne puisse affirmer, après la moitié du XVIe siècle, que ce collier soit réservée aux veuves, il semble cohérent, comme le suggère Florence Piat, que ce blason soit adopté par Marguerite de Scépeaux après le décès de Jean D'Espinay en 1591. C'est parfaitement cohérent avec la date de 1594 de pose de la première pierre de la chapelle sud. 

On retrouve aussi cet insigne sur le blason de la clef de voûte de la chapelle.

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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De chaque coté, nous avons deux blasons identique, mi-parti d'Espinay et de Scepeaux, entouré de la cordelière, et renvoyant à Marguerite de Scepeaux, comtesse de Durtal, née vers 1533 et décédée le 28 mars 1603 à Rennes, mère de Claude d'Espinay. Claude d'Espinay eut deux enfants, Charles, et Françoise, qui, à la mort de son frère en 1609, devint héritière d'Espinay et de Durtal. Elle épousa Henri de Schomberg.

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LIENS ET SOURCES.

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COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 21:23

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). III. La baie 1 ou verrière de sainte Barbe (Gilles de la Croix-Vallée ?, vers 1540)

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Voir sur cette église :

 

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Voir sur sainte Barbe :

 

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Pour une présentation détaillée de la Légende de Sainte Barbe :

Pour le culte de sainte Barbe contre la foudre, voir :

Statues de sainte Barbe : elles sont innombrables.

Vitraux de la Vie de sainte Barbe :

 

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PRÉSENTATION.

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Cette baie éclaire, par son coté est, la chapelle nord ou chapelle Sainte-Barbe, qui a été  sous le nom de Chapelle Saint-Julien, la première chapelle des seigneurs d'Espinay (avant la construction en 1594 d'une chapelle sud). Comme la jeune Claude d'Espinay (+ 1554) y possède son tombeau, elle fut parfois nommée Chapelle Saint-Claude, et on a longtemps pensé (cf. Guillotin de Courson) que sa verrière représentait la vie de sainte Claude.

Cette chapelle a été fondée vers 1490 par Guy Ier d'Espinay, qui, selon Du Paz (Généalogie de Bretagne p. 296), "l'a fist dédiée à Monsieur Sainct Juslien  dédiée à saint Julien et y fit fonder une messe chacun jour de la semaine et doit être chantée par les enfants du chœur, et voulut y estre enterrée avec sa compagne épouse.".

"Il fit son testament le 2 septembre 1494 et mourut le 2 mai 1501, étant au service du roi ; son corps fut porté à Champeaux, selon ses dernières volontés. Quant à sa femme, Isabeau de Goyon, fille du seigneur de Matignon, nous ignorons l'époque de sa mort, mais elle dut reposer auprès de son mari, et l'on voyait encore au XVIIème siècle leur tombeau, qui a disparu depuis. C'est vraisemblablement dans cette même chapelle, et près de son aïeul, que fut inhumé en 1522 Guy II, seigneur d'Espinay, fils d'Henri d'Espinay et de Catherine d'Estouteville : « Ledit sire d'Espinay fit testament le 5e de juin, l'an 1522, par lequel il ordonna son corps estre inhumé en l'église de Champeaux et porté en terre par six de ses mestaiers, à chacun desquels il donna deux aulnes et demie de drap noir pour faire une robe, et aussi une mine de bled seigle » (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 299). Le tombeau de Guy II n'existe plus aujourd'hui. Mais auprès de l'autel de cette chapelle est un autre monument funéraire : c'est celui que Charles d'Espinay, alors chantre de Rennes et abbé de Saint-Gildas-des-Bois, plus tard évêque de Dol, fit élever à la mémoire de sa soeur, Claude d'Espinay." (Guillotin de Corson, in Revue de Bretagne)

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Cette verrière fragmentaire de sainte Barbe est composée  d'une seule lancette de 2,35 mètres de haut et 1,20 mètre de large. Elle résulte d'une restructuration au XIXe siècle, lorsqu'on l'a complétée d'une vitrerie géométrique. De nouveaux compléments furent ajoutés en 1912 et 1968.

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Datation et attribution.

Elle est estimée (Gatouillat et Hérold) vers 1540, date de la réalisation de la maîtresse-vitre, ou du moins des paiements qui s'y rapportent dans les comptes de 1539-1541. "Le vocable de la chapelle Saint-Julien en était déjà changé en 1550 et c'est, semble-t-il quelques années auparavant que la verrière honorant la nouvelle sainte patronne y a été posée, conçue pour une fenêtre à meneaux, modifiée ensuite en une lancette unique" (Gatouillat et Hérold).

Ces auteurs l'attribuent au peintre verrier auteur de la maîtresse-vitre, le "Guillequin" des comptes de la fabrique, qui est selon toute probabilité Gilles de  La Croix Vallée.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). III.
La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Amortissement : deux anges présentant les armes de Guy I d'Espinay et de son épouse (1912).

Ce panneau de Charles et Emmanuel Tournel a remplacé un fragment de l'apothéose de la sainte, conçu pour le tympan de la verrière primitive.

Armoiries de Guy Ier d'Espinay : d'argent, au lion rampant coupé de gueules et de sinople, armé, couronné et lampassé d'or.

Armoiries de Goyon : d'argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d'or

Guy Ier épousa le 19 septembre 1476 Isabeau de Goyon-Matignon, décédée en 1505. D'où Henri , marié en 1485 avec Catherine d'Estouteville ; d'où Guy II, marié en 1509 avec Françoise de Villebranche ; d'où Guy III.

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=d+espinay&oc=0&p=guy

Les armes de Goyon devraient être écartelées de celles de Matignon.

Ces armoiries du fondateur de cette chapelle sont  sans rapport avec la date de 1540 vers laquelle cette verrière a été réalisée, sous Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine.

 

 

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le registre supérieur : le martyre de sainte Barbe.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche : le père de Barbe tente une dernière fois de convaincre sa fille de renoncer à sa foi, et à son attachement au dogme de la Trinité. Il s'apprête à l'enfermer dans une tour.

Le père de Barbe, qui porte les attributs royaux (c'est en fait le satrape Dioscore), fait, en posant le pouce sur la pulpe de l'index, le geste codifié de l'argumentation, mais sa fille, richement vêtue en princesse orientale (turban), lui oppose les vérités contenues dans son livre. Elle tient déjà la palme du martyre, et, déjà, les fenêtres de la tour sont au nombre de trois, car la vierge opiniâtre les a fait ouvrir pour témoigner de sa foi en la Trinité. Nous sommes donc au moment où, après avoir enfermé sa fille en espérant  qu'elle renonce,  et s'être absenté pour un voyage, le roi découvre son acte provocateur, devient furieux, et appelle ses bourreaux. L'un d'eux montre du doigt les trois fenêtres éloquentes.

Ça va chauffer.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À droite, Barbara, liée par les poignets à une colonne, dénudée jusqu'à la taille, est livrée aux bourreaux devant son père . 

Dans le Mystère de sainte Barbe de 1557, les bourreaux se nomment Agripant, Claudin, Loupart et Glouton, sous la direction du Prévôt ; la sainte est vigoureusement fustigée.

Mais ici, elle est exposée aux flammes de flambeaux, dont la fumée est peinte en grisaille sur les verres bleus. Cette scène est attestée sur les peintures de Saint-Etienne du Rond à Rome.

Sous l'œil de Dioscore, le bourreau, d'un index inquisiteur, la somme d'abjurer.

On remarquera les crevés des chausses et tuniques, indice précieux pour dater cette peinture selon la mode Renaissance sous François Ier (après 1525) et Henri II.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le registre inférieur : le martyre de sainte Barbe (suite) : Décollation de la sainte ; punition de son père.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La décollation de sainte Barbe par son père. Scène restituée.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La mort brutale du méchant père.

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Dans le Mystère de Sainte Barbe, le roi est foudroyé et Belzébuth et Satan l'entraînent dans les abymes. C'est bien ce que nous voyons ici, tandis que sainte Barbe est élevée vers le Ciel par des anges.

Noter les tourbillons verts sur le fond bleu : ils résultent, comme les trainées blanches qui les accompagnent de la gravure du verre bleu (et de la peinture au jaune d'argent des parties bleus éclaircies).

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LIENS ET SOURCES.

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COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Sainte Barbe.
7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 13:36

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). II. La baie 8 de la nef sud,  verrière de la Pentecôte (Jean Adrian, 1529).

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Voir sur cette église :

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N.B : la version en allemand de l'encyclopédie Wikipedia consacre un bref article et 5 photos à ce vitrail, dans le cadre de sa catégorie "Vitraux du département d'Ille-et-Vilaine". Mais les descriptions de référence sont celles de Couffon en 1969 et de Gatouillat et Hérold en 2005.

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PRÉSENTATION.

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La baie 8 éclaire la chapelle Saint-Jacques, qui s'ouvre au sud de la nef. On trouve dans cette chapelle un retable de la Passion du XVIe siècle, sur un autel du XVIIIe siècle consacré à saint Jacques.

Haute de 4 mètres et large de 1,90 mètres,  la verrière est composée d'une seule lancette, toute entière consacrée à la Pentecôte. Elle porte à quatre reprises l'inscription de la date de sa création, en 1529, ce qui la place au début du mécénat de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, qui offriront aussi la maîtresse-vitre vers 1539, les stalles du chœur entre 1530 et 1550, l'ancien banc et les boiseries de la porte sud (après 1551 ?), et leur tombeau en 1553, et, en la cathédrale de Rennes, les vitraux commandés en 1531 à Jehan Le Breton et Jehan Mauger et portant leurs armes.

Pourtant, ils n'y figurent pas comme donateurs, leurs armoiries en sont absentes, et c'est Jean ou Jacques Masure, le doyen du chapitre de six chanoines de la collégiale qui y est peint en donateur, intégré à la scène sacrée  à droite de la Vierge. 

Le vitrail était jugé en 2005 "peu restauré, avec des verres corrodés et une peinture fragilisée", une verrière "aujourd'hui très altérée", mais qui était "manifestement somptueuse, d'un dessin élégant et comportant maintes prouesses techniques", (Gatouillat). Toutes les verrières ont été restaurées en 2015-2018 par les ateliers Helmbold de Corps-Nuds (35) avec mise en place d'un doublage de protection. 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/corps-nuds-35150/h-helmbold-fait-passer-lhistoire-de-lombre-la-lumiere-3437221

https://www.ouest-france.fr/bretagne/champeaux-35500/la-collegiale-se-refait-une-beaute-du-sol-au-plafond-3572788?page=3

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Le donateur.

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 René Couffon, qui a consulté les comptes de fabrique, donne le prénom  et le nom de "Jean Masure" et le qualifie de recteur de Saint-Jean-sur-Vilaine. F. Gatouillat reprend ces données, mais fait de Jean Masure le doyen du chapitre de Champeaux.

"[la verrière] représente la Pentecôte , et , à droite , le donateur agenouillé, Jean Masure, chanoine de Champeaux, recteur de Saint-Jean sur Vilaine et fondateur de la chapelle du Saint-Esprit et des quatre évangélistes. Il est à remarquer que le donateur, Jean Masure, ne porte ni chape ni aumusse , cette autorisation n' ayant été accordée aux chanoines de Champeaux que le 8 juin 1542 par l' évêque Claude Dodieu ; son vêtement a d' ailleurs été refait  en grande partie, notamment toute la partie inférieure." (R. Coufon)

Certes, de 1474 à 1777, la cure paroissiale de Saint-Jean-sur-Vilaine dépendait de la collégiale de Champeaux, un des six chanoines de cette collégiale étant toujours recteur en titre de Saint-Jean-sur-Vilaine (le doyen étant recteur de Champeaux et les quatre autres, de Guipel, Saint-Mervé,  Vergéal et Montreuil-sur-Pérouze). Du moins, il en percevait les fruits et dîmes en prébendes.

Mais il est peu probable que  Jean Masure soit en même temps le doyen de la collégiale, car il serait alors de droit, nous l'avons vu, recteur de Champeaux. 

Enfin, le Pouillé de l'archevêché de Rennes donne Jacques Mazure, chanoine de Champeaux, comme recteur de Vergeal vers 1531, puis recteur de Saint-Jean-sur-Vilaine vers 1537-1540. Lui, ou un homonyme,  est cité comme recteur de Pocé-les-Bois avant 1588.

Au total, le donateur doit plutôt être identifié comme Jacques Mazure, et ses fonctions, prébendes de recteur et titres indiquées par Couffon ne sont pas ceux dont il disposait en 1529, date de réalisation du vitrail.

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Le peintre-verrier d'origine hollandaise: Jehan Adrian (Adrien, Adriaen).

 

"La figure de la Vierge , assise sur un trône au milieu des apôtres, est particulièrement remarquable et les verres de très belles couleurs. Sur les candélabres tout italiens qui l'entourent, figure trois fois le millésime 1529, ce qui permet de l'attribuer à Jean Adrian, les comptes de la collégiale ne mentionnant à cette date que la présence de ce seul peintre-verrier à Champeaux  (Archives Ille-et-Vilaine G 456, année 1529)

 Ce Jean Adrian , qualifié en 1505 venu de Hollande à Rennes , appartenait sans doute à cette famille des Adriaen, peintres-verriers mentionnés au XVe siècle à Anvers et Tournai . En 1517 , il reçut vingt trois livres tournois pour travaux de décoration  faits à Vitré lors de l' entrée de la comtesse de Laval ; en 1526 , il exécuta la maîtresse vitre de Toussaints de Rennes moyennant six cent quarante livres tournois , suivant marché du 20 novembre

 

En 1532, il fut employé pour les fêtes du couronnement du dauphin François comme duc de Bretagne. Un autre Jean Adrian peut-être son fils figure en 1565 parmi les artistes employés pour les préparatifs de l' entrée de Charles IX à Rennes ; il est qualifié peintre étranger ." (Couffon)

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"En 1505 est signalé le peintre et peintre verrier Jehan Adrian, dont il est spécifié qu'il est "venu de Hollande"(*) et qui pouvait être relié à la famille des Adriaen, peintres verriers à Tournai et Anvers au XVe siècle. Il fut évidemment un artiste important, dirigeant en 1517 les travaux de décoration pour l'entrée à Vitré de la comtesse de Laval, obtenant en novembre 1526 pour l'énorme somme de 640 livres tournois le marché de la maîtresse-vitre de l'église des Toussaints de Rennes, et étant employé pour les fêtes du couronnement du dauphins François, fils de François Ier, comme duc de Bretagne en 1532 (**). D'après les comptes de la fabrique de la collégiale de Champeaux, il paraît être l'auteur de la verrière de la Pentecôte." (Gatouillat p. 37-38)

Dans les minutes d'un procès d'août 1536 opposant les époux de Bouillé à la fabrique de l'église Notre-Dame de Vitré, Jean Adrien, vitrier et peintre est cité pour avoir participé, à la réparation de diverses vitres de l'église avant son collègue Thomas Faverie [né à Vitré vers 1481, et qui intervint aussi à Champeaux], qui intervint à partir de 1506.

(*) marché du 26 novembre 1526 pour la verrière des Toussaints de Rennes, marquée aux armes du vicomte de Rennes Guy XVI de Laval et de Charlotte d'Aragon.

(**) Archives municipales Rennes AA6, contrat du 5 mai 1532.

Voir le Dictionnaire biographique d'André Bérard.

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POINTS FORTS.

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C'est la verrière la plus belle à mon sens, et la plus précoce des 7 verrières du XVIe siècle de l'ancienne collégiale.

Elle est précisément datée par inscriptions de 1529.

Son décor relevant de la Première Renaissance bretonne en est la manifestation la plus précoce à Champeaux.

Son donateur Jacques Mazure, intégré à la scène sacrée devant saint Jacques, était chanoine du chapitre de Champeaux.

Son auteur Jehan Adrian est un peintre-verrier d'origine néerlandaise actif à Vitré, puis à Rennes en 1526.

Le verre rouge gravé et peint au jaune d'argent est une prouesse technique remarquable.

Son sujet, la Pentecôte, est dominé par une Trinité spectaculaire.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Situation de la chapelle Saint-Jacques sur le plan.

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Détail du plan d'après Découvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine.

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Vue générale.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Je décrirai le vitrail de haut en bas.

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Pour débuter, rappelons nous que la Pentecôte désigne la descente du Saint-Esprit,  de l'inspiration divine et du don des langues sur 120 disciples de Jésus réunis au Cénacle de Jérusalem. Les Actes des Apôtres décrivent des langues de feu se déposant sur la tête de chacun.

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. » Actes 2:1-4

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Dans l'enluminure peinte par le tourangeau Jean Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier vers 1452-1460, les apôtres sont au nombre de 12 (Judas ayant été remplacé par Matthias) et entourent la Vierge (bien qu'elle soit absente du texte des Actes). Les langues de feu partent en serpentins dorés dans les rayons issus de la colombe de l'Esprit Saint. La coquille symbole de renaissance (cf la Naissance de Vénus de Boticelli) forme une voûte fermant la pièce.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentec%C3%B4te#/media/Fichier:La_Pentec%C3%B4te.jpg

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Plus proches de la date de cette verrière, les enluminures du tourangeau Jean Bourdichon pour les Heures de Louis XII (1498-1499), les Heures de Frédéric III d'Aragon (1501-1502), les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (v. 1503-1508) ou pour le Missel de Jacques de Beaune (1506-1508 ou 1511) reprennent cette construction, tout en adoptant  un cadrage plus serré, mais les Apôtres sont rejoints par les nombreux disciples.  .

 

 

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Pentecôte peinte par Jean Bourdichon, Heures de Louis XII (1498-1499), British Library

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon, Heures de Frédéric III d'Aragon (1501-1502) BnF latin 10532 f. 206. Droits Gallica.

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon pour les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (v. 1503-1508) BnF latin 9474 f.49v.

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon pour le Missel de Jacques de Beaune (1506-1508 ou 1511) BnF latin 886 f.226v  

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Voir aussi :

Jean Poyer, Pentecôte, Heures de Henri VIII, Tours vers 1500, Pierpont Morgan Library  

https://www.themorgan.org/sites/default/files/images/collection/download/MSH0008_C_0101_verso-0102_recto.jpg

Même si le maître verrier Jean Adrian est d'origine néerlandaise, il me parait légitime de rechercher des sources iconographiques dans les enluminures de l'Ecole de Loire (N. Reynaud) et des ateliers de Tours, car le mécénat de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine renvoie régulièrement au Val de Loire où la cour royale était établie. Inversement, la consultation des enluminures d'un livre d'Heures des seigneurs d'Espinay, du XVe siècle et d'inspiration flamande (Rennes Métropole ms 33 f. 124) montre que cette source d'inspiration peut être écartée.

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Ici, à Champeaux, dans une composition toute verticale,  le Cénacle est  vu en perspective,  et doté d'un péristyle aux colonnes en marbre veiné rose et vert, qui soutient une arche en plein cintre et un plafond à caisson. La Vierge est assis dans une cathèdre de marbre au dais en coquille (rappelant celle de Jean Fouquet). Elle est entourée d'une dizaine de participants au premier plan, non nimbés (dont saint Pierre portant sa clef, et Jean, imberbe, et dont des femmes), tandis que les visages d'une douzaine d'autres forment une ligne horizontale en deuxième plan.

Entre le seuil du Cénacle, où le spectateur est censé être placé, et les disciples, s'élèvent deux colonnades de fuseaux et vases ou "candélabres" décorés de masques et d'angelots crachant des feuilles, où s'accrochent les trois cartouches à chronogramme 1529. Cette interposition de candélabres crée une délimitation verticale d'un espace sacré, et un effet de profondeur.

Ces candélabres dorés (grisaille et jaune d'argent) rappellent ceux qui encadrent sur toute la hauteur la Pentecôte du Missel de Jacques de Beaune, et qui avaient été introduits pour l'encadrement des Heures de Frédéric d'Aragon par Giovanni Todeschino, mais sont ici très astucieusement intégrés à la scène.

La grande innovation de Jean Adrian par rapport aux enluminures de Jean Bourdichon est de placer dans le même espace du Cénacle non seulement la colombe de l'Esprit Saint, mais le Père et le Fils composant ainsi une Trinité.

L'autre innovation est de remplacer toute l'architecture du Cénacle au dessus des disciples par un grand triangle descendant rouge et or, un flot de feu et de lumière qui se déverse sur les têtes dans un effet d'irruption et de rupture spatiale spectaculaire. 

La troisième idée est de reprendre le symbole de la coquille, mais puisqu'elle ne peut occuper la voûte, elle se place sur le dais dominant la tête de la Vierge et en double le nimbe.

L'enluminure la plus proche est peut-être encore celle de Fouquet, par la mise en scène de cette ondée spirituelle. Mais pour la disposition des personnages, c'est celle du Missel de Jacques de Beaune qui se rapproche le plus du vitrail de Champeaux. Elle ne précède que d'une vingtaine d'année la verrière. Ce Jacques de Beaune était trésorier d'Anne de Bretagne, évêque de Vannes de 1504 à1511, et doyen du chapitre Saint-Gatien de Tours en 1506. 

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Puisque je débute par le haut, j'observe les éléments décoratifs en grisaille et jaune d'argent dont les masques-feuilles anthropomorphes de profil et les volutes, mais aussi les deux médaillons aux profils féminins relèvent de l'influence des ornemanistes italiens. Ce témoignage de la Première Renaissance bretonne, dont le mécénat des Espinay va offrir de très beaux exemples,  s'exprime  à Champeaux pour la première fois dans cette verrière.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Le Père et le Fils bénissant l'assemblée des disciples.

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S'inscrivant dans l'orbe du plein cintre, le Père et le Fils, assis sans différence de taille et de position sur une même banquette de pierre, sont adorés par trois cercles concentriques  d'anges, successivement bleus, verts et rouges, nus, ailés et mains jointes.

Le Fils tient l'étendard de la Résurrection, et en porte le manteau rouge ; il bénit et montre ses plaies (du flanc et du poignet droit). Le Père, en robe pourpre et manteau rouge, bénit également, tandis qu'il tient le globus cruciger de la main gauche. Ils se regardent, se détachant sur un fond jaune d'or, seulement séparés par un coussin vert.

Voir la Trinité du Missel de Jacques de Beaune :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b104614851/f475.item

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La colombe, et les langues de feu.

L'ardente inspiration divine troue avec force un ciel bleu clair où volent quelques anges.

Les langues de feu, présentes chez Fouquet, sont absentes des Heures de Louis XII et de celles de Frédéric III d'Aragon, apparaissent dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, et ne se distinguent bien sur la tête des Apôtres que dans le Missel de Jacques de Beaune.

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Pentecôte, Jean Bourdichon, Missel de Jacques de Beaune, droits Gallica BnF

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Mais ici, elles sont particulièrement visibles, en jaune sur fond rouge.

Ce panneau est un splendide exemple de la technique du verre gravé. Le verre rouge est toujours doublé, car s'il était de l'épaisseur des autres verres, il serait presque noir. Une fine plaque de verre rouge est appliquée contre une plaque de verre blanc. En gravant la partie rouge avec un outil (molette) ou de l'émeri, la zone gravée apparaît blanche. Elle peut alors être peinte au jaune d'argent pour donner ces rais et ces flammes (lesquelles sont surlignées de traits noirs à la grisaille. Sur une telle surface, c'est ici un réel tour de force.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Les cartouches à chronogramme des candélabres.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La Vierge entourée des Apôtres et des disciples.

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Une vue de détail monterait que la plupart des visages ont les yeux tournés vers le haut (sauf Jean, visage refait), quoique certains aient les yeux baissés. À droite de Marie (à sa gauche) sont deux femmes, dont l'une porte une coiffe.

Nous pouvons identifier trois apôtres : Pierre, avec sa clef, Jean qui est imberbe, et Jacques le Majeur, en rouge à l'extrême droite, qui porte le bourdon et la besace frappée d'une coquille.

 

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La Vierge, voilée et nimbée, mains jointes, est vêtue d'une robe dorée et damassée sous un manteau bleu.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Le donateur Jacques Mazure devant saint Jacques.

Derrière les candélabres, le chanoine de Champeaux appartient à la scène (comme le chanoine Van der Paele peint par Van Eyck), mais se distingue par sa posture agenouillée, son regard dirigé vers la Vierge, et son surplis au dessus d'une robe violette. Il occupe la place de saint Jean sur l'enluminure du Missel  de Jacques de Beaune, mais il est situé devant saint Jacques, ce qui renforce mon hypothèse de l'identifier comme Jacques Mazure, plutôt que Jean (cf. plus haut).

Était-il, en 1529, doyen du chapitre (et alors, recteur de Champeaux) ? Représente-t-il ce chapitre collégiale qui serait dans son ensemble commanditaire du vitrail ?

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Les autres apôtres et disciples.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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LIENS ET SOURCES.

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— BARRIÉ (Roger), 1976, Les verres gravés et l'art du vitrail en Bretagne occidentale, Annales de Bretagne et des pays de l'ouest n°80-1 pp. 35-44

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

— BOESPFLUG (François), 2006, La Trinité en théologie et dans l'art  à la fin du Moyen-Âge( 1400-1460).Presses universitaires de Strasbourg

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
3 octobre 2020 6 03 /10 /octobre /2020 20:23

 Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35).  I. La maîtresse-vitre (1539-1541) de la Crucifixion et de l'Extase de Marie-Madeleine.

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Voir sur cette église :

 

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N.B : la version en allemand de l'encyclopédie Wikipedia consacre un article et 4 photos à ce vitrail, dans le cadre de sa catégorie "Vitraux du département d'Ille-et-Vilaine". Mais la description de référence est celle de Gatouillat et Hérold 2005.

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LA MAÎTRESSE-VITRE OU BAIE 0 (Gilles de la Croix-Vallée, 1539-1541).

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Cette verrière d'axe haute de 6,40 m de haut et 3,70m de large comporte 5 lancettes et un tympan de 11 ajours.

 

Elle a succédé à une première verrière, peut-être contemporaine de la construction du chœur avant le milieu du XVe siècle, et qui avait été restaurée entre 1516 et 1518 par Thomas Faverie, peintre verrier de Vitré.

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La verrière actuelle résulte  d'une donation à la collégiale par Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine, qui, après ou en même temps qu'ils dotaient l'église de 54 stalles, et avant d'y commander vers 1551 leur tombeau dans le chœur, commandèrent un ensemble de verrières. Les comptes de fabrique  de 1539-1541 font connaître le versement d'une  quarantaine de livres en trois paiements à   l'ymagier, painctre et vitrier Guillequin, que Gatouillat et Hérold identifient comme étant Gilles de la Croix-Vallée, installé à Vitré, et également actif à Louvigné-de-Bais (Transfiguration et Résurrection) pour les mêmes donateurs.  La participation du chapitre à la commande de verrières entre 1538 et 1550 est attestée par les comptes de la fabrique : Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, série 1 G 456. H. COUZY, « Collégiale La Madeleine… » p. 69.  Guyon Collin, associé de Gilles de la Croix-Vallée à Louvigné, reçut d'ailleurs vingt sol à Champeaux en 1545 pour des travaux non identifiés.

 

Jusqu'à leur destruction pendant la Révolution, les armes des donateurs et de leurs ascendants se voyaient sur les lancettes latérales au dessus de leur portraits, comme le rapporte le maître vitrier Collin, de Vitré, dans un procès verbal de 1716 établi pour la prise de possession de la seigneurie d'Espinay. Elle était disposée sur trois registres et sous les armes pleines d'Espinay,  répétées, figuraient celles de Simon II , grand chambellan de Bretagne et de Marguerite de Chateaubriand (vivant vers 1430), de Guy Ier et d'Ysabeau Gouyon (fin du XVe), de Richard marié en 1435 à Béatrice de Montauban, et enfin celles des donateurs.

En 1880, un atelier  a réalisé les ornements placés dans les lancettes latérales tout en conservant les parties originales qui subsistaient après la destruction des armoiries.

Entre 1908 et 1913, l'atelier parisien d' Emmanuel et Charles Tournel restaurèrent l'ensemble des fenêtres de l'église. Plus récemment est intervenu Hubert de Sainte-Marie, entre 

Elle a été restaurée en 2016 par l'atelier Helmbold de Corps-Nuds (35) avec doublage de protection de la verrière, Olivier Weets étant architecte en chef des Monuments historiques.

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La verrière est dissimulée, dans sa partie basse et centrale, par une grande statue dont il est très difficile de se dégager pour observer la scène, pourtant capitale dans l'ancienne collégiale de la Madeleine, de l'Extase de Marie-Madeleine à Sainte-Baume, un thème précieux par sa rareté.

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LES POINTS FORTS.

1. Un nouvel exemple du mécénat de Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine (les stalles après 1530, leur tombeau après 1551), représentés en donateurs.

2. l'Extase de Marie-Madeleine, sujet iconographique rare, très précoce en peinture, et unique sans doute en vitrail. Un dossier y sera consacré en annexe.

3. Une grande Crucifixion centrale sur trois lancettes, disposition en rupture avec l'art des vitraux mais qui apparaît en même temps en Finistère dans ce deuxième quart du XVIe siècle.

4. Au tympan, une Trinité Souffrante au centre du chœur des anges en cercles colorés.

5. Dans les lancettes périphériques, deux panneaux de la Première Renaissance bretonne avec les monogrammes G & L des donateurs reliés par des lacs d'amour (comme sur leur tombeau et les boiseries de la porte de sacristie). 

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN

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Cet ensemble, bien conservé malgré quelques pièces remplacées, montre dans la mouchette sommitale la Trinité souffrante. Celle-ci domine une série de sept cercles concentriques d'anges orants, successivement blanc et or, rouge, bleu, vert, orangé et bleu.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'élément sommital est une Compassion du Père : Dieu le Père, barbu, couronné, assis sur un trône devant un drap d'honneur bleu damassé, vêtu d'un manteau rouge sur une tunique  bleue, est accompagné par la colombe de l'Esprit, posée sur son épaule droite.

Il tient sur ses genoux le Fils, déposé de la Croix, dans un suaire, dans la posture commune aux Pietà.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le premier cercle est jaune, avec les anges (verre gravé) en blanc, mains jointes ou bras croisés.

Le deuxième cercle est rouge, le troisième est bleu, et les anges y tournoient, allongés dans le sens du cercle : ils y sont peints à la grisaille.

Cette représentation évoque fortement la manière propre à l'atelier tourangeau de Jean Fouquet et ses successeurs, où les anges sont peints en camaieu d'or sur le fond bleu, rouge, etc. Plusieurs exemples peuvent être trouvés en ligne, comme La Toussaint des Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet (aujourd'hui à Chantilly).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d%27heures_d%27%C3%89tienne_Chevalier#/media/Fichier:La_Trinit%C3%A9_et_tous_les_saints.jpg

Un autre exemple est celui-ci :

Maître du retable Beaussant de la cathédrale d'Angers (vers 1480-1490), Le Louvre:

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/maitre-du-retable-beaussant_la-trinite_rehauts-d-or_parchemin_peinture-sur-papier-2ace0e2a-6217-4884-9f0f-6bdade1a2b73

Mais on peut trouver ces légions d'anges en  nuées concentriques ici même, à Champeaux, sur la verrière de la Pentecôte, réalisé vers 1529 et attribué à Jean Adrien.

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La Pentecôte (1529), baie 8, collégiale La Madeleine de Champeaux. Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'ensemble coloré en arc en ciel fonctionne comme un tourbillon lumineux aspirant le regard, et peut-être l'âme, certes vers la souffrance d'un père, mais, par cette expérience, vers le divin.  

J'aurais dû terminer par ce tympan, puisque cette Trinité souffrante est placée au dessus de la Crucifixion.

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Chaque cercle s'élargit obligatoirement, et dans le dernier, en bleu, les anges ne sont plus alignés en rang ou en bancs, mais réunis par groupes de trois  à six, tournés vers le centre.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES LANCETTES.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : EXTASE DE MARIE-MADELEINE À LA SAINTE-BAUME, CONTEMPLÉE PAR GUY D'ESPINAY ET LOUISE DE GOULAINE.

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Tout le registre inférieur est réuni sous un élément architectural formé essentiellement d'une longue architrave en faux marbre rythmé d'anges tenant des guirlandes. Au centre, le massif de la Sainte-Baume atteint par son sommet  — pour ce qu'on peut en voir derrière la statue — cette architecture.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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1°) Les donateurs.

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a) Louise de Goulaine à gauche.

Il manque la partie inférieure.

Louise de Goulaine, épouse de Guy III d'Espinay depuis 1528, et veuve en 1551,  et qui décéda le 8 février 1568 à Champeaux où elle fut inhumée. Elle figure ici  sous un haut dais de velours vert à glands d'or et tenant son livre de prières, et (a priori) agenouillée. 

Le dais ressemble à des baldaquin avec un ciel de lit  (détail d'un pan retroussé et suspendu dans une poche).

Elle est accompagnée par un abbé portant l'habit franciscain, et par une femme jeune vêtue d'un manteau bleu à fermail, et portant un vase ; cette dernière semble jeter un coup d'œil en passant. Ils ne sont pas nimbés. Les visages sont restaurés. À la différence des solides conventions régissant les figures de donation des vitraux du XVIe,  ou, pour ce couple, de la baie 4 (v.1540)  de Louvigné-les-Bais — où Louise est présentée par saint Louis —, ces personnages ne sont pas  des saints patrons présentant les seigneurs, mais ils semblent s'intégrer dans la scène centrale. Il n'y a pas de coupure entre la scène de donation et la scène sacrée, qui sont réunis par le même ciel et le même portique. Comment les identifier ? Il est peu probable que Louise de Goulaine soit  figurée avec son confesseur, par exemple, et sa suivante. 

Une hypothèse plus complexe peut se rapporter à la légende de Marie-Madeleine, à son iconographie, et à celle de Marie l'Egyptienne (qui s'y fond) dans laquelle c'est un prêtre ou abbé qui assiste miraculeusement au transport de la sainte par les anges. On peut penser aussi à Jean Cassien, abbé de Saint-Victor, ou à un abbé cassianiste (Jean Cassien aurait découvert les restes de sainte Madeleine et en aurait confié les reliques à la communauté de Cassianistes qu'il avait fondé au Ve siècle à Saint-Maximin. Les tombeaux de Marie-Madeleine et de saint Maximin ont été redécouverts au XIIIe siècle.

Louise de Goulaine ou Guy III d'Espinay se sont-ils rendus en pèlerinage à Sainte-Baume ? Cela n'est pas relaté, mais ces proches de la cour royale ou leurs parents (Guy II fut échanson d'Anne de Bretagne, et Christophe de Goulaine fut gentilhomme ordinaire de la chambre de Louis XII et François Ier) ont pu y accompagner les rois et reines. 

En 1503, Anne de Bretagne alla à Sainte-Baume et fit modifier la chasse contenant le crâne de Marie-Madeleine pour la montrer soulevée par quatre anges, par dévotion pour la légende du Transport angélique de la sainte. 

 

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Chasse du chef de Marie-Madeleine, in Monuments inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en Provence, 1818, p. 1031

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En 1516, François Ier se rendit à Sainte-Baume accompagnée de Claude de France, de Louise de Savoie, de Marguerite de Navarre, et d'un grand nombre de seigneurs.

En 1533, Eléonore d'Autriche effectua le pèlerinage à Sainte-Baume. Henri II et François II renouvelèrent les privilèges des moines de Saint-Maximin.

[notons aussi que le dominicain espagnol Vincent Ferrier  mort le 5 avril 1419 à Vannes (Bretagne), très apprécié à la cour ducale de Bretagne et qui avait prêché cette province,  a consacré son sermon de 1407 à Marie-Madeleine , disant qu’à l’heure des vêpres,  les anges élevaient Madeleine en chantant : « Dans son trésor, le roi a placé la drachme perdue ; la pierre précieuse, tirée de la fange, étincelle au soleil radieux. » Un autre saint, Bernardin de Sienne, a décrit les sept délices des élévations de Madeleine.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La donatrice est vêtue d'une robe de drap rouge à encolure carrée et à manches rapportées courtes, à taillades, au dessus d'une chemise fine à col court et frisé.

Un collier en or est sculpté de deux motifs, le croissant et le losange.

Sa coiffure est une coiffe rouge, au dessus d'un premier bonnet à bordure dorée perlée, et d'un voile translucide (en lin ?) également perlé. Cette coiffure correspond à la "coiffe bretonne" mise à la mode par Anne de Bretagne et qui superpose le béguin, le "ruban" ou second bonnet, et le "chaperon", le plus souvent noir.

https://annedebeaujeu.fr/index.php/2019/09/10/reconstitution-dune-coiffe-noble-1490-1520/

Anne de Bretagne et plus encore  Claude de France, fille d'Anne de Bretagne et reine de 1515 à 1524 (donc avant la réalisation de ce vitrail) portait une coiffe repoussée en arrière et dévoilant la chevelure temporale, divisée par une frange.

La date présumée de ce vitrail, en 1539, correspond au règne de François Ier et d'Eléonore de Habsbourg, reine de 1530 à 1547. Le portrait de la reine en 1529 montre l'encolure carré, les taillades ou crevés (apparus vers 1525), et une coiffe encore plus repoussée en arrière  et devenant plus discrète. Le portrait conservé à Chantilly (RMN)  date de 1530.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89l%C3%A9onore_de_Habsbourg#/media/Fichier:Joos_van_Cleve_003.jpg

https://www.photo.rmn.fr/archive/06-510701-2C6NU0BMN6LY.html

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La comparaison avec les portraits présumés de Louise de Goulaine sculptés sur les boiseries des stalles (entre 1528 et 1550) est intéressante (ils accompagnent ses armoiries), mais doit tenir compte des licences de l'artiste qui idéalise son modèle et le conforme aux médaillons italiens faisant référence.

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Jouée nord des stalles de Champeaux. Photographie lavieb-aile.

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Allégorie, ou portrait idéalisé de Louise de Goulaine, boiserie de la collégiale de Champeaux (1528-1550). Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le donateur Guy III d'Espinay.

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Le seigneur d'Espinay est ici mains jointes, probablement agenouillé, et tourné vers la scène centrale qu'il fixe. Il est barbu, asse jeune, et vêtu d'un pourpoint orangé.

Derrière lui, une jeune femme coiffée d'un voile tient un vase (Sainte Marie-Madeleine ???), devant un homme blond. Aucun d'eux n'est nimbé.

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Comparaison avec la baie 4 — restituée — de Louvigné-de-Bais (1540) :

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Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine en donateurs de la baie 4 de Louvigné-de-Bais (1540). Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'EXTASE DE MARIE-MADELEINE.

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Cette scène qui occupe le registre inférieur des trois lancettes centrales ne peut se découvrir que panneau par panneau en se déplaçant à droite et à gauche de la fâcheuse statue.

Si nous pouvions l'observer du haut d'un échafaudage, nous verrions la sainte allongée sur le coté mais en appui sur le coude droit, la tête levée, les yeux ouverts, le buste nu (seulement couvert par les longs cheveux blonds qui sont un de ses attributs) et le bas du corps couvert par un manteau ou une couverture rouge bordeaux. Elle tient un livre dans sa main droite, indiquant que sa lecture vient de lui inspirer une vision céleste. La main gauche réunit quelques mèches de cheveux pour cacher partiellement sa poitrine.

Elle est entourée d'une quantité d'anges, dont certains la soutiennent et la soulèvent à la tête et aux pieds, tandis que d'autres, en duo ou trio, entonnent des cantiques. Ils portent des manteaux et des robes colorées, parfois damassés, avec quelques manches à crevés témoignant de la mode Renaissance. Les expressions des visages des chanteurs sont vivantes et bien observées. Quelques angelots nus se mêlent à l'assemblée.

Le regard de la sainte est dirigé vers une scène en troisième lancette (la plus cachée) où se voit, dans une grotte à proximité d'une masure, sa propre lévitation, debout, enveloppée dans un manteau rouge, soulevée par six anges.

Un amas de rochers (grisaille et jaune d'argent) forment la grotte du massif de  la Sainte-Baume, où, selon la Légende Dorée chap. 45, Marie-Madeleine s'est retirée en ermite après avoir débarquée avec son frère Lazare et sa sœur Marthe aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Elle y mène alors une vie solitaire de pénitence (c'est une ancienne pécheresse) et de contemplation.

Voici le texte de Jacques de Voragine (XIIIe siècle), dans la traduction et adaptation de Teodor de Wyzewa en 1910 :

 

"Cependant Sainte Marie-Madeleine, désireuse de contempler les choses célestes, se retira dans une grotte de la montagne, que lui avait préparée la main des anges, et pendant trente ans elle y resta à l’insu de tous. Il n’y avait là ni cours d’eau, ni herbe, ni arbre ; ce qui signifiait que Jésus voulait nourrir la sainte des seuls mets célestes, sans lui accorder aucun des plaisirs terrestres. Mais, tous les jours, les anges l’élevaient dans les airs, où pendant une heure, elle entendait leur musique ; après quoi, rassasiée de ce repas délicieux, elle redescendait dans sa grotte, sans avoir le moindre besoin d’aliments corporels.

Or, certain prêtre, voulant mener une vie solitaire, s’était aménagé une cellule à douze stades de la grotte de Madeleine. Et, un jour le Seigneur lui ouvrit les yeux, de telle sorte qu’il vit les anges entrer dans la grotte, prendre la sainte, la soulever dans les airs et la ramener à terre une heure après. Sur quoi le prêtre, afin de mieux constater la réalité de sa vision, se mit à courir vers l’endroit où elle lui était apparue ; mais, lorsqu’il fut arrivé à une portée de pierre de cet endroit, tous ses membres furent paralysés ; il en retrouvait l’usage pour s’en éloigner, mais, dès qu’il voulait se rapprocher, ses jambes lui refusaient leur service. Il comprit alors qu’il y avait là un mystère sacré, supérieur à l’expérience humaine. Et, invoquant le Christ, il s’écria : « Je t’en adjure par le Seigneur ! Si tu es une personne humaine, toi qui habites cette grotte, réponds-moi et dis-moi la vérité ! Et, après qu’il eut répété trois fois cette adjuration, Sainte Marie-Madeleine lui répondit : « Approche-toi davantage, et tu sauras tout ce que tu désires savoir ! ». Puis, lorsque la grâce du ciel eut permis au prêtre de faire encore quelques pas en avant, la sainte lui dit : « Te souviens-tu d’avoir lu, dans l’évangile, l’histoire de Marie, cette fameuse pécheresse qui lava les pieds du Sauveur, les essuya de ses cheveux, et obtint le pardon de tous ses péchés ? ». Et le prêtre : « Oui, je m’en souviens ; et, depuis trente ans déjà, notre sainte Eglise célèbre ce souvenir ». Alors la sainte : « Je suis cette pécheresse. Depuis trente ans, je vis ici à l’insu de tous ; et tous les jours, les anges m’emmènent au ciel, où j’ai le bonheur d’entendre de mes propres oreilles les chants de la troupe céleste. Or, voici que le moment est prochain où je dois quitter cette terre pour toujours. Va donc trouver l’évêque Maximin, et dis-lui que, le jour de Pâques, dès qu’il sera levé, il se rende dans son oratoire : il m’y trouvera, amenée par les anges ». Et le prêtre, pendant qu’elle lui parlait, ne la voyait pas, mais il entendait une voix de suavité angélique.

Il courut aussitôt vers saint Maximin, à qui il rendit compte de qu’il avait vu et entendu, et, le dimanche suivant, à la première heure du matin, le saint évêque, entrât dans son oratoire, aperçut Marie-Madeleine encore entourée des anges qui l’avaient amenée. Elle était élevée à deux coudées de terre, les mains étendues. Et, comme Saint Maximin avait peur d’approcher, elle lui dit : « Père, ne fuis pas ta fille ! ». Et Maximin raconte lui-même, dans ses écrits, que le visage de la sainte, accoutumé à une longue vision des anges, était devenu si radieux, qu’on aurait pu plus facilement regarder en face les rayons du soleil que ceux de ce visage. Alors l’évêque, ayant rassemblé son clergé, donna à Sainte Marie-Madeleine le corps et le sang du Seigneur ; et, aussitôt qu’elle eut reçu la communion, son corps s’affaissa devant l’autel et son âme s’envola vers le Seigneur. Et telle était l’odeur de sa sainteté, que, pendant sept jours, l’oratoire en fut parfumé. Saint Maximin fit ensevelir en grande pompe le corps de la sainte, et demanda à être lui-même enterré près d’elle, après sa mort."

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L'analyse de ce texte, et de ceux qui en sont la source, montre qu'il y a plusieurs scènes :

- durant sa retraite de 30 ans près d'Aix-en-Provence dans une grotte du massif de Sainte-Baume [sainte grotte en provençal], Madeleine est transportée sept fois par jours (heures canoniales) par les anges  au sommet de la montagne,  où elle entend le concert angélique de louanges. Il y a donc un transport angélique et une audition spirituelle. Ce sommet, nommé "Saint-Pilon"

-Un prêtre du voisinage, dans un rêve, a la vision par un tiers de ce transport angélique de Madeleine. La sainte lui révèle son identité. 

-Saint Maximin, l'un des 72 disciples de Jésus et premier évêque d'Aix, assiste à une lévitation de Madeleine entourée d'anges.

-Huit jours avant sa mort, sa sœur Marthe entendit le chœur des anges qui emportaient l' âme de Marie-Madeleine au Ciel (Légende Dorée Chap. 104).

 

Je  trouve la relation de ce récit dans la Légende dorée traduite par Jean de Vignay et copiée en 1404 (BnF fr. 414 , au folio 206r et suivants, dans une version en moyen français bien plus savoureuse et émouvante.

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La scène peinte à Champeaux montre bien le transport par les anges (Madeleine est soulevée et portée), ainsi que le concert spirituel, et  la lévitation reportée en hauteur et en plus petit comme un autre temps du récit.

 

On trouvera en annexe une discussion qui montre que cette "Extase de Marie-Madeleine" est rarement peinte avant cette peinture de Champeaux. Je la trouve sur 2 enluminures (XIV et XVe siècle), sur un panneau d'Aix-la-Chapelle) de la fin du XVe, et sur une gravure de Cranac'h en 1506. Je n'en ai trouvé aucun exemple  en peinture sur verre avant la période moderne. L'intérêt exceptionnel de ce thème justifierait de plus amples investigations.

N.B : voir les belles photos de Stéphane Mahot sur Flickr, qui donnent un meilleur aperçu de cette scène.

 

 

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vue partielle de la partie gauche.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vue partielle de la partie droite.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La lévitation de la sainte .

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Deux anges en adoration sur des nuages.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le concert angélique.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. LA CRUCIFIXION (lancettes B, C et D).

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J'ai présenté ces grandes Crucifixions qui font leur apparition dans le vitrail breton au second quart du XVIe siècle ici :

http://www.lavieb-aile.com/2020/08/la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-guimiliau.html

Elle prend place ici sous trois dais à angelots tenant des guirlandes.

Bien que d'un style différent des Crucifixions finistériennes issues de l'atelier quimpérois, elle en reprend les éléments principaux (qui se retrouvent d'ailleurs dans les enluminures et peintures).

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Au centre, le Christ en croix, dont le sang est recueilli dans des calices par trois anges hématophores. Les jets de sang sont rendus par des verres rouges très minces et longs, ce qui souligne l'importance de leur représentation à une époque où la dévotion du Précieux Sang est grande. Elle est d'autant plus grande à la collégiale de La Madeleine  que le grand modèle de cette dévotion est Marie-Madeleine, toujours figurée au pied de la croix qu'elle étreint, contemplant l'écoulement qui rejoint les pieds sanguinolents, et la terre.

La même dévotion s'exprime par le détail très visible ici (sur la lancette de gauche) de Longin, qui transperce le flanc droit du Christ :nous le voyons mettre la main devant ses yeux, rappelant la légende par laquelle, atteint par le sang ruisselant le long de la lance, il fut guéri d'un trouble de la vue.

On remarquera que la croix est un tronc écoté, reprenant la symbolique de la croix-arbre.

En dessous du Christ, et du ciel hérissé de lances et d'étendards rouges à aigle bicéphale noirs, la foule associe les soldats, un centurion sur son cheval et les dignitaires Juifs, ou Pharisiens.

Marie-Madeleine est richement coiffée et vêtue, et témoigne par son élégance, et sa compassion parfois éplorée de la tradition iconographique qui va de plus en plus céder la place au personnage  de la Madeleine pénitente et retirée presque nue à Sainte-Baume, ou de la Madeleine méditant sur la Mort.

 

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Bon larron est ici montré crucifié, mais et pieds cloutés (et non bras liés sur la traverse et jambes liées ou fléchies, en Finistère). Il a rendu l'âme, qu'un ange emporte vers les Cieux.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Autre détail, outre la hallebarde, celui d'un homme monté sur une échelle. Juste en dessous, Longin la main droite sur les yeux.

En dessous, Jean et deux  Saintes Femmes (Marie-Salomé ou Marie-Jacobé) soutiennent Marie en pâmoison. Mais on s'étonne que Jean soit ici barbu.

La Sainte Femme qui est au premier plan pourrait, par son élégance, être aussi Marie-Madeleine ; quoiqu'il en soit, son habillement et sa coiffe se rapprochent de ceux de Louise de Goulaine.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En lancette D, l'âme du Mauvais Larron est emportée par un diable.

Sous la croix, un cavalier très expressif, bouche ouverte, l'index levé vers le Christ, est le Bon Centenier qui s'esclame Vere Filius Dei erat iste, "celui-ci était vraiment le Fils de Dieu".

Sa barbe, sa toque de velours rouge orné d'un médaillon d'or, sa veste damassée d'or et aux manches à crevés en font un portrait des nobles cavaliers sous François Ier .

Au sol, l'inévitable chien blanc (ici plutôt caramel), rarement omis de ces Crucifixions.

 

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES PANNEAUX LATÉRAUX : LE CHIFFRE DES DONATEURS.

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Parmi les panneaux latéraux, deux sont d'origine et portent les initiales G et L reliées par des lacs d'amour. Le G de Guy et le L de Louise sont ainsi reliées sur le tombeau des époux à gauche du chœur (Delespine 1551) ou sur les boiseries encadrant la porte de la chapelle sud, associées à leurs armoiries.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES TÊTES DE LANCETTE.

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Il est possible de reconnaître dans des édicules à colonnes, coquilles et putti un roi et deux prophètes (Enoch et Élie selon Brune 1846) .

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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ICONOGRAPHIE DE L'EXTASE DE MARIE-MADELEINE.

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A. Enluminure.

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 — BnF latin 757 f. 343vMissale et horae ad usum Fratrum Minorum. 1301-1400 origine italienne

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8470209d/f690.item

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BnF latin 757 f. 343vMissale et horae ad usum Fratrum Minorum. 1301-1400 Droits Gallica BnF

 

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— Arsenal ms 661 Res f. 153v (détail). Scènes de la légende provençale de Marie Madeleine Évangéliaire à l’usage d’Amiens 1489-1490 Parchemin enluminé, 182 feuillets Paris, BnF, Bibliothèque de l’Arsenal  Evangeliarium cum notis (Amiens). [Évangéliaire à l'usage d'Amiens. Musique notée. Les Ms-661 et 662 sont appariés]. Meister des Dresdner Gebetbuches. Enlumineur. Date d'édition :   1475-1505 .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550092747/f312.item
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Droits Gallica BNF

 

 

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B. Gravures.

Lucas Cranach l'Ancien , 1506, gravure sur bois:

http://www.histoiredelafolie.fr/psychiatrie-neurologie/calmeil-extase-extrait-de-encyclographie-des-sciences-medicales-repertoire-general-de-ces-sciences-au-xixe-siecle-london-tome-13-exe-fur-1837-pp-12-14

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Lucas Cranach l’ancien (allemand, 1472-1553), l’Extase de Sainte Marie Madeleine, 1506, gravure sur bois

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C. Peinture de chevalet.

 

— Élévation de Marie Madeleine par les anges : panneau peint à l'huile sur bois, fin du XV, musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Charles-II-d-Anjou-a-Marie-Madeleine

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Élévation de Marie Madeleine par les anges : panneau peint à l'huile sur bois, fin du XV, musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle (Allemagne).

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Le Caravage, en 1606. Diverses copies.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Madeleine_en_extase#/media/Fichier:Mary_magdalene_caravaggio.jpg

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Francesco del Cairo

http://www.artnet.com/artists/francesco-del-cairo/lextase-de-sainte-marie-madeleine-entour%C3%A9e-danges-UKKdux_M-Je6vnJ_MZSpgw2

— Rubens en 1618-1620, Beaux-arts de Lille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Marie-Madeleine_en_extase_(Rubens)#/media/Fichier:Lille_Pdba_rubens_marie_madeleine.JPG

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Rubens, Marie-Madeleine en extase, Lille.

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Simon Vouet v. 1640

https://utpictura18.univ-amu.fr/GenerateurNotice.php?numnotice=A4450

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Simon Vouet, Marie-Madeleine soutenue par deux anges

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Sources scripturaires et bibliographie.

 

 

—JACQUES DE VORAGINE, La Légende dorée / Jacques de Voragine ; traduction de J.-B. M. Roze chronologie et introduction par le Révérend Père Hervé Savon Jacques de Voragine1228?-1298; Roze, Jean-Baptiste-Marie <1810-1899> ; Savon, Hervé

—GAZAY (Joseph) 1939, Étude sur les légendes de sainte Marie-Madelaine et de Joseph d'Arimathie 

Annales du Midi  Année 1939  51-201  pp. 5-36

—DUSCHENE (L. )1893, La légende de Sainte Marie-Madeleine  Annales du Midi  Année 1893  5-17  pp. 1-33

https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1893_num_5_17_3094

 « Mais d’une riens li grieve fort / Et mout en a grant desconfort, / Que il ne sot ne o ne non / A dire coument ele ot non » (v. 1165-1168, ibid., p. 520).

— https://www.saintsdeprovence.com/les-textes/vie-de-marie-madeleine/

— http://www.saintsdeprovence.com/wp-content/uploads/2013/10/vie-Marie-madeleine.gif

— https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_du_Saint-Pilon

— PINTO-MATHIEU (Elisabeth), 1992,Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Age, thèse en 1992. :Sainte Marie-Madeleine dans la littérature latine et vernaculaire du Moyen Âge, sous la direction d'Alain Michel et Michel Zink (Paris-IV).

https://books.google.fr/books?id=uxE2XmpHrcYC&pg=PA35&dq=%22saint+vincent+ferrier%22+%22marie-madeleine%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjlmOPJtpXsAhXQzoUKHeJTByoQ6AEwAHoECAUQAg#v=onepage&q=%22saint%20vincent%20ferrier%22%20%22marie-madeleine%22&f=false

 

 

 

 

 

 

—  BAZIN, (René) , 1927.

https://www.biblisem.net/etudes/bazisain.htm

 

— ORTENBERG (Veronica), 1992,Le culte de sainte Marie Madeleine dans l'Angleterre anglo-saxonne. In: Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 104, n°1. 1992. pp. 13-35;

—FAILLON  É.-M. 1848,  Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence, et sur les autres apôtres de cette contrée, saint Lazare, saint Maximin, sainte Marthe, les saintes Maries Jacobé et Salomé, publiés par M. l'abbé Migne, 2 tomes, Paris, 1848, xlviii p. + 1558 col. + 1668 col. 

https://archive.org/stream/monumentsindits00failgoog#page/n8/mode/2up

https://archive.org/stream/monumentsindits00failgoog#page/n48/mode/2up/search/anges

— Marie Madeleine, la passion révélée, exposition 2017 monastère de Brou, dossier de presse

https://presse.monuments-nationaux.fr/view/pdf/1665641

—L'Evangélisation de la Provence

http://www.spiritualite-chretienne.com/provence/evangelisation.html

http://www.spiritualite-chretienne.com/provence/sainte-baume.html

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LA PROXIMITÉ AVEC SAINTE MARIE L'EGYPTIENNE OBSERVÉE EN LÉVITATION  PAR L'ERMITE ZOSIME.

"Certains auteurs se sont demandé si Marie-Madeleine et Marie l'Égyptienne n'étaient pas une seule et même personne, et si La vie érémitique de Marie Madeleine (récit du ixe siècle) n'était pas directement inspirée de celle de la pénitente du désert, eu égard aux nombreux points communs que l'on retrouve dans leur hagiographie :

  • Elles portent le même prénom ;

  • Elles sont toutes les deux pécheresses repenties ;

  • Elles se sont toutes deux retirées au désert (à la Sainte Baume pour Marie Madeleine) durant trente ans ;

  • Toutes deux ont reçu la communion des mains d'un ermite ;

  • Leur représentation iconographique est très semblable : nudité, longs cheveux en guise de vêtement.

Mais d'autres détails comme les trois pains, le visage émacié sont propres à Marie l'Égyptienne souvent représentée comme une vieille femme (tableaux de Ribera)."

Il faut ajouter que dans les deux cas, un prêtre ou l'ermite Zosime est le spectateur de l'élévation de la sainte par les anges., puis celle-ci lui révèle son identité.

—Ludmilla Evdokimova, La version « X » de la Vie de sainte Marie l'Égyptienne. Entre la prose et le vers : du style sublime au style moyen Romania  Année 2000  471-472  pp. 431-448

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2000_num_118_471_1537

 

 

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— Dans la Légende dorée traduite par Jean de Vignay et copiée en 1404 (BnF fr. 414 ),le  chapitre consacré à sainte Marie l'Egyptienne,  relate au folio 121r cette  lévitation. La sainte apparait soulevée de terre devant les yeux du moine Zosimas.

— La même scène est illustrée dans le Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, manuscrit vers 1370-1380 BnF NAF 15942 f. 89v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55000813g/f818.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84496928/f186.image

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Lévitation de Marie l'Egyptienne. BnF NAF 15942 f. 89v Droits Gallica BNF

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Voir aussi le le Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay manuscrit de 1332-1335, Arsenal ms 5080 f .406v, 

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droits réservés Gallica BNF

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LIENS ET SOURCES.

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BOESPFLUG (François), 2006, La Trinité en théologie et dans l'art  à la fin du Moyen-Âge( 1400-1460).Presses universitaires de Strasbourg

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

— MAHOT (Stéphane), dossier photo sur Flickr

https://www.flickr.com/photos/29248605@N07/sets/72157718992961092/

—MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
16 septembre 2020 3 16 /09 /septembre /2020 13:07

Le vitrail des Chars ou verrière du Triomphe de la Vierge (Jean et Engrand Le Prince, v.1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.

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Voir sur l'atelier des verriers  Le Prince de Beauvais :

 Cathédrale de Beauvais :

Église Saint-Etienne de Beauvais :

Ailleurs en Haute Normandie :

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Voir aussi :

 La liste de mes articles sur les vitraux..

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PRÉSENTATION.

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Le vitrail.

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Les 13 verrières provenant du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen  et magnifiquement remontées  en 1979 dans l'église Sainte-Jeanne d'Arc, sont parfaitement présentées en ligne sur le site patrimoine-histoire.fr. La description de référence est celle du volume du Corpus Vitrearum consacré aux Vitraux de Haute-Normandie.

Parmi ces 13 verrières, trois, provenant de la chapelle Sainte-Anne du sud du déambulatoire de Saint-Vincent, sont consacrées à la Vierge et à sa mère. Ce sont les baies 2 (verrière de sainte Anne), 3 (Triomphe de la Vierge) et 4 (Arbre de la Parenté de la Vierge). Le thème de la Vierge, nouvelle Ève conçue sans tache et ne participant pas du Péché originel était déjà évoqué dans deux autres verrières de Saint-Vincent : les Litanies de la Vierge au tympan de la verrière du martyre de saint Vincent (baie 13 de Sainte Jeanne d'Arc) et l'image de l'Immaculée-Conception aujourd'hui intégrée dans la baie 9 de l'Enfance du Christ. 

La consécration officielle de la doctrine de l'Immaculée Conception par le pape Sixte 4 en 1476 (avant d'obtenir le statut de Dogme en 1854) avait contribué au développement de son culte. La confrérie rouennaise de l'Immaculée Conception fonda en 1486 un concours de poésie, le "Puy des Palinods", où la Vierge était honorée par des poèmes dont on encourageait la transcription en images. 

 

Je complète ces descriptions  par l'étude des inscriptions (traduction, sources, analyse) et par  mes photographies commentées.

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Les Triomphes de Pétrarque.

Dans l'Antiquité romaine, les héros des conquêtes étaient acclamés, monté sur un char, lors de défilés.

  En 1374, Pétrarque avait publié I Trionfi, suite de six poèmes, où chaque personnage, allégorie du sujet, défilait dans un char triomphal au sein d'un cortège. Dans un  songe où il revit son célèbre amour cruel pour Laure à Avignon, la  première allégorie figure sur son char le Triomphe de l’Amour qui se trouve vaincu par le Triomphe de la Chasteté dont le visage est celui d’une Laura inaccessible. Pour le grand malheur du poète, la Chasteté est à son tour vaincue par le Triomphe de la Mort. Cette dernière ne survit pas au Triomphe de la Renommée qui garde vie à ceux que l’on a aimés. Mais la Renommée ne peut résister au Triomphe du Temps qui dévore tout. Le Temps lui-même n’aura pas le dernier mot, puisqu’il est supplanté par l’Éternité, belle promesse d’un paradis où le poète retrouvera sa bien-aimée.

L'œuvre va avoir un immense succès et va susciter de très nombreuses illustrations sous formes d'enluminures, de tapisseries ou de sculptures.

En 1502, une femme commande pour illustrer le poème de Pétraque le superbe vitrail des Triomphes pour l'église d'Ervy-le-Châtel (Aube).

L'engouement pour le thème des Chars va être considérable à la Renaissance, y compris sous la forme d'entrées triomphales des princes dans leurs villes, des spectacles mis en scènes par les plus grands artistes qui se chargeaient aussi de la réalisation des décors.

 

Le thème des Triomphes à Rouen au début du XVIe siècle.

a) Le cardinal Georges d'Amboise fit réaliser en 1500-1505 pour l'offrir à Louis XII, un luxueux manuscrit d'une traduction, par un rouennais, des Triomphes de Pétrarque : BnF fr. 594. Il le fait enluminer par un artiste (nom de convention Maître des Triomphes de Pétraque) sous forme de sept doubles pages. On pense que cet artiste (rouennais ou parisien ?) appartenait à l'atelier parisien de Jean Pichore, et on lui attribue les Petites Heures d'Anne de Bretagne BnF NAL 3027, daté vers 1500-1505 et vraisemblablement offert par Georges d'Amboise à Anne de Bretagne. On lui attribue aussi le Livre d'Heures de Henri IV, manuscrit également lié à Georges d'Amboise.

Voir le BnF fr.594 :

F. 2v et 3r

Folio 7v et 8r

Folio 101v et 102r

F. 134v et 135r

f. 178v et 179r

f.348v et 349r

f.375v et 376r

 

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b) À Rouen, Guillaume II Le Roux fit orner son hôtel particulier, l'Hôtel de Bourgtheroulde réalisé en 1501, de bas-reliefs figurant les Triomphes de Pétrarque.

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En conclusion, cette verrière est au croisement de deux traditions artistiques attestées à Rouen (et plus largement en Haute-Normandie), celle des Triomphes, et celle de la glorification de la Vierge en sa conception exempte du Péché originel.

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Vitraux de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Vitraux de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN : LA VIERGE DANS LA CRÉATION ET LE PLAN DIVIN.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le tympan peut débuter la description de cette verrière, comme dans le volume du Corpus Vitrearum, puisqu'il en est l'incipit en montrant la Vierge incluse dès le début dans le Plan du Salut et intégrée au cœur de la Trinité, comme Nouvelle Ève rachetant par sa conception virginale la faute attribuée à Ève.

Le tympan peut aussi se placer en conclusion, puisque le versant marial de l'histoire du Salut va être présentée dans les lancettes en trois tableaux (trois chars successifs, trois Triomphes) : le Triomphe d'Adam et Ève au Paradis, le Triomphe de Satan, et le Triomphe de la Vierge. 

Chacun des trois tableaux est accompagné de phylactères portant des inscriptions, qui vont argumenter la pensée théologique illustrée par la verrière, et dont le spectateur peut difficilement faire abstraction.

Dés lors, l'inscription de la pointe de la 4ème lancette doit être intégrée au tympan et considérée comme son commentaire.

On y lit (je complète les abréviations par tlides)  MONDUM ERANT ABISSI ETIAM CONCEPTA ERAM.

Il faut rectifier en comprenant : Nondum erant abissi etiam concepta eram. Il s'agit d'une citation du Livre des Proverbes Prov 8:24  dans la traduction latine de la Vulgate Nondum erant abyssi et ego jam concepto eram "Je fus enfantée quand il n'y avait point d'abîmes".

Les partisans de la conception immaculée (indemne du Péché originel) de Marie appliquent cette parole biblique à la Vierge.

Pour eux, cette dernière a eu "deux conceptions passives, l'une éternelle, l'autre temporelle ; l'une divine, l'autre humaine, et toutes deux pures et immaculées. Pour la première, elle a été conçue de toute éternité dans les idées de Dieu et choisie dans les décrets de la Providence pour être la Mère future de son Fils.C'est à cette première conception que l'Église applique ces paroles que Salomon a dites de la Sagesse éternelle : Nondum erant abyssi et ego jam concepto eram : il n'y avait encore ni Terre, ni Ciel, ni Anges, ni Hommes, ni Mer, ni Abîmes, et j'étais  déjà conçue dans l'entendement du Créateur. Par la seconde conception, elle a été formée dans le sein de sainte Anne sa Mère. "(Nicolas de Dijon, Octave de l'assomption de la Vierge, 1687)

Je cite ici un texte postérieur à la verrière que j'étudie, mais la citation biblique figure sur la tenture de chœur de la Vie de la Vierge offerte en  1530 à la cathédrale de Reims par son archevêque Robert de Lenoncourt. Sur la pièce consacrée à la Rencontre d'Anne et de Joachim devant la Porte Dorée de Jérusalem, qui illustre et défend la conception miraculeuse de Marie par Anne, la citation latine est prononcée par Salomon, auteur traditionnel du Livre des Proverbes. Or, les 17 pièces de cette tenture sont (S. Savigny) une démonstration doctrinale de l'Immaculée-Conception. 

https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_3_1430

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Baiser de la Porte Dorée, tenture de la Vie de la Vierge (1530), Palais du Tau (Reims). Photo lavieb-aile.

 

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Citation de Proverbe 4 par Salomon, tenture de la Vierge (1530), Palais du Tau (Reims). Photo lavieb-aile.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Cette citation biblique affirmant que Marie était déjà conçue dans l'esprit de Dieu avant même la Création va être illustrée par les peintures suivantes :

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Marie au centre du triangle de la Trinité au dessus de l'Alpha et de l'Omega (début et fin de toute chose).

Le Christ en Logos (Verbe créateur) au centre d'un brasier, bénissant et présentant la Vierge enfant de la main gauche.

Les signes du Zodiaque

Marie transportée par un ange dans les Cieux au dessus du Chaos originel (flammes, nuées et terres) à gauche.

La naissance d'Ève issue d'une côte d'Adam, et le Paradis terrestre à droite.

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Soufflet supérieur : La Trinité accompagnée de la Vierge enfant debout sur le livre ouvert.

Le livre porté en commun par Dieu le Père (tiare, globus cruciger, manteau rouge) et par le Christ porte les lettres Alpha et Oméga. Le Christ présente de la main la Vierge, mains jointes, peinte en grisaille dans une mandorle au jaune d'argent. Au dessus, la colombe du Saint-Esprit a un visage humain. 

La scène (qui peut se rapprocher de certains Couronnements de la Vierge par le Père et le Fils) s'inscrit dans un verre blanc peint de deux cercles au jaune d'argent de teinte différence, jaune citron puis orangé. Verre bleu en périphérie.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Christ en Logos (Verbe créateur) au centre d'un brasier, bénissant et présentant la Vierge enfant de la main gauche.

Le cercle de feu, les rayons, et la mandorle entourant la Vierge sont peints au jaune d'argent sur un verre blanc. Vierge peinte à la grisaille. Manteau rouge, tunique bleu-clair à larges manches.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les douze signes du Zodiaque. Le signe de la Vierge en exergue.

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Le verre de fond est bleu ou violet, mais le verre bleu a été gravé pour peintre au jaune d'argent une série de cercles concentriques figurant le Cosmos.

Les 12 signes occupent des médaillons disposés en suivant la forme en pique de carte de la mouchette. Sont-ils en verre jaune gravé pour la figure zodiacale, ou bien en verre blanc peint en périphérie, ce qui semble techniquement peu possible ?

Le Zodiaque présente une singularité qui n'est pas mentionnée par les auteurs due Vitraux de Haute-Normandie. Il débute en haut à droite par le Bélier, suivi par le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, et le Lion (23 juillet-22 août), puis, au lieu de faire figurer la Vierge, on trouve la Balance (23 septembre- 22 octobre), et la séquence reprend avec le Scorpion, le Sagittaire, le Verseau et les Poissons qui terminent le cycle en haut à gauche à coté du Bélier.

Le signe de la Vierge (Virgo) est absent, ou plutôt il ne peut correspondre qu'au médaillon placé entre Verseau et Poissons, à gauche du Taureau. En outre, au lieu de la figure féminine de ce signe, nous trouvons deux masses superposée, jaune et blanche, la masse inférieure rehaussée de grisaille pouvant éventuellement correspondre à un paysage de colline.

Cette singularité souligne évidemment le rapport entre la Vierge Marie et le signe Virgo, et témoigne de la volonté de lui donner une place hors norme dans le cycle zodiacal, métonymie de la Création.

Il serait très intéressant de trouver d'autres exemples de cette représentation, et d'en étudier les rapports avec la défense de l'Immaculée-Conception.

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Le signe de la Vierge correspond à la période du 23 août au 22 septembre. Il inclut donc le 8 septembre, date de la fête de la Nativité de la Vierge.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Soufflet latéral gauche de la rangée intermédiaire : deux anges en adoration.

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Le verre rouge de l'ange de droite est gravé pour peindre en jaune le bras de son voisin.

Cette position est curieuse, j'ai d'abord pensé que l'ange jaune à ailes vertes portait le corps de Marie ; mais l'amorce d'une aile à droite ne conforte pas cette idée. À discuter.

On notera que ce tympan reprend en partie le thème de la Création dans les Bibles historiales réalisées à Paris au début du XVe siècle [KBR ms 9001] (et repris dans le frontispice de la Fleur des histoires  de Jean Mancel KBR ms 9231 vers 1450) : six vignettes montrent successivement la Sagesse disant Ab initio et ante secula creata sum, puis la Trinité, puis le jugement des anges, les anges élus montant aux Cieux tandis que les anges déchus sont précipités dans la gueule de l'Enfer. Ces soufflets pourraient trouver là leur interprétation.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Soufflet  gauche de la rangée intermédiaire : le chœur des anges ; deux anges portant une forme colorée.

 

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Cette forme peinte avec des lignes jaune orangé évoquant une matière en fusion reste à déterminer.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Chaos.

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Des flammes acérées comme des explosions d'éclairs jaillissent depuis des nuées ou depuis une étendue verte. Ces flammes sont en verre rouge, en verre rouge gravé, tandis que les nuées ou rochers sont en verre bleu clair gravé pour peindre au jaune d'argent les reflets lumineux plus ou moins orangés.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La naissance d'Ève issue d'une côte d'Adam, au  Paradis terrestre.

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Adam est endormi, et Ève se dresse de son flanc, parmi des animaux dont un cerf et un agneau (symboles christiques), un lion et un sanglier.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Paradis terrestre.

Un bélier voisine avec un porc (?) et un loup.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TRIOMPHE D'ADAM ET ÈVE AU PARADIS TERRESTRE.

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Les trois scènes présentent une composition analogue : le personnage glorifié est installé sur un char richement décoré qui forme le centre d'un cortège animé, avec de nombreuses inscriptions nominatives et un phylactère citant un texte sacré.

Pour le char et le cortège, les Le Prince se seraient inspirés de la gravure du «Grand char de l'empereur Maximilien» d'Albert Dürer, l'empereur couronné par la Victoire, qui date de 1522.

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Albrecht DÜRER , gravure, Le char de triomphe de Maximilien Ier : Fidentia et Ratio, Louvres, © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Tony Querrec

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Deuxième lancette : le char d'Adam et Ève.

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a) L'inscription du phylactère.

Elle dit : OMNIA SVBIECISTI SVB PEDIBVS EIVS.

On reconnaît là une citation biblique, celle du psaume 8 verset 8 de la Vulgate, "tu as mis tout sous ses pieds". Ce verset est cité par saint Paul, en l'appliquant au Christ comme une affirmation de son Règne, dans la première Épître aux Corinthiens I Cor 15:26, dans  l'Épître aux Hébreux Heb 2:8 , dans celle aux Éphésiens 1:22 .

Une partie de la tradition chrétienne voit d'ailleurs l'ensemble du psaume 8 comme s'appliquant à Jésus-Christ.

Mais placée ici sous les roues du char d'Adam et Ève, la citation s'applique bien évidemment à l'Homme (l'humain) placée au sein de la Création. C'est d'ailleurs le sens premier pour une lecture naïve du verset replacé dans son contexte . 

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! [...] À voir ton ciel,  ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnement de gloire et d'honneur ; tu l'établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds; les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les cieux.

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom, par toute la terre ! (traduction T.O.L)

La citation biblique de chacun des quatre étages de la verrière en  détermine la lecture. Ici, le renvoi au psaume 8 incite à voir le soleil et la lune, les arbres de la forêt traversée par le char et surtout les animaux terrestres et célestes comme témoignant de l'étendue de la domination donnée par Dieu à Adam et Ève, et par eux à l'humanité. Mais cette étendue, témoignant de la générosité divine, doit, comme l'exprime le psaume, inciter l'homme à la louange. 

Les deux musiciens danseurs peints sur les roues du char (un jouant de trompe et l'autre du tambour) témoignent peut-être de cette action de louange [le psaume 8, comme les psaumes 81 et 84, le confie "au maître de chœur ; sur la guittith", ou gittiyth qui serait un instrument de musique ].

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Sur le char, Adam et Ève, nus et enlacés, tiennent un étendard à hampe semblable à un sceptre, et dont le drapeau rouge porte la figure de la Justice, ou son Allégorie portant le glaive et la balance.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La "signature" des Le Prince, maître-verriers à Beauvais.

Entre les deux roues du char, on peut lire des lettres peintes au jaune d'argent : JEHAN LE PR / PRI, interprétées comme la signature de Jean Le Prince. On trouvera plus loin (char de la Vierge) un candélabre portant les lettres ELP, reconnues comme les initiales d'Engrand Le Prince.

Cet atelier familial actif entre 1491 et 1555 inclut Lorin (en 1491), puis dans la  deuxième génération Jean (de 1496 à 1536) et Engrand ( de 1522 à sa mort en 1531), et ensuite pour la troisième génération Nicolas (de 1527 à 1551) et Pierre (de 1531 à 1561). On lui doit la verrière de Roncherolles de la cathédrale de Beauvais, l'Arbre de Jessé et plusieurs autres verrières de l'église Saint-Etienne de Beauvais, des vitraux de l'église Notre-Dame de Louviers, le vitrail de Charles Villiers de l'Isle-Adam de la Collégiale Saint-Martin de Montmorency, et trois verrières de l'église Saint-Vincent de Rouen remontés à l'église Jeanne d'Arc, les baies 3 (Les Chars), 5 ( Vie de saint Jean-Baptiste) et 6 (Oeuvres de Miséricordes).

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La Foi et la Force tirant le char.

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FORTITUDO  (Force), couronnée de lauriers, tire la chaîne du char en premier plan. Sa robe rouge, serrée par une ceinture de tissu mauve, est ornée d'une faveur bleue à l'épaule et d'un pompon bleu à l'extrémité d'une sorte de traîne. Elle a la grâce légère des ménades grecques comme sur le bas-relief de Gradiva. FIDES, la Foi, en robe bleue, tient une maquette d'église, métaphore de l'Église pourtant non instituée dans les temps édéniques.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Quatrième lancette : les animaux du paradis terrestre.

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Les animaux terrestres sont au nombre de six : le taureau (ou bœuf), le lion, le sanglier, la grenouille, et le lapin , tous dirigés vers la droite (direction du char) entourent une licorne qui, elle, tourne la tête vers la gauche (c'est à dire vers le char).

Parmi les trois oiseaux se trouve peut-être un perroquet.

La licorne, seul animal mythique du groupe, est considéré comme liée à la virginité, car la légende veut que, pour la chasser, il est nécessaire de l'attirer grâce à une jeune fille vierge. Par extension, la "chasse mystique" est une métaphore de l'Annonciation, comme sur la verrière de l'Arbre de Jessé (v.1503)  de la cathédrale de Sens.

Dans les Triomphes, elle est liée à la force et à la chasteté , tirant le char de cette vertu dans les Triomphes de la chasteté (Triomphes de Pétrarque, Rouen, XVe s. BnF fr. 223 f. 94v, ou huile sur panneau du cercle de Giovanni di Paolo vers 1470).

On comparera les autres animaux à ceux que Dürer a placé dans une gravure de 1504 au Paradis derrière Adam et Ève : un chat face à une souris, un cerf, un bœuf, un bélier et un lapin, ainsi qu'un perroquet. 

 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Première lancette : quatre Vertus, la Prudence, l'Espoir, la Charité et la Tempérance suivent le cortège en présentant leur attribut.

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Après SPES, en robe rouge fendue, et qui tient une ancre,  TEMPERANCIA, en robe blanche, brandit une tête de mort. PRUDENCIA, en robe blanche damassée de motifs en rouelles dentelées et ornée de rubans ou pompons bleus, tient les Tables de la Loi. CHARITES, en robe rouge clair, tient un cœur enflammé.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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DEUXIÈME REGISTRE : LE TRIOMPHE DE SATAN.

 

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Satan, sous la forme du serpent de l'Arbre de la Connaissance, brandit l'étendard de la Mort, accompagné de la Désobéissance ; son char est tiré par Douleur et Labeur qui entraînent Adam et Ève ligotés. Derrière le char, la Crédulité porte l'étendard de la Justice, tête en bas, et précède les sept péchés capitaux accompagnés de leurs animaux emblématiques.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le char de Satan portant l'arbre de la Connaissance. Troisième lancette.

Satan, sous la forme d'un serpent à tête humaine enroulé autour de l'Arbre de la Connaissance brandit l'étendard de la Mort : un squelette portant un sablier et brandissant une flèche. (sur le motif de la Mort tenant une flèche, et non la faux, voir L'ossuaire de la Roche-Maurice). Cet étendard est en verre rouge gravé.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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L'inscription du phylactère basal.

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ET AMPLIVS EORVM LABOR ET DOLOR.

Cette citation biblique du psaume 89 verset 10 se traduit par "Et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère" (Louis Segond), ou, littéralement, "leur orgueil [est] travail et douleur". Dans le contexte du psaume, cela qualifie la vanité des années vécues par l'homme dans la brièveté de son existence : "les jours de nos années s'élèvent à soixante-dix ans, et, pour les plus robustes, à quatre-vingt ans ; et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère, car il passe vite, et nous nous envolons".

Mais dans le contexte de ce Triomphe, les mots Labor et Dolor font allusion au texte du chapitre 3 de la Genèse où Dieu, après la Faute, annonce à Adam (verset 17) qu'il ne se nourrira qu'au prix du travail et de la peine (labor) et à Ève (verset 16) qu'elle accouchera dans la douleur (dolor).

Ce même chapitre fournira le texte du phylactère du Triomphe de la Vierge.

Ce texte détermine donc bien toutes les scènes de ce triomphe du Mal, et notamment la dernière, ou Adam et Ève sont conduits par LABOR et DOLOR devant le char.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Il est important de remarquer que Satan est un être à ailes de chauve-souris (nervures), au visage humain mais doté d'oreilles longues et pointues, à la poitrine féminine et à la queue de serpent enroulée autour du tronc d'un pommier. Cet être hybride s'apparente par tous ces traits à la Démone, (version maléfique d'Ève) que terrasse la Vierge dans les multiples représentations bretonnes des Vierges à la Démone.

Il s'apparente aussi au serpent à visage et poitrine féminine des représentations de la scène de la Tentation, lequel enroule sa queue autour de l'arbre séparant Adam et Ève, comme sur les porches bretons, mais surtout sur l'enluminure 20v des Heures dites d'Henri IV. En effet, ces Heures ont été influencées par la librairie du cardinal Georges d'Amboise à Gaillon. Ses enluminures sont attribuées au Maître des Triomphes de Pétraque, actif à Paris et peut-être à Rouen.

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La Tentation, Heures dites de Henri IV , BnF lat. 1171 f. 20v vers 1500-1505 (postérieures à 1476) : copyright Gallica.

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Le char est poussé sur le coté par la belle INOBEDIENTIA (Désobéissance) et un autre personnage à robe rouge et parements bleus.

La roue arrière porte l'inscription CVPIDITAS (Cupidité) et la roue avant l'inscription I.S.IS, couramment lue par les auteurs comme 1515. On explique alors que si la verrière a été réalisée entre 1522 et 1524, elle a été peut-être préparée ou commandée dès 1515. On retrouve cette inscription sur les deux roues du char de la Vierge.

Le char porte, à l'arrière, deux candélabres où se dressent des idoles nues. Le décor des cotés comporte des angelots.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Quatrième lancette. Labor traîne le char, derrière Adam et Ève nus, mains ligotés et tête basse. Dolor, à genoux, bras croisés, lève les yeux au ciel. Une femme plus âgée, en tête, fait un geste au couple ancestral.

En arrière-plan, un paysage est peint en camaïeu de bleu : un pont franchi un fleuve navigable et conduit à une ville, ceinte de rempart, avec de nombreuses maisons regroupées autour d'une cathédrale  : il s'agit du pont de Rouen, de sa cathédrale aux deux tours asymétriques, et de la tour de Saint-Cande-le-Vieux (?).

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Derrière le char, la Crédulité tient l'étendard inversée de la Justice.

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CREDULITAS porte le même étendard qu'Adam dans le premier Triomphe, mais la hampe est brisée, plaçant  l'emblème de la Justice, une femme portant le glaive et une balance,  tête en bas, signe d'un renversement des valeurs morales. Verre rouge gravé .

Le paysage en camaïeu de bleu débute par un édifice urbain (château ?), se poursuit par de hautes montagnes.

À droite, dans un bois, trois anges discutent ; un ange rouge tient un glaive.

Credulitas porte une coiffe à oreillettes perlées et à nœud de ruban. Elle est vêtue d'une robe jaune d'or et rouge damassée de grenades, et d'un manteau formant bustier avec des manches flottantes.

Elle marche dans une prairie bordant un fleuve où navigue une nef à un mât. Un lapin blanc est à ses pieds.

De nombreuses pièces de verre bleu sont gravées, dans une composition riches en teintes de vert, pour rendre les petites fleurs ou le jeu des lumières d'un sous-bois.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les sept péchés capitaux ferment la marche.

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Inscription LES SEPT PECHES MORTE[L]S.

Il y a bien sept femmes, mais deux sont au premier plan et dansent en chevauchant, l'une un porc (ou une truie), l'autre un lion : ce seraient, bien qu'elles ne soient pas nommées,  la Gourmandise (Gula) — ou la Luxure,   et l'Orgueil (Superbia).

Une autre est placée derrière des oreilles d'âne : serait-ce la Paresse (jadis Acédie) ? Derrière le lion se voit un chien, associé par Eustache Deschamps à l'Envie.

La coiffe et la robe d'Orgueil sont magnifiques, en verre blanc peint au jaune ; le motif du damas se retrouve souvent chez Engrand Le Prince

En arrière-plan, et en camaïeu de bleu (teinté ici ou là de jaune), les ruines d'un château et de son donjon.

Le sol est en verre bleu gravé teinté au jaune d'argent pour rendre le vert, tout en préservant des réserves figurant des fleurs. Des œillets sont en verre rouge, rose ou jaune.

Un sujet analogue était reproduit sur un bas-relief en pierre au 13 rue de l'Écureuil de Rouen.

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TROISIÈME REGISTRE : LE TRIOMPHE DE LA VIERGE.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les quatre inscriptions bibliques.

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— Première lancette , sous les pieds des "donateurs" :

DNE ADIVVA ME, "Domine ajuva me".

Citation de Matthieu 15:25, cette supplication de la femme cananéenne, "Seigneur secours-moi",  s'adresse à Jésus pour obtenir la guérison de sa fille.

 

— Deuxième lancette :

1°) En bas, sous le char écrasant le serpent :

IPSA : CONTERET : CAPVT TVVM.

Genèse 3:15, Vulgate "Elle t'écrasera la tête". Le texte biblique relate la condamnation prononcé par Dieu envers le serpent après la Faute originelle : " L'Éternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. " (tr. Louis Segond) 

Le sujet "elle" de la phrase "elle t'écrasera la tête" renvoie, non à Ève, mais à "ta descendance". Selon la traduction, les commentateurs peuvent y voir soit le Christ, soit la Vierge :

 

"Dans la Septante (une traduction de la Bible en grec réalisée à Alexandrie autour de l’an -270), on y place le « lignage » victorieux de la femme dans une forme personnelle. « Autos », qui veut dire « il », écrasera la tête du serpent. « Autos » est un pronom masculin pour le substantif neutre « tò sperma » (le lignage). « Il » est ici une personne concrète et non pas simplement l’humanité en général. Le contexte messianique est alors évident. Le Messie représente l’humanité devant Dieu. 

Dans la Vulgate (une traduction de la Bible en latin par saint Jérôme qui remonte à la fin du 4e siècle), on met davantage l’emphase sur l’aspect marial. On peut y lire « Ipsa conteret caput tuum », ce qui signifie « Elle t’écrasera la tête ». On voit alors comment dans ce cas-ci, le rôle de la Vierge Marie est davantage mis en évidence, car elle représente la nouvelle Ève qui écrase le serpent." (Le Tourneau)

Dans le contexte palinodique (celui du Puy des Palinods de Rouen), "elle" désigne la Vierge comme Nouvelle Ève.

En 1515, Guillaume Mauduit fut le premier poète latin couronné par le Palinod de Rouen sur le texte Virgo conteret caput tuum, la précision "virgo" (Vierge) levant toute ambiguïté.

En 1520, Guillaume Thibaut, pour le même Puy de Rouen, confronte une Dame à l'agneau (la Vierge) et une Dame à l'aspic (la Démone).

Dans les Heures de la conception de la Vierge, datant du début du XVIe siècle, Guillaume Tasserye, auteur de chants royaux présentés aux Palinods de Rouen en 1490, une enluminure en double page (f.15 et 16) montre la Vierge foulant un dragon et entourée de banderoles dont l'une indique Ipsa conteret caput tuum, une autre Tota pulchra es amica mea et macula non es in  et une autre cite le Livre de la Sagesse 24 Je suis crée dès l'origine et avant les siècles.

 

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2°) au dessus des têtes d'Isaïe et David :

TOTA PVLCRA  AMICA MEA ET MACVLA NON EST IN TE

Cette citation du Cantique des Cantiques 4:7 est traduit par "Tu es toute belle ô mon amie, et il n'y a point en toi de défaut". Mais si on l'applique à la Vierge, le mot macula (tache) fait allusion à la conception immaculée, sans tache, exempte du Péché originel.

https://gregorien.info/chant/id/8141/9/fr

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— Quatrième lancette, en bas, sous les pieds de Moïse :

CVSTODI FAMVLV[M] TVVM  SPERANTEM IN TE

"Garde ton serviteur qui espère en toi". 

Il s'agit d'une citation tronquée du psaume 85(86) verset 2  : Custodi  animam meam propter salutem tuam. Deus salva famulum tuum sperantem in te.

"Garde mon âme, car je suis pieux ! Mon Dieu, sauve ton serviteur qui se confie en toi" (Louis Segond)

 


 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les blasons à monogramme.

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Ils n'ont pas été déchiffrés, mais ils ressemblent aux blasons professionnels des artisans et marchands, ou des imprimeurs.

La lecture du premier est perturbée par le réseau des plombs de casse, mais on reconnaît à gauche un A majuscule, à droite un b minuscule, et en haut un sigle (P ou 4 ), maçonnique pour A. Pottier (p. 253).

 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le second associe deux lignes brisées en miroir, où A. Pottier a proposé de voir deux G accolés.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le char de la Vierge triomphante de la deuxième lancette.

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La tête de la Vierge est restaurée.

La Vierge tient un sceptre et une palme.

Les roues du char écrasent un animal aux ailes nervurées, aux pattes griffues et à la tête de mouton : c'est le Serpent, la Démone, ou le Dragon du Mal.

Les roues portent l'inscription I . SI . S, dont la ponctuation n'est pas favorable à y lire le chronogramme 1515. L'une des roues est peinte d'une joueuse de viole à archet, et l'autre d'un joueur d'un instrument à cordes pincées (sans usage de plectre).

Le char est précédé par deux personnages dont l'un tient une harpe. Leur barbe, leur  coiffure à oreillettes et leur robe confortent l'hypothèse d'y reconnaître le prophète biblique Isaïe (qui a prophétisé la survenue d'une Vierge donnant naissance à un Sauveur), et le roi David. Ils n'ont pas les pieds posés au sol et sont presque suspendus ou volant au devant du char.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Selon André Pottier, la femme représente à la fois la Vierge, la Foi et l'Église, et c'est volontairement que cette détermination est restée imprécise. Mais la Vierge est nimbée, ce qui lève l'ambiguïté.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le cortège des anges tirant le char, en troisième lancette.

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Ils marchent pieds nus dans une prairie fleurie, sont vêtus de robes blanc et or, et tiennent des palmes ; leurs ailes sont multicolores. Trois têtes sont restaurées.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Sur le ciel se détachent des constructions urbaines, riches demeures ou châteaux, en camaïeu de bleu.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La tête du cortège en quatrième lancette : Moïse brandissant le Serpent du Mal empalé sur une lance.

Tête de Moïse restaurée. 

En premier devant le char vient une femme vêtue de bleu et voilée et guimpée de blanc portant un étendard rouge portant dans un médaillon blanc la colombe du Saint Esprit. Elle est montée sur une licorne dont la corne est pointée vers son flanc. Cette licorne porte autour du cou l'écriteau VERITE. 

Cette femme (dont la représentation est proche de celle de Marie) repousse en arrière plan une femme âgée désignée par inscription comme HERESIS, l'Hérésie. Son âge renvoie aux Vetule décrites par Jean Gerson comme agents de la CREDULITAS mentionnée plus haut. 

Moïse tient au bout de sa lance le serpent ou Démone, empalée ou du moins brandie victorieusement. Néanmoins, comme dans les scènes de terrassement du Mal par la Vierge ou par saint Michel, la bête n'est pas morte, elle redresse la tête, sort la langue et tend une patte vers le haut.

En arrière plan, un paysage de montagne avec un château.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Moïse, pieds nus, en robe rouge, est précédé par des angelots sonnant de leur trompe, portant chacun un pennon héraldique carré, comme des hérauts d'armes sonnant un tournois .

— Un étendard à fond rouge  portent les armes de France d'azur à trois fleurs de lys d'or.

— L'étendard à fond vert porte les armes parti à trois fleurs de lys d'or et d'hermines (de France et de Bretagne), qui sont celles d'Anne de Bretagne (décédée en 1514), ou, selon les auteurs (A. Pottier, M. Callias-Bey et col), de sa fille Claude de France, reine de France de 1514 à 1524. A. Pottier voit une cohérence entre l'accès au trône de Claude de France et sa lecture d'I .S I. S . comme étant la date de 1515.

Les armes de Claude de France devraient être, après 1515, un parti d'azur aux trois fleurs de lys d'or au lambel d'argent et écartelé d'azur à trois fleurs de lys d'or, comme il figure — au lambel près — sur son Livre d'Heures Morgan MS 1166 f.15v.

 

— L'étendard à fond jaune porte les armes de Normandie de gueules aux deux léopards d'or.

—  L'étendard à fond bleu porte les armes de Rouen, de gueules à l'agneau pascal d'argent portant une bannière d'argent à la hampe d'or, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or.

Ces verres colorés sont gravés et peint au jaune. La pièce héraldique du pennon vert est montée en chef d'œuvre.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Une assemblée de personnages en première lancette.

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Le char est suivi par trois hommes en tenue de bourgeois du XVIe siècle, et un seigneur [une tête restaurée], et d'une vieille femme portant une coiffe et désignant le char de la main.

On a supposé qu'il s'agissait des donateurs, membres probables d'une confrérie. Mais rien n'est certain.

En arrière plan, la cathédrale de Beauvais (Corpus) est peinte en camaïeu de bleu, avec une autre fabrique.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495

— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)

— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.

— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché",  Bull. AMR, 1958-1970, p. 147-167.

— LAFOND (Jean), 1908, "Un vitrail de Engrand Leprince à l'église Saint-Vincent", Bull. AMR, 1908, p. 22, 23, 157-167.

— LAMY (Marielle) 2011,Le culte marial entre dévotion et doctrine : de la « Fête aux Normands » à l’Immaculée Conception,  in Marie et la « fête aux normands » Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

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— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 69.

—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux,  Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 358.

https://books.google.fr/books?id=FNYwAQAAIAAJ&dq=bas-reliefs+de+la+%22rue+de+l%27Ecureuil%22+rouen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— LE TOURNEAU (Mgr Dominique), "Pourquoi appelle-t-on Marie la Nouvelle Ève", Aleteia.

https://questions.aleteia.org/articles/82/pourquoi-appelle-t-on-marie-la-nouvelle-eve/

PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.

PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 49-98

— POTTIER (André), 1862, "Description d'une verrière de l'église St-Vincent de Rouen", Revue de la Normandie, 1862, p. 236-255.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57317571/texteBrut

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PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.

— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), p.91, 172, 220, 283, 358.

— RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.

— RIVIALE (Laurence), 2011, L’Immaculée Conception dans les vitraux normands, in Marie et la « fête aux normands » Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10932?lang=fr

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https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_3_1430

— SCHOLZ (Hartmut), 1995, Dürer et la genèse du vitrail monumental de la Renaissance à Nuremberg Traducteur : Martine Passelaigue, Revue de l'Art  Année 1995  107  pp. 27-43

https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1995_num_107_1_348186

THELAMON (Françoise), 2011, "Tota pulchra es... La beauté de Marie manifestation de son immaculée conception", in Marie et la « fête aux normands »Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10866

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http://www.rouen-histoire.com/SteJA/index.html

http://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/St-Vincent.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/le-grand-char-triomphal-de-l-empereur-maximilien-ier-1-l-empereur-couronne-par#infos-principales

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Jeanne-d%27Arc_de_Rouen

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 19:59

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau.

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Voir sur Guimiliau :

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Voir sur les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :

 

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On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

 

Liste des 225 articles de mon blog décrivant des vitraux 

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PRÉSENTATION.

À la fin du XVe et surtout au XVIe siècle, les paroisses du Finistère choisirent, pour leurs églises qui, souvent, étaient en pleine reconstruction, une baie d'axe consacrée à la Passion, la Crucifixion et la Résurrection du Christ. On en estime le nombre à une cinquantaine, dont 29 sont conservées, complètes ou par vestiges.  Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper et partagent des caractères stylistiques communs, ou parfois même des cartons identiques. 

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Dans les verrières les plus anciennes,  les lancettes sont découpées par registres en une douzaine de scènes successives de la Passion (Locronan, 18 scènes ; Plogonnec, 6 scènes ; Baie 4 de Guengat ; Penmarc'h ; Ergué-Gabéric ; Brasparts, etc. ) . Cette répartition en damier ne sera pas abandonnée.

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— D'autres, plus tardivement au deuxième quart du XVIe siècle, placent la Crucifixion dans un grand tableau central de 3 lancettes, tandis que les épisodes qui la précèdent (Cène, Lavement des pieds, Agonie, Arrestation, Comparutions, Flagellation, Couronnement d'épines,) ou qui la suivent (Déposition, Mise au Tombeau, Sortie du Tombeau) sont de nombre réduit, et repoussés en position périphérique.  C'est le cas à Saint-Mathieu de Quimper dès 1535, puis à La Roche-Maurice (1539), La Martyre (1540) et Ploudiry (ces trois églises voisines appartenant alors à la même paroisse de Ploudiry) ainsi qu'à Quéménéven, à Pleyben (v.1570) ou à Tourc'h. C'était également le cas à Daoulas.

René Couffon cite aussi les Crucifixions de Labanan à Pouldreuzic, de l'église du Juch, de la chapelle de la Véronique à Bannalec (perdue) ou de Saint-Gunthiern à Langolen.

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— Enfin, les petits tableaux de la Passion disparaissent à Gouezec  (v. 1550) où trois lancettes entières montrent la Crucifixion et une lancette montre la Déposition, à Guimiliau (v. 1550) avec la même disposition (malgré une inversion de lancette), et à Guengat (1550) avec trois lancettes pour la Crucifixion, une pour la Passion préalable, une pour la Déposition et une pour la Résurrection .

D'autres paroisses choisiront de consacrer toute la verrière à la Crucifixion.

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Dans ce groupe à grande Crucifixion centrale, certaines ressemblances montrent la reprise des mêmes cartons. C'est le cas pour Ploudiry et ses trèves de La Roche-Maurice et de La Martyre (*). Un quart de siècle plus tard, ces poncifs sont repris en partie à Guimiliau, à Guengat, à Gouezec et à l'église Saint-Ouen de Quéménéven, en nord de Cornouaille. C'est ce regroupement, ce sont ces comparaisons iconographiques et cette compréhension d'une évolution dans la composition de l'espace et de la structuration du récit de la Passion  qui rendent la découverte d'une nouvelle verrière si passionnante malgré la répétition des séquences.

On peut aussi séparer les Crucifixions à ciel rouge — Guimiliau, Guengat, — et à ciel bleu — Ploudiry, La Roche-Maurice, La Martyre, Pleyben, Gouezec, Quéménéven—...

(*) Une autre trève, Tréflévénez, possède les restes d'une maîtresse-vitre de la Passion de 1560-1570, mais ne provenant pas de l'atelier quimpérois.

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Je vais présenter ce vitrail en associant des vues générales avec des plans rapprochés dont les détails vont permettre — entre autre — de poursuivre l'étude de mes thèmes préférés :

  • L'iconographie comparative de ces maîtresses-vitres .
  • La peinture des visages.
  • Les larmes et le sang (larmes de Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied du Calvaire ; lien électif entre le sang s'écoulant le long de la Croix, et Marie-Madeleine).
  • Les chevaux hilares (si caractéristiques de cet atelier) et leur harnachement.
  • L'étude des costumes et coiffures : les crevés.
  • Les inscriptions des galons chez Le Sodec.

J'utiliserai dans ma description celle qui a été publiée par Gatouillat et Hérold pour le Corpus Vitrearum VII, et qui fait référence.

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Historique.

L'église Saint-Miliau datait du Moyen-Âge mais a été augmentée d'une nef dans la première moitié du XVIe siècle. Sa maîtresse-vitre a alors été réalisé vers 1550.

Mais après la construction du porche sud (1606 et 1617) , le chœur a été rebâti et suivi d'un faux-transept vers 1664 (date inscrite sur un contrefort) : l'ancienne maîtresse-vitre y fut réinstallée, au prix de quelques modifications, et en réduisant la taille du tympan.

 

La verrière fut déposée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis replacée par Labouret en 1951. La dernière restauration fut effectuée par Hubert de Sainte-Marie qui réalisa les vitreries abstraites du tympan.

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Description.

La baie mesure 4 mètres de haut et 2,40 m de large. Ses quatre lancettes (A, B, C et D) sont surmontées d'un tympan à 24 ajours . On distingue  un soubassement composite à quatre personnages, avec au dessus en  lancette A une Descente de Croix, et en lancettes B, C et D une Crucifixion. La comparaison avec la maîtresse-vitre de Guengat, réalisée sur les mêmes cartons à grandeur, mais qui comporte six lancettes, montre une composition bien mieux équilibrée et où la Vierge affligée d'une Descente de Croix, placée à l'extrême droite, répond à son homologue du pied de la Croix.

Ici, la Descente de Croix a été placée (lors d'une réfection) paradoxalement avant la Crucifixion, ce qui place côte à côte les deux masses bleues de la Vierge, et non plus en symétrie de part et d'autre.

Les quatre scènes de la Passion se détachent sur un ciel rouge.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LA LANCETTE A : LA DESCENTE DE CROIX.

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Rappel : ces trois panneaux ont été déplacés et devraient se placer à droite de la verrière.

Le torse du Christ, la tête de saint Jean et la moitié  inférieure du panneau de la Vierge ont été restaurés. (Gatouillat et Hérold).

Joseph d'Arimathie, grimpé sur une échelle, laisse doucement descendre le corps du Christ grâce à un linge qui le ceinture sous les aisselles (comme dans l'enluminure de Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier)  Son appartenance au Sanhédrin en tant que notable juif est soulignée par le bonnet à oreillettes, la barbe, la robe longue (à damassé en rouelles et à ceinture d'étoffe) et les franges des manches, alors qu'au contraire les taillades des chausses et des bottes à rabat sont celles d'un seigneur français du XVIe siècle (comme dans les Déplorations de Quilinen ou de Locronan).

Au pied de l'échelle, Nicodème (le bonnet conique à oreillette rappelle qu'il est également membre du Sanhédrin, le Conseil des Juifs) et un assistant (dont la robe aux manches frangées est également serrée par une ceinture d'étoffe) reçoivent dans un linceul le tronc et les jambes du Christ.

Au dessous d'eux, saint Jean, Marie-Madeleine (qui tient le flacon d'aromates) et une autre Sainte Femme (Marie Salomé ou Marie Jacobé), tous nimbés, en pleurs, entourent la Vierge effondrée.

Il est important de remarquer que les larmes  sont peintes avec précision, sous forme de lignes blanches (par retrait de la peinture du bout du pinceau) qui s'élargissent en gouttes à l'extrémité, car c'est à la même époque que l'atelier de sculpture sur pierre des Prigent (1527-1577), à Landerneau, prend soin de sculpter trois larmes sous les yeux des saints personnages de leurs Calvaires, de leurs Pietà  et de leur Déplorations. Sur le vitrail de Guengat, ce détail est désormais difficilement visible. On l'observe à Quéménéven.

Déploration de Saint-Nic.

Calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben.

Calvaire de Tal-ar-Groas à Crozon

Calvaire de Lopérec (1542 ou 1552)

etc...

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Marie-Madeleine, en pleurs, soulevant entre pouce et index le couvercle du flacon d'aromates.

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Marie Salomé ou Marie Jacobé, en pleurs.

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Saint Jean.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Vierge en pleurs.

La façon de représenter les yeux, (et notamment les paupières), ou la bouche est la même que pour le visage de Marie-Madeleine.

 

 

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LES LANCETTES B, C ET D : LA CRUCIFIXION.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LANCETTE B : LE BON LARRON ; LE BON CENTENIER ; PÂMOISON DE LA VIERGE.

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Le Bon Larron dont un ange recueille l'âme sous forme d'un petit personnage nu. Le panneau est bien conservé, hormis la culotte verte et une partie du bois du gibet. Les larrons sont attachés au niveau des bras et des jambes, mais la jambe gauche est fléchie à 90° pour signifier, selon une tradition iconographique également très présente sur les calvaires sculptés, que les jambes ont été brisées sur ordre de Pilate (à la différence de celle du Christ).

Les traits du Larron  sont accentués, les sourcils épais, les rides marquées.

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La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les soldats romains et les saints personnages (nimbés).

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Nous pouvons distinguer six soldats, dont deux cavaliers. L'un est un porte-étendard. Le second, qui tend l'index vers la Croix, est le Centurion, celui qui prononce les paroles Vere filius Dei erat iste.

Les chevaux sont caractéristiques de l'atelier quimpérois de ces Passions, tant par leur harnachement (et leurs mors à balancier crénelé) que par leur gueule hilares.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Marie-Madeleine (bien que son identité ne soit pas affirmée par son attribut) est en pleurs. Une nouvelle fois, ces larmes sont bien visibles sous la forme de traits blancs enlevés sur le lavis de grisaille.

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Saint Jean, en pleurs.

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Une autre sainte Femme, essuyant ses larmes.

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La Vierge soutenue par saint Jean.

Les larmes sont plus discrètes, mais présentes.

Le drapé du bas de la scène date de 1951.

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LANCETTE C : LE CHRIST EN CROIX ; LONGIN DONNANT LE COUP DE LANCE ; L'ÉPONGE DE VINAIGRE ; MARIE-MADELEINE ; LES SOLDATS SE DISPUTANT LA TUNIQUE.

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Les lettres du titulus INRI sont perlées.

Le nimbe cruciforme  est en verre rouge gravé puis peint au jaune d'argent.

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Le corps du Christ est peu restauré. On retrouve les paupières très lourdes et accentuées. Les plaies de la flagellation sont présentes, non pas, comme d'ans d'autres Passions, sous la forme des marques des fers, mais sous celle du sang écoulé, peint à la sanguine.

De part et d'autre, deux lances, dont celle qui blesse le flanc droit, et l'éponge imbibée de vinaigre au bout d'une branche d'hysope.

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Le centurion Longin, à cheval, donne le coup de lance sur le flanc droit. Deux autres cavaliers sont coiffés de turbans, signalant peut-être que ce sont des notables Juifs.

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Marie-Madeleine est cette fois identifiable sans hésitation, car elle occupe, au pied de la Croix, cette place qui lui est propre, levant les yeux vers le Christ. 

Fusion de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie depuis les Pères de l'Église, elle est déterminée par le lien que les Évangiles lui réservent avec les pieds du Christ qu'elle oint de parfum (Jn 12:3), (ou qu'elle arrose de ses larmes dans les Dépositions), mais aussi avec le lien que la tradition monastique a fixé avec la contemplation douloureuse du sang s'écoulant des plaies et qui ruisselle le long du fût, et dont témoigne ses deux mains jointes en signe d'affliction.

Elle est également déterminée par ses longs cheveux non voilés (à la différence du même personnage dans les lancettes A et B) et sa gorge non couverte.

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Les soldats se disputant la tunique sans couture du Christ.

Même scène à Guengat et Quéménéven.

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LANCETTE D : LE MAUVAIS LARRON ; PILATE À CHEVAL ET SON CHIEN.

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Gatouillat et Hérold décrivent la partie supérieure ainsi  : "le mauvais larron lié à sa croix par un jeune soldat (têtes intactes, panneau complété de bouche-trous et de pièces modernes)". 

Sachant que tout, dans ce panneau supérieur, est une macédoine de bouche-trous hormis ces "têtes intactes", et tenant compte de la bizarrerie de cette mise en croix et de cette tunique, on pourrait s'interroger sur l'état initial de la scène. D'autant qu'à Quéménéven, au dessus d'une foule de soldats semblable, nous avons un Mauvais Larron lié sur son gibet,  symétrique du Bon, avec son âme qui s'échappe.

Mais à Guengat, nous trouvons également ici (dans une partie également très restaurée) un larron enveloppé dans une chemise blanche, et hissé grâce une échelle. Et à Gouezec, cette Mise en croix ou déposition du Mauvais Larron est bien conservée, et incontestable.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Au niveau intermédiaire, un soldat en armure et une demi-douzaine  de notables s'affairent autour d'une double échelle. 

 

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Plus bas, et au premier plan, deux cavaliers sont montrés, de trois-quart arrière. Le premier est un chef militaire (nous voyons de son armure les pièces de jambe, les solerets à la poulaine et les éperons) qui lève les yeux vers les crucifiés. Il s'agit vraisemblablement de Pilate, car il porte au dessus d'une tunique verte un manteau de commandement rouge et or. Selon les Évangiles, il donne alors l'ordre d'achever les victimes en leur brisant les jambes ; et c'est peut-être le rôle de l'échelle, avant la modification de la scène.

Un autre indice pour identifier Pilate est le chien blanc qui dresse la tête au pied de sa monture ; car on le trouve très souvent (depuis Schöngauer et Dürer) dans les scènes de Comparution. Ici, le panneau inférieur est perdu, réduisant ce chien à sa tête, mais il est complet à Guengat, à Quéménéven, à Saint-Mathieu de Quimper et à La Roche-Maurice.

Pilate porte un chapeau serré par une sangle rouge, et doté d'une plume bleue.

Ailleurs, ce personnage (ou son voisin) peut être interprété comme un grand prêtre Juif (bonnet conique, franges).

Une inscription sur son col est partiellement masquée par la barlotière : --OVEN VICOS .  

L'harnachement du cheval porte trois inscriptions : 

IOSEFABATLI

AVEN

IOARESE : DRDARBL.

Cette dernière inscription mêlant les minuscules et les capitales et de lecture difficile et aléatoire. 

Pour R. Couffon : Sur la bride du centurion : "IOSEF ABATII" (Joseph Labat) ; sur la croupière : "IOHANES DE DARBLE" (un Paul Robert, sieur de Darble et chirurgien, fut inhumé aux Dominicains de Morlaix le 19 mars 1670).

Gatouillat et Hérold lisent : IOHANES DE DARBL (?), IOSEFABATH.

À  Guengat, ces mêmes parties de l'harnachement (guides, sangle de poitrail et croupière) portent des inscriptions, différentes mais également dépourvues de sens. On en trouve également à cet endroit à Saint-Mathieu de Quimper, à Gouezec, à La Martyre (sur la tunique du cavalier), mais non à La Roche-Maurice

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE SOUBASSEMENT :  LAVEMENT DE MAIN DE PILATE ; ANGES PORTANT LES INSTRUMENTS DE LA PASSION ; UN SAINT DIACRE.

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Le soubassement regroupe en quatre panneaux des fragments dont deux viennent du tympan.

 

Baie A. Pilate se lavant les mains de la condamnation de Jésus.

"Fragments d'une Comparution devant Pilate (vers 1530 ? ; carton repris à Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou en 1556)" au dessus d'un fragment de dais Renaissance. (Gatouillat et Hérold)

La sanguine est utilisée pour la chevelure du serviteur et la fourrure de Pilate. Mais ici, le vert des rideaux et les pièces bleues portent des lignes (droites, en K, en F, en O). Le jaune du  turban est traversé par des lignes claires, tandis que sur les mains et la cuvette, les gouttes d'eau sont tracées en rais (gravure ou enlevés ?).

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Comparution devant Pilate, maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette B. Ange tenant les verges de la Passion. Réemploi d'ajour provenant du tympan primitif de cette verrière.

"vers 1550. Damas à rosaces sur la tunique. Inscription "...HAN 1599" en bouche-trous d'en bas, datant peut-être cette intervention su l'ancienne baie d'axe." (Gatouillat et Hérold).

Les rouelles du damassé, en grisaille sur verre bleu, sont les mêmes que sur la tunique de Joseph d'Arimathie sur la Descente de Croix de la  baie A. 

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette C. Ange tenant la colonne de la Passion. Réemploi d'ajour provenant du tympan primitif de cette verrière.

"Largement refait vers 1600. " (Gatouillat et Hérold).

Notez la paire de tenailles (verre blanc sur verre rouge).

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette D. Buste d'un saint diacre.

"Tenture galonnée, arc d'une niche (milieu du XVIe s. facture différente)" (Gatouillat et Hérold).

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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TYMPAN : VITRERIE ORNEMENTALE PAR HUBERT-SAINTE-MARIE (QUINTIN) VERS 1980.

 

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie) , 1883 : L'église de Guimiliau (B.S.A.F. 1883)

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

Le maître-autel actuel , qui recouvre probablement l'autel primitif en pierre, n'a rien de remarquable. On peut seulement noter la maîtresse-vitre qui le surmonte et qui repré­sente la Passion. C'est un mélange bien confus de person­nages, et analogues, du reste, au style des vitraux de cette époque .

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Guimiliau, B.D.H.A. Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf
 

ABGRALL (Jean-Marie) , 1924 1935 : L'église de Guimiliau (porche, baptistère, ...) Morlaix,

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/10703

"On doit noter la maîtresse-vitre qui représente la Passion. C'est un mélange bien confus de personnages, et analogue, du reste, au style des vitraux de cette époque (1599)."

— APEVE

http://www.apeve.net/spip/spip.php?article281

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Guimiliau, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

"Vitrail du chevet : la maîtresse vitre représente la Crucifixion et la Déposition de croix (XVIe siècle. - I.S.). Le carton est identique est identique à celui de la maîtresse vitre de Guengat, tous les deux inspirés par la Crucifixion de La Martyre. Sur la bride du centurion : "IOSEF ABATII" (Joseph Labat) ; sur la croupière : "IOHANES DE DARBLE" (un Paul Robert, sieur de Darble et chirurgien, fut inhumé aux Dominicains de Morlaix le 19 mars 1670)."

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/GUIMILIA.pdf

 

— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne, Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (SHAB) pages 27 à 64.

https://www.shabretagne.com/document/article/2531/La-peinture-sur-verre-en-Bretagne-Origine-de-quelques-verrieres-du-XVIe-siecle

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 183.

— NDODUC

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8/eg_StMiliau@Guimiliau_0.htm

WAQUET (H.), 1952 et 1977 : Guimiliau (Châteaulin) 

E. Royer : Guimiliau (Rennes, 1979)

PRIGENT (Christine), 1986, Guimiliau (Châteaulin).

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 21:18

Les vitraux (Mauméjean, 1948, chœur et Jacques Bony, 1958, bas-cotés) de l'église Notre-Dame au Relecq-Kerhuon (29).

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Voir : 

Voir sur Le Relecq :

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PRÉSENTATION.

L'église Notre-Dame du Relecq-Kerhuon comporte deux ensembles de verrières datant de l'Après-guerre, et séparés d'une décade.

Le premier ensemble, situé dans le chœur et datant de 1948, est figuratif. Les baies à 3 lancettes de la Crucifixion et de l'Assomption, ainsi que les trois lancettes simples dédiées à sainte Anne,  reprennent des thèmes iconographiques des plus courants. Ils sont l'œuvre de verriers issus d'une dynastie active depuis le milieu du XIXe siècle, celle des Mauméjean.

Dix ans plus tard, en 1958, la rupture est totale et c'est celle de l'abstraction. Les 14 verrières en place  de Jacques Bony sont des compositions de pièces géométriques colorées éclairant les bas-cotés de la nef selon une rythmique très musicale. La spiritualité de Suger, commanditaire des tout premiers vitraux en la basilique de Saint-Denis au XIIe siècle, —celle d'une théophanie de la lumière se révélant par la traversée du verre de couleur —, émerge ici avec pureté.

Il faut citer pour être complet les 25 verrières des fenêtres hautes, un oculus, un quadrilobe et les baies historiées du transept, actuellement déposées pour restauration par Valérie Salaun.

D'autre part, sept verrières du déambulatoire restent en verre blanc. Elles faisaient partie du projet confié en 1958 à Jacques Bony, mais pour une raison inconnue la commande (ou la pose) s'est interrompue, alors que le peintre avait réalisé quatre  baies dont les panneaux sont toujours disponibles si la volonté se manifestait de re-concrétiser ce projet. Les baies blanches et muettes semblent, comme une Belle au Bois Dormant, figées dans cette attente.

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CLIQUEZ SUR LES IMAGES.

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LES CINQ VITRAUX DU CHOEUR PAR MAUMÉJEAN EN 1948 POUR LE CINQUANTENAIRE DE L'ÉGLISE.

  • Assomption. 
  • Crucifixion.
  • Trois vitraux consacrés à sainte Anne.

Selon l'inventaire de Bonnet et Dilasser, Henri et Joseph Maumejean, de Paris ont réalisé  des vitraux pour 27 paroisses de Bretagne, dont 18 en Finistère. 

Jules Pierre Mauméjean (1837-1909)  fut le premier verrier de la famille, en fondant en 1860 son atelier de Pau. Parmi ses 5 enfants, Joseph Jules Edmond (1869-1952) dit José s'installa à San Sebastian, et Jean Simon Henri, dit Henri ou Henrique, (1871-1932) s'installa à Madrid. Léon (1878-1921) s'installa à Paris, tout comme Carl ( ou Charles Emile Joseph, 1888-1957). Selon ces données, les vitraux du Relecq sont à attribués à Carl Mauméjean ; mais la signature porte juste la mention de l'atelier : MAUMEJEAN 1948.

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LA BAIE AXIALE : ASSOMPTION (trois lancettes en plein-cintre et une rose), MAUMÉJEAN 1948..

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LA CRUCIFIXION. (trois lancettes en plein-cintre et une rose) MAUMÉJEAN 1948.

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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DÉCOUVERTE DU CORPS DE SAINTE ANNE À APT. Une lancette cintrée. MAUMÉJEAN 1948.

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"Le corps de sainte Anne est découvert en la cathédrale d'Apt en la présence de Charlemagne".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Sainte-Anne_d%27Apt

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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SAINTE ANNE ÉDUCATRICE.  Une lancette cintrée. MAUMÉJEAN 1948.

"Sainte Anne éduque la Vierge enfant".

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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APPARITION DE SAINTE ANNE À NICOLAZIC À AURAY.  Une lancette cintrée. MAUMÉJEAN 1948.

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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 DIX DES QUATORZE VERRIÈRES DES BAS-COTÉS DE LA NEF PAR JACQUES BONY EN 1958.

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Jacques Bony (1918-2003).

Je peux reprendre, à condition de compter sur l'indulgence du lecteur, la présentation que je donnais en 2012 pour les vitraux de Saint-Louis de Brest :

"Jacques Bony (1918-2003) entra à l'École des arts décoratifs en 1943, puis crée son premier vitrail l'année suivante et rejoint son frère Paul également peintre-verrier,  à l'atelier Hébert-Stephens. Délégué au Recensement des Monuments de la France de 1944 à 1946,  il a rénové des vitraux pour des églises de Franche-Comté de 1946 à 1950,  a réalisé les vitraux de Matisse, Rouault, Braque, ou a travaillé sous la direction de Jean Bazaine pour la cathédrale de Saint-Dié de 1984 à 1986, mais pour ses oeuvres personnelles, il a conçu de purs filtres diffusant la couleur et la lumière. De 1949 à 1954, en tant que secrétaire de la revue L'Art Sacré, il milite avec les Pères Couturier et Régamey pour le renouveau de l'art sacré par l'introduction de l'art contemporain à l'intérieur des églises. Il participa à la reconstruction d'églises en Normandie et en Franche-Comté.

  Pour présenter Jacques et Paul Bony (1911-1982) son frère, il faut parler de l'atelier Hébert-Stevens, ouvert en 1924 rue de Bagneux (Paris 6e) et qui fut dès sa création un lieu de rencontre pour Maurice Denis, Georges Devaillières, Valentine Reyre, le Père Couturier, ou Georges Gallet. C'est là que Georges Rouault, Marcel Gromaire et Jean Bazaine firent réaliser leurs premiers vitraux dès 1939. Or Paul Bony rejoint cet atelier en 1934, y fait la connaissance d' Adeline Hébert-Stevens qu'il épouse,  et son frère Jacques Bony (qui épouse Geneviève,  la jeune sœur d'Adeline) les rejoint tout naturellement dans ce qui devient un des lieux de réalisation de vitrail pour la restauration de monuments historiques ou pour les architectures contemporaines.  En 1939, Jean Hébert-Stevens et Marie-Alain Couturier organisent au Petit-Palais l'exposition Tapisseries et vitraux modernes en commandant des œuvres à Gromaire, Bazaine et Rouault. C'est lors de cette exposition que le père Devémy, curé d'une chapelle de Haute-Savoie et qui cherche à orner sa chapelle  est frappé par la spiritualité d'un vitrail de Rouault : rentré à Assy, il constate que les dimensions de ce Christ aux Outrages correspondent exactement à l'ouverture qu'il fallait orner, c'est le "miracle d'Assy", point de départ, après que Rouault ait offert son œuvre, de la grande aventure de Notre-Dame d'Assy...

   Ce "miracle" fut aussi déterminant pour les frères Bony puisque Paul réalisa alors en vitrail quatre tableaux de Rouault, et les cartons des premiers vitraux de Chagall, de Berçot et de Brianchon, puis créa deux verrières au Plateau d'Assy, avant de devenir le verrier attitré de Matisse, notamment pour la chapelle de Vence.

  En Bretagne, Jacques Bony a créé  les grandes baies hautes et neuf petites baies du mur ouest de la nef de l'église Saint-Louis de Brest, 14 vitraux pour l'église Notre-Dame du Relecq-Kerhuon (1958) — dont 10 posés —, 7 vitraux pour l'église saint-Armel de Ploermel (1956-1964), et 12 vitraux de l'église de la Sainte-Croix au Conquet (1960 et 1970)"

Je complète aujourd'hui ce texte en renvoyant à l'article Encyclopaedia Universalis qui m'indique que de 1949 à 1954, Jacques Bony fut secrétaire de la revue L'Art sacré, et a  milité avec les Pères Couturier et Régamey pour que la création contemporaine gagne le domaine religieux.  Mais la phrase "Ses vitraux tendent vers une abstraction nourrie de cubisme, qui conserve les repères figuratifs selon lui nécessaires aux fidèles" n'est pas confirmée par les vitraux du Relecq-Kerhuon, où ces repères figuratifs sont absents .

On remarquera que Paul Bony et son épouse Adeline Hébert-Stévens ont réalisé en 1960 et 1963 des vitraux pour la chapelle de Lossulien du Relecq-Kerhuon.

 

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Les dix verrières que j'ai photographiées.

Elles sont en pièces de verre montées au plomb, mais non peintes, à la différence du Baptême,  vitrail de 1953 conçu pour Choye, et dont les pièces sont peintes de rehaut de grisaille.

Ces vitraux sont proches de ceux réalisés pour le mur ouest de l'église Saint-Louis de Brest en 1958-1962.

 

 

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La signature et le chronogramme .

C'est la seule pièce qui soit en verres plaqués (deux verres, l'un bleu clair l'autre mauve) et gravé à l'acide.

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Quelques panneaux pour le plaisir.

(le carroyage est dû au grillage de protection extérieur).

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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ANNEXE : LES QUATRE VERRIÈRES DE JACQUES BONY NON POSÉES.

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Les enfants de Jacques Bony, qui détiennent ces panneaux, proposent qu'ils trouvent désormais leur place dans le chœur (communication pers. Pascal Bony).

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Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

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SOURCES ET LIENS.

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— BONNET (Philippe, DILASSER (Maurice), 2000, "Sculpter la lumière. Le vitrail contemporain en Bretagne 1945-2000", Neo éditions, Centre international du vitrail. Inventaire pages 66 à 91.

Catalogue  du Musée du verre, Conches : Hébert-Stevens. Rinuy. Bony, l'atelier de vitrail au XXe siècle. Exposition du 4 mars au 27 août 2017. Conches, Musée du verre, 32 cm, 80 p., ill., Bibliogr.

https://museeduverre.fr/sites/default/files/upload/dossier_de_presse_expo_vitrail_1.pdf

— BONY (Pascal), photos des vitraux de Jacques Bony en haute définition avec le procédé Gigapan

  http://gigapan.com/galleries/4218/gigapans

chœur de l'église d'Aunay-sur-Odon, 1951

http://gigapan.com/galleries/4218/gigapans/203571

Vitrail  de 1953 pour l'église de Choye (Haute-Saône), refuse car trop moderne. Vitrail abstrait

http://gigapan.com/galleries/4218/gigapans/169878

Vitraux de l'église Saint-Armel de Ploermel

http://gigapan.com/gigapans?tags=Ploermel

 

BONY (Pascal), mars 2020, "Jacques Bony peintre-verrier", vidéo.  Extraits de films présentant le peintre verrier Jacques Bony travaillant à la réalisation de vitraux avec les peintres Geneviève Asse et Pierre Lafoucrière.

https://www.youtube.com/watch?v=fbW5kTz81xU

BONY (Pascal), 2012, "Jacques Bony la Vierge de Boulogne". 

https://www.youtube.com/watch?v=rpBH14nYkdI

BONY (Pascal), 2017 Expo Hébert-Stevens Conches . Vidéo 

L'exposition sur l'atelier de vitraux "Hébert-Stevens", présentée au Musée du Verre de Conches en Ouche du 4 mars au 27 août 2017. Vitraux de Jean Hébert-Stevens, Pauline Peugniez, André Rinuy, Adeline Bony, Paul Bony et Jacques Bony. Présentation de Monsieur Eric Louet Conservateur du Musée du Verre de Conches-en-Ouche.

https://www.youtube.com/watch?v=VwyIsa86mqM

BONY (Pascal), 2017, "Vitrail Vernon 1976 ; Vitrail Sainte Geneviève Saint Jacques de la Collégiale de Vernon". Film super-huit. En 1976 Jacques Bony élabore dans son atelier le vitrail "Sainte Geneviève - Saint Jacques" destiné à la Collégiale de Vernon dans l'Eure.

https://www.youtube.com/watch?v=N_hFvXoBZvc

BONY (Pascal), 2017 , "Pauline Peugniez". Film réalisé en 16 m/m présentant des oeuvres de l'artiste Pauline Peugniez (1890 - 1987) à l'occasion de la rétrospective que lui a consacré le Salon d'Automne en 1990 au Grand Palais à Paris.

https://www.youtube.com/watch?v=yI28LmeQiYM

 

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur le Relecq-Kerhuon, in  Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/9903d7bdec041f2bee26eb26ce7db93e.pdf

FOND PAUL BONY et ADELINE HÉBERT-STEVENS

http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt/fr/egf/donnees_efg/2002_001/2002_001_INV.pdf

WIKIPEDIA, article MAUMÉJEAN

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maum%C3%A9jean

LE TÉLÉGRAMME

https://www.ouest-france.fr/bretagne/le-relecq-kerhuon-29480/le-relecq-kerhuon-des-travaux-de-restauration-des-vitraux-hauts-6430834

Après consultation pour la restauration des vitraux hauts de l’église, la ville a retenu l’atelier Le verre opaline de Valérie Salaun de Lanildut. Le montant des travaux se monte à 28 100 € TTC. Ils concernent les 25 baies hautes, l’oculus et le quadrilobe au-dessus du portail d’entrée ainsi que les vitraux historiés du transept. [...]

 

 —WIKIPEDIA

 La chapelle de Lossulien, qui date du xvie siècle, mais a servi un temps d'écurie, a été conservée. Le vitrail de la chapelle, réalisé en 1963 par Adeline Hebert-Stevens, montre Guillaume de Cornouaille lors de la première croisade, faisant vœu à Notre-Dame du Relec en Plounéour-Ménez de lui dédier une chapelle sur ses terres, à son retour.

Le Relecq-Kerhuon, manoir de Lossulien, verrière figurée de Paul Bony légendée « Kerguelen, 13 juin 1960 ».

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 10:10

Les  vitraux en grisaille (1542-1544) de la galerie de Psyché à Chantilly.

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Voir dans ce blog sur le mythe de Psyché :

 

 

Sur le château de Chantilly et son exposition François Ier, voir :

La liste de mes 225 articles sur les vitraux.

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PRÉSENTATION.

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Les 44 vitraux provenant du château d'Écouen.

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En 1518, le banquier siennois Agostino Chigi commande à Raphaël, pour la Loggia de la villa Farnésine à Rome, des décors peints d’après le mythe de Psyché. Raphaël réalise une fresque illustrant cette histoire mythique, et ses dessins deviennent la référence de tous les artistes suivants pour l’illustration des amours de Cupidon et de Psyché.

Inspirés de L’Âne d’or d’Apulée, ces vitraux témoignent de la passion de la Renaissance pour l’idéal d’amour, la mythologie et les jeux de symboles. Ce cycle en grisaille rehaussée de jaune d’argent, traité à la manière de Raphaël, constitue un ensemble très rare.

"Le château de Chantilly conserve un ensemble unique de quarante-quatre vitraux du XVIe siècle racontant l'histoire de Psyché.

 Ces vitraux ont été exécutés de 1542 à 1544 pour décorer la galerie du château d'Ecouen, construit par l'architecte Jean Bullant pour le Connétable Anne de Montmorency (1493-1567), compagnon d'armes et ministre du roi François Ier, puis du roi Henri II.

Les vitraux furent exécutés en grisaille et jaune d'argent par un maître verrier de l'Ecole de Fontainebleau ; ils s'inspirent des gravures exécutées en Italie par Agostino Veneziano et le Maître au Dé d'après des dessins attribués à Raphaël, mais dus probablement au flamand Michiel Coxcie. Les gravures étaient accompagnées de vers italiens qui furent traduits en français par Claude Chappuys, Antoine Héroët de La Maison-Neuve et Melin de Saint-Gelais.

Les vitraux d'Ecouen furent saisis à la Révolution et transportés au dépôt de l'hôtel de Nesle à Paris ; en mai 1796, Alexandre Lenoir les réclama pour le musée des Monuments Français à Paris et obtint l'autorisation le 24 thermidor an IV (1796). Les vitraux figurent dans les descriptions du musée, notamment en 1803. Après la Révolution et l'Empire, ils furent rendus en 1816 au prince Louis-Joseph de Bourbon-Condé (1756-1818), propriétaire d'Ecouen, et conservés au Palais-Bourbon en caisse ; son fils Louis-Henri-Joseph (1756-1830), duc de Bourbon, les légua en 1830 à son petit-neveu et filleul Henri d'Orléans duc d'Aumale (1822-1897) avec le château de Chantilly où les vitraux furent transportés le 19 novembre 1843. En 1847 le duc fit élever par l'architecte Félix Duban une galerie de bois dans la cour de la Capitainerie à Chantilly pour installer les vitraux ; la galerie accueillit alors vingt-huit vitraux. Endommagés par une tempête, quatre d'entre eux furent restaurés à Sèvres en mars 1847 sous l'autorité de Brongniart et Louis-Remy Robert.

Les vitraux furent envoyés en Angleterre en 1852 auprès du duc d'Aumale en exil à Twickenham et y restèrent jusqu'en 1876. Lors de la reconstruction de Chantilly après 1875, le duc d'Aumale fit construire par l'architecte Daumet l'actuelle galerie de Psyché pour présenter les vitraux ; en 1880 et 1881 le peintre décorateur Lechevallier-Chevignard coopérait à la restauration des vitraux qui fut réalisée de 1879 à 1883 par les maîtres verriers Lefèvre et Bardon. Le duc d'Aumale fit placer les vers français du XVIe siècle sous les vitraux. Les vitraux ont été restaurés en 2005 avec le soutien de la Fondation Gaz de France." Marina Rouyer 2009, http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?

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L'histoire représentée en sept tableaux : le Mythe de Psyché.

 

En 1469 paraît à Rome la première édition italienne de L’Âne d’or d’Apulée du IIe siècle, récit également connu sous le titre Les Métamorphoses. Une seconde édition paraît en 1488, et l’ouvrage s’impose comme une référence en matière artistique. Apulée y décrit l'histoire de Psyché du chapitre IV 28,1 au chapitre VI, 24,4) . En 1518, le banquier siennois Agostino Chigi commande à Raphaël, pour la Loggia de la villa Farnésine à Rome, des décors peints d’après le mythe de Psyché. Raphaël réalise une fresque illustrant cette histoire mythique, et ses dessins deviennent la référence de tous les artistes suivants pour l’illustration des amours de Cupidon et de Psyché.

 

"Un roi possède trois filles dont la plus jeune, Psyché, décourage ses prétendants par sa beauté divine. Le roi se rend devant l'oracle, qui lui prédit que Psyché ne pourra être mariée qu'à un monstre, qui viendra la chercher sur un rocher. En effet Vénus, jalouse de sa rivale, a chargé son fils, l'Amour, de lui trouver un mari immonde. Désespéré, le roi amène sa fille sur un rocher et la quitte. L'Amour en tombe amoureux, et charge le vent Zéphyr de déposer Psyché dans son palais. Une fois arrivée, celle-ci est accueillie par des servantes invisibles. La nuit, l'Amour fréquente sa couche, sans se faire voir d'elle, afin de ne pas provoquer la colère de sa mère, Vénus, pour lui avoir désobéi. Psyché invite ses deux soeurs au Palais de l'Amour. Jalouses, celles-ci convainquent Psyché de découvrir l'identité de son mari, lui assurant que celui-ci est un serpent venimeux. La nuit suivante, Psyché, attendant le sommeil de l'Amour, approche une lampe de son visage, et découvre son identité. Mais une goutte d'huile brûlante tombe sur le corps de l'Amour. Réveillé par la douleur, blessé par cette trahison, il s'enfuit. Psyché tente de le rattraper, en vain. Elle se rend à Vénus, afin de reconquérir l'Amour. Celle-ci lui impose une série d'épreuves, dont Psyché finira par triompher. Reconnue par les dieux, elle sera divinisée et un grand banquet célébrera leurs noces.
Episode 7 : Zéphyr, envoyé par l'Amour, soulève Psyché dans les airs puis la dépose doucement dans une prairie, au pied d'un arbre où elle s'endort. Dans la partie supérieure du vitrail, on retrouve la Léda d'un tableau du Primatice." 
Marina Rouyer 2009,  http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?

 

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La première fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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I. Une vieille femme chargée de surveiller Charite, capturée par des brigands en vu d'une rançon, lui raconte l'histoire de Psyché tout en filant. Le narrateur du récit L'Âne d'or, un aristocrate du nom de Lucius, transformé en âne au service des brigands, observe la scène.

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" Lucius apparaît au moment où, ayant déjà été enlevé et transformé en âne, il écoute la « Vieille » raconter l’histoire de Psyché à la jeune femme. Incapable de parole, Lucius ne peut qu’écouter le récit tout en étant séparé du groupe des deux femmes par le trait vertical du plomb encadrant les différents personnages. En outre, en haut du vitrail sont visibles des colonnes qui d’une part s’inspirent beaucoup de l’architecture italienne et, d’autre part, sont représentées plusieurs fois dans différents vitraux. Elles font référence au temple de l’Amour où Psyché sera par la suite emmenée. Enfin, aux pieds de la « Vieille » se trouve un chien à l’œil morne, qui semble lui aussi écouter l’histoire, la tête tristement posée sur une de ses pattes. Dans la tradition, le chien est un symbole de luxure ou de mélancolie. Il fait certainement allusion au sentiment de la jeune femme. On notera que la figure du chien est ici empruntée à une gravure de Dürer intitulée La Mélancolie (1514), où l’on retrouve la même posture de l’animal allongé de manière recroquevillée sur lui-même et situé aux pieds d’une femme" (J. Alves).

 

Icy récite Apulee ungne fable

Bien inventée & trop mieulx poursuivie

D ungne espouse elegante & amable

Par des bringans furtivement suivie

Qui fut le iour de ses noces ravies

Et lors la vieille ayant la garde d'elle

Pour divertir ung songe qui l'ennuye

Luy vinct compter de psyche la nouvelle.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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II. Parmi les trois filles d'un roi, l'une d'elle, Psyché, est d'une beauté exceptionnelle et provoque la jalousie de la déesse Vénus : elle charge son fils Amour de la venger.

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Il y avait une fois un roi et une reine qui avaient trois filles, toutes trois fort belles. Mais pour la beauté des deux aînées, quelque charmantes qu'elles fussent, on n'était pas en peine de trouver des formules de louange; tandis que celle de la cadette était si rare, si merveilleuse, qu'il y avait dans le langage humain disette de termes pour l'exprimer, ou même pour la louer dignement. Habitants du pays ou étrangers, que la curiosité de ce prodige attirait en foule, en perdaient l'esprit, dès qu'ils avaient contemplé cette beauté incomparable; ils portaient la main droite à la bouche, en croisant l'index avec le pouce, absolument dans la forme l'adoration sacramentelle du culte de Venus elle-même. Déjà dans les villes et pays circonvoisins un bruit se répand que la déesse née du sein de la profonde mer, et qu'on vit un jour sortir de l'écume des flots bouillonnants, daignait déroger à sa divinité jusqu'au point de se mêler à la vie des mortels. La terre, suivant d'autres, et non plus la mer, fécondée par je ne sais quelle influence génératrice des astres, avait fait éclore une Vénus nouvelle, une Vénus possédant encore la fleur de virginité.

Cette croyance fit en un instant des progrès incroyables. Des îles, elle gagna le continent, et de là, se propageant de province en province, elle devint presque universelle. Il n'était si grande distance, ni mer si profonde, que ne franchissent les curieux, apportant de toutes parts leur tribut d'admiration à la merveille du siècle. On oublie Paphos, on oublie Cnide; et Cythère elle-même ne voit plus dans ses parages de dévots navigateurs, empressés de jouir de la contemplation de la déesse. Les sacrifices s'arrêtent, les temples se dégradent, l'herbe croît dans les sanctuaires. Plus de cérémonies, plus de guirlandes aux statues : une cendre froide déshonore les autels désormais vides d'offrandes. C'est à la jeune fille que s'adressent les prières, c'est sous ses traits mortels qu'une divinité puissante est adorée. Le matin, lorsqu'elle sort de son palais, mêmes victimes, mêmes festins qu'en l'honneur de Vénus elle-même, dont on n'invoque plus le nom qu'en sacrifiant à une autre. La voit-on passer dans les rues, aussitôt le peuple de lui jeter des fleurs et de lui adresser des voeux.

"Cette impertinente attribution des honneurs divins à une simple mortelle alluma le plus violent dépit dans le coeur de la Vénus véritable. Ne pouvant contenir son indignation, elle secoue en frémissant la tête, et, du ton d'une fureur concentrée : Quoi ! se dit-elle, à moi, Vénus, principe vivifiant de toutes choses, d'où procèdent les éléments de cet univers, à moi, l'âme de la nature, une souveraineté partagée avec une fille des hommes ! Mon nom, si grand dans le ciel, là-bas serait profané par un caprice humain ! Il ferait beau me voir avec cette divinité en commun, ces honneurs de seconde main ! attendant des vœux qui pourraient se tromper d'adresse ! Une créature périssable irait promener sur la terre l'image prétendue de Vénus ! Vainement donc, par une sentence dont le grand Jupiter lui-même a reconnu la justice, le fameux berger de l'Ida aura proclamé ma prééminence en beauté sur deux des premières déesses ! et l'usurpatrice de mes droits jouirait en paix de son triomphe ! Non, non; elle payera cher cette insolente beauté.

"Aussitôt elle appelle son fils, ce garnement ailé qui ne respecte ni morale, ni police, qui se glisse chez les gens comme un voleur de nuit, avec ses traits et son flambeau, cherchant partout des ménages à troubler, du mal à faire, et ne s'avisant jamais du bien. Le vaurien n'est que trop enclin à nuire; sa mère vient encore l'exciter. Elle le conduit à la ville en question, lui montre Psyché (c'était le nom de la jeune princesse),  et de point en point lui fait l'historique de l'odieuse concurrence qu'on ose faire à sa mère. Elle gémit, elle pleure de rage : Mon fils, dit-elle, je t'en conjure, au nom de ma tendresse, par les douces blessures que tu fais, par cette flamme pénétrante dont tu consumes les cœurs, venge ta mère; mais venge-la pleinement, que cette audacieuse beauté soit punie. C'est la grâce que je te demande et qu'il faut m'accorder : avant tout, qu'elle s'enflamme d'une passion sans frein pour quelque être de rebut; un misérable qui n'ait honneur, santé, feu ni lieu, et que la fatalité ravale au dernier degré d'abjection possible sur la terre." (Apulée)

 

 

Un Roy et Royne ont trois filles bien nées

Et toute trois d'excellente beauté.

Les deux en sont heureusement ornées

Mais la plus ieune a les pris emporté

Car au visage eut tant de deite

Que pour Venus maint peuple l'adora

Venus contre elle a amour irrité.

Et par amour d'elle se vengera.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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III. À l'inverse de ses sœurs, qui se sont mariés, Psyché est trop belle pour trouver un époux : ses parents se font beaucoup de souci.

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"Psyché cependant n'en était pas plus avancée avec sa beauté merveilleuse. Personne qui n'en soit frappé, personne qui ne la vante; mais personne aussi, roi, prince ou particulier, qui se présente comme époux. On admire ses formes divines comme on admire le chef-d'oeuvre d'art statuaire. Ses deux soeurs, beautés nullement insolites, et qui n'avaient point fatigué la renommée, trouvent des rois pour partis, font toutes deux de brillants mariages. Psyché reste non pourvue dans la maison paternelle, pleurant la solitude où on la laisse : sa santé en souffre, son humeur s'en aigrit; idole de l'univers, sa beauté lui devient odieuse." (Apulée)

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Ses deux sœurs sont proveues haultement

Et d'aultant mieulx que moins ont eu de bruit

Psyché de tous louée grandement

Demeure seule, et nul ne la poursuit

Beaulté quy deut plus ayder plus luy nuit

Et son grant heur la vend très malheureuse

Sa fleur flestrit et dessèche sans fruit

Par quoy vivoit à soy mesme odieuse.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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IV. Le papa dépité consulte un oracle. Mauvaise pioche : Psyché doit être exposée au désir d'un monstre. On voit ici les animaux offerts en sacrifice.

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"Si la fille est infortunée, le père est au désespoir. Il soupçonne quelque rancune d'en haut; et, craignant sur toute chose le courroux des dieux, il va consulter l'oracle antique du temple de Milet. Un hymen, un mari, c'est tout ce qu'il demande pour la vierge délaissée. Apollon, bien que Grec, et Grec d'lonie, du fait de celui qui fonda son culte à Milet, rend, en bon latin, la réponse que voici:

Qu'en ses plus beaux atours la vierge abandonné
Attende sur un roc un funèbre hyménée.
Son époux d'un mortel n'a pas reçu le jour :
Il a la cruauté, les ailes du vautour;
Il déchire les coeurs, et tout ce qui respire
Subit, en gémissant, son tyrannique empire.
Les dieux, dans leur Olympe, ont tous porté ses fers,
Et le Styx contre lui défend mal les enfers." (Apulée

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Le roy son père estonné et marry

Vient à l'oracle & sacrifie aux dieux

En demandant pour sa fille ung mary

On luy repond Psyché doit pour le mieulx

Avoir espoux quy soit venu des cieulx

Et sur ce mont avec le mortuaire

La faut mener sans habit precieux

Au dieu quy volle & n'a bien qu'a mal faire.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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V. La reine espérait mieux : elle sursaute sur son trône, tandis que le peuple pleure,... et que les sœurs échangent un regard satisfait.

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"Quand l'oracle eut ainsi parlé, le monarque, autrefois heureux père, revint fort triste sur ses pas, et avec assez peu d'empressement de revoir sa famille. Cependant il se décide à faire part à la reine de l'ordre du destin. Pendant plus d'un jour on gémit, on pleure, on se lamente; mais il faut se soumettre à l'arrêt fatal. Déjà se font les apprêts de l'hymen lugubre. Le flambeau nuptial jette une flamme noirâtre, et se charbonne au lieu de briller; la flûte zygienne ne donne que les notes dolentes du mode lydien; on entonne un chant d'hyménée qui se termine en hurlements lamentables. La jeune fille essuie ses larmes avec son voile de mariage. La fatalité qui s'appesantit sur cette maison excite la sympathie de toute la ville. Un deuil public est proclamé." (Apulée)

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Cette response a leu y redoublé

et ses parens ont mené tel deuil

Que le palais roial est tout troublé

le peuple crie & iecte larmes d'œil.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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VI. On mène en procession Psyché en haut de la montagne.

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"  Mais l'ordre du ciel n'en appelle pas moins la victime au supplice inévitable; le lugubre cérémonial se poursuit au milieu des larmes, et la pompe funèbre d'une personne vivante s'achemine, escortée d'un peuple entier. Psyché assiste non plus à ses noces, mais à ses obsèques; et tandis que le désespoir des auteurs de ses jours hésite à consommer l'affreux sacrifice, elle les encourage en ces mots : Pourquoi noyer dans des pleurs sans fin votre vieillesse infortunée ? Pourquoi épuiser par vos sanglots le souffle qui vous anime, et qui m'appartient aussi ? Pourquoi ces inutiles larmes qui déforment vos traits vénérables ? vos yeux qu'elles brûlent sont à moi. Cessez d'arracher vos cheveux blancs, cessez de meurtrir, vous, votre poitrine auguste, et vous, ces saintes mamelles qui m'ont nourrie. Voilà donc tout le fruit que vous aurez recueilli de ma beauté ! Hélas ! frappés à mort par le ressentiment d'une divinité jalouse, trop tard vous en sentez le coup. Quand les peuples et les nations me rendaient les divins honneurs, quand un concert universel me décernait le nom de seconde Vénus; ah ! c'était alors qu'il fallait gémir et pleurer sur moi, car, dès ce moment, votre fille était morte pour vous. Oui, je le vois, je le sens, c'est ce nom de Vénus qui m'a perdue. Allons, qu'on me conduise à ce rocher où mon sort veut que je sois exposée. Il me tarde de conclure ce fortuné mariage, de voir ce noble époux à qui je suis destinée. Pourquoi différer ? A quoi bon éviter l'approche de celui qui naquit pour la ruine de l'univers entier ?

Ainsi parle la jeune fille. Puis, sans un mot de plus, elle se mêle d'un pas ferme au cortège qui la conduit. On arrive au sommet du rocher indiqué, qui se dresse au-dessus d'une montagne escarpée; on y place Psyché, et on l'y laisse seule. La foule se retire, abandonnant les torches nuptiales, dont elle éteint la flamme dans des flots de ses larmes. Ainsi se termine la cérémonie, et chacun, la tête baissée, regagne tristement sa demeure. Quant aux infortunés parents que ce malheur accable, ils vont s'enfermer au fond de leur palais, et se condamnent à ne plus revoir la lumière ." (Apulée)

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Voyant Psiché conduite à tel aceuil

Qui neantmoins les assistans conforte

Ses noces sont obseques & cercueil

Encore vin--- a nom de femme morte.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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VII. Miracle ! le souffle du Zéphyr la soulève puis la dépose sur un gazon près d'une fontaine.

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"Cependant la solitude rend à Psyché toutes ses craintes; ses larmes recommencent à couler, quand tout à coup elle se sent caressée par le souffle amoureux du Zéphyr, qui d'abord fait seulement onduler les deux pans de sa robe. Le vent en gonfle peu à peu les plis. Insensiblement Psyché se voit soulevée dans l'air, et enfin transportée sans secousse du sommet d'un rocher dans un vallon, où la belle se trouve mollement assise sur un gazon fleuri." (Apulée)

Le doux zephyre enfle son vestement

Et la soufflée ou fortune la maine

Après avoir reposé doulcement

Elle aperceut le bois & la fontaine.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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VIII. Dans un palais enchanté, un banquet lui est servi. La  voix de l'invisible amant dit à Psyché d'aller prendre son bain.

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"Déposée avec précaution sur une pelouse épaisse et tendre, Psyché s'étend voluptueusement sur ce lit de fraîche verdure. Un calme délicieux succède au trouble de ses esprits, et bientôt elle s'abandonne aux charmes du sommeil. Le repos rétablit ses forces, et au réveil la sérénité lui était revenue. Elle voit un bois planté de grands arbres, d'un épais couvert; elle voit une fontaine dont l'onde cristalline jaillit au centre même du bocage. Non loin de ses bords s'élève un édifice de royale apparence; construction où se révèle la main, non d'un mortel, mais d'un divin architecte. On y reconnaît dès le péristyle le séjour de plaisance de quelque divinité. Des colonnes d'or supportent une voûte lambrissée d'ivoire et de bois de citronnier, sculptée avec une délicatesse infinie. Les murailles se dérobent sous une multitude de bas-reliefs en argent, représentant des animaux de toute espèce, qui semblent se mouvoir et venir au-devant de vos pas. Quel artiste, quel demi-dieu, quel dieu plutôt, a pu jeter tant de vie sur tout ce métal inerte ? Le sol est une mosaïque de pierres précieuses, chargées des tableaux les plus variés. O sort à jamais digne d'envie ! marcher sur les perles et les diamants ! À droite et à gauche, de longues suites d'appartements étalent une richesse qui défie toute estimation. Les murs, revêtus d'or massif, étincellent de mille feux. Au refus du soleil, l'édifice pourrait sécréter un jour à lui, tant il jaillit d'éclairs des portiques, des chambres et des parois mêmes des portes. L'ameublement répond à cette magnificence : tout est céleste dans ce palais. On dirait que Jupiter, voulant se mettre en communication avec les mortels, se l'est élevé comme pied-à-terre.

Psyché s'approche, attirée par le charme de ces beaux lieux, et bientôt elle s'enhardit à franchir le seuil. De plus en plus ravie de ce qu'elle voit, elle promène son admiration de détail en détail, passe aux étages supérieurs, et y reste en extase à la vue d'immenses galeries où s'entassent trésors sur trésors. Ce qu'on ne trouve pas là n'existe nulle part sur terre. Mais ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est qu'à cette collection des richesses du monde entier on ne voit fermeture, défense, ni gardien quelconque.

"Tandis que Psyché ne peut se rassasier de cette contemplation, une voix invisible vient frapper son oreille : Pourquoi cet étonnement, belle princesse ? Tout ce que vous voyez est à vous. Voilà des lits qui vous invitent au repos, des bains à choisir. Les voix que vous entendez sont vos esclaves : disposez de nos services empressés. Un royal banquet va vous être offert, après les premiers soins de la personne, et ne se fera pas attendre." (Apulée)

 

 

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Près d'un palais faict de main plus qu'humaine

Ou une voix sans rien voir entendit

Vas te baigner Psiché et sois certaine

D'avoir icy tout pouvoir & crédit.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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IX. Psyché entre dans le bain où elle est lavée par trois servantes. Deux putti écartent les tentures du lit...

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"Psyché vit bien qu'elle était devenue l'objet d'une sollicitude toute divine. Docile aux avis du conseiller invisible, elle se met au lit; puis elle entre dans un bain, dont l'influence eut bientôt dissipé toute fatigue." (Apulée)

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Elle obeyt à la voix insidieuse

Croyant que c'est des dieux la volonté

Et c'est au baing lavée toute nue

N'y voyant rien de mal à s'en apreste.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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X. Les trois servantes s'empressent à sa toilette ; on la coiffe, on la parfume, on la choie.

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Sans s'esbahir de telle nouveaulté

Son chef aussy a voulu perfumer

d'odeurs remplis de grande suavité

Pendant quand vit son cœur allumer.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XI. Un festin lui est servi, accompagné de musiciens.

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 "Une table en hémicycle se dresse auprès d'elle. C'est son dîner sans doute qu'on va servir : sans façon elle y prend place. Les vins les plus délicieux, les plats les plus variés et les plus succulents se succèdent en abondance. Nul serviteur ne paraît. Tout se meut comme par un souffle. Psyché ne voit personne; elle entend seulement des voix : ce sont ces voix qui la servent. Après un repas délectable, un invisible musicien se met à chanter, un autre joue de la lyre : on ne voit ni l'instrument ni l'artiste. Un concert de voix se fait entendre; c'est l'exécution d'un choeur sans choristes." (Apulée)

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Ung peu après revêtue et coiffée

Elle sasiée & n'aperçoit personne

La table fut de tous metz estoffée

& ung accord de plusieurs voix résonnent

Qui la récrée & grand plaisir luy donne

Mais poinct ne saict s'il ay a trahyson

Ne cy amour pour son – l'environne

Ne si c'est miel ou si c'est du poison.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XII. Elle couche avec l'homme  invisible et devient madame X.

 

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"Enfin, au milieu de tant de plaisirs, le soir vient; et Psyché, que l'heure invite au repos, se retire dans son appartement. Déjà la nuit avançait; un bruit léger vient frapper son oreille : la jeune vierge s'inquiète alors de sa solitude. Sa pudeur s'alarme, elle frémit, elle craint d'autant plus qu'elle ignore; mais déjà l'époux mystérieux est entré, il a pris place, et Psyché est devenue sa femme. Aux premiers rayons du jour il a disparu. " (Apulée)

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Quant il fut nuyt & le lit bien paré,

Psiché se couche. Amour la vient chercher

& laissant trousse & dard bien acéré

Entre ses bras nud à nud va coucher

Qui l'eust alors gardé de luy toucher

Il luy promet & iure grant serment

D'estre à jamais le sien espoux tres cher

Dont prise fut : mais voluntairement

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Troisième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIII. D'invisibles servantes la recoiffent, la re-parfument et la re-choient : elle est comblée.

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"Aussitôt les voix sont là pour prêter leur ministère à l'épouse d'une nuit et panser de douces blessures.

Le temps s'écoule cependant, et chaque nuit ramène la même scène. Par un effet naturel, Psyché commence à se faire à cette singulière existence; l'habitude lui en semble douce; et le mystère de ces voix donne de l'intérêt à sa solitude." (Apulée)

Puis de dormir non d'aimer assouvie

Le tour venu, estant Amoure voie

Elle est de gens invisibles servie

Et tost s'acoutre et entre dueil et ioye.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIV. Psyché mesure la fidélité de son mari à l'aulne des richesses qu'il lui offre.

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Compte à part soye les biens qu'amour envoye

Et se maintient sur toutes bien heurée

Croiant qu'amour iamais ne se desvoye

Et que sa foy est ferme et asseurée.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XV. L'arrivée des deux jalouses transportée par le fidèle Zéphyr. Et c'est Psyché qui les réclame !

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"Cependant les malheureux parents usaient leurs vieux jours dans une douleur sans fin. L'aventure de Psyché avait fait du bruit, et la renommée l'avait fait parvenir aux oreilles de ses soeurs aînées. Toutes deux, le cœur serré, et la douleur peinte sur le visage, avaient quitté leurs foyers, empressées d'aller chercher la présence et l'entretien de leurs vieux parents.

La nuit même de leur arrivée, l'époux eut avec Psyché la conversation suivante : Ma Psyché, ma compagne adorée, la cruelle Fortune te prépare la plus périlleuse des épreuves. Ta prudence, crois-moi, ne saurait être trop éveillée. On te croit morte, et tes deux soeurs, affligées de ta perte, sont déjà sur ta trace. Elles vont venir au pied de ce rocher. Si leurs lamentations arrivent jusqu'à ton oreille, garde-toi de leur répondre, de leur donner même un coup d'oeil. Sinon, il en résultera pour moi les plus grands chagrins, pour toi les plus grands malheurs. Psyché parut se résigner, et promit obéissance. Mais l'époux n'eut pas plutôt disparu avec les ténèbres, qu'elle se lamente, et toute la journée se passe en pleurs et en gémissements. C'est maintenant qu'elle est perdue, puisque ces beaux lieux ne sont qu'une prison pour elle, puisque désormais, sevrée de tout commerce humain, elle ne peut rassurer ses soeurs désolées, et qu'elle n'a pas même la consolation de les voir.  Elle néglige le bain, ne prend aucune nourriture, et se refuse à toute distraction. Ses pleurs n'avaient pas cessé de couler, quand elle se retira pour se mettre au lit.

Son mari est à ses côtés plus tôt que de coutume; et l'embrassant tout éplorée : Ma Psyché, dit-il, est-ce là ce que tu m'avais promis ? Ton époux n'a-t-il rien à attendre, rien à espérer de toi ? Quoi donc ! toujours gémir, et le jour et la nuit, et jusque dans mes bras ? Eh bien ! satisfais ton envie, contente un désir funeste: mais rappelle-toi mes avis, lorsque viendra (trop tard hélas !) le moment du repentir. Psyché le presse, Psyché l'implore : il y va, dit-elle, de sa vie. Enfin elle l'emporte. Elle verra ses soeurs, elle pourra les consoler, s'épancher avec elles. L'époux accorde tout aux prières de la jeune épouse. Il va plus loin; il lui permet de combler à discrétion ses soeurs et d'or et de bijoux.Mais il lui interdit à plusieurs reprises, et sous les plus terribles conséquences, de jamais chercher à voir sa figure, au cas où ses soeurs lui en donneraient le conseil pernicieux. Cette curiosité sacrilège la précipiterait du faîte du bonheur dans un abîme de calamités, et la priverait à jamais de ses embrassements.

Psyché remercie son époux, et, dans un transport de joie: Ah ! dit-elle, plutôt cent fois mourir que de renoncer à cette union charmante ! car je t'aime, qui que tu sois; oui, je t'aime plus que ma vie. Cupidon lui-même me paraîtrait moins aimable. Mais, de grâce, encore une faveur. Ordonne à ton familier Zéphyr d'amener mes soeurs ici, comme il m'y a transportée moi-même. Elle prodigue en même temps à son époux les baisers, les mots tendres; et l'enlaçant des plus caressantes étreintes : Doux ami, disait-elle, cher époux, âme de ma vie... C'en est fait, Vénus sera vengée. L'époux cède, non sans regret; tout est promis, et l'approche du jour le chasse encore des bras de Psyché." (Apulée)

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"Les deux soeurs cependant se sont fait indiquer le rocher et la place même où Psyché a été abandonnée. Elles y courent aussitôt. Les pleurs inondent leurs yeux; elles se frappent la poitrine, et l'écho renvoie au loin leurs lamentations. Elles appellent par son nom leur soeur infortunée. Du haut de la montagne, leurs cris déchirants vont retentir jusqu'aux oreilles de Psyché dans le fond de la vallée. Son cœur palpite et se trouble; elle sort éperdue de son palais. Pourquoi cette douleur et ces lamentations, s'écria-t-elle ? La voilà celle que vous pleurez; cessez de gémir, séchez vos pleurs. Il ne tient qu'à vous d'embrasser celle qui les cause. Alors elle appelle Zéphyr, et lui transmet l'ordre de son époux. Aussitôt, serviteur empressé, Zéphyr, d'un souffle presque insensible, enlève les deux soeurs, et les transporte auprès de Psyché. On s'embrasse avec transport, mille baisers impatients se donnent et se rendent. Aux larmes de la douleur succèdent les larmes que fait couler la joie. Allons, dit-elle, entrons dans ma demeure : plus de chagrin; il faut se réjouir, puisque votre Psyché est retrouvée." (Apulée)

 

 

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En ce palais ses sœurs plaines d'envye

Dessus les vents descendent doulcement

Pour descouvrir la bienheureuse voye

Qu'amour vouloit mener couvertement.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XVI. L'innocente Psyché, en se confiant à ses sœurs, attise leur jalousie.

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"Elle dit, et se plaît à étaler à leurs yeux les splendeurs de son palais d'or, à leur faire entendre ce peuple de voix dont elle est obéie. Un bain somptueux leur est offert, puis un banquet qui passe en délices tout ce dont l'humaine sensualité peut se faire idée. Si bien que, tout en savourant à longs traits l'enivrement de cette hospitalité surnaturelle, les deux soeurs commencent à sentir la jalousie qui germe au fond de leurs jeunes coeurs." (Apulée)

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Psiché leur feist gracieux traictement

Mais par acceueil & trezors préférez

Impocible est d'appaiser le tourment

Que faict envie en saintes volontéz.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XVII. Les sœurs mielleuses conseillent à Psyché de couper la tête de son amant : c'est, disent-elles, un serpent !

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"L'une d'elles à la fin presse Psyché, et ne tarit pas de questions sur le possesseur de tant de merveilles. Qui est ton mari ? comment est-il fait ? Fidèle à l'injonction conjugale, celle-ci se garde bien de manquer au secret promis. Une fiction la tire d'affaire. Son mari est un beau jeune homme, dont le menton se voile d'un duvet encore doux au toucher. La chasse est son occupation habituelle; il est toujours par monts et par vaux. Et, pour couper court à une conversation où sa discrétion pourrait à la longue se trahir, elle charge ses deux soeurs d'or et de bijoux, appelle Zéphyr, et lui enjoint de les reconduire où il les a prises. Aussitôt dit, aussitôt fait." (Apulée)

Qui recepvez amoureuses doulceurs

Et les loyers d'ung labeur endure

Ne vous fiez en freres ni en sceurs

Ni en consceil d'un ami pariure.

Voyez les seurs devisage asseuré

Faindre qu'Amour est serpent deshonneste

Psyché le crut & de cueur coniuré

Délibéra de lui trencher la teste

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XVIII. Quatre temps : 1. Psyché se pique à la flêche d'Eros et tombe amoureuse ; 2. Elle éclaire Amour et découvre sa beauté. 3. Sa main tremble et l'huile de la lampe en coulant vient réveiller le bel amant ; 4. Il s'enfuit par la fenêtre : elle l'a trahi, elle ne le reverra plus ! 

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"Psyché reste livrée à elle-même, c'est-à-dire obsédée par les Furies. Le trouble de son coeur est celui d'une mer orageuse. Son dessein est arrêté, elle s'y obstine; et ses mains déjà s'occupent des sinistres préparatifs, que son âme doute et flotte encore. Les émotions s'y combattent : Tour à tour elle veut et ne veut pas, menace et tremble, s'emporte et mollit. Pour tout dire en un mot, dans le même individu elle déteste un monstre, elle adore un époux. Cependant le soir est venu; la nuit va suivre. Elle s'occupe à la hâte des préliminaires du forfait.

Il est nuit. L'époux est à son poste. Il livre un premier combat, prélude de sa campagne nocturne, puis s'endort d'un sommeil profond.

La force abandonne alors Psyché; le cœur lui manque. Mais le sort a prononcé, le sort est impitoyable, son énergie revient. Elle avance la lampe, saisit son poignard. Adieu la timidité de son sexe. Mais à l'instant la couche s'illumine, et voilà ses mystères au grand jour. Psyché voit (quel spectacle !) le plus aimable des monstres et le plus privé, Cupidon lui-même, ce dieu charmant, endormi dans la plus séduisante attitude. Au même instant la flamme de la lampe se dilate et pétille, et le fer sacrilège reluit d'un éclat nouveau. Psyché reste atterrée à cette vue, et comme privée de ses sens. Elle pâlit, elle tremble, elle tombe à genoux. Pour mieux cacher son fer, elle veut le plonger dans son sein; et l'effet eût suivi l'intention, si le poignard, comme effrayé de se rendre complice de l'attentat, n'eût échappé soudain de sa main égarée. Elle se livre au désespoir; mais elle regarde pourtant, et regarde encore les traits merveilleux de cette divine figure, et se sent comme renaître à cette contemplation. Elle admire cette tête radieuse, cette auréole de blonde chevelure d'où s'exhale un parfum d'ambroisie, ce cou blanc comme le lait, ces joues purpurines encadrées de boucles dorées qui se partagent gracieusement sur ce beau front, ou s'étagent derrière la tête, et dont l'éclat éblouissant fait pâlir la lumière de la lampe. Aux épaules du dieu volage semblent pousser deux petites ailes, d'une blancheur nuancée de l'incarnat du coeur d'une rose. Dans l'inaction même, on voit palpiter leur extrémité délicate, qui jamais ne repose. Tout le reste du corps joint au blanc le plus uni les proportions les plus heureuses. La déesse de la beauté peut être fière du fruit qu'elle a porté.

Au pied du lit gisaient l'arc, le carquois et les flèches, insignes du plus puissant des dieux. La curieuse Psyché ne se lasse pas de voir, de toucher, d'admirer en extase les redoutables armes de son époux. Elle tire du carquois une flèche, et, pour en essayer la trempe, elle en appuie le bout sur son pouce; mais sa main, qui tremble en tenant le trait, imprime à la pointe une impulsion involontaire. La piqûre entame l'épiderme, et fait couler quelques gouttes d'un sang rosé. Ainsi, sans s'en douter, Psyché se rendit elle-même amoureuse de l'Amour. De plus en plus éprise de celui par qui l'on s'éprend, elle se penche sur lui la bouche ouverte, et le dévore de ses ardents baisers. Elle ne craint plus qu'une chose, c'est que le dormeur ne s'éveille trop tôt.

Mais tandis qu'ivre de son bonheur, elle s'oublie dans ces transports trop doux, la lampe, ou perfide, ou jalouse, ou (que sais-je ?) impatiente de toucher aussi ce corps si beau, de le baiser, si j'ose le dire, à son tour, épanche de son foyer lumineux une goutte d'huile bouillante sur l'épaule droite du dieu. O lampe maladroite et téméraire ! ô trop indigne ministre des amours ! faut-il que par toi le dieu qui met partout le feu connaisse aussi la brûlure ! par toi, qui dus l'être sans doute au génie de quelque amant jaloux des ténèbres, et qui voulait leur disputer la présence de l'objet adoré !

Le dieu brûlé se réveille en sursaut. Il voit le secret trahi, la foi violée, et, sans dire un seul mot, il va fuir à tire d'aile les regards et les embrassements de son épouse infortunée." (Apulée)

 

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Le glaive prest tenant la lampe ardante

Psyché venoit pour tuer le serpent

Congneut Amour le voyant e se repent

Et curieuse ung peu plus que contente

 

Picque son doyt à une fleche poygnante

Puis à revoir ce petit dieu revient

Lequel brûle par huile estincellante

S'esveille & part elle en vain le retient

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIX.  Le retour du septième ciel est cruel : elle veut se suicider, mais le fleuve la sauve.

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"Psyché prosternée sur la terre suivit longtemps des yeux son époux dans l'espace, tout en le rappelant par ses cris lamentables; et quand un vol rapide l'eut élevé à perte de vue, elle se lève, et court se précipiter dans un fleuve voisin :  mais le fleuve eut compassion de l'infortunée, et, par respect pour le dieu qui fait enflammer même les ondes, par crainte peut-être, il la soulève sur ses flots, et la dépose pleine de vie sur le gazon fleuri de ses rivages." (Apulée)

En terre cheutée triste et – le conduit

Puis se gettant dens l'eau de haulte rive

Veult qu'une mort de tant de maulx la prive

Sa volunté le doulx fleuve esconduit

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XX. Elle rencontre le dieu Pan ; il lui conseille d'implorer Cupidon.
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"Le rustique dieu Pan se trouvait là par hasard, assis sur la berge. Il tenait entre ses mains ces roseaux qui furent jadis la nymphe Canna, et les faisait résonner sur tous les tons; son troupeau capricieux folâtrait, en broutant çà et là l'herbe du rivage.  Le dieu chèvre-pied, apercevant la belle affligée, dont l'aventure ne lui était pas inconnue, l'invite à s'approcher, et lui adresse quelques mots de consolation :  "Ma belle enfant, je ne suis qu'un gardeur de chèvres, un peu rustre, il est vrai, mais j'ai beaucoup vécu et acquis raisonnablement d'expérience; or, si je sais bien former mes conjectures (ce que les gens de l'art appellent être devin), cette démarche égarée et chancelante, cette pâleur universelle, ces continuels soupirs, et surtout ces yeux noyés dans les larmes, tout cela me dit que vous souffrez du mal d'amour.  Croyez-en mon conseil, renoncez à chercher la mort dans les flots ou par toute autre voie; séchez vos pleurs, défaites-vous de cet air chagrin, offrez vos prières avec ferveur au grand dieu Cupidon, et, comme c'est un enfant gâté, sachez le prendre et flatter ses fantaisies." Ainsi parla le dieu pasteur. Psyché ne répondit rien; elle s'inclina devant le dieu, et se mit en marche." (Apulée)

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Qui d'une part en l'aultre la conduit

Où Pan chantoit lequel de bonne sorte

A luy compter ses fortunes l'induit

Mais rien qu'amour d'amour ne la conforte.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXI. Elle retrouve ses sœurs et leur fait croire qu'Amour les désire !

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" Après avoir longtemps et péniblement erré à l'aventure, elle se trouve dans un sentier en pente, qui la mène inopinément à la ville où régnait le mari d'une de ses soeurs. Aussitôt qu'elle en fut informée, elle fait annoncer sa venue. Elle est introduite, et, après les baisers et les politesses d'usage, on lui demande son histoire. Psyché commence ainsi :  Il vous souvient du conseil que vous me donnâtes, d'accord avec notre autre soeur. Abusée, disiez-vous, par un monstre qui venait, se donnant pour mari, passer les nuits avec moi, il fallait, sous peine de servir de pâture à cette bête vorace, le frapper d'un poignard à deux tranchants, et j'y étais bien décidée;  mais lorsque, toujours par votre conseil, j'approchai la lampe qui devait me découvrir ses traits, quel divin spectacle vint s'offrir à mes regards charmés ! c'était le fils de la déesse Vénus, Cupidon lui-même, endormi d'un paisible sommeil.  Éperdue, ivre de volupté, je cédais au délire de mes sens.  Tout à coup, ô douleur ! une goutte d'huile brûlante tombe sur son épaule; il se réveille en sursaut; et, voyant dans mes mains le fer et la flamme : Va, me dit-il, ton crime est impardonnable. Sors à jamais de mon lit; plus rien de commun entre nous. C'est ta soeur (et il prononça votre nom) que je veux désormais pour épouse. Il dit, et, sur son ordre, le souffle de Zéphyr me transporte hors du palais." (Apulée)

 

 

Elle pensant qu'à chacun fust permis

Venger le tort que font les envieuses

En ruinant amyes et amys

Par trahison & façons odieuses.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXII. La punition des sœurs. Bien fait pour elles!

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"Psyché n'avait pas fini de parler, qu'enivrée du succès de sa ruse, sa soeur brûle d'en recueillir les coupables fruits. Pour tromper son mari, elle feint qu'on vient de lui apprendre la mort de ses parents, s'embarque en toute hâte, et fait voile vers le rocher.  Zéphyr ne soufflait pas alors; mais, dans l'espoir qui l'aveugle : Cupidon, dit-elle, reçois une épouse digne de toi; et toi, Zéphyr, soutiens ta souveraine ! Et soudain elle s'élance de plein saut.  Mais elle ne peut même arriver morte où elle voulait aller; car les saillies des rocs se renvoyèrent les débris de ses membres, et, par un sort trop mérité, les lambeaux dispersés de son corps devinrent à moitié chemin la pâture des bêtes féroces et des oiseaux de proie.

 L'autre punition ne tarda guère. Psyché, continuant sa course vagabonde, arriva dans la ville où résidait sa seconde soeur.  Celle-ci, dupe de la même fiction, et rêvant comme sa devancière le criminel honneur de supplanter sa cadette, courut vite au rocher et y trouva même fin." (Apulée)

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Rend ses deux sœurs d'amour tant amoureuses

Et le danger du lieu tant dissimule

Quy revoler cuidoient les malheureuses

Mais mort s'approche et e-ent se recule.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIII. Une mouette avertit Vénus : Cupidon n'a pas respecté ses ordres.

 

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"Pendant que Psyché courait ainsi le monde à la recherche de Cupidon, Cupidon, malade de sa brûlure, gémissait couché sur le lit même de sa mère.  Or, cet oiseau blanc qui rase de l'aile la surface des mers, plongeant dans les profondeurs de l'Océan, va trouver Vénus,  qui se baignait en se jouant au milieu des flots. Il lui annonce, en l'abordant, que son fils s'est fait une grande brûlure, dont la guérison est incertaine. (4) Il ajoute que les bruits les plus fâcheux se répandent sur elle et sur sa famille : La mère et le fils, disait-on, ne sont plus occupés, l'un que d'une intrigue d'amour sur une montagne, et l'autre que du plaisir de nager au fond des mers.  Adieu la volupté, adieu les grâces, adieu les jeux et les ris. Tout s'enlaidit, se rouille, s'assombrit dans la nature; plus de tendres noeuds, de commerce d'amitié, d'amour filial. Le désordre règne; ce n'est plus qu'une dissolution générale, un affreux dégoût de tout ce qui entretient l'union et fait le charme de la vie.  La volatille babillarde n'oublia rien dans son rapport de ce qui pouvait irriter Vénus contre son fils.  Ah ! dit la déesse irritée, mon bon sujet de fils a fait une maîtresse ! Voyons, toi, seule créature qui me montres du zèle, dis-moi le nom de la femme assez osée pour faire les avances à un enfant de cet âge. Est-ce une des Heures, une Nymphe, une Muse, ou l'une des Grâces de ma suite ? (8) L'oiseau jaseur n'eut garde de se taire. Maîtresse, je ne sais trop, répondit-il; mais il y a de par le monde une jeune fille du nom de Psyché, si je ne me trompe, dont on le dit passionnément épris.  Qui ? s'écria Vénus tout à fait outrée, cette Psyché qui se mêle d'être aussi belle que moi ? qui s'ingère de porter mon nom ? C'est celle-là qu'il aime ? Ce marmot, apparemment, s'est servi de moi comme entremetteuse ! c'est moi qui lui aurai mis le doigt sur cette donzelle !

 Tout en grondant, elle sort précipitamment des ondes, et se dirige vers la couche d'or où repose le dieu malade. De la porte, elle lui crie de sa plus grosse voix :  Belle conduite, en vérité, pour un enfant discret et sage ! Est-ce là le cas que vous faites des ordres d'une mère, d'une souveraine ? Au lieu de livrer mon ennemie à d'ignobles amours,  vous osez, enfant libertin, lui prodiguer vos caresses précoces, et chercher dans ses bras des plaisirs défendus à votre âge ! Vous prétendez m'imposer pour bru la femme que je déteste ! Ah çà, croyez-vous, petit drôle, séducteur avorton, enfant insupportable, que seul vous soyez en état d'avoir lignée et que moi je sois hors d'âge ? Oh bien !  Sachez que je veux avoir un fils qui vous remplacera, et qui vaudra mieux que vous. Tenez, afin que l'affront soit plus sensible, j'adopterai quelqu'un de mes serviteurs, et je le doterai de ces ailes, de ce flambeau, de cet arc et de ces flèches, que je vous avais confiés pour un meilleur usage; car tout cet équipement m'appartient, et il n'en est pas une pièce qui vous vienne de votre père.

 On vous a gâté dès l'enfance : vos mai

Dedens la mer sur deux dauphins assise,

Se promenoit Vénus environnée

De dieux marins, & de nymphes ornée

Quand la mouette a son oreille mise.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIV. 1 (à droite)  Vénus se fâche tout rouge  contre Cupidon et menace de lui rogner les ailes. 2.(à gauche), discussion savoureuse de Vénus avec Junon et Cérès.

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1. "Tout en grondant, elle sort précipitamment des ondes, et se dirige vers la couche d'or où repose le dieu malade. De la porte, elle lui crie de sa plus grosse voix : Belle conduite, en vérité, pour un enfant discret et sage ! Est-ce là le cas que vous faites des ordres d'une mère, d'une souveraine ? Au lieu de livrer mon ennemie à d'ignobles amours, vous osez, enfant libertin, lui prodiguer vos caresses précoces, et chercher dans ses bras des plaisirs défendus à votre âge ! Vous prétendez m'imposer pour bru la femme que je déteste ! Ah çà, croyez-vous, petit drôle, séducteur avorton, enfant insupportable, que seul vous soyez en état d'avoir lignée et que moi je sois hors d'âge ? Oh bien ! Sachez que je veux avoir un fils qui vous remplacera, et qui vaudra mieux que vous. Tenez, afin que l'affront soit plus sensible, j'adopterai quelqu'un de mes serviteurs, et je le doterai de ces ailes, de ce flambeau, de cet arc et de ces flèches, que je vous avais confiés pour un meilleur usage; car tout cet équipement m'appartient, et il n'en est pas une pièce qui vous vienne de votre père.

On vous a gâté dès l'enfance : vos mains n'ont jamais su qu'égratigner et battre ceux à qui vous devez le respect. Moi-même, moi, votre mère, enfant dénaturé, ne suis-je pas journellement volée par vous, et quelquefois battue ? Vous n'en useriez pas autrement avec moi si j'étais veuve; et votre beau-père, ce grand et formidable guerrier, ne vous impose même pas. Je le crois bien, au surplus : pour me faire enrager, vous vous êtes mis sur le pied de lui procurer de bonnes fortunes; mais le jeu vous coûtera cher, et ce beau mariage ne sera pas tout roses pour vous, je vous le promets. Suis-je assez bafouée ? Que faire ? que résoudre ? comment avoir raison de ce petit vaurien ? Irai-je mendier le secours de la Sagesse, elle qui m'a vue si souvent lui rompre en visière, toujours pour les frasques de ce mignon ? La créature, d'ailleurs, la plus désobligeante et la plus mal peignée... ! Ah ! j'en ai le frisson; mais il est si bon de se venger, coûte qui coûte ! Allons, j'irai trouver la Sagesse, oui, la Sagesse. Du moins, mon fripon sera châtié de main de maître. Elle videra son carquois, désarmera ses flèches, détendra son arc, éteindra son flambeau, et ne ménagera pas non plus sa petite personne. Je ne serai point satisfaite qu'elle n'ait et rasé cette chevelure dorée que j'ai si souvent peignée de mes propres mains, et rogné ces ailes, autrefois arrosées du nectar de mon sein." (Apulée)

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2. "Elle dit, et sort furieuse, tout en continuant d'exhaler sa bile. Elle est accostée par Junon et Cérès, qui, la voyant le teint allumé, lui demandent pourquoi ce sourcil froncé qui obscurcit le brillant de ses yeux. Je vous rencontre à propos, leur dit-elle : la colère pourrait me porter à quelque excès; mais, je vous en conjure, aidez-moi de tous vos efforts à retrouver cette Psyché qui s'est enfuie, envolée je ne sais où; car vous n'en êtes pas à apprendre le scandale de ma maison, et les hauts faits de celui que je ne veux plus appeler mon fils.

Les deux déesses, bien instruites de l'aventure, essayent d'apaiser la grande colère de Vénus. Mais, madame, qu'a donc fait votre fils, pour motiver cet acharnement contre lui, et cette hostilité si violente contre celle qu'il aime ? Où est le crime, s'il vous plaît, de faire les yeux doux à une jolie fille ? Vous n'ignorez pas qu'il est garçon sans doute, et, de plus, grand garçon ? Auriez-vous oublié la date de sa naissance ? ou, parce qu'il porte si gentiment ses années vous obstinez-vous à le voir toujours enfant ? Vous, sa mère, vous, femme de sens, vous iriez d'un oeil curieux épier ses amusements, lui faire un crime de ses petites fredaines, contrecarrer ses amourettes, et condamner enfin, dans ce beau jouvenceau, vos propres gentilles pratiques, et les doux passe-temps que vous ne vous refusez pas ? Singulière prétention, d'aller semant l'amour partout, et de le prohiber dans vos domaines ! d'exclure vos enfants du droit commun de prendre part aux faiblesses du beau sexe ! Ah! l'on ne vous la passera pas, ni au ciel, ni sur la terre. Ainsi les officieuses déesses prennent la défense de l'absent, dont elles redoutent les flèches; mais Vénus, qui n'entend pas raillerie sur les torts dont elle se plaint, leur tourne le dos, et précipite ses pas vers la mer." (Apulée)

 

Dit à Vénus d'un malheur je t'avise

C'est que ton filz est au lict fort blecé

Et toy icy tout le monde en devise

Qui sans toy est de grâce delaissé

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Cinquième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXV. Dans un temple de l'agriculture, Psyché demande l'aide de Cérès, et essuie un refus.

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE SOUS LA FENÊTRE.

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"Psyché cependant allait errant à l'aventure. Jour et nuit elle cherche son époux; le sommeil la fuit, et sa passion s'en exalte encore. Il s'agit pour elle non plus d'attendrir un époux, mais de désarmer un maître.  Au sommet d'une montagne escarpée, elle aperçoit un temple. Qui sait ? dit-elle, peut-être est-ce là le séjour de mon souverain seigneur : et la voilà, oubliant ses fatigues, qui court d'un pas rapide vers ce but de son espoir et de ses voeux.  Elle gravit intrépidement la hauteur, et s'approche du sanctuaire. Elle y voit amoncelés des épis d'orge et de froment, dont une partie était tressée en couronne.  Il y avait aussi des faux et tout l'attirail des travaux de la moisson; mais tout cela pêle-mêle et jeté au hasard; comme il arrive quand l'excès de la chaleur fait tomber l'outil des mains au travailleur fatigué.  Psyché s'occupe aussitôt à débrouiller cette confusion, et à remettre chaque chose en ordre et en place, persuadée qu'il n'y a pour elle détail de culte ni observance à négliger, et qu'il n'est aucun dieu dont elle n'ait à se concilier la bienveillance et la pitié.

 Tandis qu'elle vaque à ce soin consciencieusement et sans relâche, arrive Cérès la nourricière, qui la trouve à l'ouvrage : Ah ! malheureuse Psyché, s'écria-t-elle, avec un soupir prolongé,  Vénus en courroux cherche par tout l'univers la trace de tes pas; elle veut ta mort; elle se vengera de tout son pouvoir de déesse et toi, je te trouve ici uniquement occupée de mon service, et ne songeant à rien moins qu'à ta propre sûreté !  Psyché se prosterne aux pieds de Cérès, les inonde de ses larmes, et, balayant le sol de ses cheveux, implore la déesse sous toutes les formes de prières.

 Par cette main prodigue des trésors de l'abondance, par les rites joyeux de la moisson, par votre attelage ailé de dragons obéissants, par les fertiles sillons de la Sicile, par le char ravisseur, par la terre receleuse, par la descente de Proserpine aux enfers et son ténébreux hyménée, par la triomphante illumination de votre retour après l'avoir retrouvée, par tous les mystères enfin que le sanctuaire de l'antique Éleusis renferme et protège de son silence sacré, prenez en pitié la malheureuse Psyché qui vous supplie;  souffrez que je me cache pour quelques jours dans cet amas d'épis. Ou ce temps suffira pour calmer le courroux de ma redoutable ennemie, ou je pourrai du moins retrouver mes forces, épuisées par tant de fatigues.

 Cérès lui répond : Je suis touchée de tes prières et de tes larmes, et je voudrais te secourir; mais Vénus est ma parente; c'est une ancienne amie, bonne femme d'ailleurs, que je ne veux en rien contrarier.  Il te faut donc sortir à l'instant de ce temple; et sache-moi gré de ne pas t'y retenir prisonnière." (Apulée)

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Suivant Psyché de son ami la trace

Trouva Cérès shumilie & mer peine

D'ordonner faulx rasteausx orge & vene

Quelle apperçoit end ordre en la pa--

Voiant son mal indigne de sa face

Dame Cérès l'eust volontiers receuë

mais par faveur de Vénus, qui efface

Tout iujgement fut charité vaincuë.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVI. Dans un deuxième temple, elle demande à Junon son soutien : nouvel échec.

 

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE DU FRONTON.

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" Refusée contre son espoir, Psyché s'éloigne, emportant dans son coeur un chagrin de plus. Elle revenait tristement sur ses pas, quand son oeil plongeant au fond d'un vallon, découvre un autre temple, dont l'élégante architecture se dessinait dans le demi-jour d'un bois sacré. Décidée à ne négliger aucune chance, même douteuse, de salut, et à se mettre sous la protection d'une divinité quelconque, elle s'avance vers l'entrée de l'édifice. Là se présentent à sa vue les plus riches offrandes. Aux portes sacrées, ainsi qu'aux arbres environnants, étaient suspendues des robes magnifiques; et sur leur tissu la reconnaissance avait brodé en lettres d'or, avec le nom de la déesse, le sujet de chaque action de grâces qu'on lui rendait. Psyché fléchit le genou, embrasse l'autel tiède encore, et, après avoir essuyé ses larmes elle fait cette prière :

 "Épouse et soeur du grand Jupiter, toi qui habites un temple antique dans cette Samos, si fière d'avoir entendu tes premiers vagissements et de t'avoir vu presser le sein de ta nourrice; toi que l'altière Carthage, aux opulentes demeures, honore sous les traits d'une vierge traversant les airs avec un lion pour monture;  toi qui, sur les bords que l'lnachus arrose, présides aux murs de la célèbre Argos qui t'adore; et toi, la reine des déesses, l'épouse du maître du tonnerre; toi que l'Orient vénère sous le nom de Zygie, et qu'invoque l'Occident sous celui de Lucine; ah ! montre-toi pour moi Junon protectrice ! La fatigue m'accable; daigne me préserver des dangers qui me menacent. Jamais, je le sais, tu ne refusas ta protection aux femmes sur le point d'être mères."

 Pendant cette invocation, Junon lui apparaît dans tout l'éclat de la majesté céleste. Je ne demanderais pas mieux, dit-elle, que d'accueillir ta demande;  mais me mettre en opposition avec Vénus ma bru, que j'aime comme ma fille, le puis-je vraiment avec convenance ? Et puis il y a des lois qui défendent de recueillir les esclaves fugitifs, et je n'irai pas y porter atteinte. "(Apulée)

"Découragée de ce nouvel échec, et renonçant à suivre un mari qui a des ailes, Psyché se livre à de cruelles réflexions.  Où chercher du secours, quand des déesses même ne me témoignent qu'une bonne volonté stérile ?  Où porter mes pas, quand tant de pièges m'environnent ? Quel toit, quelle retraite assez obscure pour me cacher à l'oeil inévitable de la toute-puissante Vénus ? Allons, Psyché, une résolution énergique ! plus d'illusions frivoles. Va, de toi-même, te remettre aux mains de ta souveraine : ta soumission, pour être tardive, peut encore la désarmer.  Qui sait ? peut-être celui que tu cherches va-t-il se retrouver dans le palais de sa mère. Ainsi décidée à cette soumission hasardeuse, dût-elle y trouver sa perte, Psyché déjà préparait son exorde." (Apulée)

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Devant Junon qui en son temple estoit

remply de veux & de mainte despouille

Psyché mercy demandant s'agenouille

Comptant le mal que par amour sentoit

De son travail Junon se recentoit

Et eust changé en ioye sa tristesse

Mais pour l'honneur qu'elle à Vénus portoit

La fait sortir du temple sans rudesse.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVII. Dans son char tirée par quatre colombes, Vénus vient emprunter à Jupiter son messager Mercure, aux pieds ailés.

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE SOUS LE QUATRAIN.

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"Cependant Vénus, qui a épuisé tous les moyens d'investigation sur terre, en va demander au ciel. Elle ordonne qu'on attelle son char d'or, oeuvre merveilleuse de l'art de Vulcain, qui lui en avait fait hommage comme présent de noces. La riche matière a diminué sous l'action de la lime; mais, en perdant de son poids, elle a doublé de prix.  De l'escadron ailé qui roucoule près de la chambre de la déesse, se détachent quatre blanches colombes; elles s'avancent en se rengorgeant, et viennent d'un air joyeux passer d'elles-mêmes leur cou chatoyant dans un joug brillant de pierreries.  Leur maîtresse monte; elles prennent gaiement leur vol; une nuée de passereaux folâtres gazouillent autour du char. D'autres chantres des airs, au gosier suave, annoncent, par leurs doux accents, l'arrivée de la déesse.  Les nuées lui font place; le ciel ouvre ses portes à sa fille chérie, et l'Empyrée tressaille d'allégresse à sa venue. L'harmonieux cortège défile, sans avoir à craindre la rencontre de l'aigle, ni du vorace épervier.

 

"Vénus va droit à la royale demeure de Jupiter, et la fière solliciteuse demande hardiment qu'il lui prête le ministère de Mercure; car il lui faut la meilleure poitrine de l'Olympe. Signe d'assentiment des noirs sourcils. Vénus revient triomphante, et, tout en descendant des cieux avec Mercure, lui dit d'un ton animé : Mon frère l'Arcadien, vous savez que votre soeur Vénus ne fait jamais rien sans vous; vous n'ignorez pas non plus que je suis en quête d'une esclave à moi qui se cache, et que je perds mon temps à la chercher. Je n'ai plus qu'une ressource, c'est de faire proclamer que je promets récompense à qui la trouvera. (4) Je compte sur vous pour me rendre, sans tarder, ce bon office. Surtout que son signalement soit clair et précis. S'il y a lieu plus tard de poursuivre quelque receleur en justice, qu'on ne puisse prétexter cause d'ignorance.  Là-dessus, elle remet par écrit à Mercure le nom de Psyché avec les indications nécessaires, et regagne son palais.

 

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Vénus du ciel par colombe portée

De Jupiter imperre son Mercure

Qui deust bannir Psyché desconfortée

Par ung cartel plein de telle escripture

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVIII. Vénus remet à Mercure l'avis de bannissement de Psyché et elle promet 7 baisers à tout indicateur.  Mercure se rend sur terre.

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE SOUS LE QUATRAIN.

 

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 "Mercure, empressé de s'acquitter de la commission, se met à parcourir la terre, proclamant partout ce qui suit : " On fait savoir qu'une fille de roi, du nom de Psyché, esclave de Vénus, a pris la fuite. Quiconque pourra la livrer, ou indiquer sa retraite,  recevra pour sa peine sept baisers de la bouche même de Vénus; plus, un huitième, emmiellé de ce que ses lèvres ont de plus doux. S'adresser pour la réponse au crieur Mercure, derrière les Pyramides Murciennes."  À cette annonce, on juge quelle excitation l'espoir d'un pareil prix dut produire chez les mortels. Cette circonstance acheva de détruire toute irrésolution dans l'esprit de Psyché." (Apulée)

 

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Nous bannissons Psiché pour forfaicture

De tous les lieux où soleil passera

Et ce pendant sept baisers par droicture

Vénus promect à qui l'enseignera

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIX. Vénus soumet Psyché à trois épreuves redoutables. La deuxième : elle doit prendre la laine des brebis à la toison d'or .

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Le char de l'Aurore se montrait à peine, que Vénus fit venir Psyché, et lui dit : Vois-tu ce bois bordé dans toute sa longueur par une rivière  dont les eaux sont déjà profondes, bien qu'encore voisines de leur source ? Un brillant troupeau de brebis à la toison dorée y paît, sans gardien, à l'aventure: il me faut à l'instant un flocon de leur laine précieuse. Va, et fais en sorte de me le rapporter sans délai.

Psyché court, vole; non pour accomplir l'ordre de la déesse, mais pour mettre un terme à ses maux dans les eaux du fleuve. (Apulée)

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Pour ces labeurs Vénus non modérée

Luy monstre ung bois où paissent grand foison

De grans moutons à la laine dorée

Luy commandant avoir de leur toyson.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXX. L'épreuve de la toison d'or (suite) Psyché, aidée par un roseau parlant, déjoue le piège mortifère.

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Or, voici que, de son lit même, un vert roseau, doux organe d'harmonie, inspiré tout à coup par le vent qui l'agite et qui murmure, se met à prophétiser en ces termes : Pauvre Psyché, déjà si rudement éprouvée, garde-toi de souiller par ta mort la sainteté de mes ondes, et n'approche pas du formidable troupeau qui paît sur ce rivage.  Tant que le soleil de midi darde ses rayons, ces brebis sont possédées d'une espèce de rage. Tout mortel alors doit redouter les blessures de leurs cornes acérées, le choc de leur front de pierre, et la morsure de leurs dents venimeuses;  mais une fois que le méridien aura tempéré l'ardeur de l'astre du jour, que les brises de la rivière auront rafraîchi le sang de ces furieux animaux, tu pourras sans crainte gagner ce haut platane nourri des mêmes eaux que moi, et trouver sous son feuillage un sûr abri.  Alors tu n'auras, pour te procurer de la laine d'or, qu'à secouer les branches des arbres voisins, où elle s'attache par flocons. Ainsi le bon roseau faisait entendre à Psyché de salutaires conseils. Elle y prêta une oreille attentive, et n'eut pas lieu de s'en repentir; car, en suivant ses instructions, elle eut bientôt fait sa collecte furtive, et retourna vers Vénus, le sein rempli de cet or amolli en toison. "(Apulée)

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Un verd roseau luy dict l'ordre et raison

D'en recouvrer. Ô incroyable chose

Les fiers troupeaux dorment quelques saisons

Mais de Vénus l'ire poinct ne repose.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Sixième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXI. Le coup de grâce de Vénus : elle exige que  Psyché apporte une boite à Proserpine, épouse de Pluton aux Enfers.

 

 

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"Avec un sourire sinistre, et qui présage de nouvelles et plus périlleuses exigences, elle l'apostrophe en ces mots : il faut que tu sois magicienne, et magicienne des plus expertes, pour avoir mis si lestement de telles commissions à fin; mais voici, ma poulette, ce qu'il te faut encore faire pour moi. Prends cette boîte (elle lui en remit une au même instant), et va de ce pas aux enfers, au sombre ménage de Pluton. Tu présenteras la boîte à Proserpine, et tu lui diras : Vénus demande un peu de votre beauté, ce qu'il en faut pour un jour seulement; car toute sa provision s'est épuisée par la consommation qu'elle en a faite en servant de garde-malade à son fils. Va, et ne tarde pas à retourner; car je veux m'en servir avant de paraître au théâtre de l'Olympe." (Apulée)

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À peine estoit Psyché bien retournée

Du long travail de l'heureuse rapine

Qu'elle a trouvé une boite ordonnée

Que sa maîtresse envoye à Proserpine

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXII. Psyché désespérée veut se jeter du haut d'une tour, mais celle-ci lui révèle comment se tirer d'affaire.

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DATE DE 1542 SOUS LE QUATRAIN.

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"Psyché crut recevoir le coup de grâce. Cette fois l'ordre était clair : c'était tout simplement l'envoyer à la mort. Comment en douter ? On voulait que d'elle-même elle descendît au Tartare et visitât les Mânes. Sans plus tarder, elle court vers une tour élevée, avec l'intention de se précipiter du sommet. C'était, suivant elle, le meilleur et le plus court chemin pour aller aux enfers; mais de la tour s'échappe tout à coup une voix : Quelle est, pauvre enfant, cette idée de se jeter ainsi la tête la première ? Pourquoi reculer devant cette épreuve et vous sacrifier sans but ? Votre âme une fois séparée du corps ira bien en effet au fond du Tartare, mais pour n'en plus revenir. Écoutez-moi :

Lacédémone, cette noble cité de l'Achaïe, n'est pas loin; elle touche au Ténare, où l'on n'arrive que par des sentiers peu connus; c'est un soupirail du sombre séjour de Pluton. Osez vous engager dans sa bouche béante : devant vous s'ouvrira une route où nul pas n'a laissé sa trace, et qui va vous conduire en ligne directe au palais de l'Orcus; mais il ne faut pas s'aventurer dans ces ténèbres les mains vides. Ayez à chaque main un gâteau de farine d'orge pétri avec du miel, et à la bouche deux petites pièces de monnaie.

Vers la moitié du chemin infernal, vous rencontrerez un âne boiteux, chargé de fagots. L'ânier, boiteux aussi, vous demandera de lui ramasser quelques brins de bois tombés de sa charge; passez outre, et ne répondez mot.

Bientôt vous arriverez au fleuve de l'Érèbe. Charon est là, exigeant son péage; car ce n'est qu'à prix d'argent qu'il passe les arrivants sur l'autre rive. Ainsi l'avarice vit encore chez les morts ! Ni Charon, ni Pluton même, ce dieu si grand, ne font rien pour rien. Le pauvre en mourant doit se mettre en fonds pour le voyage : nul n'a droit de rendre l'âme que l'argent à la main. Vous donnerez à ce hideux vieillard, à titre de péage, une de vos deux pièces de monnaie. Il faut qu'il la prenne de sa main à votre bouche. En traversant cette onde stagnante, vous verrez flotter le corps d'un vieillard, qui vous tendra ses mains cadavéreuses, vous priant de le tirer à vous dans la barque. La compassion ne vous est pas permise; n'en faites rien.

Le fleuve franchi, vous rencontrerez à quelques pas de vieilles femmes occupées à faire de la toile, et qui vous demanderont d'y mettre la main : ne vous avisez pas d'y toucher, autant de pièges tendus par Vénus, et elle vous en réserve bien d'autres pour vous amener à vous dessaisir de l'un au moins de vos gâteaux : n'en croyez pas la perte indifférente, il vous en coûterait la vie.  

Un énorme chien à trois têtes, monstre formidable, épouvantable, sans cesse aboyant aux mânes qu'il effraye sans leur pouvoir faire d'autre mal, jour et nuit fait sentinelle au noir vestibule de Proserpine; c'est le gardien du manoir infernal. Vous le ferez taire aisément en lui jetant un de vos gâteaux, et vous passerez outre.

Vous pénétrerez ainsi jusqu'à Proserpine, qui vous fera le plus aimable accueil, vous engagera à vous asseoir et à prendre part à un somptueux festin;  mais ne vous asseyez que par terre, et n'acceptez d'autre aliment que du pain noir. Vous exposerez ensuite l'objet de votre mission, et vous prendrez ce qu'elle vous donnera. Cela fait, retournez sur vos pas.  Vous vous rachèterez encore de la gueule du chien au prix de votre second gâteau. Vous repasserez le fleuve, en livrant à l'avare nautonier votre autre pièce de monnaie; vous reprendrez le chemin que vous aurez suivi en venant, et vous reverrez ainsi la voûte céleste:  mais, sur toutes choses, ne vous avisez pas d'ouvrir la boite qui vous aura été confiée, et de porter les yeux sur ce qu'elle renferme. Point de regard curieux sur ce trésor secret de la beauté divine." (Apulée)

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Pour rapporter de sa beauté divine

Ce que Psyché n'espérant pouvoir faire

De se lancer d'une tour détermine

Mais la tour parle, & dresse son affaire.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXIII. Psyché traverse l'Erèbe sur la barque de Charon.

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 Ainsi parla cette tour prévoyante en véritable oracle. Psyché dirige aussitôt ses pas vers le Ténare. Munie de ses deux oboles et de ses deux gâteaux, elle descend rapidement le sentier souterrain;  passe, sans mot dire, devant l'ânier boiteux; donne le péage au nocher, reste sourde aux instances du mort qui surnage; ne tient compte de l'appel insidieux des tisseuses; et, après avoir endormi, en lui abandonnant son gâteau, la rage du gardien infernal, elle pénètre dans la demeure de Proserpine." (Apulée)

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Psyché croit la véritable tour

Deux pains ensembles & deux deniers appreste

Pour contenter d'aller & de retour

Le vieil Charon & le chien deshonneste.

 

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXIV. Elle n'aide pas l'ânier boîteux : c'est un piège !

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(La scène précède la traversée de l'Eurèbe : inversion de panneau ?)

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Et ne voulut accorder la requeste

D'un importun errant & solitaire

Desolager une chose este

Se contentant --- de se taire.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXV. Elle donne un pain à Cerbère aux trois têtes, sous le regard des trois Parques.

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Et se sentant par abbois advertir

Que Cerberus veult

De ses pains ung luy vient departir

Ainsi passa le danger assurée

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVI. Elle demande à Proserpine de remplir la boite d'un peu de la beauté des déesses.

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Ayant passé inévitable porte

Dont le retour à nul homme est permis

Devers la royne au palais se transporte

ou fait et dict ce que l'on luy a commis.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Septième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVII. Psyché ouvre la boite : elle est perdue ! Mais Cupidon la sauve.

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" La boîte au contenu mystérieux lui est remise hermétiquement close; et, après avoir de nouveau fermé la gueule de l'aboyeur avec le second gâteau, désintéressé le nocher avec la seconde obole, elle quitte les enfers plus gaillardement qu'elle n'y était descendue,  et elle revoit et adore la blanche lumière des cieux; mais, tout empressée qu'elle est de terminer sa mission, une curiosité téméraire s'empare de son esprit. (6) En vérité, se dit-elle, je serais bien simple, moi qui porte la beauté des déesses, de n'en pas retenir un peu pour mon usage, quand ce serait peut-être le moyen de ramener le charmant objet que j'adore.

 En disant ces mots, elle ouvre la boîte. De beauté point; objet quelconque ne s'y montre : mais à peine le couvercle est-il soulevé, qu'une vapeur léthargique, enfant de l'Érèbe, s'empare des sens de Psyché, se répand comme un voile épais sur tous ses membres, et la terrasse au milieu du chemin,  où elle reste étendue dans l'immobilité du sommeil ou plutôt de la mort." (Apulée).

 

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A comme il nuict d'estre trop curieuse

Psyché pensant accroistre sa beaulté

Ouvre la boite où peste furieuse

Estoit enclose & mort & cruaulté.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVIII. Psyché aidée de Cupidon rapporte à Vénus la précieuse boite.

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"Cependant la blessure de Cupidon s'était cicatrisée. La force lui était revenue, et avec elle l'impatience de revoir sa Psyché. Il s'échappe à travers l'étroite fenêtre de sa prison.  Ses ailes rafraîchies et reposées le transportent en un clin d'oeil près de son amante. Il la dégage avec soin du sommeil qui l'oppresse, et qu'il replace dans sa boîte. Puis, de la pointe d'une de ses flèches, il touche légèrement Psyché et la réveille :  Eh quoi ! malheureuse enfant, encore cette curiosité qui te perd ! Allons, hâte-toi de t'acquitter de la commission de ma mère; moi, j'aviserai au reste. À ces mots, l'amant ailé reprend son vol, et Psyché se dépêche de porter à Vénus le présent de Proserpine." (Apulée)

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Et si ne feust la grande loyaulté

De Cupidon qui la relieve en vye

Elle mouroit mais ayant rebouté

Les maulx abbasé à Vénus renvoye

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXIX. Amour confie à Jupiter sa peine : Psyché est une mortelle, et ne peut être à ses cotés.

Jupiter envoie Mercure convoquer les dieux.

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"Cependant Cupidon, que sa passion dévore et qui craint, à l'air courroucé de sa mère, que la Sagesse ne vienne à se mettre de la partie, se résout à tenter les grands moyens. De son aile rapide il perce la voûte des cieux, va présenter requête à Jupiter, et plaide sa cause devant lui. Le maître des dieux pince doucement ses petites joues, les attire près de ses lèvres, les baise, et lui dit :

"Monsieur mon fils, vous n'avez guère respecté en moi la suprématie déférée par le consentement des dieux : de moi le régulateur des éléments, le moteur des révolutions célestes, vous avez fait le point de mire ordinaire de vos flèches. Vous m'avez compromis dans je ne sais combien d'intrigues amoureuses avec des mortelles. En dépit des lois, notamment de la loi Julia et de toute morale publique, vous avez chargé ma conscience, aussi bien que ma réputation, d'assez scandaleux adultères. Flamme, serpent, oiseau, bête des bois, bête d'étable; il n'est métamorphose ignoble où vous n'ayez ravalé la majesté de mes traits; mais je veux être débonnaire, et me rappeler seulement que vous avez grandi entre mes bras. J'accède à votre requête; mais arrangez-vous pour qu'elle ne se renouvelle pas. D'autre part, en revanche, s'il se montre là-bas quelques minois hors de ligne, souvenez-vous que vous me devez une compensation." (Apulée)

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Amour aimant une qu'il fit amante

& esprouvant en soy comme aultre il poinct

À Jupitter faict requeste exprimante

L'ennuy qu'il a de Psyché n'avoir poinct

Et dieu qui s'est souvent veue en ce poinct

En eut pitié & commande à Mercure

Qui tous les dieux en mesme instant & poinct

Soubz grande peine assembler il procure

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XL. Jupiter annonce aux dieux sa décision : que Psyché rejoigne les Immortels aux Cieux !

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"Il dit, et ordonne à Mercure de convoquer à l'instant tout le conseil des dieux, sous peine pour chaque immortel absent d'une amende de dix mille écus. Grâce à la menace, on fut exact à la céleste conférence. Alors le grand Jupiter, assis sur un trône élevé, adresse ce discours à l'assemblée : Dieux conscrits du rôle des Muses, vous savez que c'est moi-même qui ai fait l'éducation de ce jouvenceau. Or, j'ai décidé de mettre un frein aux emportements de sa jeunesse ardente. Il n'a que trop fait parler de lui pour des adultères et des désordres de tous genres. Je veux ôter à cette fougue tout prétexte, et la contenir par les chaînes de l'hymen. Il a fait choix d'une jeune fille, et lui a ravi sa fleur. Elle est sa possession, qu'il la garde : heureux dans ses embrassements, qu'il en jouisse à toujours. Se tournant alors du côté de Vénus : Vous, ma fille, dit-il, ne vous affligez pas; ne craignez pour votre rang ni pour votre maison l'injure d'une mésalliance. Il s'agit de noeuds assortis, légitimes, et contractés selon les formes du droit." (Apulée)

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Tost fut rempli soit par crainte ou debvoir

Des immortels le céleste pourpris

Se prend le roy à leur faire scavoir

Qu'il a d'enfance amour et amour pris

 

Combien qu'il fust d'inconstance repris

Et que or voulant à Psyché l'arrester

Il a les deulx l'alliance entrepris

pourtant la faict par Mercure apporter.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLI. Psyché est fêtée par les dieux, les nymphes jettent des fleurs, et c'est le grand bonheur des amants réunis.

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"Il ordonne aussitôt à Mercure d'enlever Psyché, et de l'introduire devant les dieux. Jupiter présente à la jeune fille une coupe d'ambroisie : Prends, Psyché, lui dit-il, et sois immortelle. Cupidon et toi, qu'un noeud indestructible vous unisse à jamais." (Apulée)

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Grand fut l'effet de la douce ambroisie

Qui la purgea d'impure humanité

Grand fut l'honneur l'accueil la courtoisie

Qu'elle receut de celle affinité

Là de plaisirs y eut infinité

Chascun faisant ce qu'il plus le délecte

Trois nymphes ont partout mi & iecte

Mainte fleur belle & fresche violette.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLII. Le déduit bien mérité.

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"Soudain se déploie le splendide appareil des noces. Sur le lit d'honneur, on voyait l'époux tenant dans ses bras sa Psyché; et, dans la même attitude, Jupiter avec sa Junon. Venaient ensuite tous les dieux, chacun selon son rang. Le nectar circule (c'est le vin des immortels); Jupiter a son jeune berger pour échanson; Bacchus verse rasade au reste de l'assemblée. Vulcain s'était chargé de la cuisine. Les Heures semaient partout les fleurs et les roses, les Grâces répandaient les parfums, les Muses faisaient entendre leurs voix mélodieuses. Apollon chanta en s'accompagnant de la lyre, et les jolis pieds de Vénus dessinèrent un pas gracieux, en le réglant sur ces accords divins. Elle-même avait ainsi complété son orchestre : les Muses chantaient en choeur, un Satyre jouait de la flûte, un Faune du chalumeau. C'est ainsi que Psyché fut unie à Cupidon dans les formes. Une fille naquit de leurs amours : on l'appelle la Volupté." (Apulée)

 

 

Quelle parolle escriture ou pensée

Sauroit au vray les plaisirs exprimer

d'une amytié enfin récompensée

Dont le long mal faict le bien estimer.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Les verrières des antichambres.

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La légende de Psyché n'est pas complète dans cette série de la Galerie, car il y manque les deux autres épreuves imposées par Vénus à Psyché, celle du tri des grains de blé, et celle où elle doit puiser l'eau à la source du Styx. Il manque aussi l'épisode dans lequel Psyché, cessant de fuir Vénus, se rend à elle : elle va recevoir une rude correction.

Deux verrières, d'un style différent notamment pour l'écriture des inscriptions, répare partiellement ce manque ; elles sont dans les antichambres de la Galerie.

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ANALYSE . LE VOCABULAIRE  DE L'ECOLE DE FONTAINEBLEAU.

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Sous l'influence de François Ier de retour des guerres d'Italie (et de sa captivité), le château de Fontainebleau (et notamment la Galerie François Ier) est décoré par les peintres Rosso et Primatice de fresques dont l'encadrement en stuc et les boiseries introduit  un vocabulaire nouveau. Cette première Ecole de Fontainebleau développe à partir de 1530  l'utilisation du cartouche autour des inscriptions, (comme dans l'antiquité romaine) en l'associant aux enroulements et aux découpages du cuir, dans une alliance de la raideur et des lignes géométriques de la pierre avec les courbe et les volutes du cuir ou des rubans.

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Je retrouve dans ces vitraux de 1542, notamment dans l'encadrement des quatrains et huitains, tout le vocabulaire de cette Ecole de Fontainebleau, avec les cuirs à enroulement, et les masques de face et de profil, les bugranes, les faunes, les fruits ou légumes vus par dessous, ou les rubans, qui sont l'expression visuelle du thème des Métamorphoses si à la mode à la Renaissance ( et de la confusion des genres humains, animaux et végétaux). Celui qui, vers 1570, sera introduit en Finistère pour la décoration du château de Kerjean (Saint-Vougay).

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/les-sablieres-de-la-chapelle-seigneuriale-du-chateau-de-kerjean-saint-vougay-finistere-par-le-maitre-de-pleyben-vers-1570-1580.html

Je ferai donc dérouler ces encadrements.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLIV. L'épreuve des grains de blé à trier.

Dans l'antichambre suivant la galerie.

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" En proférant ces mots, elle s'élance sur la pauvre Psyché, met sa robe en pièces, lui arrache les cheveux, et lui meurtrit de coups la tête. Ensuite elle se fait apporter du froment, de l'orge, du millet, de la graine de pavots, des pois, des lentilles et des fèves. Elle mêle et confond le tout, et s'adressant à sa victime : Une servante, une créature si disgraciée doit être une habile personne pour avoir su se faire si bien venir. Eh bien ! je veux essayer ton savoir faire.  Tu vois cet amas de graines confondues ? tu vas me trier tout, séparer chaque espèce, et en faire autant de tas. Je te donne jusqu'à ce soir pour m'expédier cette tâche.  Et, après lui avoir taillé cette belle besogne, la déesse sort pour se rendre à un repas de noces.

Psyché ne songe pas même à mettre la main à ce chaos inextricable. Elle reste immobile et stupéfaite d'une exigence aussi extravagante.  Alors la fourmi, chétive habitante des champs, qui pouvait si bien apprécier la difficulté d'une semblable tâche, prend en pitié l'épouse d'un dieu, qu'elle y voit impitoyablement condamnée. Tout indignée de cet acte de marâtre, elle court convoquer le ban des fourmis de son quartier.  Soyez compatissantes, filles alertes de la terre; vite au travail ! une femme aimable, l'épouse de l'Amour, a besoin de vos bons offices.  Aussitôt la gent aux mille pieds de se ruer, de se trémousser par myriades. En un clin d'oeil tout cet amas confus est divisé, classé par espèces, distribué en autant de tas distincts; et zeste, tous les travailleurs ont disparu.

Vers le soir, Vénus revient de la fête, échauffée par les rasades, arrosée de parfums et couverte de guirlandes de roses. Elle voit avec quel soin merveilleux la tâche a été remplie :  Ce n'est pas toi, coquine, cria-t-elle, qui as fait cette besogne. J'y reconnais la main de celui à qui tu as trop plu, pour ton malheur et pour le sien. Là-dessus, elle jette à Psyché un morceau de pain, et va se mettre au lit." (Apulée)

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Vénus despite après luy fit bailler

Un grand monceau de divers grains meslez

Luy commandant de tost les demesler

Et mettre aux lieux pour eux apareillez

Or sont venus les Formiz esveillez

Pour achever ceste tasche baillée

Ce qu'ils font faict, et puis s'en sont allez

Dont trop en est Vénus esmerveillée

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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ANALYSE I. LE VOCABULAIRE  DE L'ECOLE DE FONTAINEBLEAU.

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Sous l'influence de François Ier de retour des guerres d'Italie (et de sa captivité), le château de Fontainebleau (et notamment la Galerie François Ier) est décoré par les peintres Rosso et Primatice de fresques dont l'encadrement en stuc et les boiseries introduit  un vocabulaire nouveau. Cette première Ecole de Fontainebleau développe à partir de 1530  l'utilisation du cartouche autour des inscriptions, (comme dans l'antiquité romaine) en l'associant aux enroulements et aux découpages du cuir, dans une alliance de la raideur et des lignes géométriques de la pierre avec les courbe et les volutes du cuir ou des rubans.

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Je retrouve dans ces vitraux de 1542, notamment dans l'encadrement des quatrains et huitains, tout le vocabulaire de cette Ecole de Fontainebleau, avec les cuirs à enroulement, et les masques de face et de profil, les bugranes, les faunes, les fruits ou légumes vus par dessous, ou les rubans, qui sont l'expression visuelle du thème des Métamorphoses si à la mode à la Renaissance ( et de la confusion des genres humains, animaux et végétaux). Celui qui, vers 1570, sera introduit en Finistère pour la décoration du château de Kerjean (Saint-Vougay).

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/les-sablieres-de-la-chapelle-seigneuriale-du-chateau-de-kerjean-saint-vougay-finistere-par-le-maitre-de-pleyben-vers-1570-1580.html

Je ferai donc dérouler ces encadrements.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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LES VUES DE DÉTAIL.

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XVIII. Psyché, Amour et la Lumière.

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C'est bien-sûr la scène emblématique. Faut-il y voir clair (être lucide), ou croire au monde enchanté qu'on s'est créé ? Faut-il voir l'être aimé tel qu'il est, ou tel qu'on le rêve ? 

Faut-il éclairer l'Amour, ... et le perdre ?

Psyché éclaire Amour à la suggestion de ses sœurs. C'est pour elles qu'elle trahit son invisible amant. Quel est le rôle du Tiers dans la relation amoureuse ?

Finalement, il est toujours dangereux de prétendre "en avoir le cœur net". Et il faut, à travers une série d'épreuve, accepter de n'y comprendre rien pour s'unir à nouveau au Monde.

Etc..., etc..., etc.

 

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XLII. Amour et Psyché.

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XVIII. Psyché, Amour et la Lumière.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIX, où Amour s'enfuit.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIII. Vénus et sa mouette cafteuse.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIII. Vénus et sa mouette cafteuse.

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XXVII.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVIII. Mercure reçoit de Vénus l'ordre de bannissement.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXX. Obtenir la laine des brebis ; le roseau parlant à Psyché.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXII. La tour qui parle.

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XXXIII. Dans la barque de Charon.

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XXXVII.

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XXXVIII.

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XL.

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XLI. 

Notez les nymphes aux ailes ocellées comme celles des papillons.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLII.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLIII.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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La galerie de Psyché à Chantilly.

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XLIV.

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La galerie de Psyché à Chantilly.
La galerie de Psyché à Chantilly.

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SOURCES ET LIENS.

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— ALVES (Jérémy), Lumière de vitrail : Chantilly, la Renaissance et l'Amour.

https://www.coupefileart.com/post/lumi%C3%A8re-de-vitrail-chantilly-la-renaissance-et-l-amour

— APULEE, traduction : Biblioteca Classica  Selecta. Traduction par Nisard 1860.

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Apul/meta03b.html

— GARNIER-PELLE (Nicole), 2009, Les vitraux de la galerie de Psyché, l'Objet d'art, Hors-série n°43, Faton ed.

— LENOIR ( Marie Alexandre), Musée des monumens français, ou, Description ... des statues ..., Volume 6, Peinture sur verre. pages 103

https://books.google.fr/books?id=Mah_8_tpxDQC&pg=PA110&dq=entre+ses+bras+nus+a+nus&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjRqIv00bXqAhUvxYUKHeQQAzUQ6AEwAHoECAAQAg#v=onepage&q=entre%20ses%20bras%20nus%20a%20nus&f=false

 

— [Recueil. Oeuvre de Maitre au Dé] Daddi, Bernardo (1512?-1570). Graveur Nombre total de vues : 157

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7200155p/f77.item

 

— Trung Tran, Ce que l'emblématisation fait à la fiction : autour de l’Amour de Cupido et de Psiché (1546) , Réforme, Humanisme, Renaissance  Année 2013  77  pp. 87-111

https://www.persee.fr/doc/rhren_1771-1347_2013_num_77_1_3330

"En 1546 paraît à Paris chez Jeanne de Marnef, L’Amour de Cupido et de Psiché [L’amour de Cupido et de Psiché mere de volupté, prinse des cinq et sixieme livres de la Metamorphose de Lucius Apulieus Philosophe. Nouvellement historiée, et exposée tant en vers Italiens, que François, Paris, Jeanne de Marnef, 1546. ] . Cette édition – dont Jean Balsamo, dans une étude importante , utilement prolongée par celle d’Olivier Millet , a retracé la genèse et examiné certains des enjeux – donne à lire le récit d’Apulée sous la forme d’une suite de trente-deux huitains décasyllabiques italiens surmontés d’une gravure. En regard de cet ensemble sont apposés des huitains français, transpositions des vers originaux commandés près de dix ans plus tôt par François Ier aux poètes Antoine Heroët, Claude Chappuy et Mellin de Saint-Gelais, et qui subissent, dans l’édition Marnef, un certain nombre de retouches, dues peut-être à Jean Maugin. Ce dernier, dont on sait qu’il fut un collaborateur actif de Jeanne de Marnef puis d’Étienne Groulleau , assortit en tout cas l’ouvrage d’une épître liminaire en vers ainsi que d’une épître en prose faisant suite à sa Psyché. Le volume se clôt sur un ensemble de pièces en vers de sa composition. Les gravures copient quant à elles la série iconographique gravée par le Maître au Dé et Agostino Veneziano, et qu’accompagnaient initialement les poèmes italiens lors de leur parution en 1532 à Rome. Elle inspira, comme on sait, les célèbres vitraux d’Écouen déplacés par la suite à Chantilly . Notre Psyché adopte un dispositif icono-textuel fortement rattaché au genre emblématique  : sur le feuillet de gauche, un riche encadrement enserre l’ensemble formé par l’image et le texte dont les vers français, disposés sur le feuillet droit, constituent la transposition/traduction. Le choix de couler la fable apuléenne dans le moule formel de l’emblème a été peu commenté par la critique. "

— Photos des vitraux :

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_f/chateau-musee-conde_chantilly.htm

— Site :

https://www.mythologie.fr/Chantilly_galerie_Psyche_presentation.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
25 juin 2020 4 25 /06 /juin /2020 15:05

Les vitraux civils (XVIe et XVIIe siècles) de l'ancien hôtel de ville (Musée historique) de Mulhouse et les armoiries de ses bourgmestres.

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Voir :

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PRÉSENTATION.

Le premier hôtel de ville construit en 1431 fut détruit par un incendie en 1551 et reconstruit en 1552 par Michel Lynthumer, architecte bâlois, sur les mêmes fondations ; un deuxième bâtiment fut construit à l'arrière en 1510 pour abriter la cave dîmière et les archives de la ville, ainsi que les bureaux du greffier syndic (chancellerie) ; transformations intérieures au cours du 19e siècle (escalier du 1er au 2e étage) ; tout en conservant la salle du conseil, les services municipaux quittent ce bâtiment en 1958 et le musée historique y est ouvert en 1969 ; une galerie reliant les 2 bâtiments à été reconstruite en 1637 et surélevée en 1778.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-plan-de-mulhouse/92b2d1b9-9be6-4572-9e78-5e2b132d2905

Données historiques : le lien avec la Confédération Suisse.

En 1342, Mulhouse s'était alliée à six villes impériales d'Alsace, ligue qui s'était étendue et avait constitué en 1354 la Décapole. Cette protection étant peu efficace pour se défendre contre les prétentions des Habsbourg, Mulhouse se tourna vers la Confédération, conclut une alliance défensive de vingt-cinq ans en 1466 avec Berne et Soleure, quoique
Mulhouse fût entièrement entourée par les possessions de l'Autriche ennemie. elle reçut une garni-
son suisse, et, en 1468, douze mille confédérés se réunirent dans les plaines de l'Alsace, pour défendre
Mulhouse contre une armée autrichienne, qui se dispersa bientôt.  Cet appui protégea donc la ville lors de la guerre des Six Deniers (Sechs-Plappert-Krieg, 1466) et de la guerre de Mulhouse ou du Sundgau (1466-1469), qui l'opposèrent aux nobles des alentours.

En 1515, elle quitte la Décapole pour conclure une alliance avec les Cantons de la Confédération suisses. La cité devenant par conséquent une république libre et indépendante sans aucun lien politique avec le reste de l'Alsace, son destin allait rester distinct de celui de la région pendant plusieurs siècles. Parce qu’elle était alliée à la Confédération Suisse, Mulhouse fut épargnée par les conflits environnants, tels la Guerre de Trente Ans, qui frappa violemment la région. Mulhouse servit alors de refuge aux habitants des alentours. (Wikipedia).

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Des vitraux peints à l'émail ; le rapport avec les vitraux suisses.

Tous les vitraux sont postérieurs à cette date de 1515 (sauf celui de 1512). Il est intéressant de les comparer aux "vitraux suisses" et notamment à la belle collection du Louvre et celle de Cluny.

Caractères des vitraux de l'Hôtel de ville.

Ce sont des vitraux civils, et nous gardons peu d'exemple d'une pratique jadis répandue (Galerie de Psyché à Chantilly ; Le Clos Lucé ; Palais Jacques Cœur), sauf, précisément, en Alsace.

Leurs dimensions, qui sont petites,  sont accordées à des vitrages de fenêtres (et non des fenêtres entières), soit environ 60 cm de haut sur 50 cm de large.

Ce sont des vitraux de donation, où les donateurs sont principalement les bourgmestres et membres du Conseil siégeant  dans la Salle du conseil de l'Hôtel de ville. La part donnée à l'héraldique est importante, tout comme celle donnée aux inscriptions et chronogrammes. Les armoiries sont soit celles des donateurs, soit celles des villes alliées. Les fonds sont damassés, y compris ceux des armoiries.

Ils ont un fort intérêt historique, ou du moins l'Histoire y est fortement présente, soit que la verrière célèbre ou rappelle des événements fondateurs, soit qu'elle reproduise un précieux plan de la ville, soit qu'elle garde la mémoire d'un notable.

La précision et la minutie incitent à les regarder "à la loupe" car c'est la peinture sur verre qui l'emporte sur l'assemblage de verres colorés.

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Mes difficultés de documentation.

Lors de ma visite du Musée en 2016, aucun cartel n'attirait l'attention du visiteur sur ces vitraux, et a fortiori, aucune description n'en était proposée. Je n'ai pu avoir accès (il n'est pas en ligne) à la description de l'Hôtel de ville par Shoenhaupf et Meininger (1892) ; je ne possédai pas le volume du Corpus vitrearum consacré aux vitraux d'Alsace et de Lorraine (1994), mon interrogation des moteurs de recherche fut peu fructueuse. Je me suis donc lancé dans une description personnelle des vitraux, et, arrivé presque à son terme, j'ai découvert LE site nécessaire, celui de l'Inventaire Général en Alsace avec les notices de Françoise Gatouillat, Brunoi Decrock et Marie-Philippe Scheurer.

J'en ai fait mon miel, comme on l'imagine, pour combler mes lacunes, mais cet article reste néanmoins un travail personnel ... dont j'assume les imperfections.

 

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Liste des 15 verrières présentées.

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Hommage à roi Henri IV par les bourgmestres de 1623. 

Blason aux armes de l'empire germanique.

Vitrail de 1571. Saint Ours et saint Victor patrons de la ville de Soleure en Suisse.

Blason de la ville de Mulhouse présenté par deux anges.

Plan de Mulhouse offert par les bourgmestres en 1666.

Blason de Jérémie Rüssler "Herr Jeremias Rüssler des Raths und Sekelmeister zum Müllhausen".

Armoiries de la ville de Bâle.

La fondation légendaire  de la ville de Berne. 1512.

Verrière héraldique de "Heinrich Rilsler Burgermeister zum Mülhausen anno 1639".

Verrière héraldique de "Jacob Heinrich Petri Burgermeister zuo Mülhausen IV anno 1639".

Verrière héraldique de trois notables en 1599.

Calvaire avec les  armoiries de Hans Geiss et inscription datée de 1603.

Verrière aux armes de Hans Geiser.

Panneau aux armes de Haussmaser, meunier, et de son cousin Wanermacher, bourgeois de Thun (Suisse) daté de 1650.

Panneau aux armes de Hans Hartmann, bourgmestre de Mulhouse, daté de 1585.

 

 

 

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Hommage à roi Henri IV par les bourgmestres de 1623. 

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Ce panneau commémoratif  a été exécuté par un maître verrier H.F en 1615 (monogramme et date inscrite), et offert par les bourgmestres de Mulhouse, Caspar Dollfus, Jacob Ziegler, et  Jean Ulrich Schlumberger et le greffier Jacob Henri Pétri, en 1623 ; la représentation s'inspire de deux gravures de Léonard Gaultier et de Johann van Halbeeck.

Cette verrière en verre transparent, coloré, peint à la grisaille sur verre, au jaune d'argent, et à l' émail sur verre  mesure 68 cm de haut sur 52 cm de casse ; les verres brisés sont réparés par des plombs de casse.

 

L'inscription dédicatoire de trois bourgmestres de Mulhouse et du greffier au roi Henri IV est suivie au registre inférieur par les  armoiries des bourgmestres et du greffier. Elle fait l'èloge de Henri IV et mentionne son décès le 14 mai 1610 " à 57 ans 4 mois et 21 jours". Le texte mentionne aussi Nicolas Hofer, probablement de la famille de Jean et Mathias Hofer mais que je n'identifie pas sous ce prénom Nicolas.

Transcription partielle :

Hic cum omnium Europae principim oculos in se confectos haberet consilia vero et cogitationes omnes ad Christiani orbis commoda provehenda dirigeret, neanteactae vita gloriam novis laudibus victorius triomphis domi forisque accumularet ad IV non, maii anno sal. MDCX aetatis suaae LVII mense IV die XXI animo et armis  ...

HEU GALLIA indignissime in perfectus dehinc vero aeternum victurus HANC APUD CONFOEDERATOS MYLHUSINOS

immortalitatis memoriam B.M. MERUIT. Casparo Dolfussio IV Jacobo Zieglero Petri cons : F . VIII Jan Huldico Schlumperger H. consulibus Nicola Hofero aedile Jacobus Eric Petraeus Cancellarius. P.C.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Caspar Dollfus.

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Armoiries : d’azur à la croisette d’argent, accompagnée en chef, à dextre et à senestre, d’une étoile d’or, en pointe un pied humain de carnation, le tout soutenu d’un mont à trois coupeaux de sinople.

Cimier : un buste de Maure, sans bras, tortillé d’azur et d’or, vêtu d’azur et chargé d’une croisette d’argent.

Lambrequins : d’azur et d’or.

http://www.crdp-strasbourg.fr/data/albums/dollfus/index.php?img=4&parent=43

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Jacob Ziegler.

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"Jacques Ziegler fut bourgmestre de Mulhouse de 1611 à 1626, comme son père qui occupa ce poste de 1578 à 1596. Ce furent les derniers de leur lignée. Leurs armes se blasonnent ainsi selon E . Meininger  : De gueules à une forme à tuiles croisetée de deux roses d'argent à tige de sinople dans une couronne de lauriers de sinople, garnie de quatre roses d'argent et posée sur trois coupeaux de sinople. Cimier: la forme à tuiles de l'écu au milieu d'un vol coupé de gueules et d'argent alternant . Lambrequins: un manteau de gueules doublé d'argent et bordé d'or." (E. Meininger)

La forme à tuiles indiquerait que l'ancêtre exerçait la profession de tuilier.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Johan Ulrich Schumberger.

Jean Ulrich SCHLUMBERGER est né à Mulhouse le 24 juin 1555 et y est décédé le 5 décembre 1635. Il exerçait la profession de tanneur, et devint bourgmestre de sa ville. Son père, tanneur également, portait le prénom de Claus et était né à Setzingen. Jean Ulrich épousa Rosina Biegeisen en 1583 puis Barbara Zurcher  en 1603. De Rosina naîtra un autre Jean Ulrich, père lui-même d'un Jean Ulrich, etc..

"Schlumberger (branche aînée). Famille originaire de Setzingen, près d'Ulm, où des documents authentiques la mentionnent dès 141 8. Vers le milieu du xvi e siècle, plusieurs membres de cette lignée se sont fixés à Mulhouse, mais deux branches seulement ont poursuivi leur descendance, jusqu'à nos jours. Celle qui parait être l' aînée, remonte à Nicolas Schlumberger qui se fixa à Mulhouse en 1545, année où il lut reçu à la tribu des Bouchers. L'inscription y relative mentionne qu'il paya un schilling pour la peinture de ses armes sur le tableau de la tribu. Il mourut en 1557 . Dans un document traitant de sa succession, il est question d'un bahut lequel étaient sculptés les blasons du défunt et de femme, Catherine Eck.

Son fils unique, Jean Ulric, fut bourgmestre de 1620 à 1636. On conserve de lui, dans la famille, un gaufrier à ses armes et à celles de sa femme, Rosine Biegeisen, daté de 1608.

Au Musée Saint-Jean existe la pierre tombale du fils de ce dernier, s'appelant aussi Jean-Ulrich, mort en 1661 sur laquelle se trouvent également son blason et celui de sa femme, Anna Bürlin.

Ces trois Schlumberger étaient tanneurs de leur profession. Les armoiries du gaufrier et de la pierre tombale y font allusion et se blasonnent ainsi: En pointe trois coupeaux surmontés de trois étoiles a six rais, placées 1 et 2, au-dessus desquelles est posé un peloir sommé d'une croix. Cimier : un lion issant.

La croix fait peut-être allusion au fait que plusieurs ancêtres directs des intéresses occupaient la charge de bailli de l'ordre Teutonique à Setzingen.

Pétri, en créant son tableau des bourgmestres, a supprimé, avec raison, le peloir comme accessoire individuel. Le blason ainsi modifié, devenu officiel pour ses descendants, est le suivant : D'azur à trois étoiles à six rais d'or, 1 et 2, accompagnées en chef d'une croisette de même (et en pointe d'un mont de trois coupeaux?). Cimier: un lion à queue fourchue issant d'or, armé et lampassé de gueules. Lambrequins : d'azur et d'or.

https://archive.org/details/lesanciennesarmo00mein/page/56/mode/2up?q=schlumberger

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Jacob Heinrich Petri,   Reichenfelz.

Il fut bourgmestre de 1633 à 1660. Il est l'auteur d'une histoire de Mulhouse, Mülhauser historien bis 1622 von Jacob Heinrich Petri.

"Jacques Heinrich Petri était originaire de Bâle et fut appelé, en 1620, au poste de greffier-syndic de Mulhouse, en remplacement de Jean-Georges Zichle, également Bâlois, décédé en mars de la même année. Pétri était un élève de Wurstisen, l'historien bâlois, et contracta chez lui le goût de l'histoire, de la généalogie et de l'art héraldique. La généalogie surtout l'attirait, et l'on possède de lui toute une série d'études de ce genre qu'il inséra dans sa première rédaction de la chronique de Mulhouse, datant de 1626, et pour laquelle il obtint du magistrat une récompense consistant en un gobelet en vermeil, pesant environ 30 onces, aux armes de la ville. Il rédigea également une Histoire de la famille des nobles Zu Rhein*, la Généalogie de la famille Lœscher et d'autres.

En 1633, Jacques Henric-Pétri fut nommé bourgmestre de Mulhouse, grâce à son mariage avec la fille du bourgmestre Jacques Ziegler (plus tard il s'allia à la vieille lignée des bourgmestres Hartmann), et, dés lors, il reprit en sous-œuvre l'histoire de la ville, qu'il compléta considérablement. Cette seconde rédaction date de 1640. Elle lui valut un nouveau don d'honneur consistant, cette fois, en un gobelet d'or.

Il était le fils de Jacques-Heinri Petri, juriste distingué de Bâle décédé de 1663" (E. Meininger)

Mulhouse connut durant la seconde moitié du XVIe siècle un bel essor: acquisition de territoires, reconstruction en 1552 de l'hôtel de ville de 1431, ravagé par un incendie en 1551, édification des "poêles" des tribus, c'est-à-dire des salles à boire des corporations (Zunftstube). La cité était alors servie par de grands commis de Bâle, Jean-Georges Zichle, Théobald Lauterburg, Jean-Henri Wild, André Gissler et, au XVIIe siècle, par Jacob Petri, ami de Johann Rudolf Wettstein, le bourgmestre de Bâle à qui Mulhouse dut son sort privilégié lors du traité de Westphalie: contrairement au reste de l'Alsace devenue française, la ville resta indépendante.

Je ne trouve pas le blasonnement de ces armoiries. Un bras sortant de nuées frappe avec un marteau sur une enclume faite de trois rochers, tandis qu'un visage de profil, émergeant aussi de nuées, souffle des  flammes. Le cimier reprend l'image d'un bras tenant un marteau de forgeron.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason aux armes de l'empire germanique.

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Panneau  de 80 cm de haut et 52 cm de large en verre transparent, verre coloré, peint à la grisaille et à l'émail sur verre, aux armes de l'empire, très restauré en 1887 et conservant peu de pièces anciennes du 16e siècle. L' écu est d'or à un aigle de sable à 2 têtes couronnées, aux ailes éployées.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-l-empire-germanique/72d91966-dcf1-46e7-9f7c-3a7baacfdeb3

 

"Mulhouse ville d’EmpireC’est le traité passé, en novembre 1308, entre l’évêque de Strasbourg et Henri VII élu par les princes-électeurs d’Allemagne, qui fait de Mulhouse une ville relevant immédiatement de l’Empire germanique. La cité a l’obligation de prêter serment de fidélité et de verser le tribut d’Empire (ou « Reichsteuer »). En 1354, elle devient membre de l’alliance conclue entre les dix villes impériales d’Alsace, la Décapole."  https://books.openedition.org/pumi/34731

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail de 1571. Saint Ours et saint Victor patrons de la ville de Soleure en Suisse.

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Ce panneau aux armes de la ville de Soleure et de l'Empire, exécuté en 1571 mesure 65 cm de haut et 52 cm de large. C'est une verrière en verres transparents, ou colorés peints à l'émail sur verre,ou à la grisaille avec emploi de verre roue gravé (bannière helvétique) . Le registre supérieur aligne les 20 armoiries des villes du canton de Soleure. Le registre principal montre saint Ursus et saint Victor qui sont les protecteurs de la ville de Soleure en Suisse (la cathédrale de la ville leur est dédiée). Un cartouche inférieur porte une inscription relative à la ville de Soleure et à l'Empire : SOLOTHURN DER ALLTE STUHE ZU ALBRAHAMS ZÜFF SEIN URFPRUNG NAM ALS NINUS DER ERST -----ARCH ---VIE UNS DIE BÜCHER ZÜGEND ZIVAR. SCHRIER IN S-RIEN NEM ZU FÜN SY SVELL ALLZEIT –SCHWESTER S¨YN, 1571.

Saint Ursus tient la bannière Suisse rouge à croix , et saint Victor celle de Soleure, rouge et blanche.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-la-ville-de-soleure-et-de-l-empire/cccd9b9a-3e7e-46f9-a765-fb097d0c35a9

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Ursus de Soleure était un chrétien romain du IIIe siècle vénéré comme un saint . Il est le patron de la cathédrale catholique romaine de Soleure , en Suisse , où se trouve son corps. Il a été associé très tôt à la Légion thébaine et à Victor de Soleure , par exemple dans le martyrologe romain . La Vie d'Ursus a été écrite par Saint Eucherius de Lyon au 5ème siècle; il raconte qu'Ursus a été torturé et décapité sous l'empereur Maximien et le gouverneur Hyrtacus pour avoir refusé d'adorer des idoles vers 286. 

The St. Ursus Cathedral (Cathedral of St. Ursus) or Solothurn Cathedral is the cathedral of the ... External links[edit]. Media related to Cathedral Saint Ursus at Wikimedia Commons ..

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Ursus, barbu,  porte une armure complète et un casque à plumet blanc, avec une chaîne d'or auquel est suspendu un crucifix. Les solerets sont de type "pied d'ours".

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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 Victor à la longue barbe blanche, est protégé par une cuirasse. On le comparera à cette gravure de Hans Manuel représentant un mercenaire suisse en 1547. On retrouve les taillades des chausses , et les manches lacées avec des aiguillettes, ou la braguette avantageuse.

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Hans Rudolf Manuel, Mercenaire suisse, 1547, gravure sur bois, Historisches Museum Bern copyright

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Fenêtre de l'étage du Musée (Bâtiment antérieur, salle du conseil ) : deux verrières.

 

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de la ville de Mulhouse présenté par deux anges.

 

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Ce panneau de la 1ère moitié du 15e siècle, de 56,5 cm de haut  et 52 cm de large a été  très restauré : l' écu d'argent à la roue de moulin [à huit aubes de gueules] sur fond bleu damassé, les pièces du fond et de l'encadrement ont été  remplacés en 1887 (verre gravé pour l'écu). 

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-la-ville-de-mulhouse/4eb79283-677c-460a-8590-ae52050b4dae

Ce sont des armes parlantes puisque Mülhausen signifie "maisons du moulin".

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Plan de Mulhouse offert par les bourgmestres en 1666.

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Ce panneau de 60,5 cm de haut et 43 cm de large  reproduit le plan de la ville dressé par Mathieu Merian, daté 1666 ; commandité par les trois bourgmestres, Abraham Heinrich Petri, Jeremias Rissler, Isaac Zuber.  

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Mulhusium Alsatiae - Mühlhausen est une gravure à l'eau-forte de Mathieu Merian l'ancien (Bâle 1593 - Bad Schwalbach 1650) représentant une vue en plan de la ville de Mulhouse (Haut-Rhin), entourée de ses remparts, dans la première moitié du XVIIème siècle. Né à Bâle en 1593, Mathieu Merian l’ancien fut un graveur de renommée européenne spécialisé dans les paysages et les vues topographiques. La "Topographia Germaniae" et la "Topographia Helvetiae" sont les deux œuvres maîtresses de ce graveur qui possédait sa propre maison d’édition à Francfort-sur-le-Main. Celles-ci parurent en 16 volumes de 1642 à 1654 et furent achevées par ses deux fils après sa mort à Bad Schwalbach en 1650. C'est en 1640 que Merian demanda à la municipalité de Mulhouse de lui fournir un plan de la ville pour servir de base à son ouvrage topographique qui devait inclure les principales villes de Suisse et d’Allemagne. Le plan qui existait n'étant pas assez précis, la ville demanda donc au peintre Hans Ulrich Loescher d'en réaliser un autre qui soit à la hauteur des exigences topographiques de Merian. Ce nouveau plan fut gravé et publié par Mathieu Merian en 1642 dans "Topographia Helvetiae". (Bellefrance.fr)

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Mulhusium Alsatiae - Mühlhausen, Mathieu Merian 1640.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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"La situation de Mulhouse sur l’Ill renvoie au rôle fondamental de l’eau dans la naissance d’un noyau urbain. L’Ill descend du Jura vers la plaine d’Alsace ; elle est officiellement utilisée par la cité, comme moyen de défense, dès le début du xve siècle : en déviant le cours d’eau de part et d’autre des remparts de la ville, les Mulhousiens l’encerclent d’un triple réseau de fossés. Ils vont permettre, par la même occasion, l’installation de moulins, foulons, scierie et aiguiserie, présents sur le plan gravé par Matheus Mérian en 1642. Traversant la cité, deux ruisseaux dits « Stadtbächlein » alimentés par les eaux des fossés, sont utilisés par les artisans en particulier les tanneurs. La ville a subi de nombreuses crues de l’Ill, son sol gorgé d’eau alimente de nombreux puits et fontaines.https://books.openedition.org/pumi/34731

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Le cartouche central indique : "Die löblihe statt Mülhausen im Elsäs anno 1666".

Elsaß qui a donné Alsace, associe El- (Ell désignant la rivière Ill) et saß qui viendrait du verbe sitzen (se trouver, être assis).

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Le registre supérieur réunit les trois blasons des trois notables Petri, Risler et Züber.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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"Herr Adam Heinrich Petri der Zeit statt schreiber zu Mulhausen . 1666."

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Adam Heinric Petri (1639-1675) est le fils de Jacob Heinrich Petri, greffier en 1620 puis bourgmestre de 1633 à 1660. Il a été greffier de la ville. Il épousa Barbara Engelmann.

Les armoiries sont très semblables à celles, déjà présentées, de son père.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Jérémie Rüssler "Herr Jeremias Rüssler des Raths und Sekelmeister zum Müllhausen".

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"Des raths" signifie qu'il est membre du Conseil, et "Sekelmeister qu'il était trésorier. Le Conseil était formé des trois bourgmestres, des  neuf conseillers, de six zunftmestres et de zunftmestres anciens. 

Armoiries : De gueules à une fleur-de-lis d'argent. Cimier : la fleur-de-lis d'argent entre deux proboscides d'argent. Lambrequins de sable et d'argent.

On retrouve ces armoiries sur le dessin d'un projet de vitrail de 1642 donnant les armoiries des chefs de la tribu des Agriculteurs. E. Meininger donne la reproduction de ce dessin dans sa planche XIV. Le blason qui nous intéresse porte dans cette planche la mention Hr Hanss Riszler, des Raths.

Et nous retrouverons cet écu plus bas à propos de Heinrich Risler.

https://archive.org/details/lesanciennesarmo00mein/page/80/mode/2up

Jérémie RISLER est né le 5 septembre 1616 à Mulhouse, et y est décédé le 6 février 1685.

 

http://www.koechlin.net/index.php/fr/genealogie-koechlin/genealogie-actuelle/koechlin-genealogie-recherche/jt-0-a-1/1!I5751

"Famille d’artisans, de tanneurs et de pasteurs d’origine suisse et de la région de Montbéliard, venue à Mulhouse, fuyant les mesures à l’encontre des protestants. Leur rôle dans les tribus des métiers leur permet d’accéder aux premiers rangs de la cité. Composée par la suite d’apothicaires et de médecins, elle comportera des commerçants de tissus et des fabricants de textile. Le dynamisme familial par des liens matrimoniaux noués avec d’autres manufacturiers, leur permet de devenir promoteurs de l’industrialisation en Alsace du Sud. Un descendant, Georges-AIphonse Risler, est le fondateur d'une filature à Cernay ; un autre, Georges Risler fut promoteur de l’habitat social.

La famille est arrivée au XVIe siècle à Mulhouse, petite république indépendante, pour fuir les mesures de l’évêque de Bâle, Melchior de Lichtenfels à l’encontre des calvinistes. Les membres de la famille modifient leur nom de Rossel en Risler. Catherine, l’une des filles de Henri Risler (1589-1643), épouse en 1604 Gaspard Dollfus (1570-1634), bourgmestre. de Mulhouse, venu de Rheinfelden et installé comme forgeron et coutelier. Son cousin Jean Risler (1597-1665) lui succède de 1656 à 1665. Jérémie Risler sera bourgmestre de 1666 à 1685, Jean Risler (1630-1710) de 1685 à 1695, Nicolas Risler (1640-1710) apothicaire de 1760 à 1778. Huit Risler figurent sur le tableau armorié des bourgmestres de Mulhouse."  http://www.memoire-mulhousienne.fr/files/downloads/risler-famille.pdf

En 1642, Henri Risler était bourgmestre, Jean Risler était conseiller, et Daniel sexvir de la tribu des Agriculteurs.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Isaac Züber : "Herr Isaac Züber dess Raths und Se-elmeister der Statt Müllhausen".

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries de la ville de Bâle.

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Ce panneau de la 1ère moitié du 16e siècle, restauré en 1887 par Kuhn, mesure 63,5 cm de haut et 52 cm de large. Il porte les armoiries d'argent à la crosse stylisée de sable de la ville de Bâle, présenté par deux basilics aux queues nouées.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-la-ville-de-bale/e7736be7-0cfd-4f3f-a904-e9349f5ecea9

 

La crosse rappelle que Bâle était une ville épiscopale ; mais la crosse devint noire à la Réforme.

"L'introduction du basilic, monstre fabuleux mi-coq, mi-serpent, parmi les tenants héraldiques utilisés sur les blasons de Bâle, comme l'ange, le lion, l'homme sauvage, est due à la prolifération vers la fin du Moyen Age de légendes sur la fondation de la ville, où il était question de cet animal. L'artiste de Bâle, non connu, qui a créé ce vitrail, a réussi à représenter ces monstres de façon frappante. On craignait leur regard mortel et le venin sorti de leur bec. Les basilics, tout comme l'écusson de la ville, soutiennent la bannière d'honneur octroyée en 1512 à chaque membre de la Confédération par le pape Jules II en signe de gratitude pour leur conquête de Pavie. La bannière de Jules frangée d'or porte en haut dans le coin gauche une représentation de l'Annonciation. Les personnages et animaux représentés sur les écoinçons se réfèrent à la légende de la fondation de Bâle: un homme armé tend un miroir au basilic afin que le monstre succombe à son propre regard meurtrier." https://www.hmb.ch/fr/musees/objets-de-la-collection/vue-simple/s/vitrail-des-armoiries-de-la-ville-de-bale/

Le basilic tire son nom du grec ancien basiliscon "petit roi", ce qui n'est pas sans rapport avec le nom Basilea utilisé par Ammian Marcellin pour désigner Bâle.

Les couleurs des verres sont très belles, le corps des animaux est un bleu clair, partiellement gravé, puis peint au jaune pour obtenir par endroit du verre. Les pustules sont sans doute gravées à la molette. Fond violet damassé.

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On comparera cette verrière à celle du musée historique de Bâle :

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Musée historique de Bâle.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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La fondation légendaire  de la ville de Berne. 1512.

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Ce panneau rectangulaire de 63 cm de haut sur 45 cm de large en verres colorés et verres transparents,  peints à la grisaille  représente la fondation légendaire de Berne (Suisse), avec Berthold V de Zaehringen au pied de l'ours emblématique de la ville, un tronc issant de sa poitrine, exactement comme Jessé dans les Arbres de la généalogie du Christ. Mais à la place des rois de Juda, les branches portent ici  les armoiries des villes et bailliages du canton de Berne. Près du duc sont figurées non pas les armoiries de la maison de Zähringen d'or à l'aigle éployée de gueules, mais celles de gueules au lion d'or.

Il aurait nommé la ville en 1191  d'après le nom de l'ours (Bär en allemand) qu'il aurait tué dans les forêts voisines. C'est cet ours qui est figuré, tenant une hallebarde en main droite et entourant le tronc de l'Arbre, comme s'il était co-fondateur de la ville. En contre-point, à droite, c'est la ville qui est peinte avec ses remparts et ses tours. Le fondateur est entouré d'un ruisseau, en rappel du ménadre de l'Aar où est installé la ville.

 

Les armoiries de Berne sont les premières à droite et à gauche : De gueules à la bande d'or chargée d'un ours passant de sable [armé, lampassé et vilené de gueules].

De nombreuses armoiries sont en verre rouge doublé et gravé (dont la couleur est poncé à l'émeri ou à la molette, le verre blanc étant éventuellement peint au jaune d'argent).

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription.

Elle fait, sur deux lignes, le tour du faux cadre en plein cintre et débute par HERZOG BERCKDALD VON ZERINGEN. Elle s'achève par la date de 1512.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Monogramme HF de Hans Funk, peintre-verrier.

Le monogramme HF placé tout en bas est interprété comme celui de Hans Funk, de Munich.

"vers 1470 à Zurich, fin 1539 à Zurich, de Zurich. Fils de Hans, vitrier et peintre sur verre. Frère d'Ulrich . ​1) Madlen Gasser, 2) Anna Lustorfer. Peintre sur verre établi à Berne vers 1500, grand sautier dès 1512, membre du Grand Conseil dès 1519, Funk fut banni de la ville en 1539 pour avoir tué un confrère. Son œuvre, influencée par Nicolas Manuel, atteste qu'il fut l'un des premiers peintres sur verre suisses de son époque. Il employait vraisemblablement plusieurs collaborateurs et comptait parmi sa clientèle les conseils de Berne, de Fribourg et de Bâle, des dignitaires ecclésiastiques, ainsi que des familles patriciennes de Suisse et de l'étranger. Plusieurs de ses vitraux existent encore, dont celui de Berne à l'hôtel de ville de Mulhouse (1512), ceux de l'abbaye de Wettingen (1522) et des vitraux héraldiques à l'hôtel de ville de Lausanne (vers 1528). "Dictionnaire historique de la Suisse

https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/018308/2018-01-11/

 

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière héraldique de "Heinrich Rilsler Burgermeister zum Mülhausen anno 1639".

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Ce sont les mêmes armoiries déjà présentes sur le blason de Jérémie Risler sur la carte de 1666.

Heinrich Risler fut effectivement bourgmestre de 1634 à 1643.

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Heinrich RISLER le jeune est né le 10 août 1589 à Mulhouse. Il est décédé le 15 novembre 1643 à Mulhouse d'apoplexie. Heinrich a épousé Catharina HARTMANN le 20 juillet 1612 à Mulhouse.
Heinrich était mercier, drapier à Mulhouse. Il était admis à la tribu des Tailleurs le 23 août 1612 à Mulhouse. Il était admis à la tribu des Vignerons le 24 janvier 1613 à Mulhouse. Il était reçu arbalétrier en 1617 à Mulhouse. Il était admis à la tribu des Bouchers le 5 février 1617 à Mulhouse. Il y était zunftmestre en 1625 , conseiller en 1626 et bourgmestre entre 1634 - 1643 .

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Dans une composition marquée par la Renaissance italienne, les armoiries sont placées dans une architecture factice ménageant deux niches  pour deux vertus cardinales, la Justice et la Prudence. Ces niches reposent sur des consoles décorées de scènes mythologiques ou romaines d'une finesse d'exécution remarquable.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière héraldique de "Jacob Heinrich Petri Burgermeister zuo Mülhausen IV anno 1639".

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Ce panneau est de la même veine que le précédent, et est placé sur la même fenêtre. Les armoiries déjà examinées de Jacob Heinrich Petri sont encadrées par les vertus de la Justice et de la Charité (une des trois  vertus théologales). En bas à gauche Moïse brise les tables de la Loi. Puis le Bon Samaritain et le Jugement de Salomon.

Ce panneau de 57 cm sur 46cm  aux armes du bourgmestre de Mulhouse Jacob Heinrich Petri, daté de 1639 est attribué à Jean Zetter, peintre verrier de Mulhouse qui travailla pour l'hôtel de ville à cette date ; il pourrait appartenir au mobilier d'origine. Il est peint à l'émail. Très bonne conservation. Quelques plombs de casse. 

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-no2/eff84c4f-a75e-414e-9d29-a1043eb2578f

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière héraldique de trois notables de Mulhouse en 1599.

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 Bâtiment antérieur deuxième étage : verrières pièce nord, côté ouest. Panneau de 47 cm su 43 cm.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-no3/b18b5aa6-dd69-4a41-b876-cd52190a1133

Il y a trois blasons correspondant à trois inscriptions. L'ensemble est présenté par deux lansquenets aux chausses mi-parti et porteurs de hallebarde.

-L'inscription indique en haut SIMON ANDREAS GRÜNEUS DES RATHS ZU MILHAUSEN 1599, inscription qui correspond au blason d'azur au pal d'or chargé d'un serpent ondoyant en pal du premier. Le cimier porte  en pal deux serpents s adossés les queues entrelacées.

-L'inscription en bas à gauche indique CLAUS HOFFER DIESER ZEIT SCHAFFNERIM BFRUNDKAUSZ ZU MILHAUSEN. 1599.  Claus, ou Niclaus, correspond à Nicolas. Le blason a été décrit par Meininger. "Celles de Nicolas Hofer, qui devint bourgmestre en 1626, n'y sont pas celles que lui attribue, en 1642, Pétri, son successeur direct dans cette charge, en 1633. Ce sont encore les anciennes, dans leur forme primitive, portant : Trois coupeaux de sinople, celui du milieu sommé d'un 4 contourné et croiseté de sable. Cimier : un buste d'homme issant, habillé d'or et de sable, au bonnet albanais d'or retroussé de sable, tenant dans chaque main des roses de gueules tigées et feuillées de sinople. Lambrequins : de sable et d'or. Le nouveau blason de Nicolas Hofer est : Parti d'argent et de gueules, à un homme d'armes revêtu de son armure et coiffé d'un heaume, ayant un manteau de gueules jeté sur l'épaule dextre et dans la main dextre une massue d'or."

-L'inscription en bas à droite indique CASPAR BURCKHARDT DEISER ZEIT SCHAFFNER IM SPITAL ZU MILHAUSEN. Les armoiries montrent une tour dont l'entrée est munie de herse, sommée d'une étoile, sur fond bleu et jaune. Le cimier reprend la tour sommée d'une étoile

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E. Meininger décrit un dessin préparatoire :

"Il existe au Musée un dessin à la plume d'un vitrail de 1599, dû à Josse Murer, de Zurich, sur lequel figurent trois armoiries : Simon-André Grynaeus, conseiller, Nicolas Hofer, économe de l'hospice, et Gaspard Burckhardt, économe de l'hôpital."

Nous apprenons ainsi le nom de l'auteur du vitrail, Josse Maurer, d'une famille de peintres-verriers de Zurich (Josias, Christophe et Josias junior).  Il faudrait peut-être rechercher leur monogramme, mais je ne découvre que la mention "Louis Herion, Zürich", qui a créé de toute pièce cette verrière sur le dessin de Josse Murer. En effet, "le comité du Musée historique avait demandé en 1911 au maître verrier Louis Hérion de Zürich de préparer un devis pour l'exécution d'un vitrail d'après un carton de 1599 appartenant au musée ; le maître verrier l'a exécuté sans attendre la commande définitive" 

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http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/illustration/ivr4219866801952xa/20f14057-57d6-4a7a-be1e-b326bee86c4c

1°) Simon Andreas Grynaeus est le fils du pasteur  Theophilius Grynaeus (1534-1583). Il est né en 1565, s'est marié en 1589  avec Barbara Schoen (1566-1591), puis avec Chrischona Finck, puis  avec Catharina Hartmann (1586-1629). Il est décédé de la peste vers 1611.

Il a été conseiller de Mulhouse, comme nous le voyons, en 1599.

2°) Nicolas Hofer

Les généalogistes indiquent un Claus Hofer 1566-1633 qui fut "hôtelier du Cerf". Il épousa en 1588 Anne TILGER (1564-1615) et en 1615 Vérène FRIES (ca 1560-1643).  https://gw.geneanet.org/seb2067?n=hofer&oc=&p=claus

Il fut bourgmestre de 1626 à 1630. Ernest Meininger reproduit ses armoiries dans sa planche II .

3°) Caspar Burckhardt

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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L'encadrement architectural représente l'entrée d'un palais dont les marches d'accès sont  gardées par les deux lansquenets, tandis que des colonnades cannelées forment la base d'une voûte aux volutes généreuses. L'architrave est décorée de deux panneaux. 

En haut à gauche, l'inscription Horatius Cocles nous permet d'identifier le héros légendaire romain Horace Coclès (le borgne) franchissant à cheval un brasier. Il est donné en exemple de bravoure pour avoir défendu le pont Sublicius donnant accès à Rome contre les étrusques du roi Porsenna.

En haut à droite, c'est Mucius Scaevola "le gaucher", autre héros romain de la même guerre contre Porsenna, qui se fait brûler la main dans le camp étrusque.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Calvaire avec les  armoiries de Hans Geiss et inscription datée de 1603.

 

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http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-vitrail-suisse-no9/79bca9f6-fba5-472d-9b91-79b244ec5a88

Ce vitrail suisse mesure 38 cm sur 27 ; il est peint à l'émail. Un calvaire est peint dans un encadrement architectural  où le niches sont occupées par des putti sonnant dans une trompe. Le registre supérieur montre entre deux masques de profil une Nativité et une Annonce aux bergers.

Dans le registre inférieur centré par des armoiries, un homme est agenouillé, à gauche, tandis que le texte de sa prière est inscrit dans le cartouche de droite.

L'identification des armoiries de gueules et d'argent sur des coupeaux de sinople, et dont le cimier est un personnage vêtu de jaune tenant deux serpents, est Hans Geiss.

Ma tentative de déchiffrement du texte est bien sûr absurde mais montre le découpage par des numéros, comme des versets : Die sibi 1–ort Christi IHS Vatter der zwei jne dan Sie voissenvhe muss sie thii 2 warlich sag ich dir heie roirstu Bei mir sum rendeisz sein 3 zweig sie dem muter sondzu Johanem semen je noe sibe dem Sohn 4mein o mein soll waru halfu mein versonen 5 stich diritet 6 evift du caro 7 Vatter in demeherif sefic ich memen seiset . Hardtz tem met 9 zpies--

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La verrière est en mauvais état : aucune pièce n'est remplacée, les verres fendus et plombs de casse affectent la scène centrale (le commanditaire) ; et la peinture est  altérée.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière aux armes de Hans Geiser.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-vitrail-suisse-no8/757b1935-70a5-42af-ad51-ece4b626cf5d

Ce panneau rassemble des fragments du 17e siècle, et une cive armoriée moderne en partie supérieure (copie d'un type répandu au 17e siècle) ainsi qu'un verre incolore de complément moderne. Il mesure 33 cm sur 35.

Du coté droit, une inscription énonce : Hans geiser des grichts zü Langenthal und Maria Risser  sin Liebegman.

Langenthal est une commune suisse du canton de Berne. Les généalogistes décrivent bien un ou plusieurs Hans GEISER, mais dont l'épouse n'est pas Maria RISSER.

L'inscription domine un écu de gueules à trois coupeaux de sinoples et au bouc dressé.

Le registre inférieur montre une femme offrant à boire à un cavalier. La femme au tablier blanc et bleu tient une miche de main contre elle. A sa ceinture sont attachés une gourde et un couteau. L'homme, dans une guirlande (ou chapeau de triomphe), porte un uniforme. Le fond est damassé.

Plus à gauche, une femme lève un verre et tient un broc.

En haut à gauche, un cavalier chasse, fusil à la main, tandis que trois sangliers le dominent.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière aux armes de Haussmaser, meunier, et de son cousin Wanermacher, bourgeois de Thun (Suisse) daté de 1650.

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http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-vitrail-suisse-no16/cf9a8f8a-4243-4d4a-85d3-9c8ac9a96225

Ce vitrail suisse peint à l'émail sur verre est un panneau de 27 cm sur 18, ou, avec encadrement de verres modernes, de 36 cm sur 25. Il a été remonté dans une fenêtre du coté est, à gauche, dans les combles du bâtiment de la chancellerie.

Je donne de l'inscription supérieur la lecture suivante :

"Man sagt  mir vil von  Sonn und mond, vom lowen und vom Scorpion. So will ich doch von den Zeichen die Jungfraun mir allein gefallen."

Elle a été traduite ainsi : ON ME PARLE DE LA LUNE, DU SOLEIL, DU LION ET DU SCORPION... SEUL LE SIGNE DE LA VIERGE SAURAIT ME PLAIRE.

Puis vient une chasse au cerf, en grisaille et jaune d'argent.

La scène principale est consacrée à un astronome, tenant une sphère armillaire et qui est interrogé par un homme ; lequel (son père ? son prétendant ?) désigne de la main une jeune femme, qui tient un feuillet (ou un gant). L'inscription supérieure est donc à attribuer à cette jeune femme.

Au registre inférieur, nous trouvons deux blasons, d'azur à la roue de moulin d'or, et d'azur à trois outils d'or.

L'inscription partiellement effacé les attribue au meunier  Haussmaser  (ou Hautsraser) der muller et à son collègue Wanermacher , Burcken---- 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Panneau aux armes de Hans Hartmann, bourgmestre de Mulhouse, daté de 1585.

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Nous retrouvons le motif central d'une femme offrant à boire (dans une haute chope) à un lansquenet qui tient une hallebarde, et nous retrouvons les caractéristiques de la tenue de ses soldats suisses, avec les couleurs dépareillées des manches et des jambes, les aiguillettes à gland resserrant la taille, ou le bonnet à plumes. Le costume de la femme qui semble 'un rang élevé, est tout aussi intéressant. Un petit sac et une trousse d'accessoires (ou de clefs ?) est suspendu à sa taille par une longue chaîne. C'est elle qui a accès au cellier.

Le décor architectural est Renaissance, avec les masques et ses cuirs à enroulement, cuir qui se retrouve sur le cartouche inférieur. La date de 1585 les rend parfaitement contemporains de ceux qui ornent la chapelle du château de Kerjean en Bretagne, et témoigne de l'influence des ornemanistes de l'école de Fontainebleau.

Le blason de gueules au triangle d'azur chargé d'une fleur-de-lis d'or (ou, d'azur à une fleur-de-lis d'or chappé-ployé de gueules)  porte les armes de Hans Hartmann, bourgmestre de 1585 à 1602. Voir la planche II de E. Meininger.

Le registre supérieur montre, sur un verre transparent peint à la grisaille et sanguine, un cavalier et un paysan conduisant un troupeau de porcs.

L'inscription est celle-ci HANS HARTMANN VON MULLHAUSEN BURGMEISTER 1585.

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Ce panneau de 42 cm sur 29 cm en verre transparent et verre coloré (verre rouge gravé) est en très bon état de conservation . Il est placé dans une fenêtre du coté est, à gauche, dans les combles du bâtiment de la chancellerie

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-vitrail-suisse-no11/97f20f71-6997-4fb6-a7da-5b7ea83a8c94

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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BERNIER (Isabelle),2008, Mulhouse à l’aube du xviiie siècle p. 129-39, in Négoge et industrie à Mulhouse, © Presses universitaires du Midi, Toulouse 2008

https://books.openedition.org/pumi/34666

https://hal-mnhn.archives-ouvertes.fr/tel-01102781/document

—LISTE DES BOURGMESTRES

http://www.republique-de-mulhouse.net/bourgmestres.htm

— POP-CULTURE.GOUV

Inventaire général 1992 - Scheurer Marie-Philippe, Gatouillat Françoise, Decrock Bruno

L'INVENTAIRE DU PATRIMOINE EN ALSACE

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?texte=verri%C3%A8re+h%C3%A9raldique&type=

 

— HÉROLD (Michel), GATOUILAT ( ‎Françoise ), 1994, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace. Éditions du Centre national de la Recherche scientifique, 1994 - 328 pages

— MEININGER (Ernest), 1911, Les anciennes armoiries bourgeoises de Mulhouse 

https://archive.org/details/lesanciennesarmo00mein

 

 

 

— SCHOENHAUPF (Louis), Meininger Ernest, 1892, L'Hôtel de ville de Mulhouse.

 

— WARTMANN (Wilhem.), 1908, Les Vitraux Suisses au Musée du Louvre. Catalogue critique et raisonné précédé d'une Introduction historique.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64675066.texteImage

Dans sa traduction singulièrement amplifiée de la Pantagrueline Prognostication, Fischart, l'imitateur ingénieux de Rabelais, prédit, pour l'an de grâce 1574, une abondance d'eau à Venise, à Strasbourg, à Constance, à Reichenau et à Lindau, une abondance de pommes de pins dans la Forêt-Noire, de lions en Libye, de crocodiles dans le Nil, de neiges sur les Alpes, de chouettes à Athènes, de marbres à Gênes, de baleines dans la mer arctique, de flatteurs dans les cours, de marchands à Anvers, à Lyon, à Nuremberg et à Venise, de craie en Champagne, de « junkers» en Allemagne, d'évêques en Italie, et de vitraux peints et de peintres-verriers en Suisse (Joh. FISCHART, Aller Praktik Grossmutter, réimpression de la rédaction de 1574 (d'après l'édition de 1623),  ).

 

A partir de 1550, on rencontre les premiers « émaux », soit les couleurs vitrifiables, le bleu d'abord, puis le violet, et, seulement après 1600, le vert. En même temps que l'émail bleu, apparaît la grisaille brun clair et la grisaille rouge, employées pour les carnations, pour les cheveux et dans
les paysages. Pendant longtemps, on ne fit de ces nouvelles ressources qu'un usage très modéré. On
n'employait qu'un émail bleu très pur, d'une intensité à peine inférieure à celle du bleu doublé, et
cela surtout pour de petites surfaces aux contours compliqués, trop difficiles à obtenir avec l'ancienne méthode. Les peintres-verriers suisses continuaient en général à se servir des tons vifs et vigoureux des verres teints dans la masse, à une époque où, ailleurs, on était déjà sur le point d'abandonner les émaux pour ne travailler plus qu'avec la grisaille et le jaune d'argent. Lorsqu'au XVIIe siècle l'émail vert commençait à remplacer plus souvent le vert résultant de la combinaison du jaune d'argent et du bleu, ce ne fut un événement ni très important, ni désastreux pour la qualité des vitraux.


 

Le peintre-verrier français emploie, même pour les sujets de dimensions moyennes et restreintes, la technique en usage pour les grands panneaux. Les chairs, le modelé et les fonds, présentent tous une surface grenée, obtenue par le « frappage » au moyen de la brosse, de l'ébouriffoir ou du putois, tandis que dans les vitraux suisses on ne trouve que des teintes unies, étendues sur le verre au moyen du blaireau.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
10 juin 2020 3 10 /06 /juin /2020 19:42

Les vitraux de l'église Saint-Thurien à Plogonnec : la baie 5 (1520-1525) d'Alain de Guengat présenté à Saint Sébastien.

 

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Cet article  reprend celui du 10 décembre 2015, avec un texte identique mais des  photographies de meilleure qualité de février 2020. Des gros plans sur les visages montrent comment le verre blanc est dessiné  à la grisaille et coloré à la sanguine dont les lavis ou les très fines hachures  indiquent le modelé des chairs.

 

 

Cet article fait partie, dans ce blog, de l'ensemble des Vitraux de l'église St-Thurien de Plogonnec :

 

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Voir aussi ma liste de tous mes articles sur les vitraux.

 

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Voir encore, sur l'église et les chapelles de Plogonnec :


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  L'église de Plogonnec est riche de cinq verrières du XVIe siècle, celles de la Passion (maîtresse-vitre) au centre, de la Transfiguration au nord, du Jugement dernier à droite de l'autel, de la Résurrection et de Saint Sébastien au sud, attribué à l'atelier quimpérois des Le Sodec.

 

1. Le culte de Saint Sébastien.

La première question que je me pose est celle de l'origine du thème iconographique : pourquoi un vitrail voué à Saint-Sébastien ? La réponse la plus évidente est d'y voir un lien avec les épidémies de peste qu'a connu la Bretagne du XIV au XVIIIe siècle (1348 à 1758), Saint Sébastien étant invoqué contre cette maladie ce qui explique la constance de son culte et de la présence de sa statue dans les églises et chapelles. Mais l'existence de Confréries de Saint-Sébastien en France me pousse à m'interroger : ce vitrail est-il lié, ici,  à une telle confrérie ? Et qu'entend-on sous ce nom?

  Le nom Sébastien est issu du grec sebastos, "honoré, glorieux" issu de sebas, "respect, adoration due aux dieux". C'est, en ce sens, un qualificatif des empereurs romains, Sebastos devenant la traduction d'Auguste. Sebastokrator "celui qui a le pouvoir d'Auguste" est un titre impérial byzantin. Cette étymologie souligne l' image de puissance et de gloire attachée à l'Athleta Christi qu'est Saint Sébastien.

  Sébastien était un officier romain originaire de Narbonne à la fin du IIIe siècle. Remarqué par l'empereur Dioclétien qui le nomma capitaine de cette unité d'élite qu'était la garde prétorienne, il fut chargé de diriger la persécution des chrétiens à Rome, jusqu'à ce que Dioclétien découvre que Sébastien était lui-même de foi chrétienne et qu'il ordonne qu'on l'exécute par sagittation, en le transperçant de flèches. Il échappa miraculeusement à ce premier supplice, mais Dioclétien le fit rouer de coup et fit jeter son corps dans les égouts de Rome.

 

  a) Les Sociétés d'Archers.

   Dans le Nord et en Picardie, les Confréries de Saint-Sébastien sont des sociétés d'archers, ou des sociétés de tir, à mi-chemin entre une confrérie professionnelle, une compagnie de milice et une association sportive. Elles connaissent trois temps-forts : le Bouquet qui rassemble plusieurs (dizaines de) sociétés et se termine par un Bal, le Tir du Roi ou abat-oiseau, et la Saint-Sébastien le 20 janvier, où un archer est élu  Saint-Sébastien de l'année. 

   En 825, Hilduin, évêque de Soissons, fit venir les reliques de Saint Sébastien en l'abbaye royale de cette ville et créa un corps de milice pour en assurer la garde, l'Ordre de saint-Sébastien, dont l'Abbé de saint-Médard lés Soissons était le Grand Maître.

       Dans l'incipit de Sylvie, Gérard de Nerval décrit le narrateur lisant cette annonce dans le journal : "Fête du Bouquet provincial. Demain, les archers de Senlis doivent rendre le Bouquet à ceux de Loisy." Et cela déclenche l'irruption des souvenirs de fêtes, de défilés de chevaliers d'arc, et des jeunes filles...mais pas du tout de souvenirs de pèlerinage ou de dévotion.

 

b) Les Confréries de paroisse.

  C'est surtout à Paris, dans le Nord et en Normandie qu'elles se sont développées, dans le Calvados, l'Eure... sous divers noms dont celui, récent,de Confréries de charité.Leurs membres se nommaient alors "charitons". Malgré leur nom, elles se consacraient moins aux œuvres de charité, assistance aux malades, distribution de nourritures et de biens aux pauvres, qu'à assurer à leurs membres , ou aux nécessiteux une sépulture chrétienne, et il est difficile de discerner sous leur nom de Confrérie celles qui se vouent à la prière ou au culte d'un saint (nommons-les confréries de dévotion), celles qui se consacrent à la charité (disons : confréries d'assistance), celles qui se vouent aux trépassés (les confréries funéraires), et aussi, intriquées ou dissimulées derrière elles, les confréries professionnelles d'assistance et de secours mutuel : ce sont elles que la loi du 18 août 1776 voulut supprimer pour leur proximité avec les corporations. 

   Les confréries funéraires.

  Elles se préoccupent d'assurer à chaque chrétien ou chaque être une sépulture décente et conforme aux rites. Ce souci d'assurer l'inhumation se comprend si on se rappelle l'importance attribué dans l'Église à l'intégrité du corps avant et après le décès :  l'Ancien Testament soulignait déjà que l'inhumation était la manière convenable d'honorer le défunt, et qu'en priver un être est une infamie. ( Cela est retrouvé aussi dans le monde grec et la lecture d'Antigone de Sophocle suffirait à l'illustrer) Voir I Sam 17, 44-46 ; I Rois 14, 11 et 16,4 ; II Rois 9,10. La pratique de la crémation par les habitants du pays de Canaan est dénoncée par les prophètes comme un acte impie. Dans la religion chrétienne, la théologie de l'Incarnation et la foi en la résurrection de la chair renforce l'importance donnée au respect de l'intégrité du corps, mais transforme aussi  la mort en une célébration d'un passage, d'une Pâques vers le monde céleste. 

   Il importe à tout chrétien du Moyen-Age de parvenir au terme de sa vie sans avoir commis de péchés trop lourds, de s'assurer du bénéfice des derniers sacrements, d'être enterrer en terre chrétienne et 'ad sanctos", ( près du saint éponyme de la paroisse ou de ses reliques) dans l'église puis, en Bretagne dans le périmètre de l'enclos paroissial et selon les rites en vigueur, de bénéficier de prières et de messes dites à l'intention de son âme, enfin et surtout de ne pas être damné, et de séjourner aussi peu que possible en purgatoire.

  Les confréries vont  1) d'une part assurer le rôle de nos pompes funèbres (préparation du cadavre et acheminement du défunt vers le cimetière), avec les risques de contagiosité  que cela présente en période d'épidémie, 2) jouer le rôle d'une caisse de prévoyance-décès, mais aussi 3) remplir celui  d'officier du culte en dehors de l'administration des sacrements : ces différents rôles les rendent indispensables dans une paroisse, mais engendrent aussi des conflits avec le recteur ou la Fabrique paroissial...surtout lorsque les "frères" se livrent (on assure que c'est fréquent) à des excès de boisson, ou qu'ils empiètent sur les prérogatives du clergé.

  -1er rôle : En période d'épidémie et notamment lors de foyers de peste, l'angoisse est majeure, si on succombe à l'infection, de voir son cadavre délaissé tant les morts sont nombreux et tant les rescapés se protègent et évitent les risques de contagion : appartenir à une confrérie de Saint-Sébastien est  une assurance contre cela.

  -2éme rôle : les frères et sœurs de la confrérie se doivent assistance, et bénéficient pour leurs obsèques  de la présence des autres membres et du matériel funéraire.

 - 3ème rôle : Des indulgences, grâces et privilèges sont accordées à certaines confréries, et à certaines pratiques (récitation de prière, présence aux pardons et pèlerinages, etc...). Le défunt va bénéficier de l'ensemble des rites, dont aucun n'est superflu :

- le cortège qui le mène de son domicile à l'église n'est pas un simple transport de corps, mais une procession préfigurant le parcours vers les cieux. C'est aussi une "garde du corps", une protection de l'âme contre les mauvais esprits qui peuvent la ravir. Il suffit de songer au vitrail de la Passion à La Roche-Maurice, où on voit le démon ravir l'âme du mauvais larron au moment où, précisément, celui-ci "rend l'âme" pour imaginer ce que peuvent redouter les agonisants et pour penser que, dans l'esprit médiéval, la fin de vie est le moment de tous les dangers, le "quitte-ou double" où tout se joue pour la vie éternelle, et le dernier grand combat contre les forces du mal .Les cantiques, le psaume Miserere ; l'antienne aperite mihi portas iustitiae, l'antienne in paradisio à l'entrée dans l'église le cantique Nunc dimittis sont autant de garanties déployées contre les dangers. La croix, les bannières, l'encens, l'eau bénite, la lumière des cierges, ou les cloches du glas , mais aussi le "drap" mortuaire participent à ces mesures de protection de l'âme pendant la période de transition et de passage entre le monde des vivants et celui des trépassés, la tombe étant une Terre Promise. 

  On comprend alors que chaque confrérie funéraire dispose de son propre arsenal : bannière de confrérie, croix de procession, drap mortuaire.

Les confréries funéraires s'engagent aussi à faire dire une messe pour le défunt (dont le nom est mentionné aussi dans le memento des morts de la messe dominicale), et une messe votive annuelle.

 

   Tout cela me renseigne, mais je lis aussi que les confréries de charitons ne sont pas attestées en Bretagne : l'existence des confréries y est pourtant parfaitement établie, mais pour  quels rôles ?

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c) la Confrérie de Saint-Sébastien à Plogonnec.

  J'emprunte les éléments qui vont suivre à un article de Roger Barrié intitulé "Mobilier cultuel et décor intérieur dans l'église de Basse-Bretagne au XVIIème et XVIIIème siècle", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1983, vol. 90 n°90-2 pp. 377-386.

- L'ensemble des verrières (dont le vitrail dédié à Saint-Sébastien) ont été construites entre 1520 et 1540.

- Une Confrérie de Saint-Sébastien disposait d'un autel contre un mur aveugle au nord du transept. La dévotion à Saint-Sébastien s'accentue après "l'épidémie de 1633", épidémie sur laquelle je dois me renseigner. En effet, l'offrande annuelle à Saint-Sébastien qui était auparavant de 20 à 25 sols sous forme de chanvre à tisser, passe brusquement à 90 livres, soit sauf erreur 1800 sols (La livre tournois valant 20 sous).

-En 1638 est institué le grand pardon de Saint-Sébastien.

- En 1723, c'est la chapelle Nord-Est qui est dédiée au saint guérisseur de la peste, avec sa statue sur l'autel, un tableau le représentant, et on lui adjoint une représentation (statue ? tableau ? ) de Saint Roch, également grand guérisseur de la peste. "Ainsi le chevet du collatéral nord constituait un lieu de recours contre les épidémies, par le moyen de la dévotion  envers les saints guérisseurs".

Voilà donc établi sur des preuves historiques qu'à Plogonnec, comme sans-doute ailleurs en Bretagne, la confrérie de Saint-Sébastien est en relation avec l'épidémie de peste. Il resterait à savoir si c'est une confrérie d'intercession et de dévotion, se donnant comme obligation le culte du Saint par les prières, les offices,les cierges, les offrandes, les images de représentation ou les processions, ou bien s'il s'agit d'une confrérie funéraire réagissant à la pénurie de moyens d'inhumation lors des épidémies.

  Une confrérie peut disposer ou commanditer la construction d'une chapelle ou d'un autel, d'une statue, d'un tableau, d'un vitrail, d'une bannière, d'une croix, d'un drap mortuaire ou d'autres biens. Les premiers éléments sont authentifiés à Plogonnec, même si le vitrail n'a pas été commandité par la confrérie, mais par des donateurs membres de la noblesse. Mais parmi les bannières conservées dans l'église, et parmi les 80 bannières que j'ai pu inventorier en Finistère, aucune n'est consacrée à Saint-Sébastien, dont le culte s'est sans-doute éteint avec l'épidémie de peste au profit de nouveaux cultes du XIXème siècle et de nouvelles confréries : Sacré-Cœur, Sainte Thérèse de Lisieux omniprésente, Sainte-Famille, Notre-dame de Pitié, etc...

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 II.  le vitrail de saint-Sébastien : vue d'ensemble .

 Il se compose de trois lancettes et d'un soufflet de trois mouchettes.

Je dénombre treize panneaux ; la couleur rouge du fond crée une unité d'ensemble, structurée par trois bandes architecturales traitées en grisaille. Dans le registre inférieur, une tenture rouge à bordure jaune réunit les trois groupes de personnages, qui se logent sous les trois arcades. Au registre supérieur, on retrouve les trois arcades isolant trois scènes de Nativités.

  Cette belle unité est le fruit du talent de restaurateur de l'atelier Jean-Pierre Le Bihan, et cache la disparité de fragments incomplets provenant soit des autres verrières de l'église, soit de la chapelle saint-Théleau, la dépose des vitres durant la guerre et les restaurations précédentes ayant brouillé les pistes : tout cela étant expliqué dans le blog du restaurateur :

http://lebihanvitraux.over-blog.fr/article-10509681.html

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17041825.html

  En 1867, Adolphe Joanne dans son Itinéraire de la France décrivait le panneau du donateur comme appartenant au vitrail de la Passion, et celui de la donatrice au dessus d'un autel de st Maudez dans une niche décrivant sa vie. Je ne me hâte donc pas d'y voir les donateurs d'un vitrail de St Sébastien : un don par une confrérie reste peut-être possible.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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III. Le registre inférieur :

  On identifie Saint-Sébastien dans sa posture typique d'éphèbe martyrisé à la belle indifférence, et un couple de donateurs présentés au Saint par leurs intercesseurs. Je décris le vitrail du bas vers le haut et de gauche à droite en nommant les lancettes A, B, C et les panneaux de 1 à 4 ou 5.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneaux A1, A2 et A3 : Saint Allan présentant Alain de Guengat :

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   Le panneau inférieur A1 est moderne ; les deux panneaux A2 et A3 mesureraient 49 x 50 cm et 46 x 50 cm.

  Sous une arcade en grisaille rehaussée de jaune d'argent, et un dôme de couleur bleue, Saint Allan (version bretonne de Saint Alain) est vêtu en évêque nimbé,  avec mitre à orfrois, chasuble verte doublée de violet et ourlée d'un large galon d'or, grande pièce de broderie en Y devant la poitrine,  gants gris, crosse épiscopale, et au bras gauche la manipule de soie dorée. L'anneau épiscopal n'est pas visible

  Derrière lui, une tenture rouge damassée porte l'inscription  :  S : ALLAN, en lettres gothiques minuscules dont le n est ornée d'une hampe lui conférant l'allure d'un y.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Saint Allan "présente" par un geste de la main sur l'épaule le donateur du vitrail. Il porte un surcot bleu sur lequel des mains blanches présentent leur paume. On s'interroge, on croit à une erreur, si on ne pense pas à les traduire en termes d'héraldique. Un fond bleu et trois paumes blanches, le chevalier porte " d'azur aux trois mains dextres appaumées d'argent en pal" , "en pal" signifiant "placées verticalement". 

  Ce sont les armoiries de la famille des de Guengat, dont la devise est" Trésor" et "Leal à ma foy". Le château de Guengat, mentionné depuis 1203 mais dont il subsiste des éléments au sein d'une ferme moderne, est situé au Nord de la commune de  Guengat, à la limite de  Plogonnec, sur une butte située à 143 mètres d'altitude. Il fut assiégé et pris par les Quimpérois en 1591, pendant la Ligue, après que Jacques II ait pris parti pour Henri IV. Il fut récompensé de son choix en étant nommé chevalier de l'ordre de Saint Michel en 1602. 

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  Ils possédaient une chapelle à la cathédrale de Quimper, et leurs armes sur deux portails de la cathédrale. Au XVème siècle, Jehan de Guengat fut chambellan et conseiller du duc Jean V.

   Le personnage qui figure ici est (comme nous le souffle son intercesseur), Alain de Guengat, vice-amiral de Bretagne. ( Il existe différentes Amirautés en Bretagne, dont l'Amirauté de Quimper ou de Cornouaille, dirigées par un Amiral de Bretagne secondé par des Vice-Amiraux). A ce titre, disposant en 1527 de lettres de marque du roi, il fit la guerre aux Portugais qui avaient pillé les côtes de France en l'absence du roi, et mena sa mission "avec un tel succès que le roi du Portugal versa une rançon". ( Prosper Levot, 1864) . Auparavant, il avait, comme maître d'hôtel du roi, accompagné François Ier en Italie :il y fut prisonnier avec son souverain à Pavie (24 février 1525) et partagea sa captivité de deux années à Madrid. En reconnaissance, François Ier le nommé capitaine de Brest.

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  En 1521, pour cacher une cicatrice de brûlure qu'il avait reçu en jouant à attaquer l'hôtel du Comte de Saint-Paul  à Romorantin, François Ier s'était laissé couper les cheveux et pousser la barbe, inaugurant ainsi une mode qui dura jusqu'à Louis XIII. Mais ici, Alain de Guengat est imberbe, et il est coiffé à la mode du XVème siècle, cheveux taillés en avant et longs en arrière avec une raie médiane. sa tenue vestimentaire ne semble pas non plus à la mode, elle est loin du costume de François Ier par Clouet , point ici de belles étoffes, de crevés, certes le col est court , et peut-être orné d'un ruché mais l'armure complète lisse, nos travaillée et le surcot simple n'évoquent pas les fastes de la Renaissance. Du vitrail originel, nous n'avons que les cubitières avec leurs oreillons arrondis qui pourraient aider à la datation,  et les brassards d'avant-bras. La cubitière n'est pas pointue, comme au XVème siècle.

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   Le panneau A1 serait, si j'ai tout compris, de Jean-Pierre Le Bihan qui aurait reconstitué la position agenouillée devant un prie-Dieu, les autres pièces de l'armure, le sol en le traitant en mosaïque monochrome comme celui du panneau voisin,  et la frise .

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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 Panneaux B1 et B2 : Saint Sébastien.

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  Il se tient adossé à la colonne qui symbolise le Christ, les mains liées derrière cette colonne de la couleur verte qui est au Moyen-Âge,celle de la croix, et du Christ après la crucifixion. Il se tient sous le dais bleu à godrons reposant sur les deux culées et surmonté d'une niche semi-circulaire a clef de voûte sculpté en bouquet floral, que nous avons observé dans la lancette A, et nous retrouvons aussi la tenture rouge. Il est coiffé comme l'est Alain de Guengat, cheveux longs,mais le front dégagé par une franche ou une raie médiane.

On sait que Saint-Sébastien est le seul saint, et avec le Christ la seule figure religieuse représentée nue, ou dénudée. Les artistes renouent alors avec les bustes antiques et avec les statues d'Apollon, décrivent avec complaisance un bel Éphèbe, voire parfois un bellâtre efféminé, mettent en valeur la musculature, soignent la pose et retrouvent le contraposto, cette attitude de la statuaire grecque où l'athlète s'appuie sur une jambe fermement tendue alors que l'autre, fléchie, libre, amorce un mouvement de rotation qui entraîne déjà avec lui le bassin et le tronc. Et ce contraposto confère au héros un charme trouble fait de nonchalance maniérée.

On compte ici sept flèches, profondément et outrageusement enfoncées, avec la détermination d'un sorcier pratiquant un envoûtement. Souvent, seules cinq flèches sont représentées, correspondant aux cinq plaies du Christ, mais le chiffre sept est riche de signification également. L'invraisemblance des deux flèches qui transpercent les deux jambes en même temps n'est pas gênante, tant il est évident que nous sommes placés ici très loin de la réalité, dans un plan métaphorique que nous comprenons parfaitement.

  C'est le drapé transparent et déchiré qui me fascine, avec cet effet de déshabillé ou de "tee shirt mouillé" étonnamment audacieux . S'il est, pour un peintre, une belle prouesse technique, cela doit être aussi un bel exploit pour un maître-verrier. Cacher en laissant voir, évoquer la violence faite au corps par la meurtrissure de l'étoffe, jouer de l'ambiguïté des plis, des fentes, ou des brèches , choisir une mousseline pour sa fragilité et pour sa manière de couvrir las chairs comme une caresse , qu'en penserait Gaétan Gatian de Clérambault?

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  Le socle en verre blanc traité en grisaille et jaune d'argent prolonge celui des panneaux A1 et C1 en alternant des colonnes cannelées au chapiteau centré par une rosette, avec des médaillons représentant de gras Amours au carquois bien remplis et aux cheveux paille hérissés comme des flammes, qui bandent leur arc. Seul sans-doute le hasard des reconstitutions de fragments vient placer ces petits archers sous l'effigie de leur saint patron.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneaux C1 et C2 : Sainte Marie-Madeleine présentant Marie Tromelin de Guengat :

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   S'il fallait désigner une homologue féminine à saint Sébastien, Sainte Marie-Madeleine serait une candidate à ne pas écarter, tant l'ancienne pécheresse est souvent figurée en Vénus repentie, tant les artistes se sont plus à la vêtir de peaux de bêtes ou de sa seule chevelure pour dévoiler ses formes, et tant Marie de Magdala devient, par son passé de courtisane et  sa proximité tendre avec le Christ à qui elle s'adressait en le nommant affectueusement Rabbi, une figure de la féminité et de la séduction : le renoncement à l'érotisme dans la pénitence et l'ascèse possède ses charmes secrets. 

   Mais ici, point de mélancolie évanescente (ce n'est pas encore l'age baroque), point de longs cheveux blonds ou roux à l'animalité sauvage (ce sera au XVIIIe), point de pose extatique au pied d'une croix ou d'une déposition, mais une sainte anonyme dont seul le vase de parfums nous révèle l'identité. Sans celui-ci, nous ne l'aurions pas reconnue derrière son déguisement de mère-la-pudeur tirée à quatre épingles, pas un cheveu qui ne soit soumis à la stricte discipline d'une guimpe austère, le regard triste, la mine rébarbative,  pâle frileuse abritée dans une grande cape verte.

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  Elle porte un surcot  de couleur or, damassé, à manches courtes au dessus  d'une robe bleu-sombre à motifs losangiques et à manches blanches à gigot. on voit le nœud d'une ceinture couleur  fuchsia. De la main gauche, elle place, sans vraiment le tenir, dans le dos de la donatrice un livre à fermoir curieusement entièrement bleu.

  Son grand manteau fait un pli curieux pour se placer dans le dos de la donatrice.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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La donatrice est agenouillée à son prie-Dieu, les mains jointes sur un missel. On remarque trois bagues, l'une sur la première phalange de l'annulaire, les deux autres sur la deuxième phalange de l'index et de l'auriculaire de la main gauche, la main droite échappant à notre curiosité. Au Moyen-Âge, lorsqu'un fiancé offrait une bague et que celle-ci restait bloquée à la deuxième phalange, ces dames y voyaient un signe que, en son ménage, la fiancée porterait la culotte. Mais il faut chercher ailleurs l'explication de ce détail. A l'époque gallo-romaine, les bagues se portaient à la phalangine ou P2. L'examen du célèbre tableau La Fornarina de Raphaël montre que la "fille du boulanger" porte un anneau d'or sur la deuxième phalange de l'annulaire, et un commentaire dans le Nouvel Observateur indique que c'était alors la mode de porter ainsi les alliances, et rappelle aussi cette croyance de la période Renaissance en l'existence d'une veine qui partait de l'annulaire pour se rendre au cœur. Les veuves portaient parfois une alliance de veuvage, et sur un portrait de Bernard Van Orley (1493-1542) Marguerite d'Autriche se trouve représentée avec un anneau émaillé de noir au second doigt de la main gauche. Je ne remarque aucun chaton, ce sont des anneaux simples dits à tige ou à simple jonc, à demi-roont c'est à dire plat dans sa partie interne et rond dans sa partie externe, lisse sans ornementation de filets ou de feuillage, sans niellure ni émail, sans monogramme ni inscription ; ils peuvent être en cuivre, en bronze, mais je gage qu'ils sont en or. Je vais m'en tenir à l'hypothèse suivante : les deux bagues  de phalangines sont des alliances de veuvage, la bague de la phalange de l'annulaire est l'alliance en rapport avec le mariage valide à la date du portrait.

  

Elle est coiffée d'un chaperon de velours noir à la bordure brodée d'or et ornée de perles. Ce chaperon semble fixé à une coiffe, un petit béguin de soie qui recouvre les cheveux tirés en arrière pour dégager le front. Un voilage recouvre le visage.

  Elle porte une chemise fine qu'on entrevoit à l'encolure, laquelle est arrondie, prés du cou, sans ornement, et aux poignets où elle s'orne de dentelle. Puis nous voyons un vêtement blanc au décolleté à peine marqué, arrondi et non carré selon la mode italienne récente, vêtement qui descend assez bas  et dont je ne sais dire s'il s'agit de la cotte (ou corset) ou de la robe. Des rangées de boutons dorés s'alignent sur le devant, sans paraître en assurer la fermeture. Au dessus, une très belle robe lie-de-vin très ouverte se pare de revers mauves et fait apparaître sa doublure de soie d'or par les grandes manches retroussées et pendantes. Les avant-bras sont couverts par une belle étoffe rouge représentant peut-être des manches attachées au coude. L'ensemble est luxueux mais reste, pour un néophyte, en dehors de la mode italienne du début du XVIe siècle.

  Outre les bagues, le seul bijou est une chaîne (d'argent) en collier.

  Répondant au chien qui bondit sur les armoiries, deux lévriers sont couchés au pied de leur maîtresse, dans des poses bien naturelles. 

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      Il s'agit de Marie de Tromelin, dame de Livinot et de Botbodern en Elliant, épouse en troisième noce d'Alain de Guengat qu'elle épousa en 1521 après un mariage avec N.du Perrier, sieur de Coatauton puis avec Fiacre de Trogoff. Elle est la fille de Jean de Tromelin (décédé en 1500) et d'Isabelle de Kervastard . Elle eut trois enfants d'Alain de Guengat : Jacques, René (décédé en 1587) et Claudine. Elle est décédée le 18 décembre 1547. Il ne faut pas la confondre avec Marie de Tromelin, dame du Bourouguel, veuve de Claude de Penmarc'h et épouse en 1588 d'Anne de Sansay, sans descendance.

  Elle porte, sans que l'on puisse affirmer que c'est une partie de son costume ou un élément surajouté, les armoiries des Guengat et des Tromelin en écartelé :  Guengat porte, nous l'avons vu, "d'azur aux trois mains dextres appaumées d'argent en pal", et Tromelin porte " d'azur au levrier passant d'argent". Ce blason est surmonté d'un autre, "d'argent à trois chevrons de sable", qui est Kervastar, seigneur de Kerengar en Elliant. Ces deux dernières armoiries se trouvent sur le tympan de la maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot (Ergué-Gaberic), et les deux premières (Guengat-Tromelin) dans l'oculus de la même verrière.

  il ne faut pas confondre ces Tromelin issus de Mahalon (près de Pont-Croix en Cornouaille) avec les Tromelin du Léon, qui portent d"argent à 2 fasces de sable.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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      Il est consacré à une scène d'Adoration des mages que Jean-Pierre le Bihan intitule "fragments d'adoration des mages et d'un prophète".

  Tel qu'il se présente au visiteur contemporain, abstraction faite du travail de restauration à partir de "fragments", il forme une belle unité tant architecturale avec les trois loges en arcade surmontées de pots à feu que par la couleur rouge du ciel.

On lira dans mon article sur les verrières de Notre-Dame du Crann en Spézet les rapprochements qui s'imposent  entre  la baie 3, datant de 1546, et traitant d'une Adoration des Mages et des Bergers, et ce registre supérieur de Plogonnec.

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/les-vitraux-de-notre-dame-du-crann-a-spezet-l-adoration-des-mages-et-des-bergers.html

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st-sebastien 5524

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Panneau A4 : La Vierge à l'enfant :

 

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  La Vierge, la tête couverte d'un voile,vêtue comme il se doit d'un grand manteau bleu, au dessus d'une robe violette, tient l'Enfant-Jésus qui puise de la main droite dans une boite en or au couvercle évasé. J'y voyais une bonbonnière, mais vous seriez plus avisés peut-être d'y voir le précieux cadeau que le premier Roi Mage, qui s'est éclipsé, lui a offert  : de l'or, si c'est Melchior, ou de la myrrhe, si c'est Balthazar.

  Le galon du manteau porte une inscription, qui appartient au panneau A1 : l'aviez-vous remarquez ? En vous y reportant, vous déchiffrerez : VEORE.AV/SAMERORO  J'attends vos interprétations, mais la plupart du temps sur ces vitraux quimpérois de l'atelier Le Sodec, les inscriptions sont des séquences aléatoires de lettres à visée décoratives..

  Je remarque aussi la belle étoile des bergers, qui incite à ne pas voir une simple Vierge à l'Enfant, mais à l'inclure dans une Nativité.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneau B3 : fragment de Nativité, Roi mage.

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  Il met en scène un des trois Rois mages portant un récipient en or et argent doté d'un couvercle. Classiquement, le roi mage à barbe blanche, c'est  Melchior, qui offre l'or. Il est bien beau, avec sa barbe bien taillée, son collier d'or, sa robe rouge au camail bleu et son manteau vert. Mais les deux gamins qui se sont hissés sur le mur de la crèche lui volent la vedette, tant ils sont mignons. Ce sont des bergers, puisque l'un tient sa houlette.

   L'ange de nativité semblerait appartenir à ces pastoureaux stupéfaits si ses ailes vertes et le nuage bleu qui lui sert de tapis volant ne nous informaient qu'il appartient aux légions de séraphins messagers et autres chérubins. L'étole qui se croise sur son aube est décorée de croix et de losanges.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneau C3 : Fragment de Nativité : Roi Mage :

 

 

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C'est pour moi une scène analogue au panneau B3, avec un roi à grise mine (la sanguine a du s'effacer) et à la drôle de couronne de guingois. Il porte le même collier que le mage précédent, une robe rouge, un camail vert sur un vêtement richement ornè de broderies d'or. Sur le bord de ce dernier se lisent les lettres ORAPRON à droite (ora pro nobis, "priez pour nous") et VER à gauche.

  Un autre berger blond encapuchonné est le "ravi" de nos crèches de santon, avec ses bras levés en signe d'émerveillement et son sourire d'extase.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Le soubassement.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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LE TYMPAN

 

par Le Bihan.

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st-sebastien-5477c.jpg

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SOURCES ET LIENS.

 

 — BARRIÉ (Roger)  Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979  Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)

— GATOUILLAT (Françoise) HEROLD (Michel), Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum France recensement VII, Presses Universitaires de Rennes : Rennes 2005 pages 157-159.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17041825.html

— LE BIHAN (Antoine), blog 21 mai 2007.

http://lebihanvitraux.over-blog.fr/article-10509681.html


 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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