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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 14:19

 L'Arbre de Jessé de la baie n°31  (début XIIIe siècle, restauré par L.G. Vincent Larcher en 1869) de la cathédrale de Troyes.

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—Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

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—Voir sur les Arbres de Jessé :

 

 

A. ARBRES DE JESSÉ SCULPTÉS.

 

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B. VITRAUX DE L'ARBRE DE JESSÉ 

 

 En Bretagne, par ordre chronologique :

C. Peintures :

—Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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PRÉSENTATION..

Histoire de la Cathédrale de Troyes :
Vers 1200,  les travaux commencèrent dans le chœur oriental, laissant en dernier lieu la chapelle axiale.
Première phase des travaux de 1200 à 1210, puis deuxième phase des travaux vers 1210-1220.
En 1228 beaucoup de dégâts furent causés par le vent à la cathédrale avec effondrement du chœur supérieur. Il y a donc probablement eu des dommages à la fenêtre de l'Arbre de Jessé, ce qui expliquerait un écart de style de 15 ans entre certains panneaux.
En 1779, la fenêtre centrale de la chapelle axiale fut supprimée, mais pas pour des raisons révolutionnaires.
Jesse occupait apparemment la baie centrale avec la Vie de la Vierge et la Vie typologique du Christ de chaque côté.
Vers 1800 (?), 4 panneaux vitrés d'un Arbre de Jessé ont été identifiés parmi les vitrages brisés de la chapelle axiale après la Révolution.
En 1837,  A.-F. Arnaud descrit  4 panneaux d'un Arbre de Jessé situés dans les parties les plus basses des deux fenêtres en vis-à-vis de la Vie Publique du Christ dans les 2ème et 6ème travées de la chapelle axiale à sept travées. Le roi David joue une « rote », Salomon porte une cithare à la main, Marie tient une branche de palmier, et le Christ bénit.
En 1955 Jean Lafond  propose pour la baie d'axe le trio Vie de la Vierge - Arbre de Jessé - Vie du Christ
OU Vie du Christ - Arbre de Jessé - Vie de la Vierge
En 1958 Grodecki a noté que les panneaux des prophètes du V&A Museum  étaient d'une qualité similaire aux panneaux de l'Arbre de Jessé de  Troyes.

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Description par Jean Lafond 1955:

1°) La chapelle d'axe  Notre-Dame et l’Arbre de Jessé, selon Jean Lafond.
"Placée sous le vocable de Notre-Dame, la chapelle de l’axe offre un ensemble iconographique important, avec quatre verrières retraçant la Légende de la sainte Vierge, le Cycle de l'Enfance et la Vie publique de Notre-Seigneur, et un vitrail central consacré, lui aussi, à la Vierge Marie. Ce double emploi tient au fait que ce vitrail a pris la place occupée primitivement par l'Arbre de Jessé, qui est resté, lui aussi, exposé à tous les dangers de la guerre dans la lancette médiane de la troisième chapelle.
Comment expliquer le discrédit qui pèse depuis plus de cent ans sur ce très beau groupe de verrières du XIIIe siècle et qui l’a fait exclure des mesures de sauvegarde prises pour toutes les autres fenêtres de la cathédrale sans exception?
Il faut savoir que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, la vitrerie de la chapelle Notre-Dame était dans un affreux désordre, attesté par la description très précise des vitraux de la cathédrale publiée en 1837 par le peintre A.-F. Arnaud dans son Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube (p.31 n°4) et par les notes prises en 1843 par le célèbre archéologue F. de Guilhermy (Bibliothèque nationale, manuscrits, nouv. acq. fr. 6111. Dans son Histoire de la peinture sur verre (Paris, 1853 et 1857), Ferdinand de Lasteyrie laisse de côté les chapelles du déambulatoire sous prétexte que la vitrerie primitive se trouve mêlée avec trop de fragments des autres époques. )

 La fenêtre centrale était bouchée par un « détestable rocher » dont l’enlèvement dut beaucoup frapper les contemporains. D’autre part, les campagnes de restauration dont « bénéficiaient » sans relâche les vitraux de la cathédrale donnaient lieu à des critiques souvent fort vives.

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Les vitraux de la cathédrale et leurs « restaurateurs ».

Arnaud parle déjà de travaux exécutés à Choisy-le-Roi à l’imitation de Saint-Denis et de « bordures modernes exécutées à Troyes par MM. Arnaud et Betbeder, qui en ont pris le dessin sur une bordure de l’église de Chartres ». Ces « premiers essais » ont, bien entendu, été éliminés. En 1839, l’architecte Bouché signait le « devis des dépenses à faire pour remettre eu état quelques parties des vitraux de la cathédrale de Troyes et compléterles sujets les plus remarquables et rétablir l’harmonie dans les endroits les plus visibles du chœur et de la nef ». L’opération a laissé des traces regrettables dans plusieurs chapelles de la nef. Quant aux figures d’apôtres et de saints qui furent exécutées pour
le triforium du chœur à Choisy-le-Roi sur les dessins de Fichot, à Metz dans les ateliers de Maréchal et Quignon, à Clermont-Ferrand chez Thévenot et à Troyes même chez Vincent-Larcher, elles faisaient un effet si déplorable qu’il fallut les reléguer, trente ans plus tard, dans le transept. En 1844, Thévenot fut pourtant chargé de vitrer la grande rose du sud, qui venait d’être reconstruite. Un rapport de l’année suivante, signé Boeswillwald, déclare que son ouvrage « ressemble plutôt à un transparent en
papier qu’à des vitraux (3) ».

Nous venons de nommer le peintre verrier troyen Vincent-Larcher. C’était, un jeune artiste plein de courage qui, en 1836, s’était mis en tête de réinventer la technique du vitrail. Il trouva bientôt, en la personne de Martin-Hermanowska, un émule encore plus inexpérimenté, bien que plus âgé que lui. L’aventure de ces nouveaux Bernard Palissy a été racontée avec beaucoup de compréhension et d’indulgence dans un mémoire publié en 1845 par la Société académique de l’Aube, mais elle a inspiré,
quatre ans plus tard, à Eugène Millet un rapport sévère qu’il faut bien citer ici :

"Les verrières des chapelles, écrit l’architecte des Monuments historiques, appartiennent à l’époque du commencement de la construction. Elles sont pour la plupart incomplètes et dans un très mauvais état. J’ai vu avec regret que les fragments de plusieurs de ces verrières avaient été enlevés pour faire place à des verrières neuves qui, bien qu’elles aient la prétention d’imiter les vitrines (sic) du XIII e siècle, n’en sont pas moins de tristes essais exécutés par les fabriques naissantes de la ville de Troyes.
Certes, nous sommes loin de penser qu’il ne faille faire aucun cas de ces essais, mais nous croyons que les cathédrales ne sont point des salles d’exposition où chacun peut placer ses produits. Il nous semble que de semblables monuments ne doivent contenir que des œuvres réussies. La commission des vitraux près le ministère de l’Instruction publique et des Cultes appréciera le danger d’une semblable marche (sic) ; elle préférerait, nous n’en doutons point, que les anciens panneaux fussent restés en place et que les verrières neuves n’eussent au moins été placées que dans des fenêtres complètement dépourvues d’anciens vitraux."
Les anciens panneaux ne sont heureusement pas perdus ; ils sont aujourd’hui rangés
dans des caisses, mais il n’est pas douteux qu’ils ont dû souffrir de la dépose, qui n’a pas
été faite avec tout le soin qu’il faut apporter dans une semblable opération .

 

"Les chapelles du déambulatoire ont donc servi de champ d’expériences à nos deux néophytes. Il est juste de remarquer que, si Martin-Hermanowska ne semble avoir jamais rien produit de bon, Vincent-Larcher est parvenu rapidement à une habileté considérable et que ses restaurations valent celles des peintres verriers les plus réputés de son temps.
On comprend néanmoins que, visitant de nouveau la cathédrale en 1864, F. de Guilhermy ait éprouvé un sentiment de stupeur. Non seulement il déclare « mauvaises » et «pitoyables » les créations de Martin-Hermanowska, mais, dans les vitraux remis en état et sans doute trop nettoyés par Vincent-Larcher, il ne reconnaît pas, le plus souvent, les panneaux dont il avait pourtant noté les sujets en 1843, et il prononce : « vitraux neufs », à tort et à travers, comme nous le verrons tout à l’heure.
Après lui, personne n’a guère fait attention à la décoration des chapelles rayonnantes, sauf, bien entendu, Fichot, dont le zèle ne connaissait point de relâche. Mais l’excellent dessinateur, qui déclarait « s’abstenir de toutes dissertations artistiques » au sujet des œuvres modernes, ce qui se comprend assez, ne s’est pas astreint à signaler les réfections opérées dans les vitraux anciens. Il déclare, cependant, que les « riches verrières » de la chapelle Notre-Dame « ont été malheureusement restaurées pour la plus grande partie par l’addition de panneaux entièrement neufs  ».Quant à Lucien Morel-Payen, il ne prend pas la peine d’indiquer les sujets de ces « verrières très restaurées ». Enfin, l’abbé Jossier cite parmi les œuvres personnelles de Vincent-Larcher : « à la cathédrale, la plupart des vitraux du pourtour du chœur, parmi lesquels il convient de signaler tout particulièrement ceux de la chapelle de la Vierge et le magnifique vitrail de l'Arbre de Jessé (5)... ». C’est la condamnation définitive."

 

DESCRIPTION.

La baie 31 où figure l' Arbre de Jessé est placée entre les deux baies 29 et 33 qui sont "blanches" dans la troisième chapelle du déambulatoire du chœur de la cathédrale.  L'Arbre de Jessé était placé jadis au centre de la chapelle d'axe avant d'être  utilisée comme bouche-trous dans les baies 3 et 4.

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Ses panneaux actuels étaient très certainement entourés, comme ailleurs au début du XIIIe siècle, des figures des prophètes, soulignant les liens entre la généalogie royale de Jésus, et les citations de l'Ancien Testament : c'est le cas à la cathédrale de Soissons en 1212,  la cathédrale du Mans en 1235, à celle d'Amiens vers 1245, comme c'était déjà le cas à Sait-Denis et à Chartres en 1144 et 1150.

Les panneaux anciens manquants, et notamment les prophètes qui accompagnaient les rois sont  ceux qui sont conservés au Victoria and Albert Museum à Londres . C'est une grande chance de les avoir. Je les présenterai en annexe.

 

La baie 31 est une lancette ogivale unique, sans rose ni tympan, à sept panneaux dont  quatre panneaux du 13e siècle, vers 1220, ceux de David, de Salomon, de la Vierge et du Christ ; selon E. Pastan il y aurait aussi des pièces du 13e siècle dans Jessé (notamment la tête) et dans la partie inférieure de la figure du 4e registre ; les autres figures et la bordure ont été peintes par Vincent-Larcher en 1869.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1°) Jessé allongé dans la posture du songeur.  Vincent-Larcher en 1869, sauf la tête de Jessé, XIIIe.

Jessé (ou Isaï) est le petit-fils de Ruth et Boaz et le père de David. Il est propriétaire de troupeaux de brebis et moutons à Bethléem. Il apparait dans les prophéties d'Isaïe annonçant la venue du Messie:

« Or, un rameau sortira de la souche d'Ishay (Jessé), un rejeton poussera de ses racines… En ce jour-là, il y aura un rejeton d'Ishay (Jessé) qui se dressera comme la bannière des peuples ; les nations se tourneront vers lui, et sa résidence sera entourée de gloire ».(Isaïe 11:1)

C'est cette citation qui est interprétée par les Pères de l'Église : la  souche est alors figurée à partir du XIe siècle par un arbre, entrevu en songe par Jessé, et produisant un rejeton, Jésus fils de la Vierge.

La présence de l'Arbre généalogique de l'ascendance royale du Christ, au centre de la chapelle d'axe de la cathédrale (le haut-lieu spirituel de celle-ci, son extrémité orientale), entourée de la Vie de la Vierge et de la Vie de Jésus, résume en une proclamation symbolique l'histoire du Salut, débutée dans l'Ancien Testament et réalisée par l'Incarnation et la Rédemption.

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Sous des murailles fortifiées (Bethléem), la chambre de Jessé est figurée par une tenture rouge nouée. Jessé, sur son lit, la main sous le menton et le coude appuyé sur l'oreiller, lève les yeux vers sa vision. Il est coiffé d'un bonnet conique rouge. Le tronc de l'arbre s'élève depuis le centre névralgique de son bassin. Un lys, dans un vase, fait allusion à la virginité de Marie et au jeu de mots virga (tige) et virgo (vierge) qui est crucial dans la spiritualité du XIe siècle à l'égard de ce thème.

Le peintre Vincent-Larcher s'est inspiré des panneaux de Saint-Denis, Chartres et le Mans, mais a choisi de représenter Jessé les yeux ouverts, la tête levée.

 

      Basilique de Saint-Denis. 1144.            

saint-denis 9558cc  

Cathédrale de Chartres 1150

arbre-de-Jesse 6784c

Cathédrale du Mans 1235

arbre-de-jesse 1670cc

 

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le roi David, fils de Jessé, jouant de la "rote". Vers 1220.

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À Saint-Denis et à Chartres, ou au Mans, ou à Beauvais, les rois n'ont pas d'attributs d'identification, et David ne tient pas l'instrument, habituellement la harpe, qui le désigne comme le compositeur des Psaumes. À Amiens en 1242, il tient un instrument à cordes pincées par un plectre (psalterion). Sur l'enluminure de la Bible historiale de Guiart des Moulins, il tient une harpe, mais ce manuscrit date de 1320-1330.

L'instrument à cordes frottées,avec sa forme biolobée et ses quatres ouies, dont joue ici le roi David, appuyé sur sa cuisse gauche,  avec un archer très long, , a été reconnu sous le nom de "rote" par E. de Coussemaker, et celui-ci en a donné la représentation en tête de son article. Il en donne un exemple sans manche à Amiens au XIIIe siècle entre les mains d'un vieillard de l'Apocalypse, un autre exemple avec manche et avec échancrure au Musée de Cologne au XIIe siècle, un autre enfin dans un manuscrit de Gand au XIVe siècle. 

Mais la rote est définiée autrement par le CNRL. L'instrumentarium de Chartres assimile la rote à une harpe-psaltérion, tout comme sur classic-intro.net.

Je reprends dans ma description le terme admis par Fichot, par J. Lafond et par les autres auteurs ayant analysé cette baie, mais sans le valider sur le plan de l'organologie moderne.

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E. de Coussemaker, Essais des instruments de musique au moyen âge. Annales archéologiques 1847. Didron aîné, t. VII, page 241

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Le roi David est assis dans l'axe du tronc de l'arbre paternel,  dans une mandorle rouge doublée de feuillage, et entouré de pampres dont les grappes se réfèrent à l'Eucharistie, et donc à la Rédemption.  Son manteau est rouge lie-de-vin sur une robe verte.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison :

Le Psautier d'Ingeburge de Danemark, reine de France date de 1215-1218. Au folio 14, un Arbre de Jessé est particulièrement intéressant à comparer avec celui-ci.  Cinq personnages sont représentés, Jessé, David et sa "rote", Salomon et sa harpe, la Vierge, et Jésus. Ils sont entourés de cinq prophètes et d'une prophéteresse (Sibylle), inspirés par une colombe. En haut à gauche, Isaïe tient le verset Ecce .... ad viden ...eum, peut-être lié à Isaïe 14 ecce virgo concepiet et pariet. La sibylle tient l'inscription Omnia cessabunt tellus confracta peribit, extrait des oracles sibyllins repris par Augustin dans la Cité de Dieu XVIII, XXIII.

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3°) le roi Salomon, fils de David, jouant de la harpe. Vers 1220.

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Salomon, couronné et assis dans la même posture que son père. Le manteau est rouge, la robe est verte, comme pour David.

J'ai d'abord pensé, comme Arnaud, qu'il tenait  un stylet avec lequel il s'apprête à écrire sur un livre dont il tourne la page. Mais, par référence au psautier d'Ingeburge, je me range à l'avis de Jean Lafond : Salomon pincerait à l'aide d'un plectre les cordes d'une sorte de harpe.

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Selon Jean Lafond, "La robe verte et la main droite de Salomon sont refaites...Salomon, une cithare à la main [Arnaud avait vu « une tablette sur laquelle il écrit avec une plume » et Guilhermy « une harpe portative ». Dans le psautier d’Ingeburge, dont l' Arbre de Jessé est proche parent du nôtre (cf. la n. 2 de cette page), David joue de la rote et Salomon de la harpe. Reprod. dans Emile Mâle, L' art religieux du XIIIe siècle, p. 173.]"

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4°) Un roi de Juda (Roboam fils de Salomon ?) tenant un sceptre. Vincent-Larcher 1869.

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Le peintre a repris les habits et postures des panneaux précédents.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5°) Un roi de Juda tenant un sceptre. Vincent-Larcher 1869.

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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6°) La Vierge, couronnée et tenant une palme. Vers 1220.

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Selon J. Laffond : " La robe verte de la sainte Vierge paraît avoir été réparée. La sainte Vierge portant une palme d’or [Comme dans l'Assomption des fenêtres hautes des cathédrales de Troyes et de Sens. Cf. Emile Mâle, L’art religieux du XIIIe siècle, p. 255.] "

 

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7°) Le Christ, au nimbe crucifère, bénissant et tenant un livre . Vers 1220, livre restauré en 1869.

 

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Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Baie 31 de l'Arbre de Jessé (v.1220) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE LES PANNEAUX CONSERVÉS AU VICTORIA & ALBERT MUSEUM DE LONDRES.

https://collections.vam.ac.uk/search/?id_material=AAT10797&page=1&page_size=15&q=troyes

J'ai téléchargé les clichés proposés par le musée, et j'ai copié après traduction une partie des commentaires qui les accompagnent.

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"Il me paraît certain que l'Arbre de Jessé décorait, à l’origine, la fenêtre centrale de la chapelle Notre-Dame, dont il complétait parfaitement le programme iconographique, comme l’a très bien vu Didron. Or, la largeur des panneaux conservés n’excède pas 0 m 59, tandis que la baie en question mesure l m 59. Entre ces panneaux et une bordure de 0 m 20 environ, il y avait donc place pour les prophètes qui accompagnent ordinairement les plus anciennes représentations de l' Arbre de Jessé. Arnaud a justement distingué, parmi « plusieurs figures rapportées, mais anciennes », qui garnissaient, de son temps, le bas du premier vitrail de Saint André (chapelle Saint-Nicolas), « le prophète Hahabuc, nimbé de vert, en robe blanche avec une écharpe bleue (son nom est écrit ainsi abacuc), et, en regard, une
autre figure nimbée de rouge, en robe blanche, manteau bleu avec une écharpe blanche (Arnaud 1839 page 176) »." (Jean Lafond)

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"Origines des panneaux de prophètes :
Au moment de l'acquisition, on pensait que ce panneau et d'autres de la collection du V&A (5A-E-1881 et 6-6E-1881) se trouvaient à l'origine dans les fenêtres de la Sainte Chapelle à Paris. Cette chapelle a été restaurée au XIXème siècle et certaines fenêtres médiévales ont été supprimées. Avant 1936, l'opinion a changé et on pensa alors que l'emplacement originel de ces panneaux était la cathédrale de Troyes, peut-être dans la chapelle axiale. En 1779 la fenêtre centrale de cette chapelle axiale avait été supprimée.

E. C. Pastan explique pourquoi les panneaux V&A proviennent de la fenêtre de Troyes :
1) les mesures correspondent à la hauteur des panneaux de Troyes
2) tout rentrerait dans la fenêtre axiale de la chapelle
3) tous les panneaux présentent des piqûres de corrosion similaires

La série de prophètes du V&A Museum sont associés  à la verrière  de Troyes depuis Grodecki (1958). Les dimensions des panneaux (65 x 36) s'intègrent parfaitement dans la fenêtre axiale et complètent les figures du centre. Cependant, les prophètes de cette série sont exécutés avec une variété de styles picturaux associés aux années 1220 et 1230. Cela suggère qu'ils ont été achevés à une certaine période et qu'ils proviennent probablement d'une ancienne rupture de la fabrication du verre." (V&A )

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Les neuf Prophètes. 

Ils se répondaient deux à deux dans des demi-médaillons en quadrilobes tournés soit vers la droite, soit vers la gauche. Les personnages sont entourés de phylactères dont certains portent encore le nom du titulaire. Ils vont par paires (par inversion des cartons), sauf pour deux d'entre eux : on peut donc penser que des panneaux ont été perdus et qu'ils étaient 11 ou 12 au départ, encadrant les 6 premiers panneaux centraux. Le Christ pouvait être entouré d'anges, comme sur le Psautier d'Ingeburge.

Un groupe de quatre panneaux 5, 5A, 5B et 5C-1881 ont les mêmes caractères stylistiques : les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus.

Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des cinq autres panneaux  5D, 5E, 6, 6A et 6B-1881, qui ont une grosse fleur derrière eux, qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. .

 

1. Un prophète. Inv 5B-1881

https://collections.vam.ac.uk/item/O179051/prophet-from-a-tree-of-panel-unknown/


"Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5, 5A et 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5C-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."
"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre vert. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras gauche repose sur sa poitrine et son bras et sa main droits tiennent un parchemin. Il porte une tunique violet-marron sur laquelle se trouve un vêtement blanc drapé sur son corps et sur son épaule droite. Le personnage porte des bottes ou des bas verts. Il tient dans sa main droite un long parchemin noir qui est tendu sur son corps. Le rouleau est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler une frise florale (rinceaux).
La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

Parmi les prophètes incontournables d'un Arbre de Jessé vient Jérémie

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2. AARON. Inv. 6-1881

https://collections.vam.ac.uk/item/O69202/prophet-from-a-tree-of-panel/

"Le prophète ici peut être identifié par le nom « AARON » inscrit sur son parchemin. Aaron était le frère du patriarche et prophète de l'Ancien Testament Moïse. Aaron accompagne souvent son frère dans les Arbres de Jessé. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D-E et 6A-B-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5E-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

N.B.  David Critchley me fait remarquer "le  lien étroit entre l’iconographie de l'Arbre de Jessé et l’Office de la Nativité de la Vierge, surtout avec l’homélie de St Fulbert, Approbatae consuetudinis, dans laquelle il affirme la double descendance de la Vierge, et de la tribu de David, et de la famille de Aaron. Pour en savoir plus, on peut recourir à The Virgin of Chartres, par Margot E Fassler, Yale 2010."

Cette piste me permet de constater la présence d'Aaron dans la cathédrale de Chartres :

1°) sur les verrières hautes de l'absidiole de la cathédrale de Chartres (les plus visibles au visiteur juste dans l'axe ouest-est) : Cesvitraux, visibles sans aucune obstruction a travers le choeur et la nef, étaient le point de convergence de tout l’intérieur de la cathédrale de Chartres. Dans le panneau central (n° 100, fig. 1), trône la Vierge Marie, mere du Christ, qui est assis sur ses genoux. En dessous sont représentées la Visitation et l’Annonciation, principaux épisodes conduisant a la naissance miraculeuse du Sauveur. Les quatre panneaux adjacents a gauche (n° 101, 103), et a droite (n° 102, 104), sont occupés par des séraphins et des chérubins en adoration et accompagnés par les figures de Moise, Aaron et David et par les prophetes Isaie, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, tous personnages considérés comme préfigurant la naissance du Messie.

2°) sur le portail nord :  " La baie centrale représente, dans le tympan, le Couronnement de la Vierge et, sur le trumeau, Anne, mère de Marie. La porte est entourée de dix statues représentant des personnages de l'Ancien testament qui ont figuré ou prophétisé la naissance de Jésus-Christ et les événements de sa vie, soit de gauche à droite, sur l'ébrasement de gauche : Melchisédech, Abraham, Moïse, Samuel ou Aaron, enfin David, et sur l'ébrasement de droite : Isaïe au-dessus de Jessé endormi, Jérémie, Siméon, Jean-Baptiste et saint Pierre."

 

 

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3.  MOÏSE. Inv. 5A-1881.

Inscription MOIS  : Le texte est gravé de manière particulière ici. Soit le « M » est à l'envers, soit le nom a été écrit à l'envers. Dans ce dernier cas, alors le « S » est à l'envers.

 

"Moïse peut être identifié ici grâce aux cornes qui sortent de sa tête. Cette convention consistant à représenter Moïse avec des cornes a commencé au XIIe siècle à la suite d'une mauvaise lecture d'un passage du livre de l'Exode de l'Ancien Testament (34 : 30). Dans ce récit, Moïse descend du Mont Sinaï avec les Dix Commandements, le visage rayonnant. Ce passage a été mal interprété car son visage était « cornu ». De plus, le personnage tient un parchemin sur lequel figure le nom « MOIS » pour « Moïse ». Ce rouleau est une restauration ultérieure, probablement médiévale, et l'original aurait été simplement un long rouleau noir avec un motif de rinceaux blanc comme on le voit dans le prophète qui l'accompagne (5-1881).

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5, 5B et 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des volutes inscrites. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même dessin animé ou dessin de conception."

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Son bras et sa main gauche sont levés et pointent vers la gauche. Il porte une chemise marron. Il tient un châle blanc sur son bras droit qui tourbillonne devant lui vers le côté droit du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin vert qui pend droit à côté de morceaux de verre transparent placés verticalement qui forment la bordure du côté droit du panneau. Le rouleau est composé de verre vert avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler le mot « MOIS » au revers. Ceci et la « corne » qui se trouve au-dessus de son oreille gauche l'identifient comme étant le prophète Moïse. Cet attribut traditionnel mais inexact du prophète de l'Ancien Testament dans l'art européen est né d'une mauvaise traduction du mot hébreu signifiant « rayons de lumière », faisant référence à l'apparence radieuse de Moïse lorsqu'il descendit du mont Sinaï.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur la bordure intérieure inférieure du quadrilobe et son pied gauche est placé sur la bordure intérieure inférieure du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, marron, jaune et transparent dans les écoinçons supérieurs et inférieurs. du quadrilobe Sur la droite du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

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4. Le prophète Ézéchiel. Inv. 5D-1881.

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un manteau marron sur une tunique blanche. Le manteau pend sur son épaule gauche et tourbillonne légèrement devant lui, à droite du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas verts. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres :
E Z E C H U E L bordé en haut et en bas."

"La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé derrière le bord intérieur inférieur du quadrilobe et n'est pas visible. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair, vert et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe."

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5. Le prophète Daniel. Inv. 5E-1881

"Le prophète ici peut être identifié par le nom DANIEL (à l'envers). Il a vécu au 6ème siècle avant JC et ses prophéties sont consignées dans le livre de Daniel de l'Ancien Testament. Ses visions étaient liées à l'établissement du Royaume messianique et sont donc intimement associées à la généalogie de Jésus-Christ.

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D et 6 à 6B-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 6-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs, imberbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers l'avant. Il porte un manteau jaune sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche et tourbillonne légèrement sur sa gauche et vers le côté droit du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre brun violet avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : D A N I E L (au revers) bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur le bord supérieur du quadrilobe et son pied gauche est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, jaune et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. "

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6.Le prophète "ROBOAN" (sic). Inv. 6C-1881

 

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et imberbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre transparent. Le personnage est de profil tourné vers le côté gauche du panneau. Il porte un manteau jaune sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Un parchemin est drapé sur son corps et il le tient dans le creux de son coude droit. Sa main gauche est abaissée et repose sur l'extrémité inférieure du parchemin. Le parchemin est composé de verre transparent avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : ROBOAN PROPHETAS bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied droit repose sur la bordure inférieure du quadrilobe et son pied gauche est placé sur la partie médiane de la bordure du quadrilobe.

 

Le prophète ici peut être identifié par le nom de « Roboan ». Il n'y avait pas de prophète de ce nom mais il y avait un roi de Juda  Roboam qui est représenté dans certaines représentations de l'Arbre de Jessé, y compris celles anglaises du 14ème siècle. On ne sait pas pourquoi le roi Roboam serait représenté comme un prophète et il est probable que le personnage n'ait pas été correctement identifié.

Le style de peinture de cette figure ressemble beaucoup à celui des séries de prophètes 5 à 5C-1881, mais la figure est plus robuste dans sa forme, comme on le voit dans les autres séries (5D-E et 6-C-1881). La plupart des figures de prophètes de cette collection sont des paires, sont des images miroir les unes des autres, ce qui indique que chaque paire a été réalisée à partir du même dessin animé ou dessin. 5D et 6C-1881 sont des exceptions et il est probable qu'il y en avait à l'origine une paire pour chacun.
 

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7. Un prophète. Inv 5C-1881.

"Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5 à 5B-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5B-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

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8. Un prophète. Inv 5-1881.

" Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre jaune. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un surmanteau vert sur une tunique verte. Il tient un châle marron sur son bras gauche qui tourbillonne derrière lui vers le côté gauche du panneau. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin noir qui pend droit à côté de morceaux de verre transparent placés verticalement qui forment la bordure du côté droit du panneau. Le rouleau est composé de verre transparent avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler une frise florale.
La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe. Il y a des gerbes florales de verre bleu, vert et clair dans les écoinçons supérieur et inférieur du quadrilobe. Sur la gauche du panneau se trouve une bordure verticale de gerbes florales composées de verre clair, vert et brun. Ce motif floral de bordure est brisé en son milieu où il est découpé par la saillie gauche du quadrilobe.

Le prophète porte ici un parchemin sans inscription, il ne peut donc pas être identifié. Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5A à 5C-1881. Les traits du visage sont fins et anguleux. Les lignes formant les sourcils et les orbites sont peintes en arcs pointus. Ces caractéristiques et l'absence d'inscriptions sur leurs parchemins distinguent ce groupe des autres panneaux de la série qui ont des traits du visage pleins et plus arrondis et portent des parchemins inscrits. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 5A-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

 

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9. Le prophète Helpas (sic). Inv 6B-1881.

"Figure en pied d'un homme avec une tête pleine de cheveux longs et une barbe. Sa tête est entourée d'un halo composé de verre flashé rouge. Le personnage est de profil tourné vers le côté droit du panneau. Son bras et sa main droits sont levés et pointent vers la droite. Il porte un manteau marron sur une tunique verte. Le manteau pend sur son épaule gauche. Le personnage porte des bottes ou des bas jaunes. Il tient dans sa main gauche un parchemin qui traverse son corps et s'étend vers la gauche du panneau. Le parchemin est composé de verre jaune avec une épaisse couche de pigment noir mat qui a été grattée avec un stylet fin pour révéler les lettres : HELPAS bordé en haut et en bas.

La figurine est placée dans un demi-quadrilobe. Son pied gauche repose sur le bord intérieur inférieur du quadrilobe et son pied droit est placé derrière le bord intérieur inférieur du quadrilobe et n'est pas visible."

"Le prophète ici peut être identifié sous le nom de « HELPAS ». Nous savons qu'il doit être un prophète en raison de la façon dont il est représenté et de son association avec un arbre de Jessé. Cependant, aucun prophète du nain de « Helpas » n’a existé et il est possible que le rouleau ait été modifié.

Le style de peinture de cette figure est le même que celui des panneaux 5D-E et 6 à 6A-1881. Les traits du visage sont pleins et arrondis. Les sourcils sont lourds et les yeux et les pupilles sont grands. Le vêtement épouse la forme du corps. Les cheveux des personnages sont raides et non bouclés. Ces personnages sont identifiés par leurs rouleaux inscrits, ont une grande fleur à tige dans le demi-quadrilobe dans lequel ils se tiennent et il n'y a pas de petites sections de sol entre leurs pieds. Tous ces traits distinguent ce groupe de prophètes de l'autre groupe (5 à 5C-1881). La plupart des figures de prophètes de cette collection sont des paires, sont des images miroir les unes des autres, ce qui indique que chaque paire a été réalisée à partir du même dessin animé ou dessin. La figure entière de ce panneau est l’inverse de celle du no. 6A-1881 indiquant qu'ils ont été réalisés à partir du même carton ou dessin de conception."

Il faut sans doute lire HELYAS, désignant le prophète Elias ou Elie. (Merci à David Critchley)

Voir sur cette graphie HELYAS : 

https://theindex.princeton.edu/s/view/ViewWorkOfArt.action?id=7BDEF0A4-B525-4B0B-A43F-3F559DFCD749

https://theindex.princeton.edu/s/view/ViewWorkOfArt.action?id=A393644B-C258-4620-8543-CD549E68BD75

 

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LES ROIS.

Deux autres panneaux du musée (Mus.nos. 6D et 6E-1881) représentent des rois depuis une verrière de « l'arbre de Jessé », mais ne faisaient pas à l'origine partie de cette série de panneaux de prophètes.

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 160.

https://books.google.fr/books/about/Voyage_arch%C3%A9ologique_et_pittoresque_dan.html?hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&redir_esc=y

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— CORBLET (Abbé), 1860, 'Etude iconographique sur l'Arbre de Jessé', Revue de l'Art chrétien 

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 341

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

— GRODECKI (Louis), 1958 "De 1200 a 1260", in M. Aubert et al., Le vitrail francais, Paris, 1958

— GRODECKI (Louis),  C. Brisac, 1985  Gothic Stained Glass, 1200-1300, trans. B. D. Boehm, Ithaca, 1985

— GRODECKI (Louis),1976, Les Vitraux de Saint-Denis, I, Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1976

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 43-44.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LAFOND (Jean),1911, 'l'Etude historique de l'Arbre de Jessé demanderait une longue et minutieuse enquete, qui ne lasserait de coté nul exemple, nul petit détail', Bulletin de la Societé des Amis des Monuments rouennais

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

— MÂLE (Emile), 1928, "L'Art religieux du XIIe siecle en France", 3e ed, Paris: Colin, 1928, pp.141-7, 168-75

— MÂLE (Emile),1922 L'Art religieux de la fin du Moyen Age en France, 2nd ed, Paris: Colin, 1922, p.82

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

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 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

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— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -
 

—PASTAN (Élisabeth C.), 1986 "The Early Stained Glass of Troyes Cathedral: The Ambulatory Chapel Glazing, c.1200-1240", (Dissertation, Brown University, Providence, RI, 1986)

—PASTAN (Élisabeth C.), 1990, Restoring the Stained Glass of Troyes Cathedral: The Ambiguous Legacy of Viollet-le-Duc", Gesta, XXXIX (1990), pp.155-166

—PASTAN (Élisabeth C.), 1994, "Iam hereticos quan Judaeos: Shifting Symbols in the Glazing of Troyes Caqthedral," Word & Image, 10 (1994), pp.66-83

—PASTAN (Élisabeth C.),  1994, "Process and Patronage in the Decorative Arts of the Early Campaigns of Troyes Cathedral, ca. 1200-1200s", Journal of the Society of Architectural Historians, LIII (1994), pp.215-231

—PASTAN (Élisabeth C.), 1998"And he shall gather together the dispersed: The Tree of Jesse at Troyes Cathedral", Gesta, vol.37, no.2 (1998), pp.232-9

 

—PASTAN (Élisabeth C.), 2000 "The Tree of Jesse at Troyes Cathedral", in Stained Glass as Monumental Painting (XIXthe International Cooloquium, CVMA, Krakow 1998), Cracow, 2000, pp.55-65

—PASTAN (Élisabeth Carson),  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

—RAGUIN (V.C.) 1982, Stained Glass in Thirteenth-century Burgundy, Princeton, 1982

—RAGUIN (Virgina C.) Madeline Caviness, 'Another Dispersed Window from Soisssons: A Tree of Jesse in the Sainte-Chapelle Style'. Gesta, XX (1981), pp.191-198

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— ROSEROT DE MELIN (J.) 1970, Bibliographie commentée des sources d'une histoire de la cathédrale de Troyes, 2 vols.(Troyes, 1966-1970)

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Victoria & Albert Museum:

https://collections.vam.ac.uk/search/?id_material=AAT10797&page=1&page_size=15&q=troyes

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000340

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Arbre de Jessé Vitraux Arbre de Jessé. Troyes
8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 16:22

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes, les baies 130 et 230 de l' Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin en 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme.  Armoiries.

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1°) Voir sur les vitraux de la cathédrale de Troyes :

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2°)  Voir dans ce blog  sur les Arbres de Jessé :

A. ARBRES DE JESSÉ SCULPTÉS.

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B. PEINTURE MURALE:

C. VITRAUX DE L'ARBRE DE JESSÉ 

 

 En Bretagne, par ordre chronologique :


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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Les baies 130 (triforium) et 230 occupent la quatrième travée de la nef  côté sud. 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien ; un écu armorié d'Odard Hennequin mis en place en 1502-1503 par Jeancon Garnache et Nicolas Hulins a disparu.

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiriesidentifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph (biblique) ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Corart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Datation et donateurs : par inscription.

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Tout au long de la partie inférieure de la baie 230 se lit l'inscription en lettres gothiques : MESSIRE JEHAN DE MARISY ET DAMOYSELLE GUILLEMETTE PHELIPE SA FEMME ONT DONNE CESTE VERRIERE EN L'HONNEUR DE DIEU ET DE SAINT PIERRE L'AN 1498. PRIEZ POUR EUX.

Danielle Minois estime que la réalisation d'une verrière se fait l'année suivant la donation, soit en 1499, ce que confirme les comptes de la cathédrale.

 

 

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Attribution à Liévin Varin et paiement en 1498-1499 : par pièce d'archive.

Comptes de la confrérie Saint-Pierre de la cathédrale (AD G 1571)

1498- 1499 : "A la femme de Lyevin, verrier, à laquelle messires ont ordonné bailler ug escu d'or pour ung chapperon: affin qu'il fist bien et deument la verrière de Radix Jessé, pour ce cy xxxv s.t"

Le peintre-verrier :

 Lyevin  Varin est documenté de 1474 à 1513. Son patronyme apparaît sous les graphies Varin Verrien Warin, Voirrin, Il est désigné uniquement par son prénom Lyevin ou Lievin dans la plupart des registres de comptes troyens et on trouve l'expression « Liévin le verrier » . Lyevin était peut-être d'origine flamande puisque  saint Lievin est le patron de Gand, et que le prénom Liévin n'est jamais donné à Troyes.

Sa femme se prénommait Jeanne. Il était l' oncle de Jean Macadré. Il habitait rue Notre-Dame.

Il est l'auteur en 1501-1502 au transept sud de la cathédrale de Sens, avec Jean Vierrat et Balthasar Godon, de la Rose du Jugement de l'Arbre de Jessé, et de l'Invention des reliques de saint Etienne et de la Translation des reliques de saint Etienne.

Il travailla aux verrières de l'église Sainte-Madeleine de Troyes en 1503 et à celles de l'église Saint-Jean de 1508 à sa mort. Il répara avec son neveu Macadré les verrières de Saint-Jean en 1510-1512, puis refit le vitrail de saint Christophe de cette église en 1512-1513. Il décéda en 1512-1513.

https://books.google.fr/books?id=ODxBePnXNwsC&pg=PA238&dq=varin+troyes&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwidlNO7mtiEAxWzRaQEHWedCgUQ6AF6BAgGEAI#v=onepage&q=varin%20troyes&f=false

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Description

La baie 230, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

La baie 130, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

 

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Les baies 130 et 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 130 et 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 130 et 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 130 et 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 130.

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Elle associe les saints patrons des donateurs (saint Jean-Baptiste et saint Guillaume), aux extrémités, aux deux prophètes Isaïe et Jérémie cités en référence avec leurs versets dès les premiers Arbres de Jessé, et à deux scènes typologiques, celle du Buisson ardent et de Gédéon préfigurant l'Incarnation et la Nativité du Christ. Si on considère que Jean-Baptiste a été le prophète qui a annoncé la venue du Christ, cinq des six personnages de ces lancettes introduisent bien le motif de l'Arbre de Jessé, arbre de la généalogie de Jésus démontrant que le Sauveur "accomplit les Écritures", selon les termes de l'incipit de l'évangile de Matthieu après sa généalogie : 

"Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète [Isaïe] :  Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »" Mt 1:22-23.


 

La baies 130  de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baies 130 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baies 130  de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baies 130 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1. Saint Jean-Baptiste patron du donateur.
 

Jean est vêtu de sa robe en poil de chameau, il tient l'agneau mystique au nimbe crucifère  et l'étendard à l'oriflamme portant la croix.

Inscription JOHANNES.

Armoiries de Jean de Marisy, d'azur aux six macles d'or posées 3,2,1.

Tentures damassées rouge et vertes.

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2. le prophète Isaïe.

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Inscription ISAYAS

Inscription du phylactère : EGREDIETVR VIRGA DE RADICE JESSE. Citation d'Isaïe 11:1 "Il sortira un rejeton de la racine de Jessé". Le thème iconographique de l'Arbre de Jessé provient de cette citation.

Tentures damassées rouge et vertes.

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Tympan bleu aux macles jaunes.

Armoiries de Jean de Marisy et phylactère portant sa devise FINS CORONAT, citation abrégée de Finis coronat opus, "La fin couronne l'œuvre".

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La baies 130  de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baies 130 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Vient ensuite deux scènes typologiques, celle du Buisson ardent, et de la toison de Gédéon. La verrière de l'arbre de Jessé de la cathédrale de Sens, réalisée par Liévin Varin juste après celle-ci, en 1502-1504, reprend cette idée, mais ce sont alors quatre scènes qui sont disposées sur les bordures latérales de l'arbre  : outre Moïse et Gédéon (avec les mêmes citations bibliques), on y trouve  Melchisédech  devant l'autel, et Ézéchiel et la porte close, dans la même intention interprétative, reliant le motif de l'Arbre généalogique de Jessé avec une défense de l'Immaculée conception de Marie, et de la nature royale de la Vierge et du Christ.

La comparaison entre les deux verrières ne s'arrête pas là, puisque à Sens, sont représentés Isaïe et Jérémie (et également Daniel et  Ézéchiel, Nahum et Zacharie et Aggée et Amos).

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3. Moïse et le Buisson ardent.

Inscription DNE MITE QVEM MISSVRVS  ES. EXODVS JJJJ, citation du livre de l'Exode 4:13 Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer."

Moïse, ayant auprès de lui ses moutons, se déchausse sur l'ordre de Dieu qui lui apparaît sous la figure du Christ au nimbe crucifère au centre du buisson environné de flammes. Il tient son bâton, qui, dans le texte, vient de se transformer en serpent, témoignant de la puissance effectrice de Yahvé.

Comme la suivante, cette scène provient de la typologie biblique largement vulgarisée et mise en image à la fin du Moyen-Âge par les Bibles des pauvres. Le Buisson ardent y est mis en parallèle avec la Nativité, ce qui se comprend ici puisque la prophétie d'Isaïe est lue comme une annonce de la naissance du Christ par la Vierge. Voir la page de la Biblia pauperum.

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4. La toison de Gédéon.

Inscription : GEDEO

Gédéon est en prière devant une toison d'où s'élève une rosée (des rayons blancs descendant d'une nuée). Il est revêtu de son armure de guerre, et porte dans son dos son bouclier où est inscrit son nom. Un ange lui apparaît , portant une banderole avec ces mots : DOMINE TECVM VIRORVM FORTISSIME , "Le Seigneur est avec toi, ô le plus puissant des hommes" (Juges 6:25).

Dans la Biblia pauperum, le miracle de la rosée (ou de la toison) de Gédéon est mis en parallèle avec l'Annonciation, ce qui là encore, est cohérent vis à vis de la prophétie d'Isaïe.

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Tympan bleu aux macles jaunes.

Armoiries de Jean de Marisy et phylactère portant sa devise FINS CORONAT, citation abrégée de Finis coronat opus, "La fin couronne l'œuvre".

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La baies 130  de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baies 130 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5. Le prophète Jérémie.

Inscription : IEREMIAS.

Inscription du phylactère : CREABIT DOMINVS NOVVM SUPER TIAM JEREMIE XXXI.

Il s'agit d'une citation du verset de Jérémie 31,22  Creavit Dominus novum super terram femina circumdabit virum : "Le Seigneur a fait du nouveau sur la terre, une femme entourera [ou "environnera"] l'homme". Ce verset  a été interprété par Saint Bernard comme annonçant la Vierge, qui concevra Jésus, homme parfait dès sa présence dans le sein de Marie, non par la maturité de l'âge, mais par celle de la sagesse :

http://www.abbaye-chaise-dieu.com/Les-Peres-de-l-Eglise-commentent.html

Voir l'arbre de Jessé de Férel :

https://www.lavieb-aile.com/article-le-vitrail-de-l-arbre-de-jesse-a-ferel-56-117745491.html

Tentures damassées rouge et vertes.

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6. Saint Guillaume patron de la donatrice Guillemette.

Inscription GVILL'MVS

En l'honneur de Guillaume de Bourges, archévêque de Bourges (1199-1209) , le prénom Guillaume est extrémement répandu à Troyes à l'époque sous ses formes masculines (Guillaume, Guiot ou Guyot) et féminine. Voir Guillaume Molé et Guiot I le Peley (mort en 1485), amis de Jean de Marisy.

Tentures damassées rouge et vertes.

En bas à gauche, blason mi-parti de Jean de Marisy d'azur aux six macles d'or posées 3,2,1 et de Guillemette Phelippe de gueules aux trois lionceaux grimpants d'or.

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Tympan bleu aux macles jaunes.

Armoiries de Jean de Marisy et phylactère portant sa devise FINS CORONAT, citation abrégée de Finis coronat opus, "La fin couronne l'œuvre".

 

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La baies 130  de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baies 130 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 230.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES DONATEURS JEAN DE MARISY ET GUILLEMETTE PHELIPPE.

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Tout le registre inférieur.

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Un cas unique ?

Il existe un nombre considérable de verrières de l'Arbre de Jessé (près de 80 entre 1475 et 1600) en France, mais très peu d'entre elles comportent, à ma connaissance, des donateurs ; et parmi ceux-ci, la baie 230 est peut-être la seule où ceux-ci, composant une famille entière de 17 membres, occupent le registre inférieur aux côtés de Jessé et se placent ainsi sous le patronage des Rois de Juda.

 

C'est également un cas unique que cette famille qui insére ses membres,  sans séparation  dans l'arbre généalogique du Christ, et même dans les racines ou premières branches de l'arbre, au même rang que Jessé le fondateur, les branches basses venant englober dans leur rinceau les têtes de Jean de Marisy, de son épouse et de leurs enfants. Qui entoure Jessé d'un complexe héraldique important, et qui  empiète sur sa robe. Et qui suspend sans complexe ses blasons à une branche principale de l'arbre !

C'est également un cas unique parmi les 20 verrières hautes de la nef de la cathédrale de Troyes, les autres donateurs occupant une place plus modeste, et se contentant du patronage de leurs saints patron. Autre particularité, les donateurs des autres verrières troyennes figurent en bourgeois (malgré la présence d'armoiries témoignant d'un annoblissement récent) tandis que Jean de Marisy figure ici en armure.

En la cathédrale de Sens, la verrière de l'Arbre de Jessé de Liévin Varin, dont j'ai déjà souligné la proximité avec celle de Troyes, montre également un donateur, le chanoine Louis Lahure, sur la même horizontale que Jessé mais à l'écart dans la bordure latérale, et en petite taille entre deux prophètes . Mais l'écu portant ses armes parlantes est suspendu tout aussi cavalièrement à une branche servant d'appui à l'archange Gabriel.

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Arbre de Jessé (Liévin Varin), cathédrale de Sens, photo lavieb-aile.

 

 

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Jean de Marisy, ses onze  descendants mâles, et son complexe héraldique.

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Jean de Marisy est représenté agenouillé mains jointes devant son livre de prières posée sur le prie-dieu. Il est en armure, et il porte ses armes sur son tabard.

Jean de Marisy, fils de Simonnet de Marisy et de Marguerite La Héraulde, est né en 1420. Il était écuyer, seigneur de Juzanvigny, Valentigny, Champigny-suur-Aube, Richereau et Racine.  Il fut Maire de Troyes en 1471 et 1488. Il épousa Guillemette Phelippes (1424-/1492) dont trois enfants : 

  •  François Ier de Marisy, qui fut confirmé dans sa noblesse par sentence de l'élection de Troyes, décédé après 1515, Maire de Troyes en 1498 . Il épousa  Catherine Molé (ca 1464-1520), fille de Jean II Molé et de Jeanne de Mesgrigny, donateurs des verrière 131 et 231, puis il épousa Ysabeau de Louvement d'où trois enfants, Claude (qui épousa Jeanne Le Boucherat puis Michelle Molé et qui fit construire en 1526 l'Hôtel de Marisy), Marguerite et Jacques.
  •  Jacques de Marisy ca 1460-1541/ maire de Troyes  en 1514 et en 1518, époux de Margaux Huyard, d'où six enfants, GuillemetteCatherineLouisSimonGuyot et Jeanne de Marisy.
  •  Ysabeau de Marisy qui épousa Alain I de Vassan, d'où trois enfants Guillemette, Guillaume et Jean.

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Juste derrière lui vient un fils portant armure et tabard aux armes de Marisy, probablement François de Marisy. Charles Fichot y voit le frère puiné de Jean.

Puis vient un clerc, probablement un chanoine puisqu'il porte l'aumusse de fourrure au bras droit, vêtu d'une robe blanche au dessus d'un vêtement rouge. Ce serait pour Charles Fichot le frère cadet de Jean.

Puis suivent neuf hommmes, vêtus en bourgeois avec des manteaux rouges, bleus ou verts. Il n'est pas possible de les identifier parmi les fils ou petits-fils du donateur.

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En 1499, date de la donation de la verrière, tous les enfants et petits enfants mentionnés étaient nés. 

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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Le complexe héraldique.

Le blason aux armes de Marisy, d'azur aux six macles d'or posées 3,2,1, armes qui remonterait à Philippe VI de Valois, est présenté par deux lévrettes blanches colletés aux couleurs azur et or. Le blason est timbré d'un casque à sept grilles entouré de ses lambrequins et coiffé d'un tortil (aux couleurs de Marisy), et qui reçoit en cimier  une femme blonde richement vêtue, en buste.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le côté féminin de la famille.

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On trouve d'abord le blason suspendu par une sangle à une branche de l'Arbre de Jessé : il porte les armes mi parti, en 1 de Marisy et en 2 de Phelippes de gueules à trois lions d’or rampants.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La donatrice et ses filles.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Guillemette de Phelippes.

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Elle est agenouillée sur un coussin, mains jointes devant son prie-dieu où est posé le livre de prières à fermoir, et un rosaire à grains rouges et à gland vert.

Elle porte une coiffe noire, et une robe rouge à longue traine et à manches larges et fourrées. Une bague  en or est passée à son index. Une longue ceinture blanche tombe jusqu'à terre.   

Derrière elle vient une fille en robe bleue et coiffe rouge; livre sous le bras puis une autre en robe et en coiffe rouge.

Pour Charles Fichot, ce pourrait être ses belles-filles. Catherine Molé et Margaux Huyard ?

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Les filles ou petites-filles de Guillemette.

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Les deux dernières sont de taille plus petite, et portent leur livre de prières sous le bras.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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L'ARBRE DE JESSÉ.

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La verrière trouve sa source dans l'incipit de l'évangile de Matthieu Mt 1:6-16, et dans l'énumération des 28 descendants de Jessé (ou Isaï), les derniers étant Jacob puis Joseph, père de Jésus : quatorze générations de David jusqu'à la déportation à Babylone, et quatorze générations de Babylone jusqu'à Jésus. Plus précisément, ce sont les rois du royaume de Juda depuis David qui sont retenus, pour démontrer l'ascendance royale de Jésus. 

Nous allons trouver, comme des fleurs sur les branches d'un arbre né de l'ancêtre Jessé, son fils David, son petit-fils Salomon, puis Roboam fils de Salomon, puis Abia, Asa, Josaphat, Joram, Ozias, Joatham, Achaz, Ézéchias, Manassé, Amon, et Josias,  tous rois avant la déportation, mais aussi Jéconiah, Salathiel, Zorobabel, Abioud, Azor et Sadoq, descendants depuis la déportation. Parmi les premiers, tous sont couronnés et portent un sceptre, tandis que dans la deuxième liste, seul Jéconiah est couronné, les autres portent des chaperons de ou bourgeois ou des bonnets de seigneurs du XVe-XVIe siècle. En effet, Zorobabel par exemple, ne fut pas roi de Juda mais gouverneur de la province de Judée.

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Au nombre de 20 au total, ils sont répartis à 7 dans les deux lancettes de gauche, à 6 dans les deux lancettes médianes et à 7 dans les lancettes  de droite.

L'arbre générationnel  se poursuit au tympan avec six derniers ancêtres (Ahim, Elioud, Eléazar, Eliakim, Matthan, Jacob) menant à Joseph, à Marie puis à Jésus.

Cette composition à 30 personnages menant de Jessé à Jésus et inclunat Joseph est plus rare que la formule à 12 rois, conduisant à la Vierge tenant l'Enfant.

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1. Jessé livré à son songe.

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L'inscription indique RADIX JESSE, "Tige de Jessé" qui renvoie au verset d'Isaïe Is 11:10a In die illa radix Jesse qui stat in signum populorum "En ce jour-là la racine de Jessé qui se dresse comme un signal pour les peuples".

Radix Jesse désigne aussi, dans les hymnes chrétiens, la Vierge : 

—Germinavit radix Iesse, orta est stella ex Iacob : Virgo peperit Salvatorem; te laudamus, Deus noster "une étoile s'est levée de Jacob : la Vierge a enfanté le Sauveur ; nous vous louons, notre Dieu."

—Radix Jesse virgo flore floruit | Quoniam Maria virgo deum nobis genuit | Quem patriarchis Deus promisit signisque praefiguravit "La souche de Jessé a fleuri la tige a porté son fruit la mère féconde a enfanté et elle est restée vierge."

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Alors que souvent Jessé est allongé et qu'un tronc s'élève de sa poitrine ou de son bassin, ici il est assis, endormi dans le creux d'un tronc d'arbre dont il enlace la branche maîtresse, la tête appuyée sur son bras gauche. Il porte à peu près l'habit des bourgeois de Troyes, avec un chaperon violet, une robe rouge ouverte sur la poitrine, ourlée de fourrure  et serrée par une ceinture verte.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Les rois de Juda David et Salomon.

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De l'aiselle droite de Jessé s'élève une branche qui se divise : la première division porte le roi David, fils de Jessé (inscription DD), portant la harpe qui le caractérise, la couronne, le sceptre, et une robe bleue à motifs dorés. La deuxième division porte Salomon (inscription SALOMÕ), petit-fils de Jessé, couronné, barbu, portant le sceptre, et une robe verte. Chaque roi est figuré en buste, naissant d'une fleur en bourgeon.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Ézéchias, Ozias, Azor et Abiut.

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Au dessus de David et de Salomon viennent sur les divisions hautes de l'arbre EZECHIAS et OZIAS, puis AZOR et ABIVT . 

 

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Sur le côté gauche de l'arbre, au dessus des donateurs mâles, nous trouvons successivement AZA, ROBOAM, JORÃ, AMÕ, JOATHÃ, JECHONIAS,  et ZOROBABEL en tête de lancette. Les armoiries de Marisy occupent la tête de lancette voisine.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Sur le côté droit de l'arbre, au dessus des donatrices , nous trouvons successivement  JOSAPHAT, ACHAZ et ABIAS, puis MANASSES, JOSIAS, SALATIEL et SADOTH .

Les armes mi-parti Marisy/Phelippes sont suspendues à un rameau  au dessus de Salathiel.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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JOSAPHAT.

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La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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ACHIN et ELIAZAR. Plus haut, IACOB.

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Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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ELIVD et ELIACHI[M]. Plus haut, MATHÃ.

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Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge et Joseph agenouillés devant Jésus. Au sommet, dans une nuée radiante, Jésus en Sauveur, bénissant, portant le nimbe crucifère et tenant le globe.

Inscription  : M[ARI]A et IOZEPH. IESUS.

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Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 230 de l'Arbre de Jessé de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858,Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f252.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle), Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— ROSEROT (Alphonse) Les Marisy

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5509735m/f207.item

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/AT-ArbreJesse2.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000396

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000397

https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 22:50

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Sens, II : les deux lancettes centrales ; la Vierge et la Licorne.

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Voir d'abord :

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Sens. I. Relevé et étude des inscriptions.

L'Annonciation à la licorne de Martin Schongauer à Colmar.

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Voir dans ce blog lavieb-aile les articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:

Les sculptures :

Et les vitraux (ordre chronologique):

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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

— Les cathédrales du XII et XIIIe siècle :

— Les vitraux et sculptures Renaissance du XV et XVIe siècle :

— Les vitraux contemporains :

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PRÉSENTATION.

 

La baie n°116, fenêtre haute du transept sud, mesure 12,4 m de haut sur 4,20 de large et comporte 4 doubles lancettes trilobées et un tympan à 21 ajours. Elle a été ouverte  sous l'épiscopat (1474-1519) de Tristan de Salazar. La voûte du transept s'éleva vite à 27 mètres, et les fenêtres furent vitrées par les peintres verriers qui avaient travaillé à la cathédrale de Troyes : Lyévin Varin ou Voirin, Jehan Verrat et Balthazard Godon ou Gondon. L’engagement vis-à-vis du Chapitre date du 12 novembre 1500 et comprenait les quatre grandes verrières et les rosaces du bras sud. Les vitraux sont posés entre 1502 et 1503. L'Arbre de Jessé de Sens porte les armoiries parlantes du donateur, le chanoine Louis La Hure.

Depuis le premier vitrail consacré à ce thème à Saint-Denis, conçu par Suger, les Arbres de Jessé suivent un schéma semblable : au dessus de Jessé endormi ou songeur, un arbre se développe à partir de son corps, portant les rois de Juda (jusqu'à 12) puis le Christ entouré des colombes des Dons de l'Esprit, ou, plus tard, la Vierge portant l'Enfant. Latéralement, les Prophètes témoignent par leur présence ou leurs citations du fait que l'avènement du Christ a été annoncé tout au long des Écritures. Chacun des vitraux des premières cathédrales du XII et XIIIe siècle répondent à ce souci de témoigner des rapports entre l'Ancien Testament et les Évangiles avec des particularités qui font leur intérêt, puis le thème est repris à la Renaissance, dominé alors par le culte marial et la foi dans la virginité et la conception immaculée de Marie.

 

 

Parmi ces Arbres de la Renaissance, l'Arbre de Jessé de Sens répond globalement à cette disposition et à cette double préoccupation, typologique (annonce par les textes bibliques) et mariale. Sur les panneaux centraux, directement lisibles sur un fond rouge, se reconnaissent vite Jessé allongé en bas, l'Arbre portant les 12 rois sur ses branches, et la Vierge à l'Enfant en haut à gauche. Sur les panneaux latéraux, à fond bleu, 8 vignettes réunissent au total 12 personnages bibliques tenant sur leur banderole la citation annonçant (ou préfigurant) l'Annonciation, la Nativité, l'Incarnation et la Passion rédemptrice de la théologie chrétienne.

Pourtant, cet Arbre de Jessé de Sens est exceptionnel parce qu'il comporte, au dessus de Jessé endormi, non pas d'abord les Rois de Juda échelonnés, mais, en premier lieu, l'Annonciation (Gabriel face à la Vierge), et, en second lieu, la réunion énigmatique d'une jeune femme (au dessus de Gabriel) en face d'une licorne (au dessus de la Vierge). Pour comprendre le sens de la présence de cette licorne, il faut connaître l'iconographie à laquelle elle se rapporte.

Une autre originalité du vitrail de Sens est le choix des personnages latéraux, et surtout du texte de leurs phylactères. On trouve 8 Prophètes dont 4 Petits Prophètes avec les textes suivants  "Voici sur les montagnes les pieds du messager qui annonce la paix! ". Nahum 1:15 "Car voici, je viens, et j'habiterai au milieu de toi, dit l'Éternel." Zacharie 2:10 ; "car je suis moi-même avec vous, déclare l'Éternel, le maître de l’univers."Aggée 2:5 ; " Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu "Amos 4:12. Ils témoignent de la venue (pieds, messager, annonce, je viens, rencontre) et de l'établissement de Dieu sur Terre, ou dans le sein de la Vierge (j'habiterai au milieu, je suis avec vous). Enfin, quatre scènes typologiques font appel au Buisson ardent de Moïse, à l'autel de Melchisédech, à la Toison de Gédéon, et à la Porte Close d'Ézéchiel.

 

C'est en faisant appel à deux thèmes de spiritualité chrétienne en faveur au XVe siècle, ceux de la Chasse mystique (ou « Annonciation à la Licorne »), et aux textes du Procès en Paradis que cette licorne de Sens se comprend. Je les rappelle très brièvement.

Les Chasses mystiques trouvent leur origine dans les bestiaires décrivant la chasse à la licorne. Cet animal fabuleux est connu pour rester invincible et échapper aux chasseurs sauf s'il est attiré par le parfum d'une jeune fille vierge à la poitrine dénudée. La licorne vient alors sur ses genoux et incline sa corne vers son sein : le chasseur peut alors la blesser et la capturer. Cette description relevant de l'Histoire naturelle est vite lue comme une métaphore de l'amour profane, l'amant étant la licorne, le chasseur le dieu Amour, et la jeune vierge la femme désirée. Parallèlement, la scène est aussi interprétée comme une allégorie de l'Incarnation, la licorne étant le Christ, le chasseur l'ange Gabriel, Marie la jeune fille dont les vertus et la virginité permettent la venue du Christ en son sein.

Le Procès en Paradis, qui trouve son origine dans la mystique de saint Bernard et des franciscains, puis dans  le prologue du Mystère de la Passion dû à Eustache Marcadé, joué à Arras vers 1420-1430 , développe l'idée d'une discussion dans les Cieux : Paix et Miséricorde plaident la cause de l'humanité déchue depuis le péché originel afin de les arracher à la mort. Au contraire, Justice et Vérité soutiennent que Dieu a damné les hommes et qu'il ne saurait se contredire et qu'il doit rester intransigeant.. Miséricorde et Justice partent en vain à la recherche d'un homme juste sur Terre, prêt à mourir pour sauver les hommes, et Dieu décide d'envoyer son Fils.

Dans la fusion des deux thèmes, Gabriel armé en chasseur est guidé par quatre chiens, Paix, Miséricorde, Justice et Vérité.

Le thème connaît de nombreuses illustrations  (à la cathédrale d' Erfurt dès 1420, au monastère de Dambeck en 1474) mais sa forme la plus remarquable se trouve à Colmar dans le retable des Dominicains peint par Schongauer vers 1480 (23 ans avant la verrière de Sens). La Vierge à la licorne est entourée d'une dizaine de références bibliques de sa virginité, comme le jardin clos, la verge d'Aaron, mais aussi  le Buisson Ardent de Moïse, Gédéon et sa toison, Ézéchiel et la Porte Close : trois références qui se retrouvent à Sens. 

Néanmoins, à Sens, nous n'avons pas affaire à une Chasse mystique à proprement parler : l'Annonciation répond aux formes habituelles, Gabriel n'est pas un chasseur sonnant de la trompe, la Vierge n'accueille pas la licorne, et cette scène est seulement mise en parallèle avec celle, au dessus, d'une licorne attirée par une jeune fille (non nimbée). La Chasse mystique est simplement évoquée par citation métonymiques de ces deux personnages, alors que le Procès en Paradis l'est, en périphérie, par toutes les citations parlant de la descente de Dieu sur Terre. Pour les chanoines de la cathédrale de Sens, parfaitement rompus à la pensée allégorique et aux textes mystiques, ces clins d'œil étaient suffisant.

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LES LANCETTES CENTRALES B ET C DE LA BAIE N° 116.

Rappel : les 4 lancettes sont désignées de gauche à droite par les lettres A à D.

Ces lancettes accueillent 18 personnages  (Jessé, 12 rois de Juda, Gabriel et la Vierge, la jeune vierge, la Vierge et son Fils, ...), un arbre,  et une licorne. L'arbre serpente alternativement à droite et à gauche du meneau central, et distribue ses branches aux larges  fleurs servant de siège ou de socle aux personnages répartis deux par deux jusqu'au sommet. 

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I. LES LANCETTES INFÉRIEURES B et C.

Ce sont celles où Jessé donne naissance à son arbre, sur les branches duquel s'installent la scène de l'Annonciation, celle de la Chasse à la licorne, puis deux rois de Juda. Elles s'organisent en quatre registres.

 

 

Lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

1. Partie inférieure des deux lancettes centrales. Jessé allongé.

Note : certaines photographies ont été prises le matin, au moment où une ombre en diagonale venait obscurcir la base du vitrail. 

Jessé est allongé sur sa couche, dans la posture la plus traditionnelle et qui indique qu'il n'est pas endormi, mais qu'il songe : ses épaules sont légèrement surélevées par un coussin pourpre à glands dorés, sa main gauche à l'index dressé soutient son front. Son visage barbu indique son âge vénérable. Son manteau bleu à revers or et ses bas rouges témoignent de sa richesse, car c'est un gros propriétaire de troupeaux à Bethléem. Le tronc de son Arbre (généalogique) naît de son bassin et il s'y appuie de la main droite comme s'il le bénissait.

En bas, l'inscription ARBOR VNA NOBILIS SILVA TALEM NVLLA PROFERT , "arbre unique, noble entre tous; nulle forêt n'en produit de tel par ses feuilles". (voir première partie de cet article).

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Jessé, partie basse des Lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Jessé, partie basse des Lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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Jessé, partie basse des Lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Jessé, partie basse des Lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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2. Annonciation.

Le tronc de Jessé va se diviser rapidement en diverses branches sinueuses, portant des fleurs en corolles servant de sièges aux membres de sa descendance. Mais sur  la première branche, c'est l'archange Gabriel  qui occupe la fleur aux pétales bleus. Il tient un bâton fleuri en signe du pouvoir divin dont il est investi, et il bénit la Vierge de la main droite. Son phylactère porte les paroles de l'Annonciation faite à Marie : Ave gratia plena dominus tecum, "Je te salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi".

A droite, sur une fleur blanche, la Vierge surprise dans sa pieuse lecture  par l'arrivée de l'ange se détourne  et le regarde. Elle est vêtue d'un manteau bleu et d'une robe rouge.

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Annonciation, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Annonciation, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Gabriel, Annonciation, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Gabriel, Annonciation, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Marie, Annonciation, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Marie, Annonciation, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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3. La jeune fille à la licorne.

On ne peut imaginer une citation plus sobre du vaste sujet iconographique et scripturaire de la Chasse Mystique que cette jeune fille faisant face à la licorne. Cette sobriété est parfaitement adaptée à un vitrail placé à plus de 25 mètres du sol du transept sud, et destiné non aux chanoines (qui ne peuvent le voir des stalles du chœur) mais aux fidèles des premiers rangs de la nef. Pour un profane du XXIe siècle, rien ne permet de comprendre que cette jeune fille est l'alter ego de la Vierge, si ce n'est sa robe bleue (la couleur mariale), et ses cheveux longs dénoués (ceux d'une femme mariée sont attachés) semblables à ceux de Marie représentée en dessous. Pas de nimbe qui aiderait à en préciser la sainteté, pas d'accessoire, pas d'inscription. Ses gestes d'accueil (main droite) ou d'indication ou injonction (main gauche) s'adressent sans-doute à la licorne, son regard est dirigé vers elle, mais le meneau de séparation trouble cette compréhension. 

De même, la licorne (typique par sa couleur blanche,  son encolure et sa crinière de cheval et son museau à barbiche et ses sabots de chèvre) semble se dresser in abstracto, vignette découpée d'une enluminure, sans que sa posture ne soit tournée vers la jeune fille ni que sa corne ne soit dirigée vers son sein. 

Si on essaye un sens de lecture verticale, cela ne marche pas non plus, et l'animal mythique n'est pas plus relié à la Vierge qu'elle surmonte qu'au roi David placé au dessus. 

Il faut donc comme un pure allégorie suspendue telle une enseigne, et que seul le raisonnement, et surtout la familiarité avec la Chasse mystique, permettra de déchiffrer. 

Ces verrières du transept ont été commandés en 1500 aux verriers de Troyes, et le choix de leur sujet a donc été fait moins de 20 ans après que Martin Schongauer ait peint pour les Dominicains de Colmar les deux panneaux de l'Annonciation à la licorne. Ceux-ci sont donc bien utiles pour comprendre le vitrail de Sens, car tout y est, au contraire, explicite. Non seulement la licorne de Sens semble, à la direction de la corne près, la copie de celle de Schongauer et la jeune fille (la "pucelle") très proche également de sa Vierge par la robe, la chevelure, et la posture, mais on voit que , si on découpait la silhouette de la Vierge de Colmar, on retrouverait exactement les gestes des mains de la jeune fille, et on les comprend.

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Jeune fille à la licorne, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Jeune fille à la licorne, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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De plus, les objets et scènes qui entourent la Vierge à la licorne de Colmar sont ceux qui sont placés dans la moitié haute des lancettes latérales de Sens : la Toison de Gédéon , le Buisson ardent de Moïse et la Porte close d'Ézéchiel. A Colmar, la Verge d'Aaron n'est pas étrangère à l'autel de Melchisédech, car Aaron et Melchisédech préfigurent le Christ dans sa fonction sacerdotale.

 

 

Marie et la licorne, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Marie et la licorne, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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Dès lors, les quatre motifs de l'Arbre de Jessé de Sens (l'ange Gabriel, la Vierge, la pucelle, et la licorne) peuvent être considérés comme une forme éclatée et dédoublée de l' Annonciation à la licorne de Colmar, bien que l'ange messager ne soit nullement représenté ici comme un chasseur, et que ses quatre chiens Misericordia, Justicia, Pax et Veritas soient dès lors absents. 

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L'absence de ces chiens, dont on sait qu'ils témoignent de l'influence du débat des quatre Vertus lors du Procès en Paradis, ne signifie pas que cette pensée mystique soit absente de la verrière de Sens, puisque, dans les lancettes latérales, l'inscription tenue par Moïse Obsecro mitti quem misi renvoie dans la pensée typologique à l'idée de Dieu envoyant sur Terre un messager (et/ou un rédempteur), et de façon plus précise à une enluminure du Bréviaire de René de Lorraine, où ce verset de l'Exode 4:13 figure dans une illustration du Procès en Paradis.

L'ange Gabriel placé sous la jeune fille à la licorne de Sens doit donc être vu comme le Chasseur de la Chasse mystique, et la Licorne y est bien une figure du Christ : comme la licorne perd son invulnérabilité par l'attirance qu'exerce pour elle la virginité de la pucelle utilisée comme appât, le Christ est devenu vulnérable en endossant, pour sauver l'humanité du Péché, la nature humaine face à la Virginité et la Conception Immaculée de Marie, et qu'il est mort sur la croix (licorne succombant à ses blessures)  si je tente de mettre maladroitement en mot  une pensée mystique dont tout le charme, toute la puissance est d'être indicible.

Cette mystique est déjà d'une richesse inépuisable dans l'Annonciation à la licorne de Schongauer. On y trouve le thème de l'Amant chassant la "rose" de la virginité dans le Roman de la Rose ("moralisé" dans une lecture christique par Jean Molinet vers 1500), on y trouve toute la pensée typologique des Pères de l'Église, on y trouve toute la  mystique mariale de Bernard de Clairvaux, toute celle de la chasse (légende de saint Hubert et de saint Eustache où le Christ est un cerf blanc poursuivi par le chasseur), celle du Christ blessé (Serviteur Souffrant),  etc, etc... Mais à Sens, sous cette forme très concise, elle s'intègre à un autre fleuve théologique, celui de l'Arbre de Jessé. Les perspectives offertes par cette rencontre sont si considérables alors que je reste à leur seuil. 

L'essentiel est donné par la contemplation de la lumière traversant la verrière.

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Gabriel et la jeune vierge, Jeune fille à la licorne, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Gabriel et la jeune vierge, Jeune fille à la licorne, lancettes inférieures B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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4. Deux rois de Juda, David et Salomon.

On reconnait à droite grâce à sa harpe  David, fils de Jessé, roi de Juda, deuxième roi d'Israël après Saul, auquel on attribue la composition de la moitié des 150 chants du Livre des Psaumes. Il porte un turban bleu et une couronne, tient son sceptre, et est tourné, par sa posture et par le regard, vers la Vierge à l'Enfant qui "accomplit" l'Arbre. Il porte en sautoir au bijou en or, de forme carrée mais qui évoque l'étoile à six branches nommée étoile de David.

Son vis-à-vis est donc Salomon, 3eme roi d'Israël,   le  fils qu'il eut de ses amours  avec Bethsabée. Lui aussi se tourne vers le développement supérieur de l'Arbre, en une attitude presque prosternée. 

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Salomon et David, lancettes  B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Salomon et David, lancettes B et C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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Le roi David, lancettes  C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Le roi David, lancettes C, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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II. LES LANCETTES  B ET C, PARTIE SUPÉRIEURE.

L'Arbre de Jessé continue à s'y développer et à accueillir sur ses fleurs les rejetons de Jessé et du roi David, la dynastie davidique des rois de Juda: Roboam et Abia, Asa et Josaphat, Joram et Ozias, Joatham et Achaz, Ézéchias et Manassé, tels qu'ils sont énumérés dans la Généalogie de Jésus de l'incipit de l'Évangile de Matthieu. Néanmoins, ils ne sont pas dénommés sur le vitrail, l'artiste faisant se succéder des portraits tous différents mais stéréotypés du roi hébraïque tel qu'il est peint sur les Arbres de Jessé de la Renaissance, avec leur sceptre et leur turban, leur costume irréaliste et, surtout, leur gestuelle rendant hommage à leur divin successeur, le Christ "de la maison de David" . On notera que non seulement chaque tenue vestimentaire, chaque posture  et chaque visage est différent, mais aussi chaque fleuron, dans une palette associant deux valeurs de bleu, le pourpre et le lie-de-vin, le vert pâle, et le jaune.

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Lancettes  B et C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Lancettes B et C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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1. La lancette B.

Lancette  B, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Lancette B, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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La Vierge à l'Enfant.

Alors que les vitraux du XII et XIIIe siècle culminaient avec le Christ en gloire entourés des colombes des sept Dons de l'Esprit, au dessus de la Vierge et des Rois, ceux des XV et XVIe siècles placent au sommet la Vierge, couronnée. Paradoxalement par rapport à la Généalogie de Jésus de Mt 1:7-16 ou de Lc 3:23-31, qui mentionnent Joseph comme membre de la Maison de David, c'est Marie Reine des Cieux qui figure dans la filiation des fils de Jessé. C'est elle qui, ici, est couronnée. 

Ce changement de perspective des Arbres de Jessé est certes liè à la prédominance du culte marial mais surtout à l'importance donnée en théologie et dans la liturgie à la virginité de Marie et à l'Immaculée Conception.

Cette prévalence de l'intercession de  Marie comme Mère de Dieu, vierge et indemne du Péché Originel trouve , à Sens, une expression supplémentaire et exceptionnelle puisqu'elle figure trois fois dans l'Arbre de Jessé : directement comme Vierge de l'Annonciation et comme Mère de Jésus, et allègoriquement comme jeune fille à la licorne. La fusion des deux thèmes iconographiques de l'Arbre de Jessé et de la Chasse Mystique les renforcent mutuellement dans cette méditation sur l'importance de la virginité mariale dans le plan du Salut pour les chrétiens du XVI siècle. 

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Vierge à l'Enfant, Lancette B, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, Lancette B, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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La lancette C.

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Lancette C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Lancette C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Lancette C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

Lancette C, partie supérieure, baie 116, Arbre de Jessé, cathédrale de Sens, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

BÉGULE (Lucien), 1929, La cathédrale de Sens: son architecture, son décor Société anonyme de l'imprimerie A. Rey, - 102 pages

— BROUSSE (Bernard), PERROT (Françoise), PERNUIT ( Claire),  Les vitraux de la cathédrale de Sens, Éditions À Propos, Garches, 2013 (ISBN 978-2-915398120) ;  223 pages

MÂLE (Émile), 1908,  L'art religieux de la fin du Moyen-Âge en France, Paris, Armand Colin, 540 p.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Arbre de Jessé.
27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 11:24

 Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église Saint-Etienne de Beauvais.

 

Voir dans ce blog lavieb-aile des articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

 

                         arbre-de-jesse 5653c

 


 Situé au fond du déambulatoire, près de la chapelle St Claude, ce chef d'œuvre d'Engrand Le Prince datant de 1522-1525 est sans-doute le vitrail de l'Arbre de Jessé le plus réputé, à l'égal de la réputation de son auteur, considéré comme le Michel Ange ou le Raphaël de la peinture sur verre.

Haute de 6,60m sur 3,25m de large, formée de trois lancettes ogivales divisées chacune en six panneaux, et d'un tympan de cinq mouchettes et dix écoinçons, la verrière a été amputée de son registre inférieur en 1794 par les révolutionnaires qui ont percé une porte juste au-dessous pour faciliter le stockage du grain. On peut imaginer que ce registre accueillait deux donateurs en prière, et, au centre, le début du dais monumental de Jessé.

Elle ne compte,autour de Jessé assis,  que huit rois de Judas (au lieu du nombre traditionnel de douze), parmi lesquels deux sont identifiés avec certitude, David par sa harpe, et Roboam par une inscription. L'arbre se divise précocément en deux branches, qui montent parallèlement en se ramifiant latéralement, et dont une seule, celle de gauche, atteint le tympan et s'épanouit en une fleur de lys. Au cœur de celle-ci siège Marie tenant son fils, au centre d'une mandorle de rayons d'or. Deux prophètes (traditionnelement Isaïe et Jérémie) la désigne, pour indiquer qu'elle est la réalisation de leurs prophéties. 

Bien que nous ayons affaire à une baie unifiée qui n'est pas découpée en médaillons ou en scènes, je décrirai trois registres.

 

 

 

I. Registre inférieur. 

 

 

arbre-de-jesse 5655c

 

Premier roi de Juda :  "François Ier".

Chaque commentateur mentionne qu'il s'agit ici d'un portrait de François Ier, mais j'ignore sur quelle autorité* s'appuient ces affirmations. Aucun attribut ne permet une identification ; la coiffure de ce roi est encore pré-Renaissance ; il ne porte pas de barbe, pas de collier d'un Ordre, et cela peut être un portrait-type d'un roi vêtu d'une cape ou d'un manteau rouge moucheté de blanc (verre rouge gravé) doublé d'hermine, sur un pourpoint de soie blanche et or aux crevés des manches et de la poitrine. Il porte le sceptre, et une paire de gants en main gauche. Il n'est guère éloigné par exemple, du portrait que trace Rabelais de Gargantua (1533-1535) chapitre VI , avec sa chemise de toile (celle du roi de Juda est froncée autour d'une encolure rectangulaire), son pourpoint de satin blanc, ses chausses d'estamet blanc, "déchiquetées en forme de colonne striées et crénelées", d'où émerge par les orifices une étoffe de damas bleu, sa broderie de canetille aux plaisants entrelacs d'orfèvrerie garnis de fins diamants, fins rubis, fines turquoises, fines émeraudes , son saye de velours bleu, sa ceinture de serge de soie, et son bonnet de velours orné d'un médaillon. Bref, Engrand Leprince donne ici, comme Rabelais d'ailleurs, le portrait d'un seigneur de son temps.

Je place ici les portraits de François Ier en 1515  (barbu depuis sa blessure de 1521) puis en ? et de Charles Quint

* Il s'agit selon Jean Lafond de Stanislas de Saint-Germain, qui reconnaît en 1843 dans ce vitrail Saint-Louis, Louis XII et François Ier : c'est aussi ce qu'indique Louis Graves, 1855 Précis statistique sur le canton de Beauvais, p. 177 cité par Jules Corblet en 1860. D'autres y ont découvert Henri II. Jean Lafond, qui cite en 1963 ces identifications avec ironie, trouve néanmoins que la ressemblance avec François Ier est ici incontestable, que celle avec Charles Quint est (panneau de droite) "assurément moins assuré", mais il ne relève pas les incohérences que je pointe. Dans la suite de son texte, et notamment dans la discussion de datation, il entérine ce "Charles Quint".

 

        

  On s'arretera plutôt à remarquer le verre rouge gravé du manteau royal. qui relève d'une toute autre technique que l'hermine de la doublure : pour cette dernière, on se contente de peindre les mouchetures sur un verre blanc à l'aide d'une grisaille bien dense appliquée sur la face intérieure. Il faut savoir qu'un verre rouge est toujours un verre doublé où la vitre rouge très fine est doublée d'un verre blanc qui le renforce (un verre rouge de même épaisseur qu'un verre bleu ou vert serait si foncé qu'il parraitrait noir). En gravant, c'est à dire en ôtant par endroit le verre rouge du verre double, on obtient une tache blanche, qui peut être arrondie, rectangulaire (ici) ou linéaire. On peut graver à la roue (XIIIe siècle ou plutôt début XIVe) ou aujourd'hui à la pointe de diamant, ou bien à l'acide. La gravure, devenue réellement courante au XVe siècle, était réalisée à l'aide d'une molette montée sur un tour, à l'aide d'un mélange abrasif d'émeri eau, ou huile (R. Barrié).

 

                        arbre-de-jesse 5657c

 

      Au centre l'ancêtre Jessé est assoupi, assis sur un siège monumental encadré de colonnes antiques supportant un dais scintillant d'or et décoré de personnages nus : deux chevauchent des dauphins, deux autres des chevaux-dragons. Au centre, un buste (féminin ?) tenant semble-t-il une croix. Tout ce décor sert de démonstration à l'art éblouissant qui fait la réputation de la famille Le Prince, celui de l'emploi du jaune d'argent décliné en teintes presque brunes, or, ou jaune clair dans une étude des reflets et des modelés des sphères, cylindres et volumes complexes.

La manche de Jessé est faite d'un verre rouge gravé.

L'arbre prend naissance de la poitrine de Jessé, s'échappe des pans croisés du manteau d'or et se divise immédiatement, sous le menton barbu, en ses deux branches maîtresses.

La niche architecturée.

Le motif central du fronton, le médaillon gauche et une partie du balustre doré qui le supporte sont modernes.

"Engrand aimait les architecturesnmétalliques dont les peintres des Pays-Bas ont sans-doute pris l'idée dans les chefs-d'œuvre de la dinanderie. Seul il a su leur donner toute leur valeur, par le plus simple des moyens. Il s'était avisé que pour tirer du jaune d'argent l'effet le plus saisissant, il suffisait de n'en point mettre partut et de laisser le verre nu par endroit de la principale lumière. C'est ainsi que brillent les balustres et les ornements du trône d'or où Jessé est endormi, et, dans tout le vitrail, les sceptres et les couronnes" (Jean Lafond p. 124)

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                      arbre-de-jesse 5659c

 

 3. Deuxième Roi de Juda : "Charles Quint".

   Pour ma part, s'il faut vraiment attribuer un nom à ce roi, je l'identifiera à François Ier sur le seul argument du  Collier de l'Ordre de Saint-Michel avec ses coquilles Saint-Jacques. Encore cet argument paraît-il bien faible. Il s'agit d'un "collier d'or fait de coquilles lassées, l'une avec l'autre, d'un double las" auquel était suspendu un médaillon représentant l'archange terrassant le dragon. Or l'article Wikipédia décrit deux types de collier, le premier collier créé par Louis XI et porté par Louis XII  représentant les « doubles las » comme des aiguillettes formant des double-nœuds, et le second promut par  François Ier dès son accession au trône et  alternant les coquilles avec une double cordelière. (voir les illustrations des deux types sur Wikipédia). Or, ici, il s'agit d'un collier du premier type (mais sans médaillon pendentif), aux las en doubles nœuds. Certainement pas porté par Charles Quint, mais pas non plus par François Ier.

Ce roi tient un sceptre à droite, et un livre à gauche.

 

                       arbre-de-jesse 5660c

 

 

Jean Lafond note que "pour réaliser la tête du jeune empereur [Charles Quint], l'artiste a pu s'inspirer d'un bois gravé par Hans Weiditz de Strasbourg dans un portrait de 1518". La confrontation avec la gravure en question est assez convaincante ; mais la différence des colliers l'est également. Les points communs sont la coupe de cheveu, le bonnet évasé, le manteau damassé aux crevés abondants,  la doublure d'hermine (pour le premier panneau) ;  

arbre-de-jesse 5687cc

 

Je m'intéresserai d'abord, sur l'image qui suit, à l'inscription que porte la pièce en demi-cercle située sous la ceinture. On lit AVEDRA TIA--. Confrontée à la liste des rois de la Généalogie de Jésus, elle ne correspond à aucun nom : David - Salomon - Roboam - Abia - Asa - Josaphat - Joram -Ozias - Joatham - Achaz - Ézéchias - Manassé - Amon - Josias - Jeconiah -

Il ne s'agit pas non plus de la devise de l'Ordre de Saint-Michel, qui est Immensi tremor oceani.

Une leçon AVE MARIA trahirait le texte actuel, car le -d- et incontestable ; il faudrait miser sur l'infidélité d'une restauration ultérieure. 

 

J. Lafond remarque que Engrand Le Prince "appliquait le jaune d'argent sur les verres de toutes les couleurs [et pas seulement sur du verre blanc] non pour obtenir un ton local, comme chacun pouvait le faire depuis le quatorzième siècle, mais afin de corser le modelé et de produire un effet pictural. Dans l'arbre de Jessé, on peut citer seulement  la touche jaune jeté sur la ceinture bleu clair de Charles Quint [sic]. On peut admirer ici d'abord le motif au jaune d'argent, sulfure d’argent qui est mis à l’envers du vitrail et qui est cuit pour donner cet éclat extraordinaire, sur le pourpoint dont il dessine le damas. On peut aussi en suivre la subtilité sur les torsades du sceptre dans la complexité des jeux de reflets, ou sur les "valves rainurées d'une coquille de Saint-Jacques", pour citer Proust. Et, enfin, s'attarder sur ce nœud de ceinture bleue . Celle-ci possède peut-être un rôle héraldique, comme la ceinture Espérance (bleue) des ducs de Bourbon. 

 

arbre-de-jesse 5689c

 

      Deuxième registre.

 

arbre-de-jesse 5661c

 

 4. Roi Abia.

"le peintre l'a réalisé son manteau en "enlevant", sur une mince couche de grisaille, des motifs qu'il a teints ensuite au jaune d'argent, sans les cerner d'un trait noir, comme on le fait d'ordinaire". (J. Lafond) 

5. Roi Salomon.

 Le tabard du roi reçoit des motifs de rinceaux, de dauphins et de petits génies, qui sont peints au jaune d'argent sur le blanc obtenu par gravure du verre rouge plaqué. 

6. Roi Roboam : "Engrand Leprince".


C'est l'abbé Barraud (1855) qui a proposé de voir dans le visage de ce roi l'autoportrait d'Engrand Le Prince, et, depuis, chacun se plaît à reprendre cette aimable suggestion, Jean Lafond soulignant que plusieurs artistes contemporains d'Engrand se sont aussi représentés dans leurs compositions. Je garderai une certaine réserve, ignorant sur quel argument sérieux se fonde cette hypothèse. 

  Par contre, les lettres blanches ENGR. sont plus convaincantes. Le prénom du maître-verrier est ENGUERRAND,  mais c'est sous la forme Engrand qu'il est traditionnellement désigné à Beauvais, et qu'il signait. Selon Jean Lafond, "quelques articles de comptes se rapportent à Jean et à Nicolas mais d'Engrand nous savons seulement, par une épitaphe relevée au XVIIIe siècle, qu'il était né à Beauvais et qu'il y est mort le jour des Rameaux 1531. [...] Lui disparu, l'atelier continua pendant quelques temps à produire des œuvres du même style et de la même technique, mais on n'y voyait pas briller la même flamme. Les auteurs modernes veulent qu'Engrand soit le père de Jean et de Nicolas. Les documents publiés par le docteur Leblond indiqueraient plutôt que Jean et Engrand étaient à peu près contemporains. Peut-être étaient-ils frères, et Nicolas le fils de l'un d'eux. De même, la filiation de Pierre Le Prince reste obscure pour nous" (Lafond, 1963).

"Quelle qu'ait été l'habileté des meilleurs ouvriers de l'époque [du XIXe, dans l'hypothèse d'une restauration], aucun d'entre eux n'aurait été capable d'exécuter la tête de Roboam avec l'incroyable liberté dont a fait preuve Engrand Le Prince. L'artiste s'est servi de la grisaille noire pour le "trait", si l'on peut appeler ainsi les quelques touches nerveuses qui indiquent les yeux et les narines, la bouche et les oreilles, et pour le modelé fait de fines hachures jetées au pinceau puis "enlevées" à la pointe. Pour les lèvres, la barbe et les cheveux, il a eu recours à la sangine, d'ou le petit bois et la plume d'oie ont fait jaillir des "lumières" qui donnent au visage une vie frémissante. Enfin, il a appliqué sur la face externe du verrre, derrière les cheveux et la barbe, une teinte supplémentaire de sanguine." (J. Lafond).


 

arbre-de-jesse 5667ccc

Là encore, on remarque la présence des coquilles saint-Jacques. Remarquez aussi le sceptre, qui s'évase pour donner naissance à des fleurs. 

 

arbre-de-jesse 5686c

 

 

Troisième registre.

7. Roi de Juda.

arbre-de-jesse 5669c

 

 

8. Roi David.

cf. iage infra. 

9. Roi de Juda

 " Je reconnaîtrais partout un vitrail d'Engrand Le Prince à la liberté du dessin, à l'indication large des modelés, aux touches légères de jaune d'argent qui brillent comme l'or dans la lumière des étoffes blanches, aux oppositions justes des tons les plus éclatants."écrivait Lucien Magne. Jean Lafond commentait : "Les lingeries blanches dont parle Lucien Magne sont en effet extraordinaires. Voyez ici les écharpes qui s'envolent d'un turban. Nonb seulement elles sont modelées avec une souplesse sans égale, mais elles sont réchauffées par de larges taches dorées posées sur les lumières. Des peintres de grisaille employaient déjà ce procédé, semble-til, aux miniatures flamandes en camaïeu, mais pas avec cette audace heureuse".

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arbre-de-jesse 5684c

 

 

 

      Quatrième registre.

10 et 11 : Deux rois de Juda dans les têtes de lancettes latérales.

Tous les deux portent le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

 

arbre-de-jesse 5662c    

   

 

  Tympan

 

12. Prophète.

13. Prophète.

14. Vierge à l'Enfant.

15. Ange musicien.

16. Ange buccinateur.

arbre-de-jesse 5692c

 

     

 

Annexe : Les Leprince,  famille de peintres verriers

Un mélange de copié-collé : 

"L'ensemble des vitraux de la cathédrale de Beauvais a été réalisé par les maîtres de l'époque : la dynastie des le Prince, maîtres-verriers fondateurs de ce qu'on a appelé «l'école de Beauvais». Pendant près de trente ans, leur art a rayonné en Beauvaisis, en Ile-de-France et en Normandie. Le plus célèbre d'entre eux, Engrand le Prince, l'auteur de l'Arbre de Jessé de Saint-Étienne, est considéré comme le plus grand maître-verrier de tous les temps. Par sa technique et la qualité de son art, il a été comparé à Raphaël et à Léonard de Vinci.

L'église Saint-Étienne avait de la chance : les le Prince étaient membres de la paroisse et leur atelier, tout proche! La grande verrière du chœur - actuellement en verre blanc - était vraisemblablement couverte de vitraux historiés, dont la célèbre «Passion» attribuée à Engrand. Plus que les saccages de la Révolution, c'est, pour les historiens, l'ouragan de 1702 qui est responsable de la destruction de la plupart des verrières des fenêtres hautes du chœur. Lors des deux guerres mondiales, les vitraux les plus importants ont été descendus et mis à l'abri. Ceux qui étaient restés en place ont été détruits par les bombardements et par l'incendie de juin 1940 qui a anéanti le quartier médiéval de Beauvais."

«Ce qui fait la valeur de ce vitrail qu'on peut dater des environs de 1522, c'est la technique et le style d'Engrand le Prince : la vigueur et la liberté de son dessin, pratiquant par des touches nerveuses de grisailles brunes pour les traits des visages, de fines hachures pour leur modelé ; la splendeur des coloris, ce fond bleu "tour à tour clair et sombre qui paraît palpiter" ; l'emploi du jaune d'argent, dont Engrand joue en virtuose pour réchauffer les étoffes blanches et enrichir la beauté des manteaux royaux, leur donner des effets et une intensité incomparables. (...) Ainsi, dans ce vitrail, tout indique la main d'un grand Maître.» Philippe Bonnet-Laborderie dans«L'église Saint-Étienne de Beauvais " 

"l'usage particulièrement brillant du jaune d'argent par le maître-verrier, technique lui permettant d'ombrer de reflets la lumière des visages. On notera également une très impressionnante stylisation des systèmes pileux des personnages masculins ainsi que l'expression forte des émotions obtenue par l'artiste." "Il use en virtuose, un virtuose avec une virtuosité exceptionnelle du jaune d’argent. Et c’est ainsi qu’il arrive à donner de l’éclat aux chairs, de l’éclat aux vêtements. C’est lui qui, le premier, a réussi à donner par exemple aux couronnes, aux crosses d’évêques etc. , il a su donner des reflets en utilisant ce jaune d’argent. Le jaune d’argent a été utilisé à partir du XIVe siècle. Mais véritablement, les maîtres du jaune d’argent, c’est l’école des maîtres verriers du Beauvaisis, de Beauvais, et en particulier Engrand Leprince. 

 

    "Dynastie de peintres verriers de Beauvais. Parmi les Le Prince, le plus ancien nom connu par les archives est celui de Lorin (1491), qui travailla pour l'église Saint-Martin aujourd'hui détruite, mais dont aucune œuvre n'est conservée. Viennent ensuite Jean, Engrand, Nicolas et Pierre connus à la fois par les textes et par des œuvres ; mais nous ignorons le lien de parenté qui les unit. Le plus génial fut Engrand (mort en 1531), dont L. Magne (L'Œuvre des peintres verriers français, 1888) a si bien défini la manière : « Je reconnaîtrais partout un vitrail d'Engrand Le Prince à la liberté du dessin, à l'indication large des modelés, aux touches légères de jaune d'argent qui brillent comme l'or dans la lumière des étoffes blanches, aux oppositions justes des tons les plus éclatants. » Ces qualités se manifestent dans L'Arbre de Jessé et dans les vitraux de la chapelle de la Vierge à Saint-Étienne de Beauvais (env. 1520-1525), ainsi que dans la verrière de Louis de Roncherolles à la cathédrale (1522) et dans la Vie de saint Jean-Baptiste de Saint-Vincent de Rouen. Pour cette dernière église, il signa avec Jean Le Prince le célèbre Triomphe de la Vierge dit Vitrail des chars (env. 1520), où la part de chaque artiste est difficile à cerner. En effet, le style et surtout la technique (en particulier, l'emploi du jaune d'argent) des différents membres de la famille sont si voisins que, sans la signature, il est souvent difficile de les distinguer avec certitude. Des œuvres de Jean, connu entre 1496 et 1537, sont encore conservées au transept de la cathédrale de Beauvais ; de Nicolas, connu entre 1527 et 1555, à Saint-Étienne de Beauvais, à Gisors, à Marissel, à Louviers ; de Pierre à Saint-Étienne de Beauvais (env. 1530). L'influence des Le Prince se fait sentir dans la peinture sur verre d'Île-de-France et de Normandie jusqu'au milieu duXVIe siècle. "

 Françoise PERROT, « LE PRINCE LES  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 27 janvier 2015. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/les-le-prince/

 

Atelier Le Prince 1491-155 :

  • Certains vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, Engrand.

  • Certains vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais, dont l'Arbre de Jessé, Engrand.

  • Metz, Musée, atelier familial.

  • Vitrail de Charles Villiers de l'Isle-Adam de la Collégiale Saint-Martin de Montmorency, Engrand, monogrammé E. L. P.

  • Trois vitraux de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, jadis dans le chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen (détruite en 1944), Engrand et Jean.

  • Des vitraux à l'église Notre-Dame de Louviers.

 

"L’une des caractéristiques de l’art d’Engrand est cette liberté : de touche, de composition: les personnages n’étant pas asservis par un cadre architectural strict mais évoluent sans contrainte dans la verrière, et cette virtuosité technique dans l’emploi des verres : aux couleurs éclatantes, les drapés s’envolent, animés par des ajouts subtils degrisaille et une grande maîtrise de la coupe du verre.

L’église Saint-Etienne conserve de nombreuses autres oeuvres du peintre verrier : un Jugement Dernier : Une déploration sur le corps du Christ, dont cette Marie-Madeleine fait partie : vêtue d’une robe aux manches à crevées et parée de multiples atours, elle semble tout droit sortie du XVIe siècle, représentée devant une architecture fortifiée qui a plus à voir avec les châteaux forts du Moyen Âge que des coupoles de Jérusalem. le vitrail de l’enfance de saint Etienne et de la fontaine de vie, avec la teinte magnifique de la tunique du diacre : Ses parents laissèrent eux-aussi leur trace, notamment avec le fameux vitrail de la Santa Casa de Lorette, la légende de saint Claude ou encore la vocation de saint Pierre."

"La cathédrale possède également une verrière d’Engrand, mais sa production ne se limita pas à la seule ville de Beauvais. L’Oise, le Vexin français ou encore la Normandie conservent en nombre d’autres chefs-d’oeuvre : à Aumale, Ménerval, Infreville, Gisors, Louviers et Rouen. Grâce à la commande de beauvaisiens implantés dans la capitale normande, Engrand le Prince et son atelier réalisèrent une dizaine de vitraux pour l’ancienne église Saint-Vincent. Si cet édifice est aujourd’hui complètement détruit, les verrières sont remontées dans l’église moderne Sainte-Jeanne-d’Arc, dont l’architecture a été pensée pour servir d’écrin à ces magnifiques vitraux! Véritables manifestes du renouveau antique, ces oeuvres ont marqué à tel point les rouennais que l’atelier beauvaisien fit des émules en Normandie jusqu’à la fin du XVIe siècle. Quelques fragments sont également conservés au Musée de la Renaissance à Ecouen, et au Musée de Philadelphie, provenant en majeure partie d’une verrière exécutée pour la cathédrale de Rouen."  

Sources et liens.

—  http://www.cathedrale-beauvais.fr/etienne/description/vitraux/jesse.htm

 —  http://professor-moriarty.com/info/fr/sec/vitraux/p%C3%A9riode-avant-19%C3%A8me-si%C3%A8cle/beauvais-france-arbre-jess%C3%A9-saint-%C3%A9tienne-beauvais

 —  http://fresques.ina.fr/picardie/impression/fiche-media/Picard00731/l-art-du-vitrail-dans-les-cathedrales-de-picardie.html

—  http://onditmedievalpasmoyenageux.fr/engrand-le-prince-peintre-verrier-de-beauvais/

 

LAFOND (Jean)  1963 L'arbre de Jessé d'Engrand Le Prince à Saint-Etienne de Beauvais   - [S. l.] : [s. n.], 1963. - Ill. noir et blanc in : Cahiers de la Céramique, du verre et des Arts du feu, n° 30, 1963, p. 117-127

Atelier Le Prince 1491-155 :

  • Certains vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, Engrand.

  • Certains vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais, dont l'Arbre de Jessé, Engrand.

  • Metz, Musée, atelier familial.

  • Vitrail de Charles Villiers de l'Isle-Adam de la Collégiale Saint-Martin de Montmorency, Engrand, monogrammé E. L. P.

  • Trois vitraux de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, jadis dans le chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen (détruite en 1944), Engrand et Jean.

  • Des vitraux à l'église Notre-Dame de Louviers.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Arbre de Jessé.
5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 11:18

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Soissons.

 

      Voir dans ce blog lavieb-aile des articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

Ce vitrail, je ne l'ai pas vu, et lors de ma visite de la cathédrale, ayant été accueilli par des explications sur la façon dont la cathédrale avait été dépouillée de ses verrières, bêtement, j'ai manqué ce rendez-vous.

Néanmoins, afin d'enrichir la comparaison avec les autres Arbres de Jessé, j'ai réuni ici les éléments de documentation que j'ai pu trouver. 

Il s'agit de la lancette en arc brisé de la Baie 100 (maîtresse-vitre ou baie axiale haute) divisée par les barlotières en douze registres eux-mêmes divisés en trois compartiments, soit, si je compte bien, 36 panneaux dont 13 ont été refaits. Elle mesure 9,50 m. de haut et 2,20 m. de large. Le vitrail qui daterait de 1212 est semblable aux Arbres de Saint-Denis (1144), Chartres (1150), Le Mans, Amiens et Beauvais dans sa disposition avec l'alignement vertical de Jessé, de trois rois, de la Vierge et du Christ dans la rangée médiane, et de dix prophètes encadrant latéralement les personnages centraux. Le personnage de Jessé manque actuellement. La tête du Christ était peut-être jadis entourée de colombes, qui auraient été supprimées ; selon Grodecki et al. 1978, le Christ serait de 1727. 

  J'en trouve les images en ligne sur le site de l'Inventaire général de la Région Picardie avec la mention Copyright : (c) Région Picardie - Inventaire général.Droits de communication et de reproduction : reproduction soumise à autorisation du titulaire des droits d'exploitation. Numéro d'immatriculation : 2013 02 1 NUC2 AQ. Auteur du phototype : Lefébure ThierrySoissons, Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; place Cardinal-Binet. Verrière figurée (maîtresse-vitre, verrière royale) : l'Arbre de Jessé (baie 100). 

Ma première constatation est que, là encore, comme dans les autres cathédrales, l'Arbre de Jessé a mérité la toute première place, en situation axiale, mais ici dans les verrières hautes de l'abside éclairant le chœur et non dans la chapelle axiale du déambulatoire. Cette situation d'élection  répétée sans exception (sauf à Chartres où le vitrail de Jessé est placé à l'extrémité occidentale de l'axe) ne peut être observée sans que nous ne prenions conscience de la très haute valeur que les commanditaires attribuaient à la représentation de la lignée royale de Christ et de la prédiction de sa conception virginale.

 En second lieu, je constate que parmi les personnages latéraux figurent, outre Isaïe et Jérémie, Daniel, Michée, Osias et Ézéchiel, deux Sibylles, éléments féminins vétéro-testamentaires qui ne figuraient pas dans les verrières antérieures. 

                                             

                                        

 

  Curieusement, alors que les Services Publics sont plutôt avares en documentation sur les verrières que les citoyens peuvent facilement admirer dans les sites prestigieux, ici, un dossier très complet est mis à notre disposition. J'en donne la copie, afin d'en faciliter la consultation sans basculer sur un nouveau lien :

"Historique

Datation(s) principale(s) : 1er quart 13e siècle ; 4e quart 19e siècle

Datation(s) en années : 1890

Justification de la (des) datation(s) : daté par source ; porte la date

Auteur(s) de l'oeuvre : Didron Édouard (peintre-verrier restaurateur)

Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Philippe II (donateur)

Justification de la (des) attribution(s) : attribution par source ; signature

Nom actuel ou historique du lieu d'exécution : lieu d'exécution: ; lieu d'exécution:

Commentaire historique :

"La verrière où est représenté l'Arbre de Jessé a été réalisée dans le premier quart du 13e siècle, probablement aux alentours de 1212, date de prise de possession du chœur par le chapitre. Elle est traditionnellement considérée comme un don du roi Philippe Auguste. Comme le rapporte le chanoine Claude Dormay vers le milieu du 17e siècle, le Roy Philippe Auguste [...] donna la grande vitre que l'on void à la teste du Chœur. Dormay emprunte sans doute cette information au martyrologe de la cathédrale qui conserve le souvenir du généreux don de 30 livres parisis, fait par le roi au chapitre, et destiné à l'exécution rapide (et sans doute locale) de la maîtresse-vitre. Le thème iconographique de l'arbre de Jessé, qui se développe à partir du milieu du 12e siècle et connaît une grande faveur au 13e siècle, est une préfiguration de l'Incarnation du Christ, qui, ici, domine en majesté depuis le haut de la verrière. Cette thématique en fait donc un des principaux sujets développés dans les verrières axiales. En outre, cette représentation des rois de Juda est particulièrement adaptée à un don royal.

Par la suite, rien de précis n'est connu sur l'histoire de cette verrière jusqu'au début du 19e siècle.

L'ensemble des verrières de la cathédrale souffre d'un manque d'entretien pendant la Révolution et profite d'une restauration vers 1807, à l'aide de panneaux de vitraux provenant de l'église abbatiale Saint-Jean-des-Vignes qu'on commence à détruire. Gravement endommagées par l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy, le 13 octobre 1815, puis par un ouragan en décembre 1815, les verrières sont réparées en 1816 ou 1817, intégrant au besoin des panneaux ou des verres provenant cette fois de l'église abbatiale de Braine, en cours de démolition partielle. En ce qui concerne l'Arbre de Jessé, le devis de l'expert Louis Duroché signale que dix panneaux, sur les trente-six de la verrière, sont à refaire à neuf. Les verrières de l'abside sont alors complètement remaniées, les manques étant comblés par des scènes ou des personnages empruntés à d'autres verrières de la cathédrale, ou aux édifices précédemment cités. Enfin, le vitrier restaurateur installe au centre de l'Arbre de Jessé un crucifix sur fond violet qu'il vient de créer, dans le but probable de remplacer un panneau détruit.

Le baron Ferdinand de Guilhermy, qui visite la cathédrale de Soissons à plusieurs reprises vers le milieu du 19e siècle, décrit l'aspect de cette verrière avant que soit entreprise la restauration méthodique du vitrage de l'édifice après 1850. Son rapport signale la présence du crucifix moderne, qui interrompt la chaîne des sujets et gâte l'ensemble. Le bas de la fenêtre est alors confus. Le vitrail est occupé par des personnages assis ou debout, ces derniers portant des banderoles. Au centre, se trouve un roi assis, puis le Christ assis, la tête peut-être environnée de colombes. Un autre personnage est assis au-dessus du Christ, impensable composition qui témoigne du déplacement des panneaux. L'aspect de la verrière est tel, que le visiteur - qui excelle pourtant en iconographie - n'arrive pas à reconnaître le sujet traité. Dans la fenêtre voisine (baie 102), également très confuse, le baron de Guilhermy remarque le buste d'un roi nimbé, assis dans des branches, ainsi que la Vierge, également assise entre des branches, personnages dans lesquels il reconnaît enfin des éléments d'un arbre de Jessé. D'autres éléments sont peut-être exilés à l'époque dans d'autres baies de l'abside et des chapelles absidales Saint-Pierre et Saint-Paul. En effet, dans la verrière centrale de la chapelle Saint-Pierre, sont alors placés les morceaux d'un grand personnage portant une banderole où l'on peut lire EZEC (sans doute Ezéchiel). La première fenêtre de la chapelle Saint-Paul accueille la partie supérieure du prophète Habacuc, tandis que la deuxième renferme celle du prophète Joël.

La restauration des verrières de l'abside commence vers 1865 par la verrière 104 consacrée à la mort de la Vierge. Puis le projet de rétablir les quatre verrières voisines émerge progressivement. Ces verrières et les verrières absidales sont déposées en 1882, puis mises en caisses, tandis que les baies sont bouchées par une maçonnerie de brique. Il faut attendre quelques années pour que la fabrique accepte de participer financièrement à cette restauration. En 1889, alors que la somme nécessaire à la remise en état d'une verrière a pu être rassemblée, la restauration du vitrail central (baie 100) est confiée au peintre-verrier parisien Édouard Didron, dont la soumission est la plus avantageuse. La verrière est restaurée en 1889-1890 (elle est datée et signée dans la bordure inférieure), et, au milieu de l'année 1890, Édouard Didron soumissionne à nouveau pour restaurer les trois autres verrières de l'abside. Mais cette fois, le marché est emporté par Félix Gaudin, qui a consenti le rabais le plus important. L'échelonnement du travail dans le temps et son morcellement ont privé Didron d'un certain nombre de panneaux originaux, lors de la réparation de la verrière axiale, en particulier du roi et de la Vierge qui se trouvaient dans la verrière voisine (baie 102). Édouard Didron n'a donc pu que retirer les éléments étrangers à la composition d'origine, recomposer et restaurer les personnages subsistants, et créer dans le style du début du 13e siècle plusieurs panneaux et personnages manquants (un motif décoratif à la place de Jessé endormi, un roi, le prophète Ezéchiel, une Sibylle, enfin la Vierge).

Pendant la Première Guerre mondiale, cette verrière est déposée en deux campagnes, en 1915 pour le tiers inférieur, puis en 1917 pour les panneaux restants. Quelques photographies réalisées par le service des Monuments historiques témoignent que ce vitrail a été peu victime des bombardements et n'a rien subi d'irréparable.

À l'issue du conflit, le chœur, moins atteint que la nef, est rapidement restauré. La réparation de l'Arbre de Jessé est confiée au peintre-verrier parisien Emmanuel Daumont-Tournel (9 rue François Bonvin), et achevée en 1923 ou au tout début de 1924. Déposé une nouvelle fois en 1939, et conservé pendant toute la Seconde Guerre mondiale au musée des Monuments français, le vitrail a été restauré par le peintre-verrier parisien Georges Bourgeot (3 rue des Gobelins) et reposé en 1946.

La Vierge et la partie supérieure d'un roi de Juda, que Guilhermy avait remarqués dans la verrière 102, ont quitté définitivement les fenêtres de la cathédrale en 1890. Ces panneaux devenus superflus, écartés des trois dernières verrières lors de leur restauration par Félix Gaudin, ont été donnés ou vendus au cours des années suivantes, soit par le verrier, soit par décision de la fabrique. La Vierge a été acquise par le Kunstgewerbemuseum de Berlin dans le commerce d'art, en 1904 ou 1905 semble-t-il, puis a été détruite par un bombardement ou une explosion à la fin du second conflit mondial. La partie supérieure du roi (qu'on surnomme "le roi de Bourges") a été achetée en 1921 par le collectionneur américain Raymond Pitcairn, après avoir appartenu à d'autres amateurs privés. Le panneau est actuellement conservé au Glencairn Museum de Bryn Athyn en Pennsylvanie (USA)."

 

"La verrière prend place dans une baie libre en forme de grande lancette, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de douze registres superposés de trois panneaux, accueillant (en l'état actuel) quinze personnages juxtaposés et superposés. Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille. Comme souvent, le verre rouge, qui est un verre doublé, présente un aspect hétérogène.

Précision sur la représentation :

L'arbre de Jessé, au sens strict, occupe la colonne centrale. À la base, à la place de Jessé endormi, se trouve une composition ornementale, formée de deux dragons vus de profil et adossés. Ils tiennent dans leur gueule du feuillage et un arum. L'arbre se développe à partir de l'espace libre entre leurs deux queues enroulées, et forme des volutes de feuillages sur lesquelles se détache la généalogie terrestre du Christ.

En partant du bas, dans la colonne centrale, prennent place trois rois assis de face, couronnés et nimbés, tenant un sceptre. Au-dessus, est assise la Vierge, elle-aussi de face, couronnée et nimbée, les deux mains ouvertes vers l'observateur. Elle est surmontée du Christ, assis de face, portant l'auréole crucifère. Il tient un livre de la main gauche et bénit de la droite.

Les deux colonnes latérales sont réservées aux prophètes et aux Sibylles qui ont annoncé la venue de la Vierge et la naissance du Christ, ainsi qu'à des anges. Les prophètes et les Sibylles sont debout et de face, sous un arc en plein cintre qui repose sur deux consoles feuillagées. Chacun porte un phylactère sur lequel son nom est inscrit. Leur tête est tournée vers les personnages centraux, et plusieurs font un geste de la main ou du doigt qui symbolise la prise de parole ou l'enseignement. Un ange de profil et les mains jointes surmonte chacune des deux Sibylles. Une frise de feuillage entoure la verrière.

De nombreux auteurs ont rapproché avec pertinence l'iconographie de cette verrière et une miniature de même sujet se trouvant dans le psautier d'Ingeburge de Danemark, épouse du roi Philippe-Auguste et reine de France, conservé à Chantilly. Les différences qu'on remarque sur la verrière peuvent provenir de la rangée supplémentaire de personnages qui y a pris place. Elles peuvent aussi résulter des restaurations successives du 19e siècle. Les divergences principales consistent dans la présence de deux Sibylles au lieu d'une, dans l'absence de la colombe du Saint-Esprit ou des sept colombes qui symbolisent ses dons, et surtout dans le décalage de hauteur qui existe entre les personnages de la colonne centrale et les personnages latéraux, et qui fait buter le Christ sous l'ogive de la baie."

Dimension(s) :  h = 1002 ; la = 250. Ces mesures proviennent du mémoire des travaux de restauration effectués par Emmanuel Daumont-Tournel. Un panneau central mesure 78 sur 77 cm.

Inscriptions, marques, emblématiques et poinçons : inscription donnant l'identité du modèle ; peint ; sur l'oeuvre ; latin ; partiellement illisible ; lecture incertaine ; inscription concernant une restauration ; connu par document

Précisions sur les inscriptions, marques, emblématique et poinçons : Les noms latins de certains personnages sont peints à la grisaille sur un phylactère. Seuls les personnages superposés sur les deux côtés de la verrière sont nommés, les personnages de la partie centrale n'étant accompagnés d'aucune inscription. Les photographies des panneaux, réalisées après la Première Guerre mondiale, facilitent la lecture des noms, l'obscurcissement des verres originaux rendant cette opération presque impossible aujourd'hui in situ. Noms des personnages de la colonne de gauche, de bas en haut : YSAIAS, DANIEL, MICHEAS, SIBILLA. Noms des personnages de la colonne de droite, de bas en haut : JEREMIAS, OSIAS P, EZECHIEL, SIBILLA. Plusieurs historiens du vitrail mentionnent que le peintre-verrier restaurateur Edouard Didron a signé son travail et inscrit la date de 1890 dans la bordure inférieure de la verrière. Cette inscription est invisible depuis le sol.

 AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7890 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1887-1893).

Rapport de l'architecte Paul Gout, en date du 1er août 1889.

AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 195. Réparations diverses (1923).

Dossier Travaux 1923 (Mémoire des travaux de réparation de vitraux exécutés sous la direction de M. Brunet).

AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 205. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, dommages de guerre (1945-1950) ; travaux (1953-1979).

Dossier 17 : travaux de 1945 à 1950 (Mémoire des travaux de pose de vitraux anciens exécutés par Monsieur Bourgeot).

A. Evêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1815-1818 (travaux de la cathédrale, à la suite de l'explosion).

2e dossier, devis de l'architecte Duroché, daté du 8 février 1816.

BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

folios 255 v°, 256 r°, 257 r°-258 r°.

 

Bibliographie

 

ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006. p. 104-112. 

BINET, chanoine Henri. De Paris à Notre-Dame de Liesse par Villers-Cotterêts et Soissons. Souvenirs de voyage de l'année 1644. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1908, Troisième séance, Lundi 2 mars 1908, p. 29-38. p. 35.

BRUNET, Émile. La restauration de la cathédrale de Soissons. Bulletin monumental, 87e volume, 1928. p. 68-71, p. 91. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1920-1921, 4e série, t. 1, séance du lundi 6 décembre 1920. p. XXIII.

C. L. Soissons. - Carême de 1892. - Travaux à la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1892, n° 14, samedi 2 avril 1892. p. 219.

CARLIER, Claude. Histoire du duché de Valois, ornée de cartes et de gravures, contenant ce qui est arrivé dans ce pays Depuis le temps des Gaulois, & depuis l'origine de la Monarchie Françoise, jusqu'en l'année 1703. Paris : Guillyn, Libraire ; Compiègne : Louis Bertrand, Libraire-Imprimeur du Roi & de la Ville, 1764. 3 vol. t. 2, p. 235.

CAVINESS, Madeline Harrison. Stained Glass before 1700 in American Collections : New England and New York. Corpus Vitrearum Checklist 1. Studies in the History of Art, volume 15, Monograph Series I. Washington (D.C.) : National Gallery of Art, 1985. p. 40, 64, 97.

CAVINESS, Madeline Harrison. Stained Glass before 1700 in American Collections : Mid-Atlantic and Southeastern Seabord states. Corpus Vitrearum Checklist 2. Studies in the History of Art, volume 23, Monograph Series I. Washington (D.C.) : National Gallery of Art, 1987. p. 28, 29, 109, 111.

COLLET, Émile. L'Explosion de la Poudrière de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 2e série, t. 4, 1872-1873, séance du 3 février 1873, p. 219-238.

COLLET, Émile. Le siège de Soissons et l'occupation allemande dans le Soissonnais 1870-1871. 2e édition, Soissons : Eug. Ebel éditeur, 1901. p. 184.   

DORMAY, chanoine Claude. Histoire de la ville de Soissons, et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs. Avec une suitte des Evesques, & un Abbregé de leurs actions : diverses remarques sur le clergé, & particulierement sur l'Eglise Cathedrale ; et plusieurs recherches sur les vicomtez & les Maisons Illustres du Soissonnois. Soissons : Nicolas Asseline, 1663-1664, 2 vol. t. 2, p. 194.

[Exposition. New-York, The Metropolitan Museum of Art. 1982]. Radiance and reflection : medieval art from the Raymond Pitcairn collection. Réd. Jane Hayward, Walter Cahn. New-York : The Metropolitan Museum of Art, 1982. p. 140-142.

FRANCE [sous la direction de GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise), TARALON (Jean)]. Corpus Vitrearum Medii AeviLes vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.p. 171.

GRODECKI, Louis. "Un vitrail démembré de la cathédrale de Soissons". Gazette des Beaux-Arts, 1953, série 6, volume XLII, p. 169-176.

GRODECKI, Louis, BRISAC, Catherine. Le vitrail gothique au XIIIe siècle. Fribourg (Suisse) : Office du Livre, 1984. p. 30, p. 37 (ill. 25), p. 38, p. 261.

GRODECKI, Louis. Les vitraux soissonnais du Louvre, du musée Marmottan et des collections américaines. La Revue des Arts, 1960, t. 10, n° 4-5, p. 163-178. p. 171-172.

GRODECKI, Louis. Fragments de vitraux de Soissons à Washington. Bulletin monumental, t. CXVII, 1959, p. 77-78.

 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1959_num_117_1_4043_t1_0077_0000_1

GUILHERMY, Ferdinand de. Didron. Annales archéologiques, tome vingt-cinquième, 1865, p. 377-395. p. 393.

LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Notes sur les vitraux de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. 5, 1851, 5e séance, 6 mai 1851, p. 102-106.

LEFÈVRE-PONTALIS, Eugène. Soissons. Monuments religieux. Cathédrale. In Congrès archéologique de France. LXXVIIIe session tenue à Reims en 1911 par la Société française d'Archéologie. Paris : A. Picard, Caen : H. Delesques, 1912, t. 1, p. 318-337. p. 335-336.

LÉPAULART, Dom Nicolas. Journal de D. Lépaulart, religieux du monastère de St Crépin-le-Grand de Soissons, prieur de Ste Geneviève, curé de Cœuvres, sur la prise de cette ville par les Huguenots en 1567. Édité aux frais et par les soins de la Société historique, archéologique et scientifique de Soissons. Laon : Imprimerie d'Ed. Fleury, 1862.p. 34, 56.

LUNEAU, Jean-François. Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste (1851-1930). Collection Histoires croisées. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2006.

MIGEON, Gaston. La donation Octave Homberg au musée du Louvre. Gazette des Beaux-Arts, 50e année, 1908, 1er semestre.p. 117-118.

PÉCHENARD, Monseigneur Pierre-Louis. La grande guerre. Le Martyre de Soissons (Août 1914-Juillet 1918). Paris : Gabriel Beauchesne, 1918.p. 85, 131, 191, 263, 345-346.

PERROT, Françoise. Un vitrail démembré de la cathédrale de Soissons : la verrière de Saint Nicaise et de Sainte Eutropie. Bulletin monumental, 1984, t 142-IV, p.455-456.

POQUET, abbé Alexandre, DARAS, abbé Louis-Nicolas. Notice historique et archéologique de la cathédrale de Soissons, avec la biographie de ses évêques. Soissons : Voyeux-Solin, 1848.p. 62-68.

SANDRON, Dany. La cathédrale de Soissons, architecture du pouvoir. Paris : Picard éditeur, 1998.p. 43, 61.

SUIN, Auguste. Procès-verbal devant notaires, du 28 avril 1568, constatant le sac de la cathédrale par les huguenots. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. 12, 1858, 5e séance, lundi 3 mai 1858, p. 66-70.

Soissons. - Les Cloîtres de Saint-Jean. - Les Verrières de la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1889, n° 50, samedi 15 décembre 1889.p. 901-902."

   La lecture de ce document m'incite à m'intéresser au Psautier d'Ingeburge de Danemark , l'épouse de Philippe-Auguste qui est tenu comme le donateur de ce vitrail : le manuscrit est conservé au musée Condé de Chantilly et dont je trouve des images en ligne ©RMH: Il s'agit du Ms9 folio 14v daté du début du XIIIe siècle. Ce manuscrit a été décrit par Léopold Delisle (Léopold Delisle Notice sur le psautier d'Ingeburge. Bibliothèque de l'école des chartes 1867  Volume 28 pp. 201-210, Persee ). Ici, on trouve au dessus de Jessé allongé un premier roi jouant de la vièle (comme à Amiens), un second roi jouant de la harpe, la Vierge tenant un livre fermé (comme à Amiens), puis le Christ bénissant de la main droite et tenant un livre ouvert. Le Christ est encadré par deux anges qui l'honorent, la Vierge par un prophète et une sibylle, les autres par des prophètes. Les prophètes, nimbés, et la Sibylle, sont inspirés par une colombe dont le bec s'approche de leur oreille. Sept colombes entourent le Christ pour témoigner des Dons dont il dispose et, par l'oiseau supérieur descendant verticalement, de son lien avec le Père.

 Les photographies disponibles ne permettent pas de lire les phylactères et d'identifier les prophètes. 

Note. En octobre 2022, je reçois ce message de David Critchley qui a pu lire les phylactères dans le Psautier d'Ingeburge de Danemark, f14v.

Ils sont les suivants: Gauche Supérieur, “Ecce veniet et quis stabit ad videndum eum ?” (Malachi 3 :1-2) / Droit Supérieur, “omnia cessabunt, tellus confracta peribit” (Sibylle) / Droit Milieu, “Vidi portam clausam, et ecce dominus per eam procedebat” (Ezekiel, 44:1-3) / Gauche Milieu, “Vidi lapidem abscisum de monte sine montibus, et crevit, et factus est quasi mons magnus” (Daniel 2:34) / Droit Inférieur, High Priest, Pas de phylactère / Gauche Inférieur. “Qui edificat in celo ascensionem, dominus nomen eius” (Amos 9:6) 

Je remercie David Critchley.

La phrase associée à la Sibylle est extraite du Judicii signum  ou acrostiche sibyllin de la Cité de Dieu de saint Augustin, XVIII, XXIII. Cela renverrai aà la sibylle d'Érythrée ou de celle de Cumes.

 

 

 

 

D'autre part, le site de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons donne accès sur son site au calque ou carton de deux panneaux restaurés par Didron en 1891 puis "vendus frauduleusement" et, pour celui de la Vierge, détruit par un bombardement. 

 

 

 

Cathédrale de Soissons, verrière de l'Arbre de Jessé.

 

Cathédrale de Soissons, verrière de l'Arbre de Jessé

 

Sources et liens.

 

— Société Archéologique, Historique et Scientifique de Soissons, Cathédrale de Soissons. En ligne 

 

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