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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 18:15

6 mai 2011, 10heures, Réserve naturelle de l'Alto Merse, Italie : j'assiste aux émergences de trois Anax empereur, Anax imperator.

 

 1. Anax imperator

Je rappelle mon  article : Anax imperator : les impératrices font du jet ski

j'illustre par cette image de mes archives la libellule dont il s'agit :

 

 IMGP0102

 

   2. Les exuvies.

  Ce sont les anciennes cuticules larvaires que les libellules ont abandonnées, et qui restent fixées par leurs pattes aux tiges végétales. Le mot vient du latin exuviae qui signifie "dépouilles". Celles des libellules présentent un "masque", c'est à dire un labium mobile et préhenseur, un bras articulé composé du submentum et du mentum  qui se termine par deux lobes latéraux équipés d'une dent mobile  : la larve le projette brusquement vers ses proies pour les saisir .

 

  On reconnaît celles des Anax car ce sont les plus grandes, qui dépassent 50mm ; chez les aeshnidés, l'exuvie est allongée et non compacte comme celle des gomphidae, le masque est plat, et les palpes labiaux ne recouvrent pas les autres pièces buccales, les antennes sont longues, éffilées, faites de 7 articles semblables. Et chez les Anax, le bord postérieur des yeux forme une ligne perpendiculaire à l'axe de la tête. (Les yeux, très impressionnants, sont ces globes de plexiglass dont est équipé ce char d'assaut.)

 

 

 

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    Une vue du masque, en position de repos repliée sur la partie ventrale de la face.. Chez Anax imperator, le mentum (la partie allongée en bec de pélican bien visible ici) est assez long et élancé, et son rapport longueur/largeur est de 1,5. Ses exuvies mesurent 49 à 57 mm.

 

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 3. L'émergence.

 

   Elle est, dans sa phase initiale si rapide que je n'ai pas pu réaliser des clichés de ce moment où une masse verte sort de l'exuvie, se déploie puis bascule vers le bas pour pendre, à moitié extraite, et rester ainsi à attendre une Saint- Glinglin hypothétique.

   J' ai eu de la chance, car la plupart des émergences n'attendent pas les naturalistes de la dixième heure, mais débutent dès potron-minet ou en fin de nuit : la larve d'Anax, qui se développe dans les eaux stagnantes ou légèrement courantes, sort de l'eau, grimpe sur la première tige venue, et l'opération débute.

 

Les fils blancs qui pendent sont les trachéobranchies, qui se sont arrachées.  Les trachéobranchies sont les organes respiratoires nécessaires à l'oxygénation de la larve durant sa vie aquatique. Chez l'Anax, comme chez les autres Odonates, ce ne sont pas des branchies abdominales, mais des branchies rectales internes se ramifiant dans l'épithélium intestinal ( http://aramel.free.fr/INSECTES32bis.shtml). Cette ampoule rectale (rectume dilaté) sert aussi à se propulser en chassant l'eau qu'elle contient !

Ces filaments seraient les troncs trachéens.

 

 

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   Une heure plus tard, elle quitte définitivement son logis et se redresse. Et elle attend encore. Son thorax a depuis le début la couleur verte propre à Anax, mais l'abdomen d'une couleur chair ressemble à une grosse crevette. Les ailes sont translucides, avec des membrures verdâtres. L'attitude est typique, stéréotypé par quelque atavisme génétique qui veut que  les pattes viennent enlacer la tête de l'exuvie ; l'abdomen est court et cambré, mais va s'allonger progressivement. L' hémolymphe pénètre les nervures des ailes et les gonfle, provoquant aussi leur allongement. On note qu'elles sont placées verticalement, collées l'une contre l'autre. Les pattes sont blanchâtres.

 

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    Entre chaque séance de poses, je vais chasser les papillons autour de l'étang. Maintenant, l'abdomen se structure, les ailes deviennent transparentes et brillantes, cernées de jaune.

 

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   Cramponnées à leur jonc comme des naufragées, je découvre ailleurs d'autres libellules dont l'émergence avait débuté un peu plus tôt et dont j'observe la morphologie. Celle-ci n'est plus cramponnée à son exuvie mais son abdomen dilaté et translucide indique qu'elle est à un stade assez identique à la précédente.

 

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    Celle-ci est déjà plus proche de l'envol.

 

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   Son abdomen est mince.Les ailes se sont déployées de chaque coté du corps, elles ont atteint leur taille définitive.

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    Celle-ci me donne à voir la tache pentagonale vert sombre de la tête qui permet de préciser l'espèce : parmi les Anax, c'est bien Anax imperator. Le triangle occipital blanc formé à la base des deux yeux est dépourvu d'appendices. Nous sommes en Italie, mais ce n'est vraiment pas l'Anax napolitain A. parthenopes.

 

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     Son abdomen prend progressivement les couleurs spécifiques.

 

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   Plus tard : parfaitement camouflée parmi les herbes, cette femelle aurait échappé à ma recherche si je ne l'avais pas vu s'y cacher :

 

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 17:23

Au sud de Sienne en Toscane, la Réserve Naturelle de l'Alto Merse offre un site de garrigue, sec et rocailleux mais rafraîchi par des torrents. Elle s'étend sur les communes de Monticiano, Sovicille et Chiusdino.  

 

 

Près du Ristorante la Civetta, le chant des grenouilles m'a signalé de petits étangs que j'ai prospecté à la recherche de leurs trésors entomologiques ; j'y trouvais :

 

• Neuroptères : L' Ascalaphe soufré.

• Lépidoptères : La Diane

                            : Le Flambé.

                            : L' Hesperie de la Reine-des-près.

                            : La Mélitée du plantain.

                            : Le Sylvain azuré.

                            : Le Citron.

                            : Le Point-de-Hongrie

                            : l'azuré de la faucille (in copula ) et le collier de corail.

                            : Le Sphinx gazé.

• Odonates        : La Libellule déprimée.

                            : L'Anax empereur.

• Arachnides      : Philaeus chrysops.

                            : L' Épeire des roseaux.

                            : L'Epeire de velours.

 

 

 

I. L' Ascalaphe soufré Libelloides coccajus (Denis & Schiffermüller, 1775).

 

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  Ces insectes de 45 à 55 mm volent  d'avril à juin ; ils fréquentent les herbes sèches. On les trouve en France dans ses 2/3 Sud-est .

   - Le nom français d'Ascalaphe vient de la famille des Ascalaphidae, décrite par le médecin et entomologiste français Pierre  Rambur en 1842 dans son Histoire naturelle des insectes Névroptères (Suite à Buffon).

 Il renvoie à un héros de la mythologie grecque, Ascalaphos, fils d'Ares et d'Astyoché, qui, selon Homère, commanda avec son frère Ialmenus un corps de Minyens d'Orchoméne avec trente navires contre Troie. Il périt sous les coups de l'un des fils de Priam, Deiphobos.

   On trouve dans la Bibliothèque du pseudo-Appolodore, ou dans les Métamorphoses d'Ovide un Ascalaphos fils du fleuve des Enfers Achéron. Perséphone, fille de Demeter, est retenue prisonnière par Hades, qui lui accorde la liberté de regagner le monde des vivants pour peu qu'elle ne mange rien au cours de son séjour : l'un de ses gardiens chargé de surveiller la cuisine le félon Ascalaphos révèle à Hades qu'il l'a vu mordre une grenade, et Demeter furieuse de ce petit cafteur le punit en l'écrasant sous une énorme pierre. Mais Héracles profite de sa descente aux enfers pour le délivrer. Démétertransforme alors Ascalaphe en chouette (selon Apollodore) ou en hibou (selon Ovide). Il est à noter que si le mot grec askalaxos signifie lézard, le mot askalaphos signifie "hibou" . En ornithologie, le Grand-duc du désert se nomme Bubo ascalaphus, Grand-duc ascalaphe.

 

- Le nom scientifique du genre Libelloides est clair, il signifie "qui a la forme d'une libellule". Mais l'épithète spécifique coccajus est une énigme pour moi.

   A-t-il été choisi (mais pour quelle raison ?) en référence à Merlin le cuisinier, alias Merlin Coccaj, Merlino Coccajo, Merlin Coccai, autant de pseudonyme de Teofilo Folengo (1491-1544), poète de Mantoue inventeur du style macaronique pour avoir proposé au public averti ses Macaronées, son plat de macharoni cuisiné maison en vrai latin de cuisine mâtiné d'argot mantouan et d'italien ? Dans cette langue, fare  di coccaj,c'est " dire strafalcioni in parlando", dire des énormités en parlant.

   Souvenons-nous qu'Ascalaphos est le gardien de la cuisine chez Hades : ceci explique peut-être que l'on nomme "coccajus", cuisinier, l'espèce qui nous occupe.

 

  Une semaine après avoir rédigè cette hypothèse, j' en trouve une confirmation  par l'existence d'un ascalaphe nommé Libelloides macaronius en 1763 par le médecin et naturaliste de culture italienne Giovanni Antonio Scopoli. Il faut tout de même de solides raisons pour nommer une espèce "macaroni", et la référence à un grand nom de la litterature italienne en est une chez un italien vivant au Tyrol sous domination autrichienne.

     Cet ascalaphus macaronius vit dans les prairies en friche de la Slovénie ( dont Scopoli a décrit la faune et la flore ) au Caucase ; il est remarquable par une vision dont le spectre de sensibilité atteint le secteur de l'ultra-violet.

 

 

 

 

 

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   On distingue Libelloides coccajus de L. lacteus par la tache noire de l'aile postérieure qui descend chez coccajus jusqu'à l'angle anal, c'est à dire l extrémité de cette aile.

   Sur ce dernier cliché, on voit les cerques en crochet qui indiquent que nous avons affaire à un mâle. C'est par ceux-ci qu'il pourra, en plein vol,  s'arrimer à la femelle pour s'accoupler : là-haut, leurs belles couleurs scintillantes et vives dans le ciel estival leur permettraient de reprendre pour eux la belle devise que l'on trouve sur le puits de la cour du Palazzo Chigi-Saracini de Sienne : MICAT IN VERTICE, je brille au firmament .

 

  Tout savoir sur les ascalaphes ? c'est ici : http://www.deliry.com/wiki/index.php?title=Ascalaphes

 

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II . La Diane Zerynthia polyxena (Denis & Schiffermüller, 1775).

 

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Avec ce papillon, nous ne quittons pas le monde de la mythologie grecque, mais nous explorons son versant féminin :si son nom vernaculaire Diane la place sous l'égide d' Artemis, la déesse sauvage et chaste qui préfère chasser dans les bois que de se consacrer aux amourettes, son nom de genre Zerynthia, décrit par Ochsenheimer en 1816 renvoie, par la ville de Zérynthe en Thrace sur l'île de Samothrace, soit à Apollon Zerynthius (c'est la proposition d'A.M.Emmet, 1991) car un temple lui y était dédié, soit à  Hécate Zerynthia car les mystères d'Hécate y étaient célébrés en secret (et c'est ma préférence).  

   Ce genre est riche de deux ou trois espèces : la Proserpine Z. rumina, du nom de la déesse romaine de l'allaitement ( rumen désigne en latin "la mamelle" ), Z. cassandra, du nom  de Cassandre, et notre Z. polyxena.

 

  L' épithète spécifique polyxena voue la Diane à  Polyxène, princesse troyenne fille de Priam et d'Hécube, dont Achille, du camp des grecs ennemis, fut amoureux. Selon Ovide, elle fut immolée par les grecs vainqueurs sur la tombe d'Achille.

 

   Ce genre appartient à la sous-famille des Parnassinae, des papillons vivant en montagne comme les dieux grecs habitaient le Mont Parnasse. Aussi les espèces se nomment-elles Apollon (Parnassius apollo), faux-Apollon, semi-Apollon, petit Apollon,  Thais ( c'est un autre nom de notre Zerynthia polyxena ), ou Diane.

  Les Parnassinae sont membres de la famille des Papilionidae

  Je rappelle que Linné avait réparti ses papillons de jour en six phalanges : ces papilionidae  sont issus de la première phalange, celle des Equites (les cavaliers), qui comporte les Trojani , les troyens,(n°1-17) et les Archivi (n° 18-40). Ils les a baptisés Ménélaus, Ulysse, Agamemnon, Doimetes, Patrocleus, Pyrrhus, Leilus, Ajax, Machaon, Antilochus, Protesilaus, Nestor, Telemachus, Achilles, etc... Il ne faut donc pas s'étonner que la zoonymie des Zerynthia baigne dans la culture grecqu et la guerre de Troye.

 

• Le genre Zerynthia a été décrit par Ferdinand Ochsenheimer (1767-1822), naturaliste allemand auteur d'un célèbre traité sur les papillons en dix volumes, le  Die Schmetterlinge von Europa paru à Leipzig. Le genre est décrit en Schmett. Eur. 4 : 29, 1816.

 

• L'espèce est décrite par Denis et Schiffermüller dans Ankündung eines systematischen Werkes von den Schmetterlingen der Wienergegend : 162, 1775, sous le protonyme Papilio polyxena.

  

 

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III. Le Flambé Iphiclides podalirius (Linnaeus, 1758).

 

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  Le Flambé est un autre papilionidae, comme la Diane, et surtout comme le Machaon Papilio Machaon auquel il ressemble un peu : comme ce dernier c'est un porte-queue, l'extrémité des ailes se prolongeant en pointe éffilèe, et comme lui il présente une forme globalement triangulaire. Mais mon spécimen a perdu, dans quelque échafourée ou quelque fourrée, ses accessoires caudaux., ce qui n'ote rien à une envergure qui peut atteindre 90 mm. La perte de ces queues peut s'expliquer de la manière suivante : lorsqu'il est posé ailes fermées, les taches foncées de la partie postérieure de l’aile inférieure évoquent une tête, les « queues » mimant des antennes. En atterrissant, le papillon pivote souvent de 180° par rapport à la direction d’où il vient, perturbant l’oiseau ou tout autre prédateur qui a vu cette manoeuvre : celui-ci s’attaque alors à la fausse tête, ce qui permet à l’insecte de s’envoler sauf, en ne perdant qu’un morceau de « queue ». (selon le site clairehodde.free.fr)

   Ces fameuses queues le font nommer Scarce Swallowtail, le Queue d'Aronde Rare, pour souligner qu'il est moins fréquent ( en Angleterre ) que Swallowtail, le Machaon.

   Les allemands le nomment joliement Segelfalter, le papillon-pavillon,  et ce terme de marine me fait penser à l'autre nom sous lequel nous le désignons : le Voilier.

 

• Le nom de genre donné par Hübner en 1819, Iphiclides, se rapporte à Iphicles. S'intéresser à ce héros mythologique n'enrichit en rien la description de notre papillon, puisqu'il n'a reçu ce nom que pour souscrire à la mode des noms antiques, et que les autres avaient déjà été attribués par Linné. Mais pour notre culture apprenons qu' Amphytrion avait une épouse, Alcméne : celle-ci fut séduite par Zeus qui avait pris l'apparence du mari. Au terme d'une grossesse dont nous ne savons rien, la sage-femme annonça un beau garçon, que l'on nomma Iphicles et qui était le portrait craché de l'heureux père Amphytrion. Mais le lendemain, Alcméne accoucha d'un énorme bébé, que l'on nomma Heracles, ou Hercule pour les latinistes, et qui ressemblait éxactement à Zeus lorsqu'il s'était déguisé en Amphytrion...

   Bref, iphicles est le demi-frère d' Hercule, qu'il accompagna dans ses Travaux.

   Mais voyons, cet Amphytrion cocufié, cela me rappelle... mais oui, c'est bien-sûr, ma lecture de l'Amphytrion de Molière, cette comédie "classique" dont je m'étais régalé à lire comment le pauvre Sosie, le valet d'Amphytrion, perd son latin ou son grec en se trouvant face à Mercure qui a pris son apparence ! (et c'est l'origine de notre mot "sosie")

 

• Le nom d'espèce podalirius ne nous fait pas quitter l'antiquité puique c'est Linné qui l'a choisi. Je l'ai dit, le Flambé est de la famille des Papillionidae, donc il est pour Linné de la phalange des Equites ( voir supra le Zerynthia) ; le Machaon y porte le numéro 27, mais le Podalirus ?

   Le cas Podalirus fait partie de ces petits écarts de la norme qui font le bonheur des zoonymistes comme moi au même titre qu'un défaut d'impression sur un timbre peut ravir un philateliste. Car podalirius n'a pas de numéro, mais est cité en note de bas de page dans le Systema Naturae  de 1758, à la page 463, alors qu'il apparaît dans le texte principal à propos de Protelisaus qualifié de "très semblable à Podalirio" :

 

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On remarquera que Réaumur est cité parmi les trois références.

   Mais qui est Podalire ? Tout simplement le frère de Machaon, lui aussi, en bon fils d'Aspecios/ Esculape, médecin des guerriers grecs pendant la guerre de Troie.

Le protonyme, le nom donné par Linné dans sa description de 1758, est Papilio Podalirius, avec sa majuscule.

 

    Je note aussi que le Type spécifique est conservé à Livourne en Toscane, ville proche de mon observation.

 

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IV L' Hespèrie de la Reine-des-près Pyrgus malvae (Linnaeus, 1758).

 

  On doit le nom de genre à Hübner, 1819 ; A.E.Emmet  propose l'étymologie issue de purgos, une tour de défense dans une muraille, auquel l'aspect crénelé de la frange peut faire penser.

  Malvae a été choisi par Linné mais la Mauve n'a jamais été une plante-hôte pour la chenille de cette Hespèrie qui préfèer les rosacées, la potentille, la petite pimprenelle, l' aigremoine eupatoire, ...ou la reine-des-prés.

 

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V. La Mélitée du plantain Melitaea cinxia (Linnaeus, 1758).

 

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   L'épithète spécifique cinxia vient du verbe latin cingo, cingere, cinxi, cinctum, ceindre, entourer d'une ceinture, mais il désigne surtout Cinxia, tel qu'on surnomme Junon lorsqu' elle préside aux mariages. C'est donc un épithète qui pourrait aussi convenir aux maires qui porte l'écharpe tricolore pour unir les couples devant le buste de Marianne.

   L'autre nom vernaculaire de cette Mélitée est la Déesse à ceinturon, mais j'aime bien le nom espagnol de Doncella Punteada.

  

   Le nom de genre Melitaea, Fabricius, 1807, serait selon A. M. Emmet un mot-puzzle associant Melinaea, surnom d'Aphrodite, Melitaea, nom d'une ville de Théssalie, melitoeis, le miel, et melitaios.

 

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VI . Le Sylvain azuré Limenitis reducta (Staudinger, 1901).

  Ou Nymphale du peuplier, Azuritis reducta, Limenitis anonyma Lewis 1872, ou Papilio drusilla pour Bergstrasser 1777, Papilio lucilla pour Esper 1778.

  Ou encore Southern White Admiral pour les anglais, Blauschwarsser Einsvogel à l' est du Rhin, et Ninfa de arroyas en espagnol.

 

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  Le nom de genre Limenitis Fabricius, 1807 ( Magazin.f.insektenk.(illiger) 6 : 281 ) vient du latin limen, inis, le seuil, la frontière. Diane limenitis, ou limnatis, était invoquée par les pêcheurs romains comme divinité des étangs et marais, alors que Limentinus était une divinité des portes. Limenitis qualifie selon Emmet une divinité protectrice des ports.

 

  L'espèce reducta  a été décrite par Staudinger et Rebel : Cat. lepid. paleoarct. Faunengeb, 3 : 22. 1901.

  Elle se distingue du Petit Sylvain Limenitis camilla par le ton rouge de la face inférieure de ses ailes postérieures, par une rangée simple de points noirs sur cette même face (L. camilla a une rangèe double ) et par une tache blanche supplémentaire sur la face supérieure de l'aile antérieure.

   Il est de coloration noire sur sa face supérieure, avec, selon l'orientation du soleil, de somptueux effets bleu-nuit métalliques.

     Il fréquente les lisières des forêts, les bords des chemins qui longent les sous-bois ensoleillès, se posant sur le sommet des arbres, ou sur les feuilles à hauteur d'homme. Le mâle est jaloux de son territoire, qu'il défend contre tout agent ailè étranger en décollant immédiatement pour l'intercepter et le reconduire de l'autre coté de ce qu'il considère être ses limes, ses frontières, afin de justifier son salaire de limenitis, douanier patenté. Puis, fort de cette manifestattion d'autoritè et même, comme tout agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions, légèrement imbu de sa personne, il s'autorise un guilleret pas de danse en tournoyant délicatement autour de son terrain d'aterrissage foliaire en de larges orbes calligraphiées avec maîtrise ; car il excelle en ce vol plané qu'il ne soutient que d'un battement d'aile, rarement plus, entre deux désinvoltes voltes. Seul son comportement agressif lui  permettre de se distinguer, à défaut de binoculaires, du sexe faible , morphologiquement identique _ ce qui, secrètement, le morfond.

   Son envergure est de 46 à 62 mm, pas un de plus, et il vole de mai à septembre en une, deux ou trois générations ; S'il est très commun dans le sud ou le centre de la France, on peut le trouver dans presque tous les départements hormis le mien, le Finistère, et quelques autres mal-lotis.

  La chenille est difficile, et ne vit que de chévrefeuille, Lonicera. Elle hiverne dans un abri de soie fabriqué avec un fragment de feuille, et elle nomme pompeusement cette tente canadienne son hibernaculum.

 

 

 

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VII. Le Citron Gonepteryx rhamni (Linnaeus, 1758).

 

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VIII. L'Azuré de la faucille et le Collier de corail.

 

 1 . L'Azuré de la faucille ou Argus rase-queue Everes alcetas Hoffmansegg, 1804.

 

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Pour le genre Hübner a décrit en 1819 celui d'Everes, de signification obscure, alors que Schrank avait choisi en 1801 dans Fauna Boica le nom de Cupido. On trouve donc ce papillon aussi sous le nom de Cupido alcetas.

 

Alcetas est un nom grec : on mentionne Alcetas Ier de Macédoine, Alcetas Ier d' Épire, un Alcetas général d'Alexandre le Grand, un Alcetas roi des Molosses, etc...

   L'espèce a été décrite sous le protonyme Papilio alcetas par le comte Johann Centurius, Graf  von Hoffmannsegg (1766-1849), botaniste, entomologiste  et ornithologue qui constitua de vastes collections. Il publia sa description dans Mag. f. Insektenk. (Illiger) 3: 205 en 1804.

 

 

  2. Le Collier de corail Aricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775).

 

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• Le nom de genre AriciaReichenbach 1817 correspond au nom d'une ancienne ville du Latium où était érigé un temple en l'honneur de Diane / Artemis. La légende veut qu'elle fut batit par Hippolyte fils de Thésée en mémoire de son épouse qui se prénommait, si on en croit Martial, Aricia. Ce fut une ville importante, qui  était distante de Rome de 16 lieux romaines. Diane cacha Hippolyte dans la forêt d'Aricia après qu' Esculape l'ait resuscité : Hippolyte batît un temple en l'honneur de sa bienfaitrice.

Heinrich Gottlieb Ludwig REICHENBACH (1793-1879)
Né à Leipzig, docteur en philosophie et en médecine, botaniste et  zoologiste, il dirigea, jusqu'à sa mort, le Jardin botanique de Dresde et fonda, en 1843, une société savante, "Flora", destinée à promouvoir la recherche scientifique en botanique et en horticulture.
  Il publia sa description dans : Jenaische Allgem. Lit. Ztg, Jena 14 (1): 280.

   Nabokov proposa en 1944 le nom d' icaricia, mot valise pour honorer Icare.

• L' épithète spécifique agestisvient du protonyme créè par Denis et Schiffermüller dans  Ankündung eines systematischen Werkes von den Schmetterlingen der Wienergegend: 184, No. N.13, 1775.

   Mais son étymologie est confuse, et Emmet n'adopte pas l'hypothèse de Pickard  d'une erreur pour agrestis, l'agreste, en argant du fait que les lépidoptèronymes de Denis et Schiffermüller font toujours référence à la mythologie classique. Il propose d'y voir une forme corrompue d'Argestes, dieu du vent de noroit, ce qui n'est guère séduisant.

 

 

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IX. Le Sphinx gazé Hemaris fuciformis (Linnaeus, 1758).

 

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  • Le nom de genre Hemaris nous vient de Johan Wilhem Dalman (1787-1828), médecin _son doctorat a été obtenu en 1817 à Uppsala _et naturaliste suédois, passionné de botanique comme tout médecin de l'époque, mais aussi d'entomologie, dont l'étude offre moins d'applications thérapeutiques si on excépte la poudre de cantharides. Bibliothécaire de l'Académie des sciences de Suède, directeur du jardin zoologique puis démonstrateur de botanique de l'institut Carolinska de Stockholm, il décrivit ce genre de Sphinx Hemeris dans K. svenska VetenskAkad. Handl. 37(2) : 207

   Ce nom d'hemaris vient du grec hemera, "le jour", pour témoigner des moeurs diurnes de ces hétérocères.

Le genre hemaris comporte douze espèces, dont H. tityus, le Sphinx bourdon ou bombyliforme, mais aussi H. diffinis ou Sphinx du chévrefeuille.

 

  • L' épithète spècifique fuciformis nous vient de la description de Linné, page 493 de son édition de 1758 du Systema Naturae, où cette espèce reçoit le numéro 28 de la liste des Sphinx. Après Tantalus (n°23), Tityus, Ixion, frellatarum, bombyliformis, et avant culiciformis, Salmachus et Belis ( on voit que Linné ne se départit pas, pour les papillons de nuit, de son idée de distribuer tous les noms propres de sa culture greco-latine, à commencer par Sphinx, tiré du mythe d'Oedipe), fuciformis fait exception : en signifiant  "en forme de frelon", (du latin fucus, "frelon" ), ce nom décrit la morphologie du papillon.

 

   C'est vrai qu'il ressemble à un frelon, ce cousin du Moro-Sphinx avec qui on pourrait le confondre si ses ailes rouges,son corps jaune-rouge-jaune et sa tête olivâtre le distinguait de Moro-Sphinx au corps brun et aux ailes brunes et rougeâtres. Il est attiré par les fleurs bleues, celles des rhododendron, des silènes, des Ajuga, Lychnis ou Pulmonaria,  et se présente devant chaque petit gobelet de nectar où un vol stationnaire à 60-70 battements d'aile par seconde lui permet de dérouler sa trompe et de viser avec précision l' ambroisie. Mais s'il reste un tiers de seconde devant chaque calice, c'est qu'il s'attarde, et la prise des clichés est un joli sport !

  Ses ailes sont presque dépourvues d'écaille. Son envergure va de 38 à 48 mm.

 

   Les anglais le nomment Broad-bordered Bee, ou Hawk-moth, papillon-faucon.

 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 11:42

Lieu : Réserve naturelle d 'Alto merse, Toscane, Italie.

Date : 6 mai 2011.

Objet : Philaeus chrysops (Poda, 1761) ou Saltique de Sloane : la plus grande des araignées sauteuses ou saltiques, avec ses 7 à 12 mm.

   Elle affectionne les terrains secs et chauds, près des pierres et des roches sous lesquelles la femelle confectionne une belle loge de soie blanche pour ses petits; mais elle fréquente aussi les buissons et les pelouses ensoleillées. Aussi la trouve-t-on dans le bassin méditerranéen, en Grèce, en Croatie, en Italie ou en Espagne, dans le midi de la France, et parfois jusqu'aux confins de l'Ouest en Maine-et-Loire et en Vendée (Canard et al. 2001). Mais dans mon Finistère, ne changez rien, et réchauffement climatique aidant, nul doute que je la découvre bientôt !

   Chez les deux sexes, le céphalothorax est noir ; mais le mâle se reconnaît à son abdomen rouge traversé d'une large bande médiane noire, effilée postérieurement. Mon spécimen est original, qui offre, au sein de cette bande noire, une tache de rouille.

 

 

Philaeus-chrysops 0163cc

 

     Ses deux pattes antérieures sont couvertes de poils orange, alors que les deux pattes arrière sont sombres avec des poils gris

 

 

Philaeus-chrysops 0073cc

 

Philaeus-chrysops 0103cc

 

 

 Philaeus-chrysops 0336cc

 

 

   La femelle est couverte de soies blanches ou grises, son opisthosome est brun clair avec une large bande médiane noire. Mais les variantes sont nombreuses.

 

Philaeus-chrysops 0124cc

 

Philaeus-chrysops 0106cc

 

 

 Philaeus-chrysops 0063cc

Philaeus-chrysops 9602cc

 

 

Philaeus-chrysops 0077cc

 

 

    Comme les autres saltiques, elle possède ses huit yeux simples ou ocelles autour de la partie céphalique du prosoma, qui lui assurent une vision à 360°.

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Published by jean-yves cordier
3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 22:42

Avec sa tête de nain ou de lutin, ses lunettes noires aux verres ronds, les jolis couleurs orangé de son abdomen, si vous ne craquez pas pour cette araignée à ressort, votre cas n'est pas du mien (de ressort).

Venez que je vous présente

A cette femme élégante,

séduisante et envoûtante,

gantée d'amarante et logeant chez les plantes :

La femelle Carrhotus Xanthogramma (Latreille, 1819).

 

carrhotus-xanthogramma 9213

 

DSCN6046

 

  Vous lirez partout que Madame possède quatre paires d' yeux, ses deux phares noirs comme des boutons de bottine, deux autres yeux latéraux, mais aussi ses quatre feux arrière pour mieux se garer. On dit qu'elle voit à deux mètres, et je peux assurer qu'elle est experte pour détecter les paparazzi et aller se cacher sur l'envers de sa feuille préférée.

   C'est une salticidae, une araignée sauteuse qui n'a rien à faire d'une toile pour attraper ses proies : elle leur bondit dessus, et elle se régale.

 

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   Alors, conquis ? Mais elle a un mari qui n'est pas vêtu de gris mais de noir et d'aurore :

 

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 14:14

   J'ai déjà décrit La Pisaure : une araignée remarquable.cette araignée qui  ne tisse pas de toile,  mais qui profite d'une vue excellente et de longues jambes pour chasser à courre parmi la végétation basse. Mais ce jour-là, elle se dorait la pilule sur une fleur de renoncule: pour ce faire, elle adopte LA posture des pisaures : la première et la seconde patte réunies ensemble pour former avec les autres une belle étoile à six branches.

 

 DSCN5173cc

 

 

   La femelle est réputée pour sa façon de transporter le cocon où elle a réuni ses oeufs entre ses chélicères et de se balader ainsi.

 

pisaura-mirabilis 8994cc

 

   Plus tard, lorsque la maturation des oeufs approchera, elle construira au sommet d'un buisson bas une tente de soie autour de son précieux trésor, et c'est à l'abri de cette moustiquaire que les oeufs pourront éclore : les anglais la nomment the Nursery Web Spider, l'araignée-nurse.

  Nous l'appellons la Pisaure étonnante, en latin Pisaura mirabilis, pour lui témoigner toute notre admiration.

 

   • Le genre Pisaure a été décrit par un français, Eugène Simon (1848-1924) dans Etudes arachnologiques. 17e Mémoire. XXIV. Arachnides recuellis dans la vallée de Tempé et sur le mont Ossa (Thessalie). Annales de la Société Entomologique de France, ser. 6, vol. 5, p. 209-218, 1855.

  Eugène Simon est l'auteur d'une somme considérable sur les araignées, Les arachnides de France (1874-1937).

  Je trouve cette proposition étymologique :de ''Pisaurus'' = rivière en Ombrie où s'établirent vers 400 av. J.C les Sénons, peuple celtique, originaire de la région de Sens (France) qui chassa les Ombriens et fonda la ville de  Sinan-Gallikan, auj. Senigallia.

 Le nom ''Pisaura'', araignée robuste, évoque ce peuple envahisseur de la région de Pisaurus.

 

 

• L'espèce P.mirabilis a été décrit par Carl Alexander Clerck en 1757.

  EN DIX-SEPT-CENT-CINQUANTE-SEPT ??? Impossible, cher Ami, contraire à toutes les règles de taxinomie ou de taxonomie, vous savez-bien qu'aucune description originale n'est admise avant l' acte fondateur de la Nomenclature qu'est la dixième édition de la Bible, le Systema Naturae de Carl Von Linné, qui est parue en 1758 !!!

 

   C'est vrai, et il a fallu toute la réputation et l'influence de l'arachnologiste français Pierre Bonnet (1897-1990) pour faire admettre à la Commission Internationale de Nomenclature Zoologique, par une pétition de 1947, une dérogation spéciale, qui reconnaît la validité des noms scientifiques inventées par C.A. Clerk. Ce naturaliste suédois qui a suivi ses études à l'Université d'Uppsala (celle de Linné) est l'auteur de Aranei suecici (1757), décrivant les araignées de Suède. ( voir : Pierre Bonnet, La fin d'une querelle en nomenclature : reconnaissance officielle de la priorité des Aranei suecici de Clerck, Frères Douladoure Ed, 1950, 31 pages).

 

   Le Point-Zéro de la Nomenclature, son Hégire, son Anno Dominidans la crèche de Béthléem est le premier janvier 1758. La dixième édition du Systema Naturae est censée être datée de ce jour là. Aucune exception ne pouvant être admise, on décrète que la publication de Clerck est aussi datée du premier janvier 1758, et on inscrit en l'article 3 du Code de l'ICZN ceci :

 

Article 3. Starting point.The date 1 January 1758 is arbitrarily fixed in this Code as the date of the starting point of zoological nomenclature.

3.1. Works and names published in 1758. Two works are deemed to have been published on 1 January 1758:
- Linnaeus's Systema Naturae, 10th Edition;
- Clerck's Aranei Svecici.
Names in the latter have precedence over names in the former, but names in any other work published in 1758 are deemed to have been published after the 10th Edition of Systema Naturae.

3.2. Names, acts and information published before 1758. No name or nomenclatural act published before 1 January .1758 enters zoological no.menclature, but information (such as descriptions or illustrations) published before )that date may be used. (See Article8.7.1  for the status of names, acts and information in works published after 1757 which have been suppressed for nomenclatural purposes by the Commission).

 

  L'ouvrage de Clerck est disponible en ligne, la description de Mirabilis est donnée au chapitre 5, espèce 19, pages 108-113 avec une figure Pl.5 tab.10. Il s'agit d' un texte bilingue en suédois heureusement traduit ... en latin. Le titre en est Suenska Spindlar , ou Aranei Suecici, descriptionibus et figuris, Aeneis illustrati, ad genera subalterna redacti, speciebus ultra Lex determinati,Auspicii Regia Societatis Scientiarum Upsialiensis, Stockolmiae, literi Laur. Salvii, MDCCLVII,   Caroli Clerck  , Reg. Soc. Scient. Upsal. Mem.

   On remarque qu'il est édité par Laurent Salvii, éditeur du Systema Naturae.

 

 

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Published by jean-yves cordier
29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 11:40

  28 avril, étang de Pontavennec à Saint-Renan .

   Je l'attendais comme le signal du début des festivités entomologiques : l'arrivée des "Mouches de mai", des éphémères, et je constate dès que je m'approche de l'étang leur vol vertical en essaim:

 

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  ephemeres 9091cc

 

 

  Avec les éphémères viennent aussi leurs prédateurs, et notamment le Gomphe gentil (ou joli) :

 

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libellule-gomphe-gentil 8935cc

 

 

   Les gomphes choisissent les chemins pierreux, ou la terre chaude du champ de maïs voisin qui vient d'être retourné.

Mais les libellules déprimées passent rapidement d'un perchoir à l'autre, et les femelles surtout sont difficiles à approcher tant elles sont inconstantes dans le choix de leur site, quittant le haut d'un buisson pour le pied d'un arbuste, fusant des herbes hautes pour gagner la profondeur d'un fourré.

 

libellule-deprime 9000cc

 

 

   Les mâles sont plus tranquilles, et je peux progresser à quatre pattes dans les orties et autres plantes piquantes jusqu'à me trouver si proche que je peux voir leur abdomen couvert de pruine bleu-ciel se dilater et se contracter rythmiquement comme un ventre qui respire.

 

libellule-deprime 8978cc

 

    Me rapprochant encore, je découvre le visage de "l'homme au vitrail ". Mais il a encore vieilli depuis mon article sur la Cordulie bronzè !

 

 

libellule-deprime 8985cc

 

 

 

   Je vois aussi beaucoup de zygoptères, pour la plupart des Ischnures élégants qui déclinent toute la gamme de couleur des modèles :

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Ischnure 9039cc

 

 

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Ischnure 9026cc

 

 

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 11:36

     C'est un nid de papier machè qui ne mesure que 6 cm sur 8cm, tout près du sol, et ne comporte qu'une trentaine de cellules : un nid de guêpe papétière, fabriqué par des Polistes de France.  Ceux-ci fixent par un solide pédoncule leur nid à la tige d'une plante ou d'un arbuste.

 

 

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   Bientôt les alvéoles recevront les oeufs, qui donneront naissance à des ouvrières, lesquelles s'occuperont du couvain et du nid, et ventileront celui-ci par l'action de leurs ailes.

   A la fin de l'été, de futures reines fondatrices seront élevées, qui hiverneront pour s'éveiller au printemps et batir un nouveau nid comme celui-ci.

  Ce sont des guêpes sveltes qui, à la différence des guêpes ou des frelons, ne replient pas complétement leurs ailes au repos ; leur abdomen est rétréci aux deux extrémités.

  On distingue les femelles des mâles car celles-ci ont douze articles sur leurs antennes.

 

 

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   Il reste à déterminer de quel poliste il s'agit : le Poliste Français (P. gallica et P. dominula ), ou P. bischoffi que m'indique mon guide simplifié, ou P. biglumis, P. associus ou nimpha ?

   Le dessus noir de l'extrémité des antennes exclue P. gallica et le dessus des antennes reste noir au delà du troisiéme article, les joues sont jaunes, le clypeus jaune est barré d'une raie noire, le nid n'est pas sur un mur ou dans une habitation mais à l' extérieur, j'opte pour Poliste nimpha.

   Je pourrais aussi chercher les critères suivants:

• le dernier sternite abdominal noir,

• les trois ocelles formant un triangle presque équilatéral,

• les bourrelets marqués du bord de la face,...

..., mais je ne suis pas docteur, c'est vous qui voyez.

  Les Polistes nimpha mesurent 14mm pour les ouvrières, 16 mm pour les femelles, 12 à 15 mm pour les mâles.

 

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 07:42

 

Le Fadet commun Coenonympha pamphilus : zoonymie.

 

 

 

 

  fadet-commun 1507cc

 

   Les anglais le nomment Small Heat, le petit habitant des landes, et les allemands Kleines Wiesenvögelchen .

Posé sur un perchoir, il ferme ses ailes en laissant visible l'ocelle qui orne la face inférieure de son aile antérieure, et qui sert de leurre visuel aux prédateurs . Mais il est plus souvent en vadrouille, Roméo patrouillant à la recherche d'une femelle, Juliettearpentant la haie en zig-zag  de l'autre coté de la haie jusqu'à l'heureuse rencontre, les effusions, et un accouplement qui peut être réglé en 10 minutes ou prendre cinq bonnes heures. Lorsqu'il rencontre plutôt l'un de cesmaudits Capulets, il attaque ce Tybalt et se livre à un duel aérien au cours duquel les deux frères ennemis montent à plusieurs mètres dans le ciel avant de se séparer sagement.

 

 

 

  Zoonymie

 

  Le Fadet commun ou Procris Coenonympha pamphilus (Linnaeus, 1758) .

 

1. Nom vernaculaire.

 a) Fadet.

    Le nom de fadet signifie "petite fée", et c'est aussi le sens du titre "La Petite Fadette " de George Sand.

  Le mot  fée lui-même vient du latin fata, "déesse de la destinée", liée au fatum, "énonciation divine", et au verbefari , parler : la fée est celle qui peut, d'une parole (ou d'un coup de baguette), modifier nos destinées. Les noms et adjectifs fadet, fadette, sont des termes régionaux (le CNRTL les attribue à la région Centre) comme diminutif de fade, féminin, "fée". De "petite fée", ils acquirent le sens, un peu différent, de "lutin".

   Mais ce mot de fadet n'est pas isolé, dans notre esprit et notre langue, de farfadet, "lutin", repris par Rabelais en 1542 à un mot provençal dérivé de fada, "niais, sot" , lui-même issu du latin fatuus, "insensé".

   En somme, ce nom de Fadet convient très bien à ce petit lépidoptère espiègle et folâtre qui apparaît comme un feu follet sautillant  parmi les herbes et les buissons, se lance dans des valses folles avec un concurrent de passage et disparaît comme par enchantement. 

  b) Le nom de Procris renvoie à la fille d'Erechtée roi d'Athénes, qui forme avec son amant Céphale un couple légendaire.

 

2. Nom scientifique.

 

   Le fadet a été décrit par Linné dans son Systema Naturae de 1758 page 492 sous le numéro 86 des danaéiens : on se souvient que Linné a réparti ses papillons de jour nommés Papilioen "phalanges" dénommés arbitrairement en référence avec le monde antique grec. Après les Equites et les Heliconii,les Danai sont caractérisés par leurs ailes : alis integerrimis (recouvertes ?), et divisés en Candidi,( alis albidis) 56-74 et en festivi (alis variegatis) 75-87. Nous avons donc sous le numéro 86 l'avant-dernier des Festifs ou Joyeux Drilles, après les Perius, Plexipus, Chrysippus, Cassiae, Sophorae, Mineus et Hyperanthus, qui devraient tous être les noms des Danaïdes, les cinquante filles du roi Danaos. Mais Pamphile est, dans la mythologie grecque, le roi des Doriens. C'est le fils d' Aegimius, et non, comme l'écrit Emmet, l'un des cinquante fils d'Aegyptus le rival de Danaos, ces fils qui forcèrent les cinquante danaïdes à les épouser avant de le payer de leur vie le soir même des noces. Mais Emmet est exact lorsqu'il donne le sens du nom pamphilus comme "aimè de tous".

   Selon le site lepiforum, Spuler en 1908 rapprochait ce nom de pamphila, fille des Plates de Cos, qui aurait inventé le dévidage des cocons de chenille.

 

 

Linné donne la description suivante:

Pamphilus 86. P.D. alis integerrimis fulvis ; subtus primoribus ocellus lo unico; posticis fascia alba.

  Fn svec. 789. Tityrus ( c'est le nom attribué dans Fauna Svecica de Linné) .

  Pet. mus. 34. n.311

  Merian eur. t 154

  Raj. ins. 125 n.19

  Roes. ins. app. 1,t.34f 7,8

Habitat in Europa.

Sexus alter minor. Alis posticis subtus ocellis 6 : primo majore.

 

  Le protonyme est donc :Papilio Pamphilus (avec sa majuscule).

 

• Le nom de genre Coenonympha est dû à Hübner, 1819. C'est l'association de Coeno-, issu du grec koinos, "partagé, en commun" (que nous connaissons chez les libellules zygoptères coenagrions  qui volent en tandem),

et de -nymphé. Ce genre réunit divers Nymphalidés de la sous-famille des satyrinidés, comme ...le Céphale, amant de Procris, le Daphnis, le fadet des laîches, le Fadet des tourbières.

 

fadet-commun 1935cc

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 17:22

Ils peuvent passer inaperçus, si vous croyez que ces silhouettes sombres qui moucheronnent sur les ronciers sont des insectes de bas ètage. Mais ce sont des papillons, les Adela reaumurella, bien dignes de porter le nom du pére de l'entomologie, du grand Réaumur, malgrè leur petite taille, et si vous vous approchez, vous admirerez leur robe argentée miroitant au soleil, ou le grand ballet des mâles venant se poser en rang sur les feuilles dans une chorégraphie éprouvée et déployer la grande parenthèse blanche de leur ramure. Ils peuvent se rassembler par centaines sur les feuilles de hêtre, et osciller en lent vol vertical.

    C'est Linné qui les a baptisé Phalaena reaumurella (Systema Naturae 1758, 1, p. 824.) Stephens, en 1850, nommera une psychinae du nom de Luffia ferchaultella pour poursuivre l'hommage rendu à René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757).

   Le genre Adela a été nommé par notre grand Latreille en 1796, en précisant lui-même le choix de ce nom, tiré du grec a-delos, "qui ne se montre pas", en raison des habitudes de la chenille de se cacher.

 

 

 

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adela 1708cc

 

 

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Published by jean-yves cordier
26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 17:16

Il se délectait d'une mouche : je le trouble, le Panorpe Panorpa communis Linnaeus,1758 ou  mouche scorpion, et il s'envole en laissant sur sa feuille les reliefs de son repas.

 

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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