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30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 17:57

La verrière de la Vie de la Vierge de la maîtresse-vitre (Le Coq et Lavenant, 1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour  à Lantic.

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Voir aussi, sur cette chapelle :

Voir aussi  :

 

Voir aussi, sur ce thème :

Ou plus généralement :

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PRÉSENTATION.

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La baie 0 ou maîtresse-vitre de la chapelle mesure 7, 50 m de haut sur 4,00 m de large. Elle se compose de 6 lancettes trilobées organisées en trois registres, et d'un tympan en trois parties de 13 ajours chacune et des écoinçons. Les lancettes sont consacrées à l'Enfance et la Vie de la Vierge, sujet complété par la Passion et la Résurrection. Le vitrail est attribué par une inscription aux verriers Olivier Le Coq et Jehan Le Lavenant, et a été réalisé, selon les auteurs du Corpus,  vers 1460-1470.

La disposition actuelle résulte des choix fixés lors de la restauration réalisée en 1878 par l'atelier du Carmel du Mans (Eugène Hucher) aux frais de la comtesse de Kergariou. 

Les premiers "antiquaires" pour l'héraldique ont exercé très tôt leurs efforts d'identification des armoiries du tympan : les tâtonnements successifs de Charles Guimart en 1847, d'Anatole de Barthélémy en 1847 et 1876, de Jules-Henri Geslin de Bourgogne en 1847 et 1849, ont précédé les résultats crédibles  d'Eugène Hucher  en 1879 et de Paul Chardin en 1891, à peine complétés par René Couffon en 1935.  Hucher avait daté la verrière de 1458-1469 alors que Couffon place la commande entre septembre 1462 et septembre 1464.

En 2005, Gatouillat et Hérold adopte une fourchette plus tardive, entre 1460 et 1470.

La plus grande part des discussions a porté sur ces identifications héraldiques et sur leur confrontations aux documents et données historiques, dans le cadre du mécénat des ducs de Bretagne Jean V puis François II.

Stylistique.

Les études stylistiques ont été plus discrètes, essentiellement menées par Couffon en 1935 (toujours prompt à déceler une influence germanique ou flamande et à envisager une fabrication exogène)  et par Gatouillat et Hérold en 2005 :

 

"Lorsque l'on regarde la verrière de Lantic à une certaine distance, l'on est frappé de la teinte grise qu'elle présente et de la faible surface qu'offrent les parties colorées par rapport à l'ensemble.

Le dessin, d'un trait extrêmement fin et délié, est en bistre, procédé employé dans de nombreuses verrières, à Troyes par exemple, et donnant de jolis reflets sur les teintes vertes notamment.

Les artistes ont suivi l'alternance des fonds bleus et des fonds rouges d'un panneau à l’autre ; les couleurs sont foncées, principalement le rouge qui est d'un rouge brun caractéristique ; l'emploi de jaune d'argent est assez abondant.

De quel carton les artistes se sont ils inspirés ? La tente à pavillon soutenue par deux angelots, comme on en voit sur les miniatures flamandes et certaines tombes de l'école de Tournay, les manteaux à larges bordures brodées d'inscriptions, les longs cheveux de la Vierge et des personnages féminins indiquent nettement une influence des Pays-Bas. Cependant, les nimbes très importants des personnages, la longue barbe des hommes et l'implantation des cheveux, la lourdeur des angelots, l'importance des couronnes des rois mages et des orfèvreries qu'ils tiennent, les plis, plus simples et non cassés, indiquent plutôt l'école rhénane qui avait d'ailleurs, comme l'on sait, subi à cette époque l'influence profonde des Pays-Bas.

Il est à remarquer également que la figure de la Vierge des 8ème et 15ème panneaux se rapproche beaucoup de celle d'une Vierge de l'Annonciation d'un vitrail provenant de Landau (1427) actuellement au musée historique de Bâle."(Couffon, 1935)

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"La verrière de Lantic, authentifiée avec exactitude, est une grande composition narrative à registres superposés, chaque scène et chaque lancette étant encadrée et couronnée de grandes niches d'architecture aux dais très développés, qui donnent à l'œuvre une tonalité fort claire. Sols dallés et fonds damassés — qui éclipsent toute mention de paysage — portent des personnages assez trapus mais non dénués d'élégance ; parmi les caractéristiques principales, on note les larges visages féminins, les yeux petits et très marqués, les chevelures roulées en arrière et partagées par le milieu des hommes barbus, dégageant des fronts très hauts, les expressions intériorisées de toutes ces figures et, pour le décor, les tissus ornés de motifs géométriques et les galons larges, souvent repris au jaune d'argent.

Ces caractères existent dans d'autres verrières des décennies 1460 à 1480, dont plusieurs pourraient émaner du même groupe d'artistes. À Ploubezre, les scènes de l'Enfance du Christ de la chapelle Notre-Dame de Kerfons, posés à l'initiative de Guillaume de Penhoët présentent des équivalents du vitrail de Lantic, mais suivant une formulation graphique légèrement postérieure. Le Credo apostolique de l'église de Quemper-Guézennec peut lui aussi être attribué au groupe Le Coq-Le Lavenant, tant est frappante la parenté avec la verrière de Lantic. " Gatouillat et Hérold 2005 , p. 30-31.

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Quelques balises : place au sein des vitraux bretons du XVe siècle.

1402 : maîtresse-vitre de Merléac.

1417 : baies du chœur de la cathédrale de Quimper.

1er quart XVe : baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit.

vers 1423 : Maîtresse-vitre de l'église de Runan.

2eme quart XVe : Crucifixion de la chapelle de Kergrist à Grâces-Guingamp.

vers 1460-1470 : Credo de la maîtresse-vitre de Quemper-Guezennec par Olivier Le Coq et Jean Le Lavenant

1468-1469 : Maîtresse-vitre de la cathédrale de Tréguier attribuée à Olivier Le Coq et Jean Le Lavenant.

vers 1460-1470 : Maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic par Olivier Le Coq et Jean Le Lavenant.

vers 1470 : chapelle de Cohazé, Saint-Thuriau.

vers 1470-1480 : maîtresse-vitre de Saint-Nicolas-du-Pélem.

vers 1470-1480 : maîtresse-vitre de l'église de Tonquédec.

1476-1479 : maîtresse-vitre de Locronan

vers 1470-1480 : vitraux de l'église Notre-Dame-du-Roncier à Josselin

vers 1480-1490 : Vie de la Vierge de la chapelle Notre-Dame de Kerfons à Ploubezre (22).

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Thématique et iconographie.

Cette approche n'a pas été traitée par les auteurs. Pourtant, c'est une sujet passionnant, puisque les 18 panneaux de la Vie de la Vierge de Notre-Dame-de-la-Cour débutent en donnant une place importante à la conception miraculeuse de la Vierge par un couple stérile, reprenant le thème biblique illustré par les histoires de  Sarah et d'Abraham, de Rebecca et Isaac ou de  Rachel et de Jacob.

Mais, par la représentation centrale (voyez en comparaison la place occupée par les deux panneaux de la Passion)  de la Rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée et du baiser lèvres contre lèves qu'ils échangent, c'est aussi l'argumentation d'une conception de Marie par le baiser ex osculo et non ex coitu qui est illustrée, dans le cadre d'une vision maculiste organique  de l'Immaculée Conception (Marie conçue sans péché).

Cette image s'intègre dans un vaste corpus iconographique de la Porte Dorée, dont j'ai donné des exemples à Moulins (vitrail) et à Burgos (retable), mais qui est largement développé dans les enluminures. 

L’Assomption du dernier panneau (certes créé au XIXe siècle) vient mettre en parallèle les deux privilèges corporels accordés à la Vierge, l’Immaculée Conception et l'Assomption.

La montée de l'escalier du temple par la petite Marie témoigne aussi de ses capacités exceptionnelles et de sa précocité physique et spirituelle, mais aussi des 15 marches franchies résolument vers une existence vouée à  Dieu.

De même, la représentation de l'élection miraculeuse de Joseph par le fleurissement de sa verge (panneau 10) poursuit, au même titre que la conceptio per aurem de l'Annonciation (panneau 11) cette démonstration en image de l'intervention de Dieu dans l'histoire du Salut et de l'Incarnation par le biais de miracles.

Il faut donc rompre avec la description anecdotique ou biographique émouvante d'une Vie de la Vierge (Les parents de Marie font connaissance, la naissance de Marie, Marie au temple, Marie à l'école, Marie lisant ou tissant etc...) au profit d'une lecture théologique d'une argumentation militante visant à prouver  le caractère surnaturel de la Vie de la Vierge. Dans le même mouvement qui a donné lieu aux Arbres de Jessé ou aux Couronnements de la Vierge.

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Liste des 18 panneaux :

  1. Refus des offrandes d'Anne et de Joachim au temple.

  2. Annonce faite à Anne par l'ange.

  3. Rencontre à la Porte Dorée.

  4. Annonce faite à Joachim par l'ange.

  5. Anne donne naissance à Marie.

  6. Présentation de Marie au temple

  7. La Vierge étudie sous la férule d'un maître.

  8. La Vierge lisant.

  9. La Vierge filant est nourrie par les anges.

  10. Le mariage de Marie et de Joseph.

  11. L'Annonciation.

  12. La Nativité.

  13. L'Adoration des mages (1)

  14. L'Adoration des mages (2)

  15. La Circoncision de Jésus.

  16. La Crucifixion.

  17. La Résurrection.

  18. L'Assomption de la Vierge.

 

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Une restauration récente a été menée, avec protection par doublage. Date et atelier ??

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Vue du remplage et de la protection par doublage, et grillage.

Vue du remplage et de la protection par doublage, et grillage.

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"La maîtresse vitre, qui avait beaucoup souffert au début du XIXème siècle par suite du manque d'entretien, et avait perdu plusieurs de ses panneaux, fut nettoyée et consolidée en 1847, grâce à l'intervention de Geslin de Bourgogne, puis restaurée complètement, en 1878, au Carmel du Mans sous l'habile direction de E. Hucher et de E. Rathouis, grâce aux libéralités de la comtesse de Kergariou, née Chrestien de Tréveneuc, héritière du manoir de Bourgogne.

Cette verrière est d'autant plus précieuse pour l'histoire du vitrail en Bretagne, qu'outre l'intérêt artistique qu'elle présente, elle est signée et peut être datée avec une grande exactitude ainsi que nous le montrerons.

Aussi, a-t-elle fait l'objet de plusieurs descriptions, notamment de la part d'A. de Barthélemy (A. Barthélemy : Revue d'Histoire nobiliaire T. XIII, 1876, pp 177 et suiv.), de E. Hucher (E. Hucher. Bulletin Monumental, T. VII Paris , 1879, pp 314 et suiv. avec réduction mathématique de la verrière), de Barthélemy et Geslin de Bourgogne (Mémoires du Congrès scientifique tenu à Rennes en 1849, t II, p 94 et  Anciens Evêchés de Bretagne, t. V, pp 93 et suiv.), enfin de J. Morvan.

Rappelons que, large de quatre mètres et haute de près de huit mètres, elle comprend deux parties : le tympan et la verrière proprement dite. Celle-ci est elle-même divisée par les meneaux de la fenêtre en six lancettes comprenant chacune, dans les deux tiers inférieurs, trois panneaux de la vie de la Vierge, et, dans le tiers supérieur, un vaste dais flamboyant.

La verrière est consacrée à la vie de la Vierge. Au dessus de chaque lancette, un dais flamboyant, traité en grisaille avec touches de jaune d'argent, surmonte les panneaux. Sauf le troisième en partant de la gauche qui est intact, et le premier et le cinquième qui n'ont été que partiellement restaurés, les autres ont été refaits entièrement." (Couffon, 1935)

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Les verres souvent très corrodés, mais, sauf mention particulière, on trouve une bonne proportion de verres originaux.

Les dix-huit panneaux historiés doivent se lire de gauche à droite et de haut en bas..

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1. Refus des offrandes d'Anne et de Joachim au temple.

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—Les descriptions des auteurs :

"Le premier tableau nous montre saint Joachim et sainte Anne père et mère de Marie repoussés de l'autel par le prêtre Isaac, à cause de leur stérilité, tandis que les autres fidèles et sans doute des étrangers, sous l'habit de pèlerin sont admis à présenter leurs offrandes. 
Le saint et la sainte paraissent ressentir douloureusement l'affront qui leur est fait." 
( Geslin de Bourgogne 1849)   

" Saint Joachim, en manteau vert orné de galons d'or, présente son offrande, sous forme d'un calice, au grand prêtre. Celui-ci, en costume d'évêque avec chape rouge à orfrois, la refuse, et déclare Joachim maudit de Dieu. Au premier plan, à droite, deux personnages à genoux, dont l'un en robe rouge brune. La scène se détache sur un fond bleu." (Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

 

"On lit dans les histoires des douze tribus d'Israël, que Joachim était fort riche et il présentait à Dieu de doubles offrandes, disant en son cœur : « Que mes biens soient à tout le peuple, pour la rémission de mes péchés auprès de Dieu, afin que le Seigneur ait pitié de moi. » La grande fête du Seigneur survint et les fils d'Israël apportaient leurs offrandes  et Ruben s'éleva contre Joachim, disant : « Il ne t'appartient pas de présenter ton offrande, car tu n'as point eu de progéniture en Israël. » Et Joachim fut saisi d'une grande affliction et il s'approcha des généalogies des douze tribus en disant en lui-même : « Je verrai dans les tribus d'Israël si je suis le seul qui n'ait point eu de progéniture en Israël. » Et en recherchant il vit que tous les justes avaient laissé de la postérité, car il se souvint du patriarche Abraham auquel, dans ses derniers jours, Dieu avait donné pour fils Isaac. Joachim affligé ne voulut pas reparaître devant sa femme; il alla dans le désert et il y fixa sa tente et il jeûna quarante jours et quarante nuits, disant dans son cœur : « Je ne prendrai ni nourriture ni boisson, mais ma prière sera ma nourriture. » (Trad. G. Brumet)

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— Le texte de l'Histoire de la Nativité de Marie, notamment :

"Il y avait en Israël un homme nommé Joachim, de la tribu de Juda, et il gardait ses brebis, craignant Dieu dans la simplicité et la droiture de son cœur, et il n'avait nul souci, si ce n'est celui de ses troupeaux, dont il employait les produits à nourrir ceux qui craignaient Dieu, présentant de doubles offrandes dans la crainte du Seigneur, et secourant les indigents. Il faisait trois parts de ses agneaux, de ses biens et de toutes les choses qui étaient en sa possession ; il donnait une de ces parts aux veuves, aux orphelins, aux étrangers et aux pauvres; une autre à ceux qui étaient voués au service de Dieu, et il réservait la troisième pour lui et pour toute sa maison. Dieu multiplia son troupeau au point qu'il n'y en avait aucun qui lui fût semblable dans tout le pays d'Israël." remacle.org

 

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—Commentaire :

Ce premier panneau servira d'exemple pour remarquer la parcimonie avec laquelle sont utilisés les verres de couleur, afin de privilégier l'éclairage du chœur procuré par les verres blancs. Les quatre couleurs sont le bleu, le rouge, le vert, et le lie-de-vin. Le jaune est apporté par le jaune d'argent appliqué sur le verre blanc. Le ciel sera alternativement bleu puis rouge sur les panneaux successifs. Les sols seront carrelés de damiers et autres motifs géométriques, sauf dans quelques scènes à l'extérieur où figurent des herbes et fleurs.

À côté d'Anne, nimbée et voilée d'hermines,  Joachim esquisse un geste de surprise ou d'incompréhension de la main droite et de honte de la main gauche. Il est écarté par le bras du grand prêtre. Les épaules de son assistant, un clerc tonsuré, sont recouvertes d'un châle frangé, le talit rituel propre au judaïsme, qu'on retrouve aussi sur celles du grand  prêtre.

Les trois personnages agenouillés devant l'autel sont tous tournés vers l'autel et vers l'assistant qui agrée leurs offrandes : ils le regardent avec gratitude. Ce sont  "des pèlerins admis à présenter leurs offrandes". L'un d'eux, vêtu d'un riche manteau rouge, porte sur l'épaule son chaperon. Voir Jean Bellegambe, volet d'un triptyque de Douai (1521-1526).

Les auteurs s'étonnent que le grand prêtre soit représenté en évêque. Geslin de Bourgogne lui attribue le nom d'Isaac.  Or, s'il est parfois désigné dans les textes apocryphes sous le nom de Ruben, mais il faut plutôt choisir celui  d'Issachar, "évêque de la loi" . En effet, les traductions et adaptations en français des apocryphes, plus précisément celle du Miroir Historial de Vincent de Beauvais par Jean de Vignay (ms de 1396) ou celle de Jean Méchiot par manuscrit enluminé en 1456  mentionnent dans cette scène et dans la fonction de grand prêtre  Ysachar, qualifié d'esveque de la loy.  (On se rapportera aux Annexes II et III). Il est donc naturel que les artistes aient représentés ce prêtre habillé en évêque du XVe siècle.

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La vue de détail permet d'observer la forme des yeux, au coin temporal très effilé, et au contour sinueux et la force un peu troublante des regards, due à la position systématiquement excentrée des iris et à l'accentuation expressive des sourcils et des rides frontales.

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L'offrande de Joachim refusée au temple, maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'offrande de Joachim refusée au temple, maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'offrande de Joachim refusée au temple, maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'offrande de Joachim refusée au temple, maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. Annonce faite à Anne par un ange.

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— Les descriptions des auteurs :

 "Sainte Anne se retire confuse pour prier dans la solitude, où un ange vient la consoler et lui annoncer qu'elle deviendra mère" (Morvan 1903)

"Après cette humiliation sainte Anne prie devant l'oratoire élevé au bas de son jardin,et et saint Joachim sur la montagne ou il s'est retiré et où paissent quelques troupeaux. Un ange apparaît à chacun d'eux pour leur annoncer que leur prière est exaucée et qu'il leur sera envoyé une fille, qui sera riche en mérites aux yeux de Dieu." ( Geslin de Bourgogne 1849  

"Ce panneau devrait être interverti avec le quatrième. Sainte Anne en prières, en robe rouge brune et manteau vert, devant une chapelle à toit bleu, voit apparaître un ange, aux ailes vertes tenant un phylactère, sur lequel on lit en français : Tes prières sont exsauscées [sic] va à la porte dorée. La scène se détache sur fond rouge." (Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Sa femme Anne souffrait d'un double chagrin et elle était en proie à une double douleur, disant : « Je déplore mon veuvage et ma stérilité. » La grande fête du Seigneur survint et Judith, la servante d'Anne, lui dit: « Jusques à quand affligeras-tu ton âme? Il ne t'est pas permis de pleurer, car voici le jour de la grande fête. Prends donc ce manteau et orne ta tête. Tout aussi sûre que je suis ta servante, tu auras l'apparence d'une reine. » Et Anne répondit : « Éloigne-toi de moi ; je n'en ferai rien. Dieu m'a fortement humiliée. Crains que Dieu ne me punisse à cause de ton péché. » La servante Judith répondit : « Que te dirai-je, puisque tu ne veux pas écouter ma voix ! C'est avec raison que Dieu a clos ton ventre afin que tu ne donnes pas un enfant à Israël » Et Anne fut très affligée, et elle quitta ses vêtements de deuil ; elle orna sa tête et elle se revêtit d'habits de noces. Et, vers la neuvième heure, elle descendit dans le jardin pour se promener, et, voyant un laurier, elle s'assit dessous et elle adressa ses prières au Seigneur, disant : « Dieu de mes pères, bénis-moi et écoute ma prière, ainsi que tu as béni les entrailles de Sara et que tu lui as donné Isaac pour fils."

Et voici que l'ange du Seigneur vola vers elle, lui disant : « Anne, Dieu a entendu ta prière; tu concevras et tu enfanteras et ta race sera célèbre dans le monde entier. » Anne dit : « Vive le Seigneur, mon Dieu ; que ce soit un garçon ou une fille que j'engendre, je l'offrirai au Seigneur, et il consacrera toute sa vie au service divin. » Et voici que deux anges vinrent lui disant : « Joachim, ton mari, arrive avec ses troupeaux. »

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— Commentaire :

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Le texte du phylactère est : TES PRIERES SONT EXSAUCEES VA ALA / DOR.

Soit "Tes prières sont exaucées. Va à la Porte d'Or.". Les paroles "tes prières sont exaucées"  se trouvent dans l'Évangile de la Nativité, mais elles sont adressées à Joachim.

Alors que cette inscription est en français, laissant supposer que l'artiste se base sur un texte traduit, les inscriptions suivantes seront en latin. À Strasbourg, l'inscription du panneau équivalent de la baie 26 en langue vernaculaire dit "Dieu t'a entendue". 

L'ange porte un bandeau. La robe d'Anne est damassée. 

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 Annonce d'un ange à Anne. Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Annonce d'un ange à Anne. Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3. Rencontre des époux à la Porte Dorée.

— Les descriptions des auteurs :

 

 

. "Sainte Anne et saint Joachim se rencontrent devant la porte dorée et se rapprochent pour échanger un baiser qui représente le symbole de l'immaculée-Conception" (Morvan)".

"Tous deux reviennent chacun de son coté, emortuum corpus, dit la légende,et ils se donnent le chaste baiser indiquant que la Vierge a été conçue moins par les sens que par la foi car, dit saint Jean Crysologue transiverat tempus carnis" ( Geslin de Bourgogne 1849)

 

Voir aussi  Hucher 1879.

 "La rencontre à la porte dorée. Devant une porte fortifiée flanquée de deux tours, de couleur or, et se détachant sur un fond bleu, sainte Anne et saint Joachim s'embrassent. Saint Joachim porte une longue robe rouge brune, serrée à la taille par une longue ceinture à laquelle pend un grand couteau dans un fourreau." (Couffon 1935)

 

 

— Le texte du Protévangile de Jacques :

" Et voici que Joachim vint avec ses troupeaux, et Anne était à la porte de sa maison et elle aperçut Joachim qui venait avec ses troupeaux, elle courut et se jeta à son cou, disant : « Je connais maintenant que le Seigneur Dieu m'a bénie, car j'étais veuve et je ne le suis plus ; j'étais stérile et j'ai conçu. » Et Joachim reposa le même jour dans sa maison."

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— Le texte de l'Évangile de la Nativité :

"Se conformant donc au commandement de l'Ange, l'un et l'autre, partant du lieu où ils étaient, montèrent à Jérusalem, et, lorsqu'ils furent arrivés au lieu désigné par la prédiction de l'Ange, ils s'y trouvèrent l'un au devant de l'autre. Alors, joyeux de se revoir mutuellement et rassurés par la certitude de la race promise, ils rendirent grâce comme ils le devaient au Seigneur qui élève les humbles. C'est pourquoi, ayant adoré le Seigneur, ils retournèrent à leur maison, où ils attendaient avec assurance et avec joie la promesse divine. Anne conçut donc, et elle mit au monde une fille, et suivant le commandement de l'Ange, ses parents l'appelèrent du nom de Marie."

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— Les Heures de Catherine de Cleves (Flandre, vers 1440)  f.20r

http://www.themorgan.org/collection/hours-of-catherine-of-cleves/33

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— Commentaire :

La porte, dûment dorée,  de Jérusalem est représentée frontalement en arrière-plan. Devant elle, vus de trois-quart, les époux s'étreignent tendrement et échangent un baiser. Seule Anne est nimbée. Joachim, qui est censé venir directement de ses pâturages où il a laissé ses moutons, porte un habit de cérémonie et sa tête est couverte du talit. Le couteau qu'il porte accroché à sa ceinture doit-il être considéré comme venant de son attirail de berger, ou bien comme un objet rituel ?

Je ne reviens pas sur la signification quasi fondatrice de cette scène et sur ses rapports avec l'immaculée conception. 

 Voir :

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4. Annonce d'un ange à Joachim.

— Les descriptions des auteurs :

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" Joachim, qui s'est de son côté retiré sur la montagne pour prier, reçoit d'un ange la promesse d'un enfant et l'invitation d'aller retrouver Anne devant la porte dorée. Il est évident que la logique demanderait que le 4ème tableau fut le 3ème et réciproquement, mais on les a mis ainsi afin que Anne et Joachim, séparés pour prier, arrivent chacun de son côté à la porte dorée, lieu de leur chaste rendez-vous " (Morvan 1903)

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 "Saint Joachim s'est retiré dans les champs parmi les pastoureaux. Vêtu d'une robe bleue, une houlette à la main, il garde ses moutons, et l'on voit certains animaux, tels que lapins, sortant de leurs terriers. Un ange, en blanc et or, lui apparaît et tient un phylactère portant l'inscription suivante en latin : « Vade ad portam auream ». La scène se détache sur fond rouge brun ."(Couffon 1935).

 

— Le texte du Protévangile de Jacques :

"L'ange du Seigneur descendit vers lui, disant : « Joachim, Joachim, Dieu a entendu ta prière, ta femme Anne concevra. » Et Joachim descendit et il appela ses pasteurs, disant : « Apportez-moi dix brebis pures et sans taches, et elles seront au Seigneur mon Dieu. Et conduisez moi douze veaux sans taches, et ils seront aux prêtres et aux vieillards de la maison d'Israël, et amenez-moi cent boucs et ces cent boucs seront à tout le peuple."

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—  Le texte de l'Histoire de la Nativité de Marie :

"Or, quand il y eut passé quelque temps, un jour qu'il était seul, l'Ange du Seigneur lui apparut avec une immense lumière . Cette vision l’ayant troublé, l'Ange calma sa crainte, lui disant : « Ne crains point, Joachim, et ne te trouble pas à mon aspect ; car je suis l'Ange du Seigneur ; il m'a envoyé vers toi pour t'annoncer que tes prières sont exaucées, et que tes aumônes sont montées jusqu'en en sa présence. Car il a vu ta honte, et il a entendu le reproche de stérilité qui t'a été adressé injustement. Or, Dieu punit le péché et non la nature ; c'est pourquoi lorsqu'il rend quelqu'un stérile, ce n'est que pour faire ensuite éclater ses merveilles et montrer que l'enfant qui naît est un don de Dieu, et non pas le fruit d'une passion désordonnée. Car Sara, la première mère de votre nation, ne fut-elle pas stérile jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans ? et cependant au dernier âge de la vieillesse elle engendra Isaac, auquel la bénédiction de toutes les nations était promise. De même Rachel, si agréable au Seigneur et si fort aimée du saint homme Jacob, fut longtemps stérile, et cependant elle engendra Joseph, qui devint le maître de l'Egypte et le libérateur de plusieurs nations prêtes à mourir de faim. Lequel de vos chefs a été plus fort que Samson, ou plus saint que Samuel ? et cependant ils eurent tous les deux des mères stériles. Si donc la raison ne te persuade pas par mes paroles, crois à la force des exemples qui montrent que les conceptions longtemps différées et les accouchements stériles n'en sont d'ordinaire que plus merveilleux. Ainsi ta femme Anne enfantera une fille et tu la nommeras Marie, elle sera consacrée au Seigneur dès son enfance, comme vous en avez fait le vœu, et elle sera remplie du Saint-Esprit, même dès le sein de sa mère. Elle ne mangera ni ne boira rien d'impur ; elle n'aura aucune société avec la foule du peuple au dehors, mais sa demeure sera dans le temple du Seigneur, de peur qu'on ne puisse soupçonner ou dire quelque chose de désavantageux sur elle. C'est pourquoi en avançant en âge, comme elle-même doit naître d'une mère stérile, de même cette Vierge incomparable engendrera le Fils du Très-Haut, qui sera appelé Jésus, et sera le Sauveur de toutes les nations selon l'étymologie de ce nom. Et voici le signe que tu auras des choses que je t'annonce. Lorsque tu arriveras à la porte d'or qui est à Jérusalem , tu y  trouveras Anne ton épouse, Anne qui viendra au devant de toi, laquelle aura autant de joie de te voir qu'elle avait eu d'inquiétude du délai de ton retour. » Après ces paroles, l'Ange s'éloigna de lui."

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— Commentaire :

Le phylactère porte les mots : VADE AD PORTAM AUREAM.

Cette inscription est précieuse, car on la retrouve (et on ne la retrouve en ligne  que) dans le De Nativitate Beate Marie transmis dans le Livre des reliques de l'abbaye de St-Pierre-le-Vif de Sens : Vade ad portam auream et uxori tue obviabis.

Mais on trouve dans le Livre du Pseudo-Matthieu ou Libri de nativitate Mariae. Pseudo-Matthaei evangelium ces mots de l'ange à Anne : "Vade ad portam quae vocatur « aurea »"

« Alors, après avoir marché trente jours, ils approchaient de leur but, un ange du Seigneur apparut à Anne qui était en prière et lui dit : "Va à la porte qu’on appelle « dorée », à la rencontre de ton mari, car il reviendra vers toi aujourd’hui." Et elle, en toute hâte, partit avec ses servantes et se mit, à la porte même, à prier et à attendre longuement. Et alors que, par suite de cette longue attente, elle défaillait presque, élevant son regard, elle vit Joachim qui arrivait avec ses troupeaux. Anne courut vers lui et se suspendit à son cou, rendant grâce à Dieu et disant : "J’étais veuve et voilà que je ne le suis plus, j’étais stérile et voilà que j’ai conçu." Et toutes leurs connaissances et leurs proches se réjouirent, de sorte que tout le pays et les gens d’alentour les félicitaient de cette bonne nouvelle. Après cela, les neuf mois étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l’appela Marie. »

 « Cumque per triginta dies ambulantes pervenissent, apparuit Annae in oratione stanti angelus domini dicens ei : "Vade ad portam quae vocatur « aurea » et occure viro tuo, quoniam veniet ad te hodie." At illa festinanter perrexit cum puellis suis et coepit in ipsa porta stans orare et diutius exspectare. Et cum longa exspectatione deficeret, elevans oculos suos videt Ioachim venientem cum pecoribus suis. Et occurit Anna et suspendit se in collo ejus agens gratias deo et dicens : "Vidua eram et ecce iam non sum, sterilis eram et ecce concepi." Et factum est gaudium omnibus notis et affinibus eorum, ita ut universa terra et affinis de ista fama gratularentur. Post haec autem expletis mensibus novem, peperit Anna filiam et vocavit nomen ejus Mariam. »  Libri de nativitate Mariae. Pseudo-Matthaei evangelium,.

La scène précède chronologiquement la Rencontre de la Porte Dorée, et Joachim est retiré dans les montagnes où il garde ses troupeaux. On distingue un chien, un bœuf et des moutons. Mais avez-vous remarquez le lapin sortant de son terrier ? Et la hure du sanglier ?

 L'objet que Joachim tient dans la main gauche  est la houlette, et il en a la forme, à extrémité élargie et recourbée en cuillère. Je rappelle la définition du CNRTL : "Bâton utilisé par le berger, pourvu à l'une de ses extrémités d'une plaque métallique, creusée en forme de gouttière, destinée à arracher des mottes de terre ou à ramasser des pierres qu'il jette de manière à faire revenir dans le troupeau les moutons qui s'en écartent.". La ceinture traverse une boucle, dont on voit l'ardillon, puis, par défaut de passant, la partie libre aux crans inutilisés est nouée sur elle-même avant de pendre vers l'entre-jambe. C'est la même ceinture que devant la Porte Dorée. 

Il est vêtu d'une houppelande bleue dont la bordure de capuchon porte des caractères vaguement coufiques.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5. Anne donne naissance à la Vierge

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— Les descriptions des auteurs :


 "Naissance de la sainte Vierge. Sainte Anne encore couchée la reçoit d'une autre femme avec transport. Saint Joachim contemple avec bonheur cet inestimable don de Dieu. "( Geslin de Bourgogne 1849)

" Naissance de la Vierge. Sainte Anne, en robe jaune, est couchée dans un lit à baldaquin avec couverture rouge. Elle tient la Vierge complètement emmaillotée, qu'elle remet à une sage-femme, dont une partie du corps a été refaite. Derrière le lit, saint Joachim en robe verte. La scène se détache sur fond bleu."(Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Anne conçut et le neuvième mois elle enfanta et elle dit à la sage-femme : « Qu'ai-je enfanté? » et l'autre répondit : « Une fille. » Et Anne dit : « Mon âme s'est réjouie à cette heure. » Et Anne allaita son enfant et lui donna le nom de Marie."

 

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— Commentaire :

Anne reçoit des mains de la sage-femme (la "ventrière") l'enfant qu'elle vient de laver, de frotter, de sécher et d'emmailloter.  Joachim, comme Joseph dans les Nativités à Vierge couchée, est tenu à l'écart au pied du lit.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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6. Présentation de la Vierge vers le Temple.

Tête de Joachim restaurée.

— Les descriptions des auteurs :

" La sainte Vierge. enfant, monte pieusement, mais joyeusement au temple, les mains jointes. Son père,du bas des degrés. la regarde avec admiration tandis que sa mère la suit du regard avec une expression de tendresse qui n'est pas exempte d'amertume; du geste elle semble lui adresser une dernière recommandation ou un dernier adieu. Un prêtre se tient prêt à la recevoir à la porte intérieure. " ( Geslin de Bourgogne 1849)

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 "Présentation de la Vierge au temple. Au second plan, la Vierge, en robe rouge, monte seule les degrés du temple au grand étonnement de ses parents. Sainte Anne porte une robe bleue ; la tête de saint Joachim et le haut de son buste ont été refaits ; le toit du temple est bleu. La scène se détache sur fond rouge brun."(Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"L'enfant se fortifia de jour en jour. Lorsqu'elle eut six mois, sa mère la posa à terre pour voir si elle se tiendrait debout. Et elle fit sept pas en marchant et elle vint se jeter dans les bras de sa mère. Et Anne dit : « Vive le Seigneur mon Dieu; tu ne marcheras pas sur la terre jusqu'à ce que je t'ai offerte dans le temple du Seigneur. » [...] Quand Marie eut deux ans, Joachim dit à Anne, son épouse : « Conduisons la au temple de Dieu, afin d'accomplir le vœu que nous avons formé et de crainte que Dieu ne se courrouce contre nous et qu'il ne nous ôte cette enfant » Et Anne dit: « Attendons la troisième année, de crainte qu'elle ne redemande son père et sa mère» » Et Joachim dit : « Attendons. » El l'enfant atteignit l'âge de trois ans et Joachim dit : « Appelez les vierges sans tache des Hébreux et qu'elles prennent des lampes et qu'elles les allument» et que l'enfant ne se retourne pas en arrière et que son esprit ne s'éloigne pas de la maison de Dieu. »

Et les vierges agirent ainsi et elles entrèrent dans le temple. Et le prince des prêtres reçut l'enfant et il l'embrassa et il dit : « Marie, le Seigneur a donné de la grandeur à ton nom dans toutes les générations, et, à la fin des jours, le Seigneur manifestera en toi le prix de la rédemption des fils d'Israël. » Et il la plaça sur le troisième degré de l'autel, et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle et elle tressaillit de joie en dansant avec ses pieds et toute la maison d'Israël la chérit."

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— Le texte de l'évangile du Pseudo-Matthieu :

"Lorsqu'elle l'eut sevrée la troisième année , ils allèrent ensemble, Joachim et sa femme Anne, au temple du Seigneur, et, présentant des offrandes, ils remirent leur fille Marie, afin qu'elle fût admise parmi les vierges qui demeuraient le jour et la nuit dans la louange du Seigneur

. Et lorsqu'elle fut placée devant le Temple du Seigneur, elle monta en courant les quinze degrés, sans regarder en arrière et sans demander ses parents, ainsi que les enfants le font d'ordinaire. Et tous furent remplis de surprise à cette vue, et les prêtres du Temple étaient saisis d'étonnement" (remacle)

—  Le texte de l'Histoire de la Nativité de Marie .

"Et lorsque le terme de trois ans fut révolu et que le temps de la sevrer fut accompli, ils amenèrent au temple du Seigneur cette Vierge avec des offrandes.

Or, il y avait autour du temple quinze degrés à monter, selon les quinze Psaumes des degrés. Car, parce que le temple était bâti sur une montagne, il fallait monter des degrés pour aller à l'autel de l'holocauste qui était par dehors. Les parents placèrent donc la petite bienheureuse Vierge Marie sur le premier degré. Et comme ils quittaient les habits qu'ils avaient eus en chemin, et qu'ils en mettaient de plus beaux et de plus propres selon l'usage, la Vierge du Seigneur monta tous les degrés un à un sans qu'on lui donnât la main pour la conduire ou la soutenir, de manière qu'en cela seul on eût pensé qu'elle était déjà d'un âge parfait.

Car le Seigneur, dès l'enfance de sa Vierge, opérait déjà quelque chose de grand et faisait voir d'avance par ce miracle quelle serait la sublimité des merveilles futures. Ayant donc célébré le sacrifice selon la coutume de la loi, et accompli leur vœu, ils l'envoyèrent dans l'enclos du temple pour y être élevée avec les autres Vierges et ils retournèrent à leur maison." (Source)

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Le Vie et miracle de Notre-Dame de Jehan Miélot (1456)

"Et quant la revolution des trois ans et le temps de son alaictage fu acomply, ilz amenerent ceste vierge au temple de Nostre Seigneur atout leurs oblations. Certes, il y avoit a l’entree dudit temple, selon les .XV. psalmes graduales, .XV. degrés a monter. Et pour ce que le temple estoit edefié en montaigne ou on ne povoit aler a l’autel du sacrefice, qui estoit au par dehors, senon par degrés, sur l’un desquelz ils se poserent et la recommanderent a Dieu la vierge. Et quant ilz eurent despoullié leurs vestemens qu’ilz avoient vestu en chemin et se furent revestus d’autres plus riches et plus netz, la vierge de Nostre Seigneur, sans avoir aide d’aucun qui le menast ou soulagast, monta pas aprés autre tous lesdis . degrés, que on l’eust cuidie povoir faire sans riens faillir en l’eage parfait seulement pour ceste cause. (Jehan Miélot 1456).

 

"Le récit de la Présentation de la Vierge au Temple proposé par le Protévangile de Jacques indique que le sanctuaire se situe en un lieu élevé puisque le cortège doit monter pour s’y rendre. Le texte insiste particulièrement sur l’admiration ressentie par Anne et Joachim lorsqu’ils constatent que leur fille a gravi seule les marches menant au sanctuaire et qu’à aucun moment elle ne s’est retournée vers eux.

L’Évangile du Pseudo-Matthieu perpétue cette tradition littéraire et l’amplifie en indiquant que Marie gravit seule et en courant les quinze degrés qui mènent au Temple. Malgré son jeune âge, l’enfant ne bénéficie d’aucune aide et ne se retourne pas une fois vers ses parents pour réclamer leur présence.

Par la suite, ce détail narratif a été réutilisé par l’auteur de l’Évangile de la Nativité de Marie puis, au Moyen Âge, par Wace dans la Conception Nostre Dame, [par Vincent de Beauvais dans le Miroir Historial ], et par Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée. Cependant, ces trois [quatre] textes évacuent certains éléments de la narration, notamment le fait que Marie monte les degrés en courant ou qu’elle ne se retourne pas vers ses parents." (Ferraro 2012, complété par moi)

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Les Heures de Catherine de Cleves (Flandre, vers 1440) folio 23v-24r : 

http://www.themorgan.org/collection/hours-of-catherine-of-cleves/37

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— Commentaire :

L'artiste a mis en évidence les éléments importants d'un rite d'initiation ou d'un franchissement de deuil : les riches vêtements d'Anne et de Joachim, dont ils viennent de se revêtir, la position de Marie au milieu des 15 marches de l'escalier, sa posture tournée vers le grand prêtre (mais qu'il ne peut se permettre de  montrer de dos) et sa sainte motivation dont témoignent les mains jointes. L'élément merveilleux tient au fait   qu'âgée de 3 ans, elle soit capable de gravir seule ces marches. On croirait assister à une rentrée des classes en maternelle  !

Ce qui est donné à voir aux fidèles, ce n'est pas un événement biographique, mais le surnaturel, l'incroyable mais vrai qui survient lors de cette scène et sur lequel insistent tous les textes, chacun à sa manière. A 3 ans révolu, elle monte seule 15 marches, en courant, sans se détourner vers ses parents "de manière qu'en cela seul on eût pensé qu'elle était déjà d'un âge parfait." !

En fait, la performance physique n'a rien d'exceptionnel, et on considère aujourd'hui qu'un enfant de trois ans, est capable de monter seul un escalier sans aide en alternant les enjambées, comme il sait courir et pédaler sur un tricycle. Il ne saura descendre son escalier tout seul qu'à quatre ans, mais ce n'est pas la question posée. La détermination de Marie est plus remarquable, et témoigne de la sainteté de sa vocation.

Mais la signification spirituelle la plus cachée est celle que possèdent les quinze marches du temple, qui correspondent aux quinze "psaumes des degrés" ou psaumes des montées, ou psaumes graduels ps 120 à 134. Ils sont considérés comme des chants qui accompagnaient la montée vers le temple lors du pèlerinage à Jérusalem. Les premiers versets des psaumes 121 et 122 s'appliquent à la scène représentée : 

Ps121 Je lève mes yeux vers les montagnes : d’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Eternel, qui a fait le ciel et la terre. Qu'il ne permette pas à ton pas de trébucher.

Ps 122 Je suis dans la joie quand on me dit : « Allons à la maison de l’Eternel ! » Nos pas se sont arrêtés dans tes portes, Jérusalem !

La tenue de Joachim, avec son couteau dans sa gaîne et sa ceinture nouée, reprend celle des   panneaux  3 et 4.

Marie, les cheveux défaits comme toute fillette,  est vêtue d'un surcot ouvert blanc orné de pierres précieuses ou de bijoux en or au dessus d'un surcot clos blanc et rouge. En étudiant l'usage de ce  surcot ouvert, souvent fourré d'hermines, dans les vitraux et les enluminures dans mon article sur la verrière axiale du Pénity de Locronan, j'ai montré qu'il était quasiment réservé, en signe d'élection, lorsqu'il était orné d'orfrois,  aux princesses soit mythologiques, soit réelles, soit saintes (Catherine, Barbe), et s'il était d'hermines, aux femmes de la noblesse. Cela se confirme ici où Marie porte ce surcot ouvert jusqu'à son mariage, alors qu'il n'est pas porté par les autres personnages.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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II. REGISTRE MÉDIAN.

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7. La Vierge en classe lit sous la férule de son maître.

 

— Les descriptions des auteurs :

"Avec d'autres enfants, la Vierge apprend à lire devant un prêtre armé d'une verge pour indiquer que même pour la Mère de Dieu l'instruction n'est pas acquise sans quelque amertume. (Morvan 1903)

"Marie, toute jeune fille, est agenouillée devant un prêtre en habit monacal, lequel lui apprend à lire ;  d'autres petites filles, suivant dans leurs livres, sont assises à l'entour. Le maître tient dans la main une forte verge ;  l'artiste, en nous montrant la loi du travail et la sanction dans toute sa rigueur semble vouloir indiquer que la mère même de Dieu n'a point été exempte de cette loi générale." ( Geslin de Bourgogne 1849)

"Le Chastoiement de la Vierge. Un moine, en froc brun, scapulaire blanc, capuchon vert et calotte brune, apprend à lire à la Vierge, vêtue d'une robe bleue. Au premier plan, trois des compagnes de celle-ci lisent. Les têtes de celle de droite et de gauche ont été refaites ; fond rouge." (Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques ne s'applique pas à cette scène. Je citerai celui de l'évangile du Pseudo-Matthieu :

"Marie était un objet d'admiration pour tout le peuple, car, lorsqu'elle avait trois ans, elle marchait avec gravité, et elle s'adonnait si parfaitement à la louange du Seigneur, que tous étaient saisis d'admiration et de surprise; elle ne semblait pas une enfant, mais elle paraissait déjà grande et pleine d'années, tant elle vaquait à la prière avec application et persévérance. Sa figure resplendissait comme la neige, de sorte que l'on pouvait à peine contempler son visage. "

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— Le texte de Jacques de Voragine :

"Saint Jérôme, dans une épître à Chromace et à Héliodore, dit que la sainte Vierge s'était tracé pour règle de passer en prière le temps depuis le matin jusqu'à tierce; de tierce jusqu'à none elle s'occupait à tisser; et à partir de none elle ne cessait plus de prier jusqu'au moment, où l’ange, qui lui apparaissait, lui donnât à manger." (Légende Dorée)

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— Commentaire :

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une représentation d'une punition (ou chastoiement, du verbe châtier) de Marie, ce qui serait indigne malgré les pieuses réflexions des auteurs cités. Le fouet en forme de balai n'est  que l'attribut habituel du maître, l'insigne de son autorité.

Voici quelques exemples :

–Gossouin de Metz, Image du monde, 1320-1325, enluminure du Maître du Roman de Fauvel :

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84526412/f67.item.zoom

–Heures de Catherine de Cleves (Flandre, vers 1440), Morgan Library Ms. M.917/945 folio 62 

http://www.themorgan.org/collection/hours-of-catherine-of-cleves/141.

 – Cours de théologie à la Sorbonne. 1490. Ms 129, fol. 32 Troyes, Bibliothèque de Troyes, akg-images

https://www.akg-images.fr/archive/-2UMDHUK6MCH6.html

– Le maître d'école  d'Esslingen (actif 1279–1281) faisant la classe. (Dans un monastère). In : Codex Manesse ou “Grand manuscrit de Heidelberg”. Heidelberg, bibliothèque de l'Université  Cod. Pal. germ. 848, fol. 292v.

http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/cpg848/0580?sid=381af05998dce838de05cda24600278a

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Enseignement de la grammaire, Gossouin de Metz, L'image du monde (1320-1325), BnF ms. fr. 574 f.27r.

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Nous pouvons donc considérer que l'artiste a représenté Marie recevant son enseignement d'un magister, (comme dans les écoles cathédrales de l'époque), en compagnie des autres vierges qui étaient avec elle au temple. Marie est vêtue du surcot ouvert au dessus d'un surcot clos blanc à robe bleue.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Ses compagnes portent un surcot clos blanc très cintré à la taille par une ceinture. On remarque bien-sûr la coiffe à hennins à corne (ou en papillon) recouvert d'un voile  de la femme dont l'encolure en V est doublé de fourrure (petit-gris). Son visage de porcelaine, ses yeux en amande et sa bouche mutine ne sont pas sans faire évoquer les portraits de jeune fille de Petrus Christus ou de Rogier Van der Weyden, datés de 1460 ou 1470. Ou la Vierge du Diptyque de Melun par Jean Fouquet (1452-1458).

Il faudrait s'interroger sur le stylet tenu par Marie et par l'autre vierge lectrice : sert-il à suivre le texte ? Est-ce un grattoir pour corriger les fautes d'écriture ? Il est saisi comme un plectre, pincé entre index et majeur et appuyé sur la face latérale de la deuxième phalange du pouce .

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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8. La Vierge lisant.

"nombreux désordres" (Corpus).

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— Les descriptions des auteurs :

"Agenouillée, la Vierge prie, un livre ouvert devant elle ." (Morvan, 1903)

"8e et 9e Tableaux. Plus avancée en âge, la Vierge, dans le riche costume du temps plie sous une sorte de tente ou pavillon d'hermine, puis elle file en lisant. Des anges se pressant autour d'elle, présentent respectueusement les fuseaux et la servent à l'envi. Ses vêtements, les tentures qui l'environnent sont d'une richesse toute royale. C'est bien ici regina Angelorum." ( Geslin de Bourgogne 1849)

" La Vierge, à genoux sur un prie-Dieu, porte un manteau rouge brun bordé d'un large galon orné de lettres gothiques où alternent les inscriptions m a et i. h. s. (*) Les cheveux sont d'or nimbés de vert. Dans le fond une tente à pavillon blanche et or dont le dais est soutenu par deux angelots. La scène se détache sur fond bleu." (Couffon 1935)

(*) MA et IHS : Monogramme de Marie et de Jésus.

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Et ses parents descendirent, admirant et louant Dieu de ce que l'enfant ne s'était pas retournée vers eux. Marie était élevée comme une colombe dans le temple du Seigneur et elle recevait de la nourriture de la main des anges."

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— Commentaire : cf. Couffon.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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9. La Vierge  tissant le voile du Temple, nourrie par les anges.

 

— Les descriptions des auteurs :

"La Vierge travaille, elle tisse, et les anges s'empressent autour d'elle, en lui apportant à manger"(Morvan, 1903).

 "La Vierge, en surcot bleu et or et nimbée de bleu, est assise devant son métier à tisser où la couleur verte est placée. Dans le fond, des angelots lui apportent des navettes aux couleurs variées. Le fond de la scène est rouge brun, les angelots sont assez lourds." (Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Et il y eut une réunion des prêtres et ils dirent : « Faisons un voile ou un tapis pour le temple du Seigneur. » Et le prince des prêtres dit : « Appelez vers moi les vierges sans tache de la tribu de David. » Et l'on trouva sept de ces vierges. Le prince des prêtres vit devant lui Marie qui était de la tribu de David et qui était sans tache devant Dieu. Et il dit : « Tirez au sort laquelle filera du fil d'or et d'amianthe et de fin lin et de soie et d'hyacinthe et d'écarlate. » Et la vraie pourpre et l'écarlate échurent à Marie par le sort, et les ayant reçus, elle alla en sa maison. Et, dans ce même temps, Zacharie devint muet et Samuel prit sa place. Jusqu'à ce que Zacharie t'adressa derechef la parole, ô Marie. Et Marie, ayant reçu la pourpre et l'écarlate, se mit à filer."

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— L'évangile du pseudo-Matthieu

Tissage :

"Elle s'appliquait au travail des ouvrages en laine, et tout ce que des femmes âgées ne pouvaient faire, elle l'expliquait, étant encore dans un âge aussi tendre.  Elle s'était fixée pour règle de s'appliquer à l'oraison depuis le matin jusqu'à la troisième heure et de se livrer au travail manuel depuis la troisième heure jusqu'à la neuvième."

Nourrie par les anges :

"Et depuis la neuvième heure, elle ne discontinuait pas de prier jusqu'à ce que l'Ange du Seigneur lui eût apparu, et elle recevait sa nourriture de sa main, afin de profiter de mieux en mieux dans l'amour de Dieu. [...] Elle prenait chaque jour pour se sustenter la nourriture qu'elle recevait de la main de l'Ange , et elle distribuait aux pauvres les aliments que lui remettaient les prêtres du Temple. On voyait très souvent les Anges s'entretenir avec elle, et ils lui obéissaient avec la plus grande déférence. Et si une personne atteinte de quelque infirmité la touchait, elle s'en retournait aussitôt guérie". (Source)

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— Commentaire :

L'un des anges apporte dans sa corbeille des fuseaux de fil identiques à ceux qui sont rangés dans une boite à coté de la Vierge, mais le second, plus conforme aux textes apocryphes, lui apporte des petits pains ronds. Marie est vêtue du surcot ouvert habituel.

 

 

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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10. Le mariage de la Vierge et de Joseph.

 

— Les descriptions des auteurs :

" mariage de Marie et Joseph. Celui-ci tient un lys, symbole de la virginité, dont il se constitue le gardien." (Morvan 1903)

"Le mariage de la Vierge. Joseph et Marie sont agenouillés devant le grand-prêtre, qui unit leurs mains. Le premier porte la branche de lys, emblème de la virginité,dont il se constitue le gardien." ( Geslin de Bourgogne 1849)

"Mariage de la Vierge. Au premier plan, la Vierge, en manteau rouge, et saint Joseph, en robe bleu pâle et portant, dans la main gauche le lys symbolique, tiennent leurs mains droites enlacées tandis qu'un évêque en chape violette les bénit. On reconnaît derrière la Vierge saint Joachim et sainte Anne. La scène se détache sur fond bleu." (Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Le prince des prêtres, ayant pris sa tunique garnie de douze clochettes entra donc dans le Saint des Saints et il pria pour Marie. Et voici que l'ange du Seigneur se montra à lui et lui dit : « Zacharie, Zacharie, sors et convoque ceux qui sont veufs parmi le peuple et qu'ils apportent chacun une baguette et celui que Dieu désignera par un signe sera l'époux donné à Marie pour la garder. » Des hérauts allèrent donc dans tout le pays de Judée, et la trompette du Seigneur sonna et tous accouraient.

Joseph ayant jeté sa hache, vint avec les autres. Et s'étant réunis, ils allèrent vers le grand-prêtre, après avoir reçu des baguettes. Le grand-prêtre prit les baguettes de chacun, il entra dans le temple et il pria et il sortit ensuite et il rendit à chacun la baguette qu'il avait apportée, et aucun signe ne s'était manifesté, mais quand il rendit à Joseph sa baguette, il en sortit une colombe et elle alla se placer sur la tête de Joseph. Et le grand-prêtre dit à Joseph : « Tu es désigné par le choix de Dieu afin de recevoir cette vierge du Seigneur pour la garder auprès de toi. »

Et Joseph fit des objections disant : « J'ai des enfants et je suis vieux, tandis qu'elle est fort jeune ; je crains d'être un sujet de moquerie pour les fils d'Israël. » Le grand-prêtre répondit à Joseph : « Crains le Seigneur ton Dieu et rappelle-toi comment Dieu agit à l'égard de Dathan, d'Abiron et de Coreh, comment la terre s'ouvrit et les engloutit, parce qu'ils avaient osé s'opposer aux ordres de Dieu. Crains donc, Joseph, qu'il n'en arrive autant à ta maison. » Joseph épouvanté reçut Marie et lui dit : « Je te reçois du temple du Seigneur et je te laisserai au logis, et j'irai exercer mon métier de charpentier et je retournerai vers toi. Et que le Seigneur te garde tous les jours. »"

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— Commentaire :

L'artiste a représenté sur la même image le grand prêtre unissant les époux  (comme le panneau du XVe siècle conservé à l'église de Concarneau), et le miracle de la verge de Joseph qui reverdie, le désignant parmi les descendants de David comme celui que choisit l'Esprit de Dieu, au dépens des autres prétendants qui font la tête à l'arrière-plan avec leur baguette de bois mort.

Marie porte sur le surcot clos un manteau rouge dont le galon est brodé de caractères pseudo-hébraïques.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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11. Annonciation.

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Buste de l'ange refait.

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— Les descriptions des auteurs :

" l'Annonciation : l'archange Gabriel, agenouillé devant Marie en prières, la salue." (Morvan, 1903)

" Annonciation. L'ange entièrement vêtu de blanc, se prosterne devant le prie-dieu sur lequel la Vierge est agenouillée. C'est dans l'attitude du plus profond respect que l'un remplit son message en indiquant du doigt le phylactère qui porte la salutation angélique, et que l'autre reçoit l'ordre du Très-Haut. La figure de Marie s'illumine d'une joie douce et modeste. "( Geslin de Bourgogne 1849)

 "La Salutation angélique. La Vierge, en robe violette et manteau bleu, à genoux sur un prie Dieu et sous un dais, reçoit la salutation de l'ange Gabriel aux ailes vertes. Le phylactère porte « Ave gratia plena dominus tecum ». La scène se détache sur fond rouge." (Couffon 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Et, ayant pris une cruche, elle alla puiser de l'eau et voici qu'elle entendit une voix qui disait : « Je te salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi; tu es bénie parmi toutes les femmes. » Marie regardait à droite et à gauche afin de savoir d'où venait cette voix. Et, étant effrayée, elle entra dans sa maison, et elle posa la cruche, et ayant pris la pourpre, elle s'assit sur sou siège pour travailler. Et voici que l'ange du Seigneur parut eu sa présence, disant : « Ne crains rien, Marie; tu as trouvé grâce auprès du Seigneur. » Et Marie l'entendant, pensait en elle-même : « Est-ce que je concevrai de Dieu et enfanterai-je comme les autres engendrent? » Et l'ange du Seigneur lui dit : « Il n'en sera point ainsi, Marie, car la vertu de Dieu te couvrira de son ombre, et le Saint naîtra de toi, et il sera appelé le fils de Dieu. Et tu lui donneras le nom de Jésus; il rachètera son peuple des péchés qu'il a commis. Et ta cousine Elizabeth a conçu un fils dans sa vieillesse, et celle qu'on appelait stérile est dans son sixième mois, car il n'est rien d'impossible à Dieu. » Et Marie lui dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu'il en soit pour moi selon ta parole. »"

 

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— Commentaire :

Inscription AVE MAR[IA] PLENA DNS TECU[M].

Le détail du ciel de lit, ramassé ou replié en sac, se trouve aussi dans la baie 26 de la cathédrale de Strasbourg.

 

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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12. La Nativité.

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Restaurations. Reprise en l'inversant du carton de la Vierge lisant. 

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— Les descriptions des auteurs :

" Naissance de Jésus-Christ dans la crèche de Bethléem." (Morvan 1903)

"Nativité. L'Enfant-Jésus vient de naître et est étendu sur un peu de paille. réchauffé par l'haleine des deux animaux. Marie, la première entre toutes les créatures, est avant toute autre admise à l'adorer elle est prosternée devant son divin fils; son visage et sa pose indiquent tout ensemble le recueillement et le bonheur, la foi et la tendresse. Saint Joseph, debout dans le fond, une main sur le cœur et l'autre sur son bâton de voyage, proteste dans ce respectueux éloignement de son dévouement sans bornes." ( Geslin de Bourgogne 1849)

 "La Nativité. C'est le tableau classique. La Vierge, en manteau rouge, est à genoux devant l'enfant nu (une partie du corps de celui-ci a été refaite). Saint Joseph se tient à côté de la Vierge ; la scène se détache sur fond bleu. " (Couffon 1935) .

— Le texte du Protévangile de Jacques : 

 "Et Marie, apprenant que l’on massacrait les enfants, fut remplie de crainte ; elle prit l'enfant, et l'ayant enveloppé de langes, elle le coucha dans la crèche des bœufs."

— Voir aussi Luc 2:1-20

— Commentaire :

Reprise en l'inversant du carton de la Vierge lisant. 

 

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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III. LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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13. Adoration des Mages (1)

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— Les descriptions des auteurs :

13ème tableau, l'Adoration des Mages. Ce tableau est moderne (1878), un seul mage y figure, agenouillé et offrant des présents . Le panneau 13 a été fait par Hucher.

" Adoration des rois mages, en deux tableaux."

Celui de gauche a été entièrement refait en 1878. Le plus ancien des mages, Gaspar, présente son offrande à l'enfant tenu dans les bras de la Vierge. Celle-ci, en robe blanche et manteau bleu, porte un nimbe d'or. Le roi mage est en damas blanc ; le fond de la scène rouge." (Couffon, 1935)

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— Le texte du Protévangile de Jacques :

"Et il s'éleva un grand tumulte à Bethléem, parce que les mages vinrent, disant : « Où est celui qui est né le roi des Juifs? Nous avons vu son étoile dans l'Orient, et nous sommes venus pour l'adorer. »  [...] Hérode les renvoya, et il questionna les mages, disant : « Apprenez-moi où vous avez vu le signe qui indique le roi nouveau-né? » Et les mages dirent : « Son étoile s'est levée brillante, et elle a tellement surpassé en clarté les autres étoiles du ciel que l’on ne les voyait plus. Et nous avons ainsi connu qu'un grand roi était né en Israël, et nous sommes venus l'adorer. » Hérode leur dit : « Allez, et informez-vous de lui, et si vous le trouvez, venez m'en informer afin que j'aille l'adorer. » Et les mages s’en allèrent, et voici que l’étoile qu'ils avaient vue en Orient les conduisit jusqu'à ce qu'elle entra dans la caverne, et elle s'arrêta au-dessus de l'entrée de la caverne. Et les mages virent un enfant avec Marie sa mère, et ils l'adorèrent.» Et tirant des offrandes de leurs bourses, ils lui présentèrent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Et l'ange les ayant informés qu'ils ne devaient pas retourner vers Hérode, ils prirent un autre chemin pour revenir dans leur pays."

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— Commentaire :

L'inscription INVENERUNT  PUERUM CUM MARIA est une référence à Matthieu 2:11 :

 

 ... qui cum audissent regem abierunt et ecce stella quam viderant in oriente antecedebat eos usque dum veniens staret supra ubi erat puer videntes autem stellam gavisi sunt gaudio magno valde et intrantes domum invenerunt puerum cum Maria matre eius et procidentes adoraverunt eum et apertis thesauris suis obtulerunt ei munera aurum tus et murram Mt 2:9-11

Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l'étoile qu'ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu'à ce qu'étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s'arrêta.  Quand ils aperçurent l'étoile, ils furent saisis d'une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.


Le galon de la robe du roi porte des lettres : SDTSU TOLV MOLVDSV.

Celui du châle comporte les lettres SDVOVDSTR.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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14. Adoration des Mages (2).

Le panneau 14 a été très refait.

— Les descriptions des auteurs :

"Ce tableau est la suite du précédent, il représente les 2 autres mages debout, portant des présents enfermés dans des calices d'or" (Morvan, 1903)

"Deux mages se dirigent vers le tableau précédent, qui contenait sans doute le troisième mage prosterne devant l'Enfant-Dieu. "( Geslin de Bourgogne 1849)

"Le second panneau renferme les deux autres rois. L'un, barbu, est vêtu d'une longue robe violette avec aumônière à la ceinture, et d'un manteau de damas blanc. L'autre, imberbe, porte une robe courte blanche et des chausses de deux couleurs, l'une bleue, l'autre verte. Tous deux portent sur la tête une lourde couronne et à la main de lourds ciboires. Dans les deux tableaux, phylactères." (Couffon 1935).

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— Commentaire :

L'inscription VIDIMUS ENIM STELLAM IN [ORIENTE] ET VIDEMUS ADORARE EUM

cite le verset Mt 2:2 de l'évangile de Matthieu : " [et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car ] nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer."

Nous avons ici deux très beaux portraits masculins en grisaille. Le premier roi,  désigne de l'index l'étoile mentionnée par l'inscription. Selon Bède, le roi du panneau 13, agenouillé, est Melchior, et offre l'or. Le deuxième, Gaspard, jeune et imberbe, offre l'encens, tandis que le troisième, Balthasar, barbu et noir de peau, présente la myrrhe. L'artiste n'a pas respecté cette tradition, et c'est le troisième roi qui est jeune, imberbe, vêtu d'une tunique courte sur des chausses moulants les jambes.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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15. Circoncision.

Restauration, dont la tête du grand prêtre.

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— Les descriptions des auteurs :

"Présentation de l'Enfant Jésus au temple devant Siméon ." (Morvan, 1903)




"Présentation au temple. Au milieu d'un groupe, saint  Siméon saisit l'enfant avec un enthousiasme mêlé de respect el les yeux au ciel, il s'écrie  "Nunc dimittis". "( Geslin de Bourgogne 1849)

" La Circoncision. La Vierge porte un manteau rouge ; le grand prêtre (tête moderne) en manteau violet. La scène se détache sur fond bleu." (Couffon 1935).

 

— Le texte de l'évangile de Luc :

"Huit jours plus tard, ce fut le moment de circoncire l'enfant; on lui donna le nom de Jésus, nom que l'ange avait indiqué avant sa conception." Luc 2 : 21

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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16. La Crucifixion.

Tête de saint Jean refaite.

 

— Les descriptions des auteurs :

 

 

" Crucifiement le Christ est sur la croix. Au pied de celle-ci, à droite et à gauche, la Vierge et Jean sont agenouillés." (Morvan, 1903)



Crucifiement. Marie et saint Jean, tout en pleurs, sont seuls au pied de la croix. du haut de laquelle Jésus, au moment de quitter cette vie semble dire au monde "Voilà votre mère" ".( Geslin de Bourgogne 1849)

" La Crucifixion. Le Christ imberbe (la tête a été refaite) est crucifié sur une croix d'or, les pieds croisés sur un seul clou. A gauche, la Vierge en robe blanche et manteau bleu ; à droite saint Jean (figure refaite), en robe verte et manteau bleu. Dans le fond, fabriques sur fond rouge représentant Jérusalem (la partie droite a été refaite)." (Couffon 1935).

 

— Commentaire :

Les deux manteaux de Marie et de Jean sont moirés par des aplats de grisaille.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les larmes de Marie.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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17. Résurrection.

 

— Les descriptions des auteurs :


" Le Christ s'élève triomphant hors du sépulcre ; de la main gauche il tient la croix de triomphe et de la droite il bénit. Les soldats, terrassés, regardent en silence." ( Geslin de Bourgogne 1849)

"Résurrection du Christ. Le Christ, imberbe, sort du tombeau tenant en mains une croix d'or. Il est revêtu d'un manteau rouge et porte un nimbe rouge à croix d'or (tête refaite). Devant le tombeau, un soldat en armure du XVème siècle, en grisaille rehaussée d’or ; derrière, deux autres soldats." (Couffon 1935).

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— Commentaire :

C'est sur ce panneau que le motif du fond damassé est le mieux visible.

Le soldat du premier plan est, comiquement, allongé sur une sorte de lit de camp. Avec son casque, son armure et son épée, il est armé comme un homme d'armes du XVe siècle, c'est-à-dire un chevalier destiné à monter à cheval, et non comme un archer, encore moins comme un garde. 

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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18. Assomption de la Vierge.

Par Hucher, en remplacement, à l'initiative de la comtesse de Kergariou (armoiries), de l'Ascension qui s'y trouvait initialement.

— Les descriptions des auteurs :


" Le 18e tableau manque. C'était sans doute l'Assomption de la Vierge, conclusion nécessaire des joies et des souffrances de Marie."   ( Geslin de Bourgogne 1849)

" Assomption de la Vierge. Ce panneau date de la réfection de 1878, et remplace une Ascension, à la demande de la donatrice. Sur un fond bleu, la Vierge, en robe blanche et manteau bleu, est entourée d'une gloire soutenue par quatre angelots." (Couffon 1935).

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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IV. LES INSCRIPTIONS DES SOUBASSEMENTS.

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"Au bas de la verrière, on lit la portion si précieuse d'inscription : «... estant procu... bitore recteur pour le temps... d'Olivier le Coq et Jehan le lavenant vitriez de lantreguer et fut la dicte Vitre faite de l'oblation et aumosnes de.. ».

Nous ignorons d'où Olivier Le Coq et Jehan Le Lavenant étaient originaires et où ils firent leur apprentissage. Bien qu'en effet, à la suite de Barthélemy, tous les auteurs aient répété qu'ils étaient Bretons et même originaires de Tréguier, ces surnoms sont trop communs pour permettre d'être affirmatif. Dans le livre de taille de Paris, pour l'an 1292 (Voir l'édition d'Hercule Géraud, réalisée en 1837. Le registre fiscal de 1292 est conservé à la Bibliothèque Nationale, ms. fr. 6220), nous trouvons par exemple plusieurs Le Coq et Lavenant ; et ces surnoms ne sont nullement suivis du qualificatif de brito qui accompagne tous les Bretons. Au XVème siècle, nous trouvons même à Paris, parmi les imagiers peintres, un Jean Lavenant.

En dehors de la mention transcrite au bas de la verrière de Notre-Dame de la Cour, nous savons qu'en 1466, ils vinrent à Quintin et à l'Ermitage ; ils sont alors qualifies de vitriers de Saint Fiacre.

De 1468 à 1484, ils sont mentionnés dans les comptes du chapitre de Tréguier comme auteurs de la grande vitre de la cathédrale qu'ils posèrent en 1468, de deux vitres du cloître et de diverses réparations.

Olivier Le Coq travailla seul à la chapelle de Kermartin de 1469 à 1484 et dut décéder peu après.

Quant à Jean Le Lavenant, nous le trouvons associé avec Jehan Le Coq, vitrier de Tréguier, et Jehan Perrault, vitrier de Morlaix, pour l'exécution de la grande vitre de la chapelle Saint Fiacre de Tréguier dont le marché date du 18 juillet 1486. " (Couffon 1935)

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"ESTANT PROCUR [...] partie lue par Couffon et disparue depuis la restauration de 1949.

Restauration et lacunes, bas en partie masquée par le scellement. en 1847, Anatole de Barthélémy transcrivit l'inscription sous la forme suivante : TE. PETER PV LETAUPS POLIVIER LECOQ ET IEHN  LE LEVENA VITRIERS DE LANTREGUER ET FUT LADICTE VICTRE FAITE DE LOBLACION ET AUMONES." (Gatouilat et Hérold)

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Les lancettes  de gauche comportent les armoiries des donateurs ayant financé la restauration, de Geslin de Bourgogne d'azur à six merlettes de sable et Tréveneuc de sinople à la frasce d'or accompagnée de trois casques de profil du même

"EN BON CHRESTIEN"  serait la deuxième devise de Kergariou de la Ville-Pépin. (voir Nobiliaire), mais elle doit plutôt appartenir à Pierre-Hyacinthe Chrestien  de Tréveneuc : elle apparait au dessus de ses armes dans l'un de ses ex-libris

 

 

La maîtresse-vitre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour  à Lantic.

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3ème lancette.

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« Botor....(Botorel ?), recteur pour le temps" ??

RETEUR POR LETAN P~S P OLIVIER 

RE[C]TEUR PO[UR] LETAN P[RESEN]S [...] P OLIVIER LE COQ

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4ème lancette.

 ET JEH[A]N LE LEVENA[NT] VITRIERS DE LANTREGUER ET FUT :

 

 

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5ème lancette.

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 LA DICTE VITRE FAITE DES OBLACIONS ET AUMONES DES ...

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sixième lancette (à droite)  : armoiries des donateurs ayant financé la restauration : de Kergariou et Tréveneuc / Marque de l'atelier du verrier.

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—Blasons et devise.

Devises "LÀ OU AILLEURS KERGARIOU" et "EN BOB CHRESTIEN"

Armoiries mi-parti en 1 d'argent fretté de gueules de 6 pièces, au franc quartier, qui est Kergariou ; en 2   de sinople à la frasce d'or accompagnée de trois casques de profil du même, qui est Trévéneuc.

 

— Cartouche avec l'inscription.

RESTAURÉ A LA FABRIQUE DU CARMEL DU MANS PAR MRS HUCHER ET RATHOUIS.

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« Mais l'expérience la plus originale en ce domaine fut l'atelier du Carmel du Mans. En 1830 les Sœurs s'établissent au Mans et s'occupent de l'éducation des enfants ; en 1833 Monseigneur Bouvier les installe dans une nouvelle propriété. Elles décident en 1850 d'édifier une chapelle dans leur monastère; elle fut consacrée le 31 août 1853 et c'est à partir de cette date que commence la première grande fabrique monastique de vitraux en France. Les prix de la construction ayant dépassé de beaucoup les devis, le chanoine Lottin leur propose d'élever une fabrique de vitraux avec le concours d'Eugène Hucher. Celui-ci leur demande en échange un important concours pour la coloration des calques. Les premières commandes de réalisation de vitraux étaient faites en collaboration avec la manufacture Lusson qui exécutait la coupe des verres, le montage en plomb ainsi que la pose dans les édifices. Ces conditions étaient très onéreuses pour le Carmel et le manque de dessinateur se faisait douloureusement ressentir. Depuis la mort d'Antoine Lusson Père, la manufacture dirigée par le fils Antoine et le gendre Edouard Bourdon manquait souvent de travail. Une mésentente se créa rapidement avec les frères Kùchelbecker qui offrirent leur service aux Sœurs du Carmel, ce qui occasionna un procès très onéreux, lorsqu'ils quittèrent l'atelier Lusson. La fabrique engagea le nazaréen de Rodhen qui fournit les cartons de leur première grande commande pour les verrières de Notre-Dame-de-1'Espérance à Saint-Brieuc, car la notoriété de l'atelier commençait à s'étendre à tout l'Ouest. L'équipe réalisa des œuvres, non seulement dans d'autres régions, mais aussi à l'étranger, jusqu'au Japon Par la suite l'atelier passa aux mains d'Eugène Rathouis qui s'associa à un fils d'Eugène Hucher. » (Brisac)

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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V. LES DAIS D'ARCHITECTURE DE LA PARTIE HAUTE DES LANCETTES.

"l'architecture est traitée en tons or et sépia : des dais du dessin le plus fin, avec clochetons, pinacles et arcs-boutants surmontent les tableaux de la légende de la Vierge, et de ces six dais, qui rivalisent de richesse au point de vue de la composition, aucun n'est semblable aux autres."

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Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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VI. LE TYMPAN.

Voir http://poudouvre.over-blog.com/page/10

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"Le tympan renferme des anges musiciens, d'autres chantant le Te Deum, d'autres portant des écussons blasonnés. Les autres mouchettes sont décorées d'ornements stylisés, et d'autres armoiries, qui portent à quatorze les écussons représentés,

[...]Comme nous venons de l'indiquer, Hucher, en identifiant les armes de Marguerite de Bretagne, a daté la verrière de 1458-1469 ; mais il est possible, croyons-nous, de préciser davantage.

En effet, d'une part, l'évêque de Tréguier, Jean de Coetquis, dont les armes figurent dans le tympan, mourut le 23 septembre 1464 ; d'autre part, l'on ne doit pas oublier qu'à la suite des mutations de juillet 1450, il y eut competition pour l'évêché de Saint Brieuc entre le nouveau titulaire Jacques de Penhoadic, et l'ancien évêque, Jean Pregent (Prigent) revenu de Vannes à Saint-Brieuc. L'anarchie était telle que le pape dut nommer administrateur du diocèse l'abbé de Bégard, Vincent de Kerleau. L'absence des armes de Jacques de Penhoadic demeurerait, semble-t-il, inexplicable, alors que celles de Jean Pregent y figurent, si la verrière avait été commandée avant sa mort survenue le 25 août 1462.

C'est donc entre septembre 1462 et septembre 1464 que l'on doit en placer la commande, date qui s'accorde parfaitement d'ailleurs avec le mandement ducal du 27 avril 1463, faisant remise aux paroissiens de Lantic de leurs tailles et fouages, la moitié devant servir à parachever et édifier la chapelle de Notre Dame de la Cour." (Couffon, 1935)

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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1. La fleur centrale : huit mouchettes, deux trilobes et deux quadrilobes.

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La maîtresse-vitre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour  à Lantic.

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1° Dans l'ajour supérieur, on trouve  une bannière des armes de Bretagne d'hermines plaines surmontées de la couronne ducale et entourée de la devise A MA VIE. Armoiries attribuées à François II, duc de 1458 à 1488.

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2°-3° Au second rang viennent  dans des médaillons deux écus en bannière tenus par des anges surmontés également chacun de la couronne ducale.

Le premier, mi-parti de Bretagne et de Bretagne, sont les  armes de la duchesse Marguerite de Bretagne, femme de François II (16 novembre 1455 - 25 septembre 1469). Comme l'a très justement indiqué Hucher, et comme le confirme d'ailleurs la couronne ducale, le fait que le premier parti ne porte aucune brisure montre que François II était déjà duc de Bretagne (1458), et que ce sont ses armes qu'il faut voir en supériorité.

Le second écusson en bannière porte mi parti de Bretagne et coupé d'Amboise et de Thouars (*)  armes de la bienheureuse Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne de 1450 à 1457 ;  veuve le 22 septembre 1457 du duc Pierre II,  elle entra au Carmel et décéda le 4 novembre 1485. (*) écartelé, palé d'or et de gueules de six pièces qui est Amboise, et d'or semé de fleurs de lis d'azur au franc canton de gueules qui est Thouars .

 

 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Au troisième rang, deux écussons, l'un des armes pleines de Dinan Montafilant De gueules à quatre fusées d'hermine posées en fasce, accompagnée de six besants du même. et l'autre mi-parti des mêmes et de Rohan. Ces écussons ont remplacé, lors de la dernière restauration, les armes des Rosmadec-Gouarlot et celles des Geslin en alliance avec de La Lande de Calan, qui y avaient elles mêmes été mises au XVIIe siècle (Corpus) ou XIXème siècle (Couffon). "Il y aurait le plus grand intérêt à ne pas opérer de restaurations, comme celles ci, sans textes précis. En effet, les armes ainsi figurées sont celles de Jacques de Dinan et de Catherine de Rohan sa femme. Or Jacques de Dinan mourut le 30 avril 1444 soit prés de vingt ans avant l'exécution du vitrail." (Couffon )

 

De chaque coté, deux anges musiciens jouant de la harpe (patrons retournés).

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au centre, deux écus en bannières.

 L'un est écartelé d'argent à trois fasces de sable, et d'argent à la fasce de gueules des armes de Kerimel et de Penhoet, l'autre mi-parti des mêmes armes et de Coetmen, de gueules à neuf annelets d'or posés trois, trois et trois, , armes de Guillaume de Penhoet, sr. de Kerimel et chambellan du duc (+ en 1475) et de sa femme Béatrix de Coetmen,  dame de Maupiron et de Barnabarec, fille de Rolland III, vicomte de Coëtmen et de Jehanne Gaudin,  et veuve de Jean de Kersaliou.

 

 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux  anges buccinateurs latéraux.

 

 

La maîtresse-vitre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour  à Lantic.
La maîtresse-vitre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour  à Lantic.

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II. La fleur de gauche. Huit mouchettes et trois quadrilobes.

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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En haut, ce sont les armes épiscopales  d’azur à la fasce d’or, accompagné de trois molettes de huit pointes du même de Jean Prigent, évêque de Saint Brieuc (1439-1472) , et celles  d'argent au sautoir de gueules accompagné en flancs et en pointe de trois quintefeuilles, et en chef d'un annelet de même  de Jean de Coetquis, évêque de Tréguier (1454, + 23 septembre 1464).

 

Jean Prigent, chancelier de Bretagne, évêque de Léon en 1436, fut transféré à Saint-Brieuc en 1450 et inhumé dans sa cathédrale en 1472. Ces armes sont également peintes dans la chapelle de droite et sculptées au pignon extérieur.

 Jean de Coëtquis, d'abord évêque de Rennes, fut transféré à Tréguier en, 1453; il mourut en 1464 et fut également enterré dans sa cathédrale.

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Selon A. de Barthélémy, nous trouvons ensuite les  armes d'argent à l'arbre arraché de sinople, le fût chargé d'un greslier de sable lié de gueules de Salomon Mahault, seigneur de Kerangouarc'h et archidiacre de Goello. l'archidiacre de Goëllo dans la circonscription duquel se trouvait Lantic ne pouvait manquer d'accompagner l'évêque de Saint-Brieuc.

Marc Faujour m'a fait remarquer  en février 2020 qu'il s'agissait des armes de Salomon de Kergoanac, archidiacre du Goëlo, et chanoine de Saint-Brieuc mentionné en 1445 et en 1471.

Lire tous les détails ici :

 

Les armoiries et le sceau de Salomon de Kergoanac, archidiacre du Goëlo,  au tympan de la maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic (22).

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au dessous, au sixième rang, les  armes d'or à six molettes de sable, trois, deux et un des Geslin de Bourgogne et celles de gueules à la croix d'or, vidée, cléchée et pommelée de même des Botherel.

 Les Geslin avaient plusieurs fiefs dans la paroisse de Lantic; vers l'époque où fut exécutée la verrière de Notre-Dame de La Cour, Guillaume Geslin avait pour femme Marguerite Botherel.

Botherel : cette famille avait les fiefs de Perran, de Beauvoir et de la Fontaine-Saint-Père dans la paroisse de Plourhan.

 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les auteurs du Corpus ont reconnu des textes extraits du Magnificat, mais ne les ont pas transcrits. Et Couffon ceux du Te Deum.

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TIBI DOMINUS AN[GEL??] ET 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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ET PRo-TARUM

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SANCTUS.

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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II.. La fleur de droite. Huit mouchettes et trois quadrilobes.

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Dans la fleur de droite se trouvent, au même rang que les armoiries des évêques Jean Prégent et Jean de Coatquis à gauche, les armoiries d'azur au cerf d'or   de Vincent de Kerleau, abbé de Bégard (1443), évêque de Saint Pol-de Léon en 1473 (+ 1476), et celles d'argent à deux bandes engrêlées de gueules et chargées de coquilles d'argent de Pierre Huet, abbé de Beauport 1444 ou 1456 (+ après 1472).

-Vincent de Kerleau fut abbé de Régar de 1443 à 1467, puis de Prières en 1467, chancelier de Bretagne puis enfin évêque de Léon de 1472 à 1476.

-Pierre Huet fut abbé de Beauport de 1450 environ à 1472 ; ce fut lui qui, le premier, obtint le privilège de porter la mitre et la crosse et de donner la bénédiction pontificale dans toutes les églises relevant de l'abbaye. 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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PIEM ET CELI E ORA ORA TUU

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SANCTUS S-

GEMMTI / M CANTIT - LANIC

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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ANNEXE I. SOURCES DE LA VIE DE MARIE AU XVe SIECLE.

D'après L. Abd-Eleazak .

1°) La Vie de Marie (VM) résulte d'une succession de trois  textes apocryphes latins :

Le Protévangile de Jacques PrJ datant du IIe siècle .

Le Pseudo Matthaei Evangilum  PsM ou Pseudo-évangile de Mathieu,  Livre de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur rédigé vers 600-625.   Selon J. Gijsel il se distingue du PrJ par trois aspects120 : 1. il transfère l’accent de la figure d’Anne à celle de Joachim. 2. il ajoute un chapitre consacré à la vie de Marie au temple. 3. il remplace le récit du meurtre de Zacharie par celui de la "fuite en Égypte" qui contient une suite de quatre miracles. Le PsM a bénéficié d’un grand succès durant le Moyen Âge ; il a été transmis par deux cents manuscrits dont la moitié sont antérieurs au XIIIe siècle

Le Libri De Nativitate Mariae DNM ou Livre de la Nativité de Marie, écrit par le Pseudo-Jérome vers 550-750 ou  par Paschase Radbert  (790- 868). À partir du XIe siècle, le DNM commence déjà à circuler et à supplanter le PsM. Il nous a été transmis par cent quarante manuscrits dont la moitié date d’avant la seconde partie du XIIIe siècle. Le DNM reprend la rédaction du PsM, notamment la partie qui concerne le récit de la naissance de la Vierge et se termine par le récit de la naissance du Christ. Ce texte a éliminé tous les événements et miracles postérieurs à la naissance du Christ ; c’est-à-dire qu’il ne contient pas l’épisode de la "fuite en Égypte" au cours duquel le Christ opère les quatre miracles du PsM énumérés plus haut. L’auteur de ce texte en a atténué le caractère apocryphe en le rendant plus fidèle à la tradition canonique122 par le rejet des détails qui semblent peu convenir à la mère de Dieu que le DNM présente comme une vierge modèle.

Au XIIIe siècle une autre Vie latine anonyme apparaît : c’est la Vita Beatae Virginis Mariae et Salvatoris Rhythmica.

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2°) Durant le XIIIe siècle des auteurs dominicains ont employé une matière empruntée aux apocryphes qui racontent le récit de la vie de la Vierge et de la naissance du Christ pour la composition d’ouvrages réservés à l’usage des confréries dominicaines. Ces auteurs sont : Jean de Mailly, Barthélemy de Trente, Vincent de Beauvais, Humbert de Romans, Jacques de Voragine .

— Au début du XIIIe siècle Jean de Mailly compose un légendier intitulé l’Abbreuiatio in gestis et miraculis sanctorum. Le chapitre consacré à la fête de la Nativité de Marie, le 8 septembre, est divisé en deux parties : la première raconte l’histoire de la naissance de la Vierge et la seconde est un commentaire de l’auteur sur le texte. Dans la première version du légendier, faite à Auxerre entre 1225-1230, l’auteur a employé dans la partie liminaire du chapitre de la Nativité des données apocryphes tirées des huit premiers chapitres de DNM. 

— Entre 1244 et 1246, Barthélemy de Trente emploie plus librement que Jean de Mailly la matière apocryphe dans la composition de son ouvrage intitulé Liber epilogorum. Il résume de manière très personnelle des épisodes tirés à la fois de DNM et de PsM ; il est difficile de cerner avec précision ses sources et encore moins de savoir quel type de texte il a utilisé. Mais quoi qu’il en soit, il s’est appuyé sur les traditions apocryphes transmises par ces textes

— Dans sa réforme du lectionnaire de l’ordre dominicain (1254-1263), Humbert de Romans a placé à la tête du nouveau lectionnaire, dès la version provisoire faite de 1246-1248, un remaniement du DNM qu’il attribue à saint Jérôme. Le chapitre consacré à la fête de la Nativité de Marie (8 septembre) du lectionnaire contient un abrégé des huit premiers chapitres de DNM.

— Contrairement aux trois auteurs évoqués plus haut, Vincent de Beauvais (vers 1184-1264) emprunte des extraits aux apocryphes qu’il présente dans le cadre d’un récit de la vie de la Vierge et non plus dans le cadre d’une fête liturgique. Les sources du huitième livre du Speculum historiale sont clairement identifiables : elles se rapportent aux DNM que l’auteur considère comme une œuvre de saint Jérôme et au PsM qu’il intitule Liber de infantia Saluatoris attribué à Jacques, fils de Joseph. Du premier, il tire la partie allant de l’histoire de Joachim et Anne jusqu’à la présentation de Marie au temple (ch. I-VI), ainsi que le récit du mariage de la Vierge (ch. VIII). Au second, il emprunte des éléments liés à la naissance de Jésus. Toutefois, il a éliminé les détails du PsM considérés superflus et qui pouvaient nuire à l’image de Marie, de Joseph et de Jésus.

Tout comme V. de Beauvais, Jacques de Voragine a utilisé les deux mêmes récits apocryphes dans sa compilation intitulée la Legenda aurea (1261-1266). Dans le chapitre de l’Annonciation, son récit du mariage de la Vierge est tiré de DNM.  Toutefois, J. de Voragine a, pour ainsi dire, puisé dans des sources de seconde main ; c’est-à-dire qu’il s’est servi des ouvrages de ses prédécesseurs. En effet, le chapitre sur Noël est un résumé de PsM de Barthelemy de Trente. L’Abbreuation de Jean de Mailly semble être sa source principale de l’histoire de la Nativité de Marie qu’il a amplifiée par l’ajout de quelques détails tirés du lectionnaire d’Humbert de Romans. Il n’emprunte à Vincent de Beauvais que le dernier miracle du chapitre de la Nativité de la Vierge. Il faut ajouter également que ce dernier chapitre contient la généalogie de la Vierge, le récit de sa naissance selon Jérôme (DNM), l’instauration de la fête de la Nativité et neuf miracles mariaux.

3°) Les textes apocryphes consacrés au récit de la naissance et de la vie de Vierge ont alimenté non seulement des remaniements latins, mais également des versions vernaculaires. Au XIIe siècle, Wace et Hermann de Valenciennes ont translaté ces œuvres en ancien français. La Conception de Nostre Dame de Wace s’ouvre sur un miracle étiologique qui relate le récit de l’institution de la fête de la Conception. Cette première partie est suivie par le récit des circonstances entourant la naissance de la Vierge, son éducation et se termine par son mariage avec Joseph. Cette partie a pour source les huit premiers chapitres du DNM. Quant à l’épisode de la Visitation, elle trouve sa source dans le PrJ. Dans sa traduction de la Bible, Herman de Valenciennes inclut dans Li Romanz de Dieu et de sa mere  un remaniement du DNM.

 

4°) Traductions en français.

 — Jean de Vignay a traduit en français le Miroir Historial de Vincent de Beauvais en 1320-1330. On en conserve 28 manuscrits. La traduction fut imprimée par Antoine Vérard en 1495-1496.

 — Jean de Vignay a traduit en français la Légende des sains de Jacques de Voragine au plus tard en 1348. On en conserve 27 manuscrits. La première édition, à Lyon, date de 1476.

— En 1456, Jean Méliot traduit ou adapte les traductions existantes dans sa rédaction de sa Vie et miracles de Notre-Dame pour Philippe le Bon. Cf Annexe II.

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ANNEXE II.

Transcription inédite mais personnelle (avec de vrais fautes dedans) d'un extrait du Livre VII du  Miroir Historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay et copié par Raoulet d'Orléans en 1396  dans le  manuscrit Bnf fr 312 folio 260r à 261v :

de la prenonciacion de la nativite a la benoite vierge glorieuse marie qui porta nostre seigneur jhesu crist.

"En lan de lxiiii lempur ecsar augustien environ xxvii fu nee la bencoite vierge marie mere de dieu seigneur ihesucrist filz de dieu seconde personne de la trinite selonc le livre de ioachim et la revelation faite a sainte elisabeth. Jeroisme en lystoire de Joachim et de sa felle.

Elle fu certainement née en nazareth de la lignee de david et fu nourrie au temple de iherusalem et estoit dit son pere joachim et sa mere anne. Et la maison de son pere estoit en nazareth et la lignee de sa mere estoit en nazareth. La vie diceuls estoit simple droituriere et debonnaire. Et deviserent leur subsistance toute en trois parties et donnoeint une partie au temple.

Et l'autre as poures pelerins et gardoient la tierce partie a leur usage et a leur mesgmee. Ils estoient iustes a dieu et debonnaires as hommes et hantoient en leur maison chaste mariage sans procreation de lignee environ XX ans. Et voulerent touteffoiz se dieu leur donnoit lignee que ilz donnervient (?) et garderoeint icelle lignee adieu et a son servise. Pur la grace de la quel chose ilz vouloient hanter chascun an le temple a toutes les festes de nostre seigneur.

Et si comme Joachim fust monte en iherusalem v iour desestrames ysachar evesque voiant iceli entre ses voisins montant au temple avec loffrande refusa iceli avec ses dons, disant les dons de celi nont povoir destre veus dignes a dieu. Lequel iceli avoit iugie estre non digne de lignee et estre maudit qui ne engendroit lignee en israel. Duquel celui Joachim confus par la honte du reprouche fait a li sen ala as pastoures qui estoient en ses pestis avec ses bestes et ne voult pas retourner arrieres en sa maison que par aventure celle reprouche ne li fust faite de ses prouchains qui lavoient oye du prestre.

Et si comme il eut este illec longuement et il fust 1 jour seul, lange de nostre seigneur vint a grant lumiere et refrauit icelui espovente de son avision disant : Ne vueilles doubter Joachim car ie suis ange de nostre seigneur envoié de li si que je te denonce que tes prieres sont oyes et tes aumosnes sont montees au regart de nostre seigneur. Il vit certes ta honte et ouy le reprouche de ta brehaingnete [stérilité] non pas droitement obitiee a toy. Oyez ci que anne ta femme entantera a toy une fille et tu appeleras le nom de celle marie. Cest sera si come tu as voulu sacree a dieu des ton enfance et elle sera raemplie du saint esperit encore des le ventre de sa mere.

Elle ne mengera ne se beura ia nulle orde chose ne fera la fornication et sera pou dabitacion entre les peuples. Mais la conversacion de celle sera au temple de nostre seigneur et ainsy par le proces de son aage aussi comme celle naistra merveilleusement de même brehaingne. Aussy son accomparagement icelle vierge engenderra le tres hault filz qui sera apele ihesus et selon son nom sera sauveur de toutes gens. Et lange departant de celui sapparut a anne sa femme et li nonca celle meisme chose. Et ainsy iouste le commandement de lange lun et lautre euls [clinomans] des heux ou ilz estoient monterent en iherusalem et encontarns lun lautre a la porte doree cliois de leur entrechangable vision et de la lignice promise leurs par certainete rendirent adieu essauceur des humbles graces deues.

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Le baiser de la Porte Dorée. BnF fr. 312 folio 260r . Source Gallica

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Et ainsi dieu [houre] sont repairiez a leur maison. Donc concut anne et enfanta une fille et apela icelle marie. Et sicomme elle fust demenee en lespace de trois ans ilz amenerent icelle vierge alaitant encore au temple de nostre seigneur . Et devant et environ le temple estoient XV degrez . Et pour ce que le temple estoit assis en montaingne et lautel des sacrefices qui estoit lors on ny pooit aller sans degrez. Et en un de ces degrez ils mistrent la vierge. Et si comme ilz se depouilloient et selonc la maniere ilz se vestissent de pl-conrs vestements. La vierge monta tous les degrez chascun par soy sans main de meneur ne desleveur. Aussi commece en ceste cause ne li deffausist point de parfait aage. Et dont le sacrefice celebre selonc la coustume de la loy. Et leur veu parfait ilz delaissierent la vierge pour estre nourrie au temple avec les autres vierges et retourne a lostel.

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Marie montant les marches du temple, enluminure par Perrin Rémiet dit le Maître de la mort. BnF fr. 312 folio 260v.

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Hyldefonse evesque de iolete.

Se la benoite vierge marie veust este sacrefice et sanctefice au ventre de sa mer. Sa nativite fust petit alonnover "etc etc. L'histoire de l'élection de Joseph et du fleurissement de sa verge est racontée au folio 263r.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8452197q/f531.item

 

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Le mariage de Joseph et Marie, enluminure de Perrin Remiet, dit le Maître de la mort. Miroir Historial BnF fr. 312 folio 263r.

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La version imprimée de cet extrait du Miroir Historial par Antoine Vérard se trouve sur ce lien : https://archive.org/stream/MiroirHistorial1531Vol1/Miroir_Hystorial_1_1531#page/n363/mode/2up.

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ANNEXE III.

Transcription par L. Abd-Eleazak d'un extrait du manuscrit BnF Français 9198 folio 4v .Vie et miracles de Notre Dame, en prose française, arrangés par Jean MIÉLOT en 1456. Enluminure de Jean Le Tavernier, commandité, au XVe siècle, par Philipe le Bon, duc de Bourgogne. Ce manuscrit contient la compilation intitulée : La Vie et miracles de Nostre Dame qui constitue la mise en prose de miracles en vers du XIIIe siècle.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451109t/f18.item.zoom

Le texte débute par une enluminure en grisaille au folio 3v :

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BnF fr 9198 folio 3v. Annonce faite par l'ange à Joachim, et Rencontre de la Porte Dorée.

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Cy commence la vie de la glorieuse Vierge Marie, mere de Nostre Seigneur.  La tres bieneuree et glorieuse tousjours Vierge Marie, extraitte de lignie royale et de la famille de David, nee en la cité de Nazareth, fu nourrie en Jherusalem ou temple de Nostre Seigneur. Le pere d’elle se appelloit Joachim et sa mere Anne.

La maison de sondit pere estoit de Galilee et de la cité de Nazareth ; et le lignage de sa mere estoit de Bethleem. Leur vie estoit simple et droicturiere devant Dieu, et envers les hommes elle estoit sans reprehension et debonnaire ; car ilz devisoient toutes leurs substances en trois parties, desquelles ilz en bailloient l’une au temple et aux serviteurs du temple, l’autre ilz distribuoient aux pelerins et aux povres diseteux, et la tierre partie ilz gardoient pour eulx et pour leur petite famille.

Et vesquirent en ceste maniere, justes a Dieu et debonnaires aux hommes, par l’espace de environ .XX. ans, entretenans chiez eulx leur mariage chaste sans avoir quelque procreation d’enfans. Ilz vouerent toutesfois a Dieu, se d’aventure ilz leur donnoit quelque lignie, qu’ilz la bailleroient au service de Nostre Seigneur, pour laquelle chose impetrer ilz frequentoient par coustume le temple de Nostre Seigneur a chascune feste solennele par an.

 Or advint que la grant solennité, comme nous disons la Dedicace de l’eglise, ou se faisoient aucuns dons que maintenant nous appellons les estrines, approchoit. Pour quoy, Joachim avec aucuns de ses parens s’en vint a la cité de Jherusalem.

Et de ce temps la estoient evesques de la loy et par especial ung nommé Ysachar, lequel, quant il regarda Joachim atout son offrande estant entre les autres ses citoiens, il le mesprisa et ne tint compte de ses dons en demandant porquoy luy, brehaine, presumoit d’estre entre les autres aians lignie d’enfans, disant que ses offrandes sambloient estre indignes a Dieu, qui l’avoit jugié indigne d’avoir lignie de son corps ; tesmoing l’escripture, qui dist que tout homme estoit maudi qui ne engendroit hoir masle en Israel et que ceste malediction estoit par generation de lignie et adont on s’en venoit atout son offrande en la presence de Nostre Seigneur.

Duquel opprobre Joachim fu confus d’une tant grande vergongne qu’il se party de la place et s’en ala avec les bergiers qui estoient en pasture gardans leur bestail. Ne il ne s’en voult point retourner en sa maison affin que de sesdis parens, qui estoient venus ensamble avec luy et qui avoient ouy de l’evesque Ysachar les paroles dessus dictes, il ne fust laidengié d’un mesmes reproche. 3 Mais comme il fust illec aveuc lesdis bergiers, l’angele de Nostre Seigneur luy fu present atout sa lumiere ; et pour ce que Joachim se tourbloit fort de ceste vision, cest angele qui luy apparu luy rapaisa sa cremeur en disant :

 « N’ayes paour Joachim et ne te tourble point de ma vision, car je suys l’angele de Nostre Seigneur, envoyé vers toy de par luy affin que je te anunce que tes prieres sont exauchies et que tes offrandes sont montees es cieulx jusques devant lui. Certes, lui mesmes qui voit tout a veu ta vergongne et a ouy comment la reproche de ta sterilité ne t’a pas esté faicte droicturierement. Nostre Seigneur est le vengeur de pechié et non pas de nature, et pour ce clot il le ventre a aucunes femmes, et ce fait il affin que de nouvel il l’euvre plus merveilleusement, affin aussi que on congnoisse que ce qui naist ne vient point de voluptueux delit, mais de don divin. Ne fu pas Sara, mere la premiere de nostre gent, qui fu brehaigne jusques a .IIIIXX. ans? Et toutefois, en sa derreniere vieillesse, elle engendra Ysaac, auquel estoit promise la beneiçon de toutes gens! Rachel aussi, qui fu tant agreable a Nostre Seigneur et tant amee du saint homme Jacob, fu longuement brehaigne, et toutefois elle engendra Joseph, qui ne fu pas seulement seigneur d’Egipte, ains aussy fu il delivreur de maintes gens perissans de faim.

Qui fu jamais entre les ducz plus fort que Sanson ou plus saint que Samuel? Et toutesfois, ces deux cy eurent leurs meres brehaignes. Se raison ne te amonneste a croire cecy, par paroles ou par exemples, croy  toutesvoies que les concepvemens longuement actendus et les enfantemens brehaignes  soient plus merveilleux beaucoup que les autres. En aprés Anne ta femme te enfantera une fille que tu appelleras par son nom Marie. Ceste cy sera consacree a Nostre Seigneur tantost des son enfance, ainsi que vous l’avés voué, et, luy estant encoires dedens le ventre de sa mere, elle sera remplie du Saint Esperit. Elle ne mengera ne beuvera chose qui soit orde ne soullie. Sa conversation ne sera pas foraine entre les populaires, ains sera dedens le temple de Nostre Seigneur et ne sera riens mauvais qui a tout le moins puist estre souspeçonné ne dit d’elle. Et en accroissant son eage, ainsi comme elle naistera merveilleusement d’une brehaigne, samblemment elle, vierge, engendrera incomparablement le filz de Dieu, le tres haultain, qui sera appellé Jhesus, lequel, selon son nom, sera le sauveur de toutes gens. Et des choses que je te anunche cy tu auras ung tel signe : quant tu vendras en Jherusalem, devant la Porte Doree, tu rencontreras illec ta femme Anne, laquelle, maintenant pensive pour la souvenance de ton retour, se esjoyra lors que elle vendra en ta presence ».

Ces choses dictes, l’angele se esvanuy ;  et puis il se apparu a Anne, sa femme, en luy disant : « N’ayes point de paour Anne, et ne cuides point que ce que tu voys presentement soit fantosme! Certes, je suis celluy angele . qui ay offert voz prieres et vos aumosnes devant Nostre Seigneur ; et maintenant je suys envoyé vers vous affin que je vous anunche qu’il naistera de vous une fille nommee Marie, laquelle sera beneye par dessus toutes femmes. Ceste cy, tantost aprés sa nativité, remplie de la grace de Nostre Seigneur, demourra en la maison de son pere Joachim par l’espace de trois ans qu’elle alaictera, et puis elle sera baillie au service de Nostre Seigneur et ne se partira point du temple jusques aux ans qu’elle sera entendant ; et illec servira jour et nuyt a Nostre Seigneur en jeunes et oroisons, en soy abstenant de toute ordure.

Elle ne congnoistera jamais hommes, mais elle, seule, vierge, sans example, sans maculation, sans corruption et sans commixtion d’omme, engendrera son fil ; elle, chambriere, enfantera son seigneur et maistre, et elle, ennoblie de nom et d’euvre, engendrera le sauveur de tout le monde. Pour tant lieve toy et t’en monte en Jherusalem ; et quant tu vendras a la porte qu’on appelle la Porte Doree, pour ce qu’elle est doree de fin or, en signe de ce, tu rencontreras illecques ton mary, pour l’estat et santé duquel tu es maintenant en grant soucy. Et quant toutes ces choses seront advenues, saches pour vray, sans faire doubte, que tout ce que je te anunche se acomplira. »

Selon doncques le commandement de l’angele, l’un et l’autre se partirent du lieu ou ilz estoient. et s’en alerent en Jherusalem. Et quant ilz vindrent au lieu qui leur estoit demoustré par l’anunciacion de l’angele comme dit est, ilz rencontrerent l’un l’autre illecques devant la Porte Doree.

Adoncques eulx deux, moult joyeux de leur rencontre vis a vis, furent seurs et acertenez de la lignie qui leur estoit promise divinement, dont ilz rendirent graces et loenges a Dieu, le exaucheur des humbles. Et ainsi, puisqu’ilz eurent aouré Nostre Seigneur, ilz s’en retournerent a leur maison certains et liiés, actendans la promesse divine.

Anne doncques conceu et enfanta une belle fille, et, selon le commandement de l’angele, les parens d’elle le appelloient par son nom Marie.

Et quant la revolution des trois ans et le temps de son alaictage fu acomply, ilz amenerent ceste vierge au temple de Nostre Seigneur atout leurs oblations. Certes, il y avoit a l’entree dudit temple, selon les .XV. psalmes graduales, .XV. degrés a monter. Et pour ce que le temple estoit edefié en montaigne ou on ne povoit aler a l’autel du sacrefice, qui estoit au par dehors, senon par degrés, sur l’un desquelz ils se poserent et la recommanderent a Dieu la vierge. Et quant ilz eurent despoullié leurs vestemens qu’ilz avoient vestu en chemin et se furent revestus d’autres plus riches et plus netz, la vierge de Nostre Seigneur, sans avoir aide d’aucun qui le menast ou soulagast, monta pas aprés autre tous lesdis . degrés, que on l’eust cuidie povoir faire sans riens faillir en l’eage parfait seulement pour ceste cause.

Et ainsi certainement Nostre Seigneur ouvroit en l’enfance de sa vierge ceste grande chose, par quoy il demonstroit combien grande la segnefiance de ce miracle estoit advenir. Et puis doncques qu’ilz eurent acomply le sacrefice de Nostre Seigneur selon la coustume de la loy et qu’ilz eurent parfait leur veu, ilz laisserent ceste vierge dedens les parois dudit temple avecques les autres vierges qui estoient mises la pour aprendre, et s’en retournerent en leur maison.

 

Certes, ceste vierge de Nostre Seigneur prouffitoit de jour en jour en vertus avecques la cruchon de son eage. Et selon le psalmiste David, pour ce que son pere et sa mere l’avoient laissie ou temple comme dit est, Nostre Seigneur la print en garde, car chascun jour elle estoit frequentee des angeles de paradis et, chascun jour aussi, elle usoit de la vision divine qui la preservoit de tous maulx et la faisoit redonder de tous biens. Et en ceste maniere de faire, elle parvint jusques au .XIIe . an de son eage, tant que non pas seulement les mauvais ne povoient controuver en elle riens digne de reprehension, mais aussi tous les bons qui la congnoissoient jugoient de sa vie et de sa conversation dignes de grande admiration.

Adoncques l’evesques de la loy anuncha publiquement que toutes les vierges qui estoient mises ou temple et avoient acompli ce temps de leur eage, c’est assavoir le .XIIe . an, que elles entendissent a elles marier selon la coustume de la gent et selon la meureté de leur eage ; auquel commandement comme toutes les autres vierges eussent voulentiers obey, la seule vierge de Nostre Seigneur, c’est assavoir Marie, respondi que elle ne le povoit faire. Car, certes, elle disoit que ses parens, souverainement son pere et sa mere, l’avoient baillie du tout au service de Nostre Seigneur, en aprés que elle mesmes avoit voué a Dieu sa vierginité, laquelle elle ne povoit jamais violer par congnoistre aucun homme en maniere de commixtion. De quoy l’evesque fu en grant angoisse pour ce qu’il ne luy sambloit point que ce veu deust estre rompu, car ce eust esté contre la sainte escripture, qui dist : « Vouez et rendez vos veus a Dieu. » D’autre part, pour ce qu’il n’osoit mectre avant une maniere desacoustumee a sa gent, si commanda que tous les plus principaulx de Jherusalem et des lieux voisins feussent a une grant feste qui devoit estre prouchainement, pour le conseil desquelz il peust savoir quele chose estoit de faire en ceste matiere si doubteuse.

 

Et quant il eut fait cecy, y pleut a tous d’um commun accort que sur ceste chose fust requis le conseil de Nostre Seigneur. Lors, ilz entendirent trestous a faire leurs oroisons, mais selon leur coustume l’evesque se approcha pour sur ce avoir conseil. Si ne tarda gueres que une voix fu ouye de tous, laquelle venoit du lieu le plus propice a faire oroisons et par la prophecie de Ysaye faisoit savoir qui seroit cellui a qui la Vierge devoit estre baillie et donnee en mariage ; car Ysaye dist : « Une verge issera hors de la racine de Jessé et de sa racine montera tout hault une fleur sur laquelle reposera l’esperit de Nostre Seigneur, l’esperit de sapience et d’entendement, l’esperit de conseil et de force, l’esperit de science et de pitié, et le remplira l’esperit de Nostre Seigneur ». Selon ceste prophecie furent assamblez tous ceulx de la maison et famille de David qui estoient non mariez et habiles a eulx marier, lesquelz apporterent chascun sa verge a l’autel. Et celluy mesmes de qui la verge flouriroit aprés ce que on l’auroit apportee comme dit est et le Saint Esperit de Nostre Seigneur en espece de coulon se asserroit au plus hault de ladite fleur, seroit digne d’estre ycellui auquel la vierge de Nostre Seigneur devroit estre baillie et espousee. Certes, entre les autres, il y en avoit ung nommé Joseph de la maison et famille de David, lequel estoit vesve ad cause de sa femme trespassee dont il avoit des enfans ja tous grandelez et prestz pour servir autruy ; auquel Joseph comme y samblast estre desafferant que luy, qui avoit aucuns enfans de assés grant eage, espousast et eust a femme une vierge tant tendre, quant tous les autres eurent apporté leurs verges emprés l’oratoire, ce fu celluy 8v. qui tout seul mucha la sienne. Pour quoy quant y ne apparu riens concordant a la voix divine selon la prophecie dessus dicte, l’evesque cuyda que derechief y fust besoing de requerir le conseil de Nostre Seigneur; lequel respondi que celluy seul de tous ceulx qui estoient la assamblez, qui n’avoit point apporté sa verge, qu’il devoit espouser la Vierge. Lors fu Joseph tantost amené en place : quant il eut apporté sa verge et qu’elle flouri incontinent et au plus hault descendy du ciel ung coulon, il apparu manifestement a tous que ce estoit celluy qui devoit espouser la Vierge. La droicture des nopces faicte et celebree selon la coustume de lors, Joseph demoura en la cité de Jherusalem pour disposer des choses de sa maison et pour pourveoir a toutes les choses necessaires a ses nopces.

Mais la vierge de Nostre Seigneur, Marie, aveucques autres .VII. vierges de son eage mesmes et alaicties toutes ensamble d’un temps, lesquelles elle avoit eu de l’evesque du temple, s’en retourna en Galylee en la maison de ses parens.

 

 

 

 

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— FABRICIUS (Johann Albert ) 1719 Codex apocryphus Novi Testamenti, collectus, castigatus, testimoniisque .Hambourg

— FERRARO (Séverine), 2012, Les images de la vie terrestre de la Vierge dans l'art mural (peintures et mosaïques) en France et en Italie Des origines de l’iconographie chrétienne jusqu’au Concile de Trente . Thèse Histoire de l'art médiéval université de Bourgogne sous la direction de Daniel Russo.

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— FOURNIÉ (Eléonore) et Séverine Lepape-Berlier, 2012,  « L’Immaculée Conception : une croyance avant d’être un dogme, un enjeu social pour la Chrétienté », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 10 | 2012, mis en ligne le 22 mai 2012, consulté le 02 décembre 2017. URL : http://acrh.revues.org/4275 ; DOI : 10.4000/acrh.4275

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Hucher, Bull. Monum. 1879

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 15:15

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"La Vierge est assise, et cette statue est remarquablement ancienne, car les Vierges assises remontent au commencement du XIVème siècle, ou mieux au XIIIème siècle. Il faut en conclure, puisque la chapelle actuelle ne date que du XVème siècle, que la statue a dû y être apportée d'un sanctuaire plus ancien, ce qui confirme la tradition, soit que cette chapelle ait été à la Vieille Cour, soit qu'elle ait été à l'emplacement de celle actuelle." (Morvan 1903)

La statue est classée MH au titre d'objet depuis le 23 octobre 1908 ; l'Inventaire propose sur le site de la base Palissy une photographie de 1994 où elle apparaît au milieu de la maîtresse-vitre. On y indique une taille approximative  de 1,30 m et une datation du XIVe siècle.

Elle est fixée aujourd'hui contre le mur nord du transept, à trois ou quatre mètres de haut, mais ce qui ajoute à son charme, c'est qu'elle occupe un dais gothique au dessus d'une colonne engagée s'évasant en un support polygonal, et qu'à la suite d'une restauration récente  qui, comme d'habitude, n'a donné lieu à aucune documentation disponible en ligne, elle est peinte de couleurs très délicates, associant à l'or un  vert et un bleu charmants.

 

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Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Elle est assise sur une cathèdre recouverte par un manteau doré, galonné et à revers bleu-vert au col, d'où dépassent les chaussures. Ce manteau s'ouvre en corolle et donne à voir la doublure du même bleu très doux. Les deux bras sortent de cette fleur et se tendent vers l'Enfant, qui est porté sur le bras droit. Une main soutient les fesses et l'autre saisit gentiment le petit pied, comme par jeu ou pour le caresser.

La tête, couronnée par un accessoire de pacotille, est tournée vers le Fils . Les yeux sont en amande, le front et les sourcils sont épilés, le nez un peu trop pointu à mon goût, les joues sont pleines, les lèvres fines voire pincées, le menton décidé.

Bien-sûr, je jubile en retrouvant ici le bandeau de cheveu qui est devenu mon chouchou à force de le retrouver dans la statuaire bretonne, ne couvrant que l'arrière de la tête avant de se glisser derrière la nuque pour retenir et ordonner les longues boucles. 

J'aimerai bien en savoir plus sur la robe qui n'est visible qu'en contre-plongée. Je distingue une chemise à décolleté en V pudique, puis peut-être un corselet et une ceinture. Est-ce un de ces surcots ouverts auxquels je viens de m'intéresser ? Ce bandeau et ce corselet ne peuvent-ils préciser la datation ?

L'Enfant est vêtu d'une robe aux manches retroussées, de même couleur que celle de Marie, mais je ne vois pas s'il tient un objet dans ses menottes. Ce qui est remarquable, c'est la vivacité du visage et l'interaction du regard.

Petit échantillon de ma collection de bandeau :

 

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Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— CHAPELLE N.D DE LA COUR, LANTIC. 

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— MORVAN (Jean), 1903, Monographie de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, en Lantic (Côtes-du-Nord) Bulletins et mémoires / Société d'émulation des Côtes-du-Nord T. 41 pages 177-214

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— TOULLELAN (Guy), 1978,  Toullelan, Notre Dame de la Cour en Lantic, Jos Le Doaré,  24 pages

— BASE PALISSY

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/dapapal_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Lantic&NUMBER=2&GRP=0&REQ=%28%28Lantic%29%20%3aLOCA%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=50&DOM=MH

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Published by jean-yves cordier
28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 20:39

Le gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, Roland Doré,  vers 1608) en la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic (22).

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Sur les gisants, voir ici :

 

— Sur la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour de Lantic, voir :

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Lorsque je visitais la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour par une matinée de Journée du Patrimoine, je redoutais l'affluence.

J'avais raison : j'entrais, et je trouvais la nef remplie d'une assemblée mobilière de bancs et d'arrière-bancs recueillis sur leur prie-dieu dans un silence sépulcral autour d'un cercueil que  je distinguais au bout de l'allée. Brrr.

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La chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Je m'approchais à pas feutrés du catafalque, lorsque je fus soudain transporté dans les airs, pour me retrouver survolant tel le Saint-Esprit le défunt qui m'attendait en tapotant ses doigts les uns contre les autres d'un air impatient. Moi, en retard ? Mais je n'avais pas rendez-vous !

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C'était un quadragénaire qui portait beau, avec ses yeux doux, sa barbichette de sous-officier, son armure noire et luisante, et les vagues de ses cheveux bouclés qui lui dansaient la sarabande ! Il se reposait sur un oreiller gras et  douillet cantonné de glands drus et fournis.

L'allure spartiate de sa cuirasse était tempérée par l'éventail d'une fraise écrasée en plis bien repassés, et par la dentelle qui sortait de ses poignets.

Les circonstances de ce face-à-face ne me permirent certes pas de détailler les moindres rivets et fixations du plastron busqué du torse, de la  dossière, des spalières, des cubitières, ou des canons d'avant-bras très fins et ajustés. Mais rien ne semblait manquer à sa panoplie de gentilhomme du temps d'Henri IV, si ce n'est l'absence de gantelets. De toute façon, quelque soit le nombre de boutons et d'agrafes,  j'appris que la devise du seigneur était "Primo avulso non deficit alter" soit "Un de perdu, dix de retrouvés", ou (haïku traduit par mes soins) "Arraché par la pie /vient le soir / un autre est recousu", ou plus poétiquement encore, puisqu'il s'agit d'un vers de l'Énéïde de Virgile, Livre VI vers 143 "Le rameau détaché est aussitôt remplacé par un autre". 

 

 

Mais le bas de son corps le faisaient irrésistiblement ressembler à quelque crustacé, avec les tassettes des flancs prolongés par les cuissots (rembourrés par un ouatage) aux lames articulés, les genouillères, fixées aux cuissots, les genouillères assemblées aux grèves protège-tibia et les solerets en bec de cane. 

 

Ajoutons une épée, si longue que, suspendue par une sangle de cuir au coté gauche, elle atteignait la cheville.

 

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Malgré son air froid et sévère, je me décidai à le saluer.

— Euh, bonjour, monsieur du corps-froid, je suis le moi-même le descendant d'Henri-Robert Aux-Épaules, que vous avez peut-être connu ...

Vous ne me croirez pas, mais j'entendis distinctement une voix d'outre-tombe me répondre :

— Henri-Robert ! Mais nous sommes de la même promo, il est mort un an avant moi ! Comment va-t-il ? Toujours ... toujours gisant à Sainte-Marie-du-Mont ?

— Ah oui, il ne change pas. Mais vous êtes ?

— Vicomte Guillaume de Rosmadec, chevalier de l'ordre du roi et fondateur de cette église. 

— Ah, les Rosmadec, l'une des plus illustres familles nobles de Bretagne, et originaire de Telgruc-sur-mer, en Presqu'île de Crozon ? J'ai bien connu Bertrand, aumônier du duc Jean IV et évêque de Quimper, lorsque je travaillai sur les armoiries de la cathédrale de cette ville. Palé d'azur et d'argent, n'est-ce-pas ?

—  Peut-être, peut-être, la branche aînée,  mais nous autres Rosmadec de Goarlot portons d'or à trois jumelles de gueules ! Jarnidieu ! 

"Et maintenant, penche la tête sous mon oreiller !  et lis !"

Ce que je fis, après avoir été reposé à terre par les deux barbouzes invisibles qui m'avaient précédemment saisis. Trop content de n'avoir pas à manger, tel Ézéchiel,  le livre de pierre qui lui servait de lit.

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un blason portait des armoiries à six fines barres horizontales qu'on nomme burelles en héraldique, et qui, groupées par deux, forment une jumelle. Peintes en rouge sur fond jaune, c'étaient là les armes d'or à trois jumelles de gueules

Ce blason était entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel : non pas celui aux 23 coquilles saint-Jacques reliés par 23  lacs d'amour en or (doubles aiguillettes) en usage entre 1469 et 1516, mais celui où les lacs d'amour laissèrent place par décision de François Ier aux doubles cordelières. Je consulte vite mon exemplaire de Les Chevaliers bretons  de l'Ordre de Saint-Michel, qui ne me quitte pas, et je trouve page 376 la bio de notre beau sire : il a été nommé chevalier de cet ordre dès 1573:

"ROSMADEC (Guillaume de) ,vicomte de Mesneuf, sire et châtelain de la Ville-Solon, sieur de Saint-Didier et de Buhen, cons. chambellan ordinaire du Roi, commandant à Gouëllo en Bretagne et gouverneur de Vitré, (maison différente de la précédente, portant d'autres armes), est qualifié Chevalier. de l'Ordre du Roi dans un acte du 10 juin 1576. (Tit. De MM. Du Boisgelin de Mesneuf) ainis que dans le Recueil Ms. Sur l'ordre de Saint-Michel fait en 1620 par P. d'Ozier (Bibl. Du Roy). Ce fut lui qui obtint du Roy des lettres d'érection de la terre de Mesneuf en vicomté. Armes : D'or à trois jumelles de gueules en fasces.

Guillaume de Rosmadec était chevalier de l'Ordre du Roi dès l'année 1573 ; et il est nommé avec cette qualité dans ses provisions de gouverneur de Vitré, en date du 17 janvier de cette année. (Orig. Tit. de M. A. de Barthélémy .) En 1578, il était grand-veneur, grand-maître et général-réformateur des eaux et forêts de Bretagne. (Dom Mor. Fr. it.54g.). M. Anatole de Barthélémy a publié dans la préface de ses Doc. In, sur l'Hist. de la Ligue en Bref, une curieuse analyse des livres de dépenses de Guillaume de Rosmadec. Il en résulte que Guillaume de Rosmadec eut une conduite plus que prudente pendant les guerres de religion, et qu'il sut éluder la nécessité de prendre parti. Tantôt en relations avec les Ligueurs, tantôt en amitié avec les royalistes, aux che£s desquels il envoie du poisson, il ne put cependant préserver sa maison de Buhen, qui fut pillée pendant la nuit de la fête Saint-André, en 1590, par 50 soldats de la garnison de Quintin. Il avait d'ailleurs plus d'un motif pour être prudent. Le souvenir de la surprise de Vitré par Jean du Matz en 1574, alors qu'il venait à peine d'en être nommé gouverneur, s'était sans doute gravé dans sa mémoire. Il avait ouvert les grands appartements du château de Vitré, à l'occasion d'un mariage célébré pendant les fêtes du carnaval ; et c'était au milieu des réjouissances et de la quiétude du plaisir que Jean du Matz et ses hommes étaient tombés sur lui et l'avaient emmené en captivité, après s'être emparés du château et de la ville."

Le collier, avec son médaillon où l'archange Michel terrasse son dragon, est surmonté de la couronne de vicomte. L’érection de Mayneuf en vicomté fut accordée par Henri III le 15/12/1576 (Glo-Lepage)

Cet ensemble est entouré d'une inscription en lettres capitales placées en dépit du bon sens :  

 CY : GIST :  LE CO RPS :  DE DEFFUNCT MESSI /

"Ci-gît le corps de défunt messire"

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Je contournais le monument pour trouver la suite.

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La suite de l'inscription : le tombeau vu depuis le sud.

Le gisant est sculpté sur des dalles rectangulaires surélevées par des caissons, et des moulurations ornent les arêtes de la dalle et le soubassement. 

 

 

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sans déranger le vicomte pendant sa sieste, je décryptais l'épigraphique épitaphe :

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[ CY : GIST :  LE CORPS :  DE DEFFUNCT MESSI] RE : GVILLAVME : DE : ROSMADEC : CHEVALIER 

DE : L ORDRE : 

DV : ROY : 

VICOINTE : DE : MAINEVF : St DIDIER

Les lettres conjointes de GVILLAVME ou de DE faisait mon régal, mais moins que la graphie "vicointe".

Le DEAF me proposait les formes suivantes en ancien français vecoues  vesconte , vescounte, vescunte , vesquens  , vicecomes  vicomte, viconte , vicontes , vicuens  vicunt, vicunte  vilconte  vioces  viquans  viquens  visconte , viscounte , viscuens , viscuntes , visonte  visquen visquens , wiconté .

Le DMF de Godefroy compl. contenait les formes Vezcomte, vezcuntes, veskunte, vicuens, vesquens, vescounte, viscuens et vicheconte.

Parmi les formes anglo-normandes ANDEI , je trouvais un  VISCOINTE : 

"visconte, viscont, viscunt, viscount, viscunte, viscounte; vesconte, vescounte, vescunte, veskunte; veisconte, veiscounte, veiscunte; vicunt, vicount, viconte, vicounte; viescont, viescount, viscounte

 (viscointe Eastry Lett 399.17);n.sg.  sometimes vesquens, vesquons; visquens".

Ce vicointe de Maineuf était-il un unicum ? 

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Il estoit temps que je passe de l'autre costé pour poursuivre ma lecture de chevet. 

 

CHASTELAIN : DE :  BUHEN : GOVVERNEVR : DE : VITRE : SIGNEVR : SVPERIEVR : E : FONDATEVR : DE : CESTE : EGLISE.

 

Il peut prétendre au titre de "fondateur" de cette chapelle pourtant construite vers 1460 car soit simplement par piété, soit pour relever l'éclat de son nouveau fief par une fondation religieuse, il fit ce que faisaient alors les grandes familles : il installa dans la chapelle de Notre Dame de la Cour, proche de son château de Buhen, une collégiale, c'est-à-dire un chapitre de sept chanoines, composé d'un doyen, un chantre, un sous-chantre, un sacriste, un diacre, un sous-diacre et un autre chanoine ; le succès du sanctuaire s'en trouva considérablement accru.

 

"Malheureusement, Guillaume de Rosmadec, qui avait fourni des subsides aux chanoines de la collégiale de Notre-Dame-de-la-Cour sur ses ressources personnelles pendant sa vie, ainsi que le témoignent ses livres de compte (Livres très détaillés, allant de 1587 à 1594 -Archives départementales), oublia, d'assurer leur avenir par une fondation perpétuelle, aussi après sa mort, si les chanoines existant à ce moment, probablement soutenus par sa sœur Radegonde, continuèrent de remplir leur charge, ils n'eurent pas de successeurs, et le chapitre disparut par extinction. On n'en trouve plus trace à partir de 1616 où un chanoine de Notre-Dame-de-la-Cour est encore mentionné dans un acte de fondation en faveur de l'église de Lantic, et, dans un procès-verbal portant création à Notre-Dame, de la confrérie du Rosaire, le troisième dimanche d'octobre 1621, on cite le recteur de Lantic et autres prêtres mais pas de chanoines.

La maison qui leur servait d'habitation, près de la chapelle, n'a été démolie qu'en 1830, pour construire une auberge." (Morvan 1903)

Fondateur : "Il n'est donc nullement nécessaire pour justifier ce titre de lui attribuer, comme on l'a fait, la construction d'une partie de la chapelle, qui serait le bas-côté midi et la partie basse de la nef.

C'est là une assertion erronée, car d'abord les livres de compte de Guillaume n'accusent aucune dépense pour cette construction, ensuite, à partir de 1589, la guerre de la ligue, qui entraîna une diminution de ses revenus de plus d'un tiers, lui donna d'autres soucis, son château fut brûlé en 1590 ; il dut s'exiler et, à son retour d'exil, n'habita plus Lantic jusqu'à sa mort.

Enfin, si Guillaume de Rosmadec avait construit le bas-côté midi à la fin du XVIème siècle, il l'eut fait dans un style tout à fait différent de celui de la fin du XVème, car la renaissance avait déjà pénétré en Bretagne à l'époque où il vivait et c'est dans ce style que quelques années après a été édifié son tombeau." (idem).

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Malgré toute mon attention, je n'ai pas remarqué d'autre inscription, et Morvan, en 1903, n'en cite pas d'autre. Mais pourtant, le chanoine Guillotin de Corson a relevé au XIXe siècle que cette épitaphe s'achevait ainsi : DÉCÉDÉ LE V AVRIL MDCVIII. On la retrouve, sur le coté droit du monument (au sud), sur un cartouche central, sur une photographie publiée en 1904, et sur une carte postale (cf. infra). 

Plus étrange, le chevalier de Fréminville, dans ses Antiquités de Bretagne de 1837, ne l'a pas lue non plus :

 

"Sous le jubé de N. D. de la Cour , on voit un sarcophage assez élevé, sur lequel est étendue la statue couchée d'un chevalier revêtu de l'armure du temps de Louis XIII, quc nous avons déjà décrite plus d'une fois." Sa tête nue repose sur un coussin, il porte des moustaches retroussées et une petite barbe pointue au menton ; ses cheveux sont longs et bouclés sur les côtés ; il a les mains jointes selon l'usage , et les pieds posés sur un lion; à son côté gauche est une longue épée , sur la garde de laquelle est l'écusson de ses armoiries. Ce monument est celui de Guillaume de Rosmadec , ancien gouverneur de Vitré. Il est fait avec une pierre nommée dans le pays tufeau vert ; elle y remplace le kersanton pour tous les ouvrages de sculpture. Ce tufeau vert, assez abondant dans toute la partie septentrionale des Côtes-du-Nord, est une roche stéatiteuse d'un bleu verdâtre mais qui se noircit à l'air : elle se travaille facilement au ciseau.

Tout autour du tombeau dont nous parlons, on lit l'épitaphe suivante en grandes lettres majuscules.

Ci gist le corps de deffvnct Guillavme de Rosmadec , chevalier de l'ordre du roi, vicomte de Maineuf, St Didier, chastelain de Buhen, govvernevr de Vitré , seigneur supérievr et fondatevr de cette eglise.

Quoique cette épitaphe ne soit pas accompagnée d'une date , le costume de la statue de Guillaume de Rosmadec ne peut laisser de doute sur l'époque à laquelle il a vécu, et on peut fixer celle de son décès de 163o à 164o.

Il me faut pas confondre la famille des Rosmadec , seigneurs de Maineuf, avec celle des Rosmadec-Molac qui est de l'évêché de Cornouailles. Les premiers portaient le surnom de Rosmadec Goarlot , et portaient pour armoiries d'or à trois jumelles de gueules, telles qu'on les voit sur le tombeau que nous venons de décrire. Ce monument est parfaitement bien conservé." (Ch. de Fréminville p. 188)

 

 

Soit au total pour cette inscription: "Ci-gît le corps de défunt messire Guillaume de Rosmadec, chevalier de l'Ordre du Roi, vicomte de Maineuf, saint-Didier, châtelain de Buhen, gouverneur de Vitré, seigneur fondateur de cette église, [décédé le 5 avril 1608].".

 

Par suite des guerres de la Ligue, dont les effets se firent sentir en Bretagne dès 1584 et à Lantic, en 1589, Guillaume de Rosmadec, partisan, bien que catholique, de Henri IV, encore Huguenot, vit son château de Buhen attaqué et pillé, sa forêt brûlée avec le manoir par les troupes de Mercœur en 1590, et, réfugié en Angleterre, il ne put rentrer en France qu'à la fin de la guerre. Il se fixa à Saint-Brieuc où il mourut le 5 avril 1608  dans l'hôtel particulier dit de Cardenoual de son jeune ami Thébault de Tanouarn (1583-1655), seigneur de Couvran et conseiller au parlement de Rennes. Ce dernier se fit également faire un gisant (1655) par Roland Doré en l'église de Plérin. 

 

"Son cœur y fut déposé en un labe qu'il possédait en l'église Saint-Guillaume à coté du grand autel, son corps fut enterré, le 7 avril, à Notre-Dame-de-la-Cour. Monseigneur l'évêque de Saint-Brieuc, qui était Melchior de Marconnay, fit le service d'enterrement à la cathédrale, et accompagna le corps jusqu'au bas de la rue du Gouët, où les chanoines de Notre-Dame et le clergé de Plérin l'attendaient pour l'escorter jusqu'à Notre-Dame-de-la-Cour. [d'après un manuscrit de 1599 à 1609 existant dans les archives de la famille de Boisgelin, et relaté par les archives de paroisse de Lantic] où l'évêque vint chanter le service d'octave. On célébra, pour le défunt, 129 messes tant à Notre-Dame qu'à Lantic et aux environs."

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Satisfait d'avoir procédé au premier relevé épigraphique fidèle de cette inscription, je me redressais, un peu courbatu, pour voir comment se portait mon hôte. Il portait au bras gauche l'écusson que j'avais appris à blasonner, et le long de la cuisse son impressionnante rapière.

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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J'allais au pieds du défunt, afin d'accomplir les devoirs à son égard en l'aspergeant d'eau bénite. Le bénitier portait le blason seigneurial, et les traces d'une couronne.

La partie inférieure du gisant avait été martelée afin d'en ôter un lion, Le lion sur lequel tout noble hobereau breton peut espérer réchauffer ses pieds pour l'éternité. 

Je l'ai retrouvé sur une carte-postale de Mancel-Binic : 72-Lantic.  Albert Auguste Jean-Marie Mancel, né en 1858 à Binic, s'établit dans cette ville en 1882 et débuta à une date non déterminée une activité d'éditeur de cartes postales, pour laquelle il obtint un diplôme d'honneur en 1901. On trouve des CPA plus tardives, vers 1906. Cette image date donc du début du XXe siècle.

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Le même photographe, ou un autre, a pris ce cliché publié en 1904 :

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Gisant de Guillaume de Rosmadec, avant 1904 (Bull. Soc. Emul. Côtes du Nord T42 p. 208)

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Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Gisant de Guillaume de Rosmadec (kersanton, vers 1608), chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Guillaume de Rosmadec employa la fortune considérable qui lui était advenue à devenir un grand propriétaire; en 1584 il acheta la terre de Lantic, à Marthe de La Porte, baronne de Vezins, veuve de Jean Le Porc, baron de Pordic et de Lantic, et devint ainsi fondateur et premier prééminencier de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour ; jusque-là le fief de Buhen avait relevé de Lantic . A la fin de sa vie, il était devenu un grand seigneur terrien, et dans les actes il ajoutait encore les qualifications de seigneur de la Villesollon et de de la Villetanou, et « commis du roi pour le service de Sa Majesté au pays armoricq de Gouello. » 

Éléments généalogiques.

 

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Christophe de Rosmadec, seigneur de Buhen-Plourhan (avant 1492/ap. 1513) épousa Françoise de Mescoual et ils eurent six enfants

L'aîné, Jean de Rosmadec seigneur de Buhen-Plourhan (décédé 1546)/ Jeanne Maillart, mourut sans héritiers.

Son frère Yvon de Rosmadec, seigneur de Buhen-Plourhan, mourut également sans héritiers.

Le troisième fils, Étienne de Rosmadec (†ca 1559), Seigneur de Lissalain hérita du titre paternel. Il épousa  le 7 décembre 1538  Geneviève Hallay,  Dame héritière de Mayneuf et de Saint-Didier . Il décéda le 23 décembre 1559 au manoir de Buhen. 

Le fils aîné d'Étienne est notre Guillaume de Rosmadec. Il épousa le 10 juin 1576 Julienne Botherel, sans descendance, mais il eut vers 1578 un fils naturel, Étienne de Mesneuf. La généalogie de Philippe Bacquer donne en note de nombreux documents sur ce que l'on peut connaitre de Guillaume de Rosmadec : j'y renvoie.

Selon les recherches de la généalogie Glo-Lepage, Guillaume de Rosmadec fut rejoint par son fils naturel  "Noble homme Estienne de Mesneuf escuyer sieur de Beauval" qui décéda le 4 juin 1628 , puis par la fille de ce dernier, "damoiselle Gillone Leztic" décédée le 6 avril 1648.

 

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Selon Pol de Courcy :

 

ROSMADEC (De); Sr dudit lieu, vicomte de Gouarlot et sr de Kergoët, par. De kernével, — sr de Kergonoiu, par. De Rosporden,

Rosmadec (de) , sr dudit lieu, — vicomte de Gouarlot et sr de Kergoët, par. de Kernével , — sr de Kergoniou , par. de Rosporden , — de Coëtquis, par. de Servel, — du Plessix-Josso, par. de Theix, — de Kertulet, — de l'Espinay, — vicomte de May- neuf, par. de Saint-Didier, — châtelain de Buhen en 1632, par. de Plourhan , — sr de la Villesolon, par. de Plérin, — du Bosc, par. de Lantic, — du Cosquer , par. de Guimaëe. Réf. et montres de 1426 à 1536, par. de Kernével, Rosporden,  Servel, Plourhan et Laantic, év. De Cornouailles, Tréguier et Saint-Brieuc.

D'or à trois jumelles de gueules (sceau 1365), comme Coëtven ; alias : chargées d'un chevron d'argent (G. Le B. ), pour la branche de Coëtquis. Devise : Uno avulso non deficit alter.

Riou, fils d'Hervé, témoin du partage d'Hervé et Erard de Léon en 1329 ; Riou, épouse en 1396 Constance de Pestivien, veuve de Jean d'Avaugour ; Pierre, épouse vers 1500 Louise Josso, dame du Hallay, dame de Mayneuf ; Guillaume, grand veneur, grand maître et réformateur des eaux, bois et forêt de Bretagne en 1573, chevalier de l'ordre et gouverneur de Vitré, + 1608, père d'autre Guillaume, chevalier de l'ordre en 1632 ; un chevalier de Malte en 1656, chef d'escadre en 1690.

 

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LA SCULPTURE TUMULAIRE DE ROLAND DORÉ.

(D'après Le Seac'h).

L'atelier de Roland Doré (1618- Plouedern 1663), tailleur de pierre et sculpteur établit à Landerneau pour bénéficier de l'arrivée par voie fluviale du kersanton, pierre extraite sur les rivières de Daoulas et de L'Hopital-Camfrout en rade de Brest, est le plus renommé des ateliers de Basse-Bretagne pour le XVIIe siècle. On trouve les œuvres de ce sculpteur d'exception, "Michel-Ange du kersanton", dans plus de 82 paroisses, essentiellement dans le Léon et le nord de la Cornouaille. Il a exercé pour des commandes religieuses (statues, croix et calvaires), mais neuf gisants d'hommes d'armes et quatre statues en pied témoignent de son activité dans le domaine profane.

Ses neuf gisants se concentrent autour de Saint-Brieuc pour six tombeaux, et dans le Finistère . Ce sont :

  • Gisant de Guillaume de Rosmadec, vers 1608. Chapelle Notre-Dame-de-la-Cour, Lantic (22). Ce serait la plus ancienne.
  • Gisant  de la famille de Bois-Boissel.  Angle sud-est du cloître de la cathédrale de Tréguier (22). 
  • Deux gisants  des Bréhant.  Cloître de la cathédrale de Tréguier (22). 
  • Gisant de Thébault de Tanouarn, vers 1655. Enfeu du transept nord de l'église de Plérin (22).
  • Gisant de Gilles de la Noë. Conservé au château de Keranroux à Ploujean (29) mais provenant de l'église de Plounez (fusionné avec Paimpol (22).
  • Le gisant de Jacques Barbier, seigneur de Kernaou à Ploudaniel. 1638.Conservé au Musée du Léon de Lesneven (29).
  • Gisant d'Auffray du Chastel, vers 1638. Musée départemental breton de Quimper, venant de l'église Saint-Théleau de Landeleau (29).
  • Gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc (1640). Musée départemental breton de Quimper, venant de la chapelle Saint-Eutrope de Plougonven (29).

Dans tous les cas, les gisants de kersanton  sont allongés, les mins jointes, vêtu de la même armure Louis XIII au col à plis empesés en ailes de chauve-souris, les pieds posés sur un lion ou un lévrier, et l'épée au coté gauche. La tête repose sur un "carreau" ou coussin à pompons, rarement soutenue par des anges. Ils affichent un visage serein, les yeux clos dans la tradition médiévale avec une chevelure bouclée semblable à une perruque qui s'étale sur les cotés. Une fine moustache ombre la lèvre supérieure et un toupet taillé en pointe sur le menton rappelle la coiffure des mousquetaires sous Louis XIII. Un blason est parfois présent contre le bras gauche, mais les armoiries et des inscriptions sont gravés sur les flancs du monument. Un bénitier est présent dans deux cas.

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SOURCES ET LIENS.

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CHAPELLE N.D DE LA COUR, LANTIC. 

https://chapellelantic.weebly.com/

BARTHÉLÉMY (A) Revue historique nobiliaire et biographique T. XIII,1876 pages 177- 186.

https://books.google.fr/books?id=lCYFAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=lantic&f=false

COURCY (Pol de), Nobiliaire et armorial de Bretagne vol. 3. page 71

https://archive.org/stream/NobiliaireEtArmorialDeBretagne3/Nobiliaire_et_armorial_de_bretagne3#page/n79/mode/2up

COURCY (Pol de), Nobiliaire et armorial de Bretagne, Volume 2

https://books.google.fr/books?id=k7JBAAAAcAAJ&pg=PA361&dq=%22par.+de+Kern%C3%A9vel,+Rosporden%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi1pJ7rmOTXAhWKbFAKHdpDAK0Q6AEIJzAA#v=onepage&q=%22par.%20de%20Kern%C3%A9vel%2C%20Rosporden%22&f=false

 

— FAMILLE ROSMADEC

http://vps199509.ovh.net/yeurch/terre/teneur/R/Rosmadec.htm

 

— FRÉMINVILLE (Chevalier de) 1837, Antiquités de la Bretagne, J-B. Lefournier, Brest pages 187-188.

https://books.google.fr/books?id=LYNiAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=lantic&f=false

— GENEALOGIE Généalogie GLO-Lepage

http://genealogie-glo-le-page.fr/indexsansphoto.php?bouton=6

— GUILLOTIN DE CORSON (Abbé), 1896, Mayneuf (Vicomté), , LES GRANDES SEIGNEURIES DE HAUTE BRETAGNE Comprises dans le territoire actuel du département d'Ille-el- Vilaine, Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou par la Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne, Nantes page 350 et ss.

 https://archive.org/stream/revuedebretagne57nantgoog#page/n355/mode/2up

HOZIER (Jean François Louis d ' ) CARNÉ, (Gaston de ) , 1884, Les chevaliers bretons de Saint Michel depuis la fondation de l'ordre: en 1469,  https://archive.org/stream/leschevaliersbr00carngoog#page/n429/mode/2up

INFOBRETAGNE : LANTIC

http://www.infobretagne.com/lantic.htm

INFOBRETAGNE :  SAINT-DIDIER 

http://www.infobretagne.com/saint-didier.htm

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Description matérielle : 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm. Description : Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Édition : Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut pages 222-226.

— MORVAN (Jean), 1903, Monographie de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, en Lantic (Côtes-du-Nord) Bulletins et mémoires / Société d'émulation des Côtes-du-Nord T. 41 pages 177-214

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207842x/f197.item

— RAISON DU CLEUZIOU (Alain) , 1904, Guillaume de Rosmadec et la seigneurie de Buhen-Lantic Société d'émulation des Côtes-d'Armor p. 207-306

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2078439/f225.image

TOULLELAN (Guy), 1978,  Toullelan, Notre Dame de la Cour en Lantic, Jos Le Doaré,  24 pages

VIDEO:

https://www.youtube.com/watch?v=OxxA_tRPhvo

 

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Published by jean-yves cordier
25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 22:55

Les statues de la chapelle Saint-Jacques de Merléac .

 

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Sur cette chapelle, voir :

 

 

Sur saint Jacques, voir :

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet: la verrière de saint Jacques le Majeur (1548) ou baie n°2, et la statue de Jacques en majesté.

 

 

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​​​​​​La chapelle Saint-Jacques de Merléac (22) n'est pas seulement remarquable par ses vitraux du début du XIVe siècle, parmi les plus anciens de Bretagne, ou par sa maîtresse-vitre de 1402 vouée à la Passion et à la Légende de saint Jacques, ou par ses peintures murales de la Passion, ou par ses lambris peints exceptionnels, mais aussi par un corpus de statues du XIVe au XVIe siècle. J'en ai photographié 14, dont 3 du patron de la chapelle, et 6 de la Vierge. Elles ont été restaurées en 2014 par l'atelier Arthéma Restauration de Nozay (44170) pour un montant de 28 815 € .

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    La Capella Sancti Jacobi.

    La chapelle était  achevée pour l'année 1317, mais l'aménagement a peut-être été interrompu ou détruit pendant la guerre de Succession de Bretagne de 1341 à 1364, puisque c'est en 1402 qu'elle reçut sa maîtresse-vitre. 

    Merléac appartenait aux Rohan, dont les armoiries sont partout dans l'édifice, sur la maîtresse-vitre, comme sur les murs et sur les piles de la nef.

    La chapelle porte le nom de Saint-Jacques depuis son origine, ce qui   est attesté par un acte de 1317 concernant un évêque de Quimper du nom d'Alain I qui ne nous est connu que par cette commission qu'il donna, en 1317, à l'official de Poher et Quintin pour terminer un différend qui s'était élevé entre Olivier II , vicomte de Rohan (1271-1336), le grand chantre de l'église de Quimper et le vicaire de "Merliac".  La paroisse de Merléac, qui  appartenait au diocèse de Quimper et avait pour succursale Quilio,  avait pour subdélégation Quintin ; la cure était présentée par le grand chantre de la cathédrale de Quimper. Dans le texte de 1317 qui suit,  la chapelle de Saint-Jacques est dite de novo construitam " reconstruite à l'état neuf" , et est l'objet d'un procès au sujet des revenus et profits de cette chapelle entre le chantre de Quimper qui avait en cette qualité juridiction dans la paroisse de Merléac et le recteur de Merléac. Le vicomte 0livier de Rohan intervient pour revendiquer  ces revenus et profits comme devant être employés à sa construction et réparation. L'official (juge des affaires ecclésiastiques)  de Poher et de Quintin, délégué par Alain, évêque de Cornouailles, décida que le chantre Guillaume percevrait le tiers des émoluments, que le sixième des deux autres appartiendrait au recteur de Merléac à la charge d'y célébrer la messe tous les mardis et le jour de la fête de saint Jacques, enfin, que le reste demeurerait aux mains du vicomte de Rohan pour être employé à l'entretien de l'édifice. Il y est fait mention d'offrandes déposées à la chapelle (emolumentorum & oblationum delatorum & provenientium) ce qui peut laisser supposer que le culte du saint était établi  depuis longtemps en ce lieu.

    Le texte latin est donné par Dom Morice dans ses Preuves, page 1275-1277 : 

     

    "Universis præsentes litteras inspecturis & audituris, Officialis Curiæ de Poher & de Kintin Commissarius specialiter deputatus à reverendo in Christo Patre ac Domino Domino Alano Dei gratia Corisopitensi Episcopo, cujus commissionis tenor talis est : Alanus miseratione divina Corisopitensis Episcopus Officiali nostro de Poher & de Quintin, salutem in Domino. Cum inter venerabilem virum Guillelmum Cantorem Ecclesiæ Corisopitensis ratione Cantoriæ suæ ac Vicarium Ecclesiae de Merliac, scilicet ratione suæ Vicariæ in eadem Ecclesia de Merliac contra vel divisim ex parte una, ac nobilem virum Oliverium Vicecomitem de Rohan militem ex altera ratione juris sui quod habere debebat, ut dicebat, in capella sancti Jacobi sita infra metas seu fines ipsius parochiæ de Merliac ;ipsis Cantore atque Vicario in contrarium asserentibus & juxta jura & consuetudinem Ecclefiae, portiones sibi debitas in talibus & consimilibus obtentis se habere & in possessione, ut dicebant, habendi & percipiendi se se affirmantibus in eadem capella, videlicet in emolumentis obvenientibus, oblationibus provenientibus & provenire debentibus ad capellam hujusmodi de novo constructam & ad truncum ejusdem & etiam ad altare ; nonnullae quaestiones tam per viam ordinariam, quam per viam appellationis, quam etiam Metropolitana & etiam autoritate Apostolica tamin judició,quam extra quocumque & ratione hujusmodi .. vel prætextu hucusque fuerunt exortæ, audiendidi dictarum partium rationes & proposita hinc & inde super his, & eorum sequentiis ac ea tangentibus, ipsasque partes ad concordiam reducendi ac compònendi loco mei, prout conveniet, inter eas super præmissis & ac ea tangentibus & alia faciendi quæ in talibus & consimilibus necessaria requiruntur, vobis liberam committimus ac plenariam potestatem & etiam vice nostra compellendi censusa Ecclesiastica etiam partes hujusmodi ad observandum inviolabiliter super hoc ordinata donamus vobis & à vobis inter partes praediétas. Datæ teste sigillo nostro die Jovis post Lætare Jerusalemanno Domini millesimo tricentesimo septimo decimo : salutem in Domino. Noverint universi quod post nonnullas altercationes habitas & exercitatas, motas & habitas inter dictos Cantorem, Vicarium & praedictum Dominum Vicecomitem ad invicem ratione dictae & emolumentorum & oblationum delatorum & provenientium ad dictam capellam & imposterum deferendorum, praedicto Cantore afferente hujusmodi emolumenta ad se pertinere ratione Cantoriae suae & dicta Ecclesia de Merliac annexae quo ad duas partes ab antiquo dictae Cantoriae ; praedicto vero Vicario eadem emolumenta ad se pertinere proponente ratione dictæ Vicariæ suae ; dicto vero Domino Vicecomite dicente similiter & proponente dictam çapellam minime debere ibidem de novo construi & ædificari, ut pote in terris & possessionibus suis, nisi ipso prius volente, consentiente & ad hoc consenfum expressum præbente, & supposito etiam quod in hoc consentiret & præberet assensum quod dicta emolumenta debebant ad contructionem & edificationem dictae capellae de jure & consuetudine loci primitus applicari & converti. Super quibus præmissis ad pacem & concordiam coram nobis autoritate qua supra, devenerunt in modum qui sequitur dictæ partes : videlicet quod dictus Cantor debet habere & habebit, qua supra ratione, tertiam partem dictorum emolumentorum ad dictam capellam pervenientium dumtaxat proportione ipsius attingente in præmissis, de quibus est contentus : dictus vero Vicarius debet habere & habebit sextam partem duarum partium residuarum emolumentorum ipsius capellæ pro portione ipsius similiter attingente ratione dictae Vicaria & de tanto et contentus: residuum vero diétorum emolumentorum reservabitur ad applicandum & convertendum ad aedificationem, constructionem & reparationem dictæ capellæ & circa utilitatem ejusdem ...etc, etc". Preuves de Dom Morice I, p 1275.

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    Le pèlerinage de Compostelle en Bretagne.

    Merléac  est situé sur l'un des chemins de Saint-Jacques en Bretagne, celui qui va de l'abbaye de Beauport (Paimpol) à Nantes en rejoignant les autres voies à Redon.

    De Nantes, le pèlerin rejoignait un des ports d'embarquement pour Compostelle, comme Bourgneuf ou Talmont . La Via Turonensis, route terrestre  la plus occidentale, était sans doute l’itinéraire choisi par les pèlerins bretons se rendant à Compostelle à pied ou à cheval, ce qui les conduisait à traverser toute l’Aquitaine, du Poitou à la Gascogne.

    La pratique du pèlerinage est attestée parmi la noblesse de Bretagne au XIVe et XVe siècle. En juin 1406, Jean V donne 15 écus à Jehan de l'Angle pour se rendre en pèlerinage à saint Jacques. A partir de 1420, il procède à des dons successifs, mais n'honore pas la promesse de s'y rendre et d'y offrir son poids d'or, argent ou cire, faite lorsqu'il était prisonnier des Penthièvre. 

    Déjà, les compatriotes de du Guesclin montraient un grand zèle pour le pèlerinage de Saint-Jacques. On sait que pendant que le connétable se trouvait prisonnier à Bordeaux, Henri de Transtamare, étant dans cette ville, avec deux compagnons, ces étrangers furent annoncés au geôlier comme trois pèlerins bretons.

    En 1416, Jean, duc de Bretagne, écrivait au roi d'Angleterre pour lui demander la mise en liberté de quelque pèlerins de ses sujets pris à bord d'un navire.

    Jaloux d'offrir leurs hommages à l'apôtre de l'Espagne, et empêchés de se rendre en personne au lieu où il était particulièrement honoré, les ducs de Bretagne chargeaient un procureur de les représenter au tombeau du saint et d'y porter leur offrande, consistant généralement en un calice, armes parlantes. Un compte publié par D. Morice nous montre un certain Guillaume le Regnec commis à cet effet, pour les fêtes de Pâques, en 1434 et durant les trois années suivantes; le duc lui passe pour son voyage 30 écus chaque fois, et pour ses dépens, messe et chevelices, 20 livres. Un autre compte, quelque peu postérieur, renferme le nom de "Dom Jehan Coroleau, prestre, que le duc (Arthur III) a envoié pour luy en pelerinage à S. Jacques en Galice, et pour y offrir un calice d'argent". Voilà ce que Jean de Mauléon entendait par chevelice, et la fin de son compte montre bien que c'était l'usage, à la cour de Bretagne, d'envoyer chaque année à Saint-Jacques-de- Compostelle un procureur chargé d'une mission semblable à celle des deux personnages dont nous venons de parler." Francisque Michel Histoire du Commerce et de la Navigation à Bordeaux,principalement sous l'administration anglaise, Chapitre XXV Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, Tome I Bordeaux 1867

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    I. LES 3  STATUES DE SAINT JACQUES.

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    — La statue en pierre de saint Jacques en majesté au dessus de la porte sud, à l'extérieur. XIVe siècle, ou XVI siècle ?. 

    — La statue en bois polychrome de saint Jacques en majesté surplombant l'autel, devant la maîtresse-vitre. XVe siècle.

    — La statue de bois polychrome de saint Jacques en pèlerin.

     

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    Vue sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Vue sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Vue de la porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Vue de la porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    1. La statue en pierre de saint Jacques en majesté au dessus de la porte sud, à l'extérieur.

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    La statue en pierre de saint Jacques en majesté, porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La statue en pierre de saint Jacques en majesté, porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint Jacques est  représenté par une statue en pierre, où il trône en majesté, bourdon dans la main droite et phylactère dans la main gauche. C'est le modèle galicien, dont on trouve 14 exemples en Bretagne du XIVe au XVIe siècle (J. Roudier), dont 1 vitrail (Merléac), 7 statues en pierre (dont Merléac), et 5 statues en bois (Tréméven, Boquého -perdue-, Spézet, Merléac, et Pont-Croix). Mais ils s'inspirent des statues de Santiago en Maxestade de Galice : 

    «L’image de Saint-Jacques assis, en majesté ou en chaire, apparaît pour la première fois dans la cathédrale de Compostelle dans une sculpture créée par le Maître Mateo pour le meneau du Portique de la Gloire (1188 env.). Cependant, ce type iconographique ne sera pas très fréquent. Saint-Jacques est présenté comme apôtre (tunique et cape, pieds nus et un phylactère ou livre sacré), mais assis sur une somptueuse chaise ou trône.

    Le phylactère présente normalement un texte faisant allusion à sa mission évangélisatrice; ainsi, sur la sculpture du Portique de la Gloire, on peut lire la phrase Misit me Dominus («Le Seigneur m’a envoyé»).

    La crosse en forme de «Tau» qu’il soutient dans une de ses mains était la forme traditionnelle des bâtons cérémoniaux que les archevêques portaient et il rappelait la houlette utilisée par les apôtres lors de leurs marches pour diffuser les enseignements du Christ. Ainsi, la crosse favorisait l’idée de la mission apostolique demandée directement par Jésus à Saint-Jacques. Elle servait aussi à intensifier l’importance de Compostelle comme siège épiscopal.

     Le texte  Hic est Corpus Divi Iacobi Apostoli et Hispanorum Patroni («Ici gît le Corps du Divin Apôtre Saint-Jacques Patron des Royaumes Hispanique») apparaît inscrit sur son phylactère. Postérieurement, en 1250 environ, une autre sculpture en pierre de la même image est taillée pour une chapelle de la même cathédrale mais, cette fois-ci, elle est couronnée, en symbolisant l’Apôtre qui règne. Quant à ce modèle iconographique, on peut voir sur saint Jacques différents éléments qui identifient les pèlerins: l’escarcelle, la calebasse, la pèlerine ou le chapeau. Les représentations de Saint-Jacques assis ne vont pas au-delà du XVe siècle. Mis à part la zone d’influence de la Galice, il y a peu d’exemplaires en France, quelques uns en Bretagne, peut- être en raison de l’intensité des pèlerinages maritimes réalisés depuis cette région." http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf

    Iconographie galicienne :

    Galego: Santiago en maxestade (anónimo, ca. 1340). Procede da igrexa de Santiago de Ribadavia (Ourense) e formou parte da exposición "O Camiño, a Orixe", na Cidade da Cultura de Santiago de Compostela (2015). auteur Lameiro Wikipédia

    https://gl.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Santiago,_Cidade_da_Cultura,_Cami%C3%B1o,_a_Orixe_01-13b.JPG

     

    Exposición Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 a 13-09 2015. Parte 2.

    http://1000-lugares-en-galicia.blogspot.fr/2015/09/exposicion-camino-el-origen-museo-gaias-santiago-parte-2.html

     

    Parteluz del pórtico de la Gloria de la catedral de Santiago de Compostela.  MarisaLR - Travail personnel

    https://es.wikipedia.org/wiki/Camino_de_Santiago#/media/File:Parteluz_de_l_p%C3%B3rtico_de_la_Gloria.jpg

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    À Merléac, le saint est remarquable d'une part part ses cheveux formés de dix boules qui entourent son visage, tout à fait comme les anges ou les statues de Jean-Baptiste du Maître du Folgoët (1423-1509). La barbe est inexistante ou inapparente. Mais nous retrouvons la posture frontale et hiératique des modèles galiciens, les pieds nus propres aux apôtres, les yeux globuleux qui semblent fermés, et le phylactère tenu sur le genou gauche par la main posée à plat, laissant la banderole tomber verticalement devant le pied. Le bâton qui était tenu par la main droite est brisé au dessus du genou droit, ce qui fait que nous ne savons pas s'il adoptait la forme en tau. Un manteau déroule ses plis sinueux sur les cotés, laissant bien apparaître la robe, serrée en petits plis bouffants au dessus de la ceinture. Le siège est très bas, en forme de L procurant un appui pour les pieds. La pierre claire garde des traces d'ocre rouge.

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    La statue en pierre de saint Jacques en majesté, porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La statue en pierre de saint Jacques en majesté, porte sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    2. La statue en bois polychrome de saint Jacques en majesté surplombant l'autel, devant la maîtresse-vitre. XVe ou XVIe siècle.

    Jean-Pierre Ducouret la datait du XVe siècle dans sa notice de 1996 pour l'Inventaire. Jean Roudier la date du XVIe siècle. C'est une statue en bois (monoxyle)  taillé, peint, polychrome, avec peinture dorée, sur apprêt blanc, haute de  133 cm, large de 42 cm et profonde de  32 cm  Elle a été classée au titre d'objet le 1988/12/09.

    Inscription ST JACPUES avec une lettre q retrograde.

    Elle est très proche de la statue de pierre, mais les cheveux ont une allure plus naturelle, la barbe tombe en rouleaux verticaux, le bourdon terminé par un pommeau est intact, et le phylactère, comme brisé, est réduit à la portion congrue ou incongrue d'un mouchoir. A-t-il été amputé par un sculpteur qui n'avait pas compris sa fonction ?

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    La statue en bois de saint Jacques en majesté, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La statue en bois de saint Jacques en majesté, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    La statue en bois de saint Jacques en majesté, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La statue en bois de saint Jacques en majesté, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    3.  La statue de bois polychrome de saint Jacques en pèlerin.

    Elle n'est pas signalée par J. Roudier dans sa rubrique "Saint Jacques vêtu d'un long surcot", mais le saint ici représenté en apôtre (barbu, tenant un livre) tient le bourdon (brisé) de la main droite et un livre (l'évangile) de la main gauche ; il porte un manteau rouge à motifs floraux dorés  au dessus d'une tunique longue ou surcot serrée par une ceinture. Son chapeau "campaniforme" ou "melon" bleu et brun est également retrouvé sur d'autres statues de saint Jacques dont l'identité est attestée par des attributs non équivoques, comme la besace ici manquante.

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    La statue en bois de saint Jacques en long surcot, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La statue en bois de saint Jacques en long surcot, maître-autel de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    II. LES SIX STATUES DE LA VIERGE (ET CELLE DE SAINT JEAN).

    Dans la chapelle, les vitraux des bas-cotés attestent de l'importance donnée au culte de la Vierge couronnée. J'ai compté ici six statues de Marie, dont deux sont couronnées.

    — La Vierge couronnée à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome, XIVe.

    — La Vierge couronnée à l'Enfant "à l'oiseau". Bois, trace de peinture bleue.

    — La Vierge à l'Enfant en pierre, XVe siècle. 

    —  Notre Dame de Lorette, bois polychrome, XVIIIe siècle

    —  La Pietà, bois polychrome, XVe siècle.

    —  La Vierge et saint Jean, issus d'un Calvaire (Poutre de Gloire ?), bois .

     

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    4. La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe.

    C'est sans doute elle qui a bénéficié des travaux en 2014 de l'entreprise de restauration Arthéma, nécessitant un  avenant de 1 467 € englobant la restitution sculptée du visage de l'enfant et l'intégration polychrome de ce visage selon un ancien cliché d'archives.

    Elle est désignée sous le terme de "Vierge à l'Enfant n° 1" dans la base Palissy et fait l'objet de la description suivante par Jean-Pierre Ducouret  dans sa notice de 1996 pour l'Inventaire : 

    bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome, peint doré . Vierge déhanchée, couronnée, tenant un globe dans la main droite et l'enfant vêtu d'une tunique longue sur la main gauche. Revers très évidé, main droite assemblée. H= 118 cm.Mauvais état de la polychromie, vermoulure, tête de l'enfant cassée sommairement réparée.  Classée à titre d'objet 1909/04/08. 

    Il est peu probable que Marie tienne un globe, et il s'agit plus probablement d'un fruit rond, pour ne pas dire une pomme, tandis que la sphère jaune tenue par l'Enfant correspond volontiers à un globe. Ainsi s'établit la relation spéculaire complexe et polysémique entre la pomme, fruit des entrailles — le fructus ventris tuis Iesus de l'Ave Maria — mais aussi support du Désir d'Adam et Éve qui a plongé l'Humanité dans la Chute, et l'orbe cruciger du Christ victorieux de la mort et Rédempteur du monde. Thématique déjà développée à propos de la Vierge à l'Enfant du calvaire de Rumengol.

     

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    La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge à l'Enfant "à la pomme". Bois polychrome. XIVe. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    5. La Vierge  à l'Enfant "à l'oiseau". Bois, trace de peinture bleue.

    Dans cette très belle statue de Marie couronnée, l'Enfant, de grande taille et vêtu d'une longue tunique, tient un objet que j'identifie comme un oiseau. Les deux visages au large front, aux joues rondes et au menton saillant partagent des traits féminins. Les traces de peinture bleue sont retrouvées sur le manteau marial.

     

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    La Vierge  à l'Enfant "à l'oiseau".  Bois avec traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge  à l'Enfant "à l'oiseau". Bois avec traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    La Vierge  à l'Enfant "à l'oiseau".  Bois avec traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge  à l'Enfant "à l'oiseau". Bois avec traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    6. La Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest.

    Jean-Pierre Ducouret la désigne en 1996 pour l'Inventaire comme "Vierge à l'Enfant (2)", et la décrit comme une  statue taillée dans une pierre à grains fins, de couleur grise, non peinte et ne présentant pas de traces de polychromie. haute de 104 cm, profonde de 23 cm.  Vierge à l'Enfant de facture savante, aux plis abondants et mouvementés. Mauvais état : l'enfant a disparu, la tête de la Vierge est cassée et sommairement réparée ; nombreuses cassures dans les plis, cassure par le milieu de la statue sous la taille.

    Placée en hauteur sous la baie du mur occidental, elle n'a pas répondu à mes attentes de photographe amateur, même en adoptant un angle de vue plus favorable : elle a conservé une allure fantomatique, un sourire crispé et des yeux caves. Un autre viendra, qui saura lui rendre justice.

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    Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Vierge à l'Enfant en pierre, XVe, pignon ouest. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    7. Notre-Dame de Lorette. Bois polychrome, XVIII.

     

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    Jean-Pierre Ducouret la décrit comme une statue de bois (monoxyle) : taillée, peinte, polychrome, peinture dorée (repeint), XVIIIe siècle, h = 56 cm, Vierge déhanchée, au plissé savant, s'inspirant d'un modèle  d'applique ; revers plat. N.D. DE LORETTE, peint sur la base.

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    Notre-Dame de Lorette. Bois polychrome, XVIIIe siècle.  Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Notre-Dame de Lorette. Bois polychrome, XVIIIe siècle. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    8. La Vierge de Pitié (Pietà), XVe siècle.

    Selon Jean-Pierre Ducouret, les jambes et la tête du Christ sont assemblées ; les mains de la Vierge et les côtés de son siège sont assemblés et fixés par des chevilles. Le buste de la Vierge est orné de 3 losanges en pâte de verre noire. Groupe en bois (en plusieurs éléments) : taillé, peint, polychrome, peint doré, sur apprêt (blanc) ; pâte de verre (décor). h = 95 ; la = 86 ; pr = 25.  Mauvais état de la polychromie ; vermoulure : la base de la statue est dégradée par la pulvérulence. XVe siècle classé au titre objet 1988/12/09.

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     La Pietà, XVe siècle, chapelle latérale nord de la  chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Pietà, XVe siècle, chapelle latérale nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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     La Pietà, XVe siècle, chapelle latérale nord de la  chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Pietà, XVe siècle, chapelle latérale nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    9 et 10. La Vierge et saint Jean au pied de la Croix (Poutre de Gloire ?). Bois, traces de polychromie.

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    La Vierge  au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge  au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint Jean La Vierge  au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Jean La Vierge au pied de la Croix. Bois, traces de polychromie. Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    III. SAINTS ET SAINTE :  APOLLINE, UN SAINT ABBÉ ET QUATRE   SAINTS ÉVÊQUES.

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    — Le martyre de sainte Apolline, bois polychrome, XVe siècle. 

    — saint abbé.

    — saint évêque.

    — saint évêque.

    — saint évêque : saint Brieuc.

    — saint évêque.

    L'un des évêques pourrait être le dominicain Jean Validire, né à Saint-Léon en Merléac

    "Jean VALIDIRE, né dans la paroisse de Merléac, près d'Uzel, religieux dominicain du couvent de Morlaix, devint confesseur du duc Jean V, puis évêque de Léon, et fut transféré à Vannes le 18 novembre 1453 par le pape Eugène IV. Son église tombant en ruines, il en fit réparer la meilleure partie, et construire les chapelles de Notre Dame et de Saint-Léon, de concert avec le chapitre. Ce prélat, surnommé aussi de Saint-Léon, éleva, auprès de la maison de ses parents, une chapelle en l'honneur du grand pape dont il portait le nom. Ce fui lui qui bénit à Aurai, en 1442, le mariage de François Ier, duc de Bretagne, avec la princesse Isabeau d'Ecosse. Il mourut en 1444y et fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame, où l'on voit encore son tombeau."

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    11. Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle.

    Jean-Pierre Ducouret la décrit pour l'Inventaire comme une statue d'applique en bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome au revers évidé ; groupe relié. Sainte Apolline, mains liées, et son bourreau, coiffé d'un chapeau volumineux, chaussé de poulaines pointues. 15e siècle. h = 83 cm, pr. 12 cm . Classé au titre d'objet 1909/04/08. Le dossier de l'Inventaire est accompagné d'une photographie

    L'article Merléac d'Infobretagne propose aussi une carte postale ancienne où sont photographiées les principales statues de la chapelle, dont celle-ci.

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    Le martyre de Sainte Apolline est relaté par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique, reprenant une lettre de l’évêque Denys d’Alexandrie à Fabien, évêque d’Antioche. Jacques de Voragine (1228 – 1288) reprend cette histoire dans le tome II de sa Légende Dorée.

    Apolline, ou Apollonie, vierge consacrée d’un certain âge, vivait à Alexandrie sous le règneet les persécutions  de Dece Trajan (201 – 251). Une vierge consacrée faisait vœux de vivre au service de l’Eglise dans le célibat et la chasteté.  Des émeutiers rencontrèrent ainsi Apolline qui, malgré le danger, s’était aventurée dans les rues pour accomplir une sainte mission, et se moquant de son âge, lui brisèrent la mâchoire à coups de pierre puis lui arrachèrent les dents.

    Ils allumèrent ensuite un grand feu menaçant de l’y jeter si elle n’abjurait pas le Christ. La Sainte leur demanda un instant de réflexion, puis ayant ainsi trompé leur surveillance, elle se jeta d’elle-même dans le feu.

    Les relations commerciales de la Bretagne avec le Nord de l'Europe (Merléac était un centre de production et de blanchiment des toiles, et la foire, ou Cohue, de Saint-Léon / Saint-Jacques était réputée) entraîna l'introduction de la dévotion envers sainte Apolline à la fin du Moyen-Âge.

    Il manque vraisemblablement ici le deuxième bourreau qui devait tenir, comme dans de nombreux exemples de statues, la tenaille présentant dans ses mors une molaire. Mais la bouche sanguinolente d'Apolline témoigne de son méfait. L'autre bourreau suspend la sainte à un arbre par les cheveux, enroulés en spirale à une branche. Ce détail n'existe pas dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Il est visible sur Le martyre de Sainte Apolline peint par Jean Fouchet dans les  Heures d'Étienne Chevalier : un des bourreaux, encouragé par le diable, tire les cheveux de la sainte, tandis que l'autre lui arrache les dents avec une longue tenaille.

    On verra aussi les groupes sculptés de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, de la chapelle de La Houssaye à Pontivy, ou de l'ancienne chapelle de Coat-Quéau à Scrignac, un bois peint, vers 1560, conservé au Musée départemental breton de Quimper . Le détail des cheveux entortillés se découvre dans le groupe de Scrignac, mais c'est au Faouët que la sainte est spectaculairement suspendue à une branche par un nœud formé par ses cheveux.

     

    http://www.lavieb-aile.com/2016/01/les-sculptures-de-la-chapelle-saint-fiacre-au-faouet.html

    http://www.lavieb-aile.com/article-la-chapelle-de-la-houssaye-a-pontivy-2-110130428.html

    Musée Départemental Breton : 

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    Le martyre de sainte Apolline, Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.

     

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    Les poulaines (qui seront abandonnées vers 1470), les chausses très ajustées, la tunique très courte du bourreau, sont des détails qui se retrouvent à La Houssaye . La position fléchie agressive voire équivoque du genou est figurée à Merléac, à La Houssaye et au Musée Départemental de Quimper.

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    Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le martyre de sainte Apolline. Bois polychrome, XVe siècle. Bas-coté sud de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    12. Un dominicain ou un saint abbé ?

     

    La base Palissy décrit d'une part un saint moine, décrit comme un dominicain tenant un livre, et d'autre part un "saint abbé (?)".

    a) "Statue en bois taillé peint, h = 104 cm,  Notice de l'Inventaire général rédigée par Jean-Pierre Ducouret en 1997."

     

    b) "Saint abbé (?), bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome bénissant, tenant un livre main gauche, vêtu d'une chape, tête nue. 15E siècle h = 104 cm . Mauvais état de la polychromie ; base cassée ; vermoulure. Jean-Pierre Ducouret. 1996" 

     


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    Un saint abbé ou un dominicain, bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Un saint abbé ou un dominicain, bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Un saint abbé ou un dominicain, bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Un saint abbé ou un dominicain, bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    13. Saint évêque n°1.

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    Est-ce cette statue qui est décrite par  Jean-Pierre Ducouret 1996 sous la désignation de saint évêque 1, statue d'applique bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome h=115 cm, Mauvais état de la polychromie ; vermoulure. 1er moitié XVIe siècle ?

    L'évêque est mitré, il tient la crosse verte par l'intermédiaire d'un tissu, le sudarium . Il porte la chasuble sur le surplis et l'aube.

    La coiffure en deux masses latérales correspondrait à la mode du début du XVIe.

     

     

     

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    Saint évêque n°1, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n°1, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint évêque n°1, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n°1, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    14. Saint évêque n° 2. Bois polychrome, XVIe siècle. 

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    évêque mitré, statue d'applique en  bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome ; revers évidé, XVIe siècle.  h = 92 cm Mauvais état de la polychromie ; main droite cassée. Jean-Pierre Ducouret.

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    Saint évêque n° 2. Bois polychrome, XVIe siècle.  Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n° 2. Bois polychrome, XVIe siècle.  Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    15. Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. 

    Evêque 3 bois (monoxyle) : taillé, peint, polychrome . Statue d'applique h = 117cm Saint évêque, ganté, mitré, bénissant. Mauvais état de la polychromie ; partie supérieure de la crosse disparue. Jean-Pierre Ducouret 1996.

    Mitre, chirothèques, étole, chasuble, surplis, aube, crosse (brisée) et sudarium. 

    Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n°3. "Saint Brieuc", bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    16. saint évêque n°4.

    Mitre, chirothèques,, chasuble, surplis, aube, crosse (brisée) et sudarium. .

    Saint évêque n°4, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n°4, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint évêque n°4, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint évêque n°4, bois polychrome. Bas-coté de la Chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ROUDIER (Jean), 2005,   « Saint Jacques en Bretagne, culte et patrimoine » Éditions Label LN, Ploudalmézeau, 2005.

    — ROUDIER (Jean), Iconographie de saint Jacques en Bretagne (annexe de l'ouvrage précédent).

    https://www.compostelle-bretagne.fr/index.php/patrimoine-jacquaire-breton/iconographie

    https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-annexes.pdf

    — ROUDIER (Jean), 2010, Editions Label, 

    PAR TERRE ET PAR MER
 – LES PÈLERINS BRETONS À COMPOSTELLE  (Mai 2010)
    addenda pelerins bretons.pdf (160 Ko)

    SAINT JACQUES EN BRETAGNE – 
CULTE & PATRIMOINE (Avril 2010)
    etude iconographique de saint Jacques.pdf (788 Ko)
    planches A1-A24.pdf (5,0 Mo) Saint Jacques vêtu d’un long surcot. A4 Saint Jacques en majesté, les statues en pierre, A5  Saint Jacques en majesté, les statues de bois.

     

    planches B1-C8.pdf (3,5 Mo)  Saint Jacques en robe et manteau, etc
    planches D1-E6.pdf (3,7 Mo) Peintures et vitraux

     

    — SITE DE L'ASSOCIATION DES AMIS DE SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE.

    https://www.compostelle-bretagne.fr/

    — BASE PALISSY.

    http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Merl%E9ac&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=3

    — MUSEOPEREGRINACIONS.XUNTA.GAL

    http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf

    — EXPOSITION  Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 au 13-09 2015. 

    http://1000-lugares-en-galicia.blogspot.fr/2015/09/exposicion-camino-el-origen-museo-gaias-santiago-parte-2.html

    http://1000-lugares-en-galicia.blogspot.fr/2015/09/exposicion-camino-el-origen-museo-gaias-santiago.html

    — GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac",Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.

    — VENUAT (Mathieu), Chapelle Sain-Jacques, Merléac

    https://chapelle-merleac.weebly.com/chapelle-en-images.html

    — Infobretagne : 

    http://www.infobretagne.com/merleac-chapelle-saintjacques-vitraux.htm

    —OFFICE DU TOURISME 

    http://www.centrebretagne.com/office-de-tourisme/decouvrir/patrimoine/un-chapelet-dedifices-religieux/chapelle-saint-jacques-a-merleac.html

    — BRETAGNE WEB.COM

    http://www.bretagneweb.com/photos-22/22-merleac.htm

    — WIKIPEDIA : photo de la statue extérieure de saint Jacques : " Statue de Saint-Jacques sommant la porte de la costale du collatéral sud. " par GO69

    https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Merl%C3%A9ac_(22)_Chapelle_Saint-Jacques_05.JPG

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    Published by jean-yves cordier
    16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 20:26
    Vue générale de la chapelle du Pénity et de la maîtresse-vitre. Photo lavieb-aile novembre 2017.

    Vue générale de la chapelle du Pénity et de la maîtresse-vitre. Photo lavieb-aile novembre 2017.

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    INTRODUCTION.

    La maîtresse-vitre de l'église de Locronan et sa Passion riche en verres roses plaqués dataient de 1476-1479 . La verrière d'axe de la chapelle du Pénity, adjacente à l'église, est datée de 1500-1505 environ, et ne conserve qu'un seul échantillon de ces verres roses, sur les carnations du Christ du tympan. Par cette datation, elle est donc contemporaine des baie hautes  du transept et de la nef de la cathédrale de Quimper (fin XVe, vers 1496) et de la première Passion de la baie 4 de Guengat, par exemple. ( vers 1500). Quimper est éloignée de Locronan de 17 km, et Guengat de 7 km.  

    Mais c'est une baie composite et recomposée, comme l'expliquent les auteurs du volume Les vitraux de Bretagne :

    "L'antique chapelle abritant  le tombeau de saint Ronan, à l'origine située hors d'œuvre au flanc sud de l'église paroissiale, y fut raccordée quand celle-ci fut agrandie, communiquant avec elle par ses deux premières travées. Le monument lui-même paraît avoir été reconstruit  à neuf autour de 1500. Il est éclairé de quatre fenêtres mais seule la baie orientale conserve des éléments de vitraux anciens.

    "Des panneaux relatifs à la Passion en place dans son tympan sont accompagnés des armes royales, hommage à la reine ou fondation personnelle d'Anne de Bretagne, à l'occasion de son pèlerinage à Locronan en 1505. Ce qui garnissait jadis les lancettes a pu disparaître à l'occasion de l'installation d'un retable en 1735. Les saints qui s'y trouvent rapportés sont sans doute originaires de l'une des baies latérales, aux mesures identiques. La baie 6, bouchée à la suite de l' écroulement du clocher en 1808, a pu fournir les panneaux réemployés. La verrière a été restaurée en 1996 par J-P. Le Bihan, auteur des compléments colorés qui ont remplacés les vitreries géométriques. Elle l'avait été en 1906 par Marcel Delon, qui reçut ensuite commande d'une verrière pour la baie 4, "le connétable de Richement et les Bretons rejoignent les armées de Charles VII à Beaugency et, avec Jeanne d'Arc, mettent en fuite les Anglais abandonnant la ville en flamme." (Gatouillat & Hérold 2005)

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    DESCRIPTION.

    Cette verrière comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 8 ajours ; elle mesure  5,00 m de haut et  et 3,60 m de large.  Elle a été restaurée et complétée par le maître-verrier quimpérois Jean Pierre Le Bihan en 1996, comme en témoigne son blog :

    "— 1640, la foudre frappe la tour, les fenêtres et vitres sont promptement réparés.
    Baie du chevet.seule baie possédant des vitraux anciens, incorporés dans une vitrerie géométrique.
    Dans la baie du chevet, les panneaux de vitraux présentant la sainte Catherine et le saint Paul, XVIe siècle, n’ont pas le même style et ne sont pas de la même époque que la Crucifixion du tympan,
    Ils pourraient provenir de la baie 4 de cette chapelle, la largeur, correspondant bien, et leur hauteur permettraient l’implantation, au-dessous, d’autres personnages . Cette baie aurait alors eu six saints et saintes.
    — En 1735, l’autel au-dessous de la fenêtre du chevet est appelé:autel de Monsieur Saint-Ronan, et il lui est fourni un retable. Cette mise en place de ce mobilier a sûrement fait disparaître les deux panneaux inférieurs qui ont été rétablis en 1996, lors de la restauration menée par l'Atelier de Jean-Pierre Le Bihan,.suivant un calque du saint Paul de Melgven, qui est de la même main. Nous pensons que la sainte Catherine et le saint Paul ont pu rejoindre, avant cette date de 1735, cette baie du chevet.

    — 1808, écroulement du clocher, et époque probable du bouchage des baies 6, 8,et 1 dont les vitraux ont disparus.
    "

    Lire aussi l'article du 19 août 2006. Les croquis relevés lors de la restauration y ont disparus.

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-5816082.html.

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    Baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    LES LANCETTES.

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    Les vitraux anciens occupent la partie haute  des deux lancettes centrales et sont entourés d'une vitrerie moderne dont les couleurs à dominance bleue et blanche rompues de rouges et de jaune rentrent en écho avec les verres du XVIe siècle.

    Les deux saints personnages, dont les épées se répondent en miroir, et qui sont placés de 3/4 en vis-à-vis, occupent des niches architecturales tendues de damas (complétés en 1902). 

    Les niches architecturales.

    En verre blanc peint en grisaille et jaune d'argent, elles sont construites sur le même carton : sur un sol jaune à acanthes, le socle hexagonal et mouluré est orné de trois paires de roses à trois mouchettes. Le sol est dallé de carreaux à motifs géométriques bicolores.

    Les piédroits portent des pinacles engagés à crochets et fleuron.

    Un  dais  coiffe la tête du personnage d'une voûte arrondie, lilas ou verte, aérée de baies. Une tenture rouge à large galon doré supérieur et inférieur ne montre plus que des traces d'un motif damassé à palmettes ou grenades.

    La division ternaire du socle se retrouve sur les éléments supérieurs, qui reproduisent l'aspect d'une chapelle à trois frontons à oculus, trois rangées de baies à remplage flamboyant, deux pinacles quadrangulaires servant d'appui à des arcs-boutants, et une tour sommitale à trois ouvertures. Tout cela est enrichi, comme par un pâtissier maniant avec enthousiasme sa poche à douille, de perles ou de gras serpentins de crochets et fleurons dorés.

    Jean-Pierre Le Bihan a écrit :

    "L'édifice qui est présenté ci contre est bien construit avec son clocher tour, ses pinacles, ses quatre contreforts,ses trois frontons, ses dix-sept baies et ses trois oculus; la perspective est encore ignorée."

    Ces niches rappellent celles qui abritent les saints et les donateurs des fenêtres hautes du transept et de la nef de la cathédrale de Quimper (baies 113 à 129) voire celles des fenêtres hautes du chœur (vers 1417). Jean-Pierre Le Bihan a remarqué cette ressemblance pour la baie 123 (article du 8 août 2007).

     

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    Baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Partie haute de la lancette B  : Sainte Catherine d'Alexandrie.

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    Sainte Catherine est couronnée car elle est la fille du roi Costus et  tient un livre témoignant de sa réputation de haute instruction et de sa capacité à opposer à l'empereur Maxence "diverses démonstrations de syllogismes, d'allégorie ou de métonymie"  afin de le convaincre de renoncer à la persécution des chrétiens.  Elle tient aussi l'épée de son supplice par décollation, mais l'artiste n'a pas représenté la roue brisée et munie de lames qui est son principal attribut.

    La couronne nimbée est posée sur un voile couvrant de longs cheveux blonds.   La sainte porte une chape bleue dont la large bordure dorée et le mors sont enrichis de pierreries et de perles. Cette chape recouvre un surcot clos damassé (motif à chardon ?) rouge et une jupe  dorée également damassée. L'élément le plus remarquable est  le "surcot ouvert" auquel je consacre une étude particulière en annexe. Nous n'en voyons que le placard sternal blanc (fourré d'hermine vraisemblablement) richement orné de joaillerie. 

    Le livre est protégé par une étoffe verte. Ce détail se remarque dans la Madeleine lisant de Rogier van der Weyden  (1435-1438) ou dans l'Agneau Mystique de Van Eyck. Ces "reliures d'étoffe" ont été étudiées par Nathalie Coilly en 2003 qui distingue les "couvrures" et les "chemises". Celles-ci  se déploient élégamment autour du volume tout en en constituant l’enveloppe protectrice. La chemise est probablement l’héritière directe de la tradition chrétienne du manutergium, voile liturgique employé dès les premiers temps du christianisme pour éviter le contact entre un objet sacré et les mains de l’officiant ... Les dames fortunées possèdent au moins un livre d’heures, de petites dimensions, parfois orné comme un bijou. La confection d’une reliure d’étoffe renforçait l’attachement à cet intime et précieux support de dévotion. Ces chemises de livre étaient très prisées à la fin du XIVe siècle, notamment par Jean de Berry.

    "During the late fourteenth century, the utilitarian monastic chemises of animal skins were transformed into rich textile coverings. As a style, this type of binding persisted until the artistic and political changes of the sixteenth century." (Bearman 1996)

    On distinguera peut-être cette chemise du  sac à livre fut d'usage courant durant tout le Moyen Âge et jusqu'au XVIe siècle. "La couverture qui excédait d'un côté le format du livre, pouvait l'envelopper complètement en se repliant et en se fermant par un nœud. On reliait ainsi les ouvrages destinés à être transportés. On pouvait en outre les porter sur soi, attachés à la ceinture par exemple." 

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    Comparer cette sainte Catherine avec :

    — la baie 105 de la cathédrale de Quimper (vers 1417) : même attitude inclinée vers le bas de la tête, même couronne nimbée mais pas de voile, un manteau bleu à orfroi doré remplace la chape,  même surcot clos rouge, même décolleté carré,  mais le surcot ouvert n'y est pas visible. La sainte tient l'épée, mais aussi la roue à la place du livre. Même niche architecturale à sol dallé et dais à voûte et tenture.

    http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-ix-la-baie-n-105.html

    — La lancette D de la baie 112 de Quimper (vers 1417). On y fera les mêmes constatations que pour la baie 105, mais l'épée y est très peu visible. Dans les deux cas, le visage est très éloigné de la Catherine de Locronan.

    http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-des-baies-110-et-112-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper.html

    — La lancette D de la baie 106 de Quimper (vers 1417) : mêmes constatations, mais le manteau est rouge. Pas d'épée, mais la roue.

    http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-iii-les-baies-106-et-108-et-les-pupilles-au-jaune-d-argent.html

    — La lancette A de la baie 109 (vers 1417). Manteau blanc, surcot rouge, épée tenue sur l'épaule.

    http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-fonds-damasses-des-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-de-quimper.html

    — La 5ème lancette de l'église de Runan (1423). Manteau blanc à galons dorés sur un surcot ouvert doré.  

    http://www.lavieb-aile.com/article-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-runan-22-123343694.html

    — La sainte Catherine de la baie 4 de Guengat panneau C2 (vers 1500). 

    http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-29-i-les-vitraux-122885533.html

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    Sainte Catherine, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Sainte Catherine, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Sainte Catherine, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Sainte Catherine, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Partie haute de la lancette C  :  Saint Paul.

    Sur fond rouge et sous une voûte verte, saint Paul répond à sainte Catherine en portant  les mêmes attributs, l'épée et le livre. La partie inférieure du personnage, perdue, a été restituée en 1996 par Le Bihan d'après une figure du même carton conservée à Melgven. Voir Maîtresse-vitre de Melgven.

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    Saint Paul,  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Paul, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint Paul,  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Paul, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    L'un des intérêts de cette lancette est d'offrir, pour le visage de l'apôtre Paul,  un exemple des verres roses plaqués amplement remarqués dans la maîtresse-vitre de l'église de Locronan, datant de 1476-1479. 

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    Saint Paul,  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Paul, baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    LE TYMPAN.

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    "Tympan : ajour principal le Christ en croix (carnation : verre  plaqué rose sur fond blanc) : ajours latéraux inférieurs la Vierge et saint Jean au Calvaire. Fabriques colorées à l'arrière. " (Corpus Vitrearum)

     

    Les trois saints personnages de cette Passion se détachent sur un dramatique ciel rouge, comme cela sera souvent le cas dans les Grandes Crucifixions finistériennes postérieures du XVIe siècle.

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    Tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le Christ crucifié.

    Jean-Pierre Le Bihan a attiré l'attention sur les teintes sombres et diverses de l 'arrière-plan  dont un violet plaqué sur bleu que l'on retrouve à la cathédrale de Quimper.

    La croix est entouré d'ossements (deux fémurs, une omoplate et un crâne qui a conservé sa mandibule) puisque la Crucifixion a lieu sur le Golgotha, ou "Mont du Crâne".

     

    Christ en croix du tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Christ en croix du tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Remarquez le verre rose plaqué utilisé pour les carnations.

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    Christ en croix du tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Christ en croix du tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    La Vierge au pied de la croix.

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    La Vierge du tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La Vierge du tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint Jean au pied de la croix.

    Dernier exemple de verre rose pour le visage.

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    Saint Jean, tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Jean, tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Les deux blasons armoriés des ajours supérieurs.

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    "Ajours latéraux supérieurs : armes de France pleine à gauche, parti France et Bretagne à droite, couronnées et entourées du collier de Saint-Michel , celui de l'écu de droite entrelacée avec la cordelière. Autres ajours : motifs végétaux de la première décennie du XVIe (semblables à ceux de la baie 3 de Pleyben et à ceux du bras nord du transept de la cathédrale d'Evreux)." (Corpus Vitrearum)

    L'un des intérêts de ces blasons est de comporter deux exemples de collier de l'Ordre de Saint-Michel. En effet, il y a deux versions de ce collier, l'une, primitive, se composait de 23 coquilles Saint-Jacques en or, reliées par 23 lacs d’amour en or . Puis, en 1516 les aiguillettes durent remplacées par des doubles cordelières.

    Ce sont deux colliers de la version primitive qui sont figurés ici, ce qui date donc ces deux écus entre 1469, date de création de l'Ordre par Louis XI, et 1516, date du sacre de François Ier et de la décision de remplacer les lacs d'amour par deux cordelières, en souvenir du duc François II, très attaché à l'Ordre mineur des franciscains, dont l'habit est ceint d'une cordelière à trois nœuds.

    Mais le blason de droite est entrelacé d'une cordelière, comme si, avant François Ier, "quelqu'un" avait voulu honorer la mémoire du duc. Et ce "quelqu'un" pourrait être sa fille, Anne de Bretagne, puisque ce sont ses armes qui figurent dans les blasons.

    A l'extrémité du collier se trouve un  bijou de forme ovale représentait l’image de l’archange Saint-Michel terrassant le dragon.

    "Le Roi François Ier, au premier chapitre de l'Ordre qu'il tint après son sacre en septembre 1516, changea ces aiguillettes en doubles cordelières d'or, ( en mémoire de Saint-François ) tant à cause qu'il s'appelait François, que pour conserver la mémoire de la Reine Anne de Bretagne, mère de la Reine Claude, sa femme, qui l'en avait prié."

     

    "Le 1er août 1469, le roi Louis XI créait à Amboise l’ordre et « aimable compagnie de monsieur saint Michel » pour faire face au développement de l’ordre de la Toison d’or, créé en 1430 par son rival, le duc de Bourgogne. A la fin de la guerre de Cent ans, le royaume de France ne possédait plus d’ordre de chevalerie. Celui de l’Etoile, créé par Jean II le Bon en 1351 était tombé en désuétude après que les chevaliers aient été décimés à la bataille de Poitiers en 1356. Or, le jeune Louis, dauphin de France en révolte contre son père, Charles VII, avait pu constater le puissant outil qu’était l’ordre de la Toison d’or, lors de son exil à la cour de Bourgogne. Devenu roi, Louis XI décida d’en faire de même et plaça son nouvel ordre sous la protection de l’archange Saint Michel, « le premier chevalier qui batailla victorieusement contre le dragon… », dont la figure ornait l’étendard royal depuis le règne de Charles VII. Composé initialement de 36 chevaliers, il rassemblait autour du roi l’élite de la noblesse française. Chaque membre devait prêter un serment d’allégeance et de fidélité au monarque.  Les chevaliers étaient tenus de porter quotidiennement un collier, propriété de l’ordre, composé de coquilles reliées par des lacs d’amour, symbole de fraternité, soutenant un pendentif orné de l’archange terrassant le démon."

     

    http://www.france-phaleristique.com/ordre_saint_michel.htm

    http://www.legiondhonneur.fr/sites/default/files/pendentif_ordre_de_saint-michel_0.pdf

     

    Anne de Bretagne fut reine de France une première fois  après son mariage avec  Charles VIII en 1491, puis une seconde fois de 1499 à sa mort en 1514 par son mariage avec Louis XII. Le 15 juillet 1505, elle vint à Locronan et y suivit la Troménie et son rituel de fécondité en relation avec le nom Lokhorn, "lieu de la corne". C'est à cette occasion qu'elle accorda à Locronan le titre de «Ville» avec les privilèges qu'il comportait.   Anne de Bretagne vouait une dévotion toute particulière à saint Ronan et l'une de ses filles fut appelée Renée, forme francisée de Ronan . Elle poursuivit son voyage en se rendant au Folgoët et à St-Jean-du-Doigt.

    Voir : Geneviève Morgane-Tanguy.

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    Blason aux armes de France, tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Blason aux armes de France, tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Blason mi-parti France-Bretagne d'Anne de Bretagne, tympan de la  baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Blason mi-parti France-Bretagne d'Anne de Bretagne, tympan de la baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    ANNEXE. LE SURCOT OUVERT (1360-1500, excep. 1525).

    Anglais sideless surcoat.

    Le surcot, littéralement "sur la cotte", est un vêtement de dessus. Selon Florent Véniel, son port durera près de deux siècles mais à la fin du XIV et surtout du XVe siècle, il n'est plus guère porté que pour les cérémonies et les grandes occasions princières. Il n'est  plus à la mode après 1420, exception faite pour la tenue de mariage des princesses où il se maintient jusqu'en 1525. Il appartient à  un ensemble assorti ("robe") composé parfois de quatre à cinq  pièces ("garnements") : une cotte hardie, un surcot clos, un  surcot ouvert, un  manteau de chapelle, et une chape.

    Ce vêtement qui habille les hommes et les femmes  existe sous deux formes, le surcot clos avec des manches, et le surcot ouvert.

    Celui-ci, dépourvu de manches comme on l'aura compris, est largement découpé sur les cotés, de l'emmanchure jusqu'aux hanches et se trouve souvent garni d'une bande d'orfèvrerie ou de fourrure."Parfois même, la bande ventrale se résume à une bande d'étoffe étroite [de moins de 30 cm de large] . La cotte revêtue dessous est donc parfaitement visible et si le surcot est déceint, c'est à dire porté sans ceinture, celle-ci, placée sur la cotte, peut être admirée de tous. Le décolleté très large  sur les épaules est arrondi. Au XVe siècle, il peut se terminer en pointe pour suivre les canons esthétiques. " (F. Véniel 2008 p. 181) 

    Les comptes de l'hôtel de Charles VI en 1404 indiquent qu'il faut 500 ou 600 ventres d'écureuils  petit-gris pour faire un surcot (et 2700 ventres de menu vair pour la grande robe de cérémonie). Mais le surcot qui pouvait être de drap doublé d'agneau était le plus souvent recouvert d'hermines comme l'était la bordure des emmanchures.

    Les mêmes tenues sont attestées  pour  Jean de Berryou  pour le duc Louis d'Orléans et la duchesse Valentine Visconti  selon leur inventaire de 1389 et 1408 :

     

    "Le seul portrait contemporain de la duchesse d'Orléans qui existe aujourd'hui  la représente habillée en surcot de cérémonie décolleté, orné par devant d'agrafes joyaux  le long du corsage. La robe de dessous ou cotte est parfaitement collante sur les flancs, la poitrine, les bras et les poignets, et une ceinture d'orfèvrerie marque la ligne des hanches. Ses cheveux sont ramenés de la nuque en deux ondes sur les oreilles , et elle porte un cercle fait probablement d'or et garni de fleurettes de pierreries. Ce surcot fit partie sans doute d'un habillement de cérémonie de plusieurs pièces. La duchesse en posséda un à quatre pièces, de velours écarlate, brodé de perles à ronces et à V V S, qui consistait en un manteau de cour, en une pèlerine avec un chaperon, en un surcot et en une cotte dont les manches étaient brodées pareillement. Les robes proprement dites étaient de velours, de satin et de drap, les unes avec ceinture, les autres sans ceinture : elles étaient généralement décolletées, à revers de fourrure ou de cendal, et ajustées seulement sur la poitrine, tombant à larges plis de la taille aux pieds ; et les manches, assez justes au bras, se terminaient au poignet par de pareils revers. Les robes de velours mentionnées dans l'Inventaire II semblent avoir consisté en plusieurs pièces: l'une d'elles avait des revers de petit-gris, une autre de cendal vermeil. Nous rencontrons deux robes de satin noir fourrées de petit-gris, l'une brochée en velours à fleurettes vermeilles, l'autre à dessins de violettes blanches et rouges . Une des robes de drap était verte, doublée de cendal vert et brodée partout à chardons dont les feuilles et les fleurs étaient de perles. Une autre robe était d'écarlate vermeille, doublée de cendal de la même couleur, et brodée de perles à fleurs de bourraches et à boucles . La cotte hardie  de femme était encore assez longue, laissant à peine voir la cotte portée dessous. La duchesse en avait de très belles, entre autres une de velours cramoisi, dont le collet et les poignets étaient brodés de grosses perles. Elle avait aussi une cotte hardie avec un chaperon d'écarlate violet, semée de râteaux d'or de Cipres et de petites fleurettes de perles, et un corset de drap d'or à chevrons verts et d'or. Quelques-unes des cottes hardies, et certains corsets, étaient « sangles », c'est-à-dire non doublés. Les houppelandes suivaient les mêmes lignes : l'une était d'écarlate vermeille, brodée d'un rosier à feuilles vertes et à fleurettes de perles ; une autre était d'écarlate violet, brodée pareillement. Nous en voyons une de velours cramoisi, fourrée d'hermines, le collet et les manches brodés à mûres, dont chacune était garnie de six perles 9. Les ceintures d'étoffes étaient d'or monté sur tissu : une avait une boucle ronde d'or, émaillée de rouge clair à V V S, six doux, avec mordant d'or ; et il y en avait d'argent blanc sans tissu, d'où pendaient des clochettes ". Les manteaux étaient assez nombreux: l'un d'eux était de soie bleue figurée, fourré d'hermines ' ; un autre grand manteau « à chevaucher » était d'écarlate vermeille, doublé d'écarlate  ; un autre petit manteau de drap pers avait des revers de cendal pers . Il y avait un peignoir de bain en forme de manteau, et un autre en forme de fond-de-cuve. Le peignoir de chambre de la duchesse était de drap gris, fourré de gris ". 

    [...] 356. Une chappe de mesmes ouvrée de perles et brodée comme le dit manteau, laquelle est en deux pièces, et le chaperon d'icelle chappe

    357. Ung surcot ouvert en deux pièces ouvré de perles, et brodé comme ladite chappe. 358. Une cote simple du mesmes, ouvrée de perles, et brodé comme dessus, garnie de manches pareillement ouvrées."

    Les surcots évidés sur les côtés, constituaient, avec les corsets de drap d or et de fourrure, le costume de cérémonie des très grandes dames. A ce titre, ils  composent l’habillement d’un certain nombre de statues funéraires, comme celle de le cénotaphe d'Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan à Josselin, vers 1407.

    Je poursuis mon enquête par la lecture d'un ouvrage de référence sur le Costume :

    "  À la fin du XIVe siècle, surcots, corsets et pelisses se confondent. A cette époque, les surcots de femme sont généralement faits de riches étoffes. Ils sont peu décolletés, boutonnés devant jusqu'à la ceinture et tombent en plis libres. ...A partir  du XIVe siècle, les femmes portèrent des surcots sans manches, ouverts latéralement des aisselles aux  hanches, collant sur la poitrine, avec une jupe très ample. Vers 1370, les femmes nobles, amplement décolletées, portaient les surcots ouverts sr le coté  et garnis d'une bande de fourrure, large de trois doigts, couvrant en deux pentes la poitrine jusqu'au  bas des hanches.

    "Au XVe siècle, les ouvertures latérales du surcot  s'échancrèrent au point de ne plus former devant qu'une bande de fourrure  qui s'agrafait au corsage de  la cotte. Les surcots du début du XVe siècle s'appelèrent sourquenies et se firent sans manches, à corsage volant, lacé par derrière, à jupe très ample" Le surcot paré des dames nobles continua d'être de mode jusqu'à la fin du règne de Louis XI"  (Maurice Leloir, Histoire du costume, Gründ 1951).

    Le terme de sourquenie me mène vers celui de sorquanie ,  sousquenie, première forme de notre mot souquenille. J'en trouve mention dans la littérature du XIIIe siècle, d'abord dans le Roman de la Rose, puis sous la plume de Guillaume de Machault :


    Moult fu bien vestue Franchise;
    Car nule robe n'est si bele
    Que sorquanie à damojsele.
    Fame est plus cointe et plus mignote
    En sorquanie que en cote:
    La sorquanie qui fu blanche,
    Senefioit que douce et franche.
    Roman de la Rose 1226

    Et ensuite :

     

    Vestie ot une sorquanie

    Toute pareille et bien taillie.
    Fourrée d'une blanche hermine,
    Bonne assez pour une royne;
    Mais la doulce, courtoise et franche
    Vestie ot une cotte blanche

    Dune escarlate riche et belle

    Qui fu. ce croy, faite a Brusselle;
    Et si tenoit une herminette

    Trop gracieuse et trop doucette,
    A une chainnette dor fin,

    Et un anel dor en l'a-fin,

    A lettres desmail qui luisoient

    Et qui, gardez-moy bien, disoient.
    Tu qui sces jugier des couleurs
    Et des amoureuses doulceurs ' ,
    Dois savoir la signifiance  
    Guillaume de Machault, Correspondance avec  son élève de 17 ans Agnès de Navarre.

    Mais c'est surtout dans l'iconographie que je vais prolonger mes recherches. 

    a) le surcot ouvert dans la peinture.

    Une première bonne surprise est de découvrir de très beaux exemples dans lesquels c'est sainte Catherine qui porte le surcot ouvert.

    — Il s'agit d'abord des Scènes de la légende de sainte Catherine, (ca. 1480)  par le Maître de la Légende de sainte Catherine, le volet d'un retable. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : F. Maes (MRBAB) 2 — Inv. 1210

    https://www.fine-arts-museum.be/fr/la-collection/maitre-de-la-legende-de-sainte-catherine-volet-dun-retable-scenes-de-la-legende-de-sainte-catherine?artist=maitre-de-la-legende-de-sainte-catherine-1

    — Puis vient une Sainte Catherine devant l'empereur vaincu, par le Maître de la Légende de Sainte Lucie, au Philadelphia Museum of Art, un panneau vers 1482 d'origine néerlandaise.

    http://www.philamuseum.org/collections/permanent/102091.html

     

    — La Sainte Catherine et les philosophes par le Maître à la vue de Sainte-Gudule  date de la même époque : 1476 (ca) - 1500 (ca)  , qui est aussi proche de celle de notre vitrail. Il appartient aux collections du Musée des Beaux-Arts de Dijon.

    http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=G000655&objnr=40000748&nr=12

    http://balat.kikirpa.be/doc/pdf/BIB0C4797.pdf

    http://balat.kikirpa.be/results.php?linkthrough=VV&linkval=Ma%C3%AEtre+%C3%A0+la+vue+de+Sainte-Gudule

    http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=B236911&objnr=40000748&lang=fr-FR&nr=12

     

    Dans une chambre à coucher cinq hommes, répartis en deux groupes, s’entretiennent avec une jeune fille installée sur un lit. Celle-ci porte sur ses longs cheveux une couronne à fleurons très pointus. Elle est richement vêtue d’un surcot ouvert en brocart ainsi que d’une cotte rehaussée du demi-ceint et pourvue de fausses manches. Elle penche la tête et semble discuter avec ses interlocuteurs: sa main gauche est ouverte et la droite à moitié fermée,

    Sainte Catherine a des cheveux blond pâle et une couronne jaune (représentant de l’or). Elle a des yeux bruns, ainsi que tous les autres personnages; par contre ses carnations ne sont pas basanées comme les leurs. Sa cotte rouge pailletée de jaune est pourvue de manches jaune doré et de fausses manches bleu foncé. Son surcot en brocart bleu et or est bordé de fourrure blanche. Son livre a une couverture bleue.

    — On trouve aussi, par le même peintre, une huile sur panneau de 1480 représentant Sainte Catherine avec Élisabeth de Hongrie et sainte Dorothée . 

    https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Master_Of_The_View_Of_Ste_Gudule_-_St_Catherine_of_Alexandria_with_Sts_Elizabeth_of_Hungary_and_Dorothy_-_WGA14637.jpg

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    2. Le surcot ouvert dans la sculpture.

    — Moulages de deux statues de Jeanne de Boulogne et d'Isabeau de Bavière provenant de la cheminée de la salle des Pas-Perdus du palais de Justice de Poitiers, anciennement palais des comtes de Poitiers. Original par Guy de Dammartin.

    https://www.photo.rmn.fr/archive/16-527154-2C6NU0A4FDYKM.html

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    3. Le surcot ouvert dans les enluminures.

    a) La reine Isabeau de Bavières semble avoir été très attachée au port du surcot ouvert, et elle est représentée par les enlumineurs lors de cérémonies, mais aussi lors de ses funérailles.

    BnF 5054 folio 87r Les Vigiles de Charles VII.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105380390/f185.item.zoom

    b) Voir aussi :

    — le manuscrit Bnf Richelieu Fr. 73 folio 163.

    — Les Heures de Marguerite d'Orléans BnF Latin 1156B ont appartenu à la fille de Louis Ier d'Orléans et de Valentine Visconti, dont j'ai mentionné l'inventaire supra. Le folio 25r représente la comtess d'Étampes, épouse de Richard de Bretagne, agenouillée devant la Vierge et vêtue d'un surcot fourré d'hermines sur une robe de brocart doré. 

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f57.image

    On peut voir par curiosité la Sainte Catherine de ce livre d'Heures :

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f361.item

    c) le peintre berruyer Jean Colombe et ses fils ont souvent figurés des femmes portant le surcot ouvert :

    Le premier exemple, dû à Jean Colombe, se trouve dans les Très Riches Heures du duc de Berry folio 75r et date de  1485-1486 et représente Blanche de Montferrat épouse de Charles Ier de Savoie, agenouillée à droite devant le Christ de douleur. Les enluminures réalisées entre 1411 et 1416 par les frères Limbourg offrent de nombreux exemples de toilettes féminines somptueuses, mais ce sont les houppelandes à manches traînantes qui y figurent, et non le surcot ouvert dont nous ne trouvons aucun exemple.

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/50/Folio_75r_-_The_Man_of_Sorrows.jpg

    Dans l'Histoire de la destruction de Troye la Grant BnF NAF 24920, qui date de 1500 environ, Hélène au folio 12, Polyxène au folio 27v, Penthésilée au folio 38r portent le surcot ouvert.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60007144/f30.item

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60007144/f60.item

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60007144/f81.item

    d) Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne par Jean Bourdichon en 1503-1508. Sainte Hélène, sainte Ursule et sainte Catherine.

    Le folio 3r montre Anne de Bretagne entourée de sainte Hélène mère de l'empereur et sainte Ursule princesse de Cornouailles, toutes les deux couronnées et vêtues d'un surcot ouvert. On retrouve les saintes et reines en surcot aux folio  195v et 209v. Sainte Ursule figure au folio 199v et sainte Hélène au folio 207v. Le Suffrage de sainte Catherine figure au folio 203v, et la sainte couronnée porte un surcot clos bleu aux manches et aux revers en fourrure  d'hermine  et une jupe de brocart or ceinte, un surcot ouvert en hermine  à placard médian d'or semé  de pierreries. L'usage du surcot ouvert en fourrure d'hermine est réservé à ces trois saintes reines, ce qui indique qu'au début du XVIe siècle, ce vêtement était considéré comme un privilège royal des temps passés (car Anne de Bretagne ne le porte pas). Le décolleté de toutes ces souveraines est carré, selon la mode de la cour d'Anne.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f14.item

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f399.item.zoom

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f427.item.zoom

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f423.item

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f415.item.zoom

     

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    4. Le surcot ouvert dans les vitraux.

    Sainte Catherine est représenté en surcot ouvert non seulement dans la baie 0 de la chapelle du Pénity, mais aussi dans la baie 4 de Guengat, également datée vers 1500. Et sainte Barbe, ainsi que les trois  donatrices de la même baie 4 de Guengat portent la même tenue.  La lancette B de la  baie 125 de la cathédrale de Quimper (verrière du Dresnay) montre une sainte non identifiée à la tenue comparable, pour la même époque de la fin du XVe. Même surcot ouvert pour la donatrice de la baie 123 de la même cathédrale ou pour celles des lancettes B et D de la baie 106. Tous ces panneaux sont contemporains, et sans-doute du même atelier.

    On trouve Marie revêtue du surcot ouvert dans trois panneaux de la maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic, une verrière datant de 1460-1470 environ ; mais dans les trois cas ce vêtement est réservée à Marie enfant, apprenant à lire et à filer ou bien lors de son entrée au Temple. La Vierge ne le porte plus dans la scène de la Nativité ou dans celle de la Circoncision. C'est un vêtement de jeune fille. 

    Bien d'autres exemples pourraient être fournis, mais cette revue suffit à montrer que si le surcot ouvert est attesté dès le milieu du XIVe et surtout avec Isabeau de Bavière ou valentine Visconti, sa présence dans les arts est particulièrement importante entre 1470 et 1500, notamment dans les représentations de sainte Catherine mais aussi de reines et princesses antiques comme un vêtement d'élection, exceptionnellement somptueux. 

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    Il est temps de présenter mon portfolio glané sur la toile  :

     

     

     

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    Surcot ouvert fin XIVe, http://www.chateau-saintmesmin.com/boutique/fr/cartes-postales-personnages/60-carte-postale-surcot-ouvert-fin-du-xiveme-siecle.html,

    Surcot ouvert fin XIVe, http://www.chateau-saintmesmin.com/boutique/fr/cartes-postales-personnages/60-carte-postale-surcot-ouvert-fin-du-xiveme-siecle.html,

    La baie 0 de la chapelle du Pénity à Locronan.
    Sainte Catherine et les philosophes, Maître à la vue de Sainte-Gudule, Musée des Beaux-Arts de Dijon.

    Sainte Catherine et les philosophes, Maître à la vue de Sainte-Gudule, Musée des Beaux-Arts de Dijon.

    Maître de la Légende de Sainte Catherine, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : F. Maes (MRBAB) 2 — Inv. 1210

    Maître de la Légende de Sainte Catherine, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : F. Maes (MRBAB) 2 — Inv. 1210

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e1/Master_Of_The_View_Of_Ste_Gudule_-_St_Catherine_of_Alexandria_with_Sts_Elizabeth_of_Hungary_and_Dorothy_-_WGA14637.jpg

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e1/Master_Of_The_View_Of_Ste_Gudule_-_St_Catherine_of_Alexandria_with_Sts_Elizabeth_of_Hungary_and_Dorothy_-_WGA14637.jpg

    Moulage des statues de Jeanne de Boulogne et d'Isabeau de Bavière par Guy de Dammartin, palais des comtes de Poitiers.  https://www.photo.rmn.fr/archive/16-527154-2C6NU0A4FDYKM.html

    Moulage des statues de Jeanne de Boulogne et d'Isabeau de Bavière par Guy de Dammartin, palais des comtes de Poitiers. https://www.photo.rmn.fr/archive/16-527154-2C6NU0A4FDYKM.html

    Illustration du Roman de la Rose.

    Illustration du Roman de la Rose.

    Isabeau de Bavières et ses dames d'honneur, relevé par Robert Gaignières, Gallica Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabeau_de_Bavi%C3%A8re#/media/File:Izabel_Bavor.jpg

    Isabeau de Bavières et ses dames d'honneur, relevé par Robert Gaignières, Gallica Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabeau_de_Bavi%C3%A8re#/media/File:Izabel_Bavor.jpg

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    Funérailles d'Isabeau de Bavière Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabeau_de_Bavi%C3%A8re#/media/File:Isabeau_de_Baviere-smrt.jpg

    Funérailles d'Isabeau de Bavière Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabeau_de_Bavi%C3%A8re#/media/File:Isabeau_de_Baviere-smrt.jpg

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    Marguerite d'Orléans (épouse en 1424 de Richard d'Étampes), BNF, Lat.1156B, source Gallica BnF. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f57.item.zoom

    Marguerite d'Orléans (épouse en 1424 de Richard d'Étampes), BNF, Lat.1156B, source Gallica BnF. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502614h/f57.item.zoom

    BnF Richelieu Fr 73 ? pinterest

    BnF Richelieu Fr 73 ? pinterest

    Très Riches Heures du duc de Berry, par Jean Colombe.

    Très Riches Heures du duc de Berry, par Jean Colombe.

    Hélène, in Histoire de la destruction de Troye, enluminure de Jean Colombe folio 12v

    Hélène, in Histoire de la destruction de Troye, enluminure de Jean Colombe folio 12v

    Polyxème, in Histoire de la destruction de Troye, enluminure de Jean Colombe folio 27v

    Polyxème, in Histoire de la destruction de Troye, enluminure de Jean Colombe folio 27v

    Penthésilée, Histoire de la destruction de Troye, enluminure de Jean Colombe folio 38r

    Penthésilée, Histoire de la destruction de Troye, enluminure de Jean Colombe folio 38r

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 3r, sainte Hélène et sainte Ursule.

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 3r, sainte Hélène et sainte Ursule.

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 199v, sainte Ursule.

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 199v, sainte Ursule.

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 195v. Sources Gallica BnF.

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 195v. Sources Gallica BnF.

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne : sainte Catherine folio 203v http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f415.item.zoom

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne : sainte Catherine folio 203v http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f415.item.zoom

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 207v : sainte Hélène http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f423.item.zoom

    Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 207v : sainte Hélène http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f423.item.zoom

    Sainte Catherine et un couple de donateurs, vers 1500, Baie 4, église de Guengat photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sainte Catherine et un couple de donateurs, vers 1500, Baie 4, église de Guengat photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Saint Michel et un couple de donateurs, vers 1500, Baie 4, église de Guengat photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Saint Michel et un couple de donateurs, vers 1500, Baie 4, église de Guengat photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sainte Barbe et un couple de donateurs, vers 1500, Baie 4, église de Guengat photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Sainte Barbe et un couple de donateurs, vers 1500, Baie 4, église de Guengat photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-Lantic (1460-1470) à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

    Maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-Lantic (1460-1470) à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

    Maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-Lantic (1460-1470) à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

    Maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-Lantic (1460-1470) à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

     

     

    — ABGRALL (Jean-Marie), PÉRÉNNES (Henri), 1925, Notice sur Locronan. Bull. dioc. Archit. Archéol. Quimper, pages 131-143.

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4a4d765983806659ef1eeb10debc7f76.pdf

    — BARRIÉ  Roger. Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44; doi : 10.3406/abpo.1976.2796

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

     

    — BOULANGER (Karine), 2004, . Les traités médiévaux de peinture sur verre. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2004, tome 162, livraison 1. pp. 9-33; doi : 10.3406/bec.2004.463329 http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2004_num_162_1_463329

    http://www.persee.fr/docAsPDF/bec_0373-6237_2004_num_162_1_463329.pdf

    — BARRIÉ  Roger., "Le vitrail", in  DILASSER (Maurice), 1979, Locronan et sa région, Nouvelle Librairie de France pages 549-561.

    — Bearman (Frederick ), 1996, The Origins and Significance of Two Late Medieval Textile Chemise Bookbindings in the Walters Art Gallery The Journal of the Walters Art Gallery Vol. 54, Essays in Honor of Lilian M. C. Randall (1996), pp. 163-187 http://www.jstor.org/stable/20169116?seq=1#page_scan_tab_contents

     — BELLEVAL (René de ), 1879, Nos pères: Moeurs et coutumes du temps passéT. Olmer (Paris), in-8°, VI-797 p,  Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LI1-35

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8630040d

    BOCCARD (Michèle), 2009, "Locronan, église Saint-Ronan", Congrès Archéologique de France, 165ème session (Finistère, 2007), Paris, Société Française d'archéologie pages 185-189.

    https://www.academia.edu/26540787/_Locronan_%C3%A9glise_Saint-Ronan_Congr%C3%A8s_Arch%C3%A9ologique_de_France_165%C3%A8me_session_Finist%C3%A8re_2007_Paris_SFA_2009_p._185-189

    — BRÉJON DE LAVERGNÉE, (A.), 1998, Emblématique d'Anne de Bretagne", Mém. Soc. Hist. Archéol. Bretagne t LVI, 

     

     

    — COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988,  Répertoire des églises : paroisse de LOCRONAN,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 2 novembre 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/920.

    " la maîtresse vitre est consacrée à la Passion. En dix-huit panneaux sur six lancettes, elle représente la résurrection de Lazare, l'Entrée à Jérusalem, la Cène, l'Arrestation au Jardin des Oliviers, les Outrages, le Jugement de Pilate, le Portement de croix, la Mise en croix, et la Mort du Christ, la Mise au tombeau, la Résurrection et la descente aux enfers. Elle porte en supériorité les armes pleines de Bretagne et les armes mi-parti Bretagne et Foix, armes de François II et de Marguerite de Foix, ce qui la date du dernier quart du XVIe siècle ; cependant certains panneaux semblent plus tardifs et indiquent une réfection partielle au XVIe siècle. Restauration en 1910, sensible dans le registre inférieur, puis en 1977 (C.). Dans la fenêtre éclairant l'autel Saint-Eutrope, fragments de vitraux du XVIe siècle (sainte Trinité et saint Pierre) provenant de la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle."

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/55a0099976c148cb034b4323cf0497e5.pdf

    —  DILASSER (Maurice), 1979, M. Dilasser : Un pays de Cornouaille, Locronan et sa région (Paris, 1979) ;

    —  DILASSER (Maurice), 1981,Locronan (Rennes, 1981)

    —DIVERRES (Henri) : 1886, Notice sur la chapelle du Pénity, Bull. SAF XIII p. 9-26.

     

    —GATOUILLAT (Françoise) , HÉROLD ( Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII . Presses universitaires de Rennes, 369 p. page 142.

     

    — LE BIHAN (Jean-Pierre), blog;

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3576074.html

     

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-16413698.html


    — PÉRÉNNES (Henri), 1933, "La maîtresse-vitre de l'église de Locronan". 7 pages.

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1933.pdf

    — QUICHERAT, 1877, Histoire du costume en France depuis les temps les plus reculés jusqu'au XVIIIe siècle ; Hachette, Paris

    https://archive.org/stream/histoireducostu00goog#page/n11/mode/2up/search/surcot

     

    — WAQUET (Henri), 1919, "Locronan", Congrès archéologique Brest-Vannes, p. 554-576.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35688p/f670.image

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
    13 novembre 2017 1 13 /11 /novembre /2017 18:37

    Le cénotaphe de saint Ronan  par l'atelier du Folgoët (vers 1423-1433) dans la chapelle du Pénity de l'église de Locronan .


     

     

     

     

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    — Voir sur Locronan :

     

     

    — Sur les gisants, voir aussi ici :

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    — et aussi  ailleurs :

    -- Le gisant du seigneur de Liscoët en Botquélo (22), limite XIV-XVe.

    -- Le gisant de Perronelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff (église Notre-Dame-de-l'Assomption au Faouët par l'atelier du Folgoët.  Début XVe, granite, h. 1,70, 1. 0,86. Gisants représentés sur un lit funéraire : à gauche, personnage masculin (Bertrand de Trogoff?), coiffé en calotte, vêtu d'une armure; à droite, personnage féminin (Perronnelle de Boutteville,?) portant une coiffure à cornes.

    --Le tombeau du chanoine de Nantes Laurent Richard en l'église de Plouvien vers 1555.

     

    -- L'enclos paroissial de Dirinon VI: le gisant de sainte Nonne (vers 1450) par l'atelier du Folgoët

    -- Le tombeau de saint Herbot, chapelle Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou.

    -- Le tombeau de saint Jaoua à Plouvien par l'atelier du Folgoët.

    --Le tombeau de saint Edern à Lannédern.

    --Le tombeau de saint Efflam à Plestin.

    -- Le tombeau de saint Léry à Saint-Léry (56)

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    — Voir sur les réalisations de l'atelier ducal  du Folgoët entre 1423 et 1509, voir :

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    LA CHAPELLE DU PÉNITY.

    1°) Origine du toponyme Pénity : "ermitage", "lieu de pénitence".

    On nomme pénity (penity en breton) un ermitage, un oratoire ou un petit monastère en langue bretonne ; il est parfois suivi du nom du saint titulaire : pénity  de saint Guénolé, de saint Gouesnou, saint Guido, etc.. 

    R. Largillière lui a consacré un article en 1930  dans le Bulletin de la S.A.F :

    Grégoire de Rostrenen a traduit le mot penity par « lieu ou maison de pénitence» ; il ajoute que, dans le dialecte de Saint-Brieuc, ce même mot désigne la sacristie (Dictionnaire françois-celtique, :1732, aux mots pénitence et sacristie) ; penity est composé de deux termes, un premier qui signifie la pénitence, et un second qui est le mot ty maison; on l'a latinisé sous la forme peniticium, de la même façon que le mot abbati (maison de l'abbé) a été latinisé en abbaticium (Ernault, Glossaire moyen-breton, pp. 472-473. Les noms composés avec ty comme second terme sont nombreux: maendy, maison de pierre, escopty, palais de l'évêque puis diocèse, lœdty, laiterie, Sur le premier terme, voir J. Loth, Les mots latins dans les langues britonniques, p. :1.94, au mot penyd.).

    Le premier exemple de ce mot nous est donné par la vie latine de saint Goulven qui raconte que le saint construisit lui-même une petite maison en forme d'oratoire, que les Bretons appellent Peniti, c'est-à-dire maison de pénitence ou du penitent : aedificavit ibi domunculam quadrangulam in forma oratorii, quae Lingua Britonum Peniti dicitur, hoc est pœnitentiae, vel pœnitentis domus ...[...] (1). Cette vie latine est au plus tôt du XII' siècle et est dépourvue de valeur historique » (Duine, Memento, n° 51, p. 76.).

    . ​​​​(1) Vie publiée par La Borderie, dans les Mémoires de la Sociéte d'Emulation des Côtes-du-Nord, t. XXIX, 1891, pp. 214-250, § 7-8. Le mot pœnititium se retrouve au §11.

     [...] 

    La chapelle du Pénity accolée à l'église de Locronan en Cornouaille est bien connue; elle passe pour avoir été bâtie à l'emplacement de l'ermitage de saint Renan. La vie latine du saint ne donne pas le nom breton peniti; la cellule que le saint construit est un oratorium (1). Le Penity est maintenant une chapelle accolée à l'église; c'était jadis l'église; en effet il a conservé le tombeau du saint; d'autre part, l'édifice qui est aujourd'hui l'église a été construit dans le second tiers du xve siècle; le Penity dans son état actuel a été bâti au début du XVIe siècle. L'église primitive étant devenue trop petite, on en construisit une beaucoup plus grande sur un terrain libre à côté de l'ancienne que l'on conservait respectueusement. Mais plus tard, la vieille église menaçant ruine, on entreprit de la réédifier; on lui laissa ses dimensions, elle ne fut qu'une chapelle (J'utilise ici l'étude que M. Waquet a donnée de ces mon)lments dans Vieilles pierres bretonnes (Quimper, 1920), p. 100 et seq. Le nom de Pénity a du être donné depuis toujours à la vieille église, ce qui lui a évité d'être dénommée la vieille église: ar coz ili.s. Rien ne permet de dire que le nom de Pénity remonte au saint lui· même ; il n'y a aucun doute : ce personnage a existé, mais a-t-il réellement mis le pied en Armorique, ou au contraire, comme le veut la vie latine irlandaise, n'a-t-il 'pas vécu en Irlande? Son culte seul et ses reliques sont venus en Armorique ). Le Pénity est donc le nom de l'antique église du prieuré de Locronan."

     

    On ne pourrait parler du penity sans mentionner le  minihi, breton minic'hi,  du latin monachia, « une une terre qui relève des gens d’Église et non de laïcs » une terre monastique associée à la notion d'immunité sacrée « un lieu de refuge ou zone de franchise d’un monastère ou d’un ermitage» dont la sacralisation s'établit  à travers les récits de circumambulation. Et on ne pourrait parler du minihi de Locronan sans le  replacer dans la lutte d’influence entre l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé  et l’évêché de Quimper, ni remarquer que  la vie latine de Ronan de la seconde moitié du xiie siècle fait état de l’importance du culte du saint et de ses reliques à Quimper, miracle à l’appui alors qu’elle passe étrangement sous silence la terre de Locronan. Mais ce serait une trop longue histoire (M. Gendry 2010). Je rappelle que le comte Alain Cagniar donna en 1031 au monastère de Quimperlé l'église de Saint-Ronan, les terres contenues dans la franchise et tous les revenus du bourg, autres terres et rentes. (BDHA 1925 p. 66

      

    L'important est de réaliser que nous pénétrons dans un espace sacralisé depuis le Haut Moyen-Âge, et que la présence de la statue, des reliques et du "tombeau" du saint ne relève nullement d'une préoccupation ornementale, mais d'une très ancienne ritualisation, pieusement (ou habilement) reprise par le duc de Bretagne Jean V dans son vaste programme de mécénat, comme auprès du tombeau de Salaun le  Fol du Bois (Folgoët), ou de celui de saint Herbot protecteur des bêtes à cornes, ou de saint Yves à Tréguier. Mais l'important est aussi de comprendre que cet espace est l'enjeu d'un véritable conflit de territoire entre l'abbaye de Quimperlé et l'évêché de Quimper, le duc de Bretagne, et les familles de la noblesse locale, par un jeu de marquage du territoire sous formes de statues ou d'armoiries, d'enfeus ou de litres, etc.

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    Avant d'inspecter le tombeau du saint patron des lieux, promenons-nous dans la chapelle qui l'abrite.

     

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    Le cénotaphe de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    "Quant à la chapelle du Pénity, elle communique avec l église par deux grandes arcades ouvertes dans l'angle sud-ouest de l'édifice. Cette chapelle est composée d'un espace rectangulaire de trois travées dont la première, à l'ouest, déborde légèrement la façade de l'église.

    L' uniformisation du voiltement sur croisées d'ogives enrichies de liernes est l'aspect le plus marquant de l'élévation intérieure et elle contribue à l'homogénéité de l'ensemble. Le recours à un couvrement en pierre est relativement rare dans la région où il est normalement réservé aux édifices importants, aux cathédrales en particulier. Il suffit à illustrer le prestige que les ducs de la dynastie Montfort ont voulu conférer à cet édifice. En 1475,l'acte de donation de François II précisait, à juste titre, que l'église était construite «en forme de cathédrale», ce qui faisait probablement référence au soin extrême apporté à mise en  œuvre plus qu à ses dimensions, somme toute modestes ou à son parti architectural.

    Ce prestige était appelé  à rejaillir sur la lignée ducale. Selon un aveu des seigneurs de Névet, en 1644, il existait anciennement au pignon de l'église «la statue d'un souverain à genoux, tête nue, mains jointes, devant l'image et représentation dudit saint [Ronan] ». Un procès-verbal dressé en 1618 mentionnait également l'existence d'une autre représentation de souverain priant, en argent massif, dont les ducs avaient fait don au trésor de l'église.  Ainsi, que ce soit par le biais de l'architecture, de la sculpture monumentale ou de l'orfèvrerie, la volonté de renforcer les liens entre la famille ducale et la population locale apparaît bien comme l'un des principaux moteurs de l' importance nouvelle donnée,  à la fin du XVe siècle, au sanctuaire de saint Ronan. Ce mécénat entraîna dans son sillage celui de l'aristocratie locale, facilité par l'essor du bourg de Locronan et de la campagne environnante grâce à la fabrication et au commerce florissant des toiles de chanvre, les «olonnes »de Locronan.

     Cette activité se mit en place dès le XIVe siècle mais c'est surtout à partir de la seconde moitié du XVe siècle que les toiles de Locronan rencontrèrent le succès commercial.

     Comme dans le cas, plus tardif des enclos du Léon dont le commerce des toiles de lin avait permis le développement du vocabulaire de la Renaissance, Locronan au XVe siècle, cette activité alimenta l'essor de l'art flamboyant. "( Boccard 2009)

     

    Le cénotaphe de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    La niche de la statue de saint Ronan et son culot aux armes de Bretagne présentées par deux anges. Pierre polychrome.

    Les anges présentent les armoiries d'hermines plain coiffées de la couronne ducale. 

    "Lors de la naissance de son fils, qui devait être Jean V [1389-1442], le duc de Bretagne Jean IV [1339-1399] accorda aux habitants l'exemption de fouages, exemption souvent renouvelée et confirmée .par Jean V lui-même, par exemple lorsqu'il vint en pèlerinage à Locronan, le 20 juin 1408, et à l'occasion de Ia naissance de ses propres enfants. Dans la lettre de 1426, Jean V rappelle la venue en pèlerinage, à Locronan, de son père . 15 mars «t 21 mai 1451. — Pierre ll, duc de Bretagne, renouvelle les exemptions accordées par son père, et donne au moustier de Sajnt-Ronan, 3 feux et deux tiers de feux en la paroisse de Plonévez-Porzay; un feu et demi en la paroisse de Cast, et un feu et demi en Crozon. En 1473 et 1475, le duc de Bretagne Francois II accorde aux prieur et habitants d'employer les deniers provenant de l'impôt du billot, à l'édification de leur nouvelle église. Les diverses lettres d'exemptions mentionnées ci dessus furent confirmées par les rois, Louis XII, en novembre 1500, et François II, en décembre 1559; et il en fut ainsi presque à chaque avènement de souverain, jusqu'à Louis XV inclusivement. Aussi les fleurs de lis de France se montrent-elles aussi souvent que les hermines de Bretagne dans les tympans des hautes fenêtres, et la statue de saint Louis, le patron de la famille royale, est placée vis-à-vis de celle de saint Ronan dans la chapelle du Penity." (BDHA 1925)

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    Statue de  saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Statue de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Culot de la niche de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Culot de la niche de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Culot de la niche de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Culot de la niche de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Vue générale de la chapelle avec l'autel portant le reliquaire de saint Ronan, et la statue de saint Michel.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    La statue de l'archange saint Michel pesant les âmes.

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    La statue de saint Michel dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    La statue de saint Michel dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    PRÉSENTATION.

     

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    La tombe de saint Ronan, fondateur et patron de la paroisse de Locronan, est en réalité un cénotaphe, puisque le corps du moine irlandais débarqué en Bretagne n'y repose que symboliquement, à l'emplacement même où il avait, disait-on, bâti son ermitage pour évangéliser, au Ve siècle, le Porzay. 

     

    La tombe est unique en Bretagne par sa structure : "elle  est la seule à être composée d'une dalle à effigie sculptée, ne reposant pas à même le sol, ni sur un socle plein, mais portée sur les épaules, ou plutôt sur le haut des ailes à demi-repliées de six anges debout qui font office de cariatides, permettant ainsi aux fidèles de passer sous la pierre, rite de propitiation qui se pratiquait en bien d'autres lieux de la chrétienté." (Maurice Dilasser 1979) (Voir à Minihy-Tréguier) .

    "Tout est en kersanton, et sans aucune peinture, ce qui fait beaucoup pour l'unité d'impression ; mais il y a contraste entre la figure de Ronan, épaisse et lourde comme le bloc même où elle est taillée, et la finesse des petits servants angéliques qui, aidés par les piliers frustes auxquels ils sont adossés, en supportent le poids allègrement, quoique avec toute la gravité requise. Cela a donné lieu, avec d'autres menus détails techniques, à une controverse entre deux érudits chevronnés : René Couffon distinguait nettement deux époques d'élaboration bien  différentes : datant la dalle et son gisant des environs de 1430, il pensait qu'elle avait été, soixante ans plus tard et peut-être d'avantage, remontés sur les supports qu'on avait alors taillés pour la surélever ainsi. Les écus placés aux pieds du saint renvoient-ils, comme il le pensait, à la duchesse Jeanne, duchesse de Jean V, morte en 1433 ? 

    Henri Waquet n'en était pas d'accord, qui les rattachait seulement à la duchesse Anne ... Quoiqu'il en soit d'un remaniement qui est indéniable, mais n'implique pas forcément l'intervention de deux sculpteurs, à deux longues générations de distance, l'esprit de maintenance qui gouverne l'art breton fait que l'homogénéité de l'ensemble n'est nullement compromise, et il n'est pas sûr qu'on ne puisse déceler à l'autre boût de la France de non moindres différences, aux tombeaux bourguignons, entre les effigies des défunts et les "deuillants" qui les accompagnent" (M. Dilasser 1979 p. 534)

    Ce débat est repris en 2014 par Emmanuelle Le Seac'h, qui  abonde dans le sens de René Couffon :

    "L'hypothèse de R. Couffon, qui affirme que la dalle est antérieure aux anges-cariatides, paraît juste. Les armoiries aux pieds du saint, sur le flanc du lion, sont Bretagne-France pour le duc Jean V et sa femme Jeanne de France et non pas l'inverse, ce qui correspondrait alors aux armes d'Anne de Bretagne. Le tombeau aurait été réalisé entre 1423, date de l'édification du Folgoët, et 1433, année du décès  de Jeanne de France." (Le Seac'h p. 87)

    Elle inscrit donc cette  dalle dans le catalogue du "premier atelier ducal du Folgoët (1423-1468), dont elle a décrit les caractères stylistiques, au même titre que le porche et les sculptures de la collégiale du Folgoët, les porches de la cathédrale de Quimper, de l'église de Rumengol  de La Martyre et de celle de Kernascleden, ou de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, , les statues de l'abbaye de Daoulas, le tombeau de Sainte Nonne à Dirinon, etc... "Le parallélisme des plis du vêtement du saint, le modelé simple du visage, les angelots allongés sur le coussin aux cheveux frisés mais sans relief en font une œuvre débutante du premier atelier du Folgoët."

      Néanmoins, elle n'explique pas clairement pourquoi elle n'attribue pas les anges-piliers au même atelier, pour les décréter "hors atelier, (vers 1500), porteurs d'armoiries martelées, kersanton" (p. 316). Elle écrit (je souligne):

    "Les anges-piliers ont été ajoutés au XVIe siècle lors d'un probable déplacement du tombeau dans la chapelle du Penity. Celle-ci, dont la construction est postérieure à celle de l'église, était déjà commencée sous le règne de François II puisque, en 1485, Pierre Le Goaraguer,  le maître d'œuvre de la cathédrale de Quimper, y était à l'œuvre (LE MEN, R-F. Monographie de la cathédrale de Quimper p.288). Ils ont été sculptés par un atelier qui imitait la chevelure des anges du Folgoët." (id. p. 87) 

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    Elle reconnaît donc dans la chevelure des anges-cariatides le style du Maître, tel qu'il s'exprime sur l'autel des Anges du Folgoët et dans de nombreux autres exemples (cathédrale de Quimper, La Martyre, etc) déjà présentés dans ce blog.

    De même, elle ne justifie pas pourquoi elle affirme "La dalle a été placée vers 1618 sur six piliers en pierre grise" , en citant sans ambages un bref extrait (ici en italique) d'un aveu de que le baron  Jean de Névet  a rédigé en 1644 pour l'évêque René du Louët et dont je donne ici le texte plus complet:

     

    "En la muraille qui  les sépare en tant que contient cette chapelle sont deux grandes  arcades et voûtes supportées d'un pilier pour ['entrée et fréquentation de ladite chapelle par ladite église, en laquelle chapelle fit la duchesse et reine élever sur six pilliers en pierre grise non commune sur le lieu de la sépulture dudit saint  Ronan, et dessus est représenté en habits pontificaux et fit poser ses armes en alliance avec celles de France, au bout et  sous la tète de ladite représentation " (Bull. SAF 1888 p. 351)

    Le débat n'est donc pas clos, car  il faudrait prouver par des critères stylistiques argumentés, ou par d'autres sources, que les anges -supports ne sont   pas contemporains de la dalle de 1423-1433.

    Récemment, lors d'une communication pour le colloque Bretagne Flamboyante, l'héraldiste Paul-François Broucke a en tout cas montré que la lecture des blasons, martelés mais identifiables, ne s'oppose pas à l'hypothèse d'une création simultanée de la dalle (aux armes de Jean de Bretagne et de Jeanne de France) et des supports (aux armes des principaux barons du duché).

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    Au total, je considérerai que le cénotaphe est homogène dans sa construction et dans son style, celui du premier atelier ducal de Folgoët, vers 1423-1433, et qu'il est donc antérieur d'un demi-siècle à la réalisation de la chapelle du Pénity.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    LES SIX ANGES SCUTIFÈRES SUPPORTANT LA DALLE.

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    "Les anges ont conservé la forme des blocs de pierre parallélépipèdes dans lesquels ils ont été taillés. Au niveau de leur nuque, la pierre a été taillée à plat pour pouvoir recevoir le gisant. Les ailes forment un large L renversé très géométrique. Seule leur face est plus travaillée. Ils tiennent leurs blasons à deux mains ou de la seule main gauche, la main droite étant alors sur la poitrine. Leurs cheveux sont sculptés en méplats et coiffés en deux rangées de mèches bouclées qui rappellent l'atelier du Folgoët. Les vêtements tombent à grands plis jusqu'à terre. [Selon Escher, 1912], ils sont inspirés du tombeau de Jacques de Malain, mort le 7 avril 1527 et de sa femme Louise de Savoisy, décédée le 7 septembre 1515, et donnent une note d'inspiration bourguignonne au gisant." (Le Seac'h, 2014 p. 88).

    Les armoiries sont celles de toutes les grande familles des alentours à la fin du XVe et du début du XVIe siècle". (Boccard  2009 p. 187), celles de Névet, du Juch, de Languéouez de Lezascoët, ou de Kersauzon de Quinquis.

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    Du coté droit.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    L'ange du coin inférieur droit.  Le blason de Névet.

    Cet ange présente un blason dont le meuble est un léopard. On pense aux armoiries des seigneurs de Névet, d'or au léopard de gueules, que l'on trouvait sur la maîtresse-vitre. 

    J'ai déjà présenté cette famille dans un article sur les vitraux de Kerlaz  :  

     

    "Dans la monographie de l'abbé Horellou Kerlaz, son histoire, ses légendes, ses familles nobles , Brest 1920, les pages 110 à 124 sont consacrées à la forêt de Nevet, et les pages 125 à 191 à l'histoire des seigneurs de Nevet : c'est dire l'importance du vieux territoire gaulois devenu ermitage de saint Ronan pour la paroisse de Kerlaz, et de l'histoire de cette famille illustre dont la seigneurie s'étend de 1270 à 1721.  Horellou lui-même reprend les travaux des chanoines Abgrall et Peyron, auxquels on peut se reporter. Enfin, Gérard Le Moigne a publié en 1999 dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère CXXVIII un article sur les seigneurs de Névet.

       Cette seigneurie étendit progressivement son fief sur soixante dix paroisses. Elle agrandit au cours des siècles le château de Lezargant qui finit par comporter deux grands corps de logis et un pavillon. Elle dirigea la Capitainerie de Quimper au XVIe siécle, celles de Quimper et de Douarnenez au XVIIe lors de la Ligue.

      

     

    • La famille de Névet date ses origines de la période précédent l'introduction du christianisme en Bretagne et estimaient être à l'origine du nom de la grande forêt de Névet, forêt où ils auraient accueilli sur leurs domaines de Plogonnec, Plonévez et Locronan Saint Corentin, Saint Ronan et Saint Guénolé.

    •  Hervé V de Névet (?- 1424), né vers 1385 probablement à Névet, seigneur de Nevet, épousa Jehanne du Juc'h (née vers 1385 au Juc'h)

    • C'est Hervé VI de Névet (1424-1444) qui après de démêles avec l'évêque de Quimper, fit démonter son château pour le reconstruire pierre par pierre à Lezargant, sur la trève de Kerlaz.  Il épousa en 1428 Jehanne de Lespervez (née vers 1405 à Plonéour), veuve de Guillaume de Rosmadec, seigneur de Tyvarlen, Pont-Croix et autre lieux.  puis vinrent :

    • Jean Ier de Nevet (1444-1462), sans postérité : son frère lui succède :

    • Henri Ier de Nevet (1462->1480), seigneur de Névet : il épouse Isabelle de Kerhoent, puis Jeanne du Chastel, puis à nouveau Isabelle de Kerhoent.

    • Jean II de Nevet (>1480-1493), sans postérité, son frère lui succède :

    • Hervé VII de Névet (1493-1494)

    • Jacques Ier de Nevet (1494-1555), seigneur puis baron de Nevet, Sr de Coat-Nevet, de Lezargant, de Pouldavid, de Kerlédan, de Langolidic, Gouverneur de Quimper en 1524 et en 1543, il épouse Claudine de Guengat. Il est de religion réformée.

    • René de Névet (1555-1585) il abjure le protestantisme à la mort de son père. Gouverneur de Quimper. Son frère lui succède :

     

    Il paraît nécessaire de citer le passage suivant qui montre les prééminences auxquelles prétendait le baron de Névet en 1644, mais qui précise aussi la présence de ces armoiries "au bout et sous la tête" du gisant de saint Ronan :

     

     

     

    "En la muraille qui les sépare en tant que contient cette chapelle sont deux grandes  arcades et voûtes supportées d'un pilier pour l'entrée et fréquentation de ladite chapelle par ladite église, en laquelle chapelle fit la duchesse et reine élever sur six pilliers en pierre grise non commune sur le lieu de la sépulture dudit saint Ronan, et dessus est représenté en habits pontificaux et fit poser ses armes en alliance avec celles de France, au bout et sous la tête de ladite représentation, et à côté vers l'Evangile celles desdits seigueurs de Nevet, et du même côté et au bout  de l'autel est uniquement en ladite chapelle le banc de ces seigneurs, armoyé de leurs armes, aux clefs des voûtes, tant du cœur, nef, qu'arcades et voûtes des ailes, sont lesdites armes de Nevet en bosse et taille, comme sur la porte et entrée principale de ladite église, en tous lieux plus éminents immédiatement après celles de Bretagne et en ladite alliance. 
    Le cœur de la dite église demeure uniquement aux dits seigneurs de Nevet pour leur sépulture , avec leurs tombes, enfeu, ceinture funèbre, au supérieur aussi uniquement autour de l'église, ses ailes et ancienne chapelle, comme fondateurs; et, dans la maîtresse vitre, aussi âpres celle du souverain uniquement, leurs armes en alliance de plusieurs principales familles de la province et au lieu le plus éminent; s'y voit la représentation 
    d'un seigneur de Nevet, armé de toutes pièces, sa cotte d'armes  sur son cheval enharnaché de son harnois de combat; ledit seigneur ayant la cotte d'armes armoyée de ses écussons et armes qui sont d'or au léopard morné de gueules tenant sa bannière en forme chargée de ses écussons et armes, qui est la marque que les dits ducs, roy et reine le reconnaissaient vrai baron, banneret, et dès lors comme auparavant ils furent tenus " (Jean III de Névet, aveu de 1644)

     

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    L'artiste n'a pas encore adopté sa manière de figurer le col replié sur lui-même de l'amict comme un W ou un Oméga minuscule, qui deviendra un de ses traits, et d'ailleurs cinq anges sur six ne portent pas d'amict. Mais ici, il est figuré comme une bande de tissu interrompu au centre par un motif en losange, comme un mors de cape.

    Chaque mouvement de plis est différent pour chacun des anges. Pour ce premier porteur de blason, les plis forment un grand ovale lisse autour de l'écu.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le deuxième ange de droite et le blason au lion. La seigneurie du Juch.

    Si on estime que le seigneur de Névet a fait mettre ici ses armoiries accompagnées de celles de ses alliances, on pense alors à celles de la famille du Juch, d'argent au lion d'azur, armé et lampassé de gueules. En effet, Hervé V avait épousé Jeanne du Juch. (Source image)

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    On note les cheveux formant dix petites madeleines entourant la ligne très ronde du  large front épilé et des joues, les yeux profondément creusés par des sourcils et des pommettes proéminents, un globe oculaire exophtalmique dans les amandes  des paupières ourlées d'un double trait, le nez pyramidal, et la bouche étroite aux lèvres serrées. L'impression générale est celle d'une sévérité hiératique, pétrifiée et muette mâtinée du chagrin très intériorisé de pleurants.

    La chute très régulière des plis de l'aube est brisée par une légère flexion des genoux .

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le troisième ange. Les armes de Rosmadec ?

    Il tient un objet rond dans la main gauche et  porte un blason palé.

    Il peut s'agir des armoiries des seigneurs de Rosmadec : palé d'argent et d'azur. En effet, Jeanne de Lespervez, avant d'épouser Hervé VI de Névet en 1428 ou 1429, était l'épouse de Guillaume de Rosmadec, qui mourut en 1425 au siège de Saint-James-de-Beuvron. Le duc confia alors la tutelle des six enfants de ce premier mariage à leurs oncles, l'évêque de Quimper Bertrand de Rosmadec, et Charles de Lespervez. 

    NB Les armoiries de Lespervez sont de sable à trois jumelles d'or. 

    Un deuxième blason est visible en bas de la statue.

    Comme pour rompre l'uniformité verticale du palé, le drapé vient ici s'arrondir en sept courbes concentriques : c'est celui d'une étoffe qui recouvre partiellement l'aube.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Notre circumambulation nous conduit devant la partie frontale, où nous découvrons deux autres blasons. La taille des ailes des anges semble manquer de naturel, car trop plate, écrasée par un moule rectangulaire.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Les trois anges du coté gauche.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le premier ange de gauche présente son écu sur le genou gauche, ce qui permet à l'artiste de réussir un beau mouvement d'ondulation du bouffant de l'aube au dessus de la ceinture.

    La chevelure n'est pas en boules, mais se décline en mèches bouclées de part et d'autre du visage jusqu'aux épaules. Le visage est aussi renfrogné et ronchon que celui de ses collègues.

    Le blason, soigneusement bûché en lignes parallèles, laisse voir néanmoins une bande horizontale médiane.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le deuxième ange de gauche. De Langueouez / de Lezhascouët

    L'artiste reprend le motif des plis verticaux réguliers.

    http://www.memoires-locronan.fr/patrimoine/preeminences

    "Au dessus de la grande porte et principalle entrée de ladicte églize de saint René du Bois du costé droict en entrant est un écusson armoyé des armes des anciens seigneurs de Leshascouet qui s’appelloient  de Langueouez portant pour armes des faces ondée d’or et d’azur au cheff de gueules, lequel écusson est soustenu de deux griffons  avec son casque et une roue pour timbre  et un rouleau dans lequel est la devise des seigneurs en lettres gottiques quy ne se peut lire le tout en bosse et relieff au costé dudict escusson est encore autre escusson desdictes armes, en relieff sans timbre ny support, De plus dans la chapelle du Penity estant au costé de l’espitre du bas de ladicte églize parochialle de saint René du Bois où est une grande pierre tumballe représentant la statue de saint René eslevé de terre et soutenu par sept figure d’anges de pareille pierre l’une desquelles figures quy est celle du costé droict placé à la teste de ladicte statue de Saint René du Bois porte entre ses deux mains un escusson en bosse taillé en la mesme pierre que ladicte figure d’ange armoyé d’un costé des armes des anciens seigneurs de Leshascouet, lesquelles armes sont aussy en bosse dans la cleff de voutre au millieu de ladicte chappelle"

    Les seigneurs de Lesharscoët étaient, avec ceux de Nevet, les principaux "prééminenciers" de l'église de Locronan. Ils possédaient "prohibitivement" la chapelle du Rosaire, où se trouvaient leur tombeau, que l'on voit sur le plan ci-dessus, leur banc et leurs armes en plusieurs endroits.

    http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=626

    fascé ondée d’or et d’azur au cheff de gueules

    La ville était au centre de terres appartenant à plusieurs autres seigneuries dont les justices étaient souvent localisées à Locronan. Les deux plus importantes étaient celles de Nevet au sud vers Plogonnec et de Lezhascoët vers Plonevez-Porzay au nord. Citons encore les seigneuries du Vieux-Chatel, de Kervent et Plessix-Porzay, de Tresseaul, de Moellien, du Rible, de Rosmadec. 

    NNNNNN

     

    http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-iii-les-baies-106-et-108-et-les-pupilles-au-jaune-d-argent.html

    BAIE 108, LANCETTE B. 

    Gatouillat et Hérold (2005) la décrivent comme "un saint barbu tenant un étendard et présentant un seigneur (têtes modernes)" alors que Le Men   suggère de voir dans la hampe de la bannière la restauration d'une probable crosse d'évêque ; Yves-Pascal Castel ajoute " cela cadrerait avec l'inscription S. DE / RIE.(saint Derrien ?) ". Pour ce dernier auteur,   le chevalier revêt une cotte blanche chargée de trois fasces ondées d'azur. Ce pourrait être la reproduction incorrecte des armes de la famille des Langueouez : fascé ondé d'or et d'azur au chef de gueules. Ces dernières armes se remarquent à la voûte de la nef de la cathédrale.

     

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    "L'ermite est présenté en évêque. Il est couché, vêtu d'une aube recouverte d'une tunique plus courte appelée rochet avec un amict à col haut et large et d'une chasuble, manteau à deux pans, retenue par un mors. Il fait le signe de la bénédiction de la main droite, le majeur et l'annulaire levés, le pouce et l'index  formant un cercle. Une bague au chaton plat est passée à son majeur. Il tient dans sa main gauche une crosse, véritable pièce d'orfèvrerie sculptée. Le nœud est mouluré, se poursuivant par une petite niche rectangulaire aux motifs gothiques qui se terminent par une volute." (E. Le Seac'h 2014)"La tête du saint repose sur un coussin qui forme un nimbe avec deux anges la main posée sur sa mitre. Ils sont aussi couchés, les ailes fermés, les jambes repliées. Celui de droite pose son autre main sur le coussin tandis que celui de gauche saisit la crosse. "(Le Seac'h, 2014)

     

    Ce gisant est pratiquement identique à celui de saint Jaoua en Plouvien qui date de la même époque, au tout début de l'atelier du Folgoët.

     

     

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    "Le visage du saint au modelé ovale est typique des œuvres médiévales : les différentes parties sont schématiques. Une fossette creuse le menton. Les lèvres sont identiques à celles de sainte Nonne ou de saint Jaoua, ainsi que le nez. Ici pourtant, une discordance est manifeste :  les yeux qui sont grand ouverts comme dans tous les gisant [de l'atelier ] du Folgoët, ne sont pas identiques. L'œil gauche est de style médiéval, avec juste les paupières ourlées et les sillons palpébraux étirés  aux extrémités. Mais l'œil droit est d'un style postérieur, du XVIIe "français" et il est marqué par un réalisme et un souci maniaque de l'anatomie : l'iris est creusé, la paupière supérieure a la forme d'un large accent circonflexe ; le sillon du coin de l'œil est coupé. Le travail n'est d'ailleurs pas achevé  : le bord inférieur n'est pas lisse  et ne rejoint pas la pommette avec régularité. On peut donc penser à une retouche postérieure que certains (Castel 1989) ont même assimilée aux martelage de la Révolution pendant laquelle un tailleur de pierre aurait voulu rajouter la forme de la cocarde révolutionnaire . " (Le Seac'h, 2014 p. 88)

     

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    "L'extrémité de la crosse est plantée dans la gueule du lion couché aux pieds du gisant chaussé à la poulaine. La queue de l'animal est ramenée vers l'avant, collée contre son dos (le motif de la queue est fréquent, il se retrouve aussi dans les lions des crossettes et gargouilles). Il tient dans ses pattes antérieures le blason de Bretagne plein. " (Le Seac'h, 2014)

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Les armoiries placées au pied du cénotaphe sont celles de du duc  Jean V de Bretagne et de son épouse Jeanne de France. 

     

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    a) À gauche, les armoiries de Jean V.

    Lors de ma visite  de la cathédrale de Quimper, j'avais photographié le blason du duc Jean V et de la duchesse, sur les premières clefs de la voûte du chœur ; or, ce chœur a été édifié vers 1417, à peu près en même temps qu'à la Collégiale du Folgoët (vers 1423), où les mêmes deux armoiries figurent, et en même temps que le moment où l'atelier du Maître du Folgoët réalisa ce cénotaphe, vers 1423.

    À Quimper, l' écu du duc est  d’hermines plain, soutenu par deux anges ; il est  timbré d’un heaume taré de profil, surmonté d’un cimier composé  du lion de Montfort assis entre deux cornes de bœuf ; le heaume est  orné de lambrequins. 

    C'est exactement la même composition qui se retrouve sur le tombeau de saint Ronan.

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      L’écu de Jean V de Montfort, dit le Bon, duc de Bretagne (1399-1442), photographie lavieb-aile.

     

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    Ces armes se retrouvent sur le signet de Jean V, 1402. DM II, planche x, sceau clxxx.

     

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    L'article Jean V de Wikipédia en donne une illustration haute en couleurs par "Ketepanomegas" :

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    _dukes_of_Bretagne_1316-1514 par Katepanomegas https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_V_de_Bretagne#/media/File:CoA_dukes_of_Bretagne_1316-1514_(chivalric).svg

    _dukes_of_Bretagne_1316-1514 par Katepanomegas https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_V_de_Bretagne#/media/File:CoA_dukes_of_Bretagne_1316-1514_(chivalric).svg

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    b) les armoiries de la duchesse Jeanne.

    Elles offrent ici la particularité d'être placées dans un écu losangique, une forme réservée aux armoiries féminines. Mais comme ailleurs (Quimper, Folgoët, etc), elles associent en 1 les hermines de Bretagne, et en 2 les fleurs de lys de France. L'emblème royal semble avoir été martelé plus soigneusement que les mouchetures bretonnes.

     

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    Armoiries de la duchesse de Bretagne Jeanne de France, parti de Bretagne et de France : clé de voûte du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile

     

     

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    SOURCES ET LIENS.

     

     

    — ABGRALL (Jean-Marie), PONDAVEN (G.), PÉRENNÈS (Henri),  1925, Notice sur Locronan  B.D.H.A. page 65, etc.

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1925.pdf

     

    — BOCCARD (Michèle), 2009, "Locronan, église Saint-Ronan", Congrès Archéologique de France, 165ème session (Finistère, 2007), Paris, Société Française d'archéologie pages 185-189.

    https://www.academia.edu/26540787/_Locronan_%C3%A9glise_Saint-Ronan_Congr%C3%A8s_Arch%C3%A9ologique_de_France_165%C3%A8me_session_Finist%C3%A8re_2007_Paris_SFA_2009_p._185-189

    BROUCKE (Paul-François, héraldiste), 2017, "Locronan : des armoiries, des mécénats" , communication du Colloque Flamboyante Bretagne. Les arts monumentaux en Bretagne entre 1420 et 1540. 30 octobre - 1er novembre 2017.

    CASTEL (Yves-Pascal), 1989, “0512 Le Tombeau de St-Ronan à Locronan et la Révolution Française... 29.04.89.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 13 novembre 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/2001.

    COUFFON (René), Le BARS (Alfred), 1988, Notice sur Locronan.

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/LOCRONAN.pdf

    CHAPELLE DU PENITY Accolée au sud de l'église avec laquelle elle communique par deux arcades, elle est bâtie, selon la tradition, à l'emplacement de l'ermitage du saint. C'est un édifice très simple, de plan rectangulaire, comprenant trois travées voûtées d'ogives avec liernes. La similitude de sa porte ouest avec celle de l'aile nord de Saint-Corentin et le fait que l'architecte de cette dernière, Pierre Le Goraguer, apparaisse à Locronan en 1485 après l'achèvement de la grande église, semble indiquer que c'est à la fin du XVe siècle que fut exécutée la chapelle du Penity.

    Mobilier : Le tombeau de saint Ronan (C.) : c'est là une oeuvre particulièrement intéressante. Il comprend en effet une dalle représentant en haut-relief le saint en vêtements épiscopaux. A ses pieds sont les écussons Bretagne plein et Bretagne-France de Jean V et de sa femme Jeanne de France, le premier timbré d'un heaume avec pour cimier le lion de Montfort. La figure du saint est assez malhabile, mais cette dalle des environs de 1430 est l'un des premiers ouvrages en kersanton et sans doute taillée par un sculpteur de l'atelier du Folgoat. Elle a été posée sur des anges-cariatides portant des écussons lors de l'achèvement de la chapelle, à l'extrême fin du XVe siècle ou aux premières années du XVIe siècle. .

     

    —  DILASSER (Maurice), 1979, M. Dilasser : Un pays de Cornouaille, Locronan et sa région (Paris, 1979) ;

    —  DILASSER (Maurice), 1981,Locronan (Rennes, 1981)

    —  ESCHER (Conrad) 1912, : Le tombeau de saint Ronan à Locronan Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par Conrad Echer (traduction de l’allemand) Abbé PhilipponPages 123 à 154 (B.S.A.F. 1912 tome 39) file:///E:/blog/saf1912_0189_0228.pdf

    GENDRY (Mickaël) 2010, « Les minihis en Bretagne entre le ixe et le xiie siècle : des territoires monastiques sacralisés ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 117-2 | 2010, mis en ligne le 10 juillet 2012, consulté le 15 novembre 2017. URL : http://abpo.revues.org/1766 ; DOI : 10.4000/abpo.1766

    LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes page 87.

    WAQUET (Henri)  : Locronan (S.F.A. C.A. 1914) ;

    WAQUET (Henri), 1920,  Locronan, études archéologiques (B.S.A.F. 1920) ;

    WAQUET (Henri) 1952, Autour du cénotaphe de saint Ronan (B.S.A.F. 1952)

    file:///E:/blog/saf1952_0175_0179%20autour%20du%20c%C3%A9notaphe%20de%20saint%20ronan.pdf

     

    - R. Couffon : Le tombeau de saint Ronan à Locronan (S.F.A. B.M. 1954)

     

     

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    Published by jean-yves cordier
    9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 20:42

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    PRÉSENTATION.

    La chapelle Saint-Jacques, lieu-dit de Saint-Léon en Merléac (22) a été édifiée peu avant 1317 grâce aux offrandes du vicomte de Rohan, mais son aménagement reprit au début du XVe siècle, comme en témoigne la maîtresse-vitre datée de 1402. De plan rectangulaire, elle présente une nef à cinq travées divisée en trois vaisseaux. Les murs surmontant les grandes arcades, ornés de peintures consacrées à des scènes du cycle de la Passion du Christ, et les intrados des arcs aux armoiries des Rohan et aux hermines de Bretagne, ont fait l'objet d'un article précédent.  Les peintures des lambris de couvrement des trois vaisseaux ont été décrites en 1865 par Geslin de Bourgogne, mais le mauvais état de la toiture menaçait la conservation de ces peintures presque illisibles. J'ai déjà décrit à ma façon dans ce blog les lambris des bas-cotés, et je me consacre au lambris de la nef principale.

    Au milieu du XIXe siècle, la lecture de ces peintures semblait confuse pour certains auteurs :

    "On a représenté encore sur le même lambris ainsi que sur ceux des bas côtés, des chameaux, des éléphants, des animaux de diverses sortes, un château fort, un prélat avec sa suite, des figures bizarres et fantastiques, des démons, des anges qui jouent de toutes sortes d’instruments, de la nativité avec un âne et un bœuf mangeant à un râtelier, enfin une multitude d’objets grossièrement rendus et plusieurs lignes d’écriture gothique. « Histoire et géographie (1859) »

    L'abbé Gilles Jarno identifiait néanmoins dès 1872 les scènes les plus remarquables comme liées à la Genèse, mais dans une description rédigée à l'imparfait  :

     

    "Les voûtes des trois nefs, lambrissées, étaient peintes. Celle du milieu représentait la création du monde en six tableaux en losange. Deux surtout étaient assez bien conservés, celui de la création du firmament et celui de la création de l'homme. Celui-ci montrait Adam et Ève en longs cheveux, debout devant Dieu figuré par un vieillard à longue barbe blanche, en robe bleue dont le bas du corps était caché dans un nuage et sur les épaules duquel voltigeait au vent un manteau rouge écarlate. Cette représentation du Père Éternel était visible plus ou moins dans les autres tableaux. Tout cela a péri par défaut d'entretien de la toiture." (Jarno 1872)

    La chapelle fut classée MH le 1er décembre 1908. 

    En 1974, une série de 15 photos de Thierry Prat pour le CRMH témoigne de la vétusté de l'état des lambris. Six photos concernent le vaisseau principal.

    Javier Barral I Altet en donna en 1987 la première bonne  description avant restauration, tout en insistant sur la dégradation du décor peint :

     

    "La voûte de la nef principale présente une large croix rouge qui divise le programme en épousant l'axe central de la voûte. D'après Geslin, sur le bois de la croix « se dessinaient une légion d'anges et d'archanges et, sur les bras, les emblèmes des quatre évangélistes » dont on peut reconnaître encore ceux de Marc et de Luc. De part et d'autre du bras long de la croix quatre registres très effacés figurent, au nord, une série de médaillons circulaires avec la représentation de Dieu en majesté dominant la Création et, au sud, Adam et Eve chassés du Paradis, la punition des premiers parents et, d'après Geslin de Bourgogne, jusqu'au sacrifice de Caïn et Abel. Parmi les éléments conservés on remarque l'importance que prennent les paysages montagneux et la végétation, ainsi que les éléments architecturaux traduits sous forme de châteaux gothiques. La voûte du bas-côté septentrional est si dégradée que seulement quelques figures peuvent être identifiées, parmi lesquelles des anges jouant des instruments de musique que Geslin de Bourgogne avait pu encore voir. Grâce à cet auteur nous savons qu'une partie de la voûte était consacrée à la légende de la Vierge et à l'enfance du Christ, le tout représenté avec des éléments architecturaux et des détails vestimentaires qu'il n'hésitait pas à attribuer au xve siècle.." Javier Barral I Altet 1987.

    Cet article s'accompagne d'une photographie noir et blanc qui complète le dossier photo de 1974. Je la montre ici.

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    Voûte lambrissée de Saint-Jacques, in Barral I Altet 1987.

    Voûte lambrissée de Saint-Jacques, in Barral I Altet 1987.

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    Les lambris ont été l’objet récemment d’une  restauration exemplaire de 2012 à 2017 sous la direction de  Christophe Batard, architecte en chef des monuments historiques, et Christine Jablonski, conservatrice des monuments historiques à la CRMH-DRAC Bretagne (photo lavieb-aile 23-11-2017). 

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    Le corpus d'inscriptions et l'iconographie a motivé des recherches interdisciplinaires dont les conclusions seront présentées les 22 et 23 novembre 2017 lors du colloque Merleac : ut scriptura genesis, Patrimoine numérisé de la Bible historiale, organisé par les Universités de Paris 13 et Paris 3 avec les universités de Binghamton, de St Andrews, et de Poitiers. J'extrais du programme ceci :

     

    "Les inscriptions sur les lambris de Merléac constituent l’un des exemples les plus intéressants, sinon l’apogée d’une grande mouvance d’inscriptions historiées où le rapport texte-image forme une esthétique cohérente, laquelle esthétique a dominé les derniers siècles du Moyen Âge. Le concepteur du décor de la chapelle bretonne suivait sans doute l’exemple illustre de la Sainte-Chapelle de Paris et de ses avatars artistiques, y compris dans le choix du texte. La comparaison avec plusieurs décorations du même type dans les milieux royaux d’Angleterre ou de Bohême, voire avec d’autres cas célèbres en France ou en Allemagne, permet de supposer que ce manuscrit-source pouvait être inspiré d’une Bible illustrée appartenant à la tradition des textes dérivés de la Bible historiale de Guyart des Moulins (Vladimir Agrigoroaie).

    Un lien avec la Bible historiale

    La Bible Historiale est une Bible française, écrite en prose, qui traduit fidèlement le texte de la Vulgate. Elle est présente dans toutes les bibliothèques seigneuriales à la fin du Moyen Âge et c’est elle qui sert de modèle aux premières bibles imprimées. Composée à la fin du XIIIe siècle, son cycle d’écriture raconte à lui tout seul le versant officiel de l’histoire du texte biblique, traduit en prose française, et des enseignements qui sont nécessaires dans l’esprit de ce temps-là à sa juste et parfaite interprétation. Elle est dite historiale, parce qu’elle est « historiée », c’est-à-dire illustrée, mais aussi parce qu’elle raconte les Histoires de la Bible.

    Dans le cadre du développement de solutions de veilles culturelles, le cas de Merleac est exemplaire tout à la fois au regard des problématiques historiques que des solutions que peut apporter le numérique pour aider à l'indexation des données.

    Le projet s'inscrit pleinement dans la pensée du texte et dans la problématique du développement de connaissances nouvelles : Il s'agit d'un texte un peu particulier, peint sur les murs d'une église, dont la restauration est en lien étroit avec le domaine de la philologie."

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    La découverte inopinée de la tenue de ce colloque  au moment même où je finalise cet article me fait toucher du doigt, si besoin était, le ridicule de ma démarche d'amateur. D'autant que je n'ai trouvé aucune donnée scientifique disponible en ligne ou en édition sur ces restaurations, sur ces peintures ou sur le corpus épigraphique, ni aucune trace des travaux des participants à ce Colloque.J'ignore même la datation estimée de ces lambris, et je les rattache faute de mieux à la datation du vitrail, dans le tout début du XVe.

    Pire, je ne suis parvenu à trouver la moindre photographie récente en ligne, y compris (sauf deux vues de  détails) sur le splendide site de Mathieu Venuat. C'est cette indigence de la documentation technique ou iconographique disponible, qui est le seul alibi de mon article. Je vous éclairerai par le flambeau de mon ignorance.

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    La charpente de Saint-Jacques est recouverte d'un lambris de bardeaux fendus ou planches sciées,  qui s'appuient selon un arc en plein cintre sur les murs latéraux de l'édifice par l'intermédiaire d'une corniche de bois. Les planches qui constituent la voûte étaient fixées directement à la charpente à l'aide de clous, mais ce sont des vis à pans qui sont aujourd'hui visibles. Entre les planches, les espaces non jointoyés  sont  irréguliers. Les éléments sculptés habituels sont absents, il n'y a ni "sablières" sculptées, ni blochets, ni nervure, ni abouts de poinçons, et les quatre entraits sans poutre de gloire ne sont pas embellis d'engoulants. Et c'est tant mieux, car le travail de description du  décor peint suffira largement à ma peine — ou à mon plaisir—.

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    Vues d'ensemble.

    Je suis obligé de présenter cette voûte  en trois clichés successifs d'ouest en est :

     

     

     

    Vue générale du couvrement peint de  la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Vue générale du couvrement peint de la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Vue générale du couvrement peint de  la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Vue générale du couvrement peint de la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Vue générale du couvrement peint de  la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Vue générale du couvrement peint de la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Vue générale du couvrement peint de  la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Vue générale du couvrement peint de la charpente de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Pour  décrire ce décor peint, je le diviserai  en deux parties. La partie ouest, rythmée par  les trois premiers entraits, et correspondant globalement à la nef, est consacrée au récit biblique de la Genèse, de la  Création du monde à la faute d'Adam et le meurtre d'Abel par son frère Caïn (Genèse 1-4) . La partie orientale, en partie manquante, et surplombant le chœur, comporte des légions d'anges, et conserve deux des quatre animaux du Tétramorphe, le lion ailé de saint Marc et le taureau de saint Luc. Mais une grande bande rouge, remarquée très tôt, suit d'ouest en est la ligne médiane de la voûte et sépare en deux ensembles ce décor, qui se lit ainsi soit en se plaçant du coté nord, soit en traversant la nef. Cette bande rouge est occupée par des séraphins les uns derrière les autres, et elle forme une croix avec une bande transversale, elle aussi bruissante des battements d'ailes des séraphins. Si on imagine que la partie orientale était consacrée au Christ en gloire, ou à défaut si on considère que l'axe culminait en la Passion de la maîtresse-vitre, le chemin tracé du portail vers l'autel racontait l'histoire du Salut , où Dieu pardonnait à l'Humanité et lui envoyait son Fils pour la sauver. 

    Pour tordre le cou à certaines convictions, ces peintures mal visibles et ces inscriptions très peu lisibles, encore moins aux illettrés, n'avaient certainement aucun but didactique, mais une valeur liturgique, ou initiatique, au même titre que le Credo apostolique  scande  les douze articles de la Foi  sur beaucoup de porches bretons sans en supposer la lecture. Franchir ce seuil, c'était alors, comme le geste du signe de croix, un engagement corporel et spirituel du fidèle, une incorporation. De même, marcher en suivant la croix rouge du chemin de la Rédemption en passant sous des voûtes peintes de Merléac de l'incipit de l'histoire du Monde jusqu'à son Oméga christique possédait la même intense valeur que tous les rites de circumambulation rituelle, sans qu'il soit nécessaire de déchiffrer le B-A BA d'une histoire sainte inculquée à chaque chrétien depuis son baptême. 

    Il y aurait beaucoup de chose à dire sur ce chemin tracé sur la voûte et ses relations avec le "Chemin de Saint Jacques", la Voie Lacté, ou  sur la conversion vue par Guillaume de Digulleville  au XIVe siècle comme "un pèlerinage de la Vie Humaine" , surtout si on considère que le cycle de peinture s'achève par la maîtresse-vitre avec ses deux inscriptions, "ACCIPE BACULUM" (reçois le bâton de pèlerin) et "VERE FILIUS DEI" (Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu).

     

     

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    LA PREMIÈRE PARTIE : LA GENÈSE SELON LA BIBLE HISTORIALE.

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    Je n'attendrais rien pour la subdiviser en sa moitié droite (ou sud) et sa moitié nord, comme chacun serait amené à le faire sur place pour suivre les scènes. Entre ces deux moitiés court le long tapis rouge où les anges chantent la gloire divine.

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    I. LA MOITIÉ NORD. LA CRÉATION DU MONDE.

    Nous voici à pied d'œuvre, jumelles autour du cou, adossés à un pilier sud, et après avoir passé les deux premières longueurs de bardeaux (seulement occupés en bas par un petit panneau peint), nous cherchons à comprendre comment cela est organisé. Il apparaît vite que nous devons reprendre la paire de ciseaux pour créer une nouvelle partition entre trois zones horizontales :

    • En haut, une bande occupée par sept cercles contigus.
    • En dessous, une bande étroite où se détachent les lettres noires de l'écriture gothique onciale : la litre légendée.
    • puis des panneaux rectangulaires successifs aux riches couleurs, interrompus par les lacunes des peintures qui n'ont pu nous parvenir.

     

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    Lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    A. LES SEPT MÉDAILLONS DE LA CRÉATION DU MONDE.

    Ces sept cercles successifs correspondent sans-doute aux sept jours qui furent nécessaires à Dieu pour bâtir le vaste monde : le premier pour créer la terre, la lumière, le jour et la nuit ; le deuxième pour faire le firmament (espace céleste séparant les eaux d'en haut et les eaux d'en bas, la voûte où sont placées les étoiles fixes) et le ciel. Le troisième pour séparer l'eau et le sec, pour faire la mer et les continents, et y mettre la Nature, avec ses arbres et ses fruits. Le  quatrième pour nous donner les étoiles et les saisons. Le cinquième pour les Poissons et les Oiseaux. Le sixième pour les autres animaux, le Paradis et Adam et Ève. Et le septième, comme chacun sait, pour se reposer. 

    Ces médaillons sont très évocateurs de ceux des enluminures des Bibles Historiales. Mais, ici, que contiennent-ils ?

    Ils se détachent sur un fond peint d'étoiles rouges à six branches.

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    Deux exemples de  médaillons de la Genèse des Bibles Historiales
    Deux exemples de  médaillons de la Genèse des Bibles Historiales

    Deux exemples de médaillons de la Genèse des Bibles Historiales

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    Premier cercle. La séparation des ténèbres avec la lumière Ge 1:1-5. Le premier jour.

    Seule la moitié droite est conservée, et je n'y vois qu'une masse noirâtre, et quelques traits qui donnent à penser qu'un examen attentif lors de la restauration aura pu en savoir plus. Dieu était sans-doute au centre, séparant le jour et la nuit, ce sac de suie que nous avons sous les yeux.

    Genèse 1:1-5.

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    Premiers cercles du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Premiers cercles du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Premier cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Premier cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Le deuxième cercle. La chute des anges déchus.

    A la différence des autres, il n'est pas circonscrit par un cercle servant de cadre. Ou plutôt, ce cercle intérieur est beaucoup plus petit, et il est occupé par une ronde de seize êtres noirs ailés et cornus : ce sont les anges déchus autour d'un centre incandescent. 

    Ils sont figurés dans la Bible historiale BnF Fr 15395 folio 4v. Ou au folio 64v des Très Riches Heures (1411-1416) du duc Jean de Berry.

     

    Autour d'eux, une douzaine de bons anges sont prosternés autour du Créateur nimbé, qui indique par un index sûr quelle est la Voie à suivre.

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    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Deuxième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Le troisième cercle. Séparation des eaux du dessous et des eaux du dessus, ou Ciel. Le deuxième jour. Genèse 1:6-8.

    Dieu est tourné sur sa divine droite et on interprétera le geste de ses deux mains comme correspondant à l'acte opérant, avec le pouce, l'index et le majeur ouverts, et les doigts cubitaux repliés. Mais que fabrique-t-il ainsi ? Sans-doute ces bulles hérissés de demi-cercles gris, que je comprends comme des nuages, des masses d'eaux, celles qu'il est en train de séparer entre celles qui doivent aller en haut faire de beaux nuages dans le ciel, et celles qui doivent former les océans, les lacs et les ruisseaux. De la belle ouvrage, qui dure encore. Mais jusqu'à quand ?

    Le Père Eternel est vêtu d'un manteau blanc à galon rouge, descendant en plis tuyautés pour recouvrir ses augustes pieds. Les serpentins rouges de ces plis, rampants au sol, serviront d'indice lorsque la partie principale de la peinture aura disparu.

    Ce manteau aux manches traînant à terre évoque les houppelandes alors à la mode.

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    Troisième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Troisième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Troisième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Troisième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Le quatrième cercle. Création de la Terre le troisième jour.

    Dans ce ce cercle partiellement caché par le deuxième entrait, se voit une nouvelle représentation de Dieu de profil,  qui porte une sphère dans la main gauche . Est-il en train de créer la Terre ?

    Dieu dit: Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi.  Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. Genèse 1:9-10.

     

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    Quatrième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Quatrième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Troisième et quatrième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Troisième et quatrième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Troisième et quatrième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Troisième et quatrième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Cinquième cercle. Création de l'herbe et des arbres le troisième jour.

    C'est l'un des plus beaux, et à ce titre, sa photo sert d'illustration au colloque Ut pictura genesis. (Je rappelle qu'il s'agit d'un détournement de la formule latine tirée d'un vers d'Horace, Ut pictura poesis, "la poésie ressemble, ou est comparable, à la peinture", par ses capacités à dépeindre une émotion ou une situation. Elle est peut-être un clin d'œil au projet Utpictura18 ).

    Pour reprendre le fil de mon ekphrasis à moi, dans ce cercle, Dieu lève haut sa main agissante tandis qu'il tient contre lui une boule verte contenue dans une boule blanche, ce que l'on peut considérer comme une image de la Nature. En effet, il est entouré par deux arbres (cèdres ?), et on devine aussi des étoiles, tandis que d'autres objets nous échappent. Ce serait la fin du troisième jour selon la Genèse 1:11-14

    Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi.

     La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.

     Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le troisième jour.

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    Cinquième  cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Cinquième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Cinquième  cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Cinquième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Cinquième  cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Cinquième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Sixième cercle. Création des luminaires le quatrième jour

    Vous n'en verrez que la moitié, mais votre sagacité légendaire vous permettra de deviner la partie occultée. Dieu, toujours de face, tient dans la main gauche un des deux astres, la lune, environnée d'étoiles. En arrière-plan, la Terre apparaît comme une portion de cercle au contenu brun et verdâtre. C'est notre chez-nous vu par Thomas Pesquet.

     Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années; et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le quatrième jour. Genèse 1:14-19

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    Sixième  cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Sixième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Septième cercle.

    La peinture est incomplète, et c'est bien dommage. La moitié gauche montre une montagne, sur les flancs de laquelle brûle un feu, alors qu'une ville se dresse sur les pentes, avec ses ses remparts et ses tours couronnées de créneaux. La civilisation s'est donc installée sur notre planète. Un ovale beige démarre sa courbe vers la moitié manquante. Dans ce qui demeure de la moitié droite, je crois reconnaître les effets de plis rouge du manteau de Dieu le Père.

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    Septième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Septième cercle du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    B. LES ILLUSTRATIONS DE LA GENÈSE ET LEURS INSCRIPTIONS.

    Avant le premier entrait.

    a) les panneaux : ils se réduisent à des éléments que je n'ai pas identifiés.

    b) l'inscription. D'une façon générale, je ne tenterai pas de déchiffrer les inscriptions, trop fragmentaires ou trop rebelles à mes tentatives, et je ne donnerai que les mots que j'ai clairement compris, surtout si le Colloque à venir donne au grand public  les éclaircissements nécessaires. D'autre part, je n'ai compris qu'a posteriori que  les inscriptions concernent les cercles supérieurs, et non  les illustrations inférieures. J'ai puisé à divers manuscrit afin de multiplier les liens vers quelques-uns des 144 exemplaires de la BH recensés par Eléonore Fournié.

    Ici, je lis

    LE CIEL CREA : ET : - - - - - -  , 

    - - - - - - RANS CO[M]ME DIEU.

    Si cela correspondait au Premier jour de la Création dans la Bible historiale, on attendrait à: 

    "De l'ouvrage de premier jour selon la Bible Donc dist Dieu lumiere soit faite Donc vit Dieu la lumiere qlle estoit bonne et devisa lumiere des tenebres et appela la lumiere jour et les tenebres nuyt Donc fu vespre et matin un jour." (Genesis)

    Mais le passage en question ici précède le premier jour, et le texte de la Bible historiale est :

    "Au commencement cria diex le ciel & la terre la terre etoit vaine et vuide & tenebres estoient sur la face dabisme & li esperis notre seigneur estoit portes seur les yaues" (d'après Richard Simon, 1690)

    Au commencement dieu créa le ciel et la terre. La terre estoit vaine et vuyde (etc) (première Bible historiale imprimée vers 1498-1499, par Antoine Vérard Bnf Res. A. 270

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    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Entre le premier et le deuxième entrait. Sous le premier et le deuxième cercle.

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    a) Inscription : non déchiffrée.

     

    b) panneau peint :  il ne  reste qu' une lame.

     

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    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    1. Création des animaux terrestres.

    A droite de Dieu défilent un couple de chameaux et un couple d'éléphant, 

    "On perçoit un changement parmi les animaux à la fin du XIIIe siècle. Hormis le bétail (caprins, bovins et ovins) très représenté dans tout le corpus iconographique, pour des raisons que nous avons évoquées plus haut (en référence au texte d'Isidore de Séville, et par le fait que l'homme ait maintenu sa supériorité sur ces animaux), les animaux du Paradis prennent une place importante. Comme le lion, le paon et le chameau, tous trois présents dans les Heures du duc de Bedfort .

    La présence du lion est presque systématique et l'on peut être tenté de dire que ce n'est pas un animal exotique au Moyen Âge. Sa présence paraît toute naturelle dans le bestiaire de Meermanno, au milieu d'animaux domestiques : une vache, une chèvre, un bélier, un cheval, un chien et un lapin. Cependant elle est nécessaire pour montrer qu'Adam n'avait pas la même domination sur les animaux que les hommes contemporains de cette enluminure, pour montrer que tous les animaux pouvaient se côtoyer. De plus, son titre de roi des animaux permet au lion d'être une des figures essentielles du Paradis, une figure indispensable.

    Quant au chameau, qui est l'animal symbolique de l'Orient, il rappelle que la jardin d'Éden se situe en Orient. L'éléphant, est doublement un animal du Paradis, par son exotisme, et par son symbolisme. Il est l'image d'Adam et d'Ève. L'article sur l'éléphant de Guillaume le Clerc dans son Bestiaire d'Amour, nous présente ces animaux qui viennent d'Inde et d'Afrique et les compare au premier couple :

    «En ces bestes par verite

    sont Eve et Adam figure

    quant il furent en paraïs».

    Adam et Ève sont souvent mis en parallèle avec le couple que forment l'éléphant et l'éléphante. Les comparaisons véhiculées par les bestiaires ne manquent pas entre ces deux couples. Les éléphants sont chastes, et ne s'accouplent qu'après avoir mangé du fruit de la mandragore, fruit offert par la femelle pour aguicher le mâle. La femelle n'enfante que dans l'eau pour protéger sa progéniture du venin du serpent ou du dragon, ennemi par excellence de l'éléphant. Au delà du couple primitif, les éléphants représentent toute la descendance d'Adam qui doit attendre l'arrivé du nouvel Adam, le Christ, pour se relever du péché, comme un éléphant tombé qui ne peut se relever même aidé de douze autres (les prophètes), sinon grâce à un saint petit éléphant, Car d'après les bestiaires seul un éléphanteau parviendra à relever l'éléphant tombé. L'éléphant malgré cette double interprétation est plus rare dans le corpus iconographique (ill. 2, 4, 27).

    C'est pourquoi dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4), l'éléphant et le chameau se retrouvent au même niveau, ils représentent l'Orient, le berceau géographique du Paradis. À la fin du Moyen Âge les représentations se fixent et l'éléphant représente plus l'Afrique et le dromadaire l'Asie. Il n'est pas rare de voir des dromadaires dans les bestiaires du XIIIe siècle, le bestiaire de la Boldeian Library copie du fameux bestiaire d'Aberdeen a même rajouté l'animal que son modèle avait omis. Le bestiaire d'Aberdeen s'est contenté d'animaux indigènes, mis à part les lions." OUTTERS (Maÿlis), 2006.

    Les éléphants sont représentés comme "éléphant de guerre", pour reprendre la dénomination de la base Enluminure, c'est à dire qu'ils sont équipés de tours, ou howdah d'où les archers tiraient des flèches enflammées sur les ennemis. Aucun des 10 exemples de la base Enluminure ne provient d'une Bible historiale.

    Les autres animaux sont le chien (en bas à gauche)  le serpent, le lion et la lionne, un couple de capridés, et un couple d' animaux à ramure de cerf mais au pelage noir très fourni. Un autre couple de bêtes plus petites, couleur chamois, se voit devant les belles chaussures rouges de Dieu. Au total, huit espèces. 

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    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    1. Création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    1'.  L'inscription sous le troisième cercle : le deuxième jour.

    — A gauche de l'entrait : Trois lignes.

     

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    APPELLA : LES : IORS QUI : SONT : PAR : DESUS : -.

    -LET : DESOULZ : LE : FIRMAMENT : ET

    Le mot "IORS" est douteux. Il n'y a pas de point sur le I,  qui pourrait être un R ; la troisième lettre pourrait être un -E ; nous aurions ROES. IORS n'est pas  une entrée pour le DEAF.  ROE, avec le sens de "roue, est attesté au singulier dans le Roman d'Aiquin, que nous retrouverons infra à propos du mot AINXIN .

    — A droite de l'entrait, au dessus de la figure de Dieu : Trois lignes. Je décèle en troisième ligne la mention importante :

    DIEU : LE SEGONT IOUR

    On attendrait le texte de la Bible historiale suivant (Genesis) :

    "De l'ouvrage du second jour selon la Bible.

    Dit Dieu le firmament soit fait en moyenne des yaues et divisa les yaues qui estoient dessous le firmament de celles qui estoient dessus le firmament Et ce fut fait en telle maniere et apela dieu le firmament ciel Donc fu fait vespre et matin le second jour."

    Ou bien Bibl Sainte Geneviève ms 0022 folio 04 (vers 1330) qui est la Bible de Léon VII de Léon ancêtre des vicomtes de Rohan après le mariage de Jeanne de Léon en 1349 avec Jean Ier de Rohan.

    "Comment Dieu fist le firmament. Diex dist li firmament soit fais en moienne des yaues. Et divisa ycelles yaues des yaues. Et fist diex le firmament. Et devisa les yaues qui estoient de dessus le firmament Et de ce fut fait tour en tele maniere et apela diex le firmament ciel Doncques fu fait vespre et matin le second iour."

     

    Ou bien dans la Bible du XIIIe siècle selon le manuscrit de l'Arsenal 5056 selon M. Quereuil :

    "Dieux dist adecertes : « li firmament soit fait ou milieu des eves et departe les unes eves des autres ». Dieux fist le firmament et departi les eves qui estoient desus le firmament de celes qui desouz le firmament estoient."

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    Inscription de la création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.
    Inscription de la création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Inscription de la création des animaux terrestres, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    2. La création d'Adam.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La posture suppliante d'Adam incite à penser qu'il demande au Créateur de lui donner une compagne afin qu'il puisse procréer au même titre que toutes les autres créatures.

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    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. La création d'Adam, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    2' Inscription sous le cinquième cercle. Le troisième jour.

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    FIST : A : SE[M]BLER : LES : L-OS ------ OMM - 

    OLT EN UNLIN : ADONC : LAIS : - - -  ET :  DIEU : LY 

    ET: DIEU : LY : DIST : LATERRE : PLANT : - - AST : ET : HERBE

    ERE : ET : TANTOST : IL : IST : - - T : ET : AINXIN : LE : TIERS : IOUR.

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    On s'attendrait à trouver, pour suivre la Bible historiale :

     

    "De l'ouvrage du tiers jour selon la Bible: Derechief dist Dieu: les yaues qui sont dessoubz le ciel soient assemblees en un lieu et appare la seiche et il fut fait ainsi Et appela dieu la seiche terre et les assemblees des yaues appela mer Donc vit dieu que cestoit bon si dist: La terre porte heerbe verdoiant et faisant semence et arbres portans pommes et faisant fruit selon son genre qui semence erent en soy mesmes sur Terre Et il fut fait ainsi Et porta la Terre herbe verdoiant et portant semence semence selon son genre et arbres faisans fruit et aians chascunee semence selon sa maniere Donc vit dieu q cestoit bon Si fu fait vepre et matin le tiers iour "(Genesis)

    Ou bien dans la Bible historiale de  Bibl. Sainte Geneviève ms 0022 folio 04-05 (vers 1330) qui est la Bible de Léon VII de Léon :

    "De l'ouvrage du tiers jour selon la Bible:. Comment diex fist la terre et les herbes. Derechief dist Diex: les yaues qui sont dessous le ciel soient assemblees en un lieu et apela seche terre. Et tout maintendant fait en tele manière. Et apella diex la seche terre et les assemblées des yaues apela la mer. Adoncques vit dieu que ce estoit bon. Si commenca tout maintenant a dire. La terre portant herbes verdoiant et portant semence et arbres portant pommes et faisant fruit selonc son gendre (sic) quel semence il a en lui meesnices. leur terre et il fu fait tout en tele manière et porta la terre herbe verdoient et porta semence son genre et faisant fruit. Et dio mit chascune semence selon sa manière. Adoncques vit diex ce estoit bon si fut fait et vespre et matin et le tiers jour."  (les erreurs de transcription seront de moi)

     

    Ou bien dans la Bible du XIIIe siècle selon le manuscrit de l'Arsenal 5056 selon M. Quereuil :

    Et la terre aporta herbe verdoiant et aportant semence selonc sa maniere, et fust fesant fruit et aient chascune semance selonc sa maniere.

    Dieux vit que ce estoit bonne chose, eu du vespre et du matin est fait li tierz jor.

     

     

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    2. Inscription du troisième jour, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    2. Inscription du troisième jour, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    L'un des éléments remarquables est l'adverbe que j'ai transcrit AINXIN, en tenant compte des points sur les I, présents sur l'inscription. Nous lisons donc "et ainxin le tiers iour",  "et ainsi le troisième jour". Le  DEAF, Dictionnaire Étymologique de l'Ancien Français, donne pour l'adverbe ainsi de très nombreuses formes : AINSEINT, AINSINES , AINSINQUES, AINSINT, AINSIR, AINSIS, AINSOY, AINSSI, AINSSINC, AINSSINT, AINSSIQUES, AINSSY, AINSY, AISY, AISNY, AISSI, AISSIÉS, AIZO, ANSI, ANSIN, ANSINE, ANSIS, ANSIT, ASSINT, ASY, AUISI, AUXINT. (2) Pour l'adverbe Ainsinc, il offre les formes  ANSEINC, ANSINC, ANSINQUES, ANSINS, ANSINT, ANXIN, AUSINQUES, AUSSINT. 

    Le X remplace en ancien français un double S : je conserve donc les formes AINSSI, AINSSINC, AINSSINT, AINSSIQUES, AINSSY, AISSI, AISSIÉS, ASSINT, AUXINT et (2): ANXIN, AUSSINT.

    La forme la plus proche de l'inscription est ANXIN, surtout que ma lecture de la finale -IN me sembla assez sûre. Selon le DEAF, la forme AUXIN daterait du début du XIIIe siècle et serait attestée dans Le Roman d'Aiquin ou la conquête de la Bretaigne par Charlemaigne. (BnF fr. 2233 du XVe siècle). Le vers 907 donne la forme AINXIN alors qu'au vers 566 je lis AINXY. Le Roman d'Aiquin du français 2233  est un manuscrit "qui a été découvert dans les ruines du monastère des Récollets de l'île de Cézambre" à Saint-Malo après le bombardement en 1693 par les Anglais ; il était attesté à Cézembre depuis le XVIe siècle. Une copie en a été faite au XVIIe siècle, c'est le manuscrit L.F 29 de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Mais le Français 2233 est la copie de l'unique chanson de geste de Bretagne  faite de 34 laisses de vers décasyllabiques monorimes (3087 vers)  Et si Dieu plaist, le vroy creatour, nous y vaincron paen Sarrazinour, par quoy auron paradis et honour; / — Sire, dist Nesmes, alez y sans sonjour..

    Cette occurrence de la forme AINXIN à Merléac dans le Roman d'Aiquin devient excitante si on considère que non seulement sa copie du XVe siècle était détenue en Bretagne, mais que cette chanson  de geste a été composée "vers la fin du XIIe s. dans la France de l'Ouest et, plus précisément, avec un fort degré de probabilité, dans la région littorale de la Haute-Bretagne comprise entre Saint-Malo et Dol" (Cassard), même si "il s'avère qu'il s'agit d'une copie effectuée par un scribe trop pressé d'en finir et assez peu respectueux de la lettre du texte au fil de son travail, au point de nécessiter le rétablissement de nombreux passages estropiés à seule fin de les rendre compréhensibles et plus corrects au niveau de la versification" (id)

    Si on admet cette leçon AINXIN et sa traduction par "ainsi", il resterait à comprendre pourquoi l'auteur s'éloigne du texte "si fu fait vepre et matin le tiers iour" en remplaçant "vêpre et matin" par "ainsi". Le Pr. Clive Sneddon (comm. pers) y verrait une insistance quasi philosophique sur l'événement temporel qui survient, associé à la cosmogonie en cours. 

     

     

     Inscription du troisième jour, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Inscription du troisième jour, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    3. La création d'Ève ?

    La première femme est agenouillée à gauche.

    3. La création d'Ève, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    3. La création d'Ève, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    4'. Inscription sous le sixième cercle : le quatrième jour.

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    LE SIN-LERE ----

    ET : FURENT : FAITZ : DOUE : -- : LUMIERES : LU-- : ET : C

    E : LA : AINXIN : IL : FIT : LES : ESTOILLES : ET : LES 

    QUART IOUR - - -

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    On s'attendrait à trouver :

    "Derechief dist dieu: lumieres soient ou firmament qui de devisent le jour de la nuit et soient en signes en temps en iours en anssi quilz luisent ou firmament et enluminent la terre Et il fut fait ainsi et fist Dieu deus grans lumieres la plus grant lumiere pour servir le jour et la plus petite lumiere pour servir la nuit Et les estoilles mit ou firmament pour luire sur terre et pour servir au jour et à la nuit et pour deviser la lumiere des tenebres Donc vit dieu que cestoit bon si fut fait vespre et matin le quart jour" (Genesis)

    Ou bien

    "Derechief dist dieux luminaires soient ou firmament qui divisassent le jour de la nuit et soient en signes et en iours et anssi quils luisent ou firmament et enluminant la terre et il fu fait anssi et fist dieux deus grans luminaires le plus grant luminaire pour servir le jour et le plus petit luminaire pour servir la nuit et les estoilles et les mist ou firmament pour luire sur terre et pour servir au iour et a la nuit et pour diviser la lumiere de tenebres Donc vit dieux que cestoit bon si fut fait vespre et matin le quart jour" ( Bible Historiale de Jean de Berry Bnf fr. 20090 folio 4v)

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    Note : nous retrouvons un deuxième emploi de l'adverbe AINXIN, "ainsi". : "et la ainxin il fit les estoilles et les ...", proche du texte "et il fut fait ainsi ".

    Sur la graphie estoilles, DEAF renvoie à 8 sources de la fin du XIIIe jusqu'à ca 1485.

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    Inscription sous le sixième cercle, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Inscription sous le sixième cercle, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    4. Fragment d'une scène. 

    Cette scène a été coupée pour réaliser la traverse de la grande croix rouge aux séraphins. On y voit une montagne escarpée au sol jaune.

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    Quatrième scène, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Quatrième scène, moitié nord du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    II. LA MOITIÉ SUD. ADAM ET ÈVE / CAÏN ET ABEL.

    De l'ouest vers l'est.

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    A. LA PARTIE HAUTE.

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    1°) Entre le pignon ouest et le deuxième entrait.

    Cette partie ne comporte plus qu'un ensemble montrant un arbre à coté du toit d'une hutte, et, un peu plus loin, un autre arbre.

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    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    2°) Entre le deuxième entrait et la grande croix rouge. Adam et Ève.

    Nous sommes obligés de lire les deux volets de la scène de gauche à droite, en partant de la croix rouge.

    a) Dieu unit Adam et Ève.

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    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Dieu unit Adam et Ève, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    b) Adam et Ève expulsés du Paradis.

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     Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.
    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Adam et Ève chassés de l'Eden, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    B. LA PARTIE BASSE. CAÏN ET ABEL.

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    Caïn et Abel, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Caïn et Abel, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Caïn et Abel, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Caïn et Abel, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Caïn et Abel, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Caïn et Abel, moitié sud du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    LA DEUXIÈME PARTIE : LES ANGES ET LES ÉVANGÉLISTES.

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    Partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    L'évangéliste Marc représenté par son lion ailé. 

    Inscription MARCUS.

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    L'évangéliste Marc, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    L'évangéliste Marc, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    L'évangéliste Luc représenté par son taureau.

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    L'évangéliste Luc, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    L'évangéliste Luc, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Le taureau de Luc, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Le taureau de Luc, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Les anges.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    La procession des anges sur la croix rouge, partie orientale du lambris de couvrement de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    CONCLUSION ET DOSSIER ICONOGRAPHIQUE.

    Mon premier souci est d'intégrer ces peintures dans leur environnement, et de tenter de comprendre l'unité du programme décoratif de la chapelle. La Vie de saint Jacques de la maîtresse-vitre et des lambris du bas-coté sud se comprennent sans difficulté dans cette chapelle, étape du pèlerinage de Compostelle. La Passion de la maîtresse-vitre et celle des peintures murales ont une place également évidente dans une église où est célébré le mystère eucharistique. La glorification de la Vierge couronnée d'un vitrail aujourd'hui éclaté dans les baies latérales ne suscite aucun étonnement. Enfin, les anges musiciens ou déroulant leurs phylactères sont présents sur les trois supports de la peinture murale, sur verre, ou sur lambris. Le Récit de la Création inspiré de la Genèse et de la tradition iconographique développée dans les Bibles historiales crée une certaine rupture par rapport aux cultes des trois saints personnages, le Christ, la Vierge et saint Jacques. Néanmoins, il donne aux  représentation de la Rédemption (la Passion) et de l'Incarnation (le rôle de la Vierge) et donc au plan du Salut  leur origine, le Péché originel, et la désobéissance d'Adam et Ève. C'est la même option qui sera confiée à Michel-Ange pour le plafond de la chapelle Sixtine.

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    Les sommités de philologie, d'histoire de l'art et de valorisation du patrimoine qui vont se réunir au Lycée Henri IV à Paris, puis à Saint-Brieuc et Merléac viennent y célébrer les noces de la recherche sur la Bible historiale et de la peinture d'un édifice religieux. Mais j'ai été déçu de ne pas retrouver le texte exact de cette Bible historiale sur les inscriptions des lambris, et je dois dès lors me demander si ce ne sont pas plutôt les scènes peintes qui seraient en relation avec le corpus d'enluminures qui enrichissent les manuscrits. Une autre paire de manche !

     

     

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    Le manuscrit Arsenal 5211.

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    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

    Paris, Arsenal 5211 folio 3 Gallica.

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    Le manuscrit BnF Fr. 20090.

     

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8455902x

    Réalisé avant 1383, il a appartenu à Charles VI avant d'être détenu par Jean de Berry. Parmi ses 89 enluminures dénombrées par E. Fournié, 10 concernent la Genèse jusqu'au meurtre d'Abel . Je présente les six du folio 3.  La glose  débute par Au commencement fu li feux et le feu estoit le commencement par le quel et ou quel le père créa le monde.

     

    Fol. 3 : Création : soleil et lune

    Fol. 3 : Création : terre

    Fol. 3 : Création : poissons

    Fol. 3 : Création : oiseaux

    Fol. 3 : Création : mammifères

    Fol. 3 : Création : Eve

    Fol. 6v : Création : Adam

    Fol. 7v : Création : Eve

    Fol. 8 : Péché originel

    Fol. 9 : Expulsion du paradis

    Fol. 9v : Offrandes de Caïn et d’Abel

    Fol. 10 : Assassinat d’Abel

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    Le manuscrit BnF Fr. 20090 folio 3v (détail), Gallica.

    Le manuscrit BnF Fr. 20090 folio 3v (détail), Gallica.

    Le manuscrit BnF Fr. 20090 folio 3v (détail), Gallica.

    Le manuscrit BnF Fr. 20090 folio 3v (détail), Gallica.

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    Le manuscrit BnF français 152.

    Daté de 1347 et d'origine picarde (région de Thérouanne arr. de Saint-Omer), il comporte 366 enluminures (E. Fournié 2009) dont les suivantes concernant notre thème :

    Fol. 11r : la Création (cf. infra)

    Fol. 14 : Adam nommant les animaux

    Fol. 14v : Création d'Eve /  Adam, Eve et Dieu

    Fol. 15 : Péché originel

    Fol. 16r : Expulsion du paradis

    Fol. 16v : Offrandes d'Abel et Caïn

    Fol. 17r : Assassinat d'Abel avec une mâchoire d'âne

     

    Mais seule, l'enluminure initiale occupe toute la largeur des deux colonnes et comporte sept scènes isolées sous des arcades. Son importance particulière est soulignée par le fait qu'elle est encadrée par les portraits d'un couple de donateurs (et un écureuil). Les sept scènes sont : la Création du ciel / la Création de la végétation / la Création du soleil et de la  lune / la  Création des oiseaux et poissons / la Création d' Adam / le Repos de Dieu.

    Échantillon de texte :

    "Derechief dist diex li firmament soit fais el moien des yalves et devisethe les elves des elves et fist diex le firmament et devisales elves qui estoient desous le fiermament de cheles qui estoient deseure le fermament et ce fu fait en tel manière. Et apela diex le firmament chiel dont fu fais vespre et matin li secons iours." (Folio 11v)

     

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    BnF français 152 folio 11 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10525355t/f31.image

    BnF français 152 folio 11 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10525355t/f31.image

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    Le manuscrit BnF fr. 155.

    il provient de la collection de Charles, duc d’Orléans (1394-1465).

    Parmi ses 206 enluminures réalisées par le Maître du Français 155, 10 concernent les passages de la Genèse illustrés à Merléac sur les folios 2 à 5. Si on y trouve 9 lettrines de petite taille, au folio 2r la même enluminure occupant deux colonnes sur trois réunit 8 médaillons : l' Adoration de Dieu par les anges, la Séparation des eaux, la  Création du soleil et de la lune, la Création des oiseaux et poissons, la  Création des mammifères, la Création d' Adam, la Création d' Ève, le  Repos de Dieu.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8490150s/f11.item.zoom

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    Les lambris peints de la chapelle Saint-Jacques de Merléac : la Genèse du vaisseau central de la nef d'après la Bible historiale.

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    La première Bible imprimée entière en français par Antoine Vérard en 1498-1499.

    Les 13 premières gravures de la Genèse : cliquez pour activer le diorama.

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    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica
    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica

    Diorama de 13 gravures sur bois de la Bible historiale imprimée, 1498-1499, Antoine Vérard, BnF Res. A. 270 Gallica

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    SOURCES ET LIENS.

    — Colloque MERLEAC, UT PICTURA GENESIS , 22-23 novembre 2017.

    http://www.biblehistoriale.fr/static/images/upload/2017-10-14T08-19-34.pdf

    — PROJET GENESIS 

    http://www.biblehistoriale.fr/indexBH

    — ARLIMA : Guiart des Moulins :

    https://www.arlima.net/eh/guiart_des_moulins.html

    — ARLIMA : Roman d'Aiquin :

    https://www.arlima.net/ad/aiquin.html#mss

    — BARRAL I ALTET ( Javier) 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen Âge en Bretagne. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 131ᵉ année, N. 3, 1987. pp. 524-567; doi : 10.3406/crai.1987.14524 http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1987_num_131_3_14524

    — BERGER (Samuel), 1884, Bible en français au Moyen Âge – Étude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en prose de langue d’oïl, Paris, Imprimerie nationale, 1884.

    https://archive.org/stream/labiblefranais00berg#page/n5/mode/2up

    — CASSARD (Jean-Christophe) 2002. Propositions pour une lecture historique croisée du Roman d'Aiquin. In: Cahiers de civilisation médiévale, 45e année (n°178), Avril-juin 2002. pp. 111-127; doi : 10.3406/ccmed.2002.2825 http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_2002_num_45_178_2825

    — DEBERT (Aline) 2016,  Les Bibles moralisées  CNRS groupe GAHOM

    https://imagemed.hypotheses.org/554

    — FOURNIÉ (Eléonore), 2009, « Les manuscrits de la Bible historiale. Présentation et catalogue raisonné d’une œuvre médiévale », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 03.2 | 2009, mis en ligne le 01 janvier 2010, consulté le 09 novembre 2017. URL :

    http://acrh.revues.org/1408

    — FOURNIÉ (Eléonore),  2009, Catalogue des manuscrits de la Bible historiale (1/3) [Texte intégral]Paru dans L’Atelier du Centre de recherches historiques, 03.2 | 2009

    https://acrh.revues.org/1467

    — FOURNIÉ (Eléonore), 2009,  Catalogue des manuscrits de la Bible historiale (2/3) [Texte intégral] Paru dans L’Atelier du Centre de recherches historiques, 03.2 | 2009

    https://acrh.revues.org/1468

    — FOURNIÉ (Eléonore), 2009,  Catalogue des manuscrits de la Bible historiale (3/3) [Texte intégral] Paru dans L’Atelier du Centre de recherches historiques, 03.2 | 2009

    https://acrh.revues.org/1469

    — FOURNIÉ (Eléonore),  2009, Les éditions de la Bible historiale. Présentation et catalogue raisonné d’éditions de la première moitié du xvie siècle [Texte intégral] Paru dans L’Atelier du Centre de recherches historiques, 03.2 | 2009

    — FOURNIÉ (Eléonore), 2009, « Catalogues des éditions de la Bible historiale », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 03.2 | 2009, mis en ligne le 30 décembre 2009, consulté le 12 novembre 2017. URL : http://acrh.revues.org/1839 ; DOI : 10.4000/acrh.1839

    — GESLIN DE BOURGOGNE, 1865 Notice sur l'église Saint-Jacques, située au village de Saint-Léon, commune de Merléac - In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 1 (1865) p. 1-18

     — JARNO (Abbé Gilles), Merléac, une page d'histoire. 1872 Merléac. Une page d'histoire. Retranscrit dans Infobretagne

    — MEYER ( Paul). Les premières compilations françaises d'histoire ancienne. — I. Les Faits des Romains. — II. Histoire ancienne jusqu'à César. In: Romania, tome 14 n°53, 1885. pp. 1-81; doi : 10.3406/roma.1885.6341 http://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1885_num_14_53_6341

    — REUSS (Edouard), 1857,  « Fragments littéraires et critiques relatifs à l’histoire de la Bible française. Seconde série. Les Bibles du xive et xve siècles et les premières éditions imprimées », Revue de théologie et de philosophie chrétienne, Paris, Cherbulier, Strasbourg, Treuttel et Würtz, 1857, n°14, 

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9401698w/f70.image

    — OUTTERS (Maÿlis), 2006, La nomination des animaux par Adam, dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle. Etude iconographique 

    Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines - Master 2 d'histoire médiévale 2006 https://www.memoireonline.com/02/08/889/nomination-animaux-adam-occident-latin-xii-xv-eme-siecle-etude-iconographique.html

    — QUEREUIL (Michel) 1988, . La Bible française du XIIIe siècle, édition critique de la Genèse (Genève : Droz, 1988 ; in-8°, 421 pages [Publications romanes et françaises, 183]).

    https://books.google.fr/books?id=9M4HvgAE0JMC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

    — Idem, compte-rendu par Fr. Vielliard . In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 1. pp. 200-201;

    Michel Quereuil. La Bible française du XIIIe siècle, édition critique de la Genèse (Genève : Droz, 1988 ; in-8°, 421 pages [Publications romanes et françaises, 183]).. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 1. pp. 200-201; http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1991_num_149_1_450613_t1_0200_0000_000

    http://www.persee.fr/docAsPDF/bec_0373-6237_1991_num_149_1_450613_t1_0200_0000_000.pdf

    https://books.google.fr/books?id=9M4HvgAE0JMC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

    — ROMAN D'AIQUIN Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne : chanson de geste du XIIe siècle / publiée par F. Jôüon Des Longrais Société des bibliophiles bretons (Nantes) 1880 CXXVII-239 p. ; in-8

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81586s/f5.image

     

    — SIMON (Richard), 1690, Histoire critique des versions du nouveau Testament, ou l'on fait connoitre quel a ete l'usage de la lecture des livres sacres dans les principales Eglises du monde, Volume 2 page 319

    https://books.google.fr/books?id=uRxUAAAAcAAJ&dq=La+terre+etait+vaine+et+vuide+Et+tenebres+estoient+sur+la+face+dabisme&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — PERENNES (Henri)

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1934.pdf

    — BRITISH LIBRARY : Bibles historiales numérisées :

    http://www.bl.uk/manuscripts/BriefDisplay.aspx

    Ms ADD 18856 :

    http://www.bl.uk/manuscripts/Viewer.aspx?ref=add_ms_18856_fs001r

    — Bible de Thou, vers 1270 : BnF français 6260 

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9060447r/f30.image


     

     

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    Published by jean-yves cordier
    5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 22:48
    Petite Passion, 4 couples de donateurs et Jugement Dernier, (vers 1500 et 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Petite Passion, 4 couples de donateurs et Jugement Dernier, (vers 1500 et 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Introduction.

     

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          Si l'église a été édifiée avant 1450, elle a été agrandie vers 1500, et c'est à cette époque qu'elle a reçu ses vitraux actuels ; mais leur disposition d'origine a été bouleversée lors d'une restauration, sans-doute celle effectuée entre 1840 et 1845 par Michel Cassaigne sur ce qui était en 1839  quatre vitraux. Aux vitraux d'origine ont été alors joints six panneaux d'un Jugement Dernier des années 1520, d'origine extérieure, mais vraisemblablement réalisé par l'atelier de Quimper (Le Sodec ? ) auteur des vitraux de Plogonnec, Ergué-Gabéric, etc

     La Baie 4 du bas-coté sud: Passion, Jugement Dernier  et 4 couples de donateurs (v.1500 et v.1525).

    Cette baie de 4,20 m de haut et 2,35 m de large comprend 4 lancettes trilobées et un tympan à 9 ajours. Les panneaux ont perdu depuis longtemps leur ordre initial, et la Passion et les donateurs proviennent peut-être "de la maîtresse-vitre qui a précédé l'actuelle" (Gatouillat 2005) vers 1500, alors que d'autres panneaux viennent d'un Jugement Dernier des années 1525, extérieur à Guengat. Cette baie 4 a été restaurée en 1840, puis en 1987 par le maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan de Quimper. On y discerne 3 registres horizontaux. Je les décrirai à partir du registre inférieur.

    Elle a été examinée et décrite pour la première fois par H. Divérrès dans le Bulletin de la SAF en 1891. Il décrit 12 médaillons, dont les quatre derniers (ceux du registre inférieur), "très mutilés". Il y signale la présence dans les robes de deux donatrices "du griffon de saint Alouarn". 

      Ces vitraux sont classés MH depuis 1902.

     

    Mon but en reprenant ma présentation de cette verrière est de mettre en valeur les verres roses plaqués similaires à ceux que j'avais admiré à Locronan dans la maîtresse-vitre de 1476-1479 ou dans la baie 0 de la chapelle du Pénity de Locronan, datant de 1500 environ. Mais puisque nous avons ici une juxtaposition d'une Passion et donateurs, vers 1500, avec verres roses, et d'un Jugement Dernier, vers 1525, avec carnations peint en sanguine, cela permet de voir dans le même coup le passage, au premier quart du XVIe siècle, d'une technique de représentation des carnations à une autre, ce qui devient encore plus intéressant. 

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    Une mise en bouche :  la lecture de Roger Barrié 1979.

    "Le nombre élevé de vitraux anciens autour de Locronan permet de suivre, pendant un peu plus d'un siècle, de la fin du XVe à 1600 environ, l'histoire de la peinture sur verre dominée par une double conquête, celle du chatoiement coloré et celle de l'esthétique de la Renaissance. 

    a) "Le vitrail de tradition gothique est représenté par des témoignages de styles divergents. [Credo de Kergoat, Jugement Dernier du tympan du Juch ou celui de Pouldavid]. C'est surtout à Guengat que l'équilibre entre la qualité du dessin et la montée progressive de la couleur se réalise, comme en témoignent le saint Michel dans le vitrail de la Vierge [baie 2, vers 1500], ou, un peu plus tard, la sainte à l'allure botticellesque, présentant un seigneur du Juch [sic] et sa dame au registre supérieur de la Petite Passion. L'artiste fait appel à des verres de couleur pour les vêtements et les fonds, aux verres teintés de rose pour les visages, et tente de rendre par des lavis, aussitôt dégradés à la brosse, les méplats du visage de l'archange ; à cela, qui révèle un sens nouveau du vitrail, s'ajoute le délicieux pied d'Ancolie devant saint Jean [Baptiste, baie 2], dessiné au trait de grisaille et colorié à la teinture au jaune d'argent posée, pour obtenir le vert, sur un verre bleu teinté dans la masse. Les encadrements, surtout ceux du vitrail de la Vierge, sont nettement flamboyants avec cette exubérance qui caractérise le gothique germanique."

    b) "L'émergence de la couleur et la plastique des formes obsèdent, dans le vitrail comme ailleurs, les créateurs à l'aube de la Renaissance qui se manifeste au chœur de Plogonnec vers 1520. [...] Les verres de couleur, très nombreux, sont d'une tonalité chaude et puissante ; les pièces incolores, réservées aux visages dessinés à la grisaille, sont colorés à la sanguine dont les lavis ou les très fines hachures indiquent le modelé des chairs."

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     I. REGISTRE INFÉRIEUR.

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    Registre inférieur, (vers 1500 et 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Registre inférieur, (vers 1500 et 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau A1 : Anges en adoration (1525).

     

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    Ces quatre anges, les mains jointes autour d' un cinquième, qui sonne de la trompette, nous donnent l'occasion d'admirer le premier exemple de l'emploi de  verres roses  cuivrés.  Mais on peut penser qu'ils doivent leur couleur à l'emploi d'une cémentation, la sanguine (ou Jean Cousin) à base d'hématite Fe2O3 . On constate que la couleur est accentuée  autour de la bouche et des narines, sur les sourcils et le long de l'arête du nez, ou encore le long des bords des doigts par de fines lignes orangées, tandis que le jaune d'argent adopte une teinte jaune d'or ou jaune-orangé selon les endroits.

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    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Ils appartiennent au Jugement Dernier, comme le panneau C1 de la baie 1, avec lequel il forme un tout :

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    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Revenons à la baie 4  pour les détails : Cliquez pour agrandir.

     

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    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Ces clichés détaillés permettent aussi d'apprécier le patient travail de restauration qui a consisté à ôter les plombs de casse pour coller bout à bout les verres cassés. Nous ne voyons plus que la ligne claire du raccord, mais nous évaluons (ange buccinateur) le nombre de petits fragments qui ont été ainsi collés. Avant cette restauration, le verre devait ressembler à une toile d'araignée d'épais plombs rompant toute la lisibilité de la peinture.

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    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le tracé des yeux nécessite pas moins de six lignes de grisaille pour le sourcil et les deux paupières ;  l'iris,  souligné par un cercle noir, associe un croissant blanc et un grain noir, fendu par un triangle clair. La caroncule lacrymale, loin d'être omise, est épaisse et parfois fendu d'un trait.

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    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Anges du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau B1 : 4 Apôtres et 6 nimbes (1525).

    Deux apôtres sont au premier plan :  saint Paul (épée) et  saint Barthélémy (coutelas).

    Les mêmes caractères stylistiques de rendu des visages notés pour les anges se retrouvent ici.

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    Quatre Apôtres du  Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Quatre Apôtres du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Ce panneau du Jugement Dernier complète le panneau A1 de la baie  1 montrant 4 apôtres dont saint Pierre et saint Jean :

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    Quatre Apôtres du  Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Quatre Apôtres du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Trois Apôtres du  Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Trois Apôtres du Jugement Dernier, (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau C1 : Saint. (vers 1525).

     

    Un saint, à genoux, vêtu d'une peau de bête, est tourné, mains jointes, vers le Christ du Jugement Dernier qui devait figurer au centre de l'ancien vitrail. Il est  entouré de nuées et surmonté d'un arc-en-ciel. On y a vu Noé ou le prophète Elie, mais je propose d'y reconnaître  saint Jean-Baptiste vêtu de sa peau de chameau.

    C'est là encore un très bel exemple de carnations en verre  cuivré,  peint de sanguine et de grisaille, au visage illuminé par le jaune d'argent du nimbe,  et aux lèvres rehaussées en rose plus intense. 

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    Saint Jean-Baptiste,  "Jugement Dernier," (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Saint Jean-Baptiste, "Jugement Dernier," (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Saint Jean-Baptiste,  "Jugement Dernier," (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Saint Jean-Baptiste, "Jugement Dernier," (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Là encore, un dosage subtil de l'intensité de la sanguine permet de souligner les lèvres, les joues, les narines et le cou.

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    Saint Jean-Baptiste,  "Jugement Dernier," (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Jean-Baptiste, "Jugement Dernier," (vers 1525), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Panneau D1 : saint Michel et couple de donateurs.

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     Saint Michel, tourné vers la gauche, présente un seigneur donateur et une dame. Le seigneur est vêtu d'une cotte d'hermine au chef endenché de sable [endenché = denché = en dent de scie] . Il est en armure de chevalier, l'épée à poignée rouge au coté. Les armoiries correspondraient à la famille de Kérigny de Kerdrein selon le site www.guengat.com. :

     "Dans l'église de Guengat, sur un vitrail du bas-côté sud, est représenté saint Michel présentant un seigneur et une dame. Le seigneur est vêtu d'une cotte armoriée d'hermines endenchées de sable et fait partie de la famille Kerigny de Kerdrein.  Ce doit être Maurice de Kerigny, écuyer, seigneur de Kerdrein, et sa femme Jeanne de Roscerf. Ces derniers n'eurent qu'une fille, qui épousa Jean De Kerharo , dernier du nom."

    On trouve effectivement dans le Nobiliaire de Potier de Courcy :

     Kerdrein (de) , Sr dudit lieu , — de Kerbiriou , — de Trébéron. R. 1426, 1536. M[ontre] 1562. Paroisse de Crozon, évêché de Cornouailles. D'hermines au chef endenché de sable.   

    Un lieu-dit Kerdrein se trouve aujourd'hui sur la commune de Telgruc, en presuq'île de Crozon, mais aussi à Guengat.

    Quant au patronyme Kerigny, il pourrait être  assimilable aux formes Kerriguy et Kerlegui.

    À la monstre de 1481 de l'évêché de Cornouailles, parmi les nobles de Guengat après Guyomarc'h de Guengat, homme d'armes à trois chevaux pour la selle,   Morice de Kerlegui, archer en brigandine, est signalé représenté par deux autres archers, Michel Le Roz et Pierre Guillaume, "que ledict Kerlégui a fait comparaitre pour lui, parce qu'il était indisposé". (Fréminville, II, 342

      Les armoiries de la donatrice sont  parti d'hermine au chef endeuché de sable, armes de son mari,  et de gueules à annelets d'argent. Elle est vêtue d'hermine, avec un manteau bleu à revers d'hermine sur les manches et l'encolure. Sa coiffure est composée d'un voile bleu et d'un bonnet. Collier à maillons de cercles d'or avec pendentif à quatre perles et quatre gouttes d'or.

    Les armes de gueules à 6 annelets d'argent sont bien  celles de la famille de Rocerf ou Roscerf 

    http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Les%20armoiries%20dans%20la%20chapelle%20de%20Quilinen.pdf

    http://www.infobretagne.com/landrevarzec.htm

    Voir Congrès archéologique de France 1957 vol. 115, "Cornouaille" page 19 .

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    Discussion héraldique :

    Le 13 septembre 2014, Jean-Luc Deuffic a publié sur le forum Noblesse bretonne le message suivant :

    https://fr.groups.yahoo.com/neo/groups/Noblesse-Bretonne/conversations/messages/36820

     L'ouvrage "Les vitraux de Bretagne" (Corpus vitrearum), Rennes, PUR, 2005, p. 133-134, au sujet des vitraux de l'église Saint-Fiacre de Guengat, précise que les armes, "d'hermines au chef endenché de sable", ne sont pas identifiés (sic), ni leurs alliances à l'exception des armes de KERIGNY (références aux travaux du chanoine Pérennès, 1941). Effectivement, dans la baie 3 [sic]  est représenté un couple protégé par saint Michel, l'homme portant les armoiries citées et l'épouse "de gueules aux annelets d'argent".

     Dans d'autres panneaux KERIGNY porte D'azur au lion rampant d'or, couronné et lampassé d'argent, leurs armes traditionnelles..Depuis les travaux de Pérennès on admet que ce couple représente Maurice de KERIGNY, sr de Kerdrein, et Jeanne du Roscerf, sa femme., mais le Corpus Vitrearum ne s'aventure pas sur cette identification ...ROSCERF (DE) porte bien De gueules a six annelets d'argent, 3. 2. 1. Les armes D'hermines au chef endenché de sable sont celles des : KERDREIN (DE) : Sieur de Kerdrein, de Kerbériou et de Trébéron à Crozon. Réf. et montres de 1426 à 1562 à Crozon. Concernant KERIGNY, De Courcy donne :Kerigny (de), sr. de Kervrac'h, paroisse de Guengat, et de Kerdrein. Réformes et montres de 1426 à 1481, dite paroisse, évêché de Cornouailles. Blason : D'azur, au lion d'or. Famille fondue dans Tivarlen, qui elle-même dans Rosmadec et de Ploeuc. René de Kersauson épousa, en 1492, Catherine de Kerigny, fille de Maurice, sr. de Kerigny et de Kerdrein, et de Jeanne de Rosserf. Catherine de Kerigny dut mourir en 1503, car cinq ans après, en 1508, René de Kersauson épousa, par contrat du 29 octobre, Jeanne de Lézivy, veuve de Pierre de la Lande. Il y a bien une terre de KERDREIN en Guengat...Trouvé, sans réf. de source précise : « Les seigneurs de KERDREIN, maintenu noble en 1669, ont donné Michel qui, en 1483, équipa un navire et arma cent vingt hommes pour secourir le duc assiégé dans Nantes"...(Mém. Ste généalogique canadienne-française, 10/11, 1959, p. 162. Peut-être donc celui présenté sur le vitrail de Guengat par saint Michel ?

    Le 11 septembre 2014 Jean-Luc Deuffic écrit :

     L'ancienne généalogie des ROSCERF des Blancs Manteaux (Paris, BnF Fr. 22351) [ en ligne ] donne pourtant :

    Jeanne de Roscerf fille d’Olivier II esp. Morice de Kerrigui en Irvillac pres Daoulas dont =

    8 Jeanne de Kerrigui femme de Jean de K/charo, dont

     9 Françoise de K/charo femme de Charles de Guer sr de la Portenouve  

     Hervé Torchet note d'après Quimper, ADF, 2G 220 : 23 décembre 1477 : « Noble écuyer Morice de Kerriguy, seigneur dudit lieu, Guillaume David, chanoine de Cornouaille, maison autrefois à Henri de la Bruière, joignant la rue Verdellet joignant maison a maitre Guillaume David, jardin a maitre Guillaume le Bécam, recteur de Treoultré » 

     Notez la présence de Bruière famille alliée aux KERIGNY ...

     La généalogie des Blanc Manteaux est-elle dans l'erreur ?

    En résumé : est-ce que Jeanne de Roscerf est femme de Maurice de Kerrigui (Irvillac) ou de Maurice de Kerigny (Guengat) ? JLD


    Réponse d'Hervé Torchet le 12 sept. 2014 : : 

    "Oh je ne crois pas qu'il s'agisse de deux familles différentes. Si l'on regarde la notice que j'ai donnée pour la Montre de 1481, on mesure bien l'articulation : Daniel de Kerriguy, époux de Constance de Coetanezre, fit exempter un métayer au manoir de Kertourch en Plomelin en avril 1444 et un autre, nommé Hervé Kerrigui, au manoir de Kerrigui en Irvillac en mai 1444. Il mourut en mars 1449 et son fils Morice présenta son rachat au receveur ducal de Quimper, notamment pour le manoir de Kerdrein en Guengat .

    Katherine Kerriguy était épouse d’Yvon Buzic en avril 1469.

    "Morice, seigneur de Kerriguy, a fait des fondations à la cathédrale en septembre 1472  et décembre 1477. Il au paru a sujet d’une maison à Quimper en décembre 1477. Il obtiendra maintenue sur des vitres, tombes et armoiries dans l’église paroissiale de Guengat en juin 1482. Il a épousé Jehanne de Roscerff et en a une fille Jehanne, mariée avec Jehan de Kerharo. Il périra en 1498 et Charles de Guer et Françoise de Kerharo, seigneur et dame entre autres de Kerriguy présenteront son rachat au receveur ducal de Quimper, notamment pour le manoir de Kerdrein en Guengat.

    "La superposition chronologique des prénoms des personnages successifs est trop parfaite pour qu'il s'agisse d'une coïncidence. Je serais donc surpris qu'il existe suffisamment d'indices pour proposer l'existence de deux lignages distincts, mais si je me trompe je le reconnaîtrai, ce qui, encore une fois, me semble improbable." Hervé Torchet.

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    Saint Michel et un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Saint Michel et un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Saint Michel, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Saint Michel, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    On remarquera que le visage de saint Michel est sans-doute la reprise d'un fragment du Jugement Dernier (le visage d'un ange), puisqu'on y retrouve la couleur cuivrée de la sanguine, les rehauts de lignes orange (sourcils)  et  les traits stylistiques précédents, qui vont contraster avec ceux des verres des années 1500 de la Passion.

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    L'archange saint Michel, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    L'archange saint Michel, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    REGISTRE MÉDIAN : LA PETITE PASSION (1)

    Roger Barrié a nommé les cinq panneaux de ces registres "Petite Passion" en clin d'œil à celle de Dürer, et pour la différencier de la Passion de la maîtresse-vitre.

    Registre moyen (et supérieur) de la baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Registre moyen (et supérieur) de la baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau A2 : Baiser de Judas (vers 1500).

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    Baiser de Judas, Passion  (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Baiser de Judas, Passion  (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Baiser de Judas, Passion   (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Les différences de styles entre ces verres des années 1500 et ceux du Jugement Dernier de ca 1525 sont patents. Les carnations sont faites d'un verre uniformément rose, 

     

    Baiser de Judas, Passion   (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Baiser de Judas, Passion   (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Baiser de Judas, Passion  (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Malchus, serviteur de Caïphe, est terrassé après avoir eu l'oreille  tranchée par saint Pierre ; Jésus la remet miraculeusement en place.

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    Baiser de Judas, Passion   (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Baiser de Judas, Passion (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau B2 : sainte Marie-Madeleine présentant un couple de donateurs.

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     Sainte Marie-Madeleine, présentant un seigneur et une dame, portant d'azur au lion rampant d'or, couronné et lampassé d'argent. Ce sont les armes de Kerriguy (ou Kerigny), Sr. de Kervrac'h. 

    Les armoiries de la donatrice sont, dans la moitié antérieure de la jupe, celle de son époux (d'azur au lion rampant d'or) ; pour la partie postérieure, soit on considère (Corpus Vitrearum) qu'elles ont été remplacées par du verre rouge, soit on les décrit de gueules à losanges d'argent . Pour les losanges d'argent de la famille De Bruyère,  voir panneau D2.

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     Sainte Marie-Madeleine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Marie-Madeleine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Sainte Marie-Madeleine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Marie-Madeleine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le donateur. 

    Notez :

    — l'inscription NEOA   en lettres majuscules gothiques perlées sur la manche de la sainte.

    — le verre rose du visage et des mains.

    — L'absence de barbe, la frange divisant les cheveux qui tombent en boucles couvrant la moitié de l'oreille et toute la nuque ; la fraise blanche très courte. Les sourcils sont "suturés" de traits transversaux, procédé qui se retrouve régulièrement et qui est propre au "Maître de la Petite Passion de Guengat". La paupière inférieure est faite par un double trait. L'œil lui-même est grand ouvert, avec le globe de l'iris presque complet et la pupille noire cernée d'un croissant clair.   La courbe de la lèvre inférieure est soulignée par des traits convexes en enlevage sur la grisaille. Le nez est fort et triangulaire au dessus d'un philtrum accentué. 

    — Les cubitières pointues, à ailerons ou oreillons (fin XVe), et la charnière du canon d'avant-bras. Les solerets sont encore fins et pointus, "à la poulaine" (1300-1490) alors que leur élargissement en pied d'ours survient en 1500-1530. Les éperons à molette seraient apparus au milieu du XIVe. Le casque est posé devant le genou droit, mais sera mieux visible sur le donateur suivant. L'épée, très longue,  est portée (comme toujours) au coté gauche.

    —La donatrice :  Les colliers en chaîne d'or étaient alors très à la mode. Le décolleté du surcot est rectangulaire, alors que celui de la tunique de la sainte est rond. La dame porte une chemise fine formant un V très effilé. Le surcot est fourré d'hermine chez les deux donatrices, alors que ceux des deux saintes Catherine et Barbe sont également mouchetés, mais enrichis d'une ligne centrale de boutons dorés, comme si cela marquait une différence de statut. 

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     Le donateur (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le donateur (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau C2. Sainte Catherine présentant un couple de donateurs.

     

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    Sainte Catherine, présentant un seigneur et une dame. La cotte du seigneur est armoriée d'hermines au chef endenché de sable. Le Corpus Vitrearum signale " jupe de la donatrice refaite avec emploi d'émail bleu; panneau complété, autrefois fragmentaire et élargi d'un fond de losanges".

    Cette sainte Catherine est proche de celle qui figure sur la verrière principale de la chapelle du Pénity de Locronan, datée du tout début du XVIe siècle, et donc contemporaine de ces panneaux. On y reconnait la chape bleue, la robe rouge, et surtout cette pièce d'habillement blanche qui couvre le centre de la poitrine et de l'abdomen avant de s'évaser en deux lanières qui partent dans le dos : le "surcot ouvert" sur lequel je me suis longuement attardé dans mon article sur cette baie du Pénity. Bref rappel : Cet accessoire est représenté par les fils de Jean Colombe dans l'Histoire de la destruction de Troye de Guiddo delle Colonne, datant de la même période vers 1500 : porté par la reine Hélène  BnF NAF 24920 folio 11r et folio 12r, folio 27r, et surtout porté par Polyxène au folio 27vMais on en trouve aussi une illustration un siècle auparavant,  sur Marguerite de Rohan, épouse d'Olivier de Clisson, sur le cénotaphe du couple à Josselin.

    Le visage de la sainte et celui de la donatrice sont peints sur un verre blanc, à la différence du visage du donateur. On retrouve sur ce dernier les traits stylistiques détaillés sur le donateur précédent. 

    Pour les losanges d'argent de la famille De Bruyère,  voir panneau D2.

     

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    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Catherine présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau D2. sainte Barbe présentant un couple de donateurs.

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      Sainte Barbe présente un seigneur et une dame. Le seigneur porte une cotte de gueules à trois losanges d'argent, 2 et 1. La dame a une robe d'azur au lion rampant d'or, couronné et lampassé d'argent.

    Selon le site www.guengat.com, " Une charte du 8/X/1434 mentionne Henri DE BRUÈRE  qui blasonne 3 losanges accompagnés en chef d'un lambel à trois pendants."

    Ceci nous démontre donc l'alliance d'un de Bruière avec les Kerriguy

    DE BRUYÈRE avec les KERIGNY.

    Voir le culturezine d'Hervé Torchet La Bruyère Hervé Torchet note d'après Quimper, ADF, 2G 220 : 23 décembre 1477 : « Noble écuyer Morice de Kerriguy, seigneur dudit lieu, Guillaume David, chanoine de Cornouaille, maison autrefois à Henri de la Bruière, joignant la rue Verdellet joignant maison a maitre Guillaume David, jardin a maitre Guillaume le Bécam, recteur de Treoultré ». 

    Selon Pol de Courcy :

     

    Bruyère (de la) ou Bruczec, sr du Rest, par. de Riec, — de Kerlouc’h, par. De Plomelin, — de Penalan, par. de Lanvern — de Menguen, par. de Beuzec-Conq.

     Réf. et montres de 1426 à 1536, dites par., év. de Cornouaille.

     Porte trois losanges (Sceau 1437, mss. Gaignières).

     Eon, receveur de Conq-Foueznant et Rosporden en 1410.

     

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    Sainte Barbe présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Barbe présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Sainte Barbe, les cheveux blonds ornés d'un médaillon, vêtue d'un manteau vert sur un surcot ouvert et un surcot clos lie-de-vin, tient son attribut, la tour à trois fenêtres indiquant sa foi dans la sainte Trinité. Seul le visage de l'homme est en verre rose. 

     

    Sainte Barbe présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Sainte Barbe présentant un couple de donateurs, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    REGISTRE SUPÉRIEUR : PETITE PASSION (2).

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    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau A3 : Comparution du Christ devant Caïphe.

    Niche à voûte rouge et bandeau violet (inscription ??), tenture  damassée jaune à motif floral. Caïphe se tient à gauche devant son conseiller, et reçoit en comparution Jésus aux poignets liés, conduit par trois gardes. Les six visages sont en verre rose.

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Caïphe est vêtu d'un manteau rouge fourré d'hermine et frangé aux manches, pour indiquer qu'il est le grand prêtre juif. Pour la même raison, il est coiffé d'un bonnet conique, dont la base en turban bleu souligne que la scène se passe en "Orient". Ce bonnet est en verre rouge plaqué gravé, c'est à dire que la couche rouge est ponctuellement poncée à la molette pour ne laisser que le verre blanc. Ce détail semble avoir échappé au recensement effectué par Roger Barrié en 1976. Le verre rouge du manteau est gravé également pour faire les deux boutons.

    L'artiste a repris pour ses trois gardes  le carton des donateurs, vus de trois-quart avec le nez triangulaire, les lèvres charnues, les sourcils "épineux", les cheveux mi-longs bouclés et la frange, les paupières épaisses, etc. Les hauts de chausse moulants, les tuniques courtes serrées par une ceinture, ou les couleurs acidulées appartiennent au registre habituel de représentation / stigmatisation des bourreaux, de même que la découpe en créneaux triangulaire d'une des tuniques. 

     

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau B3 : Le Christ et la colonne de flagellation.

    Sur ce panneau, toutes les carnations sont en verre rose.

    Le dais architecturé étend  une voûte verte au dessus des protagonistes, qui se détachent sur une tenture rouge.

    Inscription.

    Sur le galon doré de cette tenture se lisent des lettres dont le sens ne peut être déchiffré, d'autant que la barlotière passe devant. Je lis : --AMI / OIEFV-. Des inscriptions occuperont cet emplacement dans de nombreuses verrières finistériennes du XVIe siècle, notamment dans les créations de l'atelier Le Sodec. Un certain rapprochement pourrait être suggéré avec les enluminures du peintre de Bourges Jean Colombe et de ses enfants François et Philibert, qui signaient leurs travaux de l'anagramme MOLBECO (Romuléon BnF fr 364 A folio 183v) ou de l'allusion à la colombe du Saint-Esprit OMNIS SPIRITUS, ou OMNIS SPIRITUS LAUDET DOMINUM (Fleur des Hystoires BnF fr.53 folio 121v), ou de protestation contre les aléas du paiement (TEMPS PERDU POUR COLOMBE), etc. ou bien TOUS FOUS, NOS YEUX (folio 191v), SOMEG (folio 199v), ENSTUEP (folio 204r), etc; etc., avec une préférence pour localiser ces inscriptions sur les bordures des tentes. On voit combien ce riche sujet, assez bien exploré pour les enluminures, pourrait l'être pour les vitraux, afin de dégager des relations réciproques des deux arts ou préciser des ateliers de verriers.  

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    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le personnage de gauche est représenté comme un Juif avec une barbe longue, un manteau aux manches frangées, et un chapeau rouge conique (verre rouge gravé). Il peut être considéré comme Caïphe, dont il reprend la tenue vestimentaire de la scène précédente.

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    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Flagellation, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau C3 : Christ en croix.

    Tête du Christ restaurée. Le Bon Larron ("Saint Dismas") a les yeux bandés, mais sa tête est tournée vers le ciel alors que celle du Mauvais Larron ("Gesmas") pend vers le sol.

     

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le visage du Christ (refait ?), en verre blanc, contraste avec les carnations du corps, en verre rose plaqué.

     

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Vierge voilée, mains jointes semble d'une main différente de saint Jean, avec des traits noirs épais et denses, des plis du voile complexes et ombrés, évoquant l'art de la gravure.

     

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le Mauvais Larron.

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    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    A droite, deux personnages s'adressent la parole. L'un est représenté comme un Juif (barbe longue, robe, coiffure conique), mais il lève une main sentencieuse comme le Centenier s'exclamant Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu. Son interlocuteur tient une lance, ce qui peut le désigner comme Longin. 

    Verre rose plaqué pour les deux visages.

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    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Crucifixion, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Panneau D3 : Résurrection. 

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    Le Christ, revêtu le manteau rouge de la gloire de la Résurrection et tenant la croix de sa Victoire, trace une bénédiction. L'un des gardes, ébloui, se protège les yeux.

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    La Résurrection, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Résurrection, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le soldat en haut à droite, sur un verre faiblement rose,  est d'un carton analogue à celui des deux donateurs.

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    La Résurrection, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Résurrection, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le visage et la main du  soldat ébloui de gauche sont également taillés dans un verre rose. Le dessin de la tunique, aux plis cassés des manches et au boutonnage médian au dessus d'une ceinture jaune, semble tirer son modèle d'une gravure du Nord.

     

    La Résurrection, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    La Résurrection, Passion, (vers 1500), baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    IV . LE TYMPAN.

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     Restauré en 1840 : deux anges jouant du luth (vers 1500) ; croix, échelle, deux écussons à hermines. oculus. 

     

    Le tympan, baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Le tympan, baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Les anges musiciens.

    Ils jouent d'un instrument à corps piriforme et à trois cordes pincées, joué sans plectre : un luth.

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    Ange musicien du tympan, baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Ange musicien du tympan, baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange musicien du tympan, baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

    Ange musicien du tympan, baie 4 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — 1911, Notice sur la paroisse de Guengat, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e296d04e82cd30c9fa97fe5d8508bc81.pdf

    — BARRIÉ (Roger), 1976. Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44; doi : 10.3406/abpo.1976.2796 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

    — — BARRIÉ (Roger), 1979, Le vitrail, in Un pays de Cornouaille, Locronan et sa région, ouvrage collectif sous la direction de Maurice Dilasser, recteur de Locronan, Nouvelle Librairie de France, pp. 551-561

    — COUFFON Notice sur les paroisses,...

    "Verrière du bas-côté sud : elle comprend quatre lancettes de trois panneaux, de provenance diverses. Plusieurs sont de très bonne facture. Une partie provient d'une Passion plus ancienne, peut-être de la maîtresse vitre primitive, du début du XVIè siècle. Quatre panneaux présentent des donateurs et des donatrices de la famille de Kerigny, de Kerdrein et de Bruère-Ducran assistés de saint Michel, sainte Marie-Madeleine, sainte Catherine et sainte Barbe. Au bas on retrouve des fragments du même jugement dernier que dans la fenêtre nord. "

    "- Verrière de l'autel nord : posée dans un fenestrage rectangulaire, elle comporte trois lancettes de trois panneaux qui proviennent d'oeuvres diverses. Les panneaux inférieurs appartiennent à un Jugement dernier ; les panneaux centraux représentent des donateurs, présentés par les saints Michel, Pierre et Jean Baptiste ; les supérieurs, la Nativité, la Circoncision et le Baptême du Christ, sous des dais Renaissance. Les cinq Apôtres provenant du Jugement dernier sont d'excellente facture, d'ailleurs très particulière ; on retrouve notamment une oeuvre du même atelier dans un buste de saint Sébastien à Saint-Divy."

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4bc495e8ae261523262138b91718a386.pdf

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/GUENGAT.pdf

    —DIVERRÈS (Henri), 1891,  "Monographie de la commune de Guengat ", Bull. S. A. F., pages 42-61).

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f115.image

    — VASSELIN (Martine), « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 20 novembre 2017. URL : http://rives.revues.org/61 ; DOI : 10.4000/rives.61

    "Les progrès et innovations techniques introduites dans l’art du vitrail vers la fin du XVe siècle et durant le XVIe siècle vont d’ailleurs favoriser le développement des portraits de donateurs. L’usage de la peinture en camaïeu, notamment en dégradé de sanguine, permet un rendu très fin des visages et une véritable ressemblance physionomique, celui des verres gravés, des pochoirs, des émaux, des verres doublés, une restitution précise et limpide des étoffes, à motifs décoratifs ou armoriés, des bijoux, des accessoires du costume; le montage en chef-d’œuvre rend possible la mise en valeur des blasons d’armes sans plombs les recoupant; le remplacement de meneaux de pierre par des barres de métal et la substitution de la peinture au jaune d’argent ou avec d’autres couleurs fusibles et diffusant dans l’épaisseur de verres blancs, aux verres teintés dans la masse au préalable, découpés et mis en plomb, donne une luminosité et une lisibilité inédites aux verrières et autorise les compositions amples et continues, les effets de perspective et les figures à grande échelle disposées en profondeur dans une même scène ou un même cadre architectural. A la juxtaposition isolée et hiératique des personnages sous des dais gothiques succède une véritable mise en scène spatiale de groupes familiaux et de leurs saints patrons, dans un environnement mobilier (prie-Dieu, tentures), architectural (niches, portiques, balustrades) et emblématique (pièces d’armures ou accessoires des dignités ecclésiastiques, armoiries, colliers d’ordres chevaleresques, présentés dans des chapeaux de triomphe, des cartouches de cuirs enroulés, tenus par des anges ou des putti).


    La représentation des donateurs en figures agenouillées ou debout n’est pas une nouveauté au XVIe siècle : des mécènes princiers ou des membres du haut clergé ont fait inclure leurs portraits dans des verrières dès le XVe siècle, comme les ducs de Bourbon à la cathédrale de Moulins, à la Sainte-Chapelle de Riom ou à Bourbon-L’Archambault, voire plus tôt. Il ne s’agit pas non plus d’une spécificité française, les pays allemands, suisses et flamands offrant des exemples similaires (la famille Adornes figure dans les verrières de l’église du Saint-Sépulcre de Bruges, pour se contenter d’un exemple). Il ne s’agit pas enfin d’un privilège réservé à une catégorie particulière de bienfaiteurs : les verrières montrent des laïcs et des clercs, des nobles et des roturiers, des hommes et des femmes, des adultes et des enfants, des « portraits » rétrospectifs et des effigies très vraisemblablement peintes au vif ou du moins d’après des dessins ou des peintures précis.

    Les conventions de représentation favorisaient la vanité des donateurs : le positionnement hiérarchique des figures en raison de leur sainteté et de leur dignité ontologique voulait que les donateurs soient placés dans les registres inférieurs des baies; mais c’était là où ils étaient aussi le plus près des regards des spectateurs, les mieux à même d’être identifiés et de hanter leur mémoire. Les proportions hiérarchiques, les saints protecteurs de stature plus élevée que leurs protégés disparaissent assez vite. Les chefs de famille sont généralement placés à la droite des personnages saints; si les époux sont tournés dans la même direction, l’épouse est représentée derrière son époux. L’attitude quasi obligée des donateurs est la position agenouillée sur un prie-Dieu et l’angle de vue choisi le profil. Les portraits sont en pied quel que soit le rang social des personnages, alors que la majorité des portraits contemporains peints sur bois ou toile sont en buste, lorsqu’il ne s’agit pas des portraits d’apparat des souverains. La peinture sur verre tient ainsi compte de l’éloignement relatif du spectateur par rapport aux modèles, à la différence des tableaux conçus pour une vision rapprochée; en même temps, elle en souligne mieux l’image sociale, accordant plus de place aux vêtements que la peinture mobile, qui privilégie alors en France la physionomie et une certaine amorce de la psychologie. Les images féminines sont différentes de celles de la peinture, répudiant dans ce contexte la coquetterie, les sourires, les parures trop luxueuses ou sensuelles : si l’image masculine reste marquée par l’ambition sociale, sa contrepartie féminine se fait discrète et respectable. .... Les blasons d’armes sont presque systématiquement présents; ils sont comme épinglés sur le flanc des prie-Dieu, timbrent un soubassement architectural ou surmontent portraits et scènes en étant placés dans les têtes de lancettes ou dans les compartiments flexueux déterminés par les remplages gothiques flamboyants. Les compositions héraldiques peuvent se retrouver dans les vêtements eux-mêmes portés par les donateurs. Des pièces d’armures sont posées au pied des nobles d’épée, des chapeaux cardinalices devant les cardinaux mécènes."

    — WAQUET (Henry ), 1957,  Guengat (S.F.A. - Congrès archéologique de France CXVe session 1957 Cornouaille.) -

    "   Il y a des raisons de conjecturer que Guengat, quoique portant un nom qui était un nom d’homme, au pays de Galles, n’est pas une paroisse primitive, et qu’elle dépendit d’abord de la vaste paroisse de Plogonnec. Ainsi la 1e église n’aurait été qu’une chapelle de dévotion. Le château, aujourd’hui complètement ruiné, de la seigneurie de Guengat, s’élevait très près de la limite actuelle des 2 communes. Le seigneur comptait parmi les principaux de Cornouaille. L’un d’eux, Alain, chambellan du Roi, vice-amiral de Bretagne, capitaine de la ville et du château de Brest, combattait à Pavie au côté de François 1er ; et partagea sa captivité.
        A la fenêtre à 3 meneaux, du bras sud, du faux transept, se voient entremêlées des scènes de la vie du Christ, (divers saints), présentant des donateurs et donatrices, seigneurs et dames des familles de Kérigny, de Kerdrein, et de Bruère-Ducran. Malheureusement les incertitudes des généalogies de ces familles ne permettent pas de proposer fermement une date ; il faut s’en tenir à une approximation : environ l’an 1500."

    — Sites divers :

    http://www.guengat.com/8/eglise05.html.

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    Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
    5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 21:55

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     Le Finistère détient 18 groupes de Saint Yves et les Plaideurs dont 9 datent du XVIe siècle. J'en ai décrit précédemment  quatre.

    Ils varient par la posture du saint (assis ou debout), par la tenue vestimentaire des trois personnages, mais chacun se caractérise par sa petite particularité qu'il est amusant de rechercher. Ici, c'est... ah, patience !

    À Quimper, dans le bas-coté de la nef, les trois statues sont posées sur un plateau fixé au mur, sans niche ni retable. Sa provenance n'est pas indiquée, et je ne l'ai pas trouvé la provenance ou la description dans la Monographie de Le Men de 1877. Le copieux ouvrage La cathédrale de Quimper de la collection La grâce d'une cathédrale ne m'en a pas appris d'avantage. Pourtant, ma curiosité est aiguisée par la phrase suivante, sous la plume de Virginie Montarou :

    "De même, certains groupes signalés comme disparus peuvent être retrouvés, après avoir été laissés à l’abandon dans une remise comme celui, pourtant magnifique, de la cathédrale de Quimper. "

    Mais Le Men signale l'existence ancienne d'une chapelle Saint-Yves dans la nef de la cathédrale, attestée en 1406, 1467, 1543, et 1618, et sous le vocable de saint Ronan et saint Yves, en 1529. Dès le XIVe siècle saint Yves, canonisé en 1347 par le pape Clément VII, avait une chapelle dans la nef de la cathédrale. Lorsqu’on reconstruisit cette partie de l’église, on s’empressa de rétablir sa chapelle, qui était déjà livrée au culte en 1467.  En 1473 on desservait dans cette chapelle, une chapellenie dont la présentation appartenait alternativement à l’évêque et au chapitre. 

    Le groupe est classé au titre d'objet depuis le  26/09/2000. La notice de la base Palissy en donne les mensurations : h = 102 ; la = 48 ; pr = 20 ; dimensions de saint Yves ; le riche : h = 105, la = 33, pr = 15 ; le pauvre : h = 90, la = 33, pr = 10

    Une inscription indique "Sant Erwan etre ar Pinvidig hag ar Paour. Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle".

     

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    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint Yves y est représenté assis sur une cathèdre. Il tient un rouleau d’écrits dans la main gauche. Sa tête et ses épaules sont légèrement inclinées vers la gauche. 

    Il est vêtu simplement, de noir et de blanc. La cotte talaire noire qui descend jusqu'au bout des chaussures de cuir est recouverte par le surcot blanc et par le chaperon, petit mantel couvrant les épaules et dont le capuchon couvre partiellement la barrette. C'est, à cette barrette près, le vêtement décrit par les témoins lors du procès de canonisation, à condition de laisser au sculpteur sa part de liberté dans le choix des couleurs et de l'aspect des matières : le but est de créer un objet de dévotion et non de procéder à une reconstitution historique. Lire là-dessus l'article de Yves-Pascal Castel.
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    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le plus réussi est peut-être le visage empli de sollicitude, avec sa bonhomie, son regard franc , ses sourcils dressés par l'attention dans l'écoute. Le saint, qui esquisse un geste de la main droite, semble être peint, surpris au cours d'une plaidoirie ou plus simplement d'une parole adressée.

     

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    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le Riche.

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    Le Riche s'est mis sur son trentain pour rencontrer l'Official. Il a d'abord passé ses chausses rouge vermillon, puis  une tunique de drap d'or dont il a boutonné l'encolure. Il a noué autour de sa taille une ceinture rouge, qui lui permettait de retenir une aumônière assortie,  à fond frangé d'or. Et là dessus, il a enfilé une houppelande teinte de la même garance qui donne sa couleur aux étoffes précédentes. Son revers est vert, et le tailleur a su jouer de la complémentarité des deux couleurs. 

    Les houppelandes aux manches descendant jusqu'à terre appartiennent plutôt à la mode de la première moitié du XVe.

    La barbe à deux pointes, déjà présente sur l'autoportrait de Dürer en 1498, est à la mode en  1540.

    Le chapeau écarlate à rebords évasés n'est pas très éloigné de celui d'Arthur, Prince de Galles vers 1500, ou de Johannes Cuspinian par Lucas Cranach vers 1502-1503. Mais la présence de la barbe et des cheveux longs incitent à comparer aussi avec le Portrait d'un jeune homme avec barbe et chapeau rouge du même Lucas Cranach en 1521. On notera bien-sûr les deux larges boutons dorés, qui s'apparient avec les boutons placés aux aisselles de la houppelande.

    Est-ce un portrait réaliste d'un seigneur ou d'un marchand breton , ou bien une composition d'artiste mêlant des traits vestimentaires disparates, et une barbe plutôt hébraïque? 

    https://en.wikipedia.org/wiki/1500%E2%80%931550_in_Western_European_fashion

    http://lecostume.canalblog.com/archives/pilosite_faciale/index.html

    Il tient, comme Yves, un rouleau de papier dans la main gauche, mais l'élément déterminant est la pièce en or qu'il tend, entre pouce et index, au juge. 

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    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Le Pauvre.

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    Le Pauvre, à coté, fait grise-mine, et c'est bien le rôle qui lui est confié. Il porte, sur une chemise blanche qui se devine aux poignets, une terne tunique à manches, descendant sous les genoux, au dessus de galoches à semelles. Pas de guêtres, pas de chausses.

    Son visage est un peu le sosie de celui de saint Yves. 

    L'artiste a évité tout misérabilisme, mais a utilisé des moyens très subtils pour indiquer son statut. Le premier est la direction des pieds perpendiculaire au corps. Le second est sa petite  taille, les trois têtes s'alignant sur une droite oblique vers le bas du Riche au Pauvre. La troisième est son allure engoncée : il semble empêtré par le poids de son bissac de procès, poids de la malheureuse histoire de la justesse de sa cause, dont il sait bien qu'elle compte pour du beurre. 

    Lui aussi tient un rouleau de papier blanc dans la main gauche, et la répétition de ces trois rouleaux participe d'un effet comique assez habile.

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    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Mais son chapeau breton, le chapeau de feutre noir et rond, l'avez-vous vu ?

    Comme il ne sait pas bien quoi en faire, et qu'on ôte son chapeau devant Monsieur le Juge, il l'a calé entre son bras et sa poitrine : cela ne diminue pas son embarras.

     

     

     

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    J'ai dit que mon amusement était de dénicher le détail singulier.

    Ici, le Pauvre présente quatre ou cinq pièces d'or, aussi belles et luisantes que celle du Riche, en équilibre dans le creux de la main qu'il tend vers le saint.

    C'est maladroit, car, du coup, toute la morale de la scène dénonçant la corruption de la "Justice" par les Riches, et montrant qu'Yves Hélory de Kermartin sait y résister pour juger en droit, s'effondre. Patatras ! 

    C'est pas comme ça que les choses vont changer. La terre va continuer à tourner, les pauvres vont continuer à s'appauvrasser et les riches à s'enrichasser afin que chacun reste à son rang :

    D'ar paour da baouraad

    D'ar pinvidig da binvidikaad

    Ha da bep hini da chom en e renk

    (Source)

     

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. XVIe siècle, cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    http://books.openedition.org/pur/22411?lang=fr

    http://fonds-saintyves.fr/Les-representations-de-saint-Yves

    — LE MEN (R.F), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper,

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

    — MONTAROU (Virginie), 2004, Saint Yves entre le Riche et le Pauvre, in Saint Yves et les Bretons, Presses Universitaires de Rennes.

    http://books.openedition.org/pur/22412?lang=fr

     

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    Published by jean-yves cordier
    1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 21:01

    La maîtresse-vitre de la Passion et de la Résurrection  (1476-1479) ou Baie 0 de l'église Saint-Ronan de Locronan ...

     ...les verres roses de ses carnations et vêtements,

    ... ses pièces en chef-d'œuvre,

    ... son corpus d'inscriptions,

    ... son héraldique.

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    Voir:

    Plus généralement, voir :

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    •  

    L'église de Locronan, combien de fois  l'ai-je visitée ? Vingt fois, plus peut-être. Pour ses bannières de Le Minor et Toulhoat, pour sa chaire, pour ses statues, pour la Déposition de la chapelle du Pénity, pour marcher sur les traces de son recteur Maurice Dilasser passionné d'art sacré, lors de mes visites à ses chapelles de Bonne-Nouvelle ou de Ty-ar-Zonj, etc. 

    A chaque fois, je jetais un coup d'œil à ses vitraux, à la Passion de sa maîtresse-vitre que je  photographiais, mais je ne ressentais pas ce Je Ne Sçay Quoy qu'on sent pour une œuvre et qui fait qu'on l'admet dans son musée imaginaire, ou qu'on lui consacre un article.

    "Quand ça veut pas, ça veut pas". 

    Pourtant, la liste des 28 Passions finistériennes la désignait comme la doyenne :

    et dans le Morbihan :

     

    Et puis voilà, soudain, mercredi dernier, cette maîtresse m'a  enfin fait connaître par « ... un je ne sçay quoy, qui se forme je ne sçay comment, et qui nous enchante par je ne sçay quels charmes » et m'a révélé des carnations roses que je n'avais encore point vues ailleurs. Et ces teintes roses  déclinaient leurs variations non seulement sur les visages, mais dans les ciels, les tuniques et les manteaux, les chausses et les chapeaux, mêlant aux embrasements des jaunes, rouges et  oranges l'effusion  de  pièces ici  incarnadins, là vieux rose ou corail clair, et là encore  pelure d'oignon, saumon ou héliotrope. Tel éclat était celui des aubépines de Combray, tel autre avait le reflet des dragées et tel encore osait  franchement le rose-jambon.

    Lorsqu'ils voisinaient des pièces vert-prairie ou anis, c'était comme si Aurore rododaktulos  et Flore se penchaient enlacées vers le bouton d'un rosier-thé.

    Je ne voyais plus la laide lèpre des verres altérés par la corrosion et rongés par les hideux  cratères grisâtres que les soins des verriers-restaurateurs n'avaient pu effacer, mais les accords colorés que le soleil, titulaire de cet orgue, composait avec ces notes Magenta,  rose Persan ou Fuschia.

    Mais le plus remarquable était que, dans de nombreux cas, ces verres roses n'étaient pas unis ; ces teintes cuisse-de-nymphe, gorge-de bal-des-debs, tutu-d'organza, paupière-endormie,  étaient   diaprés  de  veinages  décolorés, et le verrier avait pris soin de réserver ces verres imparfaits pour rendre la cruauté des visages des bourreaux par des faces semblables à des conjonctives d'ivrognes.

     

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    Vue d'ensemble du chœur et de la nef de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Vue d'ensemble du chœur et de la nef de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Description.

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    Cette verrière possède 6 lancettes trilobées organisées en 3 registres et un tympan à 19 ajours et écoinçons. Elle mesure  4,90 m de haut  et 6,50 m de large. Elle est datée par les informations concernant l'édifice : si la construction débuta au commencement du XIVe siècle, favorisée par un don de Jean V de 50 écus d'or pour la façade ouest, elle s'acheva par la reconstruction des parties orientales (où se trouve le chevet) autour de 1474. Une datation plus précise découle d'un mandement du 4 décembre 1475  duc François II qui prolonge pour les trois années 1476-1479 le bénéfice du droit de billot au profit de la "grant vitre". 

     

    Ce mandement souvent évoqué est rarement cité.

    "François...a nostre bien amé ...Henry du Juch, nostre capitaine de Kemper-Corentin et a nos senechal, bailly et procureur de Cornouaille, salut. Pour ce que [par] nos amès, feaulx et subgets, les prieur et habitans du bourg de Saint Rennan du Boys [Locronan-Coat-Nevet], nous a esté en suppliant remonstré comme, paravant ces hommes, nous avions donné et octroié le devoir de billot du dit bourg pour estre emploié en l'ediffication de l'esglise du dit leiu, de quoy ils avoient joy jucques es deux ans derrains qui finiront au mys de febvrier prouchain venant, a moïen desquelulx deniers les dits exposants ont grandement et sumptueusement ediffié en icelle eglisse, et encore y reste a faire la grant vitre, laquelle ils ne porroient acomplir sans noz grace et aide, humblement la nous requerans, nous, ces choses considérées et la singuliere devocion que avons au dit sainct Rennan ad ce qu'il soit intercesseur envers nostre createur de prosperer en fruict et lignée, avons aujouruy de nostre grace donné et octroié, donnons et octroyons par ces presentes aus dits supplians le dit debvoir de billot du dit bourg pour lesdits deux ans et d'abundant pour l'année subsequente, anisi seront troys années entières, pour en estre les deniers emploiez a l'eddificacion de la dite vitre et aux autres edifices d'icelle esglisse. Si nous mandons, … etc. Donné en nostre ville de Nantes, le quart jour de decembre l'an mil quatre cents sexante quinze." Copie du 15 mai 1476, Archives du Finistère, H 181, fonds de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, prieuré de Locronan. Cité par H. Waquet.

    Le droit de billot ou appétissement des mesures consiste en un droit de douze pots par pipe de vin, cidre ou bière (ou six pots par barrique de 120 pots).

    La datation de 1476-1479 fait de cette verrière l'une des plus anciennes du Finistère, avec les baie 113 à 131 de la cathédrale de Quimper [baie 116 datée de 1496], ou quelques panneaux à Concarneau, à la chapelle de Kerdévot en Ergué-Gabéric, au Juch (fragments de Jugement Dernier dans le tympan ), à Pouldavid (Jugement Dernier du tympan), à la chapelle de la Trinité à Melgven, dans la baie 8 de Plourin-les-Morlaix, à Plouguerneau, à Plouvien, à Kergoat de Quéménéven (restes du Credo prophétique et apostolique), à N-D. de Ponthouar de Trégourez (carnation de verre jaune), à la chapelle N-D. de Kervenn de Trégunc, à la chapelle Saint-Sébastien de Tréméoc et  dans les  tympans de Rumengol.

    Les carnations roses ne se remarquent (sous réserve d'inventaire) que dans les baies 114 (visage de saint Christophe) et 116 (corps du Christ) de la cathédrale de Quimper, et dans le visage de Sébastien dans la baie 0 de la chapelle Saint-Sébastien de Tréméoc. Ailleurs, elles sont signalées dans la baie 17 de la cathédrale de Saint-Lô. 

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6826945.html

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6381440.html

    On signale aussi à Verneuil-sur-Avre, dans l'église Ste-Marie-Madeleine, les vêtement de Lazare de la baie  5 (vers 1470) où un  verre rose est plaqué sur le verre bleu . Je note une mention aux Jacobins de Toulouse.

    Les plus beaux exemples bretons, que Roger Barrié 1979 prend la peine de signaler,  sont peut-être ceux des baies 3 et 4 (la "petite Passion"), datant vers 1500,  de l'église Saint-Fiacre de Guengat, entre Locronan et Quimper. Mais les roses y sont soit pâles (baie 3), soit cuivrés, soucieux d'afficher un naturel crédible, et ils s'appliquent aux saint personnages autant qu'aux pharisiens ou aux bourreaux, sans cette exubérance caricaturale propre à la vitre de Locronan.    

     

    J'ignore la technique utilisée. Le rose est--il obtenu seulement en plaquant un verre rouge très fin sur le verre blanc ? Est-il "fouetté" par gravure à l'acide ??. Les verriers disposent-ils d'un verre rose ?Dans un ouvrage sur les technique d'Antoine de Pise, il est fait mention "parmi les données bibliographiques disponibles, [de] la composition d'un seul verre rose, venant de la Sainte-Chapelle de Paris. La composition chimique de ce verre rose, ainsi que celui analysé à Florence sont plutôt à rapprocher des verres violets, en particulier pour leur forte teneur en manganèse."

    Leur emploi à la fin du XVe siècle permet de palier à l'absence d'une autre teinte que le jaune d'argent ou la grisaille (les deux étant inadaptés aux carnations) pour rendre la couleur rosée des chairs. Ce n'est que dans la  première moitié du XVIème siècle que la sanguine ou Jean Cousin sera inventée pour cet usage . http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3576074.html

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    Restauration.

    L'œuvre comprend un cycle de la Passion jadis développée en 18 scènes de grande dimensions (1,50 m x 0,80 m) en trois séries de 6  ; mais son état était déjà fort médiocre en 1900, date à laquelle l'architecte Léon Vincent en dressa un schéma. Tout le rang inférieur des scènes, et les têtes de lancettes, n'avaient conservé que des débris.

    La restauration fut confiée  à Marcel Delon (sur des cartons de Marcel Magne ?), qui remplaça d'abord les manques par des vitreries blanches, et, devant l'aspect désastreux obtenu, conçut "l'accompagnement de panneaux figurés en place actuellement, restitués en réintégrant les fragments anciens qui subsistaient des scènes originales " (Corpus) : « réfection des panneaux de la partie inférieure comprenant les cartons et l’exécution sur verre, soit 12 panneaux de 0,675 x 0,515 m », en conservant quelques anciens morceaux.

    Marcel Delon est un maître-verrier ou plus exactement peintre-verrier  parisien, élève d'Oudinot avant de créer son propre atelier en 1889,  qui a travaillé en restauration de vitraux (Saint-Mériadec en Stival) mais aussi bien-sûr en création, par exemple au Couvent des Jacobins de Saintes dans le style Art Nouveau ou au Musée Adrien Dubouché à Limoges.

      Les 4 panneaux de la série inférieure résultent de cette restauration.

    Après la dépose et mise à l'abri  de la verrière en 1942, elle fut restaurée en 1948 par Jean-Jacques Gruber. La forte corrosion amena à une nouvelle campagne de restauration en 1973 puis en 2002 à l'atelier HSM de Quintin. En 2006, elle fut reposée par Michaël Messonnet après suppression d'un certain nombre de plombs de casse par collage, et mise en place d'un double vitrage de protection. 
     

    "Que reste-t-il de 1475, dans cette verrière?
    Aucun des restaurateurs  n'a établi une étude historique des pièces qu'il avait entre ses mains.
     Il est très difficile, tant que les panneaux de vitraux ne sont pas en atelier, démontés de leurs plombs, nettoyés, comparés, de donner un avis un tant soit peu sérieux de l'authenticité de l'oeuvre. Et il y aura encore une marge d'erreur. Nul n'est infaillible."
    .(J.P. Le Bihan)

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    Les bonnes lectures : Roger Barriè 1979.

    "Le nombre élevé de vitraux anciens autour de Locronan permet de suivre, pendant plus d'un siècle, de la fin du XVe à 1600 environ, l'histoire de la peinture sur verre dominée par une double conquête, celle du chatoiement coloré et celle de l'esthétique de la Renaissance. [...] La maîtresse-vitre de Locronan est l'écho de cette impatience à introduire la couleur.

    La vie de l'œuvre est attesté par les comptes paroissiaux de l'époque classique qui mentionnent laconiquement l'entretien de la verrière ; les restaurations du XIXe siècle sont sensibles au registre inférieur, par exemple  pour le Chevalier donateur, seigneur de Névet, où il reste peu de pièces anciennes ; enfin, tout dernièrement, J.J. Gruber vient de faire une remise en état intelligente de l'ensemble des verres, assez dégradés sur les deux faces par la prolifération des micro-organismes et l'altération des composants chimiques de la matière. [...]

    Son iconographie se signales par deux scènes peu fréquentes. La présence de la Résurrection de Lazare qui commence le récit en bas à gauche, et qui fut une scène très populaire en soi, s'affirme ici par sa relation avec les deux derniers épisodes, la Résurrection et la Descente aux limbes, que la libération de l'Homme s'accomplit par le Fils de l'Homme. Le registre supérieur débute par une scène peu courante dans la peinture sur verre , Jésus cloué sur la croix ; ces panneaux avec ceux de l'Agonie au jardin des Oliviers figurèrent à l'exposition d'Amsterdam sur le vitrail en 1973.

    Le trait à la grisaille, précis mais apparaissant comme un affaiblissement du style de Kergoat, sert un expressionnisme voulu, plat et sans effet pour les visages du Christ, mais éloquent dans le rendu des physionomies pittoresques, et presque fantastique pour la trogne du bourreau qui cloue les pieds du supplicié. Les plages de couleur viennent atténuer, sinon par leur importance, du moins par leur disposition, les éclaboussures de lumière trop vives causées par les nombreux verres incolores ; par exemple dans la Mise au tombeau au registre supérieur, les vêtements mauves, jaune et bleu du premier plan, puis les diverses nimbes et coiffures sur le fond vert règlent  le rayonnement des parties incolores que la peinture à la grisaille, en trait et lavis légers, n'arrive pas à assourdir et que les altérations ont fini, aujourd'hui, par assombrir en faussant le rapport des degrés de translucidités. 

    Pour peindre bien des visages de personnages secondaires masculins, le peintre a choisi des verres constitués, dans leur épaisseur, de deux couches, rouge et incolore, dont l'irrégularité respective fait varier avec bonheur l'intensité de la couleur. Si le vieillissement a  déstabilisé le colorant métallique qui teint la masse des verres utilisés pour la tunique violette du Christ au point de l'obscurcir, il a fait par contre virer d'autres couleurs vers des tonalités adoucies, mauve ou vieux rose, comme le manteau du Ressuscité.

    Par ailleurs, l'habileté technique apparaît dans la réalisation du ciel étoilé de l'Agonie ou du Père éternel : l'artisan a monté en chefs-d'œuvre les verres jaunes en les sertissant dans la pièce bleue. Les encadrements des scènes imitent l'aspect le plus détendu du gothique tardif notamment l'arc en plein cintre surbaissé, comme pour annoncer l'évolution vers un nouveau décor. L'expressionnisme illustre ici une des possibilités stylistiques, surtout d'inspiration septentrionale, et n'est pas à lui seul représentatif des œuvres de Cornouaille : il en est même le seul exemple. 

    Enfin, malgré les indigences, celle des drapés sommaires par exemple, malgré la  lourdeur d'exécution en général, la couleur est affirmée en tant que valeur pure, autonome, constitutive de la peinture sur verre.", 

     

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    Il resterait à dire que ces couleurs somptueuses servent aussi un dessin hélas occulté par la dégradation grise des verres, mais qui se débusque par l'agrandissement et l'éclaircissement des images : les femmes enturbannées de la Résurrection de Lazare, le visage de Jean dans la Déposition laissent rêver de ce que serait ce vitrail s'il était restitué par une audacieuse copie plus fidèle à l'état initial que préoccupé du respect des altérations actuelles. Mes photos tentent d'en rendre compte.

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    Maîtresse-vitre  (1476-1479)  de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    1. Résurrection de Lazare.

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    "panneau supérieur bien conservé  sauf quelques pièces, panneau inférieur moderne."

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     "Revêtu d'un blanc linceul, Lazare, qui a un visage le spectre, se lève d'un tombeau à couleur violette, placé sur un parquet de mosaïque jaune et noire. Derrière lui, le Christ, habillé d'une robe à pourpre très foncée, étend la main. A gauche du Sauveur, Marthe, en robe bleue, semble lui parler ; à droite, on voit des personnages avec des robes lilas et des manteaux verts. Derrière Marthe, à gauche, on aperçoit trois têtes ravissantes. A gauche du Christ ce sont trois autres têtes, auréolées." (Pérennès 1933)

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    La scène illustre le texte de Jean 11:38-44

     

    " Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit: Otez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là. Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? [...]  Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller."

     

    À la différence du chanoine Pérennès, j'identifie plutôt la première femme comme la Vierge (nimbée, vêtue de bleu et portant le voile) ; j'attribue la place la plus proche du Christ à Marie-Madeleine (Mariam) suivie de sa sœur Marthe, et d'une troisième femme. elles portent toutes les trois la coiffure en turban, attesté dès 1410 et qui, sous le nom de balzo   deviendra à la mode en Italie vers 1530 après avoir été adoptée par Isabelle d'Este à Mantoue. Ces turbans sont ici faits d'enroulement d'une étoffe autour d'un bourrelet, sans aucune broderie ni aucuns bijoux.

    A la gauche du Christ sont représentés trois apôtres (nimbés), dont saint Jean, imberbe.

    Les visages aux yeux baissés se caractérisent par des sourcils fins, figurés d'un seul trait, par d'épaisses paupières supérieures, et des paupières inférieures gonflées, réduisant la fente palpébrale à un croissant très étiré, parfois animé d'un iris noir. Les lèvres inférieures forment une petite saillie au dessus de mentons ronds.

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    Maîtresse-vitre  (1476-1479)  de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    2. Entrée à Jérusalem (1). 

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Panneau supérieur gauche peu restauré, le reste largement complété.

    Dans l'évangile de Jean, cette scène (Mc 11:1-11) (Mt 21:1-9 ; Le 19:28-38 ; Jn 12:12-19) est clairement associée à la Résurrection de Lazare

     

    "Le lendemain, une foule nombreuse de gens venus à la fête ayant entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem, prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël! Jésus trouva un ânon, et s'assit dessus, selon ce qui est écrit: Ne crains point, fille de Sion; Voici, ton roi vient, Assis sur le petit d'une ânesse. Ses disciples ne comprirent pas d'abord ces choses; mais, lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent qu'elles étaient écrites de lui, et qu'il les avaient été accomplies à son égard. Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, lui rendaient témoignage; et la foule vint au-devant de lui, parce qu'elle avait appris qu'il avait fait ce miracle."

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    Voir l'analyse de cette scène

    http://www.lavieb-aile.com/article-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-saint-pierre-de-tonquedec-123357760.html.

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    "Jésus chevauche un ânon blanc. Au pas d'une porte, on remarque une femme et deux hommes ; l'un de ceux-ci, à genoux, étend un manteau sous les pieds de l'âne. Plus loin, sur une éminence, un homme est curieusement accroupi dans un arbre, avec lequel il fait corps." (H. Pérennès)

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    Là encore, on peut s'étonner qu'Henri Pérennès (1875-1951), chanoine honoraire de Quimper, docteur en théologie ou directeur du grand séminaire de Quimper, ne reconnaisse pas ici le collecteur d'impôt  Zachée perché dans son sycomore, tel que le décrit Luc 19:1-10. Sa participation à l'Entrée à Jérusalem n'est certes pas conforme aux évangiles, mais est propre à la tradition iconographique (Giotto 1300 à la Scrovegni de Padoue) par assimilation aux habitants cueillant des branches d'arbres.

    Dans le visage de saint Jean, derrière le Christ, (là où on trouve habituellement saint Pierre), se retrouvent les fentes palpébrales très effilées et la bouche lippue signalés dans la première scène.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    3. Entrée à Jérusalem (2).

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    Cette scène, qui prolonge la précédente, ne m'a pas paru très crédible, et j'ai d'abord pensé à une contamination avec des pièces d'une légende de sainte Barbe ou de sainte Catherine dans leurs tours, mais la comparaison avec l'Entrée à Jérusalem de Giotto  me permet de lire l'image avec la représentation d'une porte de Jérusalem et de ses remparts. Une élégante  femme est coiffée du turban noué sous le menton. Un homme barbu est coiffé d'un chaperon.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    4. La Cène (1). Marcel Delon 1906.

     

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    5. La Cène (2). La sortie de Judas et sa pendaison Marcel Delon 1906.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Judas s'enfuyant avce sa bourse, et l'arbre du champ du Potier où il s'est pendu.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    6. Un chevalier donateur  (Marcel Delon 1906).

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    Inscription sur l'étendard DER ??? (signature de Delon ??) ou PER--.

    Certains y voient le seigneur de Névet (dont les armoiries figuraient dans le tympan), d'autres, comme H. Pérénnès, Jeanne d'Arc. Le léopard passant, de gueules, sur fond d'or, peut-t-il être mieux interprété ? 

    La présence des fragments d'un chevalier donateur est attestée avant l'intervention du peintre restaurateur. Selon J.P. Le Bihan "La famille de Névet y possédait ses armes ainsi que la représentation d'un seigneur armé de toutes pièces en cotte d’armes sur un cheval enharnaché de son harnais de combat tenant la bannière chargée de l’écusson. La cotte d’armes était armoriée. Ailleurs, alliances" En effet, nous lisons  :

     

    "Le cœur de ladite église demeure uniquement aux dits seigneurs  de Nevet pour leur sépulture (19), avec leurs tombes, enfeu, ceinture funèbre, au supérieur aussi uniquement autour de l'église, ses ailes et ancienne chapelle, comme fondateurs; et, dans la maîtresse vitre, aussi âpres celle du souverain uniquement, leurs armes en alliance de plusieurs principales familles de la province et au lieu le plus éminent; s'y voit la représentation d'un seigneur de Nevet, armé de toutes pièces, sa cotte d'armes sur son cheval enharnaché de son harnois de combat; ledit seigneur ayant la cotte d'armes armoyée de ses écussons et armes qui sont d'or au léopard morné de gueules tenant sa bannière en forme chargée de ses écussons et armes, qui est la marque que les dits ducs, roy et reine le reconnaissaient vrai baron, banneret, et dès lors comme auparavant ils furent tenus  et titrés barons, et depuis en cette qualité par tous nos rois, successeurs en tous mandats et ordres et par les Cours souveraines. " Jean TREVIDY, Histoire de la maison de Névet racontée par Jean, baron de Névet (1664)", Bull. Société archéologique du Finistère t. XV page 351.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    DEUXIÈME REGISTRE.

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    7. Agonie du Christ.

    restauré, notamment la tête du Christ..

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     "Le Christ est à genoux ; autour de lui dorment Pierre, Jacques et Jean, auréolés de rouge, de vert et de jaune. A droite, au-dessus du Sauveur, on devine un calice, surmonté d'une grande hostie, et tenu par deux mains. Au fond, une palissade représente les murs de Jérusalem ; derrière ce rempart, c'est une troupe de soldats casqués et armés ; une partie des hommes l'a déjà franchi. Judas est là, qui désigne le Christ aux soldats. Le ciel bleu est constellé d'étoiles d'or." (H. Pérennès 1933)

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    L'un des intérêts de ces panneaux est la présence de   pièces montées en chef-d'œuvre dans le ciel étoilé. On désigne ainsi une pièce de verre placée à l'intérieur d'un autre verre, ce qui suppose une découpe interne sans trait de refend. Parmi les dix étoiles (en enlevage sur grisaille, peint au jaune d'argent), seule deux sont  ainsi "suspendues" à l'intérieur de leur plomb circulaire sans être reliée par d'autres plombs.

    Pierre occupe le coin inférieur droit, vêtu d'un manteau rouge (ou plutôt ici du plus beau rose), et ses mains tenaient peut-être jadis le glaive dont la présence est habituelle.

    Jacques (le mineur) est nimbé de bleu-vert.

    Jean soutient d'une main son visage d'éphèbe aux boucle d'or et sans poils au menton, dans l'attitude du songeur. Le nimbe est d'une admirable  teinte rouge-rosée.

     

     

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    8. Arrestation du Christ.

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    "Bien conservé à l'exception de la niche, très altérée."

    " Au premier plan, un petit personnage, vêtu d'un pourpoint rose et de chausses bleues, porte une lanterne. Judas baise son maître qu'entourent des soldats. Un apôtre, auréolé de bleu, s'enfuit. A droite, parmi des soldats, apparaît un personnage coiffé de vert. Au fond du tableau, deux arbres, en forme de champignons, figurent le jardin." (H. Pérennès)

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    Henri Pérennès semble faire exprès de ne pas reconnaître dans le "petit personnage au pourpoint rose", Malchus le serviteur du principal sacrificateur, dont l'oreille droite vient d'être tranchée par saint Pierre. Le trop irascible apôtre rengaine son glaive, et Jésus remet en place le pavillon auriculaire tout en calmant le jeu de la main gauche. Ce "serviteur" est un garde, armé d'une épée, et il tient la lanterne puisque la scène se déroule à l'aube.  On peut, pour le plaisir, comparer cette scène à une enluminure d'un Livre d'Heures de la Bibliothèque de Rennes Ms 1335 f 168, intitulée Baiser de Judas et essorillage de Malchus (entre 1430 et 1450):

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    Voir aussi d'autres enluminures et gravures de la BM de Rennes : http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=122337#sessionhistory-c0DLMcGm

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Notez la marque du coutelier sur la lame du glaive de saint Pierre. Comme, par exemple, à St-Nicolas-du-Pelem.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    9.  Dérision du Christ.

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    "Bien conservé, altéré, une lacune, plombs de casse".

     " Le Sauveur apparaît entre deux personnages, dont l'un est costumé en rouge, tandis que l'autre porte un pantalon rouge et un pourpoint de couleur verte. Quatre bouffons l'entourent ; l'un d'eux tient en main une marotte, un autre lève la main en une attitude de raillerie." (H. Pérennès)

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    Il ne s'agit pas d'une scène de dérision, mais de celle du soufflet : le bourreau de gauche tire les cheveux du Christ tout en le giflant. Son comparse de droite n'y va pas de main morte non plus. Derrière, celui qui est coiffé d'un bonnet à plume rouge ne tient pas une marotte, mais une branche épineuse. 

    On notera le bracelet au poignet de l'homme coiffé de bleu (qui frappe également Jésus) ; la dilatation des narines des deux soldats supérieurs, procédé habituelle de représentation des "méchants" ; la posture chorégraphique des bourreaux, en fente avant, quasi constante dans cette scène.

    Ou surtout l'œil rehaussé de jaune du bourreau de gauche. Les chaussures dépareillées de celui de droite (cf infra les chausses mi-parti). 

    Et bien sûr les quatre ou cinq tonalités de rose, de rouge et de mauve, et notamment le visage rose du bourreau à chaperon bleu..

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    10. Comparution devant Caïphe.

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    " peu restauré"(Corpus).

    " Jésus devant Hérode. — Hérode est assis sur son trône, coiffé de pourpre, vêtu d'une tunique rouge et d'un camail vert. Les mains ouvertes, il semble interroger Jésus qui, en robe blanche, se tient devant lui. La figure du Sauveur est envahie et mangée par les lichens." (H. Pérennès)

     

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    11. La Flagellation.

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    "Peu restauré. nombreux plombs de casse".

    " Le Christ est attaché à un tronc d'arbre, entouré de gens en pourpoint rouge. L'un d'eux, dont les chausses sont mi-partie jaune et lilas passé, a le bras levé pour le frapper." (H. Pérennès)

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    Non, le Christ n'est pas attaché à un tronc d'arbre, mais lié à la Colonne de flagellation. Il est encadré par quatre soldats armés de fouets à lanières plombées, ou flagrum. Les chausses  du bourreau sont mi-parti, une coquetterie qui a certes été à la mode parmi les seigneurs (Calendrier des Très Riches Heures de Jean de Berry), mais qui est aussi un trait de marginalité des soldats, utilisé ici pour stigmatisé ces hommes de main. 

    Cette scène contient six des plus beaux  exemples de ces remarquables  pièces de verre rouge ou rose . L'une d'elle (plastron du pourpoint) est singulière par la marque en A ou H plus foncée. Mais la plus belle, le clou de ce spectacle, c'est la "tronche" du bourreau rouge sous son bonnet rouge à pompon rouge. 

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    12. Portement de croix.

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    "peu restauré, très altéré. emploi de verre rouge pour la carnation du bourreau.

    " Le Sauveur porte une croix en forme de tau (T), dont la partie la plus longue est dirigée vers l'avant. Cette particularité existe au calvaire de Tronoën. — A droite, une sainte femme dont le visage est empreint de douleur." (H. Pérennès)

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    Je n'ai pas vu la sainte femme, mais sept hommes entourant le Christ. A droite, un homme au sourire que l'on ne se privera pas de qualifier de sardonique et à la face bien rose, violacée, à défaut d'être rubiconde, tient la corde à la quelle le supplicié est liée. Au dessus de lui, un soldat en armure.  A gauche, un autre soldat (tabard jaune sur l'armure) donne un coup de pied au Christ. L'officier de tous ces braves gens, la face bien rougeaude sous un turban, vérifie que ses ordres sont bien exécutés.   Simon de Cyrène est peut-être là, en arrière-plan.

    La croix en Tau et le coup de pied du garde figurent, entre autre,  sur le retable de la chapelle de La Housssaye, ou dans l'enluminure des Heures de Jean de Montauban, milieu XVe, folio 70rBM Rennes ms 1834  

    Quand à la masse rose, verte et jaune du coin droit, est-elle ce qu'il reste d'une sainte Véronique ?

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    13. Mise en croix.

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    " Sur la croix, à moitié élevée, le Christ est attaché. Un bourreau lui cloue l'un des bras, un autre lui attache les pieds. On voit, sur la droite, la Vierge et Madeleine, en bleu foncé. Dans le fond, à gauche, apparaît une troupe d'hommes." (H. Pérennès 1933)


     

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    Il suffit de regarder les photos, et l'usage des verres roses, pour que tout soit dit. Une nouvelle fois, l'artiste oppose l'immobilité et la passivité des saints personnages (seul le geste de Pierre lors de l'Arrestation fait écart, et est condamné) à la mobilité déliée, fluide et agile des bourreaux. Cette opposition entre les valeurs positives de la dignité souffrante, figée et patiente, et les valeurs négatives de l'expression dynamique du corps, dans ces Passions du XVe et XVIe siècle, témoignent sans-doute de l'état des mentalités contemporaines sauf à considérer qu'elles sont propres au thème de la Passion, du latin passio "action de supporter, de souffrir".

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    14. Crucifixion.

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    " Au pied de la croix se trouvent Marie, habillée de bleu, et deux personnages barbus, qui doivent être Nicodème et Joseph d'Arimathie. On aperçoit, derrière la Vierge, deux figures et plusieurs personnes. Là sont aussi la lance qui perça le flanc de Jésus, puis la pique, surmontée d'une éponge." (H. Pérennès 1933)

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    Ah, ce n'est pas du temps du chanoine Jean-Marie Abgrall qu'on aurait... Laissons. Mais précisons que saint Jean, imberbe et en manteau rouge se tient derrière la Vierge en manteau bleu. Comme partout. Marie-Madeleine est sans-doute à leurs cotés.

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    Ou bien, que nous ne voyons pas "une pique, surmontée d'une éponge", mais, dessinée clairement,  la branche d'hysope mentionnée par Jean 19:29 : "Un vase était là, rempli d'une boisson vinaigrée. On mit autour d'une branche d'hysope une éponge imbibée de ce vinaigre et on l'approcha de sa bouche."(vas ergo positum erat aceto plenum illi autem spongiam plenam aceto hysopo circumponentes obtulerunt ori eius). (Dans  Mt 27:48, c'est un roseau)

    — Mais qu'est-ce que ça change ?

    —  D'une part, ce verset de Jn 19:29 précède immédiatement  celui de la mort du Christ : "Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: «Tout est accompli.» [Consummatus est]  Puis il baissa la tête et rendit l'esprit." La branche d'hysope représentée sur le vitrail accentue le coté dramatique de la représentation de la Crucifixion en la focalisant sur le moment crucial (au sens propre).

    Et d'autre part, cet hysope, hussopos en grec,  est un arbrisseau dont, selon la Bible,  on utilisait les branches (1 Rois 4-33) pour faire l’aspersion avec le sang et l’eau de purification (Lév.14-1/7 ; Nbre 19-1/19). Il renvoie au verset 9 du Psaume 51 « Purifie-moi avec l’hysope et je serai pur ; lave-moi et je serai plus blanc que la neige ». Ce geste a presque une valeur sacramentelle d'onction.

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    Enfin les deux personnages de droite ne sont certainement pas Joseph d'Arimathie et Nicodème, qui appartiennent à la scène suivante. L'homme de face est vêtu sous son manteau de commandement rouge, d'une armure avec cotte de maille ; sa main gauche est posée sur le pommeau de son épée. C'est, à coup sûr, le Centenier de Luc 23:47 et surtout de Matthieu 27:54  qui se convertit en s'exclamant Vere dei filius erat iste, "Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu". Là encore, cette phrase, dont l'élocution est soulignée par la main droite orientée vers le Christ, participe avec force a la dramaturgie de la scène, car tout se concentre alors dans un intervalle de temps très court. :

     

    "Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l'esprit. Et voici que le voile du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s'ouvrirent et les corps de plusieurs saints qui étaient morts ressuscitèrent. [...] A la vue du tremblement de terre et de ce qui venait d'arriver, l’officier romain et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus furent saisis d'une grande frayeur et dirent : « Cet homme était vraiment le Fils de Dieu. »"

    A la gauche du Centenier, et recevant ses paroles, nous reconnaissons Caïphe, le principal sacrificateur. Ce n'est sans-doute pas par hasard qu'il soit gratifié d'un verre rose. Il est barbu, et représenté comme un grand prêtre, avec un grand manteau à col rehaussé d'orfrois. C'est son couvre-chef rouge qui me permet de l'identifier, car c'est le même que dans la Comparution.

    Le verre rouge du manteau du Centenier montre bien la fragilité des ces verres plaqués : la corrosion attaque la plaque rouge très fine.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    15. Déposition de croix.

     

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    "Marie est là, toujours en bleu. A côté d'elle Nicodème et Joseph d'Arimathie." (H. Pérennès, 1933)

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    Il n'y a rien à corriger. Saint Jean est à gauche.  Nous ne voyons plus rien du corps du Crucifié, si ce n'est le jaune d'argent de la couronne d'épines. Nicodème porte une belle aumônière à sa ceinture. Les photos vont montrer la beauté des verres.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    16. Mise au tombeau.

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    Nous avons de gauche à droite Joseph d'Arimathie (chaperon rouge, col brodé d'or) soutenant la tête du Christ, une Sainte Femme, la Vierge voilée de son manteau bleu, saint Jean (au visage et aux cheveux blonds très féminins) et Nicodème portant les pieds. La représentation de ce dernier, (Jn 3:1 un homme d'entre les pharisiens, un chef des Juifs)  frôle la caricature. La couleur jaune de sa robe est hautement significative (je renvoie aux travaux de Michel Pastoureau). La forme conique de son chapeau mauve participe du même signalement.

    Vue de dos, vous l'avez reconnue car c'est sa place de ce coté-ci du tombeau, touchant la hanche du Christ : Marie-Madeleine.

     

     

     

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    17. Résurrection.

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    (peu restauré).

    " Le Christ sort du tombeau, auréolé d'un nimbe crucifère, et vêtu d'un manteau vert. Il tient, de la main gauche, la croix de résurrection, ornée à la manière d'une croix processionnelle. Au premier plan, l'on aperçoit deux soldats, dont l'un tombe en avant, alors que l'autre est affalé à terre." (H. Pérennès 1933)

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    L'artiste anonyme, notre "maître de la maîtresse-vitre de Locronan" semble s'être inspiré de la lecture de Marcel Proust : "La crème et les fraises que le même oncle mêlait, dans des proportions toujours identiques, s'arrêtant juste au rose qu'il fallait avec l'expérience d'un coloriste et la divination d'un gourmand". 

    Mais Célestine, Françoise ou tante Léonie ont mélangé à son fromage blanc, qui des framboises, qui des cassis, qui des myrtilles .

    Je laisse  les éloquentes et gustatives images présenter elles-mêmes leurs trésors.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre  (1476-1479)  de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    18. Descente aux limbes.

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    " Les limbes sont figurées par une immense gueule bleue-violacée, garnie de dents aigües. Un personnage représentant une âme se tient debout dans cette gueule. Le Christ est à gauche, vêtu de blanc : il semble porter un bâton. Ici, comme au calvaire de Tronoën, l'artiste a conservé l'idée traditionnelle des limbes, qui ne sont pas le véritable enfer, mais le séjour où les justes attendaient l'arrivée du Sauveur." (Henri Pérennès, 1933)

     

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    Les amateurs  corrigeront facilement le bon chanoine du chapitre de Quimper : ce n'est pas "un personnage représentant une âme" qui sort de la gueule de Léviathan, c'est le couple primordial, ce sont Adam et Éve qui attendent depuis les temps immémoriaux de la Genèse de sortir de ce sinistre four.

    Le "bâton" n'est rien d'autre que la hampe de l'étendard de la Résurrection.

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    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Maîtresse-vitre de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    LE TYMPAN.

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    Ses 19 ajours et écoinçons peuvent se décrire en cinq rangées concentriques à partir du sommet, mais aussi en trois thèmes : 

    Le domaine héraldique occupe le zénith, avec les armes du couple ducal (François II et Marguerite de Foix), et le nadir avec deux écussons aux armes du duc de Bretagne. Les armoiries sommitales sont d'un intérêt particulier.

    Au centre, Dieu couronné et assis sur un trône est entouré par les 4 animaux du Tétramorphe, symboles des quatre évangélistes. Une inscription Vitulus Lucas  témoigne de l'existence de la formule complète  Virgo Johannes avis, vitulus Lucas, leo Marchus, Est homo Matheus : quatuor ista Deus, formule attribuée à Petrus Cantor et attesté aussi à  la cathédrale de Saint-Pol -de-Léon. C'est le deuxième centre d'intérêt.

    Ailleurs, 10 anges tiennent sur leur phylactère des versets (en italique ici) du Gloria : Gloria in excelsis Deo Laudamus te, benedicimus te, adoramus te, glorificamus te, gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam. Dómine Deus, Rex cæléstis, Deus Pater omnípotens. Dómine Fili Unigénite, Iesu Christe.

    Nous pouvons donc dire  que les 10 anges chantent la gloire de Dieu entouré des 4 témoins du Tétramorphe, sous les auspices des donateurs François II et Marguerite de Foix.

     

    Sur le plan stylistique, nous retrouvons des verres roses et mauves, qui se gardent bien d'affubler les visages des anges et de la divinité. Nous retrouvons aussi les yeux extrêmement effilés sur la face de certains anges.

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    Tympan de la maîtresse-vitre  (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre  (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Les ajours sommitaux.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Deux anges présentent chacun un blason surmonté d'une couronne ducale. L'écusson de gauche , d'hermines plain (8 mouchetures) , est celui des ducs de Bretagne, en l'occurrence François II, donateur de la vitre par son mandement de 1475. François II a été duc de 1458 à sa mort le 9 septembre 1488. 

    Sur le blason de droite apparaissent les armes de Marguerite de Foix, seconde épouse de François II depuis 1471, et mère d'Anne de Bretagne.

    Le fond est bleu à gauche, mauve et vieux-rose à droite.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Les armoiries de Marguerite de Foix.

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    Elles sont sans-doute récentes, car en 1978, l'enquête topographique de Claude Quillivic et Jean-Pierre Ducouret, menée après la restauration de 1973, signale : "armes pleines de Bretagne répétées 3 fois et armes mi parti de Bretagne et Foix (ce dernier disparu) : François II et Marguerite de Foix".

    Elles sont "fautives", ou partielles, car elles sont figurées en jaune sur fond blanc sans tenir compte des couleurs propres à ces armes.

    Si, comme cela semble le cas, elles sont récentes, elles pourraient avoir été copiées sur celles du tombeau de François II et de Marguerite de Foix, jadis aux Carmes de Nantes et actuellement dans la cathédrale de cette ville. Or, ces armoiries, tenues par un chien au pied de la duchesse, sont monochromes, en bas-relief dans la pierre blanche.
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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Ce sont  les armoiries composées en partie de celles de la Bretagne (partie gauche) et en partie de celles  de Foix-Béarn-Navarre (partie droite, armes hérités de son père, Gaston IV de Foix Béarn, et de sa mère, Éléonore de Navarre.

    Gaston IV de Foix Bearn, en succédant à son père Jean Ier, hérite des armoiries de ce dernier qui sont un écatelé de Foix et de Béarn avec la Bigore en abîme : écartelé aux 1 et 4 d'or, à trois pals de gueules ; et aux 2 et 3 d'or, à deux vaches, accornées, accolées et clarinées d'azur ; sur le tout d'or, à deux lions léopardés (à gauche).

    En épousant Éléonore et quand cette dernière devient héritière du royaume de Navarre, il modifie ses armoiries pour inclure celle de Navarre, mais n'ajoute que des quartiers issus des armoiries de la famille d'Évreux-Navarre, à l'exclusion des quartiers d'Aragon : écartelé au 1 de gueules, aux chaînes d'or, posées en orle, en croix et en sautoir ; au 2 d'or, à trois pals de gueules ; au 3 d'or, à deux vaches, accornées, accolées et clarinées d'azur ; au 4 semé de lys d'or, à la bande componné d'argent et de gueules ; sur le tout, d'or aux deux lions léopardés de gueules, armés et lampassés d'azur, passant l'un sur l'autre (à droite). (Wikipédia

     

    Comme sur le monument funéraire de Nantes, le blason associe en alliance les armes de François II à gauche et celle de Marguerite à droite, qui sont de Foix-Béarn-Navarre (partie droite, armes hérités de son père, Gaston IV de Foix Béarn, et de sa mère Éléonore 

    Celles-ci sont complexes, et mi-parti. Je les trouvent blasonnées ainsi (sous de fortes réserves pour I.2):

    parti en senexte au I écartelé :

    en 1 de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en coeur d'une émeraude au naturel, qui sont de Navarre  ( Eléonore de Navarre, reine de Navarre en 1479, est la mère de Marguerite de Foix)

    en 2 d'or aux trois pals de gueules, en 3 d'or aux deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d'azur, passant l'une sur l'autre et 4 d'azur aux trois fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules ; sur-le-tout d'or aux deux lions léopardés de gueules, armés et lampassés d'azur, passant l'un sur l'autre

    et en II

    écartelé en sautoir d'or aux quatre pals de gueules et de gueules au château d'or ouvert et ajouré d'azur et d'argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d'or. 

     

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a7/Tete_de_chien_du_gisant_Nantes.jpg

    http://saintdenis-tombeaux.forumculture.net/t385-tombeau-de-francois-ii-de-bretagne-au-couvent-des-carmes-aujourd-hui-dans-la-cathedrale-de-nantes

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Armoiries de Marguerite de Foix, gisant autrefois au couvent des Carmes, aujourd'hui dans  la cathédrale de Nantes sculpté par Michel Colombes au début du XVIe siècle. Photo Jibi44 de l'article Wikipédia Tombeau de François II de Bretagne : 

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    On voit ces armoiries sur le portrait de François II et Marguerite de Foix, par le Maître de Jeanne de France, dans le  missel des Carmes de Nantes, Bibliothèque de l'université de Princeton, Garrett 40, f.103v.  :

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    Portrait de François II et Marguerite de Foix, par le Maître de Jeanne de France, détail du missel des Carmes de Nantes, Bibliothèque de l'université de Princeton, Garrett 40, f.103v.

    Portrait de François II et Marguerite de Foix, par le Maître de Jeanne de France, détail du missel des Carmes de Nantes, Bibliothèque de l'université de Princeton, Garrett 40, f.103v.

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    DEUXIÈME RANG.

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    Il est occupé par  quatre anges aux phylactères à inscriptions latines en lettres gothiques. Il s'agit d'extraits du Gloria. De gauche à droite :

     

    3. Ange au phylactère NUNC ADORAMUS TE.

    4. Ange au phylactère ORA PRO NOBIS

    5. Ange au phylactère :  la troisième inscription est difficile à lire. BUDICIMUS ?? (Benedicimus ?)

    6. Ange au phylactère ADORAMUS TE

    Les anges, nimbés et à la profuse chevelure bouclée blonde (jaune d'argent)  portent un bandeau frontal d'or, perlé et  orné au centre d'une croix. Ils sont revêtus d'une aube et d'un amict dont les pans sont croisés sur la poitrine.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    TROISIÈME RANG.

    On y trouve 5 mouchettes : de gauche à droite :

    7. Ange à phylactère. ." ET IN -RA -PAT--

    8. Sur fond rouge, l'aigle de l'évangéliste saint Jean et un fragment d'inscription .

    9." Le Père Eternel, couronné,  bénissant d'une main, et tenant, de l'autre, le globe du monde,  porte une robe verte et est drapé d'un manteau pourpre. Le ciel comporte des pièces en chef d'œuvre (cf. infra) 

    10. Sur fond rouge, le lion de saint Marc. C'est un lion jaune d'or, qui a des ailes lie de vin, et porte une auréole bleu de prusse. Près de lui on lit deux lettres AR, survivance possible du nom de Marchus.

    11. Un ange tenant une banderole à inscription: GLORIFICAMUS TE.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

     

    Nous arrivons à notre deuxième exemple de pièces posées en chef d'œuvre. Ce sont 9 étoiles noires sur fond rouge, posées sur le verre bleu. Stricto sensu, nous n'en trouvons que trois, à la droite du trône, et les autres sont (suite à des bris ?) rattachées au réseau par des plombs. 

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    QUATRIÈME RANG.

    12. Un ange avec une banderole où l'on peut lire : [GLOR]IA IN EX[CELCIS] DEO (Incipit du Gloria).

    13. Un autre ange dont la banderole porte : DEUS PATER OMNIPOTENS (extrait du Gloria)..

    14. Le taureau ailé, jaune d'or, auréolé de même, et les ailes  colorées en jaune à l'argent, de l'évangéliste saint Luc  Au-dessous, on lit VITULUS LUCAS. Ce simple mot de Vitulus (le veau, mais aussi selon le Wiktionnaire  le bouvillon, le taurillon) est un indice précieux qui renvoie à un ouvrage du XIIIe siècle de Petrus Cantor,  Liber qui dicitur Abel, (Manuscrit de la Bibliothèque de Chambery qui  finit par ces quatre vers :   Virgo Johannes avis, vitulus Lucas, leo Marchus, Est homo Matheus : quattuor ista Deus : Est homo nascendo, vitulus mortem paciendo, Est leo surgendo , Jovis aies summa petendo. 

    Or, il est remarquable que ces vers sont partiellement cités aussi sur les vitres de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, transcris par Pol de Courcy :

    "Quatre panneaux d'anciens verres de couleur avaient échappé a la destruction dans la fenêtre du chevet du coté de l'évangile, mais étaient sur le point de s'effondrer; ils ont été remis en plomb neuf ce qui assure leur conservation. Ils représentent avec leurs attributs trois des évangélistes dont les noms homo Matheus, Leo Marcus et Vitulus Lucas sont inscrits en lettres gothiques sur des banderolles. Dans le quatrième panneau la dame donatrice du vitrail, présentée par son patron S. Jean-Baptiste est agenouillée sur un prie-dieu. A sa haute coiffure conique nommée hennin, à sa taille courte et à sa jupe à’ queue traînante, on reconnait les costumes en usage dans la seconde moitié du XVe siècle. Les armoiries peintes sur sa robe permettent même d'attribuer ce vitrail à la munificence de Jeanne de Kergoulouarn épouse de Yvon Simon sieur et dame de Kergoulouarn en Plouvorn." Pol de Courcy, Itinéraires de St-Pol à Brest, 1859.

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    15. L'ange de saint Matthieu et l'inscription MATHE[US] .

    16. Un ange avec une banderole, où figure la formule : DEUS REX COELESTIS  (extrait du Gloria).

    17. Un ange, sur la banderole duquel on peut lire : GRATIAS AGIMUS TIBI (propter magnam gloriam tuam) (extrait du Gloria).

     

     

     

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    On remarquera les yeux extrêmement effilés de cet ange.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    CINQUIÈME RANG.

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    18 et 19 , de chaque côté du vitrail, un ange présente un blason couronné  d' hermines plain : les armoiries du duc François II.

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    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

    Tympan de la maîtresse-vitre (vers 1476-1479) de l'église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

    — COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, , Répertoire des églises : paroisse de LOCRONAN,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 2 novembre 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/920.

    " la maîtresse vitre est consacrée à la Passion. En dix-huit panneaux sur six lancettes, elle représente la résurrection de Lazare, l'Entrée à Jérusalem, la Cène, l'Arrestation au Jardin des Oliviers, les Outrages, le Jugement de Pilate, le Portement de croix, la Mise en croix, et la Mort du Christ, la Mise au tombeau, la Résurrection et la descente aux enfers. Elle porte en supériorité les armes pleines de Bretagne et les armes mi-parti Bretagne et Foix, armes de François II et de Marguerite de Foix, ce qui la date du dernier quart du XVIe siècle ; cependant certains panneaux semblent plus tardifs et indiquent une réfection partielle au XVIe siècle. Restauration en 1910, sensible dans le registre inférieur, puis en 1977 (C.). Dans la fenêtre éclairant l'autel Saint-Eutrope, fragments de vitraux du XVIe siècle (sainte Trinité et saint Pierre) provenant de la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle."

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/55a0099976c148cb034b4323cf0497e5.pdf

     

    — ABGRALL (Jean-Marie), PÉRÉNNES (Henri), 1925, Notice sur Locronan. Bull. dioc. Archit. Archéol. Quimper, pages 131-143.

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4a4d765983806659ef1eeb10debc7f76.pdf

    — BARRIÉ  Roger. Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44; doi : 10.3406/abpo.1976.2796

    http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

     

    — BOULANGER (Karine), 2004, . Les traités médiévaux de peinture sur verre. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2004, tome 162, livraison 1. pp. 9-33; doi : 10.3406/bec.2004.463329 http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2004_num_162_1_463329

    http://www.persee.fr/docAsPDF/bec_0373-6237_2004_num_162_1_463329.pdf

    — BARRIÉ  Roger., "Le vitrail", in  DILASSER (Maurice), 1979, Locronan et sa région, Nouvelle Librairie de France pages 549-561.

     

    —GATOUILLAT (Françoise) , HÉROLD ( Michel), 2005, . Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII . Presses universitaires de Rennes, 369 p. page 142.

     

    — LE BIHAN (Jean-Pierre), blog;

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3576074.html

     

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-16413698.html


    — PÉRÉNNES (Henri), 1933, "La maîtresse-vitre de l'église de Locronan". 7 pages.

    https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1933.pdf

     

    — WAQUET (Henri), 1919, "Locronan", Congrès archéologique Brest-Vannes, p. 554-576.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35688p/f670.image

     

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