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12 décembre 2023 2 12 /12 /décembre /2023 14:30

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PRÉSENTATION.

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Après avoir dessiné la Danse macabre du XVe siècle de la Chaise-Dieu (Haute-Loire) en 2007 sur un napperon de papier carbonisé, l'artiste lorrain Patrick Neu, conseiller artistique de la cristallerie de Saint-Louis, s'en inspire à nouveau en créant pour l'exposition Voyage dans le cristal du Musée de Cluny une Danse macabre gravée sur un cristal de roche hexagonal  d'une dizaine de centimètres de haut.

On se perd dans les reflets des facettes et les squelettes dansent dès que notre œil se déplace légèrement, ils se dédoublent en grimaçant : la matérialité du trait contraste avec  la transparence du matériau tout comme la date précise et récente de la taille et sa propriété, exploitée par les horlogers,  de battre le temps s'opposent à l'origine immémoriale du quartz. Vanité de l'existence brève et vertige devant les échelles des temps géologiques.

"Né en Lorraine, pays du verre et du cristal de plomb, Patrick Neu (Bitche, 1963-) connaît de l’intérieur le monde du feu, du souffle et de la taille. Depuis ses premières œuvres, il utilise le cristal de plomb et puise souvent son inspiration chez les maîtres anciens, dont ceux de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance. L’utilisation du cristal de plomb pour la Couronne d’épines confère à la sculpture une aura qui laisse tout commentaire vain, l’artiste invitant à la contemplation, tout comme avec son Baigneur démembré. Les verres noircis à la fumée constituent une pinacothèque onirique et le Crâne en cristal de plomb noir, un memento mori contemporain. Pour cette exposition, il s’est donné un nouveau défi en choisissant de graver sur un cristal de roche une Danse macabre. Il joue doublement avec le temps : la vanité qui rappelle la brièveté de la vie est sculptée sur une pierre dure dont l’âge, immémorial, est celui de la Terre." (Dossier de presse)

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Patrick Neu  aurait repris ici, selon le catalogue de l'exposition, les  figures du Chevalier et du transi, ou plutôt à mon sens uniquement celle du mort entrainant le Chevalier, un peu courbé en avant, le bras droit fléchi à 90° et le bras gauche glissé sous le bras du Chevalier.

Danse macabre de La Chaise-Dieu (peinture murale, v.1545). Photo lavieb-aile 2014.

 

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Si nous retournons l'image de la peinture, nous retrouvons la silhouette gravée sur le cristal.

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Danse macabre de La Chaise-Dieu (peinture murale, v.1545). Photo lavieb-aile 2014.

 

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Un deuxième mort est au contraire redressé, la tête en arrière, tandis que le bras droit est tendu vers son partenaire de danse et que le bras gauche est fléchi.

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Je crois y reconnaitre le mort qui se saisit du Laboureur, sur la danse macabre de La Chaise-Dieu.

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Danse macabre de La Chaise-Dieu (peinture murale, v.1545). Photo lavieb-aile 2014.

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Après retournement du modèle :

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Danse macabre de La Chaise-Dieu (peinture murale, v.1545). Photo lavieb-aile 2014.

 

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Cette œuvre incite les amateurs d'iconographie de la Danse macabre, ou plus généralement du macabre, à examiner les autres productions de Patrick Neu, exposées dans la même salle de l'exposition de Cluny.

 

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Le crâne en cristal de plomb, Patrick Neu, 1993-2004, Paris, Sarkis.

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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La poupée démembrée (cristal de plomb, 6cm x 30 x 25 cm 1993-2004).

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Dans les deux œuvres précédentes, — comme dans tout objet en cristal— un autre acteur s'invite immédiatement : la lumière.

La lumière est, foncièrement, un oxymore : elle est indissociable de l'ombre. Mais avec le cristal (comme avec le verre des vitraux), elle traverse l'objet, qu'elle révèle, et se poursuit par le reflet qui est l'ombre-reflet.

La chair nue et démembrée révèle sa vulnérabilité et sa souffrance, et la lumière la traverse comme un feu. 

Toute lumière  transforme, par son jeu, l'objet en sujet ; et ici, elle fait jouer nos notions de matérialité et de spiritualité. De corps, et, par le reflet, de trace.

La fragmentation du corps sexué est troublante, puisque l'objet  en cristal nous semble incassable, et qu'il est ici brisé.

Enfin, tout le corps est  solide, présent et lumineux, seuls les yeux sont noirs, et absents.

(Voir aussi, infra, les rapports possibles avec "Enfant mort avec quatre crânes" de Barthel Beham)

 

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Sept verres fumés (cristal de plomb, noir de fumée, 10 cm, 2005, 2006, 2019 et 2020) de Patrick Neu.

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L'artiste a gravé sur le noir de fumé, à l'aide d'un stylet, les œuvres de Jérome Bosch (Le Jardin des délices, détail), ou de Paolo Ucello (La bataille de San Romano), Hans Sebald Beham (Trois crânes), Georges De La Tour (Madeleine pénitente à la veilleuse), Jacques-Louis David (l'Enlévement des Sabines), Gustave Courbet (Les demoiselles au bord de la Seine) et Edvard Munch (Le Cri). 

Je présenterai trois de ces verres, liés, pour les deux premiers, au thème de la Vanité, de la méditation sur la mort, devant des crânes..

 

1. D'après Hans Sebald (ou son frère Barthel)  Beham  Trois crânes. Verres et noir de fumée.

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Enfant mort avec quatre crânes, milieu du 16e siècle. Barthel Beham.

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Barthel Beham, Enfant avec trois crânes, 1529.

 

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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2. D'après la Madeleine pénitente avec veilleuse de Goerges de la Tour.

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Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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3. D'après Le Cri, d'Edvard Munch.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

Patrick Neu, cristal, exposition Voyage dans le cristal, musée de Cluny. photographie lavieb-aile 2023.

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Published by jean-yves cordier
3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 17:32

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit de Plouha.

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Voir sur cette chapelle :

 

 

 

 Voir aussi :

 

 

 

Voir sur les ossuaires de Bretagne :

 

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PRÉSENTATION.

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"La chapelle, devenue église paroissiale Notre-Dame, de Kermaria-an-Isquit (commune de Plouha, Côtes d’Armor, Bretagne) témoigne de manière éloquente de la maîtrise des espaces où l’écrit prend une ampleur toute particulière. Le vaste programme peint occupe tous les espaces de la nef. La Rencontre des trois morts et des trois vifs prend place dans le prolongement du bas-côté nord, dans la partie basse du mur alors que la Danse macabre est placée toute en hauteur sur les trois murs de la nef. Les inscriptions accompagnent chaque thème et matérialisent l’espace cultuel. Celles de la Rencontre, sur de larges banderoles, sont aujourd’hui effacées.

"Sous la Danse macabre, dans les larges écoinçons formés par les arcades, sont également peintes de grandes figures de prophètes tenant de longs phylactères dont certains sont malheureusement très effacés. Ces phylactères sont très lacunaires (ou retouchés) mais on peut encore y reconnaître Isaïe, Habacuc et David.

" L’étendue de la Danse macabre en fait l’un des plus longs défilés avec la spécificité que chaque personnage est logé dans l’espace d’une arcade reposant sur des colonnes et couverte d’une voûte, indiquée par la partie arrondie supérieure . S’agit-il d’un souvenir d’un espace vu par le peintre et simplifié à l’extrême ? Les vifs et les morts se tiennent par la main – moyen pour l’artiste de traverser chaque arcade délimitée par des colonnes – et forment cet impressionnant cortège, placé à plusieurs mètres du sol, se détachant d’un fond rouge et d’un sol jaune. Leur dialogue est écrit à leurs pieds sur toute la longueur. La première lettre de chaque huitain est plus grande et dessinée avec beaucoup d’attention ; elle ressemble aux initiales ornées présentes dans les manuscrits.

L’analyse de certains termes employés montre des divergences avec l’édition princeps de Guy Marchant datée de mai 1485. À titre d’exemple, on peut évoquer les paroles du cardinal : le terme envair (envahir) est employé (comme dans les manuscrits non-influencés par les imprimés) alors que l’édition imprimée emploie le mot assaillir. Le roi dit Helas alors que le terme Las apparaît dans l’édition princeps . Cette proximité linguistique des inscriptions peintes avec les manuscrits semble confirmer que ces derniers ont véhiculé le sujet et les textes pour la réalisation des Danses macabres monumentales. Celle de Kermaria semble antérieure à l’édition imprimée de 1485, ce qui concorde avec le style des peintures que l’on peut situer dans le troisième quart du XVe siècle.  

La proximité entre les textes peints à Kermaria et les manuscrits conservés antérieurs à l’édition princeps de 1485 incite à penser que l’un d’eux a servi au peintre de Kermaria pour reproduire fidèlement le texte sur le mur. Ses figures n’ont presque rien en commun avec celles des éditions imprimées.

Le programme peint incluant les prophètes semble significatif. Les sermons sur la mort prononcés par des religieux sont attestés pour le xve siècle, comme le De morte de Bernardin de Sienne ou les propos du frère augustin Simon Cupersi de Bayeux qui évoquent certains textes des prophètes comme Isaïe 40 ou Jérémie 22 ou l’histoire de Job." Ilona Hans-Collas 2021

 

 

 

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Pour ma part, je voudrais souligner combien est préjudiciable ici le quasi effacement des inscriptions, car malgré le caractère saississant des images, le texte de cette Dance est capital pour apprécier cette "œuvre globale".

Si nous ne regardons que les images,  nous pouvons résumer la Dance à ce constat : nous sommes tous égaux devant la mort, quelque soit notre condition sociale, nos titres, richesses et professions ou notre statut de religieux ou de laïc, et surtout notre conduite morale. En soit, ce constat n'incite pas à une conversion chrétienne. C'est un Memento mori.

Pourtant, comme l'a montré Didier Jugan, le texte permet de placer à part deux personnages, le Chartreux et l'Ermite, qui, par leur retrait du monde, échappent aux jugements ironiques qui frappent chaque Vivant. Certes ils sont emportés dans la danse, mais ils ne sont pas accusés de dévoyement moral.

Certes il en va de même du Laboureur, dont la vie laborieuse est si pénible que la mort se présente comme libératrice.  Tout comme de l'Enfant, qui a peu profité de l'existence, même si "qui plus vit, plus a à souffrir". Mais ces personnages ont subi leur sort, ils n'ont pas choisi le retrait, que la Dm semble vouloir prôner. 

Enfin, chaque situation est particulière, et chaque personnage, dans l'invite qu'il reçoit de la mort ou dans sa réponse, est singulier.

Ce texte,  attribué (à tort aujourd'hui pour les experts) à Jean Gerson (1363-1429), chancelier de l'Université de Paris jusqu'en 1415, et qui prôna le détachement de l'âme de son amour du monde pour s'ouvrir à la contemplation de Dieu, est donc une méditation sur les dangers moraux et la vanité de l'engagement social, croissants  avec les honneurs qui en découlent. Il est censé reproduire celui qui s'inscrivait au charnier des Saints-Innocents de Paris en 1424.

Surtout peut-être, c'est un vrai recueil sapiential en octosyllabes et chacun des 67 huitains s'achève par une sentence qui fut retenue, dans les compilations, ou parfois dans l'usage populaire en tant que proverbe ("petite pluie abat grand vent"). 76 d'entre eux seront repris par Jean Miélot en 1456.

Il est donc dommage de ne pas associer l'examen des figures avec la lecture des poèmes. C'est pour cela que je les ai associés à ma présentation, et que j'ai tenté de les éclairer d'un glossaire et d'une transcription personnelle (très hasardeuse). Les inscriptions encore lisibles (6 sur 47, en caractères gothiques de 4 cm) m'ont permis de m'assurer que les textes transcrits du manuscrit du BnF lat. 14904 correspondent bien à celui de Kermaria. 

C'est donc à une découverte, illustrée, de la littérature, plutôt qu'à une visite touristique, que je vous convie.

Sur le plan des images, on notera que les morts ne tiennent aucun attribut, sauf le mort n°9 qui  porte un outil de fossoyeur. Les morts ne tiennent ici ni  la faux, ni la flêche qui  caractérisait la Mort, par exemple dans la Mors de la Pomme de 1468 ou dans la Danse macabre de 1485, et qui sera reprise comme attribut de l'Ankou.

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LE CÔTÉ SUD DE LA NEF.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Danse macabre de Kermaria était peut-être introduite, comme aux Saint-Innocents de Paris, ou à Kernascléden, et dans tous les manuscrits ou  textes imprimés, d'un prologue récité par un Acteur .

Comme dans le reste du texte, ce prologue est composée de huitains d'octosyllabes  aux rimes ABABBCBC et qui s'achèvent par une sentence.

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L'Acteur (ou récitant)

O Creature raisonnable
Qui desire vie eternelle
Tu as cy doctrine notable
Pour bien finer vie mortelle
La dance macabre sappelle
Que chascum a dancer apprent
A homme & fame est naturelle
Mort nespargne petit ne grant

En ce miroir chascum peut lire
Qui le conuient ainsi danser
Cil est est eureus qui bien se mire
Le mort le vif fait auancer
Tu vois les plus grans commencer
Car il nest nul que mort ne fiere
Cest piteuse chose y penser
Tout est forgie dune matere

Les sentences retenues par Jean Miélot sont  surlignées.

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N.B Sur l'adjectif "macabre" :Quatre cheminements étymologiques ont été proposés: 

 

a) Macabré serait le nom d'un peintre ayant représenté une danse de la Mort dont Jean Le Fèvre se serait inspiré pour écrire « Je fis de Macabré la dance «  = probablement: «j'ai composé la dance Macabré», , dans un poème, intitulé La dance (de) Macabré, qu'il aurait composé avant Le Respit de la Mort. cf. les peintures murales du cimetière des Innocents à Paris, exécutées en 1425, auxquelles fait allusion le Journal d'un bourgeois de Paris (1405-1449), éd. A. Tuetey, p. 234, qui mentionne un cordelier ayant prêché aux Innocents en avril 1429 «le dos tourné vers les Charniers encontre la Charonnerie, à l'androit de la Dance Macabre»). Contre cette hypothèse, l'objection de E. Mâle, L'art religieux à la fin du Moyen Âge en France, 1908, «jamais, au moyen âge, on n'a désigné une oeuvre d'art par le nom de son auteur». 

 

b) Macabré serait le nom d'un poète ayant composé le texte accompagnant des oeuvres picturales représentant une danse de la Mort (G. Huet : «on a très bien pu désigner, aux xive et xve siècles, la Danse des morts par l'expression Danse Macabré ou Danse de Macabré, le mot Macabré indiquant l'homme qui était considéré, à tort ou à raison, comme l'inventeur du thème»). À l'appui des deux précédentes hypothèses, l'art.icle de Machabey ds Romania t.80, p. 124, qui mentionne Maquabré, Makabré, etc., attesté comme nom de famille à partir de 1333, à Porrentruy. 

 

c) Selon H. Sperber, The etymology of macabre dans Mél. Spitzer, pp. 391-401, l'auteur d'une danse de la Mort (peut-être Jean Le Fèvre) en aurait attribué le prologue à un «prédicateur», identifié avec Judas Macchabée (en raison du passage de II Macc. 12, 38-46, où est mentionnée la prière pour les morts). 

 

d) On a encore supposé (Littré; Gde Encyclop. t. 13, p.884) que la danse Macabré aurait été à l'origine une danse liturgique, une procession dansée ou un mystère, représentant le martyre des sept frères Macchabées qui moururent l'un après l'autre pour leur foi (II Macc. 7), et où les danseurs disparaissaient tour à tour pour signifier que chaque être humain doit subir la mort (cf. ds Du Cange le lat. médiév. choraea Machabaeorum «danse des Macchabées», représentation scénique donnée dans l'église St Jean l'Évangéliste à Besançon en 1453; en m. néerl. Makkabeusdans, au xves. ds Romania t. 24, p. 588). Mais cette hypothèse se heurte au fait que Macabré est toujours au singulier. dans les textes français.

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Le mort (*) n°1 devant le Pape.

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(*) comme le faisait remarquer E. Mâle, ce n'est pas la Mort qui est figurée, mais "le mort", celui qui prend la parole dans le manuscrit BnF latin 14504.

Du  mort, seul est conservé son bras, son épaule et sa tête, dans une posture dansante. L'inscription n'est pas conservée.

Voici le texte du manuscrit BnF latin 14904  (divers écrits attribués à Jean Gerson regroupés après 1436, dont une danse macabre.)

 

Vous qui viues certainement
Quoy quil tarde ainsi danceres
Mais quant dieu le scet seulement
Aduises comment vous feres
Dam pappe vous commenceres
Comme le plus digne seigneur
En ce point honneres seres
Aulx grans maistres est dieu lonneur

 

Ma transcription :

"Vous qui vivez, certainement vous danserez ainsi tôt ou tard, mais quand? Dieu seul le sait, avisez-vous de réfléchir  à ce que vous ferez .

Monsieur le Pape vous commencerez, en tant que le seigneur le plus digne, en cela vous serez honoré, car aux grands maîtres l'honneur est dû ."

Sentence : "Aux grands maîtres l'honneur est dû"

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V1. Le Pape.

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"Chaque figure, d'un mètre trente centimètres de hauteur, a pour cadre une arcature simulée, de couleur jaune, dont la voûte, fort surbaissée, est supportée par de maigres, colonnettes à base prismatique, qui paraissent avoir été couronnées d'un sablier. Le sujet se détache· en grisaille sur un fond rouge violacé du côté droit de la nef, ocre-rouge, du côté gauche ."

Le pape se reconnaît à sa tiare et à sa clef de successeur de saint Pierre. Il est aggripé par le mort qui l'entraine dans la danse par le bras droit. L'inscription n'est pas conservée, mais devait reproduire celle du texte attribué à Jean Gerson, le BnF latin 14904.


Hee fault il que la dance maine
Le premier qui sui dieu en terre
Jay eu dignite souueraine
En leglise comme saint pierre
Et comme aultres mort me vient querre
Encor point morir ne cuidasse
Mais la mort a tous maine guerre
Peu vault honneur qui si tot passe

"Hé, faut-il que la danse mène le premier qui suis Dieu sur terre ? J'ai eu la dignité souveraine en l'église comme saint Pierre et la mort vient me chercher comme les autres ? Je ne cherche pas à mourir encore, mais la mort mène la guerre à tous, l'honneur vaut peu qui passe si tôt."

Sentence : "Peu vault honneur qui si tost passe" reprise par Jean Miélot 1456.

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°2 devant l'Empereur

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L'inscription ne conserve que quelques mots du texte de la danse.

BnF 14904 :


Et vous le nompareil du monde
Prince & seigneur grant emperiere
Laissier fault la pomme dor ronde
Armes ceptre timbre baniere
Je ne vous lairay pas derriere
Vous ne poues plus seigourrier
Jen maine tout cest ma maniere
Les filz adam fault tous morir

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seignourier : "gouverner"

"Et vous le nonpareil au monde, prince et seigneur grand empereur, il vous faut laisser la pomme d'or ronde, les armes, le sceptre, le timbre et la bannière. Je ne vous laisserai pas en arrière, vous ne pourrez plus gouverner. J'emmène tout, c'est ma manière, les fils d'Adam doivent tous mourir."

Dans Le Mors de la pomme, c'est après que Adam et Ève soient chassés du paradis que la Mort présente au couple le texte du Mandemant, acte notarié et scellé liant l'humanité à son pouvoir.

La sentence Les fils adam fault tous morir est reprise par Jean Miélot 1456.

 

 

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V2. L'Empereur.

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L'empereur est reconnaissable à sa couronne impériale, et à sa chape doublée d'or. Les autres attributs ne sont plus visibles, mais la main droite se tend vers une aumônière suspendue à la ceinture dorée.

Le texte de l'inscription est partiellement conservée.

BnF latin 14904 :


Je ne scay deuant qui jappelle
De la mort quansi me demaine
Armer me fault de pic de pelle
Et dum linseul ce mest grant peine
Sur tous ay eu grandeur mondaine
Et mourir me fault pour tout gaige
Et quest ce de mortel demaine
Les grans ne lont pas dauantage

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demaine : GD : domaine, possession, territoire

"Je ne sais devant qui j'appelle de la mort qu'ainsi me démène: il faut m'armer de pic et de pelle et d'un linceul, ce m'est une grande peine , sur tous j'ai eu grandeur mondaine, et il me faut mourir pour tout gage, et qu'est-ce de mortel domaine, les grands ne l'ont pas davantage."

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°3 devant le Cardinal.

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BnF latin 14904 :

Vous faittes lesbahi ce me semble
Cardinal sus legerement
Suiuons les aultres tous ensemble
Rien ny vault esbahissement
Vous aues vescu haultement
Et en honneurs a grans deuis
Prenes en gre lesbatement
Es grans honneurs se pert laduis

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esbahissement : stupeur, étonnement extrème.

"Vous faîtes l'ébahi ce me semble, cardinal sus (?) légèrement, suivons les autres tous ensemble, rien ne justifie votre étonnement. Vous avez vécu hautement, et en honneur à grand deuil, prenez part aux ébats, l'avis se perd des grands honneurs".

La sentence Les grans honneurs se pert ladvis est citée par Jean Miélot 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V3. Le Cardinal.

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Nous ne voyons plus qu'une partie du costume du Cardinal, et à peine le bord de son chapeau.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Cardinal

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Texte du BnF 14904 :

Jay bien cause de mesbahir
Quant je me vois de si pres pris
La mort mest venu enuair
Plus ne vestiray vair ne gris
Chappeau rouge & chappe de pris
Me fault laissier a grant destresse
Je ne lauoye pas apris
Toute joye fine en tristesse

Texte de 1485 :

Jay bien cause de mesbair

Quant ie me voy de cy pres pris

La mort mest venuee assallir

Plus ne vestiray vert ne gris.

Chapeau rouge  chappe de pris

Me fault laisser a grant destresse

Je ne lavoye pas apris

Toute ioye fine en tristesse.

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Inscription de Kermaria an Iskuit (conservé de façon lacunaire):

Jay bien cause de m’esbahire.

Quand ie me voy de ci pres pris

La mort mest venue enuayr

Plus ne vestiray vert ne gris

Chapeau rouge ne chappe de pris

Me fault laisser à grant destresce

Je ne lavoye pas apris 

Toute ioye fine en tristesce.

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esbahir : "être frappé d'un grand étonnement"

"J'ai bien cause de m'étonner, quand je me vois pris de si près. La mort est venu m'envahir, je ne me vêtirai plus de vair ou de petit-gris [fourrures ], je ne porterai plus de chapeau rouge (de cardinal) ou de chape de prix, il  faut me laisser à une grande détresse, je ne l'avais pas appris, que "toute joie finit en tristesse"."

Sentence : "Toute joye fine en tristesse", Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°4 devant le roi

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Mort n°4

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Inscription du BnF lat. 14904

Venes noble roy couronne
Renomme de force & de proesse
Jadis fustes aduironne
De grans pompes de grant noblesse
Mais maintenant toute haultesse
Laiserreres vous nestes pas seul
Peu aures de vostre richesse
Le plus riche na qun linseul

 

Inscription de l'édition de Guy Marchand 1485 :

Venes noble roy couronne

Renomme de force et proesse

Jadis fustez environne

De grant pompez : de grant noblesse.

Mais maintenant toute haultesse

Laisseres : vous nestes pas seul.

Peu aures de vostre richesse.

Le plus riche na qun linceul.

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Inscription de Kermaria an Iskuit : 

 Venes noble Roy couronne.

 Renomme de force et prouesce ;

 iadis fustes environne.

 De grãs pompes, de grãt noblesce ;

 Mais maintenãt toute haultesce.

 Laisseres  vous nestes pas seul.

 Peu aures de votre richesce :

 le plus riche na que ung linseul.

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"Venez noble roi couronné, renommé de force et de prouesse, jadis vous fûtes entourés de grandes pompes et de grande noblesse ; mais maintenant laissez toute prééminence [haultesse proche de altesse] vous n'êtes pas seul. Vous aurez peu de votre richesse : le plus riche n'a qu'un linceul."

Sentence : Le plus riche n'a que ung linceul. Jean Mielot 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V4. Le Roi.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Roi.

 

 

inscription du BnF latin 14904 :

Je nay point aprins a dancer
A dance & note si sauuage
Helas on peut veior & penser
Que vault orgueil force lingnage
Mort destruit tout cest son vsage
Aussi tost le grant que le mendre
Qui moins se prase plus est sage
A la fin fault deuenir cendre

Inscription de l'édition de Guy Marchand 1485 :

Je nay point apris a danser,

A danse et note si sauuage

Las : on peut veoir et penser

Que vault orgueil  force  lignaige.

Mort destruit tout : cest son usage :

Aussi tost la grant que le maindre.

Qui moing se prise plus est sage.

En la fin fault devenir cendre.

 

 

Inscription de Kermaria an Iskuit :

elle est proche du manuscrit BnF 14904 (helas et non las, a la fin au lieu d'en la fin) plutôt que du texte imprimé. Cf I. Hans-Collas.

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 Ie nay point apris a danser

 a dance et note si sauuage 

helas  on peut voyer et panser

 Que ----t orgueil force lignage.

 mort destruit tout cest son usage.

 auxi tost le grant que le mandre.

qui mains se prise plus et  sage .

a la fin fault devenir cendre.

 

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mandre, mendre : "moindre"

Mains, meins : "moins"

"Je n'ai point appris à danser de danses et notes [musiques] si sauvages. Hélas on peut voir et penser  ce que vaut orgueil force et lignage, la mort détruit tout c'est son usage, autant le grand que le plus petit. Qui se plaint le moins est le plus sage, à la fin il faut devenir cendre."

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Sentence : A la fin fault devenir cendre. J. Mielot v. 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Mort n°5 devant le Patriarche.

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Ce mort est le mieux conservé (ou restauré), et il est clair qu'il n'est pas représenté comme un squelette, mais comme un cadavre, dont les cheveux forment une tonsure, comme une préfiguration du Patriarche qu'il emmène, tandis que la nuque, la poitrine et le ventre sont encore modélés par la musculature ou les organes.

Mais les yeux sont caves, et la mandibule relachée forme un rire grimaçant.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Mort n°5.

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BnF latin 14904 :

Patriarche pour basse chiere
Vous ne poues estre quitte
Vostre double crois quaues chiere
Vng aultre aura cest equitte
Ne penses plus a dignite
Ja ne seres pappe de romme
Pour rendre compte estes cite
Fole esperance decept lomme

Texte de l'inscription de Kermaria : on note de rares mais significatives différences, notamment pour "déchoit" (bien lisible) au lieu de "decept". Le texte imprimé de 1485 donne "décoit"

Patriarche pour basse chere
Vous ne poues estre quitte
Vostre double crois quaues chere.
Vgne aultre aura cest equitte.
Ne panses plus en dignitte
Ja ne seres pappe de romme
Pour rendre compte estes cite
Folle esperance dechoit lomme

patriarche : titre d'un évêque ou prélat nommé à la tête d'un des cinq patriarchats de l'Église, Antioche, Rome, Jérusalem, Alexandrie et Constantinople.

esquitte : église ? On trouve "mosquée", qui n'a pas de sens ici. 

déchoit  renvoie à "choir" et déchoir" et a le sens de "tomber, ruiner" lié aussi à la déchéance.

"Patriarche, pour basse chère, vous ne pouvez être quitte. Votre double croix [croix à double traverse des patriarches] coûte chère. Un autre aura cette charge. Ne pense plus  à cette dignité, jamais tu ne seras pape de Rome pour rendre compte (de cette) cité. L'espérance folle déçoit [trompe, ruine] l'homme."

Sentence : "Folle esperance dechoit lomme", Jehan Mielot 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V5. Le Patriarche.

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Il est mitré, tient la croix à double traverse de son rang, et sa chasuble est ourlée d'or.

 

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Patriarche.

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BnF lat.14904 :

Bien parcoy que mondaine honneurs
Mont deceu pour dire le voir
Mes joyes tournent en douleurs
Et que vault tant donneur auoir
Tropt monter hault nest pas sauoir
Haulx estas gastent gens sans nombre
Mais peu le veullent perceuoir
A hault monter le fais encombre

 

Relevé de l'inscription de Kermaria :

C'est, avec la précédente, l'inscription la mieux lisible.

Bien parcoy que mondains honneurs
Moult decheu pour dire le voire
Mes ioyes tournent en douleurs
Et que vault tant boune auoir
Trop hault monter nest pas sauoir
Haulx ectas gastent gens sãs nõbre
Aies pou le veullent perceuoir
A hault monter le faitz encombre

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parcoy, cf parquoy substantif masculin, "ce qui entraine qqc"

decheu au lieu de deceu (BnF lat 14904 et texte de 1485) renvoie, comme pour le huitain précédent, au verbe déchoir et non à décevoir, ce qui confère un sens plus dramatique de chute à la perte des honneurs.

encombre.

"Bien que certains honneurs déçoivent (sont ruinés) beaucoup pour dire le vrai, mes joies tournent en douleurs, et que vaut tant de bons avoirs? Monter trop haut n'est pas savoir, les hauts états gâtent les gens sans nombre, mais peu veulent s'en apercevoir. À haut monter le fait encombre."

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La sentence A hault monter le faitz encombre est citée par Jean Miélot. Son interprétation repose sur le terme "faitz", qu'il faut comprendre comme notre "faix", une charge. Plus on est chargé (les honneurs sont bien des "charges") plus cela fait obstacle à l'ascension (morale). L'auteur oppose par oxymore le vocabulaire de la hauteur de la condition sociale ( honneur, avoir, haut, hauts états,) avec celui de la chute (décheu), pour contester la valeur (morale ou finale) de cette altitude.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°6 devant le Connétable.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le mort n°6.

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BnF latin 14904 :

Cest de mon droit que je vous maine
A la dance gent connestable
Les plus fors comme charlemaine
Mort prent cest chose veritable
Rien ne vault chiere espoutable
Ne forte armeure en cest assault
Dun cop jabas le plus estable
Rien nest darmes quant mort assault

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inscription de Kermaria (lacunes)

Cest de ..... mon droit que je vous maine
A la dance gent conneitable
Les plus fors cõme charlemaine
Mort prent cest chose veritable
Rien ne vault chere espoutable
Ne forte armeure en cest asaut
Dun coup jabas le plus estable
Rien nest darmes quãt mort asaut

Espoutable : "épouvantable, redoutable."

 

"C'est de mon droit que je vous mène à la danse gentil connétable. Les plus forts comme Charlemagne ont été pris par la mort, c'est une chose incontestable. Rien ne sert d'avoir chière épouvantable ou une forte armure dans cet assaut. D'un coup j'abats le plus établi (stable), rien n'est d'armes (ne sert d'avoir des armes) quand la mort donne assaut."

Sentence : "Riens n'est d'armes quant mort assault". J. MIélot 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V6. Le Connétable.

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Le connétable, ou chef des armées, est représenté en armure (la cotte est recouverte du tabard), brandissant son épée, et la tête couverte d'un bonnet.

 

BnF latin 14904 


Je auoie encore entention
Dassalir chasteaux & forteresses
Et mener a subiection
En aquerant honneurs richiesses
Mais je voy que toutes proesses
Mort met au bas cest grãt despit
Tout lui est vng doulceurs rudesses
Contre la mort na nul respit

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"J'avais encore quelques intentions d'assaillir châteaux et forteresses et de mener des subjections (assujetissement) en acquérant des honneurs et des richesses, mais je vois que toute prouesse est mise à bas par la mort, c'est un grand dépit. Tout lui est un, douceurs, rudesses, contre la mort [personne] n'a nul répit."

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Sentence "Contre la mort n'a nul respit" Jean Miélot 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Mort n°7 devant l'Archevêque.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Mort n°7.

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BnF latin 14904.

Que vous tires la teste arriere
Arceuesque tires vous pres
Aues vous paour quon ne vous fiere
Ne doubtes vous venres empres
Nest pas tousiours la mort empres
Tout homme et le suit coste a coste
Rendre conuient debtes & prest
Vne fois fault compte a loste

on ne vous fiere : je ne trouve pas le sens de cette phrase, ou d'un verbe "fierer"

"Que vous tirez la tête en arrière, archevêque ! (*) tirez vous près, avez-vous peur qu'on ne vous [fiere] Ne  doutez pas que vous viendrez après . N'est pas toujours la mort empréssée, tout homme et le suit côte à côte . Il convient de rendre ses dettes et ses prêts. Une seule faute  [une fois il faut] compte à l'hôte."

(*) Sur les gravures des ouvrages imprimés, l'archevêque est figuré regardant vers le haut, et, selon E. Mâle, le mort s'en moque.

Une fois fault  compte à l'oste est cité par Jean Miélot. On trouve ensuite la forme "Une fois fault compter à l'hoste."

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V7. L'Archevêque.

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L'archevêque se reconnaît à sa mitre, sa croix à simple traverse et sa chape. Sa tête est légèrement baissée, il est tourné vers notre droite.

Inscription de Kermaria non conservée.

BnF latin 14904 complété entre crochet par texte de 1485:

Las je ne scay ou regarder
Tant suis [par] mort a grant destroit
Ou fuiray je pour moy garder
Certes qui bien la cong[n]oistroit
Hors de raison jamais nistroit
Plus ne gerray en chambre painte
Mourir me conuient cest le droit
Quant faire le fault cest [grant] contrainte

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Destroit : tribunal ou bien "détresse"

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°8 devant le Chevalier.

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Vous qui entre les grans barons
Aues eu renon cheualier
Oublies tromppettes clarons
Et me sieuues sans sommelier
Les dames souliez resuelier
En faisant danser longue piece
Aultre dance fault il veillier
Ce que lun fait laultre despiece

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"Vous qui parmi les grands barons avez eu renom, chevalier, oubliez trompettes et clairons, et suivez-moi sans sommeiller. Vous qui vouliez réveiller les dames en les faisant danser de longues pièces, il vous faut veiller une autre danse : ce que fait l'un l'autre défait."

La sentence Ce que lun fait l'autre despièce est repris par Jean Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V8. Le Chevalier.

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Le chevalier ne porte pas l'armure, et même pas l'épée au côté (alors qu'elle figure sur la gravure de l'édition de 1485, mais non sur celle de 1486 ), mais un beau bonnet (sans plume visible), une tunique courte, des chausses, une ceinture dorée, et un collier, doré également et qui évoque celui de l'Ordre de Saint-Michel : c'est un beau et jeune personnage qui est entrainé dans la danse funèbre.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Chevalier.

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BnF  latin 14904 et  version 1485 entre crochets

Or ay je este auctorisie
En pluseurs fais & bien fame
Des grans & des petis ame [prisé]
Auec ce des dames ame
Ne onques ne fu diffame
A la court de seigneur notable
Mais a ce cop suis tout pasme
Desoulz le ciel na riens estable

L'inscription de Kermaria permet, par quelques mots dont -orisé, dames, ou estable, de vérifier la fidélité au texte manuscrit.

 "Or j'ai été autorisé (introduit ?) en plusieurs (fois ? lieu ?), et bien fréquentés, aimé (prisé) de grands et petits , avec cela  des dames aimées,   ne jamais ne fut diffamé à la cour d'un  seigneur notable. Mais à ce coup je suis tout pâmé, dessous le ciel il n'est rien de stable."

Desoulz le ciel na rien d'estable est cité par Jean Miélot.

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Mort n°9 devant l'Évêque. Le squelette porte une houe sur l'épaule en guise d'outil du fossoyeur.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription.

 


Tantost naures vaillant ce pic
Des biens du monde & de nature
Euesque de vous il est pic
Non obstant vostre prelature
Vostre fait git en aduenture
De vos subgies fault rendre compte
A chascum dieu fera droiture
Nest pas aseur qui trop hault monte

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il est pic : "il en est fait" Frédéric Godefroy, Dict. ou  Manuscrit de Bayeux, XVIe siècle

subgies : de sougire , "soumettre". Mais quel est le sens ici ? Assujettisements, détournements, méfaits ?

"Tantôt vous n'aurez vaillant ce pic des biens du monde et de nature, évêque c'en est fait de vous, en dépit de votre prélature, votre fait gît en aventure, il faut rendre compte de vos soumissions, à chacun Dieu fera droiture (rendra justice) : n'est pas assuré celui qui monte trop haut."

Sentences A chascun dieu rendra droitture et  Nest pas aseur qui trop hault monte, cités par Jean Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V9. L'Evêque.

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L'évêque porte la mitre, la crosse (en mai gauche) et la chape de son titre. L'or est largement employé.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous l'évêque.

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L'inscription de Kermaria est assez bien conservée pour le début des vers.

BnF latin 14904 :


Le cuer ne me peut resioir [esjouir]
Des nouuelles que mort maporte
Dieu vouldra de tout compte oir
Cest ce que plus me desconforte
Le monde ausi peu me conforte
Qui tous a la fin desherite
Il retient tout nul rien nemporte
Tout se passe fors le merite

 

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"Mon cœur ne peut se réjouir des nouvelles que mort m'apporte : Dieu voudra entendre compte de tout. C'est ce qui me désespère le plus. Le monde aussi ne me conforte que peu , qui déshérite chacun de tout, il retient tout, nul n'emporte rien : tout passe, sauf le mérite."

La sentence Tout se passe fors le merite est citée par Jean Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°10 entraînant l'écuyer.

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Auances vous gent escuier
Qui saues de dancer les tours
Lance porties & escu hier
Et hui vous fineres voz jours
Il nest rien qui ne prengne cours
Dances & penses sesuir [s'enfuir ?]
Vous ne poues auoir secours
Il nest qui puisse mort fuir

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"Avancez-vous gentil écuyer qui savez dancer les tours (rondes?). Vous portiez  les lances et les écus hier, et aujourd'hui vous finirez les jours. Il n'est rien qui ne prenne cours. Dansez, et pensez de fuir vous ne pouvez avoir secours : il n'est personne qui puisse mort s'enfuir. "

Sentence : Il nest qui puisse mort fuir citée par Jean Miélot.

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Les personnages peints au-dessus de la première arcade ont été masqués par diverses constructions ultérieures. On a cependant pu les identifier : il y avait là  l'Ecuyer n°10 (aux chausses ajustées), le Mort n°11, et  l'Abbé n°11 (dont la crosse est tenue en main gauche contre l'usage), comme en témoigne le relevé de Denuelle.

 

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LE CÔTÉ OUEST DE LA NEF.

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On trouvait du côté ouest,  à droite et à gauche de la grande fenêtre du portail,  le Bailli n°12 et l'Astrologue n°13, accompagnés de leurs Morts respectifs n°12 et 13.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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LE CÔTÉ NORD DE LA NEF.

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Après un premier personnage (le mort n°14) perdu, la danse reprend ici par le Bourgeois.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Mort n°14 devant le Bourgeois. (perdu)

 

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BnF 14904 :

Bourgois hastes vous sans tarder
Vous naues auoir ne richesse
Qui vous puisse de mort garder
Or sez biens dont estes largesse
Aues bien vse cest saigesse
Daultrui bien tout a aultruy passe
Fol est qui damasser se blesse
On ne scet pour qui on amasse

"Bourgeois hâtez-vous sans tarder, vous n'avez ni biens ni richesses qui puisse vous garder de la mort, or sez biens dont estez largesse avez bien usés c'est sagesse. Le bien passe d'autrui tout entier à autrui; il est fou que se blesse d'amasser : on ne sait pour qui on amasse.

La sentence : "On ne scet pour qui on amasse" est citée par Jean Miélot. Mais les deux derniers vers sont à rapprocher aussi des vers 2311-12 du Pastoralet (1422-1425) : « Car chascuns poet et doibt sçavoir/Qu’au morir fault laissier l’avoir ».

 

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V14 : Le Bourgeois.

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On ne voit de lui qu'un chapeau imposant, et un ample manteau , mais il semble que ses mains se rejoignent, à la ceinture, sur son aumônière.

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Inscription : elle devait reproduire le texte du Bnf latin 14904 :

 

Faut mal me fait si tost lessier
Rentres maisons cens nourreture
Mais poures riches abaissier
Tu fais mort telle est ta nature
Saige nest pas la creature
Damer trop les biens qui demeurent
Au monde & sont siens de droiture
Ceulx qui plus ont plus enuis meurent

 

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Envis : "contre leur grè, difficilement"

"Cela me fait grand mal de tout laisser, mes rentes mes maisons, mes cens mes vivres, mais, mort,  tu fais abaisser les riches à la pauvreté, telle est ta nature. Sage n'est pas la créature pour aimer trop les biens qui demeurent au monde et sont les siens endroit. Ce sont ceux qui ont le plus, qui meurent le plus difficilement". 

La sentence : Ceulx qui plus ont plus enuis meurent est citée par Jean Miélot. Voir aussi "Qui plus a, plus dolent morra", dans Le Pastoralet (1422-1425), vers 2310.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9006785p

 

Les vers du bourgeois : « Sage nest pas la creature/D’amer trop les biens qui demeurent/Au monde, et sont siens de droiture » sont  à rapprocher des vers 2313-2314 du Pastoralet « Qui est paine et peril tres grans/A ceux qui sont d’acquerre engrans"

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Viennent ensuite dans le manuscrit BnF 14904 le "Chanoine prébendé", et le Marchand. : ils ne participent pas à la danse macabre de Kermaria, qui enchaine avec le Chartreux.

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Le mort n°15 devant le Chartreux.

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Bnf latin 14904

...

Vous aussi hõme d'astinence

Chartreux prenez en pacience

De plus viure nayez memoire.

Faictes vous valoir a la danse.

Sur tout homme [mort] a victoire.

"Vous aussi homme d'abstinence Chartreux prenez en patience. De plus vivre n'ayez mémoire. Faites-vous valoir à la danse : sur tout homme, mort a victoire."

La sentence Sur tout homme mort a victoire est reprise dans les Proverbes de Jean Miélot.

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Pour Didier Jugan, le Chartreux est, avec l'Ermite qui termine la danse, le seul personnage positif, car, par son "abstinence" et sa vie récluse dans une cellule, il s'est retiré du monde pour se tourner vers Dieu et il a anticipé l'invitation du mort à cette danse macabre. 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V15 : Le Chartreux.

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Le Chartreux  porte la tonsure, et une robe de drap blanc et un scapulaire avec capuce du même drap, appelé cuculle. C'est l' habit de son Ordre. Sa main droite semble accueillir l'invitation du mort. La main gauche tient un objet oblong. En dessous, je pense voir la ceinture de cuir, portant une boite.

C'est ma photo du vingtième Vivant de la Danse macabre de la Chaise-Dieu, que le site dédié désigne comme "le théologien", qui me donne la solution : c'est un "livre ceinture", un livre enveloppé dans une reliure permettant de le transporter, grâce à une boule, ou de le suspendre à sa ceinture. À La Chaise-Dieu, le mort s'est emparé de la boule, et arrache le précieux livre au religieux.

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La Danse macabre de La Chaise-Dieu. Photo lavieb-aile 2014.

 

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L'ordre des Chartreux, appelé aussi Ordre cartusien, est un ordre religieux contemplatif à vœux solennels français, de type semi-érémitique, a été fondé en 1084 par Bruno le Chartreux . Il prend son nom du massif de la Chartreuse, au nord de Grenoble. Cet ordre est un des plus austères : les religieux observent une clôture perpétuelle, un silence presque absolu, de fréquents jeûnes et l'abstinence complète de viande. Ils ne reçoivent la visite de leur famille que deux jours par an.

Le seul exemplaire de la première édition, en 1485, par Guy Marchant, de la Danse macabre, est conservé à la Bibliothèque Municipale de Grenoble (Res. I 327) et provient de la Grande Chartreuse : les rapports étroits entre l'ordre des Chartreux et la Danse macabre ont été exposés par Didier Jugan.

Le Chartreux étant "au monde mort de puis longtemps" il est donc peu éprouvé par la Mort.

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Ie suis au monde pieca mort

Par quoy de vivre ay moins envie

Ia soit que tout hōme craint mort

Puis que la char est assouvys

Plaise a dieu que lame ravie

Soit ce cielz apres mon trespas.

Cest tout neant de ceste vie.

Tel est huy qui demain nest pas.

pieca : pieça : "depuis longtemps"

assouvys : terminé, parvenu à un haut degré d'achèvement.

Néant : chose sans valeur, qui ne sert à rien

 

"Je suis mort au monde depuis longtemps, ce qui entraine que j'ai moins envie de vivre. Je sias que tout homme craint la mort. Puisque la chair est presque achevée, plaise à Dieu que l'âme soit ravie au ciel après mon trépas. C'est tout néant de cette vie : tel est aujourd'hui, qui n'est plus là demain."

La sentence "Tel est huy qui demain nest pas" se retrouve dans une version du XVe siècle de Les dits et proverbes des sages, (f. 228ra-230rb)  ce siecle cy n'est qu'un trespas: tel est huy qui demain n'est pas. Le huitain se termine donc encore par la citation d'un proverbe. Voir aussi Morawski 1924

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°16 devant le Sergent.

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Sergant qui portes celle mace
Il semble que vous rebelles
Pour neant faittes la grimace
Se on vous griesue si appelles
Vous estes de mort appelles
Qui lui rebelle il se decoit
Les plus fors sont tost rauales
Il nest fort quaussi fort ne soit

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griesve cf griève, accablant douloureux pénible.

"Sergent qui portez cette masse, il semble que vous vous rebellez : vous faites la grimace inutilement. Si on vous grieve si appelé, vous êtes de mort appelé, qui lui rebelle il se déçoit. Les plus forts sont ravalés tôt, il n'est fort qu'aussi fort ne soit." (?)

Il nest fort quaussi fort ne soit est relevé par Jean Miélot. "Il n'y a pas de fort qui ne trouve aussi fort que soi" ??

 

V16 : Le Sergent.

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Le Sergent tient un objet jaune à extrémités dilatées en massue, correspondant à la "masse" ou bâton de justice de sa fonction. Il porte un bonnet imposant, et une épaisse tunique.

Les sergents d'armes sont une unité de gardes du corps royaux créée en France par Philippe II Auguste, et ils sont au service des prévôts, châtelains, baillis et sénéchaux. Les sergents ont surtout un rôle de justice, puis de police, surtout en ville à la fin du Moyen Âge. La population les redoute et ils sont réputés violents. Son « bâton de justice », une masse d'armes de cérémonie, est le symbole de son autorité.

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La Danse des morts des Heures Morgan 359 f 123-151.

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Le sergent à verge, Danse macabre de La Chaise-Dieu vers 1450. Photo lavieb-aile 2014.

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BnF latin 14904 :

 

Moy qui sui royal officer
Comment mose la mort frapper
Je faisoye mon office hier
Et elle me vient huy happer
Je ne scey quel part eschapper
Je suis prins deca & dela
Maugre moy me lesse attrapper
Enuis meurt qui aprins ne la

Envis : "contre leur grè, difficilement"

"Moi qui suis un officier royal, comment la mort ose-t-elle me frapper ? Je faisais mon office hier, et elle vient aujourd'hui me happer. Je ne sais comment lui échapper, je suis pris de ça et de là, malgré moi je me laisse attraper : difficilement meurt qui n'a pas appris à mourir."

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La sentence Enuis meurt qui aprins ne la est relevée dans les Proverbes de Jean Miélot.

Mais sa source est très ancienne puisqu'on la trouve au XIIIe siècle dans la Somme le Roi,  un manuel d’instruction morale et religieuse rédigé à la demande de Philippe le Hardi, par son confesseur dominicain, frère Laurent du Bois, en 1279. La Somme est aussi connue sous le titre de Livre des vices et des vertus ou de Livre des commandements de Dieu, et plus de quatre-vingts manuscrits attestent le succès de ce petit traité chez les laïcs épris de spiritualité et de perfection. Il énumère, avec le goût médiéval des listes,  1. les dix commandements, 2. les douze articles de la foi, 3. les sept péchés mortels, 4. le traité des Vertus en général, 5. Le traité des sept vertus en particulier avec  Paternostre, et les dons de l'Esprit.

Son immense succès classe l’œuvre de frère Laurent, avec une centaine de manuscrits et de fragments, parmi les « best-sellers » de la langue d’oïl au Moyen Age, même si on est loin des trois cents manuscrits du Roman de la Rose. Et c’est sans compter les manuscrits disparus, notamment l’exemplaire de dédicace au Roi.

Dans cette Somme, la quatrième partie, le Traité des vertus débute par Enviz muert qui apris ne l'a, d'où un chapitre "apprendre à bien mourir".

Ce Traité des vertus se retrouve dans le Miroir du monde, que frère Laurent aurait recopié ou résumé : 

a) Un fragment du Miroir du monde inclus, avec la Somme le roi, dans le manuscrit BnF 1134 de 1410-1420 débute par la rubrique Cy commence le livre quant on aprent  a bien mourir puis, au folio 149v, la phrase « Len sieult dire que enviz meurt qui apris ne la. Apren a mourir sy sauras bien vivre» avec une enluminure du Maître de l'Apocalypse de Jean de Berry et une lettrine armorié.

b) Dans le Miroir du Monde BnF 22935 de 1410-1420, également enluminé par le Maître de l'Apocalypse de Jean de Berry  on retrouve ce Traité des vertus (incipit Tant avons alé esperonnant que nous par la grace de Dieu sommes venuz a l’arbre sec )  avec au folio 77 la citation : envis meurt qui apris ne la. Aprens a mourir. bien vivre ne saura se apris a mourir naura Ce manuscrit contient une rédaction contaminée, à qui Édith Brayer a attribué le sigle y, consistant en une fusion du Miroir du monde, de la Somme le Roi composée par Frère Laurent et des Remèdes. Le Traité de la Vertu en général et le Traité des sept vertus sont conformes au texte de la Somme, mais comportent toutefois quelques variantes (Brayer 1958, p. 468-470)

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8452548m/f160.item

BnF fr 938 , manuscrit de 1298. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84478782

On retrouvera ensuite cette sentence au XVIe siècle  dans le Roman de la Rose moralisé de 1511 de Jean Molinet, poète et historiographe auprès de plusieurs princes de la maison de Bourgogne, dans Les faictz et dictz  du même Jean Molinet en 1540 , ou dans les Mimes, enseignements et proverbes de J.-A. de Baïf en 1581.

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Cette sentence, qui invite à apprendre à mourir pour bien vivre, est en elle-même un condensé de la Danse macabre.

 

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°17 devant le Médecin.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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L'inscription sous le mort menant le Médecin.

 

Texte de 1425 vérifié BnF latin 14904


Medecin a tout vostre vrine
voez vous ycy quamendrer
Jadis sceustes de medicine
Asses pour pouoir commander
Or vous vient la mort demander
Comme autres vous conuient morir
Vous ny pouez contremander
Bon mire est qui se scet garir.

Mon interprétation : "Médecin, voyez-vous quémander à  toute votre urine [vous pourriez interroger en vain toute votre urine ?]. Jadis vous saviez assez de médecine pour pouvoir faire des ordonnances. Or c'est vous que la Mort vient (maintenant) réclamer, car il vous convient de mourir tout comme les autres. Vous ne pouvez vous décommander : celui-là est un bon médecin qui sait se guérir lui-même." Avec un jeu autour de "commander" au sens d'ordonner (faire des ordonnances), "quémander", "demander" et "contremander".

quamender : pour quémander : solliciter des faveurs.

"Mire" désigne le médecin depuis le XIIe siècle. L'une des étymologies discutée est liée à l'inspection des urines, du latin mirare, "regarder attentivement, mirer". Or, non seulement le médecin est représenté "mirant", tenant la matula ou flacon d'urine pour établir son diagnostic (et son ordonnance), mais cette urine est mentionnée dès le premier vers prononcé par la Mort.

La sentence Bon mire est qui se sait garir ("celui-là est un bon médecin qui sait se guérir lui-même") est  reprise par Jean Miélot au XVe siècle.

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V17. Le Médecin tenant sa fiole d'urines ou matula.

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Le Médecin porte sa tenue de Docteur, avec son manteau (rouge), et son bonnet de docteur , et ses chaussures à la poulaine. Surtout, il tient son attribut, la fiole d'urines ou matula qui permet de l'identifier à coup sûr, car sa science repose à l'époque en grande partie sur l'uroscopie, nécessitant d'inspecter les urines par transparence, de les mirer.

Voir la valeur du flacon d'urine pour représenter les médecins dans l'iconographie  dans ma série sur l'iconographie de Côme et Damien.

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Sur l'enluminure de la dance macabre des Heures BnF Rothschild 2535, le geste typique d'inspection est bien visible, tout comme les caractéristiques de la tenue des médecins :

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Horae beatiae maria, vers 1425-1435 par le Maître de la Légende dorée de Munich, BnF Rothschild 2535 f.109r.

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Voir également ce geste si typique, cette coiffire, et cette tenue, dans la Danse macabre des Heures du Ms Morgon M. 359 f. 143v :

Heures, France, Paris, 1430-1435 Morgon MS M.359 fol. 143v

 

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Ou encore :  livre d’heures de Charles Quint, enluminé vers 1500–1510 par le Maître de la Chronique scandaleuse , Madrid, Biblioteca Nacional de España, ms. Vitr. 24/3, p. 123 : le mort imite le geste typique du médecin tandis que la légende indique ironiquement : "FAITEZ LESQUAX NOCTE (*) MEDECIN DEAU DOCE"... 

(*) Sans doute Faitez lesquarmoche, "faites l'escarmouche", forme attesté dans Le Chevalereux comte d'Artois du XVe siècle.

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Livre d'Heures de Charles Quint, Madrid

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http://www.dodedans.com/Emargin02n.htm.

 

 

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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L'inscription sous le Médecin.

 

 

Texte de 1425 vérifié BnF latin 14904

Le medicin
Longc temps a quen lart de phizique
Jay mis toute mon estudie
Javoye saence & pratique
Pour garir maint maladie
Je ne scey que je contredie
Plus ny vault herbe ne racine
Nautre remede quoy quon die
Contre la mort na medicine

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"Longtemps j'ai mis toute mon étude dans l'art de la physique [étude de la matière et de la nature], j'avais science et pratique pour guérir beaucoup de maladies. Je ne sais que je contredis : ni les herbes ni les racines ne valent, ni autre remède quoiqu'on dise : il n'y a pas de médecine contre la mort."

Nous retrouvons le dernier vers en forme de sentence : "Contre la mort na medecine", il n'y a pas de médecine contre la Mort. Était-elle attestée avant ce texte, ou bien est-elle crée par l'auteur de la Danse macabre ?

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°18 dans son linceul : "La Femme".

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C'est pour moi l'une des difficiles énigmes de cette Danse de Kermaria an Iskuit de voir présenter ce personnage comme La Femme, la seule femme de la danse.

Plusieurs hypothèses :

a) C'est La Mort.

b) C'est une erreur de l'artiste.  Il serait tentant de considérer que cette "femme" (je mets des guillemets) est emportée, comme les autres personnages, dans la danse, et qu'elle représente à elle-seule les Femmes, auxquelles sera consacré plus tard une Danse macabre des Femmes. Ou bien qu'il s'agit d'une épouse , la Bourgeoise par exemple. Ou encore une Moniale, comme dans la Danse macabre de la Chaise-Dieu (mais celle-ci vient avant le Sergent royal). Mais cela suppose de faire abstraction du fait que cette silhouette  occupe la place d'un mort.

b') L'artiste est contraint de rompre son ordonnancement binaire mort/vivant/mort puisqu'il veut introduire deux vivants associés en groupe, l'usurier et le pauvre. Il place ici le personnage précédent ce groupe, dans le texte attribué (à tort pour les experts) à Gerson, qui est le Moine. Ce moine, tel qu'il sera illustré dans les éditions imprimés, est encapuchonné et vêtu d'une robe, comme ici.

Mais que devient le mort qui présente, dans le texte issu du Cimetière des Innocents, l'Usurier et le pauvre ? Et celui qui précède le Moine ?

Autre énigme, au Cimetière des Innocents,  la séquence était la suivante : le Chartreux/ le Sergent/Le Moine/ L'Usurier et le Pauvre/ Le Médecin/L'Amoureux. L'artiste de Kermaria ne respecte pas cet ordre. 

Voir l'analyse de Geneviève Le Louarn-Plessix

"...suivi d’un mystérieux trio : une femme (la seule de la fresque) vêtue de blanc qui tient la place du cadavre et s’accroche aux bras de ses voisins, le médecin à sa droite et un usurier et son pauvre à sa gauche. On peut regretter la disparition des sentences qui éclaireraient le sens de cette scène. Cette femme qui remplace le mort est-elle le symbole de la mort ? Illustre-t-elle un des thèmes développés au Moyen Âge : celui de la vanité de la beauté humaine ? Reprend-t-elle l’iconographie du triomphe de la mort du Campo Santo de Pise du XIVe siècle où la mort est représentée par la femme aux ailes de chauve-souris qui fauche tout sur son passage ? Cette scène n’existait sans doute pas aux Innocents puisqu’elle ne figure pas dans le premier ouvrage de Marchant mais il y en aura vingt-huit dans l’édition de 1491 : « la danse macabre des femmes »."

 

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c) Un indice important est que l'inscription sous ce personnage est encore partiellement lisible. Au cinquième vers on lit distinctement "bien lardez". C'est donc le huitain prononcé par le mort qui présente le groupe  de l'usurier :

BnF latin 14904 :

Usurier de sens desreugle
Venes tost & me regardes
Dusure estes tant aveugle
Que dargent gaignier tout arde
Mais vous en seres bien lardre
Car se dieu qui est merueilleux
Na pitie de vous tout perdes
A tout perdre est cop perilleux.

Cette "femme" serait donc un mort, un cadavre enveloppé dans son linceul, et dont seul est visible le visage, d'un jaune cadavérique semblable à la couleur des autres morts.

Desreugle : pour desrieuglé ?

Lardre : lépreux, ou bien (plus tard) avare.  Les éditions imprimées écrivent  "ardez et "lardez" : comme un rôti préparé pour cuire...

"Usurier de sens déréglé, venez tôt et regardez-moi . Vous êtes tant aveuglés par l'usure que vous êtes tout brûlés par l'envie de gagner de l'argent. Mais vous serez bien lépreux, car si Dieu qui est merveilleux n'a pas pitié de vous vous perdrez tout : à tout perdre est coup périlleux."

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A tout perdre est coup perilleux est repris par Jean Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V18 et V19 : l'Usurier et le Pauvre.

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L'Usurier est vêtu d'un manteau épais et plissé, et d'un grand bonnet. Sa main droite tient des pièces d'or, qu'il verse dans l'aumônière suspendue à sa ceinture dorée. Sa main gauche est tendue vers celle du pauvre, à qui il remet des pièces.

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Le texte du BnF 14904 :

 

Me convient il si tost mourire

Ce mest grant painne et grant chevance

Et ne me pourroit secourir

Mon or mon argent ma chevance

Je dois morir la mort mavance

Mais il m'en sosplait somme toute

Or nest ce de mal acoustumance

Tel a bieulx yeulx qui ne voit goute

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grevance : ce qui accable, fait souffrir.

Chevance : moyens de subsistance, vivres, gain, ce qui permet de se chevir, de vivre.

Essai de transcription : "Me convient-il de mourir si tôt? Cela m'est une grande peine et une grande souffrance, et je ne pourrai sauver ni mon or ni mon argent ni mes vivres. Je vais mourir, la mort s'avance vers moi, mais si cela me déplait finalement, c'est par mauvaise acoutumance : tel a de beaux yeux et pourtant ne voit rien. "

La sentence Tel a beaux yeux qui ne voit goutte  est reprise par Jean Miélot 1456..

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le pauvre homme  (poure hōme).

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Le Pauvre est penché avec déférence vers l'Usurier. Il porte un bissac sur l'épaule.

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Le texte du BnF 14904 :

Usure est tant mauuais pechie
Comme chascum dit & raconte
Et cest homme qui approchie
Sesent de la mort nen tient compte
Encor a vsure me preste
Il deura de retour au compte
Nest pas quitte qui doit de reste

.

"L'usure est un si mauvais péché, comme chacun le dit et le raconte, et cet homme qui approche [se sent ] de la mort n'en tient pas compte, il me prête encore à des taux usuriers. Il devra en rendre compte en retour : n'est pas quitte qui doit de reste"

On notera que le Pauvre n'est pas considéré comme un personnage propre, il n'est que partie prenante de son lien avec l'Usurier. C'est de l'usure qu'il parle, il n'est pas concerné par le mort n°18, qui, d'ailleurs, ne s'adresse pas à lui, et ne l'emporte pas dans sa danse. Il ne commente pas ce qu'il ressent, en tant que pauvre face à la Mort (comme le fera plus tard le Bûcheron de La Fontaine).

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La sentence N'est pas quitte qui doit de reste est citée par Jean Miélot en 1456.

 

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le mort n°19 devant l'Amoureux.

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Le texte du BnF 14904 :


Gentil amoureux jeune & frique
Qui vous cuidies de grant valeur
Vous estes prins la mort vous pique
Le monde laires a douleur
Trop laues ame cest foleur
Et a mourir peu regarde
Ja tost vous changeres couleur
Beaute nest quimage farde

.

 

frique : cf frische "gaillard, vigoureux, dispos, alerte".

cuidies : s'imaginer, se croire, par présomption.

Laire, verbe : "être loisible" ?? On lit dans le texte imprimé laré, 

foleur : "état de celui qui est fou" 

"Gentil amoureux jeune et vaillant qui vous croyez de grande valeur, vous êtes pris la mort vous pique. Le monde .[laires à douleur]..trop l'avez aimé, c'est folie, et c'est à mourir peu regarder. Bientôt vous changerez de couleur : beauté n'est qu'image fardée."

Beauté nest quimage fardée: citation devenue adage, reprise par Jean Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V20 : L'Amoureux.

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Il est élégamment vêtu d'une tunique courte cintrée et de chausses ajustée, et il est coiffé d'un bonnet

Le texte du BnF 14904 :


Elas or ny a il secours
Contre la mort adieu amourettes
Moult tost va jonesse a decours
Adieu chappeaus bouques flourettes
Adieu amans & pucellettes
Souuiengne vous de moy souuent
Et vous mires se sages estes
Petite pluye abat grant vent

.

"Hélas  n'y a-t-il pas de secours contre la mort, très tôt la jeunesse s'éloigne à rebours, adieu chapeaux, bouquets et fleurettes, adieu amants et pucelettes, souvenez-vous de moi souvent et vous [semblez être si sage (?)] : petite pluie abat grand vent."

L'adage final  est bien présent, confirmant que cette danse se veut un livre de sagesse : "Petite pluie abat grand vent" citée par Jean Miélot est repris par Rabelais dans Gargantua en 1542.

Mais comment comprendre ici ce proverbe ? Le grand vent est-il le présomptueux jeune amoureux, qu'un petit incident peut faire mourir?

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Mort n°20 devant le Menestrel.

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Le texte du BnF 14904 :

Menestrel qui dances et nottes
Saues & aues beau maintien
Pour faire esioir sots & sottez
Quen dittes vous alons nous bien
Monstrer vous fault puis que vous tien
Aux aultres cy vng tour de dance
Le contredire ny vault rien
Maistre doit monstrer sa science.

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"Ménestrel qui connaissez les danses et les notes, et qui avez un beau maintien pour faire se réjouir les sots et les sottes, qu'en dites-vous ? allons-nous bien ?  Il  vous faut montrer un tour de danse aux autres puisque je  vous tiens ici : il ne vaut rien de le contredire, maître doit montrer sa science."

Sentence : "Maître doit montrer sa science"

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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V21 : le Ménestrel et sa cornemuse.

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Comme le Chevalier ou comme l'Amoureux, le Ménestrel est vêtu élégamment d'une tunique courte, cintrée,  à encolure festonnée dorée, et de chausses moulantes ; son bonnet est élaboré, on y voyait sans doute des plumes. 

Le sac de la cornemuse montre bien le porte-vent, et le long chalumeau évasé (ou selon J.L. Matte le bourdon).

Voir : 

http://jeanluc.matte.free.fr/fichsz/troymc1.htm

http://jeanluc.matte.free.fr/invp.htm#plouha

 

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Le texte du BnF 14904 :

Le menestrel
De dancer ainsi neusse cure
Certes tres enuis je men mesle
Car de mort nest peine plus dure
Jay mis soulxs le banc ma vielle
Plus ne corneray sauterelle
Nautre dance mort men retient
Il me fault obeir a elle
Tel dance a qui au cuer nen tient

.

"Je n'eusse cure de danser ainsi, certes je m'en sens très ennuyé, car aucune peine n'est plus dure que la mort. J'ai mis ma vielle sous le banc, je ne cornerai plus de sauterelle ni d'autre danse, la mort m'en retient. Il me faut lui obéir. Tel danse qui n'a pas le cœur à danser."

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La sentence Tel dance a qui au cuer nen tient figure dans les Proverbes de Jean Miélot 1456.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le Mort n°21 devant le Laboureur.

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Le texte du BnF 14904 :

 


Laboureur qui en soing et peine
Aues vescu tout vostre temps
Mourir vous fault cest chose certaine
Reculer ny vault ne contens
Car de grant soucy vous deliure
Approchies vous je vous attens
Fol est qui cuide tousiours viure

 

"Laboureur qui a vécu tout tvotre temps en soin et en peine, il vous faut mourir, c'est certain, reculer ne vaut ni content (convient?). Car je vous délivre de grands soucis, approchez je vous attends. Il est fou celui qui cherche à vivre toujours."

La sentence finale Fol est qui cuide tousjours vivre est devenue proverbiale et est citée par Jean Mielot 1456, Prov.U 194. 

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V22 : le laboureur, avec sa serpe et sa houe à l'épaule  .

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Nous ne voyons du laboureur, qui regarde en arrière, qu'un long manteau, une serpe crantée et , devant l'épaule gauche, le manche d'un outil.

L'image s'interprète mieux en regardant le Laboureur de La Chaise-Dieu (vers 1450), mieux conservé. Il tient une houe d'une façon comparable à son collègue de Kermaria, et il puise dans le sac de grains suspendu à son côté gauche pour semer ; sa tête est dirigée vers l'arrière sous l'action de ce geste de semaille.  Sa serpe est à ses pieds.

Voir aussi  dans une posture analogue :

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Heures, France, Paris, 1430-1435 Morgan MS M.359 fol. 147v.

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Horae Beatae Mariae Virginis BnF Rothschild 2535 folio 109v

 

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Inscription sous le Laboureur.

BnF latin 14904

La mort ay souhaitie souuent
Mais volentier je la fouisse
Jaimasse mieulx fist pluye ou vent
Estre en vignes ou je fouisse
Encor plus grant plaisir y prisse
Car je pers de peur tous propos
Or nest il qui de ce pas ysse
Au monde na point de repos

"J'ai souhaité souvent la mort mais je la fuit volontiers. J'aime mieux qu'il fit pluie ou vent, être en vigne où je fouille j'y prendrai encore plus grand plaisir, car de peur je perds tous mes propos. Or n'est-il qui de ce pas sorte  [à moins d'en sortir ]:  au monde il n'a point de repos".

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le Mort n°22 devant le Cordelier.

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Faites voye vous aues tort
Laboureur  Apres cordellier
Souuent aues preschie de mort
Si vous deues moins merueillier
Ja ne sen fault esmoy baillier
Il nest si fort que mort narreste
Si fait bon a mourir veillier
A toute heure la mort est preste

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bailler : présenter, donner, remettre.

 : "Cordelier, souvent vous avez prêché sur la mort, si vous devez moins vous émerveiller, maintenant il ne faut pas manifester de l'émoi. Il n'est si fort que mort n'arrête. S'il fait bon veiller à mourir, à toute heure la mort est prête."

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V23 : le Cordelier ​​​​​.

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Quest ce que de uiure en ce monde
Nul homme a seurete ny demeure
Toute vanite y abonde
Puis vient la mort qua tous cour seure
Mendicite point ne masseure
Des mesfais fault payer lamende
En petite heure dieu labeure
Saige est le pecheur qui samende

 

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"Qu'est-ce que de vivre en ce monde, personne n'y a sûreté ni demeure, toute vanité y abonde, puis vient la mort qui court sûre à tous. La mendicité ne m'assure pas, des méfaits il faut payer l'amende. En petite heure Dieu travaille, sage est le pêcheur qui s'amende."

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Ce sont les deux sentences En petite heure Dieu labeure et Sage est le pecheur qui se amende qui sont citées par Jean Miélot.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La Danse macabre (peinture murale, troisième quart du XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le Mort.

 


Petit enfant nagueres ne
Au monde auras peu de plaisance
A la dance seras mene
Cõme aultre car mort a puissance
Sur tous du jour de la naissance
Conuient chascum a mort offrir
Fol est qui nen a congnoissance
Qui plus vit plus a a souffrir

naguères : il y a peu de temps, contraction de "il n'y a guère de temps".

"Petit enfant né il y a peu de temps, tu auras peu de plaisir dans ce monde, mais à la danse comme les autres  tu seras mené, car c'est la puissance de la mort sur tous depuis le jour de leur naissance. Il convient à chacun à mort offrir, il est fou celui qui n'en a pas connaissance, car celui qui vit plus, il a plus à souffrir."

Forme proverbiale : "Qui plus vit plus a à souffrir" citée par Jean Miélot. 

 

 

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V24. L'Enfant ?  Partie manquante.

Lenfant
A A je ne scey parler
Enfant suis jay la langue mue
Hier nasquis hui men fault aler
Je ne fais quentrer & yssue
Rien nay mesfait mais de peur sue
Pre[n]dre en gre me fault cest le mieulx
Lordonnance dieu ne se mue
Aussi tost meurt jeusne que vieulx

.

"Areu areu je ne sais pas parler. Je suis enfant j'ai la langue muette. Je suis né hier aujourd'hui il faut m'en aller, je ne fais qu'entrer et sortir. Je n'ai rien fait de mal mais je sue de peur, il me faut le prendre de bon gré c'est le mieux. L'ordre de Dieu ne se change pas, aussitôt meurent jeunes et vieux."

On trouve dans les Proverbes de Jean Miélot Aussi tost muert jeusne que vieulx.

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SOURCES ET LIENS.

 

— AUBERT (Octave Louis), [1928] , La chapelle de Kermaria-Nisquit, édition de la Bretagne touristique, 16 pages.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/3460

http://www.infobretagne.com/plouha-kermaria-an-iskuit.htm

— BECKER (Karin), 2020,  La liste dans la danse macabre. La danse macabre comme liste Le pouvoir des listes au Moyen-Âge Étienne AnheimLaurent FellerMadeleine Jeay et al.

https://books.openedition.org/psorbonne/88530?lang=fr

—BÉGULE (Lucien), 1909, La chapelle Kermaria-Nisquit et sa Danse des morts, H. Champion, Paris, 1909, 52 p. 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1909_num_73_1_11490_t1_0180_0000_2

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1908_num_24_3_4152_t1_0413_0000_2

— CHARDIN (Paul), 1894, La chapelle de Kermaria-Nisqit en Plouha, Revue archéologique 1, pages 246-259

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203636c/f249.item

— CHARDIN (Paul), 1885, Recueil de peintures, Bulmo

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1885_num_51_1_10552

— CHARDIN (Paul), 1886, La chapelle de Kermaria Niquit mémoires de la société nationale des antiquaires de France 1886 t. 46

—COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1939. p. 374-375

—COUFFON, René. Quelques notes sur Plouha. Saint-Brieuc : Francisque Guyon éditeur, 1929. p. 27-35

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3346690r

— HANS-COLLAS (Ilona), 2021, "Interactions entre textes et images. Les Danses macabres peintes dans les églises en France aux xve–xvie siècles"  dans Le Moyen Age 2021/1 (Tome CXXVII), pages 81 à 104

https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2021-1-page-81.htm#no42

—JUGAN (Didier), 2021,  "Danses macabres : le chartreux et l'ermite", dans C. Bogdan, S. Marin-Barutcieff (dir.), Regarder la mort en face, Actes du XXe congrès international de l'association Danses macabres d'Europe, Bucarest, EUB, 2021, p. 35-60.

— LAMORTDANSLART

https://www.lamortdanslart.com/danse/France/Kermaria/dm_kermaria.htm

—LE LOUARN-PLESSIX (Geneviève ) , 2013, "Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit" Mémoires SHAB

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f464c1e917b93.94134739/2013_50.pdf

https://docplayer.fr/108538314-Plouha-chapelle-de-kermaria-an-iskuit.html

 

—LÉVY (Tania), 2015, « La chapelle Kermaria-an-Isquist. Les peintures murales », Congrès archéologique de France. 173e session. Monuments des Côtes-d'Armor. « Le Beau Moyen Âge ». 2015, Société française d'archéologie, pp. 303-311 (ISBN 978-2-901837-70-1).

— MÂLE, (Emile), 1908, L'art religieux de la fin du moyen âge en France; étude sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration; Armand Colin

https://archive.org/details/lartreligieuxdel00ml/page/394/mode/2up

 

— MASSON (Anne Louise), 1894,  "Jean Gerson, sa vie, son temp, ses oeuvres: précédé d'une introduction sur le Moyen-Âge, Lyon, chapitre XIV page 217 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97390627.texteImage

https://google.cat/books?id=Lsuuafi1K6kC&pg=PA217&dq=editions:OXFORD555053390&lr=&output=html_text&source=gbs_toc_r&cad=4

—PEIGNOT (Gabriel),  1826, Recherches historiques et littéraires sur les danses des morts et sur l'origine des cartes à jouer .

https://archive.org/details/rechercheshisto00peiggoog/page/n5/mode/2up

— PICHOURON ( Patrick) - L'HARIDON ( Erwana) 2005, La chapelle de Kermaria-an-Isquit Inventaire général ; Dossier IA22005349

 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/la-chapelle-de-kermaria-an-isquit-plouha/b4cbaf07-cdea-4601-a286-377b8f21585f

— THIBOUT (Marc), 1949, « La chapelle de Kermaria-Nisquit et ses peintures murales », Congrès archéologique de France. 107e session. Saint-Brieuc. 1949, Société française d'archéologie, 1950, p. 70-81.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f72.item

— TIMELLI (Maria Colombo) 2007 Les Proverbes en françois de Jean MiélotRomania  Année 2007  499-500  pp. 370-399.

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2007_num_125_499_1407

 

—UNGEHEUER (Laurent),2020, La Danse macabre du cimetière des Saints-Innocents et celle de deux livres d'heures contemporains : propositions de liens, de sources et de commanditaires. Annales de Bourgogne T 92-3-4

 

https://www.academia.edu/44662793/La_Danse_macabre_du_cimeti%C3%A8re_des_Saints_Innocents_et_celle_de_deux_livres_dheures_contemporains_propositions_de_liens_de_sources_et_de_commanditaires

Résumé : Le thème de la Danse macabre pose toujours de nombreuses questions quant à ses origines philologiques, iconographiques ou théâtrales. La Danse macabre du cimetière parisien des Saints-Innocents, peinture murale et texte, n'a pas de commanditaire connu à ce jour. Elle est réputée avoir été peinte en 1424-1425, donc en pleine Guerre de Cent Ans, dans un contexte politique tendu, qui opposait aussi les Armagnacs aux Bourguignons, et ce dans un lieu très fréquenté de la capitale. À travers l'examen de plusieurs œuvres, cette contribution propose des indices en faveur de Philippe le Bon comme commanditaire, direct ou indirect, de cette œuvre monumentale qui a certainement nécessité des moyens importants. Deux livres d'heures contemporains offrent chacun une Danse macabre au sein de leur cycle d'illustrations. L'un des deux manuscrits peut être rattaché au connétable Arthur de Richemont, l'autre à Philippe le Bon. Des éléments de contexte historique, deux productions littéraires et un collier d'apparat complètent pour leur part le faisceau d'indices qui éclaire l'intérêt du duc de Bourgogne pour le l'art macabre. 

-Les Heures Morgan 359 f. 123-151.

-Le livre d’heures Rothschild 2535 de la BnF,   Manuscrit au décor et à l’usage parisiens, datable vers 1425-1435, présente une Danse macabre sans véritable équivalent connu pour l’époque. Elle est faite de onze scènes et se déploie autour de la page à miniature qui illustre le début de Matines de l’office des morts, et autour du texte qui lui fait suite, fol.108v°-109.

—UNGEHEUER (Laurent), 2016, Le manuscrit Rothschild 2535 de la BnF, un livre d'heures parisien enluminé par le Maître de la Légende dorée de Munich. L'art de l'enluminure .

— UTZINGER (Hélène et Bertrand), 1996, Itinéraire des Danses macabres, Paris, Éditions J.M. Garnier.

— VAILLANT (Pierre ) , 1975, La danse macabre de 1485 et les fresques du charnier des Innocents, Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public  Année 1975  6  pp. 81-86. Fait partie d'un numéro thématique : La mort au Moyen Âge.

https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1977_act_6_1_1210

— Wijsman (Hanno), 2005, La Danse macabre du cimetière des Saints-Innocents et un manuscrit de Philippe le Bon

https://www.academia.edu/374486/La_Danse_macabre_du_cimeti%C3%A8re_des_Saints_Innocents_et_un_manuscrit_de_Philippe_le_Bon

— Zvonareva (Alina), 2013, "Traduire la 'Danse macabre': la réception du modèle français dans les terres du Royaume d’Aragon".

https://www.academia.edu/7758703/Traduire_la_Danse_macabre_la_r%C3%A9ception_du_mod%C3%A8le_fran%C3%A7ais_dans_les_terres_du_Royaume_d_Aragon_Translating_the_Dance_of_Death_the_Reception_of_the_French_Model_in_the_Lands_of_the_Crown_of_Aragon_

Les Danses macabres.

—Danse Macabre de La Ferté Loupière

https://www.montholon89.fr/danse-macabre/

—Danse macabre de la Chaise-Dieu (vers 1450)

https://www.abbaye-chaise-dieu.com/visites/la-danse-macabre-du-xve-s/

https://tiersinclus.fr/la-danse-macabre-de-la-chaise-dieu-entre-vie-et-mort-au-dela-de-toute-hierarchie-sociale-civile-ou-religieuse/

—Livre d'heures de Charles Quint  enluminé vers 1500–1510 par le Maître de la Chronique scandaleuse , Madrid, Biblioteca Nacional de España, ms. Vitr. 24/3, p. 123

https://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000051953&page=1

http://www.dodedans.com/Emargin02n.htm

     —Site La danse macabre

http://www.dodedans.com/Eparis.htm

— Abbé Valentin Dufour, 1884.

http://www.dodedans.com/Eparis-dufour-text.htm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64621602

—BnF 2550 folio 235 et suiv, vers de la danse macabre des Saints Innocents de Paris. Manuscrit XVe siècle

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90075807/f125.item

— BnF latin 14904,  f. 64, la danse macabre des Saints Innocents de Paris

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9077897g/f72.item

http://www.dodedans.com/Eparis-14904.htm

-Comparaison entre le texte manuscrit et le texte imprimé :

http://www.dodedans.com/Eparis-14904-comp.htm

— BnF RES 2047 La grande danse macabre des hommes et des femmes, 1862, Librairie Bailleu (Paris)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k503981r

https://ia902707.us.archive.org/13/items/b22650556/b22650556.pdf

— BnF 14989 (vers 1420-1430)

http://www.dodedans.com/Eparis-14989.htm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525043555

 

—ARLIMA

https://www.arlima.net/ad/danse_macabre.html

— Guy Marchand; La danse macabre de 1485,  Grenoble BM Res. I327.

https://pagella.bm-grenoble.fr/pagella/fr/content/la-loupe/la-danse-macabre-un-incunable-unique-en-france

https://portail.biblissima.fr/fr/ark:/43093/idata7a2a4d0d7710144520a74f0102bbb3ec62c912ca

https://pagella.bm-grenoble.fr/ark:/12148/bpt6k10953823/f5.planchecontact

Le texte 1485

https://www.hs-augsburg.de/~harsch/gallica/Chronologie/15siecle/DanseMacabre/dan_ma14.html

Le texte 1486 Miroer salutaire. La danse macabre historiée, par Guy Marchant BnF RES-YE-189

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8615802z/f1.planchecontact

http://www.dodedans.com/Eparis-14852-text.htm

http://www.dodedans.com/Eparis-tisserand-text.htm

https://www.atramenta.net/lire/oeuvre7951-chapitre-1.html

La dance macabre :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8605444n

Autres manuscrits :

 

—Les proverbes de Jean Miélot

http://www.dodedans.com/Eproverb.htm#v0100f

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2007_num_125_499_1407

— BnF 12441 fol. 65 v°-74 : 338  proverbes en français copiés par Jean Miélot, dont 76, soit près d’un quart, reprennent à la lettre le texte de la Danse macabre :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52506043d/f153.item

— BnF 24864 Le Pastoralet, (entre 1422 et 1425).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451465g

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9006785p

—Les Heures Morgan 359 f 123-151.

https://ica.themorgan.org/manuscript/page/244/76807

—Le livre d’heures Rothschild BnF 2535  fol.108v°-109.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10527901x/f223.item.zoom#

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10527901x/f224.item.zoom

La Somme le Roi et Le Miroir du monde.

— BRAYER (Edith), 1958,  "Contenu, structure et combinaisons du Miroir du Monde et de la Somme le Roi", Romania  Année 1958  313  pp. 1-38

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1958_num_79_313_3110

—LEURQUIN-LABIE (Anne-Françoise), 2004, Mise en page et mise en texte dans les manuscrits de la Somme le Roi,  in CHARON, Annie (dir.) ; DIU, Isabelle (dir.) ; et PARINET, Élisabeth (dir.). La mise en page du livre religieux (XIIIe-XXe siècle).  Paris : Publications de l’École nationale des chartes, 2004 

https://books.openedition.org/enc/570?lang=fr

-BnF fr 1109 5°/ Li mireoir dou monde f.188r  daté de 1310..On seur dire ke a enuis muert. Qui aprins ne la. Apres amorire si saras uivre. Que ia nus bien uivre ne sara . Qui amourir aprendra. Et chil et cele est apeles canis et caiciue qui ne set uivre ne nose morir. Certes ce nest pas vie . Auis est langours de tous iours uivre en seruage et en paour. En seruage se sen cors garder. En paour de morir et de trespasser. Se il fuit chou qescaper ne puet & garde chau que perdre li estuert. Dont se tu ueus iour frankement apren amorir liement. Se tu demande comment.... N.B : En 11°) on trouve le conte des III vifs et des III morts

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8454666h/f383.item

-BnF fr 938

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84478782

Le Mors de la Pomme.

-BnF français 17001 Compilation de Jean Miélot.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10463342b/f223.item

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales. Chapelles bretonnes
28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 20:49

Les niches à volets de sainte Cécile et saint Maurice (bois polychrome, fin XVIe ou début XVIIe siècle) dans la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Les autres niches et leurs statues.

 

 

Sur le patrimoine de Briec-sur-Odet, voir aussi :

 


 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Construite au début du XVIe siècle, la chapelle Sainte-Cécile était dédiée à saint Suliau avant de l'être à sainte Cécile après le Concile de Trente (1545-1563). La chapelle, inscrite "monument historique" depuis 1935 fut restaurée en 1983. C'est un édifice en forme de croix latine avec chevet plat peu débordant et sacristie au nord-est. À l'ouest se dresse un élégant clocher à jour avec une tour très élancée.

Les dimensions de la chapelle suivent des proportions harmonieuses puisqu'elles sont toutes multiples de cinq. Au sud, la nef est éclairées par une petite fenêtre ajourée en forme  très rare de triskell à quatre branches.

L'intérieur dallé en granite pour le sol a des murs enduits de chaux qui supportent une voûte à entraits apparents. Les sablières sont ornées de motifs en trèfles à quatre feuilles.

La chapelle conserve de nombreuses statues en bois polychromes datant des XVIe et XVIIe siècles : le Christ en croix, saint Herbot, saint Urlou, saint Ronan, une Vierge à l'Enfant de l'Annonciation portant le Livre des Écritures fermé, dite encore Itron Varia ar Porzou (Notre-Dame des Portes), sainte Cécile (patronne ou reine couronnée des musiciens) et enfin saint Maurice abbé, ces deux dernières placées dans des niches à volets historiés. Une statue de saint Marc l'évangéliste en pierre polychrome pourrait dater (inscription) de 1591.

D'autre part, le chœur et les chapelles latérales sont pourvues d'autels en pierre de taille. Le maître-autel, peint du motif triangulaire de la Trinité, porte aussi un grand bas-relief du XVIIe siècle représentant la Cène, très proche du retable de Guimiliau de la même époque.

Sur le calvaire du XVIe siècle, deux anges hématophores recueillent le sang du Christ mort. Au revers est représentée sainte Cécile portant la palme du martyre.

Au nord-est, une fontaine sacrée en forme de petit édicule en pierre portait une statue de sainte Cécile, aujourd'hui disparue.

 

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Le chœur de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Le chœur de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Le chœur de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Le chœur de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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I. LA STATUE DE SAINTE CÉCILE DANS SA NICHE À VOLETS. Bois polychrome, fin XVIe-début XVIIe siècle.

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La sainte, vierge et martyre et patronne des musiciens, est représentée mains jointes, couronnée, vêtue d'une robe dorée au dessus d'une chemise blanche (col en V, poignets) et d'un manteau rouge à rinceaux d'or ; ses chaussures sont pointues, selon la mode du XVe siècle mais néanmoins tout le décor affirme l'influence de la Renaissance, telle qu'elle fut introduite à la pointe occidentale de la Bretagne vers 1570-1580 au château de Kerjean. En effet, son orgue portatif, à deux registres de tuyaux, est supporté par une console dont les supports anthropomorphes, ou termes, aux bras en volutes apparaissent en Finistère et surtout dans le Léon, en grand nombre, à partir du dernier quart du XVIe siècle.

La couronne est un attribut très inhabituel de sainte Cécile de Rome, et elle porte habituellement une couronne de lys et de roses. Y-a-t-il eut contamination par les statues de la Vierge ?

https://cathedrale-albi.com/les-representations-de-sainte-cecile-dans-la-cathedrale-dalbi/

Le manteau fait retour en pan vers le poignet gauche, mais le zèle des peintres restaurateurs a peut-être recouvert d'or la partie haute et les manches plissées.

Le visage est peu avenant, pensif, et le front et les sourcils sont épilés à la mode de l'époque.

Sainte-Cécile est la patronne des musiciens (et des organistes en particulier), des académies de musique, des compositeurs, des facteurs d’orgues, des luthiers, des poètes et des chanteurs..
Ce patronage lui a été attribué sur la base de l’interprétation d’une phrase qui figure dans ses Actae :
"Et pendant que jouaient les orgues de la musique profane, elle chantait secrètement dans son cœur une prière à l’attention de Jésus, son véritable époux."

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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le bandeau rétro-occipital de sainte Cécile.

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Ce détail de coiffure aux allures de "chouchou" rouge et or est significatif, car il relie cette statue aux très nombreuses statues de la Vierge ou de sainte Marie-Madeleine présentant le même bandeau qui réunit les cheveux derrière la nuque avant que ceux-ci se librent en mèches bouclées devant les épaules. Ce détail s'observe prioritairement en Finistère, au XVIe siècle.

Voir par exemple :

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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le volet de droite : saint Durlou et sainte Apolline.

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1. Saint Durlou (ou Urlou, ou Gurloës) en père abbé, mitré et tenant la crosse dans la main droite.

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Ses jambes et ses pieds nus participent à donner de ce saint une facture naïve ou populaire.

"Saint Gurloës (également connu sous le nom de Saint Urlo, saint Urlou ou saint Ourlou) fut le premier abbé de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé. Il fut béni abbé le 14 septembre 1029 par Orscand évêque de Vannes. Il s'installa dans la nouvelle abbaye avec douze moines venant comme lui de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon. Le même jour, Alain Canhiart constitua au monastère un fief seigneurial comprenant Lothéa, Baye, Mellac, Tréméven et Belle-Île.

Il mourut en 1057 après avoir gouverné l'abbaye pendant vingt-huit ans moins vingt jours selon les dires de Dom Placide Le Duc. Il fut béatifié par le pape et reçu le titre de bienheureux.

En 1083, ses reliques furent élevées dans la crypte de l'abbaye. Par la suite, le saint fit l'objet d'une intense dévotion. Il était invoqué pour les maux de tête et de reins ainsi que pour la maladie de la goutte. D'ailleurs la goutte s'appelle en breton droug Sant Urlou c'est-à-dire "le mal de Saint Urlou". Mais sur sa vie proprement dite nous ne savons que très peu de choses. Son culte est resté limité à quatre chapelles, situées à Clohars-Carnoët, Le Faouët, Languidic et Lanvénégen. "

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Gurlo%C3%ABs

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Sainte Apolline tenant la tenaille de son supplice (les bourreaux lui arrachèrent les dents).

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Elle est vêtue comme une villageoise du XVIe siècle, avec  une robe à épaules ornementées ou le tablier à fleurs, et porte une coiffe blanche à frisures. Comparer avec le costume régional du XIXe siècle conservé au Musée départemental breton.

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Musée départemental breton,Cl.1959.4.1. Costume femme, Briec-de-l'Odet (Groupe de Quimper), fin XIXe.

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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le volet de gauche : saint Maurice et sainte Cécile.

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1. Saint Maurice de Carnoët, en abbé, bénissant le duc de Bretagne agenouillé.

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Le saint, mitré et tenant un livre (comme fondateur) se tient devant une tenture semée d'hermines et trace une bénédiction vers un personnage agenouillé et tenant une couronne.

La scène n'a rien d'historique, tant pour la présence d'hermines au XIIe siècle que pour l'onction faite au duc, qui, s'il s'agit de Conan IV, est aucontraire le donateur de la terre où Maurice fonda son abbaye.

 

"Maurice Duault étudia à Pontivy puis à l’université de Paris puis âgé de 23 ans, il choisit de devenir moine cistercien à la jeune abbaye de Langonnet où il fait son noviciat en 1140. À la mort de l’abbé, Maurice lui succède entre 1144 et 1147 et reste abbé de Langonnet jusqu'en 1174 ou 1175.

En 1170 le duc Conan IV donna aux moines cisterciens de l'abbaye de Langonnet plusieurs villages situés à proximité de la forêt de Carnoët dans le diocèse de Cornouaille pour y établir une communauté. En 1177, Maurice prend la tête d’un groupe de douze compagnons pour y fonder l’abbaye de Clohars-Carnoët consacrée initialement à Notre-Dame. Il y meurt le 29 septembre 1191. Par la suite, l’abbaye prit son nom." Wikipédia

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Maurice est en surplis et cotte blanche sous une chasuble, sa main droite est gantée.

Le duc, à moustache Louis XIII, a les jambes nues.

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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Le martyre de sainte Cécile de Rome, brûlée vive.

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Une fresque exécutée vers 1517-1520 par Raphaël et ses élèves dans la chapelle de la villa Magliana, située en dehors de Rome sur commande du pape Léon X,  montre le martyre de sainte Cécile brûlée vive dans un chaudron. Cette scène fut reproduite en gravure par M. Raimondi en 1520-1525, ou sur une majolique italienne de la même période.

Ce supplice, auquel elle résista miraculeusement, précéda sa décapitation :

"Almaque, furieux, la fit ramener dans sa maison, où, jour et nuit, il ordonna qu’elle fût plongée dans un bain d’eau bouillante. Mais elle y resta comme en un lieu frais, et sans que même une goutte de sueur parût sur elle. Ce qu’apprenant, Almaque ordonna qu’elle eût la tête tranchée dans son bain. Le bourreau la frappa de trois coups de hache ; et comme elle vivait toujours, et que la loi défendait de frapper les condamnés de plus de trois coups, la sainte fut laissée encore respirante. Elle survécut trois jours à son supplice.  " (Jacques de Voragine, Légende Dorée)

 

 

Cécile était une jeune fille romaine qui aurait vécu au IIe ou au IIIe siècle. Élevée dans la religion chrétienne, elle fut cependant contrainte d’épouser un païen du nom de Valérien. Ayant fait vœu de chasteté, Cécile obtint de lui, la nuit de ses noces, qu’il respectât cette abstinence. Valérien accepta à condition qu’elle lui permît de voir l’ange qui, il le savait, veillait sur sa femme. Celui-ci descendit bientôt vers eux et déposa sur leur tête une couronne de lys et de roses (outre l’instrument de musique à cordes, les fleurs font partie des attributs de Cécile). Valérien ainsi que son frère Tiburce se convertirent puis demandèrent le baptême. Tous deux furent par la suite décapités sur ordre du gouverneur romain.

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Marcantonio Raimondi, vers 1520-25, Martyre de Sainte Cécile debout et nue dans un grand chaudron,

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Musée des arts décoratifs de Paris. Majolique, atelier de la Casa Pirota, « Le Martyre de sainte Cécile », Faenza (Italie), vers 1525.

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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Ici, deux bureaux presque nus (tant les vapeurs sont chaudes) versent un baquet d'eau bouillante sur la tête de Cécile, qui reste de marbre malgré ses joues bien rouges, tandis que deux autres bourreaux tout aussi nus activent le feu sous le chaudron.  

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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Les éléments de décor Renaissance (dernier quart XVIe siècle).

1. Les supports anthropomorphes.

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La "tribune " des orgues de cette niche est supportée par deux "hommes-colonnes" ou termes engainés. En effet, leur tête soutient un petit chapiteau, et leur buste se prolonge, après un élément feuillagé formant leur bassin, en un empietement à deux montants.

N.B : Cet article appartient à une série  sur les Termes gainés, cariatides et atlantes (ou "supports anthropomorphes engainés") , et, plus généralement, sur l'introduction de la Seconde Renaissance en Bretagne sous l'influence de la famille de Goulaine puis des Barbier du château de Kerjean.

Je n'en montre ici qu'un seul exemple, tiré du porche de Bodilis (après 1570):

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Porche de Bodilis. Photo lavieb-aile.

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Voir dans ce blog :

-Sculpture en pierre :

-Sculpture en bois :

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OUVRAGES DE RÉFÉRENCE sur les supports anthropomorphes :

—BASE DE DONNÉES "ORNEMENTS ANTHROPOMORPHES"

http://www.fr-ornement.com/fr/anthropomorphe?page=8

—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1542-1545, Compartiments, ou  Grands cartouches de Fontainebleau. Deux séries de 10 planches.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/1807-compartiments-de-fontainebleau-de-grand-format?offset=7

—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1548-1549, Cartouches, 12 planches gravées sur cuivre.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/1802-cartouches?offset=3

—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1559 Livre d’architectvre de Jaques Androvet du Cerceau, contenant les plans et dessaings de cinquante bastimens tous differens : pour instruire ceux qui desirent bastir, soient de petit, moyen, ou grand estat. Auec declaration des membres & commoditez, & nombre des toises, que contient chacun bastiment, dont l’eleuation des faces est figurée sur chacun plan..., Paris, s.n., 1559.

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/ENSBA_Masson647.asp?param=

—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Second Livre d’architecture, par Iaqves Androvet Du Cerceau. Contenant plusieurs et diverses ordonnances de cheminées, lucarnes, portes, fonteines, puis et pavillons, pour enrichir tant le dedans que le dehors de tous edifices. Avec les desseins de dix sepultures toutes differentes, Paris, André Wechel, 1561.

 

—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1582, Livre d’architecture de Jaques Androuet Du Cerceau, auquel sont contenues diverses ordonnances de plants et élévations de bastiments pour seigneurs, gentilshommes et autres qui voudront bastir aux champs ; mesmes en aucuns d’iceux sont desseignez les bassez courts... aussi les jardinages et vergiers..., Paris, pour Iaques Androuet du Cerceau, 1582. de l’Orme (Philibert), Le Premier tome de l’architecture, Paris, Frédéric Morel, 1567.

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/ENSBA_LES1592.asp?param=

—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1549, Quinque et viginti exempla arcum

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/INHA-4R1475.asp?param=

— DELORME (Philibert), 1567  Le premier tome de l'architecture de Philibert de L'Orme conseillier et aumosnier ordinaire du Roy, & abbé de S. Serge lez Angiers , Paris, Federic Morel

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/traite/Notice/ENSBA_Les1653.asp?param=

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/traite/Images/Les1653Index.asp

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85636g/f1.double

— DELORME (Philibert), 1561  Les Nouvelles Inventions pour bien bastir et a petits frais

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/Masson643Index.asp

— DE GRANDE (Angelo), 2014, "De Fontainebleau vers la Lorraine: l’ordre anthropomorphe de la maison «des Sept Péchés capitaux» à Pont-à-Mousson" in Gravures d'architecture et d'ornement au début de l'époque moderne : processus de migration en Europe (sous la direction de S, Frommel et E. Leuschner), pp.205-218, 2014.

https://www.academia.edu/11289409/De_Fontainebleau_vers_la_Lorraine_l_ordre_anthropomorphe_de_la_maison_des_Sept_P%C3%A9ch%C3%A9s_capitaux_%C3%A0_Pont_%C3%A0_Mousson

— FROMMEL (Sabine), 2018 Supports anthropomorphes peints de la Renaissance italienne, in Frommel, Sabine – Leuschner, Eckhard – Droguet, Vincent – Kirchner, Thomas (dir.) Construire avec le corps humain/ Bauen mit dem menschlichen Korper. Les ordres anthropomorphes et leurs avatars dans l'art europèen de l'antiquité à la fin du XVIe siècle/ Antropomorphe Stùtzen von der Antike bis zur Gegenwart,  Campisano Editore 2 volumes pp 618, 40 ill. 

"Rares sont les motifs architecturaux qui témoignent d'une persistance telle que les ordres anthropomorphes, depuis l'Antiquité jusqu'à la période actuelle, en passant par le Moyen Âge. Leur évolution s'articule par de subtiles interactions entre les domaines sculptural, architectural et pictural, alors qu'une fortune théorique durable a été instaurée par la description détaillée par Vitruve des "Perses" et des "Caryatides" dans son traité De architectura libri decem. Contrairement aux ordres architecturaux canoniques, ce " sixième ordre " invite à des interprétations et des variations plus souples et plus personnelles. Il put ainsi assimiler des traditions locales très diverses lors de son parcours triomphal dans toute l'Europe. Si la signification originelle de soumission et de châtiment de ces supports reste valable, les valeurs narratives ne cessèrent de s'enrichir et de s'amplifier, en faisant de ce motif un protagoniste abondamment présent dans de multiples genres artistiques, des meubles aux monuments les plus prestigieux, et qui révèle les mutations typologiques et stylistiques au fil du temps. Les contributions réunies dans ces deux volumes fournissent un large panorama européen de ces occurrences, offrant un large éventail de synergies et d'affinités révélatrices."

https://www.academia.edu/36821730/Supports_anthropomorphes_peints_de_la_Renaissance_italienne_in_Frommel_Sabine_Leuschner_Eckhard_Droguet_Vincent_Kirchner_Thomas_dir_Construire_avec_le_corps_humain_Bauen_mit_dem_menschlichen_K%C3%B6rper_Co_%C3%A9dition_Picard_Campisano_Paris_Roma_2018_?email_work_card=view-paper

— MAITRE DE HENRI II (membre du Groupe de Noël Bellemare) Heures dites de Henri II BnF Latin 1429

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447767x/f81.item#

— MAITRE DE HENRI II 1546-1547 (offert à Charles IX en 1566), Jean du Tillet Recueil des rois de France BnF fr.2848

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84516158/f189.item#

https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc492956

—SAMBIN ( Hugues), 1572 Oeuvre de la diversité des termes dont on use en architecture reduict en ordre : par Maistre Hugues Sambin, demeurant à Dijon, publié à Lyon par Jean Marcorelle ou par Jean Durant.  Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 126685.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/36089-oeuvre-de-la-diversite-des-termes-dont-on-use-en-architecture-reduit-en-ordre-par-maitre-hugues-sambin?offset=1

 

—SERLIO (Sebastiano ), 1551 Liure extraordinaire de architecture, de Sebastien Serlio, architecte du roy treschrestien. Auquel sont demonstrees trente Portes Rustiques meslees de diuers ordres. Et vingt autres d’oeuvre delicate en diverses especes, Lyon, Jean de Tournes, 1551.

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/ENSBA_LES1745.asp?param=

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/32769-extraordinario-libro-di-architettura-di-sebastiano-serlio-livre-extraodinaire-de-architecture-de-sebastien-serlio

 Le premier livre d’architecture et Le second livre de perspective de Sebastiano Serlio furent publiés par Jean Martin pour la première fois à Paris en 1545; le troisième livre, fut publié à Anvers, en 1550 chez Pieter Coecke qui en 1542 avait publié une version pirate du Quatrième livre. Le quinto libro d’architettura traduit en françois par Jean Martin fut édité à Paris en 1547 par Michel de Vascosan ; le Livre extraordinaire le fut àLyon par Jean de Tournes en 1551.

—SERLIO (Sebastiano ), 1540 Il terzo libro ... Venise F. Marcolini

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/Serlio1540.asp?param=

https://archive.org/details/ilterzolibronelq00serl

—SERLIO (Sebastiano ), 1537 Regole generali di architectura, quatrième livre, Venise F. Marcolini

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/B272296201_A101Index.asp

—SERLIO (Sebastiano ), 1547, Livre V, Paris

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/INHA-4R1476.asp?param=

 

— VIGNOLE 1562, La Règle des cinq ordres d'architecture

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6327303x/f11.planchecontact.r=delagardette.langEN

La  Regola delli cinque ordini d’architettura de Vignole sans cesse ré-éditée depuis 1562, fut publiée en édition quadrilingue in-folio (italien, néerlandais, français et allemand) en 1617 par Willem Jansz Blaeu à Amsterdam et, ensuite, en français en très nombreuses éditions parisiennes : Regles des cinq ordres d’architecture de Vignolle /  Reveuee (sic) augmentees et reduites de grand en petit par le Muet , Paris, chez Melchior Tavernier, 1631-1632 ; chez Pierre Mariette en1644-55 ; 1702 ; chez Nicolas Langlois, s.d. ; Seconde édition, 1657,1658, 1684 ;Reigle de cinq ordres d’architecture éd.par Pierre Firens,s.d. [1620-1630] ; chez Pierre Mariette, 1662, 1665 ; chez Nicolas Bonnart, 1665 ; éd. Jean Le Pautre, chez Gérard Jollain, 1671, 1691,1694.

— VITRUVE 

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/ENSBA_01665A0013.asp

— VITRUVE, 1511, De architectura M. Vitruvius per Jocundum solito castigatior factus cum figuris et tabula, traduit par Fra Giovanni Giocondo en 1511 à Venise chez G. da Tridentino avec 136 gravures sur bois 

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/CESR_2994.asp?param=

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/CESR_2994Index.asp

— VITRUVE, 1513,  De architectura, traduit par Giovanni Giocondo

https://echo.mpiwg-berlin.mpg.de/ECHOdocuView?url=/mpiwg/online/permanent/library/488D7ND1/pageimg&start=11&viewMode=images&pn=17&mode=imagepath

— VREDEMAN DE VRIES (Hans) [1565]  Caryatidum (vulgus termas vocat) sive Athlantidum multiformium ad quemlibet architecture. Anvers

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/36809/?offset=#page=43&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=


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Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. La corniche à médaillons et ses cuirs découpés.

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Certes ces masques de jeunes hommes joufflus sont de style Renaissance, mais ce sont surtout les "cuirs découpés à enroulement" qui attestent de l'influence des ornemanistes bellifontains. Car là encore, ces cuirs (tirant leur nom des peaux tannées qui en ont fourni le modèle initial), sont des motifs de la Seconde Renaissance introduit en France par le décor de boiseries du Salon François Ier à Fontainebleau, en 1536-1537, puis sont introduits en Haute-Bretagne par la famille de Goulaine (Champeau) puis en Basse-Bretagne par la même famille (château de Maillé) avant d'être repris par les Barbier au château de Kerjean et de se propagés très rapidement sur les édifices religieux du Léon, puis de Cornouaille.

C'est ce qui me permet de dater cette statue, et sa niche, de la toute fin du XVIe siècle, et plutôt du début du XVIIe.

 

 

etc...
 

 

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. LA STATUE DE SAINT MAURICE DANS SA NICHE À VOLETS. Bois polychrome, fin XVIe-début XVIIe siècle.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le volet droit de la niche et ses deux panneaux: 

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1. Saint Corentin évêque de Quimper... sans son poisson.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Saint Pierre et sa clef.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le volet gauche de la niche et ses deux panneaux: 

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1. Saint Amboise docteur de l'Eglise et évêque de Milan.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Saint Paul tenant l'épée de sa décollation.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le couronnement de la niche et ses masques dans des cuirs découpés à enroulement.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le masque moustachu est au centre d'un cuir découpé très évidé associé à des volutes feuillagés, confirmant une datation assez tardive.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le deuxième masque, presque lunaire, s'inscrit aussi dans des cuirs proches d'ouvrages  de ferronnerie mais l'élément de feuillage se termine par un fruit-légume typique des stucs de Fontainebleau.

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Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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III. LA STATUE DE LA VIERGE À L'ENFANT ( Bois polychrome, fin XVIe) DANS UNE NICHE OCTOGONALE  À VOLETS.

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La Vierge, couronnée d'une sorte de mortier au dessus de cheveux blonds dénoués, est vêtue du manteau bleu à larges manches, dont le pan est retenu sous le poignet droit. Elle porte une robe dorée à décolleté carré, et une chemise blanche. Elle avance le pied gauche dans une attitude hanchée, et porte son Fils sur le bras droit. L'Enfant ne la regarde pas, mais est tourné vers l'assistance ; il tient en main gauche la sphère du Monde.

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Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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IV. LA STATUE D'UNE SAINTE, VIERGE ET MARTYRE ( Bois polychrome, fin XVIe) DANS UNE NICHE OCTOGONALE À VOLETS DU BAS-CÔTÉ SUD.

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Il n'est pas possible d'identifier formellement cette martyre qui devait tenir une palme dans sa main droite. Sa couronne perlée, son élégance digne d'une princesse associant un manteau retenu par un fermail et une robe ou surcot au corsage très ajusté,  ses yeux bridés et enfin son livre indiquant sa maîtrise de la théologie, m'incite à y voir sainte Barbe, mais il peut s'agir aussi de sainte Cécile.

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Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Saint Ronan (bois polychrome) en évêque dans une niche à volets du bas-côté nord.

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Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Saint Urlou, montrant sa jambe, bois polychrome, XVIIe siècle.

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Le saint, vêtu du costume monastique à scapulaire blanc, et tenant le bourdon de pèlerin, adopte la même posture que saint Roch montrant ses bubons pesteux.

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Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Saint Herbot, bois polychrome, XVIIe siècle.

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Il porte la même robe noire à scapulaire blanc que saint Urlou.

Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le Christ en croix. Bois polychrome, XVI ou XVIIe siècle.

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Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.

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Saint Marc évangéliste. Pierre polychrome, XVIe siècle. Bas-côté nord.

Inscription  sur la banderole "ZEDOIT [LEDOIT] NOELE 1591 (ou 1501 ?)"

La date de 1591 serait cohérente avec mes datations des niches à volets.

Marc l'évangéliste porte à la ceinture son plumier et son encrier, et tient en main gauche le Livre dont il est l'auteur. Le phylactère (qui porte d'habitude l'incipit de son évangile) est tenue à son extrémité par le lion, l'animal qui lui correspond dans le tétramorphe.

Le manteau est semé d'hermine, comme pour le saint Jean du vitrail, la  vierge et martyre de la niche, le saint Pierre du volet de la niche de saint Maurice, etc. Je suppose que c'est le résultat de restaurations tardives.

 

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Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL (Jean-Marie) , 1890, « Chapelle de Sainte-Cécile, en Briec », Bulletin de la Société archéologique du Finistère,

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207610h/f351.image 

—Base Palissy PM29000074

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000074

— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, Briec-de-l'Odet, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BRIEC.pdf

Statues anciennes en bois polychrome :

-sainte Cécile, XVIe siècle, dans une niche dont l'un des volets représente en bas relief polychrome saint Urlou ("St DURLOU") et sainte Apolline, et l'autre saint Maurice abbé et le Martyre de la sainte ;

-saint Maurice abbé ("ST MAURISE"), dans une niche identique, dont l'un des volets représente saint Corentin et saint Pierre, et l'autre saint Ambroise et saint Paul Apôtre ; - Christ en croix (nef), XVIIe siècle (?),

-Vierge Marie avec un livre fermé (Annonciation ?), dite "Itron Varia ar Porzou" (N.D. des Portes)? XVIe siècle,

-sainte Anne, XVIè siècle,

-saint Urlou (ou Gurloës) montrant sa jambe, XVIIe siècle,

-saint Herbot, XVIe siècle,

-saint évêque dit Ronan, qui proviendrait selon la tradition du Pénity, fin XVIIe siècle.

 

Autres statues, - en pierre polychrome : saint Marc Ev., inscription sur la banderole : "ZEDOIT NOEL E 1591 (ou 1501 ?)", l'inscription datée 1578 sur la console n'est plus lisible ;

Statue en plâtre : saint Jean Discalcéat, XIXe siècle

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Sainte-C%C3%A9cile_de_Briec

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Renaissance. Termes et cariatides. bandeau occipital
27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 18:24

La chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet : la maîtresse-vitre du XVIe siècle. Les vitraux d'Hortense Damiron de 2022.

 

Sur le patrimoine de Briec-sur-Odet, voir aussi :

 


 

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Merci à monsieur René Pétillon, président du Comité de sauvegarde de la chapelle, qui m'avait accueilli durant la Journée du Patrimoine 2014 pour ma première visite, et qui a accueilli également le 26 novembre 2023 l'ensemble baroque Viva Voce de Catherine Valmetz pour un exceptionnel concert des Odes à sainte Cécile.

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LA MAÎTRESSE-VITRE OU VERRIÉRE DE LA CRUXIFIXION, ET DE SAINTE CÉCILE.

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PRÉSENTATION.

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Datation : vers 1500 et 2ème quart XVIe siècle (ensemble remanié vers 1540 ?).

 

Hauteur :3,50 m largeur 2,50 m

— Le vitrail a été restauré vers 1840 par le verrier quimpérois Cassaigne (Le Bihan).

—La verrière n'a pas été déposée pendant la Guerre de 39-45.

— Elle a été restaurée en 1981 par le maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan qui en donne l'état avant restauration sur son blog.

C'est une baie à quatre lancettes trilobées composée de 16 panneaux de vitraux de hauteurs différentes, quatre par quatre. Les trois lancettes de gauche présentent une Crucifixion, la dernière à l’extrême droite étant réservée à la représentation de sainte Cécile. Tympan à 3 ajours et six écoinçons.

 

"De cette verrière, avant cette date qui annonce sa restauration, il ne restait plus en place que quarante-cinq pour cent de vitraux anciens. Les parties manquantes étaient en verre dépoli et quelques morceaux de couleur bleue en verre plat qui avaient été utilisés ici et là dont la robe de la Vierge. Ces éléments peuvent nous donner une approche d’une petite restauration postérieure à la seconde partie du xixe siècle. Cette façon de procéder, qui est plus proche de la conservation que de la restauration, est typique d’un atelier quimpérois comme celui de Cassaigne qui habitait place au Beurre, ne possédant pas de four, ni de grisaille et peut-être pas la main assez habile pour reprendre des pièces dans l’esprit des anciennes. Il restaurait ainsi, sauvant de la ruine certaine, de nombreux vitraux de la région quimpéroise. Cette verrière a été restaurée en 1981 par le maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan et la chapelle dans son ensemble a été restaurée entre 1979 et 1987." (Wikipédia)

 

 

Chœur et maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Chœur et maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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                            LES LANCETTES.

Les quatre lancettes forment un ensemble homogène puisque 'elles partagent les mêmes socles et, pour A, C et D, les mêmes niches gothiques, mais les trois lancettes de gauche sont consacrées à une Crucifixion (le Christ en croix entouré de la Vierge et de saint Jean au pied de la Croix), tandis que la lancette de droite est consacrée à sainte Cécile, patronne des musiciens (on remarque ses orgues) et de la chapelle.

Mais cette homogénéité n'est qu'apparente : le fonds d'origine, qui inclut les dais gothiques, pourrait (Gatouillat et Hérold) être antérieure à 1500, tandis que le Christ, d'un style bien différent, est une réfection des années 1540, période où fleurissent les Grandes Crucifixions. Enfin, un fragment d'inscription du socle de la lancette A,  VccX... inclue en ré-emploi dans une macédoine de fragment peut indiquer une date ambigüe (M VccX à M Xcc XL).

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Au XVe et au début du XVIe siècle, les vitraux du Finistère sont consacrés  à la Passion (avec ses diférrents épisodes), puis vers 1530  plusieurs lancettes sont réservés, comme ici, à la seule Crucifixion.

Cette maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile s'intégre donc complètement à l' ensemble des verrières contemporaines créées par un atelier de Quimper dans tout le Finistère :

 

 

Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont attribuées à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :


 

 

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Je reprends ic les descriptions de Gatouillat et Hérold, et de Jean-Pierre Le Bihan 2007.

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1) Lancette A ( celle de gauche) :

La Vierge, manteau bleu servant de voile, robe pourpre,  dans une niche à dais gothique important. Le socle intégre une inscription de datation [mil] VccX . Panneaux partiellement restaurés, avec des fragments interpolés (panneau du buste vers 1500, complétement moderne en dessous).

"Elle est présentée debout dans une niche avec dais et socle dont le fond est de couleur rouge, et passe derrière un sol arrondi et vert  parsemé de plants d'herbes qui est celui du Golgotha, que l'on retrouve derrière le Christ en Croix.
 D'origine, il nous reste dans le haut, le buste et quelques pièces de colonnes. La partie basse a conservée ses petits pieds chaussés et une partie de la robe.

Marie, le visage de trois quart, tourné vers le Christ, a les mains jointes et relevées sur sa poitrine. Son est protégée par le voile que fait sa robe bleu aux bords agrémentés d?une suite ininterrompue de bâtonnets encadrée de traits unique sur le côtés et double du côté intérieur . cette robe est relevée et le pan est serré sous le coude gauche.  Le visage, après un  léger nettoyage à l?eau qui a supprimé les mousses emplissant les cratères très nombreux, apparaît comme celui d?une personne âgée, au regard vif. Un voile blanc enserre et maintien le cou. Une robe violette  se pointe sous le manteau et sur les pieds. Le nimbe qu'elle porte est posée verticalement Le bord est légèrement uni, des stries  qui proviennent du Moyen Age imitent des rayons lumineux animent un champ où la grisaille et le jaune d'argent font la lumière. Cette teinture a protégée le verre où sont absent les cratères.

Le socle a conservé  quatre pièces d'origine très attaquées. Il y a été incorporé des pièces trouvées en des endroits insolites du vitrail,  pièces diverses que l'on trouvera aussi dans les autres éléments d'architecture comme les dais et les socles. 

 Le dais avait conservé à peu près la moitié des pièces d'origine, plus une pièce représentant une voûte d'autre provenance.
Il est composé de trois étages et la lumière qui éclaire les aspérités semble venir de la gauche. Les couronnements des deux premiers étages partent en oblique, de chaque côté d'un pinacle central avec cul en pendentif. Il se terminera par le dernier fleuron de la tête de lancette. Le parti pris en oblique nous offre une perspective dont le centre ne peut être que le milieu de la lancette, soit pour certaines la taille des personnages.

Le premier couronnement, qui est plus proche d'une balustrade, est orné de boudins et fleurs à trois pétales. Il donne au milieu la naissance à un pinacle ornementé de feuilles de choux, décor que l'on retrouve sur les deux gables inférieurs aux lignes concaves. Trois baies cintrées, dont une cachée derrière le pinacle, percent de chaque côtés cette façade. Le deuxième fronton, encadrées de deux  pinacles est percé de deux baies à trois lancettes  et réseau. Ces baies sont  incorporées dans un gable se terminant par un fleuron.  Par devant ce dais passe l le bout droit du bars horizontal de la crois sur lequel est cloué la main aux doigts recroquevillé du Christ en Croix. Il en sera de même pour le dais de la  lancette C avec la main gauche du Christ. Ce dais repose sur les côtés sur des colonnes. Ces dais seront les mêmes pour toutes les lancettes sauf  celle où l'on a le Christ en Croix.  Ce genre de dais se retrouve au Faouët à Saint-Fiacre et à la Cathédrale Saint-Corentin de Quimper, spécialement dans la baie 12" (Le Bihan)

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Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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2)  lancette B :

Christ en croix (tête traitée à la sanguine), entouré de deux anges en prières* debout sur des colonettes. Golgotha avec des ossements d'Adam  (vers 1540, peu restauré). Le panneau inférieur est moderne.

*Ces deux anges sont accompagnés d'une pièce de verre bleu ; Ils évoquent les "anges hématophores" recueillant le sang du Christ, présents sur le calvaire de la chapelle.

— Le restaurateur J.P. le Bihan fait remarquer que les deux os entrecroisés au pied de la croix sont (étaient) sertis "en chef d'œuvre" (c'est à dire sans que la pièce ne soit reliée par des plombs aux autres plombs : elle est sertie dans le verre qui la reçoit, ce qui est une prouesse technique).

— Le panneau 2 (au dessus du crâne) porte une vue de paysage urbain (Jérusalem) à l'arrière-plan.

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"Le Christ est cloué les bras à l'horizontal, et les deux pieds posés, le droit sur le gauche et transpercés par un très gros et long clous  qui semble montrer la tête d'Adam.

Elle repose sur un tapis d'herbes, les cavités des yeux  ainsi que la tête tournés vers le Christ. La fracture du nez est représentée sous la forme d'un V renversé. Quatre dents indiquent la mâchoire supérieure. Dessous deux os de tibia se croisent dessinant un X. La pièce, un chef d'œuvre, montre la dextérité de cet atelier, dextérité que l'on trouve aussi dans le voile bleu de Marie. De l'autre côté, toujours dans l'herbe verte, une omoplate.

 Revenons au Christ. La Croix est exécuté dans un bois à la face bien raboté. Sur les côtés les veines du bois sont dessinées. Nous ne pouvons savoir comment elle était plantée, le panneau inférieure ayant disparu. La plaie du côté droit laisse couler trois traînés  de gouttes  de sang qui disparaissent sous le linge blanc qui est serré à la taille par un nœud sur le côté gauche.

La tête est penchée sur sa droite, entraînant avec elle une moitié des cheveux traités à la sanguine tandis que l'autre reste sur le dos. La couronne d'épines repose sur eux et sur la peau du front où elle a laissé son empreinte. Le visage, avec sa barbe pointue et rousse, à deux pointes prend une forme triangulaire. Les yeux sont clos, la bouche fermée, il est mort, Des gouttes de sangs coulent et sèchent sur le haut de son buste.

Penchons nous sur cette tête et ce buste du Christ. Tout  indique  pour ces pièces une intervention d'une autre époque.  Pour témoin, le verre n'est pas attaqué ou si peu. La sanguine forte qui est employé pour ses cheveux et sa barbe sont d'une autre époque que la verrière d'origine, c'est  à dire, les dais, la Vierge, le Golgotha et Jérusalem, ainsi que les restes de la sainte Cécile., et où elle n'est pas présente. Objet ou résultat d'une restauration du milieu XVIe ?

 Au dessus d'un nimbe crucifère au jaune d'argent, le titulus en noir sur fond blanc. Au haut des colonnes des côtés, debout sur un chapiteau qui reprend  les boudins et les fleurs à trois pétales des dais, deux anges se font face les mains jointes. Ils se découpent sur le fond de ciel rouge qui descend jusqu'à la Jérusalem qui se cache derrière un rempart à créneaux encadré de chaque côté par une tourelle à toiture pointue. Derrière,  pignons triangulaires de maisons de chapelles. Une église domine les toits. Le mont Golgotha trace sa courbe jusqu'à ces murs." (Le Bihan)

 

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Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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3) Lancette C :

  Saint Jean, très restauré. Notez le damassé de la robe dorée (et les deux boutons à l'échancrure), et le mantelet pourpre à col et à manches d'hermine, inhabituel. Cela suggère, fort judicieusement à mon sens, à J.P. Le Bihan qu'il s'agit du portrait d'un donateur, dans l'attitude habituelle de l'orant mains jointes. Mais la fourrure d'hermines est étonnante pour un donateur.

 

 La belle tête est finement peinte, la grisaille étant hachurée comme par une technique de graveur. Selon Gatouillat et Hérold, elle a été refaite au XIXe siècle. Le Bihan fait remarquer la courte barbe ; il ne peut s'agir alors de saint Jean. 

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"Il est difficile de voir saint Jean en ce personnage hybride sur fond rouge. Il s?agit plus sûrement d?un donateur mis à cette place à une certaine époque. Atout de ce personnage les mains jointes comme ont les orants. Il est vêtu richement manteau vert  à riche damas doublé d'hermines, robe jaune,  aussi à damas, s'ouvrant pour laisser passer la tête, indiqué par la présence de deux boutons sur l?échancrure. Il porte aussi une ceinture à glands de couleur rouge. Un petit sac ou aumônière en hermine pend au côté droit.  Il semble porter des gants et une bague à  l'annulaire; Chanoine ? Seigneurs ? La présence d?hermine pourra-t-elle nous aider ? Les éléments de fourrure d'hermine ont une apogée d'utilisation au tournant des années 15OO. De fourrure intérieure, elle déborde  sur les cols, les manches, et prend la forme entre autres d'écharpes. Symbole de pouvoir, elle est aussi celui de la pureté.

 La tête est une pièce rapportée.  Tout d'abord,  on peut remarquer qu'elle n'est aucunement attaquée. Elle fait la différence avec le visage de la Vierge et même avec ses propres mains. Au bas du cou  apparaît un morceau de col de chemise qui ne colle pas du tout avec le vêtement que le personnage porte. C'est bien  le visage  d'un saint, le nimbe ne permet pas de se tromper. C'est de plus un très beau visage. Bien peint, probablement de la fin XVe. Certes  ces cheveux bouclés peuvent faire penser à saint Jean, dont il occupe la place. Mais il porte une fine barbe et saint Jean, suivant la tradition était imberbe. D'où vient cette tête ? À qu'elle époque est-elle arrivée ici ? Ce sont tout ces mystères qui souvent font l'originalité d'une oeuvre." (Le Bihan)

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Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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4) Lancette D :

Sainte Cécile , debout dans un édicule identique aux lancettes A et C, est accompagnée d' un orgue portatif à sept tuyaux. Elle tient  la palme du martyre . Panneau daté vers 1500, restauré au XIXe siècle, notamment la tête, et en 1981 (date en bas à droite) ; instrument ancien. Manteau rouge à fermail en pierrerie bleue;  robe dorée au damassé identique à celle de saint Jean, mais qui me paraît être dû à un restaurateur, sans motif figuré. Le fond bleu est aussi damassé, mais ici d'un motif à palmettes et œillets qui me semble authentique.

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"Le tableau des pièces accumulées dans ce personnage était irréel.  En haut, à gauche, l'orgue portatif en 14 morceaux plus un trou. La main qui le porte se devine. Au milieu sur un panneau, crevé de pièces de verre dépoli, on découvrait une amas de morceaux de vêtement divers, parmi lesquels on pouvait trouver tour d'abord, un manteau ample de couleur rouge, dont las pans seraient fermés à la hauteur d'une poitrine par un énorme bouton, puis, une robe à damas jaune, une main gauche sortant d'une manche ample au revers blanc tenant une palme verte, un élément d'architecture gothique posé horizontalement au ras d'un cou d'une tête d'homme au verre très attaqué,  tête portant une coiffe faite de morceaux de verres de divers paroisses. Il y avait à la bonne place  un nimbe fait lui aussi avec des éléments de trois nimbes différents. Le fond, c?était  deux pièces de verre bleu avec un damas présentant un semis de fleurs. Le plus gênant, était que tout concourait pour donner un personnage au ventre proéminent. Sur les côtés, les pièces des colonnes encore en place étaient nombreuses." (Le Bihan)
 

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Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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TYMPAN.

Trois écus modernes fantaisistes (1981). Écoinçons marqués d'un monogramme IMAS au cœur transpercé de clous, et à la croix.

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Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

 

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LES VITRAUX D'HORTENSE DAMIRON. QUATRE BAIE DONT UN OCULUS EN QUADRILOBE.

 

Les cartons sont d'Hortense Damiron (Malakoff). Le projet a obtenu le grand prix "Pélerin" du patrimoine et une aide de 3000 €. 
Ils ont été réalisés avec la collaboration de Bruno Loire et des Ateliers Loire à Lèves près de Chartres.
Ils ont été installés entre le 14 et le 17 juin 2022, et ont été bénits lors du pardon de Sainte-Cécile le 19 juin 2022.

https://www.hortensedamiron.com/sainte-cecile.html

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"Ce qui m’intéresse est la mise en dialogue entre les énergies du lieu et leurs significations.

Par exemple dans le Quadrilobe, en haut, la ligne bleue est parallèle à la « rivière souterraine » coulant au centre de l’allée qui conduit jusqu’à l’autel,et la petite déviation bleue en bas à gauche nous montre la direction de la fontaine." (Hortense Damiron)

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Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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"Les trois autres verrières se lisent dans la continuité.
Les jaunes, roses à l’or, oranges et rouges, tournent à l’horizontale encerclant la chapelle de l’Amour des nourritures célestes, et de l’or des blés, évoquant Saint-Cilio, Saint d’origine de la chapelle qui le premier a clôturé les champs. Puis, Sainte-Cécile est arrivée ! Notre Sainte Patronne de la Musique, et, dans des ciels idéalisés par des bleus multiples, et une « accélération » par le dessin des plombs de différentes largeurs, nous nous laissons entraîner par la Musique des Sphères...

Ici, je vous propose non seulement de regarder le spectacle de l’image changeant à tout moment grâce à ces verres de couleur, tantôt opalescents, tantôt transparents, mais aussi, par la force de leur projection, de faire l’expérience d’un « bain de lumière et de couleurs » rendu possible, par ces verres incomparables, soufflés à la bouche suivant une technique préservée depuis des siècles... Hortense Damiron.

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Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

La chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet : les vitraux.
Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022, vue de l'extérieur. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022, vue de l'extérieur. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022, vue de l'extérieur. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

Vitraux d'Hortense Damiron 2022, vue de l'extérieur. Photographie lavieb-aile novembre 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL (Jean-Marie) , 1890, « Chapelle de Sainte-Cécile, en Briec », Bulletin de la Société archéologique du Finistère,

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207610h/f351.image 

—Base Palissy PM29000074

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000074

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00089848

—GATOUILLAT (Françoise), Michel Hérold, 2005, Les vitraux de Bretagne, Collection "Corpus Vitrearum", Vol. VII, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2005, 367p., p. 120-121.

— LE PELERIN

https://www.youtube.com/watch?v=u5ivxeCoJk4

https://www.lepelerin.com/patrimoine/le-grand-prix-pelerin-du-patrimoine/la-creation-de-vitraux-de-la-chapelle-sainte-cecile-de-briec-de-l-odet-3773

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Sainte-C%C3%A9cile_de_Briec

"C'est une baie à quatre lancettes trilobées composée de 16 panneaux de vitraux de hauteurs différentes, quatre par quatre. Les trois lancettes de gauche présentent une Crucifixion, la dernière à l’extrême droite étant réservée à la représentation de sainte Cécile.

Actuellement, seule subsiste de la chapelle originelle la verrière du chevet. Le xvie siècle avait fourni à cette chapelle au moins deux autres verrières dont nous avons la description. Les sujets étaient, dans la grande baie du transept sud, une vie de sainte Cécile, et dans la petite baie est du transept nord une Annonciation. En dehors de ces descriptions, nous savons peu de choses sur leur disparition. En 1878, dans un ouvrage sur le vitrail en Bretagne, Auguste André reprend un article paru dans un Bulletin de la Société archéologique du Finistère. Puis ce fut en 1890, le tour du chanoine Abgrall qui fit une description détaillée de la chapelle3, et decrivit en 1904 les vitraux dans un article qui fut repris en partie en mars 1906 par la Revue d’art sacré. En 1922, Corroze et Gay en auraient pris des photos, données par la suite au chercheur Jean Lafond, photos qui demeurent introuvables.

Ces vitraux, ainsi que celui subsistant actuellement, ont été classés en 1906. Sur la disparition des deux vitraux, on ne sait que peu de choses. Jean Lafond indique que, lors de son passage, ils ont déjà péri de misère, et que celui du chœur est dans un état pitoyable. On peut se poser aussi la question d’une dépose des restes par un verrier en vue d’une possible restauration qui n’a pas abouti ; la mémoire locale semble l’affirmer.

De cette verrière, avant cette date qui annonce sa restauration, il ne restait plus en place que quarante-cinq pour cent de vitraux anciens. Les parties manquantes étaient en verre dépoli et quelques morceaux de couleur bleue en verre plat qui avaient été utilisés ici et là dont la robe de la Vierge. Ces éléments peuvent nous donner une approche d’une petite restauration postérieure à la seconde partie du xixe siècle. Cette façon de procéder, qui est plus proche de la conservation que de la restauration, est typique d’un atelier quimpérois comme celui de Cassaigne qui habitait place au Beurre, ne possédant pas de four, ni de grisaille et peut-être pas la main assez habile pour reprendre des pièces dans l’esprit des anciennes. Il restaurait ainsi, sauvant de la ruine certaine, de nombreux vitraux de la région quimpéroise. Cette verrière a été restaurée en 1981 par le maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan et la chapelle dans son ensemble a été restaurée entre 1979 et 1987."

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Renaissance.
24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 10:36

La peinture murale des Prophètes (3ème tiers du XVe siècle) de la nef de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Une séquence basée sur les Credo apostoliques et prophétiques ?

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Voir sur cette chapelle :

 

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Voir aussi :

 

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PRÉSENTATION.

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La nef de la chapelle de Kermaria, dans l’espace jadis séparée du chœur par le chancel, est ornée, à six mètres de hauteur, des peintures de la très célèbre Danse macabre, qui court dans une suite de quarante-sept compartiments, où vingt trois vivants, choisis parmi les diverses conditions sociales de l'époque sont entrainés dans la danse par autant de squelettes. Cet espace correspond aux quatre première travées.

Les écoinçons des piliers de ces travées reçoivent, en dessous de la Danse,  les peintures de huit personnages debout présentant des phylactères, dans des costumes du XVe siècle (chaussures pointues et robes damassées). Ce cycle peint est vraisemblablement à-peu-près contemporain de la Danse, qu'on estime antérieure à 1485, date de la première version imprimée de la Danse Macabre par Guy Marchand (I. Hans-Collas) et même proche de 1460 (E. Mâle, T. Lévy 2015).

Le fond à quatrefeuilles rouges et de quintefeuilles violettes du registre inférieur se retrouve sur les peintures murales du transept sud, daté du dernier quart du XVe siècle ("vers 1481", T. Lévy et G. Le Louarn-Plessix) : il pourrait avoir été réalisé "plusieurs années, voire quelques décennies" (T. Lévy) après la Danse. 

Ce registre inférieur du programme peint de la nef était séparé de la Danse elle-même par un trait assez épais, aujourd'hui non visible.

Les peintures recouvertes par un badigeon furent redécouvertes en 1856. Tout comme la Danse, les huit figures, immédiatement interprêtées comme des Prophètes, ont été relevées par Alexandre Denuelle en 1861 à la demande de la Commission des Monuments Historiques.  

 

Charles de Keranflec’h, en 1857, précisait que « tout l’espace au dessus des arcades est peint en blanc, semé de quatre feuilles rouges et de quinte feuilles violettes. Sur ce fond, se détachent des figures debout […]. Celle en face de la chaire, la seule découverte à cette date est frappante par la pureté du trait et la noblesse de la pose. Sa tunique de pourpre, le riche manteau qui lui couvre les épaules, la couronne qu’elle porte sur la tête, semblable à celle de nos ducs du XVe siècle et la banderole portant une inscription tirée du livre des psaumes identifient le roi David ». [« Dominus dicit ad me : filius hodie genui te : roy David ». ]

Paul de Taillart a dégagé, par la suite, les figures des prophètes Isaïe et Zacharie.

Un dessin de P. Chardin exécuté en 1885 et publié en 1894 présente la vue d’ensemble du collatéral nord avec le lambris peint; on y lit, en outre, sur les écoinçons des grandes arcades nord de la nef des représentations de personnages tenant des phylactères ; l’auteur y a identifié huit prophètes de l’Ancien Testament. Les deux phylactères visibles  sur ce dessin  conservent encore leur inscription.

La description la plus complète est celle d'O.L. Aubert en 1928 :

"Les deux côtés de la nef, au-dessous de la Danse Macabre, sont décorés, dans l'axe des piliers, de figures de prophètes dont plusieurs sont encore reconnaissables. Ces personnages, au nombre de huit, sont : Daniel, Jérémie, Ézéchias, Amos, Jonas, Zacharie et Isaïe, plus le roi David. Essayons de les décrire successivement, en commençant du côté de l'épître et faisant le tour de la nef jusqu'à sa dernière travée, du côté de l'évangile. [...]

Cette suite de personnages se détache sur un fond jaune clair, semé de quatrefeuilles rouges et de quintefeuilles violettes, qui paraît avoir été adopté pour l'ensemble du monument, car on en trouve partout des traces."

 

En 2013, G. Le Louarn-Plessix indique que beaucoup d’entre eux aujourd’hui ont disparu et qu'il ne reste rien du roi David, tandis qu'en 2015, T. Lévy indique qu'après la récente restauration, ces figures ont été remis à jour. C'est ce que j'ai pu constater lors de mes visites de 2020 et 2023.

Récapitulatif des personnages identifiés par les auteurs (seuls sont certains David et Isaïe) :

—Au sud : David, Isaïe, Zacharie, [et/ou Habacuc selon Hans-Collas) et ? Jonas  selon Aubert

—Au nord : Daniel, Jérémie, Ezéchias, Amos ( selon Aubert).

Récapitulatif des phylactères relevés ou aujourd'hui lisibles de manière fiable:

—Celui du roi David :  "Dominus dicit ad me : filius hodie genui te : roy David"

—Celui du prophète Isaïe  : "Ecce virgo concipiet et pariet filium Ysaie"  

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Récapitulatif de mes propositions :

[1. Jérémie  : peinture perdue]

2. David

3. Isaïe.

4. Zacharie.

5. Osée.

6 et 7 : côté ouest, deux fragments

8. ?

9 ?

10. Ezéchiel.

11. ?

[12. Dernier prophète de cette série, peinture perdue.]

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Remarque.

Deux fragments montrent que cette série se poursuivait sur le mur ouest, sous les cinq tableaux de la Danse macabre aujourd'hui très altérés. Ce qui porte à dix le nombre de prophètes. Mais deux autres personnages étaient sans doute (en toute logique) peints au début et à la fin du cycle, juste avant le chancel, ce qui porterait le nombre total à douze personnages : un chiffre important dans la tradition chrétienne.

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I. QUATRE PERSONNAGES DU CÔTÉ SUD. DAVID, ISAÏE, ZACHARIE  ET OSÉE.

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

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1. Premier personnage : le roi David.

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Il occupe tout l'espace de l'écoinçon du troisième pilier, sous l'Empereur et le Cardinal de la Danse macabre. Une zone importante est perdue, mais on distingue bien le visage couronné, et une partie suffisante de l'inscription. En dessous, nous retrouvons sur un placard les couleurs ocre sombre et jaune des vêtements, mais  sans que nous puissions intégrer ce motif au personnage. Au pied du roi, un objet jaune quadrangulaire représentait-il une harpe ?

"David est vu de face ; il porte en tête une couronne fleuronnée, et sa longue barbe blanche, taillée en pointe, retombe sur sa poitrine ; il est vêtu d'une robe pourpre doublée de blanc qui laisse voir ses chaussures en poulaine. Un manteau d'une teinte claire couvre ses épaules, et à son côté pend une escarcelle ornée de trois glands. Des deux mains, il tient une banderolle, sur laquelle on lit ce verset du livre des Psaumes, inscrit en caractères gothiques : Dominus dicit ad me : Filius hodie genui te (roy David)." (O.L. Aubert 1928)

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Le roi David présente ici le verset 7 du Psaume 2 : Dominus dixit ad me   Filius meus et tu ego hodie genui te : "Le Seigneur m'a dit : tu es mon Fils ; je t'ai engendré aujourd'hui".

Cette inscription se retrouve, comme la suivante, sur la suite de prophètes des lambris peint de Châtelaudren (v.1430-1470). Elle est associée à l'apôtre André dans le Credo prophétique du Psautier de Jean de Berry (1380-1400), sur celui de la verrière de Quemper-Guézennec (1460-1470), ou celui des vitraux de Kergoat en Quéménéven (4ème quart XVe).

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Réflexion.

Nous manque-t-il, sur le demi-écoinçon du quatrième pilier précédant l'ancien chancel, un premier personnage, tout comme il nous manque le premier et le dernier tableau de la Danse Macabre ? Et dans ce cas, ce premier personnage, situé sous le Pape, n'était-il pas Jérémie, associé à saint Pierre dans les Credo apostoliques et prophétiques, avec son verset Patrem invocabitis qui terram..?

Débutons-nous ici une série dans laquelle nous allons retrouver ensuite les autres prophètes de la tradition chrétienne des Credo ?

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

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2. Le prophète Isaïe.

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Cet écoinçon du deuxième pilier  accueille deux personnages, sous le Connétable et l'Évêque. Celui de gauche est Isaïe. On le trouve également, avec ce verset du Livre d'Isaïe 7:14 (très souvent cité comme argument de la virginité de Marie, et de son ascendance royale sur les Arbres de Jessé) sur le lambris de Châtelaudren, et le roi David suivi du prophète Isaïe figurent aussi sur les Credo prophétiques et apostoliques, comme sur la verrière de Quemper-Guezennec datée de 1460-1470 , Il y est associé à Saint Jacques; comme dans le Psautier de Jean de Berry ou sur les vitraux de Kergoat . Ces prophètes de Kermaria an Iskuit, chapelle dédiée à Notre-Dame, réunissent-ils un corpus de citations honorant la Vierge ? 

Le bonnet conique est le même que sur l'enluminure d'André Beauneveu pour le Psautier de Jean de Berry. De même, les chaussures y sont tout aussi pointues.

Les traits du visage sont finement conservés. Les sourcils à hachures sont caractéristiques de cet artiste (cf. Zacharie).

Le manteau est damassé d'un motif à rinceaux jaunes. 

 

"Puis vient le prophète Isaïe, coiffé d'un bonnet à l'albanaise de couleur noire. Sa barbe est rousse et taillée court. Sous son manteau blanc, ramagé d'or et doublé de violet, apparaît une tunique lilas qui descend jusqu'à la cheville, dégageant les pieds, dont les chaussures pointues sont d'un gris rougeâtre. L'inscription du phylactère qu'il montre porte ce verset : Ecce Virgo concipiet et pariet filium Ysaïe." (O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

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3. Un prophète. Zacharie .

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Malgré une certaine difficulté, je retrouve bien sur le phylactère le verset du Livre de Zacharie 12:10 déchiffré par Aubert. Ce verset signifie "Ils tourneront les regards vers moi, celui qu'ils ont percé".

 

Zacharie, avec ce verset, est figuré sur le lambris de Châtelaudren (mais en cinquième position après Sophonie) , comme il est associé à l'apôtre Jean dans le Psautier de Jean de Berry, en quatrième position . 

 

"Le troisième est Zacharie. Sa barbe est blonde et sa chevelure disparaît sous une coiffe blanche. Il porte une tunique verte, un manteau court d'étoffe pourpre doublé de blanc et des chaussures grises. Sa main gauche tient l'extrémité d'une banderole sur laquelle on lit ce verset : Aspicient omnes ad me quem transfixerunt (Zacharie )." (O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

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4. Le prophète Osée. Premier pilier.

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Les identifications précédentes nous incitent à attendre ici , en suivant la séquence du Psautier de Jean de Berry,  le prophète Osée, et son verset 13, 14  O mors ero  mors tua,  morsuus tuus ero inferno .

Grâce à cette aide, c'est bien ce que nous déchiffrons sur le phylactère.

Osée et son verset est représenté aussi sur le lambris de Châtelaudren, juste après Zacharie, en sixième position. 

 

Dans les Credo prophétiques, le verset est mis en relation avec le 5ème article du Credo Descendit ad inferna, tertia die ressurexit a mortuis "Il [Jésus] est descendu aux enfers ; le troisième jour il est ressuscité des morts". Ce verset d'Osée est donc  considéré comme préfigurant la victoire du Christ sur la mort, après sa descente aux Limbes. On le retrouve ainsi aussi sur l'Arbre de la Croix de Taddeo Gaddi dans le réfectoire du couvent de Santa Croce à Florence.

Psautier de Jean de Berry :  folio 15v  : Osée 13:14 :  O mors ero mors tua morsus tuus ero inferne / Mors tu es trop dure enfer par moy sera mors 

 Le verset d'Osée est retrouvé dans le Credo de Cambrai, ou dans celui du Baptistère de Sienne, et au total dans treize Credo du XIIe et XIIe siècle selon F. Gay.

Robert Favreau le découvre sur le Vitrail de la Crucifixion de la cathédrale Saint-Étienne  deChâlons-en-Champagne, un vitrail datant du 2e quart XIIe siècle, et il en donne le commentaire suivant :

"Osée et le Léviathan  O mors, ero morstua,morsustuus ero, inferne » (« Ô mort, je serai ta mort, je serai ta morsure, enfer » [Os 13, 14]). Il faut lire le texte avec le début du même verset : « Je les délivrerai de la main de la mort, je les rachèterai de la mort ». Cette apostrophe à la mort fait partie de la liturgie du samedi saint. On la trouve citée dans nombre d’inscriptions du XIIe au début XIIIe siècle, ambon de Klosterneubourg, calice du Kestner-Museum de Hanovre, tour-reliquaire du Hessisches Landesmuseum de Darmstadt, peintures murales de Saint-Jacques-des-Guérets et de la salle des morts de la cathédrale du Puy, et encore, particulièrement, à la Rotonde et au Calvaire du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Saint Jérôme commente : Le Seigneur a libéré tous les hommes et les a rachetés dans la Passion de la croix et l’effusion de son sang. Quand son âme descendit en enfer et que sa chair ne vit pas la corruption, il dit à la mort et à l’enfer : « je serai ta mort, ô mort. Je suis mort, afin que tu meures en ma mort. Je serai ta morsure, ô enfer, qui dévorais tout dans ta gorge » "(R. Favreau)

Je peux donc corriger la proposition de l'abbé Aubert :

"Le quatrième et dernier du côté de l'épître est moins bien conservé, et sa tête est entièrement effacée. Son vêtement consiste en une tunique pourpre, par-dessus laquelle est drapé un manteau court de couleur blanche, doublé de vert. Il tient de la main droite un phylactère sur lequel on ne distingue plus que ces mots : Omnia... tua ergo in..., puis le nom du personnage, qui semble être Jonas." (O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté sud. Photographie lavieb-aile.

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II. DEUX FRAGMENTS DE PERSONNAGES DU CÔTÉ OUEST, les n° 5 et 6. 

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Nous retrouvons sur le mur ouest le fond à fleurettes ocres. Une portion de vêtement ocre foncé (pourpre) est conservée sur le premier, et en outre un visage coiffé d'un bonnet, et un phylactère se reconnaissent sur le deuxième.

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J'en profite pour faire le point de mon enquête. Les quatre premiers personnages, et leurs quatre inscriptions, suivent exactement l'ordre des Credo prophétiques soit du XIVe siècle en France, soit de la deuxième moitié du XVe siècle notamment en Bretagne, sur deux sites éloignés d'une quinzaine de kilomètres de la chapelle de Kermaria an Iskuit, Châtelaudren et Quemper-Guézennec. Cela m'a amené à postuler la présence jadis de Jérémie en tête de série sur une peinture aujourd'hui perdue, et celle également du dernier prophète en fin de série.

Deux personnages nous manquent ici sur ce côté ouest. Ce serait, dans le même ordre, Michée (Invocabunt omnes nomen domini et servient ei) et Joël  (Effundam de spirituo meo super omnem carnem) Il serait donc logique de trouver sur le côté nord de la nef, selon cette hypothèse d'un Credo, si nous suivons le Psautier de Jean de Berry, les prophètes n° 8 à 12 soit  Malachie, Amos, Daniel, Ezéchiel et Malachie . Ou, selon l'ordre de Châtelaudren, Joël et Michée, Ezéchiel et Daniel. Hélas, les déterminations vont se heurter à la perte des peintures des textes des phylactères.

-n°8 du Psautier Malachie 3:5 : Accedam contra vos in judicio et ero testis velox

-n°9 du Psautier Amos  9:6: Ipse est qui aedificat [in cœlo] ascensionem suam (« […] celui qui dresse son escalier dans le ciel […] »). 

-n°10 du Psautier :Daniel 12:2 Evigilabunt ad vitam, alii ad mortem.

-n°11 du Psautier : Ezéchiel 37:12  Educam vos de sepulchris tuis, popule meus (« Je vous ferai sortir de vos sépulcres »). Avant-dernier prophète du Psautier de Jean de Berry.

-n°12 du Psautier :Malachie (attribué aussi à Michée 7:19) : Deponet Dominus omnes iniquitates nostras (« Le Seigneur piétinera nos péchés »), dernier prophète du Psautier de Jean de Berry.

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté ouest. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté ouest. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté ouest. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté ouest. Photographie lavieb-aile.

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III. QUATRE PERSONNAGES DU CÔTÉ NORD. 

Daniel, Jérémie, Ezéchias, Amos ? (Aubert) ou Sophonie et Ezéchiel.

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Nous trouvons d'abord (en poursuivant notre visite dans le sens horaire adopté) un personnage seul sur l'écoinçon du premier pilier, puis deux personnages pour le deuxième pilier, puis un seul pour le troisième, selon une répartition symétrique au côté sud.

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

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7. Un prophète. [ Malachie ? ]

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"Le cinquième et premier du côté de l'évangile est un vieillard à longue barbe blanche, portant sur la tête une coiffe noire et par-dessus un chapeau à bords épais et arrondis. Son manteau blanc brodé d'or laisse voir une robe pourpre, et ses deux mains déroulent une banderole dont l'inscription a complètement disparu." (O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

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8. Un prophète. Amos ? Non,   Sophonie.

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L'inscription ne comporte que des voyelles éparpillées mais la signature semble univoque : SOPHONIA

À Quemper-Guézennec, Sophonie est en neuvième place, associé à Jacques le Mineur, et son phylactère indique Sophonie 2:15  haec est civitas gloriosa habitans "Voilà donc cette ville joyeuse" 

Dans la Lex Amoris de Fra Angelico, ou dans le Verger de Soulas BnF 9220 f.13v de la fin du XIIIe siècle, ou dans les Grandes Heures du duc de Berry BnF latin 919 f.4r, Sophonie occupe le septième rang avec le verset Accedam contra vos in judicio et ero testis velox, qui est en réalité de Malachie Ma 3,5. Il est alors associé à l'apôtre Philippe.

"Le visage du sixième est effacé. Son costume se compose d'une tunique blanche recouverte d'un manteau sombre doublé de blanc. On ne distingue plus rien de l'inscription qui l'accompagnait."(O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

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9. Un prophète. Ézéchiel.

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Ezéchiel est en onzième position à Châtelaudren, tout comme sur le psautier de Jean de Berry ou les Grandes Heures du duc de Berry. Rappelons qu'ici  ce neuvième personnage serait en dizième position si en suppose l'absence (la perte) de Jérémie au début. 

 Ézéchiel 37,12 : Educam te de sepulcris tuis popule meus "Je te ferai sortir de tes sépulcres,  ô mon peuple".

Mais la Vulgate dit plutôt Educam vos de sepulcris tuis populus meus.

Or, les seuls mots que  l'abbé Aubert a déchiffré sont "....vos.... populo...". Je déchiffre pour ma part le dernier mot, "meus".

Cette coïncidence du texte,  m'incitent à affirmer qu'il s'agit ici d'Ézéchiel, malgré le décalage de place.

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"De même que le précédent, le septième prophète n'a plus de traits. Un manteau blanc doublé de vert recouvre sa tunique violette. On ne voit plus de l'inscription que ces deux mots : Vos... populo..." (O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

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10. Le dernier prophète de cette série.

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Je rappelle encore  que ce dizième personnage serait le onzième si on postule la perte de Jérémie, et l'avant-dernier si on postule encore la perte d'un ultime prophète.

On attendrait ici Ezéchiel. 

L'inscription n'est pas totalement effacée, la première lettre est encore visible, et on lit en milieu le mot latin ad.

Cela pourrait correspondre à Daniel 12:2 Evigilabunt ad vitam, alii ad mortem. Mais Daniel est le dizième prophète du Psautier de Jean de Berry., et le douzième des Grandes Heures du duc de Berry...

 

"Le huitième porte une barbe longue et coupée carrément. Sa robe brune est recouverte d'une sorte de houppelande d'étoffe blanche semée de ramages de couleur pourpre, comme la doublure de ses larges manches ; sur la tête, une coiffe brune nouée sous le menton. Des deux mains, il tient une banderole déroulée dont l'inscription est indéchiffrable." (O.L. Aubert 1928)

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Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

Les peintures murales de la nef de Kermaria an Iskuit, côté nord. Photographie lavieb-aile.

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CONCLUSION.

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Malgré l'altération des peintures et surtout l'effacement d'une grande part des inscriptions des phylactères, les quatre premiers personnages de cette série  de prophètes peuvent être identifiés. Or, leur succession répond à l'ordre établi dans les Credo apostoliques et prophétiques. De même, le choix des versets de chaque prophète correspond également à  celui de ces Credo, très en vogue au XIVe et au XVe siècle soit dans les peintures monumentales, soit sur les enluminures des livres de dévotion de la noblesse, soit même sur les verrières des chapelles et églises.

Le principe est d'associer à chacun des douze articles du Credo un des douze apôtres, et un des grands prophètes bibliques (Isaïe, Jérémie Ezéchiel et Daniel) ou l'un des douze petits prophètes, avec un verset tiré de leurs Livres, et s'appliquant judicieusement à l'article du Credo.

Ainsi par exemple le premier article  Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae est confié à saint Pierre, et associé au verset de Jérémie (pseudo-Jérémie) : Patrem invocavit qui terram fecit.

 Le deuxième article Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum est confié à André et associé au verset 7 du psaume 2 du roi David Domine dixit ad me : Filius meus es tu ego hodie genui te. (David qui n'est pas prophète, mais roi, est ici l'exception qui confirme la règle ; on le tenait comme l'auteur des Psaumes.)

Néanmoins, si l'ordre des articles du Credo est immuable, leur couplage avec un des douze apôtres n'est pas si absolu qu'on pourrait s'y attendre, et, de même, l'association avec un prophète et son verset connaît de nombreuses variantes, surtout à partir du cinquième article.

 Cette variation, et donc l'absence d'un canon absolu de référence, rend difficile l'acquisition d'une certitude pour défendre l'hypothèse que les prophètes de la chapelle de Kermaria an Iskuit obéissent, par le choix des prophètes et le choix des versets, à la séquence en vigueur dans ces Credo prophétiques.

Par ailleurs, l'association d'une Danse macabre, et des figures des Prophètes n'est pas propre à Kermaria an Iskuit, et se retrouvait aussi, selon I. Hans-Collas  sur les murs de l'église des Dominicains de Strasbourg, à peu-près à la même période:

 

"Trois décennies plus tard fut réalisée la Danse macabre aux dominicains de Strasbourg. Le contrat, en latin et en allemand, daté du 11 octobre 1474, livre tous les détails de cette commande initiée par le prieur dominicain Johannes Wolfhart et confiée au peintre Lienhart Hoischer. Le peintre est payé pour réaliser une Danse macabre – den doten dantz mit sinen figuren die dartzu gehörent –, un Jugement dernier, dix prophètes avec leurs versets (mit ihren sprüchen). Il reçoit 80 florins (gulden), une somme importante. Le contrat indique que des couleurs à l’huile doivent être employées ainsi que de l’or et de l’argent. L’œuvre fut donc d’un très grand raffinement. Les figures ont été peintes à hauteur d’homme et étaient de grandeur nature.Cet ensemble, qui avait disparu sous un badigeon, a été redécouvert en 1824 par l’architecte August Arnold. Il en fit des relevés avant que ce décor disparaisse à nouveau sous un badigeon, puis dans les décombres de l’église vers 1870.Le vaste édifice avait accueilli le cycle qui s’étendait sur deux murs (ouest et nord). Une nouvelle fois la Danse macabre commence par l’image du prédicateur. Dans sa chaire, il s’adresse à un groupe d’hommes et de femmes – religieux et laïcs – qui l’écoutent attentivement avant que les morts ne viennent emmener les vivants, non pas chacun individuellement, mais par groupes de personnages, ce qui fait la particularité de la Danse macabre de Strasbourg. L’insertion dans un programme qui comprend le Jugement dernier, une allusion aux fins dernières directement liée au thème macabre, est intéressante, de même que la présence des prophètes dans les écoinçons

Relevés publiés par plusieurs auteurs, en particulier par F.W. Edel, Die Neue Kirche in Straßburg. Nachrichten von ihrer Entstehung, ihren Schicksalen und Merkwürdigkeiten, Strasbourg, 1825, p. 55–63. Les relevés originaux n’ont pas pu être localisés. Les photos anciennes de l’église en ruine montrent, notamment sur le mur occidental, des vestiges de la Danse macabre.

Les vues de l’église en ruines montrent des arcades dont les retombées ont pu accueillir ces figures de prophètes. Par ailleurs Edel indique que la taille des prophètes était de moitié plus réduite que les figures de la Danse macabre. Ibid., p. 62.

Le programme peint incluant les prophètes semble significatif. Les sermons sur la mort prononcés par des religieux sont attestés pour le xve siècle, comme le De morte de Bernardin de Sienne ou les propos du frère augustin Simon Cupersi de Bayeux qui évoquent certains textes des prophètes comme Isaïe 40 ou Jérémie 22 ou l’histoire de Job [H. Martin, "Deux prédicateurs du xve siècle parlent de la mort, La mort au Moyen Âge". Colloque de l’association des historiens médiévistes français réunis à Strasbourg en juin 1975 au Palais universitaire, Strasbourg, 1977, p. 103–124. ]"

 

 

 

Sur le thème du Credo apostolique, voir :

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N.B On remarquera que les douze apôtres du porche ne portent pas les plylactères qui attesteraient qu'ils forment un Credo apostolique.

Bref, ce serait ici, comme à Châtelaudren, "un Credo sans Credo".

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SOURCES ET LIENS.

— AUBERT (Octave Louis), [1928] , La chapelle de Kermaria-Nisquit, édition de la Bretagne touristique, 16 pages.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/3460

http://www.infobretagne.com/plouha-kermaria-an-iskuit.htm

BÉGULE (Lucien), 1909, La chapelle Kermaria-Nisquit et sa Danse des morts, H. Champion, Paris, 1909, 52 p. 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1909_num_73_1_11490_t1_0180_0000_2

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1908_num_24_3_4152_t1_0413_0000_2

— CHARDIN (Paul), 1894, La chapelle de Kermaria-Nisqit en Plouha, Revue archéologique 1, pages 246-259

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203636c/f249.item

— CHARDIN (Paul), 1885, Recueil de peintures, Bulmo

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1885_num_51_1_10552

— CHARDIN (Paul), 1886, La chapelle de Kermaria Niquit mémoires de la société nationale des antiquaires de France 1886 t. 46

COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1939. p. 374-375

COUFFON, René. Quelques notes sur Plouha. Saint-Brieuc : Francisque Guyon éditeur, 1929. p. 27-35

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3346690r

CRITCHLEY (David J.) Prophets, Apostles, and Saints in the side windows of Winchester College Chapel

https://www.vidimus.org/issues/issue-141/features/winchester-college-chapel/

—CRITCHLEY (David J.) 2023, The Apostle's creed and the north crawley rood screen, Records of the Buckhinhamshire vol.63

https://bas1.org.uk/publications-2/records-of-bucks/

—GAY (Françoise), 2019, épigraphie des inscriptions présentées par les Prophètes.

https://in-scription.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=316

https://in-scription.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=299

— HANS-COLLAS (Ilona), 2021, 

Interactions entre textes et images. Les Danses macabres peintes dans les églises en France aux xve–xvie siècles  Dans Le Moyen Age 2021/1 (Tome CXXVII), pages 81 à 104

https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2021-1-page-81.htm#no42

"Trois décennies plus tard fut réalisée la Danse macabre aux dominicains de Strasbourg. Le contrat, en latin et en allemand, daté du 11 octobre 1474, livre tous les détails de cette commande initiée par le prieur dominicain Johannes Wolfhart et confiée au peintre Lienhart Hoischer .Le peintre est payé pour réaliser une Danse macabre – den doten dantz mit sinen figuren die dartzu gehörent –, un Jugement dernier, dix prophètes avec leurs versets (mit ihren sprüchen). Il reçoit 80 florins (gulden), une somme importante. Le contrat indique que des couleurs à l’huile doivent être employées ainsi que de l’or et de l’argent. L’œuvre fut donc d’un très grand raffinement. Les figures ont été peintes à hauteur d’homme et étaient de grandeur nature.Cet ensemble, qui avait disparu sous un badigeon, a été redécouvert en 1824 par l’architecte August Arnold. Il en fit des relevés (*) avant que ce décor disparaisse à nouveau sous un badigeon, puis dans les décombres de l’église vers 1870. Le vaste édifice avait accueilli le cycle qui s’étendait sur deux murs (ouest et nord). Une nouvelle fois la Danse macabre commence par l’image du prédicateur. Dans sa chaire, il s’adresse à un groupe d’hommes et de femmes – religieux et laïcs – qui l’écoutent attentivement avant que les morts ne viennent emmener les vivants, non pas chacun individuellement, mais par groupes de personnages, ce qui fait la particularité de la Danse macabre de Strasbourg.

L’insertion dans un programme qui comprend le Jugement dernier, une allusion aux fins dernières directement liée au thème macabre, est intéressante, de même que la présence des prophètes dans les écoinçons

(*)Relevés publiés par plusieurs auteurs, en particulier par F.W. Edel, Die Neue Kirche in Straßburg. Nachrichten von ihrer Entstehung, ihren Schicksalen und Merkwürdigkeiten, Strasbourg, 1825, p. 55–63. Les relevés originaux n’ont pas pu être localisés. Les photos anciennes de l’église en ruine montrent, notamment sur le mur occidental, des vestiges de la Danse macabre. Les vues de l’église en ruines montrent des arcades dont les retombées ont pu accueillir ces figures de prophètes. Par ailleurs Edel indique que la taille des prophètes était de moitié plus réduite que les figures de la Danse macabre. .

 

Le programme peint incluant les prophètes semble significatif. Les sermons sur la mort prononcés par des religieux sont attestés pour le xve siècle, comme le De morte de Bernardin de Sienne ou les propos du frère augustin Simon Cupersi de Bayeux qui évoquent certains textes des prophètes comme Isaïe 40 ou Jérémie 22 ou l’histoire de Job [H. Martin, Deux prédicateurs du xve siècle parlent de la mort, La mort au Moyen Âge. Colloque de l’association des historiens médiévistes français réunis à Strasbourg en juin 1975 au Palais universitaire, Strasbourg, 1977, p. 103–124. ]

LE LOUARN-PLESSIX (Geneviève ) , 2013, Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit Mémoires SHAB

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f464c1e917b93.94134739/2013_50.pdf

https://docplayer.fr/108538314-Plouha-chapelle-de-kermaria-an-iskuit.html

"Le dessin de P. Chardin exécuté en 1885 présente la vue d’ensemble du collatéral nord avec le lambris peint; on y lit, en outre, sur les écoinçons des grandes arcades nord de la nef des représentations de personnages tenant des phylactères ; l’auteur y a identifié huit prophètes de l’Ancien Testament. Beaucoup d’entre eux aujourd’hui ont disparu.

Ch. de Keranflec’h, en 1857, précisait que « tout l’espace au dessus des arcades est peint en blanc, semé de quatre feuilles rouges et de quinte feuilles violettes. Sur ce fond, se détachent des figures debout […]. Celle en face de la chaire, la seule découverte à cette date est [frappante] par la pureté du trait et la noblesse de la pose. Sa tunique de pourpre, le riche manteau qui lui couvre les épaules, la couronne qu’elle porte sur la tête, semblable à celle de nos ducs du XVe siècle et la banderole portant une inscription tirée du livre des psaumes identifient le roi David ». [« Dominus dicit ad me : filius hodie genui te : roy David ». ] Paul de Taillart a dégagé, par la suite, les figures des prophètes Isaïe et Zacharie."

 

« Selon le dessin de P. Chardin, et la description de Ch. de Keranflec’h, le mur en dessous de la dance, était peint de fleurettes rouges et de quintefeuilles vertes et les écoinçons ornés de représentations des prophètes. En 1872, sept étaient visibles accompagnés du roi David. Aujourd’hui, on distingue à peine Isaïe (phylactère devant, bonnet noir : Ecce Virgo) et Zacharie (phylactère dans main gauche et bonnet) ; le roi David, décrit avec tant de précision en 1857 a disparu. Chardin a proposé au sud : roi David, Isaïe et Zacharie ; au nord : Daniel, Jérémie, Ezéchias, Amos et Jonas. »  (Geneviève Le Louarn-Plessix)

LÉVY (Tania), 2015, « La chapelle Kermaria-an-Isquist. Les peintures murales », Congrès archéologique de France. 173e session. Monuments des Côtes-d'Armor. « Le Beau Moyen Âge ». 2015, Société française d'archéologie, pp. 303-311 (ISBN 978-2-901837-70-1).

— PICHOURON ( Patrick) - L'HARIDON ( Erwana) 2005, La chapelle de Kermaria-an-Isquit Inventaire général ; Dossier IA22005349

"La chapelle Kermaria-an-Isquit a été fondée au cours de la 1ère moitié du 13ème siècle par Henry d'Avaugour, comte de Goëlo. Elle a été agrandie au 15ème siècle..."

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/la-chapelle-de-kermaria-an-isquit-plouha/b4cbaf07-cdea-4601-a286-377b8f21585f

— THIBOUT (Marc), 1949, « La chapelle de Kermaria-Nisquit et ses peintures murales », Congrès archéologique de France. 107e session. Saint-Brieuc. 1949, Société française d'archéologie, 1950, p. 70-81.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f72.item

— MÂLE (Emile)

https://patrimoine.amis-st-jacques.org/documents/000135_e_male_credo_des_apotres_2.pdf

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21 novembre 2023 2 21 /11 /novembre /2023 16:46

Deux bas-reliefs (kersanton, vers 1971) de Guy Pavec au manoir de Roz Trefeuntec en Plonevez-Porzay.

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Sur Plonévez-Porzay, voir aussi :

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Guy Pavec (1935-2021)  vivait à Landudec en Pays bigouden. Né à Quimper-Penhars, le 27 juin 1935, il a commencé sa vie professionnelle, en 1957, comme ouvrier dans une entreprise du bâtiment quimpéroise mais, passionné depuis toujours de dessin et de peinture, il s’inscrivit aux cours du soir de l’École des beaux-arts de Quimper, en section peinture. En 1960, il devient artisan tailleur de pierre et réalise surtout des cheminées en pierre de taille pour des particuliers, jusqu’en 1974, puis il devient sculpteur en 1975.  Il travaillait à la main, sans outil pneumatique ou électrique, la pierre de Kersanton (kersantite) et il a restauré  à la demande d'Yves-Pascal Castel de nombreux calvaires et autres statues comme à l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, à l’Hôpital-Camfrout ; à l’église Saint-Mathieu, à Quimper ; sur le calvaire de la Trinité, à Lanzignac, sur  celui de Bilirit à Loqueffret, celui de Croas-Olet de Saint-Thégonnec  ou encore en restauration d’œuvres de Roland Doré (1618-1663) présentes dans les enclos paroissiaux ou encore sous le porche de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Il avait réalisé en 1972 à Tréboul la stèle érigée à la mémoire des Péris en mer mais aussi celle de Jean-Moulin, à Châteaulin, ou encore le monument aux morts, à Peumerit et la stéle d'hommage aux résistants de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom à Plomodiern. Il a œuvré à Ty-Vougeret de Dinéault, ou pour le monument de Lababant en Pouldreuzic en 1972

La légendaire celtique occupe, comme nous allons le voir ici, une grande place avec les multiples représentations du roi Gradlon ou des croix celtiques en multipliant les entrelacs avec une grande maîtrise. Il a puisé son inspiration également dans des œuvres inspirées du Cheval d’orgueil de Per-Jakez Hélias ou du costume bigouden.

 

Une exposition lui a été consacrée au manoir de Kerazan en Loctudy en avril-mai 2023, avec un catalogue de 150 pages.

Il a sculpté deux bas-reliefs pour le manoir érigé sur la Pointe de Trefeuntec par Auguste Le Guellec en 1971. Mais on ne trouve sur internet que des photos des six guerriers celtes : je compense donc cette lacune, puisque c'est sur la chapelle que son navire viking  porte sa signature. 

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N.B: Ce manoir acquis par le Conseil départemental du Finistère est visible depuis le sentier côtier de la Pointe de Trefeuntec, avec sa situation exceptionnelle devant la Baie de Douarnenez, mais l' accès à la propriété elle-même est interdit en raison de sa grande dégradation.

 

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I. LES SIX GUERRIERS CELTES, FAÇADE OUEST.

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Les six guerriers sont sensiblement identiques, mais ces soldats barbus, aux cheveux longs, marchant au pas en portant leur lances sur l'épaules, diffèrent par leur bouclier. Guy Pavec a créé pour chacun un savant réseaux d'entrelacs celtiques.

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Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. LE DRAKKAR ET SES QUATRE VIKINGS, FAÇADE OUEST DE LA CHAPELLE.

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Trois guerriers vikings armés de lances inspectent la côte et s'apprêtent à débarquer, tandis qu'un barreur mène la barque dont la haute voile au tiers est frappée de l'emblème du Triskell. La vérité ethnographique cède ici le pas à un imaginaire inspiré de l'art décoratif irlandais, mais le résultat est convaincant. Ces entrelacs se retrouvent sur l'étendard dessinant ces boucles depuis la pomme de mât, sur un bouclier rond qui est peut-être un nuage, sur les quatre boucliers celtes, mais se poursuivent aussi dans l'ondulation des vagues, ou sur  la crinière du dragon de proue.

Dans le ciel, un animal vole, intermédiaire entre un cheval ailé, un coq ou un dragon.

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Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief  (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Bas-relief (kersanton, v.1971) de Guy Pavec, manoir de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

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L'environnement.

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Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

Manoir et Pointe de Trefeuntec. Photographie lavieb-aile 2023.

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11 novembre 2023 6 11 /11 /novembre /2023 18:26

Les sablières et blochets (fin XVe) de la chapelle de Kermaria an iskuit à Plouha (22).

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Voir sur cette chapelle :

 

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Sur les sablières, blochets et abouts de poinçon des charpentes des autres églises et chapelles , voir :

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PRÉSENTATION.

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Les sablières de la chapelle de Kermaria an Iskuit, bien conservées dans le bras nord du transept et, plus en hauteur, dans la nef, sont sculptéees de masques en haut-relief sous les culots des nervures, séparées par des feuillages en bas-relief. C'est cette disposition qui permet de les dater du XVe siècle .

En effet, Sophie Duhem explique que la disposition des sculptures sur les poutres apportent dans certains cas des indices sur  l'époque de création des ensembles. Toutes les poutres anciennes partagent la particularité de présenter des motifs sculptés isolés à intervalles réguliers. Toutes les sablières datées du 15e siècle se caractérisent par cette particularité : c’est le cas à  Guégon, Guern, Ploëren, Saint-Avé, Vannes, Quimperlé, Canihuel, Saint-Nicolas-du-Pélem, mais aussi à Brennilis, La Roche-Maurice, Morlaix, Trémaouézan, Rochefort-en-Terre, Plouha, ou Saint-Herblain. Au contraire, les premiers décors travaillés en frises à motifs en bout à bout apparaisent au début du 16e siècle, comme à Grâces-Guingamp entre 1506 et 1508.

De plus toutes les sablières du 15e siècle sont taillées en haut-relief, excepté celles qui ne comportent que les inscriptions, tracées en bas relief ou en creux.

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LA CHARPENTE (XVe s. ) DU BAS-CÔTÉ NORD.

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Dans les trois dernières travées du collatéral nord, au dessus des peintures murales des Trois Vifs et des trois morts, et sous le lambris peints  des Vertus montées sur les Vices (donc un lieu richement décoré), ce type de sablières à masques anthropomorphes et feuillages sont accompagnées d'inscriptions gothiques, non déchiffrées.

Les masques semblent représenter les paroissiens, hommes ou surtout des femmes. Celles-ci ont le visage englobé dans une coiffe formant cagoule, ou fixée sous le menton par une bride. Les yeux sont en amande accentuée, les bouches sont très fines. Les traits sont indifférents, sans que nous ne puissons y voir l'expression de sentiments, de passions et a fortiori de vices.

Malgré la présence de la Danse macabre, nous ne trouvons ici aucun symbole ou attribut de la Mort.

Certains mots des inscriptions sont assez bien conservés et semblent pouvoir être compris par des épigraphistes chevronnés. Ces inscriptions se rapportaient-elles aux peintures sus- et sous-jacentes ?

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Pièce de bois n°1.

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Masque n°1.

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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Pièces de bois n°2 et 3.

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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Pièce de bois n°4 et 5.

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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Pièces de bois n°4 et 5.

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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Pièces de bois n°6 et 7.

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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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LES BLOCHETS DU CHOEUR. DEUX ANGELOTS.

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Blochets  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Blochets de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Blochets  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Blochets de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Blochets  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Blochets de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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LES SABLIÈRES  (XVe s. et XVIe) DU BAS-CÔTÉ SUD.

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Nous trouvons la succession des masques (avec des traits animaux pour l'un d'entre eux), datant du XVe siècle, mais aussi, en dessous, une pièce où des anges allongés présentent le voile de Véronique, ou visage du Christ.

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Sablières (XV et XVIe)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XV et XVIe) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XV et XVIe)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XV et XVIe) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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QUELQUES MASQUES DE SABLIÈRES.

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Sablières (XVe siècle)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle)  de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, page 69 et 275.

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Blochets Chapelles bretonnes
11 novembre 2023 6 11 /11 /novembre /2023 16:08

 

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Mise à jour 11/11/2023

Vous pourrez lire dans ce blog, sur le sujet des corniches ("sablières") et autres pièces de charpente sculptées (blochets, abouts de poinçon)  de Bretagne, les articles suivants :

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MORBIHAN :

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CÔTES D'ARMOR :

 

 

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L'église de Kergloff : la charpente du porche sud  et ses armoiries : début du XVIIe siècle, après 1617

Les armoiries de Sébastien de Ploeuc en alliance avec Marie de Rieux.

https://www.lavieb-aile.com/2023/06/l-eglise-de-kergloff-le-porche-sud.html

 

 

 

 

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FINISTÈRE :

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liste =/- chronologique :

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Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :

 

Attribution personnelle au Maître de Pleyben : Bodilis, Saint-Sébastien,  et Roscoff

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Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 ("Jean Brellivet" ou maître de la nef de Plomodiern) :

En proximité avec celles-ci : les artisans anonymes du Cap Sizun au XVIe siècle :

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Sur les réalisations d'un hypothétique Maître de Saint-Nic (1641-1676) :

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NORMANDIE.

 


 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 20:27

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha.

 

 

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Voir sur cette chapelle :

 

 

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PRÉSENTATION.

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Après avoir occupé la droite de l'autel dédié à Notre-Dame de Kermaria dans le bras sud du transept, l'ensemble de bas-reliefs en albâtre de la chapelle de Kermaria an Iskuit est exposé dans  une vitrine à droite du chœur. Ce sont principalement quatre panneaux rectangulaires consacrés à un cycle de la Vie de la Vierge, de même taille et surmontés d'un dais gothique identique, mais ce cycle se complète d'une Vierge de Pitié placée au dessus de ces panneaux. 

Les ensembles liés au cycle de la Vie de la Vierge ont été produits en grand nombre en albâtre de Nottingham à partir de 1420. La presque totalité  des retables bretons a été démantelée et nous est parvenue sous forme de panneaux isolés ( Squiffiec, Vannes, Guer, Morlaix, Plonevez-du-Faou,). Les ensembles les mieux conservés sont ceux de Nouvoitou (35) et de Kermaria an Iskuit, tous les deux de la fin du XVe siècle. C'est dire l'intérêt de l'étude de ces albâtres de Kermaria, et de la comparaison des deux retables.

D'autre part, en comparant les quatre sujets ici traités (Annonciation, Adoration des Mages, Assomption, Couronnement par la Trinité) avec leurs homologues des grandes collections d'albâtres (Victoria & Albert Museum ou Musée de Cluny par exemple), nous pouvons voir à la fois la fidélité des œuvres au modèle archetypal anglais, et à la fois comment chque sculpture est néanmoins unique.

La Vierge de Pitié (intitulée "Descente de Croix" dans la notice Palissy) est un sujet très rare des albâtres de Nottingham

 

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Généralités.

À partir de 1340, l'albâtre (alabaster en anglais) a été largement exploité dans les carrières de la région du South Derbyshire et du Nottinghamshire . Cette production de panneaux de bas-reliefs à thèmes religieux a pris un caractère commercial et de série au XVe siècle, « radicalisant des emprunts à l'art des Pays Nordiques et développant l'élégance et la préciosité de sculptures rehaussées de couleurs vives et de dorures". La Réforme met un terme brutal à ce commerce dès le début du XVIe siècle.

 

Il existe deux sortes d'albâtre. L'albâtre calcite, qui  est très dur et était utilisé dans l'Antiquité, et l' albâtre de gypse (sulfate de chaux) qui est une pierre à grain fin, tendre et lisse qui se durcit par exposition à l'air. Bien qu'à première vue il ressemble un peu au marbre, qu'il était censé imiter, il était beaucoup plus facile à sculpter en raison de sa douceur, et les objets en albâtre étaient donc nettement moins chers à produire. 
La sculpture de l'albâtre, principalement extraite à Tutbury et Chellaston près de Nottingham, a pris des proportions industrielles en Angleterre entre le milieu du XIVe et le début du XVIe siècle. Le marché des retables et des petites images de dévotion était vaste. Elle comprenait non seulement les fondations religieuses mais aussi les classes marchandes. Plusieurs centaines d’albâtres anglais ont été exportés, certains jusqu’en Islande, Croatie et Pologne et à Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l’Espagne. Mais le marché le plus important pour ce type d'œuvres était de loin la France, dont certaines églises conservent encore aujourd'hui des retables en albâtre anglais in situ.

On peut décrire deux thèmes principaux, celui de la Passion, et celui de la Vie de la Vierge, auquel s'ajoute celui de saints prestigieux.

 

"L'extraction de l'albâtre gypseux anglais  est géographiquement limitée aux Midlands, notamment autour de Nottingham.

        Les lieux où il se  travaille se répartissent dans une aire plus vaste, les meilleurs ateliers se trouvant à Londres. Mais les objets fabriqués en séries presque identiques portent le nom générique d'albâtres de Nottingham faute de pouvoir leur attribuer un atelier.

   Au début du XIVe siècle l'albâtre servait à réaliser des tombeaux ou de grandes sculptures.

  A partir de 1340 environ, la production de statuettes et de petits reliefs à sujets religieux, peints et dorés, pouvant s'assembler en retable, se développe énormément. Les plus anciens reliefs qui nous soient parvenus datent de la fin du XIVe siècle.

Vers 1550, la Réforme anglicane et l'interdiction des images religieuses condamnent cette activité. Beaucoup d’œuvres exposées dans les lieux de culte furent alors détruites, d'autres furent cachées.

  Au XIXe siècle, les recherches des collectionneurs permirent d'en retrouver de nombreux témoignages. Le musée Victoria et Albert de Londres en conserve une magnifique et abondante collection.

Le style très animé et l'éclat de la polychromie, mais aussi le prix assez faible de ces objets de dévotion avaient assuré leur succès dans toute l'Europe du XIVe au XVIe siècles. Leur transport était facile car chaque scène était sculptée sur un panneau indépendant dont les dimensions, en hauteur comme en largeur,  dépassaient rarement 35 à 50 cm, elles pouvaient être exposées seules ou assemblées en retables. C'est pourquoi on en trouve également de nombreux exemplaires dans tous les musées français." (L. Barragué-Zouita)

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La vitrine adopte une forme en T inversée, fréquente dans la présentation des retables.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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I. L'ANNONCIATION. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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Alors que les panneaux de la fin du XIVe ont une composition simplifiée où la Vierge assise accueille le message de l'ange figuré sur un nuage au dessus du vase de lys, ce type d'Annonciation apparaît dans l'art anglais après 1430 : la Vierge est agenouillée  sur un coussin à glands de passementerie devant son lutrin de prière et esquisse un mouvement de surprise en se tournant vers l'ange. Elle est couronnée et nimbée et porte une chape bleue fermée par un médaillon à cinq pétales, au dessus d'une robe moulante . L'ange Gabriel fait une génuflexion et indique du doigt le message de sa salutation (AVE MARIA) inscrit sur le phylactère. Il est coiffé d'un diadème et porte une chape bleue à revers rouge. En double symbole de virginité, et de fécondité, un lys s'élève d'un vase qui sépare les deux personnages. Au dessus d'eux, Dieu le Père (tête brisée) tenant la sphère du Monde et bénissant, envoie la colombe de l'Esprit vers les lèvres de Marie.

Dans le coin supérieur droit, on voit le support du rideau de la chambre, et un phylactère (qui portait sans doute la réponse d'acceptation de Marie, ECCE ANCILLA DOMINI.

La composition est surmontée d'un dais gothique à gables et crochets.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Le panneau du V&A Museum de Londres , daté du XVe siècle tardif, est très proche de celui de Kermaria, mais présente pourtant  cinq différences : la posture de la Vierge, souriante et qui se tourne vers l'ange ; l'existence d'un angelot en registre supérieur ; et surtout le remplacement de la colombe par un enfant-Jésus portant sa croix cerclée de la couronne d'épines, entre la bouche du Père (couronné et nimbé) et les lèvres de Marie. Enfin l'ange Gabriel tient un sceptre ; et sa chape de Gabriel est remplacée par une tunique.

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Annonciation, albâtre, fin XVe, Collection V&A Museum

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Un deuxième panneau du Victoria & Albert Museum : l'ange du haut tient un luth. C'est une colombe qui vole depuis la bouche de Dieu le Père.

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V&A Museum fin XVe

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Troisième exemple dans les collections du Victoria & Albert Museum : 

https://collections.vam.ac.uk/item/O70063/the-annunciation-panel-unknown/

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Dans le Retable de la Vierge de l'église de Nouvoitou (35), nous trouvons une Annonciation également très semblable à celle de Kermaria, mais qui a conservé sa polychromie et sa dorure. On y découvre à gauche un troisième ange, balançant un encensoir. La Vierge a le même geste de surprise qu'à Kermaria, mais regarde l'ange Gabriel. Il me semble que la longue forme qui sort de la bouche du Père est, comme à Kermaria, une colombe dont la tête est brisée.

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Annonciation (albâtre, fin XVe) du retable de Nouvoitou, copyright Inventaire général, ADAGP cliché Bernard Bègne

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Retable de Nouvoitou (détail), copyright Inventaire général, ADAGP cliché Bernard Bègne

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Saint-Péver.

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La seule photo disponible en ligne du panneau du retable de Saint-Péver (22) datant de la fin du XVe siècle, est celle de la base Palissy, et elle date de 1952. La proximité de ce retable (provenant de la chapelle N.-D.  d'Avaugour) est soulignée par C. Dréan. C'est le seul exemple de retable de la Vierge complet, avec celui de Nouvoitou. La posture respective des deux personnages est différente. Dieu le Père envoie non une colombe, mais la figure de l'Enfant-Jésus, comme sur le premier panneau du VAM, et C. Dréan y voit, s'appuyant sur F. Cheetham,  "une évolution caractéristique des dernières années du XVe siècle". Néanmoins, elle estime que les panneaux de Plouha et de Saint-Péver pourraient provenir du même atelier, mais par des sculpteurs différents.

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Le panneau du Walter Art Museum est proche de celui de Kermaria pour la représentation de la chambre (ciel de lit, lutrin). La colombe y est bien conservée.

Annonciation (albâtre, v. 1450-1490); Walters Art Museum

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De même, pour le panneau du Philadelphia Museum of Art.

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Philadelphia Museum of Art

Ou bien : https://artmuseum.princeton.edu/collections/objects/19183

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II. L'ADORATION DES MAGES. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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La Vierge est à gauche, assise sur un lit à baldaquin, nimbée et les cheveux dénoués, tenant les orteils du pied gauche de son fils. Elle est vêtue d'un manteau à larges manches et d'une robe moulante. L'Enfant, sur ses genoux, en tunique, lui carresse la joue tout en se retournant vers le vase plein d'or pour y puiser ou en agréer l'offrande. Melchior, qui offre cet or, est à demi agenouillé, barbu, sa couronne passée sur l'avant-bars gauche. Il est vêtu d'un manteau à camail et capuche.

Juste au dessus de l'Enfant, c'est Gaspard, couronné, barbu, offrant l'encens et désignant l'étoile qui les a guidés de sa main droite : on la reconnaît sous la forme d'un médaillon du ciel de lit. On retrouve ce geste sur toutes les Adorations des porches bretons du XVe siècle (Rumengol, Le Folgoët)

Balthazar, couronné, imberbe comme il se doit, offre la myrrhe. Il est vêtu d'une tunique courte recouverte par un manteau à manches très larges.

Enfin, assis sur le sol mais accoudé à son siège, Joseph tenant sa canne, somnole près de l'âne et du bœuf.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Plus de cent exemplaires de l'Adoration en albâtre subsistent.

Victoria & Albert Museum 1. Panneau de la seconde moitié du XVe siècle qui proviendrait de l'abbaye de Montier-en-Der, Haute Marne.

Notez les grelots de la ceinture de Balthasar.

 

VAM

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Victoria & Albert Museum 2.

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Victoria & Albert Museum 3. Provient d'Espagne. Seconde moitié du XVe siècle.

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Notez la couleur de peau de Balthazar, tradition ayant débuté en Allemagne au début du XVe siècle.

 

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Voir aussi au VAM un panneau de 1420-1440 :

https://collections.vam.ac.uk/item/O70351/the-adoration-of-the-magi-panel-unknown/

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Retable de Nouvoitou (fin XVe)

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Nouvoitou.

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Nouvoitou, détail : saint Joseph.

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Retable de Saint-Péver (fin XVe).

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Panneau de Squiffiec.

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III. L'ASSOMPTION DE LA VIERGE. SAINT THOMAS RECEVANT LA CEINTURE. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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La Vierge, nimbée, occupe le centre d'une mandorle rayonnante et est guidée vers son Assomption par six anges, dont deux tiennent sa couronne ; deux autres, mains jointes, portent un diadème sommé d'une croix. 

Elle est vêtue, comme sur les autres panneaux, d'une chape et d'une robe moulante. Le fermail de la chape est losangique à quatre lobes. Elle n'est pas voilée et ses cheveux sont dénoués. Ses mains, aux longs doigts sont écartées, dans une geste  de prière, mais qui reprend le geste d'acceptation de l'Annonciation.

Les chaussures sont à extrémités pointues, selon la mode du XVe siècle.

En bas à gauche, un ange présente à la Vierge l'apôtre Thomas, qui tient une ceinture frappée d'ornements floraux. Ce détail, qui se retrouve sur presque toutes les Assomptions en albâtre de Nottingham du XVe siècle, relève de la tradition issue des évangiles apocryphes des ve et vie siècles. Jacques de Voragine indique dans sa Légende dorée :

 

"Et Jésus dit : « Lève-toi, ma mère, ma colombe, tabernacle de gloire, vase de vie, temple céleste, afin que, de même que tu n’as point senti la souillure du contact charnel, tu n’aies pas non plus à souffrir la décomposition de ton corps ! » Et l’âme de Marie rentra dans son corps, et la troupe des anges l’emporta au ciel. Et comme Thomas, qui n’avait pas assisté au miracle de l’assomption, refusait d’y croire, voici que la ceinture qui entourait le corps de la Vierge tomba du ciel dans ses mains, intacte et encore nouée, de manière à lui faire comprendre que le corps de la Vierge avait été emporté tout entier au ciel."

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Victoria & Albert Museum 1. Seconde moitié du XVe siècle

Dieu le Père accueille la Vierge, entouré d'un ange jouant d'une viole avec un plectre et d'un autre de la harpe. Un ange soutient les deux pieds chaussés de Marie. La Vierge porte un bandeau sur la tête, une robe surmontée d'une tunique courte frappée d'hermines et un manteau attaché d'une manière inhabituellement élaborée par une cordelette ; les extrémités du cordon sont maintenues ensemble par une bascule et bouclées. 

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Victoria & Albert Museum 2. Seconde moitié du XVe siècle

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https://collections.vam.ac.uk/item/O70484/the-assumption-of-the-virgin-panel-unknown/

Le registre supérieur est semblable au panneau précédent. Mais ici, saint Thomas regarde la Vierge, les mains jointes en prière, et reçoit une extrémité de la ceinture, qui est montrée débouclée au moment de tomber, la boucle étant visible sous sa taille à droite. 

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Victoria & Albert Museum 3. Seconde moitié du XVe siècle

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Ce panneau très haut représente la Vierge portant un bandeau sur la tête, une robe moulante et un manteau retenu comme sur le premier panneau par un cordon à pompons. Elle se tient dans une mandorle sculptée de rayons qui se trouve au dessus du sol au centre du panneau. Elle est flanquée de trois paires d'anges qui la désigne, chacun avec un bras tendu. Le personnage barbu de saint Thomas, tourné vers la gauche, est agenouillé à ses pieds entre deux personnages agenouillés, tonsurés, cagoulés sur les épaules (moines donateurs tenant un phylactère).  Saint Thomas lève les yeux, tenant dans sa main gauche le fermoir de la ceinture de la Vierge, représentée débouclée, au moment de tomber de sa taille, la boucle visible à gauche. La figure auréolée et barbue de Dieu le Père se trouve en haut du panneau au-dessus d'une division indiquant le ciel. Il est flanqué d'un ange à gauche jouant d'une petite harpe et d'un ange à droite jouant d'une viole avec un plectre.
 

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Victoria & Albert Museum 4.

 

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Saint Thomas est absent. La Vierge, déjà couronnée, se tient debout, les mains jointes en prière, au centre du panneau dans une mandorle sur laquelle est incisé un motif en zigzag. Elle a un visage à la mâchoire carrée et porte une robe et une cape. La mandorle est tenue par trois paires d'anges, une paire agenouillée et deux volants. Les paupières de la Vierge sont sculptées. Dieu le Père, couronné et barbu et la main droite levée en signe de bénédiction, se trouve au sommet du panneau, au-dessus d'un large rebord horizontal ondulé indiquant le ciel. Il est flanqué de deux anges dont les mains sont écartées dans une attitude de prière.

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Cluny. Fin XVe.  Cl19332

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Saint-Péver.

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Proximité avec Kermaria an Iskuit.

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Nouvoitou.

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Proximité avec Victoria & Albert Museum 1.

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Guern, Notre-Dame de Quelven.

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IV. LE COURONNEMENT DE LA VIERGE PAR LA TRINITÉ. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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Le Vierge, nimbée, est assise, entre deux anges musiciens, l'un jouant de la harpe, l'autre d'un tambourin. Elle est vêtue d'un manteau et d'une robe moulante à col rond, et a les mains écartées comme sur deux des panneaux précédents. 

La couronne est posée par le Christ et le Père, tous les deux nimbés, assis sur leur trône, et traçant une bénédiction. Le Christ  glorieux est vêtu du manteau de la Réssurection et tient l'étendard de sa victoire sur la Mort. Dieu le Père est couronné. La colombe du Saint-Esprit descend verticalement poser son bec sur la croix qui somme la couronne.

Le Père et le Fils sont représentés de face, mais avec le corps légèrement incliné vers la Vierge.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Victoria & Albert Museum.

Les collections du VAM renferment 11 exemples du Couronnement de la Vierge par la Trinité, mais tous différent, par la posture du Père et du Fils, par l'absence de la colombe ou d'un des deux personnages, ou par l'absence d'anges musiciens, du panneau de Kermaria.

 

https://collections.vam.ac.uk/item/O71077/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69621/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69535/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70695/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69999/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70813/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69643/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70071/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70287/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69944/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70799/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

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Saint-Péver.

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L'ensemble de Saint-Péver était jusqu'à présent le plus proche de celui de Kermaria, mais son Couronnement est bien différent, et rejoint les spécimen du VAM : le Père et le Fils sont tournés vers la Vierge, le Père tient l'orbe, et les anges musiciens sont absents. La colombe est au centre d'une mandorle rayonnante.

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Nouvoitou.

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Là encore, le panneau est différent de celui de Kermaria : posture du Père et du Fils tournés vers le centre, Esprit-Saint à forme humaine semblable aux deux autres parties de la Trinité et en adoptant le geste de bénédiction. Mais les anges musiciens sont là, l'un jouant de la harpe et l'autre d'un instrument à préciser.

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V. LA VIERGE DE PITIÉ OU DÉPLORATION À CINQ PERSONNAGES . Bas-relief, albâtre, traces de polychromie, XVe siècle.

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La Vierge, enveloppée dans son manteau formant voile, est penchée sur le côté droit vers son Fils, dont elle soutient le buste. Ce dernier est allongé sur ses cuisses, les jambes fléchies, le bras droit pendant le long de la jambe de sa mère, le bras gauche soulevé vers son épaule. Ses chaussures pointues attestent de la datation au XVe siècle.

Un personnage est agenouillé à gauche, soutenant la tête du Christ, la tête coiffée d'un bandeau, le corps enveloppé dans un manteau. Ce pourraît être Marie-Madeleine, même si nous ne voyons ni ses cheveux dénoués, ni son vase de parfum.

Un deuxième personnage est debout derrière elle. Sa tête est brisée. C'est l'emplacement habituel de saint Jean.

Du troisième personnage ne subsiste que le buste et le geste des deux mains, l'une posée sur le genou du Christ. Une sainte femme ? Nicodème ?

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Je n'ai trouvé aucun panneau comparable. La Lamentation du Victoria et Albert Museum est bien différente. On peut donc s'étonner de trouver à Kermaria un panneau dont la production à Nottingham n'est pas attestée ailleurs.

Victoria & Albert Museum.

Lamentation sur le Tombeau : La Vierge entre Marie-Madeleine et Marie Cléophas.
"Le Christ mort, vêtu d'un pagne et d'un torse, repose de gauche à droite sur les genoux de la Vierge, la tête soutenue par sa main droite. Ses bras sont à ses côtés et ses jambes pendent à angle droit. La Vierge, vêtue d'une robe et d'un voile sur la tête qu'elle retient par  sa main gauche, est assise sur le tombeau et regarde le Christ. Une silhouette (sans tête) à gauche du panneau, vêtue d'une robe moulante et d'un manteau et tenant apparemment une mèche de cheveux dans sa main droite, est vraisemblablement Marie-Madeleine. Derrière le tombeau, à droite du panneau, se trouve une figure féminine voilée, vêtue d'une robe et tenant un livre fermé dans sa main gauche, et regardant le Christ ; il s'agit probablement de Marie Cléophas. Un crâne, deux os croisés et une mâchoire au premier plan du panneau signifient sans doute le Golgotha, le lieu du crâne. Il manque le haut du panneau et présente une fente verticale à gauche de la tête de la Vierge. "

Panneau en albâtre représentant la Lamentation sur le Christ mort. Angleterre, XVe siècle.

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VI. PERSONNAGE MONASTIQUE BÉNISSANT ET TENANT UN [LIVRE].

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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CATALOGUE DES ALBÂTRES BRETONS (d'après C. Dréan).

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Les albâtres de Bretagne ont été catalogués, datés et décrits par Colette Dréan. La majorité date de la seconde moitié du XVe siècle. Les retables de la Vie de la Vierge, dont j'ai placé les éléments en rouge, ne sont pas complets et souvent réduits à un ou deux panneaux. Les plus intéressants, en comparaison avec le retable de Kermaria, sont ceux de Saint-Péver et de Nouvoitou. 

 

Côtes d'Armor

  •  Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Retable volé en 1969. Deuxième moitié du XVe siècle.

  • Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Vierge à l'Enfant, début XVIe ?

  •  Corlay, presbytère, v. 1428 Ste Anne et la Vierge

  •  Dinan, Musée, seconde moitié XVe. Descente de croix ; Ste Catherine.

  •  Lanvollon, Vierge à l'Enfant, fin XIVe

  • Pléherel église du Vieux-Bourg, fin XVe

  • Ploubezre chapelle Saint-Thècle fin XVe

  • Plougrescant Chapelle Saint-Gomery. Vierge à l'Enfant moitié XVe

  • Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit, retable de la Vie de la Vierge, deuxième moitié XVe

  • Pommerit-le-Vicomte, église, Retable de la Passion, fin XVe

  • Rostrenen, chapelle de Compostal, Arbre de Jessé , Assomption et Couronnement de la Vierge, deuxième moitié XVe

  • Saint-Brieuc, ancien Carmel, Crucifixion, deuxième moitié XVe

  • Saint-Laurent de Bégard, église, Baiser de Judas, deuxième moitié XVe

  • Saint-Pever, Retable de la Vie de la Vierge : Trinité, Assomption, Couronnement.fin XVe

  • Squiffiec, Retable de la Vie de la Vierge : Adoration des Mages, Couronnement.fin XVe

 

Finistère

  • Cléden-Cap-Sizun

  • Combrit

  • [Elliant, chapelle Sainte Marguerite : hors catalogue, cité in Couffon 1980 p. 105 : Assomption de la Vierge avec saint Thomas]

  • Esquibien, église Saint-Onneau, Vierge de Pitié, ronde-bosse, milieu XVe. Volée en 1980.

  • Locquirec, église Saint-Jacques Vierge de Pitié, fin XVe (Vierge à l'Enfant selon R. Couffon)

  • Morlaix, Musée des Jacobins, Visitation, Trinité, Mise au tombeau, deuxième moitié XVe

  • Morlaix, couvent des Carmélites, Assomption, deuxième moitie XVe

  • Plonevez-du-Faou,  chapelle Saint-Herbot, Annonciation, volée en avril 1969 [et  Couronnement, non confirmé], deuxième moitié XVe.

  • Plouvorn, N-D de Lambader, élus dans le sein d'Abraham, deuxième moitié XVe. (Non retrouvé lors de ma visite, non confirmé)

  • Quimperlé, musée de l'Évêché, Ste Anne, Annonciation, Couronnement, deuxième moitié XVe

  • Quimper, cathédrale, Saint Jean-Baptiste, première moitié XVe

  • Quimper, cathédrale, retable du Christ et des Vertus, Xve

  • Quimper, Musée départemental breton, Baiser de Judas, Flagellation, deuxième moitié XVe

  • Roscoff, église de Croas-Batz, Retable de la Vie du Christ deuxième moitié XVe 

  • Trémaouézan, presbytère, Adoration des Mages entre 1350 et 1390

 

Ille-et-Vilaine

  • Nouvoitou Retable de la Vie de la Vierge : Annonciation, Adoration, Trinité, Assomption, Couronnement fin XVe

Morbihan

  • Arradon chapelle N-D du Vincin, Vierge

  • Guer, Presbytère, Adoration des Mages, fin XVe

  • Guern Chapelle N-D du Quelven, Assomption et Couronnement, deuxième moitié XVe PM56000358

  • Monterrein, Trinité, fin XVe

  • Plouharnel chapelle N-D des Fleurs, Arbre de Jessé deuxième moitié XVe

  • Riantec, Ste Catherine

  • Saint-Avé, Retable Te Deum deuxième moitié XVe

  • Vannes, Musée, Adoration des Mages, Assomption, Flagellation, Descente de Croix, Mise au Tombeau deuxième moitié XVe

  • Vannes Grand Séminaire. Annonciation, Assomption, Couronnement Crucifixion deuxième moitié XVe

  • Ste Anne d'Auray, Retable de la Passion, Première moitié XVe.

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SOURCES ET LIENS.

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— BARRAGUÉ-ZOUITA (Laetitia) 2016, L'ensemble de la collection d'albâtre du Musée Boucher-de-Perthes d'Abbeville 

https://www.amis-musee-abbeville.fr/2016/12/09/oeuvre-du-mois-d%C3%A9cembre-2016-alb%C3%A2tres-de-nottingham/

— CHEETHAM, (Françis), 1984. Albâtres médiévaux anglais . Oxford : Phaidon-Christie's Limited, 1984. p. 188 (cat. 115), ill. ISBN0-7148-8014-0

—DRÉAN (Colette), 1987, Les sculptures d'albâtre en Bretagne, SHAB 1987-15.

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f243fd64b5e59.02423570/1987_15.pdf

—PRIGENT (Christiane), 1998, Les sculptures anglaises d’albâtre, Musée national du Moyen Âge, éditions RMN, Paris.

— ROSTANG (A) 1928, Les albâtres anglais du XVe siècle en Basse-Normandie, Bulletin Monumental  Année 1928  87  pp. 257-309

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1928_num_87_1_10045

— Victoria & Albert Museum

https://collections.vam.ac.uk/search/?page=1&page_size=15&id_material=AAT11101&id_category=THES48896&id_collection=THES48600&id_person=N480

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Anges musiciens Albâtre XVe siècle
6 novembre 2023 1 06 /11 /novembre /2023 13:11

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit.

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—Voir sur cette chapelle :

 

 

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PRÉSENTATION.

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Comme l'a montré Geneviève Le Louarn-Plessix, la chapelle  de Kermaria an Iskuit a été construite en trois étapes :  la partie occidentale de la nef (quatre travées) date du XIIIe siècle,  cette nef a été agrandie au premier tiers du XIVe siècle vers l’est de trois travées avec la greffe de la chapelle sud et la construction du chœur, et  enfin l’édifice aurait subi des transformations entre 1702 (date sur une pièce de charpente de la tour ouest) et 1720, date de la création des fenêtres sud de la nef,   de la destruction du jubé, de celle de l’arc-diaphragme et du badigeon des peintures macabres peu conformes à la somptuosité de la Contre Réforme.

C'est néanmoins du XVe siècle que datent les quatre ensembles de peintures murales : Anges de la voûte du porche, Danse macabre de la nef, Dit des trois vifs du collatéral nord et fresque des seigneurs dédicaçaires de la chapelle sud, ainsi que la peinture du lambris du collatéral nord consacrée au Combat des vices et des vertus.

Après 1856, ces peintures furent découvertes  sous le badigeon des murs de la nef, elles furent relevées en 1861 par  Alexandre Denuelle, décrites et dessinées par Paul Chardin en 1894 et restaurées à partir de 1960. Il ne reste aujourd'hui presque plus rien de la peinture du lambris, et le Dit des trois vifs et des trois morts est très dégradé. 

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Datation.

À la lecture des auteurs de référence, affiner la datation de ces peintures est manifestement une affaire délicate, y compris sous les plumes de Geneviève Le Louarn-Plessix (2013) et de Tania Levy (2015). Les Anges des voûtains du porche montrent une parenté avec ceux du chœur de la cathédrale de Tréguier (1450) et du transept nord  de Kernascléden (v.1470). Xavier Barral i Altet place  la réalisation du Combat des vices...  dans la deuxième moitié du XVe siècle (et la présence de fleurs de lys d'or sur le fond pourrait même la rendre postérieure au mariage de Charles VIII et d'Anne de Bretagne après 1491). Le Dit des trois vifs daterait de la fin du XVe siècle.

La datation de la fresque dédicaçaire de la chapelle sud dépend presque complètement d'une interprétation des motifs héraldiques qu'on y voit sur la cotte du couple de droite :  elle serait postérieure à 1481, date du mariage de Guillaume III de Boisgelin et Anne du Vieux-Chastel.

La fameuse Danse macabre pourrait être postérieure à 1486 et même 1492, date discutée de parution de la danse macabre publiée par Antoine Vérard, car on y voit  un usurier flanqué du pauvre, qui n'apparait pas dans la publication de Guiot Marchant en 1485 . Mais il semble que la scène figurait aussi au cimetière des Innocents (1424) :  l’auteur des peintures de Kermaria pouvait l’y avoir vue s'il s'était rendu à Paris. Faut-il,  avec Emile Mâle, tenir compte des dates des épidémies de peste [Quimper 1472 et 1480, diocèse de Tréguier 1463, 1472 et 1473] qui pourraient en expliquer le choix ? Ou tenir compte, encore avec Emile Mâle, des costumes qui placeraient la peintures dans les années 1460 ? Doit-on estimer, que la Danse  a été réalisée en même temps que la fresque des donateurs seigneuriaux, alors que les détails des chaussures pointues ou des manteaux ne sont pas compatibles avec la fin du XVe siècle?

Sous la Danse macabre, des Prophètes occupaient, avec leur phylactère, les écoinçons  sur un fond de fleurettes rouges et de quintefeuilles vertes. Sont-ils contemporains de la Danse ? Ce fond se retrouve sur la fresque dédicaçaire...

 

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Présentation générale.

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Seule la moitié droite est aujourd'hui conservée, mais le relevé d'A. Denuelle suggère que plusieurs couples se succédaient, et que la fresque s'achevait à gauche avec un seigneur agenouillé présenté par un saint, et deux femmes à hennins.

 

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Dans la partie aujourd'hui conservée, nous voyons clairement deux couples seigneuriaux, l'homme étant présenté par un saint. Mais nous ne voyons pas la scène religieuse qu'ils vénèrent. Il devait s'agir de la Vierge à l'Enfant patronne de la chapelle, sous forme d'une peinture située à droite, d'une statue, ou d'un vitrail.

Voir par exemple la peinture de la chapelle de Merléac, où les seigneurs de Rohan, leur épouse respective et leurs enfants sont agenouillés devant la Vierge et l'Enfant, peinture murale datant selon Laurent Hablot de 1410-1420.

Deux cartes postales montrent la chapelle sud vers 1920 avec, au dessus de l'autel, la statue de la Vierge à l'Enfant dans un retable. Si cela correspond à la disposition du XVe siècle, cela permet de replacer cette suite de seigneurs donateurs dans sa logique.

Le lieu était  en particulier orné de la collection des albâtres de Nottingham, datant du XVe siècle.

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J.B. Barat, Plouha-Kermaria en Isquit

 

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Plouha. Kermaria-en-Isquit. Intérieur de la chapelle. Cliché Arthur, sans date [1920-1926] AD22 - 16FI4316

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Le retable en albâtre : Carte Editeur: ARTAUD-GABY n° 24.

 

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Il y avait donc là cinq couples. On sait qu'encore en 1857, les armes des Taillart (d'hermines à la bande fuselée de gueules) associées à Harscouët (d'azur à trois coquilles d'argent), Boisgelin (écartelé : aux 1 et 4 de gueules à la molette d'argent ; aux 2 et 3 d'azur plein), Boisgelin en alliance avec Vieux-Chatel (burelé d'argent et de gueules de dix pièces) et d'un juveigneur des Harscouët (au lambel de gueules) en plein ou en parties ornaient un vitrail de la fenêtre est  de la même chapelle. Voir : de Keranflec'h, « Une frairie bretonne… » et P. Chardin  pour le relevé de ces armoiries.

Keranflech décrit aussi les armes en relief des Taillart sur le pignon [sud] du transept, et suppose que le bras du transept était leur chapelle seigneuriale avec leur sépulture. Il y décrit  —puis après lui Paul Chardin en 1894 —  une baie du XVIIe siècle portant au centre un écu "déchiqueté à l'allemande" mi-parti de Taillart et de gueules au chevron d'or accompagné en chef de deux molettes et en pointe d'un greslier de même lié d'azur et à droite et à gauche un autre écu en bannière mi-parti de Lannion et d'Aradon entouré du cordon de Saint-Michel (armes de Pierre, comte de Lannion (1582-1633) baron du Vieux-Chastel et de  Renée d'Aradon, puis Taillart plein, et enfin mi-parti de Taillart et de Boisgelin.

 

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Ce dernier tympan armorié a été relevé en 1919 par H. de la Messelière sur un croquis reproduit par R. Couffon ; mais en bas à droite, l'écu mi-parti de Taillart et de Boisgelin a disparu. Les armes en alliance sur l'écu du centre sont attribuées par P. Chardin à Le Vayer, ou Voyer de Trégomar, qui porte pourtant selon Potier de Courcy d'argent à trois haches d'armes de sable... Ce sont, écrit Chardin, "les armes en alliance de Guillaume Taillart sieur de Lisandré et de Gillette Le Vayer, dont le contrat de mariage porte la date de 1488"

En dessous de ces armes, Chardin signale aussi l'écu mi-parti d'Yves Pinart, sénéchal de Plouha en 1516 et de Marguerite |ou Jeanne] de Boisgelin fille de Sylvestre [ou Jacques] de Boisgelin sieur de la Noë Verte. Leur fils Roland, conseiller au Parlement de Bretagne épousera en 1526 Louise Taillart, dame héritière de Lisandré, puis en 1534 Catherine Taillart.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le seigneur agenouillé en donateur en tête est, selon la règle, tête nue, mains jointes, en armure. Son tabard porte ses armes, peu distincte, mais dont on peut affirmer qu'elles sont divisées en quatre quartiers, deux clairs en 1 et 4, deux foncés.

Ces armes sont compatibles avec celles de Boisgelin,et ne sont pas compatibles avec celles des autres familles présentées sur les vitraux. Les Boisgelin portent écartelé : aux 1 et 4 de gueules à la molette d'argent ; aux 2 et 3 d'azur plein. 

 

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Site Man8rove

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Paul Chardin  :

"Au dessus de la grande ouverture qui donne accès au transept, on voit le fragment d'une importante composition en partie détruite. C'est un groupe de six personnages représentant deux seigneurs et leurs femmes, en oraison, assistés de deux saints. À en juger par les costumes, cette peinture remonte au XVe siècle. Le premier de ces personnages, qui porte un écartelé sur sa cotte d'armes et est assisté d'un saint en costume épiscopale, doit être Guillaume de Boisgelin qui épousa Anne du Vieux-Chastel et servit comme archer de la garde du corps du duc François II en 1481.

Effectivement, la plus petite des baies qui éclairent encore le transept conserve encore dans son vitrail les armes pleines du Boisgelin, et en alliance avec du Vieux-Chastel.

Le second des seigneurs agenouillés est assisté de saint  Jean-Baptiste et accompagné de cette invocation inscvrite en caractères gothiques : Sanctes Johannis Batista Ora pro nobis. Nous pensons qu'il doit représenter Jean Taillart, mentionné dans la montre de l'évêché de Tréguier de 1469, parmi les nobles de la paroisse de Plouha dont dépend Kermaria. Les Taillart avaient comme seigneur de Lisandré aux XVe et XVIe siècle des prééminences et droits d'enfeu dans la chapelle de Kermaria, où on voit encore leurs armes plusieurs fois reproduites en sculptures .

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Paul Chardin accompagne sa description des croquis des armes de Boisgelin pleines ou en alliance avec celles d'Anne du Vieux-Chastel, d'azur au château d'or sommé de 3 tourillons de même.

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1°) La famille de Boisgelin en Pléhédé.

Les Boisgelin possédaient  le manoir du même nom en Plehedé, paroisse voisine de Plouha. Ce manoir est éloigné de la chapelle de Kermaria de 5 km. Selon l'acte de Réformation de 1669, se succèdent :

Guillaume I du Boisgelin, Geffroy du Boisgelin, Alain du Boisgelin, Ollivier du Boisgelin, Richard du Boisgelin, un autre Geffroy, Guillaume II du Boisgelin, qui eut pour fils aisné, de Margilie Kerascoët, Jean du Boisgelin, sieur du Boisgelin, heritier principal , qui décéda sans enfants vers 1500. La succession duquel serait échue à damoiselle Claude du Boisgelin, fille de Guillaume III, frere puisné dudict Jean, laquelle étant aussy décédée sans enfants, la succession fut recueillie par Gilles du Boisgelin et Françoise de Botloy, sa femme, descendu d’un autre puisné de la maison, d'où, Pierre du Boisgelin et de Mauricette de Kernechriou, d'où Robert du Boisgelin, etc....

C'est Guillaume III, décédé avant 1502 qui épousa Anne du Vieux-Chastel. La date de son mariage n'est pas connue (à la différence de ce qu'écrit Geneviève Le Louarn-Plessix, qui donne la date de 1481 pour ce mariage) mais en 1502, Anne était veuve et leur fille Claude était mineure. Celle-ci épousera avant 1528 Guillaume Poulart, sieur de Kerbezau mais n'eut pas d'enfant.

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2°) Le manoir de la Noë-verte, des Boisgelin aux Pinart.

Par ailleurs, un autre manoir, celui de la Noë-verte est situé à Lanloup, commune également voisine de Plouha : il revint à une branche puînée des Boisgelin de Boisgelin, si je puis dire :

 

Le premier seigneur connu Sylvestre Boisgelin, fils de Richard [généalogie précédente] décédé après 1436  épousa  Marguerite Gueslin. L'un de leurs fils Guillaume de Boisgelin, écuyer, seigneur de la Garenne décédé après 1477, épousa Jeanne de Trévidic. D'où un fils Tristan (décédé avant 1478), puis Jean puis Gilles etc. Un autre fils de Sylvestre, Prigent, hérita du titre de sieur de la Noë-Verte et épousa Typhaine de Trélever. Leur fille Marguerite épousa Yves Pinart.

 

3°) La seigneurie de la Noë-Verte des Boisgelin aux Pinart :

Le manoir revint donc en 1506  à Yves Pinart sieur de Kerveziou, conseiller au Parlement de Bretagne. Son fils Roland Pinart fut marié en 1526 à Louise Taillart  dame de Lizandré, puis en 1534 avec Catherine Taillart, dont il eut deux filles ; l'aînée mourut en laissant le titre de dame de la Noë-verte et de Lisandré à sa sœur cadette Julienne qui épousa François de Lannion, Seigneur de Gruguil.
De ce mariage naquirent trois fils, mais c'est le troisième fils, Jean de Lannion, Seigneur des Aubrays qui reçut en partage la Noë Verte. C'est lui qui est entré dans la légende par ses hauts-faits d'armes. Il fut enterré, comme tous les seigneurs de la Noë Verte, en la Chapelle de Kermaria en Isquit. 

https://gw.geneanet.org/brouvillois64?lang=fr&pz=bertrand&nz=rouvillois&p=guillaume&n=du+boisgelin&oc=2

4°) La seigneurie de Lisandré à Plouha : des Taillard aux Pinart :

https://man8rove.com/fr/blason/rkvcia6-taillard-alias-taillart

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Armes des Taillard Site Man8rove

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  • Rolland Taillard ( - ap 1426), écuyer, seigneur de Goaz-Noyou ✕ N N
  •  Morice Taillard ( - ap 1422), écuyer, seigneur de Kerdaniel, époux de Jeanne Boschier, nièce de l'abbé de Beauport.
  • Alain Taillard ( - ca 1435), écuyer, seigneur de Kerdaniel et de Lysandré ✕ N N  . Page d'Olivier de Blois en 1418 qu'il accompagnait au voyage de Chateauceaux, lors de la trahison des Penthièvre en 1420. Il fut complice avec son père dans les attentats de 1420 et 1422 contre le duc .
  •  Roland Taillard ( - ap 1440), écuyer, seigneur de Kerdaniel en Goudelin et de Lysandré en Plouha ✕  Julienne Le Long 1405. Il prête serment au duc le 28 11 1437 parmi les nobles du Goêllo. 
  • Guillaume Taillard ( - en 1512 ou ap. 1513), écuyer, seigneur de Kerdaniel et de Lysandré ✕ Jeanne de Keralio. Par acte du 26 avril 1500, Guillaume Taillart , seigneur de Lisandré, fait échange, avec Guillaume Ollivier, de ses prééminences et droits honorifiques en l'église de Plouha (ne pas confondre avec la chapelle), et lui abandonne, en particulier, les tombes armoriées situées sous le porche, ainsi que l'écusson surmontant ce dernier.
  • Guillaume Taillard II , écuyer, seigneur de Lizandré ✕ (1488) Gilette Le Vayer, dame de La Guérais
  • Catherine Taillard , dame de Lourcière ✕ (1488) René de Quelen ( - 1545), écuyer, seigneur de Saint-Bihy, puis ✕ Yves Dollo, écuyer, seigneur du Pontlo-Kergroas.
  • Jeanne Taillard  (ca 1490 - ), dame de Goaz-Noyou ✕ (1505) Rolland de Kernec'hriou (ca 1480 - ), écuyer, seigneur de Kernec'hriou
  •  Yvon Taillard (1499 - 1525), écuyer, seigneur de Lizandré ✕ Marguerite de Kerbuzic, dame de Keranglas
  • Louise Taillard  (ca 1510 - 1528), dame de Lizandré ✕ (1526) Roland Pinart, seigneur de La Noë Verte
  •  Catherine Taillard  (ca 1518 - ), dame de Lizandré ✕ (1534) Roland Pinart, seigneur de La Noë Verte

 

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Conclusion.

a) Si, dans la majorité des vitraux bretons (où les donateurs nobles se faisaient représenter plus souvent que sur les murs), nous ne voyons qu'un seul couple de donateurs, ou parfois deux, que nous identifions par leurs armoiries,  il ne faut pas oublier  que ce sont cinq couples qui sont figurés ici, et que, comme à Merléac (ou sur la baie 18 de l'église de Beauvais, par exemple), le couple donateur principal, en tête, est sans-doute suivi de ses enfants. La date d'exécution ne peut donc pas être assimilée à la date de leur mariage. De même, sur le tableau de la famille Jouvenel des Ursins peint entre 1445 et 1449  pour leur chapelle de la cathédrale Notre-Dame de Paris (où ces seigneurs avaient leur sépulture) pour Jean Jouvenal des Ursins († 1431), prévôt des marchands de Paris et sa femme, Michelle de Vitry († 1456) , ces donateurs sont suivis de leurs neuf enfants, les fils portant le tabard aux mêmes armes que leur père. La datation est estimée à 15 ans après le décès du donateur.

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Jean Jouvenel des Ursins et sa famille, Musée de Cluny.

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b) L'identification des donateurs repose ici sur un indice assez faible, puisque seul le tabard du donateur principal, parce qu'il est un écartelé, peut permettre de reconnaître les armes des Boisgelin. L'opposition des quartiers, blanc et noir au premier abord, peut évoquer l'opposition rouge et bleu des Boisgelin. La robe de son épouse ne peut nous orienter vers une alliance particulière.

c) L'identité des saints donateurs est un autre indice, et celle de saint Jean-Baptiste, au deuxième rang, est certaine. Non seulement il est vêtu du manteau en poil de chameau et il tient en main gauche l'agneau, mais le phylactère le nomme. Il est probable que le deuxième seigneur se prénommait Jean.

Par contre, le saint évêque du premier rang avec sa crosse, sa mitre et sa chasuble, ne peut être identifié. Il s'accorde certes avec saint Guillaume (évêque de Bourges).

d) Si nous acceptons cette identification hypothétique  d'un Guillaume de Boisgelin, nous devons envisager tous les Boisgelin qui pouvaient prétendre à des droits prééminenciers sur la chapelle sud. Or, il me semble que le choix de Guillaume III de Boisgelin et de son épouse Anne du Vieux-Chastel ne s'impose pas, et qu'il serait préférable d'élire un seigneur de Lisandré, ou, à défaut, de la Noë-Verte. Ou un membre de la famille Boisgelin dont les descendants portèrent ce titre. Certes, je n'ai pas de candidat à proposer, dont, en plus, le fils aîné (ou le frère) se prénomme Jean, et qui ait eu quatre enfants.

e) Nous ignorons la date du mariage de Guillaume de Boisgelin et d'Anne du Vieux-Chastel, mais si c'est lui que nous voulons reconnaître ici, la datation devrait être repoussée, en raison de la présence de leurs enfants, à 1502, date du veuvage de son épouse. Son frère Jean (décédé en 1500) serait représenté au deuxième rang. Guillaume et Jean serait représentés de manière posthume par leur descendance. Mais encore une fois, cette descendance n'a pas de prééminence à Kermaria.

f) La datation de la peinture peut reposer sur les costumes, et notamment par les hennins, très hauts, des femmes et les solerets pointus des écuyers. Ou par la coiffure mi-courte des hommes. 

La datation par les hennins n'est pas précise. En effet, ceux-ci sont représentés dans la peinture flamande de 1430 à 1490. Certes les coiffes de la peinture murale de Kermaria an Iskuit sont hautes, et s'achèvent par des voiles, à la différence des hennins à cornes, mais cette distinction ne permet pas de définir un créneau de datation plus étroit. De même, les hennins représentés sur les enluminures françaises (Jean Fouquet notamment) indiquent une datation culminant vers 1460, mais s'étendant jusqu'en 1485. 

Dans les œuvres étudiées en Bretagne sur mon blog, je retiens l'existence d'un hennin à double cornes sur le gisant du premier quart du XVe siècle de Perronnelle de Boutteville était la fille de Jean de BOUTTEVILLE, décédé en 1340.

Sur les sablières de l'église Notre-Dame de Quimperlé datant de 1430 une femme portant un hennin à deux cornes.

Une femme portant un hennin conique est sculpté sur  un appui-main n°38 des stalles de 1504 de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon , mais cette scène comique ne constitue pas un témoin fidèle de la mode de l'époque.

 

Je lis sur Wikipédia : "Le hennin ne tarda pas à atteindre des proportions tellement extravagantes qu'il devint l'objet d'ordonnances restrictives spéciales de la part de l'Église. Mais c'est seulement au début du XVIe siècle que cette mode disparut."  

Aucune représentation d'Anne de Bretagne (1477-1514) ne la montre portant un hennin, mais toujours  son bonnet noir. Ses Heures n'en montrent pas parmi les personnages des enluminures.

Sa mère Marguerite de Foix morte en 1486, n'en porte pas sur le monument funéraire de la cathédrale de Nantes.

La duchesse de Bretagne Marguerite d'Orléans (1406-1466) ne porte pas un hennin, mais un escoffion, sur l'enluminure qui la représente en prière sur son Livre d'Heures.

Les solerets pointus "à la poulaine" sont portés de 1300 à 1490, avant l'usage de solerets à extrémité arrondie.

L'écriture gothique de l'inscription est celle en usage au XVe siècle, sans plus de précision.

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En conclusion, dans mon approche, la datation ne peut être précisée ni par des données d'archives, ni par l'héraldique, ni par les détails de costume, ni par référence aux autres peintures murales de la chapelle. La date de 1481 proposée par Geneviève Le Louarn-Plessix reste un repère plausible, mais il me semble qu'elle ne peut s'appuyer sur celle du mariage du couple de donateur.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La donatrice est présentée par le même évêque que son mari : le saint pose sa main droite derrière son dos . Elle porte le haut hennin conique d'où retombe, presque jusqu'au sol, un long voile transparent.

Elle est vêtue d'un surcot ouvert doublé de fourrure (traditionnelement de l'hermine) et une robe longue. Je ne sais comment interprêter les lignes courbes bien nettes du bas de cette robe, traits sombres trop pointus pour dessiner des chaussures.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Saint Jean-Baptiste est peint avec un cou très court, une figure  longue et une barbe pointue. Il tient en main gauche son attribut, l'agneau pascal, qu'on discerne mal. Le manteau en poil de chameau est peint el lignes courbes exubérantes.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le deuxième donateur, qui porte sans doute le prénom de Jean, est figuré agenouillé mains jointes, en armures (dont les pièces inférieures, et notamment le soleret pointu, sont bien conservées) et portant le tabard dont les motifs ont disparu. Il porte l'épée au côté gauche.

Le phylactère porte l'inscription SANCTE IOHANNES BAPTISTA  ORA PRO NOBIS.

Il faut imaginer que pour les contemporains, cette invocation apparaissait chantée, et non énoncée, par le donateur, car c'est le texte et la graphie exacte de la litanie du Kirie chanté dès le XIIIe siècle.

https://cantus.uwaterloo.ca/chant/671301

Cette invocation, toujours avec la même orthographe, se retrouve sur le vitrail de l'Arbre de Jessé de la basilique Notre-Dame de La Guerche, datant du début du XVe siècle : le chanoine y prie le saint patron de Jean Ier d'Alençon. Sur le même vitrail, Marie de Bretagne, épouse de Jean d'Alençon, porte un escoffion à la mode en ce début du XVe siècle. 

L'inscription est tracée en lettres gothiques soigneuses, aux hampes des lettres h, b et p bifides.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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Détail des jambières et solerets.

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La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

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La deuxième donatrice porte, comme la première, le surcot ouvert et un hennin, dont on devine les voiles descendant à terre. Elle aussi est présentée par Jean-Baptiste dans un geste du bras droit.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

La peinture murale (dernier quart XVe) de la chapelle seigneuriale de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— AUBERT (Octave Louis), [1928] , La chapelle de Kermaria-Nisquit, édition de la Bretagne touristique, 16 pages.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/3460

— BARRAL I ALTET, (Javier) 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen Âge en Bretagne

Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres  Année 1987  131-3  pp. 524-567

—BÉGULE (Lucien), 1909, La chapelle Kermaria-Nisquit et sa Danse des morts, H. Champion, Paris, 1909, 52 p. 

— CHARDIN (Paul), 1894, La chapelle de Kermaria-Nisqit en Plouha, Revue archéologique 1, pages 246-259

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203636c/f249.item

—COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1939. p. 374-375

—COUFFON, René. Quelques notes sur Plouha. Saint-Brieuc : Francisque Guyon éditeur, 1929. p. 27-35

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3346690r

— JONES, (Michael) et MEIRION-JONES, (Gwyn), 2013, “Boisgelin en Pléhédel, Côtes-d'Armor : une famille noble, son histoire et son domaine,” Mémoires SHAB

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f46bc8ae55f09.53095498/2013_53.pdf

— KERANFLEC'H (Charles de), 1857 « Une frairie bretonne, Kermaria-Nisquit, suivie du testament du seigneur des Aubrays », Nantes, Imprimerie de Vincent Forest, 1857, 29 p. 1 grav., extrait de la Revue de Bretagne et de Vendée, t. II, 1857, 2e semestre, p. 281-301.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1102459/f280.item

 

—LE LOUARN-PLESSIX (Geneviève ) , 2013, Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit Mémoires SHAB

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f464c1e917b93.94134739/2013_50.pdf

https://docplayer.fr/108538314-Plouha-chapelle-de-kermaria-an-iskuit.html

—LÉVY (Tania), 2015, « La chapelle Kermaria-an-Isquist. Les peintures murales », Congrès archéologique de France. 173e session. Monuments des Côtes-d'Armor. « Le Beau Moyen Âge ». 2015, Société française d'archéologie, pp. 303-311 (ISBN 978-2-901837-70-1).

— PICHOURON ( Patrick) - L'HARIDON ( Erwana) 2005, La chapelle de Kermaria-an-Isquit Inventaire général ; Dossier IA22005349

"La chapelle Kermaria-an-Isquit a été fondée au cours de la 1ère moitié du 13ème siècle par Henry d'Avaugour, comte de Goëlo. Elle a été agrandie au 15ème siècle...

— THIBOUT (Marc), 1949, « La chapelle de Kermaria-Nisquit et ses peintures murales », Congrès archéologique de France. 107e session. Saint-Brieuc. 1949, Société française d'archéologie, 1950, p. 70-81.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f72.item

— TUDCHENTIL, Boisgelin

https://www.tudchentil.org/spip/spip.php?article163

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales.

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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